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Paray le Monial : La chapelle La Colombière
Paray le Monial
La chapelle de La Colombière
La chapelle dédiée à Claude La Colombière a été construite en 1930.
Ses reliques sont conservées dans la chapelle.
Le 5 octobre 1986, le pape Jean-Paul II vint prier à la chapelle La Colombière : « Au cours de mon pèlerinage à Paray-le-Monial, je désire venir prier dans la chapelle où est vénéré le tombeau du bienheureux Claude La Colombière. Il fut « le serviteur fidèle » que, dans son amour providentiel, le Seigneur a donné comme directeur spirituel à sainte Marguerite-Marie Alacoque. C’est ainsi qu’il fut amené, le premier, à diffuser son message. En peu d’années de vie religieuse et de ministère intense, il se révéla un « fils exemplaire » de la Compagnie de Jésus à laquelle, au témoignage de sainte Marguerite-Marie elle-même, le Christ avait confié la charge de répandre le culte de son Cœur divin » (Jean-Paul II, Lettre au Préposé général de la Compagnie de Jésus).
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http://www.paraylemonial.fr/d%C3%A9couvrir-paray/patrimoine/la-chapelle-de-la-colombiere.html
C’est une grande gloire pour le R. P. de la Colombière d'avoir été choisi de Dieu pour être associé à. ces choses de l’ordre divin. Quand Notre-Seigneur l’appelle son serviteur, quand il le promet à la Bienheureuse Marguerite-Marie, il rend témoignage de ses vertus parfaites ; et ce témoignage est celui de la vérité même : Christus est veritas.
Les directeurs qui avaient précédé ce saint homme n’étaient pas forts dans la doctrine du discernement des esprits. De prime abord ils avaient absolument méconnu l’action divine dans l’âme de Marguerite-Marie. Elle n’était à leurs yeux qu’une hallucinée qu’il fallait simplement distraire de ses folles imaginations par un travail assidu, et dont il fallait fortifier le cerveau par la nourriture corporelle.
Fortes de cette décision, et très justement attachées à l’esprit de leur Institut qui aime la simplicité et les voies communes, la plupart des religieuses se prononcèrent hautement contre leur humble et jeune compagne. Longtemps elles persévérèrent dans cette voie, avec des procédés qui, plus d’une fois, purent ressembler à une véritable persécution.
Dieu voulait, comme toujours, que son œuvre fût mise à l’épreuve. Mais comme toujours aussi, à côté du mauvais vent qui soufflait, il daigne placer son esprit et susciter de dignes instruments, capables d‘assurer le succès de ses desseins sans en usurper la gloire.
Ces instruments, dans la circonstance présente, furent d’abord trois Supérieures d‘un mérite exceptionnel, qui se succédèrent dans le monastère de Paray. Il suffit de nommer les révérendes mères de Saumaise, Greyfie et Melin. Mais le principal instrument de Dieu fut celui que Notre-Seigneur a désigné nommément son serviteur, le R. P. de la Colombière.
Il l’envoya juste à l‘heure opportune. Il s’agissait de discerner la nature des opérations divines en Marguerite-Marie, relativement au Sacré-Cœur. Or les quatre apparitions dont on vient de lire le récit authentique, ont toutes eu lieu, soit immédiatement avant l’arrivée du R. Père à Paray, soit pendant les dix-huit mois de son premier séjour en cette ville ; et c’est presque avec la dernière que finit la vie de la Bienheureuse écrite par elle-même.
« La première fois qu’il vit la communauté, disent les Contemporaines, sœur Marguerite-Marie entendit intérieurement ces paroles : « Voilà celui que je t’envoie. » De son côté le R. Père, qui ne la connaissait nullement, la première fois qu’il la vit, fut frappé de son air de sainteté ; et en la signalant à la Supérieure après la visite, il dit "que c’était un ange. »
Peu de temps après, la révérende Mère le prie de revenir et ordonne à Marguerite-Marie de s’ouvrir à lui sur ce qui se passait en elle.
« Elle y alla, mais avec une extrême répugnance, qui fut la première déclaration qu’elle lui fit. Le digne serviteur de Dieu lui fit réponse qu’il était bien aise de lui donner l’occasion de faire un sacrifice à Dieu. Ensuite elle lui ouvrit son cœur, et lui découvrit le fond de son âme sans peine, manifestant le bien et le mal ; sur quoi il la consola beaucoup, en l’assurant qu’elle n’avait rien à craindre dans la conduite de cet esprit saint, d’autant qu’il ne la retirait point de l’obéissance ; qu’elle devait suivre tous ses mouvements, lui abandonner tout son être, pour le sacrifier et immoler selon son plaisir. Et il admirait l’infinie bonté de Dieu qui ne s'était pas rebutée de tant de résistances qu’elle lui faisait.
« Il lui apprit à estimer les dons de Dieu, à recevoir avec respect et humilité les fréquentes communications, et les familiers entretiens dont il la gratifiait, et lui dit qu’elle devait être en de continuelles actions de grâces d’une si excessive bonté.
Cette chère sœur ayant fait entendre au R. Père, que le Souverain de son âme la poursuivait de près, sans acception de temps et de lieux, et qu’elle ne pouvait prier vocalement sans une extrême violence, il lui dit de ne plus le faire, et qu’elle devait se contenter de ce qui était d'obligation, y ajoutant le chapelet lorsqu’elle le pourrait. »
J‘ai dit les dispositions des sœurs vis-à-vis de Marguerite-Marie. « Ce bon Père eut aussi à souffrir à son sujet. On disait qu’elle le voulait décevoir par ses illusions. Cela ne lui fit point de peine. Il lui continua son assistance. Et cette chère sœur s’est souvent étonnée comme il ne l‘avait pas abandonnée, par la manière dont elle traitait avec lui, qui aurait rebuté tout autre. De sa part, il n’oublie rien pour l’humilier et la mortifier, ce qui lui faisait un fort grand plaisir. »
« Une fois que ce saint religieux disait notre messe de communauté, Notre-Seigneur les combla de grâces. Comme notre chère sœur s’approchait pour recevoir son divin Maître par la sainte Communion, il lui montra son Sacré-Cœur comme une ardente fournaise et deux autres cœurs qui s’y allaient abîmer, lui disant : C'est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours.
« Après, il lui fit entendre que cette union était toute pour la gloire de son Sacré-Cœur, dont il voulait qu’elle découvrit au Père les trésors, afin qu'il en fit connaître et en publiât le prix et l’utilité ; et pour cela il voulait qu’ils fussent comme frère et sœur également partagés des biens spirituels.
« Là-dessus, représentant à Notre-Seigneur sa pauvreté et l’inégalité qu’elle voyait entre un si saint homme, rempli de vertus et de mérites, et une pauvre et chétive pécheresse, son divin Maître lui répondit : « Les richesses infinies de mon cœur y suppléeront et égaleront tout. »
« La manière humble et remplie d’actions de grâces avec laquelle ce bon Père reçut tout ce qu’elle lui dit de la part de son divin Maître en ce qui le concernait, toucha si sensiblement la servante de Dieu, qu’elle avoue en avoir tiré plus de profit que de tous les sermons qu’elle aurait pu entendre.
« Le Père de la Colombière, qui avait le discernement fort juste, n’était pas un homme à croire légèrement quoi que ce soit, mais il avait des preuves trop éclatantes de la vertu solide de la personne qui lui parlait, pour craindre en ceci la moindre illusion. C’est pourquoi il s’appliqua aussitôt au ministère que Dieu venait de lui confier ; et-pour s’en acquitter solidement et parfaitement, il voulut commencer par lui-même. Il se consacra donc entièrement au Sacré-Cœur de Jésus, et lui offrit tout ce qu’il crut capable de l’honorer et de lui plaire.
«Cette consécration eut lieu le vendredi vingt-unième de juin 1675. Ce jour suivait l’octave du Très-Saint-Sacrement, et peut être regardé comme celui où la dévotion au Sacré-Cœur fit sa première conquête. »
Depuis lors, le Père de la Colombière ne cessa d’inspirer cette dévotion à toutes ses filles spirituelles, les faisant Communier le vendredi d’après l’octave du Saint-Sacrement, à l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus.
Mais c‘est surtout quand il eut fait, en Angleterre, l’expérience personnelle, que l'esprit des prophètes s'était aussi reposé sur Marguerite-Marie, comme il le raconte en sa retraite de 1677, qu’il se dévoua avec plus d’ardeur à devenir l‘apôtre de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. On y lit, en effet : « J’ai reconnu que Dieu voulait que je le servisse en procurant l’accomplissement de ses desseins touchant la dévotion qu‘il a suggérée à une personne à qui il se communique fort confidemment, et pour laquelle il a bien voulu se servir de mes faiblesses.
Je l’ai déjà inspiré à bien des gens en Angleterre, et j’en ai écrit en France, et prié un de mes amis de la faire valoir à l’endroit où il est ; elle y sera fort utile, et le grand nombre d’âmes choisies qu’il y a dans cette communauté me fait croire que la pratique dans cette Sainte maison en sera fort agréable à Dieu. Que ne puis-je, mon Dieu, être partout et publier ce que vous attendez de vos serviteurs et amis !
« Dieu donc s’étant ouvert à la personne qu’on a sujet de croire être selon son cœur, par les grandes grâces qu’il lui a faites, elle s’en expliqua à moi, et je l’obligeai de mettre par écrit ce qu’elle m’avait dit, que j’ai bien voulu décrire moi-même dans le journal de mes Retraites, parce que le bon Dieu veut dans l’exécution de ce dessein, se servir de mes faibles soins. >>
Le Père de la Colombière rapporte ensuite, dans des termes à peu près identiques à ceux de la Bienheureuse, la vision du jour de l’octave de la Fête Dieu.
Fidèle à sa résolution, le Père de la Colombière jusqu’au dernier soupir recommandait de vive voix et dans ses lettres, la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus.
« Ma révérende Mère, écrit-il à une Supérieure, je ne vous écris aujourd’hui que pour vous prier de faire faire à toute votre communauté une communion extraordinaire le lendemain de l'octave de la fête de Dieu, non pas à mon intention, mais pour réparer, autant qu’il est en votre pouvoir, toutes les irrévérences qui auront été commises envers Jésus-Christ durant toute l’octave qu’il aura été exposé sur nos autels dans le monde chrétien. Je vous assure que ce témoignage d’amour que vous lui donnerez vous attirera à toutes de grandes bénédictions. C’est une pratique que je vous conseille de garder toute votre vie. Je ne puis dès à présent vous en dire davantage. »
Il écrit la même recommandation, à peu près dans les mêmes termes, à sa sœur, religieuse de la Visitation, de Condrieu ; et il ajoute cette fois : « Cette pratique m‘a été conseillée par une personne d’une sainteté extraordinaire, laquelle m’a assuré que tous ceux qui donneraient à Notre-Seigneur cette marque de leur amour, en retireraient de grands fruits. Tâchez de porter doucement vos amies à la même chose. J’espère que plusieurs communautés commenceront cette année à faire cette dévotion, pour continuer toujours ensuite. »
Quelquefois il commence ainsi ses lettres : « Ma chère sœur dans l’amour et dans le Cœur de Jésus-Christ. »
D'autres fois, il termine ainsi : « Priez pour moi qui suis tout à vous dans le Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »
Voilà la part du Père de la Colombière dans les premières origines de la dévotion populaire au Sacré-Cœur de Jésus. Elle est assez belle ; on le voit, pour que j’aie cru devoir en rendre compte dans cette petite histoire du pèlerinage de Paray-le-Monial.
Le divin Cœur l‘a récompensé de sa fidélité, et il a joui le premier des promesses faites aux vrais dévots du Sacré-Cœur. Il bénit Dieu, lui-même, des grandes grâces que cette dévotion lui a values dans sa difficile mission en Angleterre ; et Notre-Seigneur lui a ménagé le bonheur de venir mourir saintement et reposer dans la ville du Sacré-Cœur, à l’ombre du glorieux tombeau de celle qui en fut la plus illustre confidente.
Ramené vers septembre 1681 dans cette ville de Paray, où l’on espérait que sa santé se referait un peu, il allait, au bout de six mois, reprendre par obéissance la route de Lyon, quand il reçut de Marguerite-Marie ce billet prophétique : « Il m’a dit qu'Il veut le sacrifice de votre vie ici. »
Le Père de la Colombière meurt, en effet, le 16 février 1682, de la mort des saints ; et Marguerite-Marie qui avait dit tout d’abord : « Priez et faites prier partout pour lui, » écrit quelques heures après à la même personne : « Cessez de vous affliger ; invoquez-le, ne craignez rien. Il est plus puissant que jamais pour vous secourir. »
En même temps elle répondait à la Mère Greyfié qui s'étonnait qu’elle ne demandât pas à prier et faire des pénitences pour lui : « Ma chère Mère, il n'en a pas besoin ; il est en état de prier Dieu pour nous, étant bien placé dans le ciel, par la bonté et miséricorde du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Seulement pour satisfaire à quelques négligences qui lui étaient restées en l’exercice du divin amour, son âme a été privée de voir Dieu dès la sortie de son corps, jusqu’au moment qu’il fut déposé dans le tombeau. »
Par suite de cette conviction, pour ne pas dire de cette certitude, la Bienheureuse s’était fait une douce habitude de l’invoquer, en son particulier, comme un saint ; et l’on conserve encore manuscrites à la Visitation de Paray, de longues litanies en son honneur que la tradition du monastère lui a toujours attribuées.
Pendant le peu de temps que le révérend Père de la Colombière avait passé d’abord à Paray, il y avait établi une confrérie de messieurs et d’ouvriers, et avec leur aide, un asile de Saint-Louis pour recueillir les incurables et les vagabonds.
Ses œuvres avaient parlé si haut que, aussitôt après son décès, disent les Contemporaines, il fut proclamé saint par tout le peuple, bien qu’il ne puisse encore être canonisé ; mais l’on espérait qu’avec le temps il le sera. »
Une circonstance que je vais rapporter ici, pourrait donner du poids à cette opinion, fortifier cette douce espérance, et engager les fidèles pèlerins du Sacré-Cœur à invoquer avec confiance ce vénérable serviteur de Dieu.
Aux archives du collège de Sainte-Geneviève, rue des Postes, à Paris, on conserve un autographe du docteur Billet, de Paray, le même qui assista Marguerite-Marie dans sa dernière maladie. Cette lettre, du 25 mars 1715, est une réponse faite au Père Beau, de la Compagnie de Jésus, à Vienne, en Dauphiné, lequel avait demandé au docteur ce qu’il avait observé dans les reliques du bienheureux Père de la Colombière (textuel). La réponse se termine par ces mots ; « Je maniai le crâne de cet homme de Dieu. J’y passai mon doigt dans le grand trou. J’y touchai la sub stance du cerveau qui n’était pas finie (mot illisible), ni corrompue après plus de deux mois. Et mon doigt en sortit parfumé d’une odeur très-suave et comme ambrée. Voilà la gloire que j’en puis donner à Dieu, et à vous, et à tous qu’il appartiendra. »
Source : Livre "Album-guide des saints pèlerinages de Paray-le-Monial et de Verosvres" par François Cucherat
Carte postale de la chapelle
Carte postale de la chapelle
Carte postale de la chapelle
Carte postale de Paray Le Monial, chapelle de La Colombière
Porte du tabernacle du Maître-Autel (Mosaïque de Mauméjean, 1932)