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Notre-Dame de Fives (Lille)
Notre-Dame de Fives (Lille)
Notre-Dame de Fives, qui était un prieuré à un quart de lieue de Lille, fut un pèlerinage en grande vogue, pendant de longues années.
On y allait, surtout le vendredi de chaque semaine, invoquer Marie contre les fièvres, et boire, à une fontaine voisine, de l'eau qui avait, disait-on la vertu de les éteindre.
Dès 1104, cette dévotion était déjà très-répandue ; en 1136, on la voit beaucoup plus développée ; et, en 1166, elle s'étend jusqu'aux pays éloignés qui y envoient des pèlerins.
De nos jours, Fives a conservé ses eaux limpides et ses ombrages frais. Mais la révolution de 93 a fait disparaître tout à la fois l'église, le prieuré et l'image miraculeuse.
Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en ..., Volume 2" par André Jean Marie Hamon
L'église Notre-Dame-de-Fives est une église située place du Prieuré, dans le quartier de Fives à Lille.
Elle possède une très belle statuette ancienne de Notre-Dame de Fives.
Quant au pèlerinage de Notre-Dame de Fives, le P. Buzelin en fait mention dans sa Flandre Française ; mais il nous en apprend peu de chose.
Au chapitre VII, où il parle des images miraculeuses de la Mère de Dieu, il dit :
« Au faubourg de Fives, dans l'église du prieuré qui porte ce nom, une image de la très-sainte Vierge est en grande vénération depuis longues années.
La foule y accourt d'autant plus nombreuse que la sainte Vierge a opéré dans ce sanctuaire plus de miracles.
On s'y rend surtout le vendredi de chaque semaine. On invoque la vierge de Fives contre les fièvres, et les malades qui ne peuvent faire le voyage, la font invoquer par d'autres pour obtenir la santé.»
Le P. Vincart, dans son histoire de Notre-Dame de la Treille, cite aussi la vierge de Fives, comme une vierge miraculeuse.
A l'entrée du faubourg de Fives, dit-il, se trouve un prieuré célèbre de l'ordre de saint Benoit, et dans ce prieuré un autel dédié à la Vierge sous le titre de Notre-Dame de Fives.
Tout le monde sait que cette image est en grande vénération ; et à cause du grand nombre de pèlerins qui viennent l'invoquer, et à cause de l'eau qu'on y distribue, surtout le vendredi de chaque semaine, et qui, par un effet de la bonté de Marie, a la vertu d'éteindre les ardeurs de la fièvre.
Le P. Martin Lhermite, dans son histoire des saints de la province de Lille, précise un peu plus l'époque où commença le pèlerinage de Fives.
« Peu de temps après l'établissement de l'abbaye de Loos, vers l'Occident, dit-il, notre impératrice se campa hors de la porte de Lille, du côté d'orient, pour assiéger la ville, et la prendre entièrement à sa dévotion. Son avantage fut un prieuré de Saint Benoit, où elle dressa un autel des affligés avec l'inscription de Notre-Dame de Fives ; c'était pour éteindre les ardeurs des fièvres, leur présentant de son eau à boire, et les servant plus à leur goût les vendredis, en mémoire du calice amer de la passion, dont elle fut abreuvée avec son Fils en croix. Cette eau ne laisse pas d'être douce comme le lait, duquel s'est nourrie la piété tendre de Lille.
Le P. Lazare Dassier, religieux de l'ordre des Frères Prêcheurs, du couvent de l'Annonciation, à Paris, dans un sermon imprimé en 1685, et prêché par lui dans l'église collégiale de Saint Pierre, le jour de la fête solennelle de Notre-Dame de la Treille, fait aussi mention de la vierge de Fives et des miracles opérés dans son sanctuaire.
Quand il est question de nous châtier, dit-il, Dieu n'est qu'un ; mais s'il s'agit de nous faire des grâces, il se multiplie ; il prend des formes différentes ; il exerce divers offices ; il se fait notre père, notre époux, notre maître, notre pasteur et notre médecin, pour nous faire toutes sortes de biens. J'en dis de même de la sainte Vierge envers la ville de Lille.
Elle n'est pas contente de s'appeler Notre-Dame de la Treille, et d'avoir pris possession de cette chapelle qui porte son nom, et qui est tout au milieu, elle s'est encore placée aux environs, se faisant ériger des chapelles à Marquette, à Fives, à Esquermes, se multipliant elle-même et prenant des titres différents, pour marquer la multitude des grâces qu'elle a dessein de lui faire, qu'elle lui a faites, et fait encore à ses heureux habitants, dont les miracles opérés dans ces chapelles sont des témoignages authentiques et visibles. »
Voici quelques renseignements plus détaillés que nous devons à l'histoire de l'église de Reims , par Dom Marlot, religieux bénédictin.
Il fit imprimer son histoire à Lille, chez Derache, pendant les quelques années qu'il passa à Fives en qualité de prieur.
Dans l'église du prieuré de Fives se trouvaient deux images de la sainte Vierge : l'une dominait le maître-autel, l'autre était placée dans une chapelle collatérale. C'était la coutume des Bénédictins d'en agir ainsi, afin de n'être pas troublés dans la récitation du saint office par le concours du peuple à l'autel de Marie.
On voit par une charte de Théodoric d'Alsace, comte de Flandre, qu'en 1136 , la vierge de Fives était déjà fort célèbre.
Les religieux de l'abbaye de Saint-Nicaise de Reims, appelés à Fives au commencement du XIIe siècle (1104), y avaient implanté, ou du moins singulièrement propagé le culte de la sainte Vierge, et cette dévotion n'a fait que s'accroître avec les siècles.
En 1666, lorsque Dom Marlot publiait à Lille son histoire de l'église de Reims, le sanctuaire de Fives n'était pas seulement fréquenté par les habitants du lieu, mais on y venait de fort loin.
Le concours était surtout ; considérable le vendredi de chaque semaine ; le prêtre faisait, ce jour-là, la bénédiction solennelle de l'eau. Les malades, principalement ceux qui étaient travaillés de la fièvre, buvaient de cette eau, et souvent, après avoir prié quelque temps devant l'image de Marie, ils s'en retournaient parfaitement guéris.
De nos jours, comme en 875, Fives est remarquable par la limpidité de ses fontaines et la fraîcheur de ses ombrages, mais le prieuré et son église ont disparu sous les coups du marteau révolutionnaire ; l'image miraculeuse n'existe plus.
On a le cœur navré en voyant le long des chemins les tronçons de belles colonnes torses, qui servent de bornes.
A la place de cet antique sanctuaire, enrichi par la piété des fidèles, Fives, qui compte au moins trois mille âmes, n'a pour église qu'un édifice peu solide, sans élégance, et insuffisant pour la population.
Source : Livre "Les sanctuaires de la Mère de Dieu dans les arrondissements de Cambrai ..." par Alexis Possoz