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Saints Anne et Joachim. Mère et père de la Vierge Marie (1er s.)
Saints Anne et Joachim
Mère et père de la Vierge Marie (1er s.)
Rencontre d'Anne et de Joachim (détail). Maître de la Vie de Marie, vers 1460
Anne
Sainte Anne
(Berck, église Notre-dame des sables)
Sainte Anne et la Vierge, icône grecque du XVe siècle
Anne (en hébreu חַנָּה Ḥannah, « grâce » ; en grec, Αννα, Anna) est considérée dans plusieurs écrits apocryphes à partir du IIe siècle comme la mère de Marie et donc comme la grand-mère de Jésus de Nazareth. Elle est vénérée en tant que telle dans la tradition chrétienne ainsi que dans la tradition musulmane (sous le nom de Hannah ;حنّة).
Elle n’est pas mentionnée dans les quatre Évangiles canoniques.
La dévotion à sainte Anne, longtemps limitée à quelques sanctuaires, s'est répandue dans le monde chrétien à partir du Moyen Âge. Dans le catholicisme, les débats théologiques ont abouti au dogme de l'Immaculée Conception en 1854, associant plus étroitement le culte de sainte Anne à celui de la Vierge.
Cette dévotion a donné lieu à de nombreuses représentations dans l'iconographie chrétienne.
Récits de la vie de sainte Anne
Description dans les évangiles apocryphes
Rencontre d'Anne et de Joachim (détail). Maître de la Vie de Marie, vers 1460
Les apocryphes qui mentionnent la figure d'Anne effectuent de nombreux parallèles avec des passages de l'Ancien Testament pour appuyer leurs démonstrations. Ainsi, le personnage d'Anne fait souvent référence à son homonyme Anne, mère de Samuel, prophète et dernier juge d'Israël (hébreu : חַנָּה hannah "faveur", "grâce"). Il en est de même dans la tradition musulmane.
Les évangiles apocryphes la dépeignent comme une femme pieuse longtemps stérile. Une scène de sa vie légendaire est sa rencontre miraculeuse avec son mari Joachim à la Porte dorée de Jérusalem, après l'annonce de la prochaine naissance de leur enfant. L'Église de l'Orient accepte ces récits, dans une version présentée comme une traduction par Jérôme de Stridon, qui leur ôte les traits les plus merveilleux. Beaucoup de saints orientaux ont prêché sur sainte Anne, tels Jean Damascène, Épiphane de Salamine ou Sophrone de Jérusalem.
Des récits concernant la mère de la Vierge Marie, et donc la grand-mère maternelle de Jésus-Christ, apparaissent pour la première fois dans le protévangile de Jacques, apocryphe de la deuxième moitié du IIe siècle, et, partiellement tiré de lui, dans le Pseudo-Matthieu plus tardif. Ces apocryphes et des traditions de la Sainte Parenté collectées dans la Patrologia Graeca racontent l'histoire familiale de Anne.
Enfance
Ces récits racontent que ses parents sont tous les deux de la tribu de Lévi : son père, Akar et sa mère, Émérencie. Akar possède des terres à Bethléem et Jérusalem.
Avec sa femme, ils donnent naissance à Ismérie vers 63 av. J.-C., ce qui correspond également au moment de la conquête romaine de la Palestine. Anne nait vers 55 av. J.-C.. C'est à cette époque que la famille s'installe à Hébron où Ismérie se marie et devient la mère de sainte Élisabeth.
Quand Anne a neuf ans, ses parents déménagent à Jérusalem où Akar a des responsabilités au Temple. Selon une tradition chrétienne orientale, la crypte de l'église Sainte-Anne de Jérusalem serait située sur le lieu de la maison d'Akar et dans laquelle serait née Marie.
Rencontre avec Joachim
Icône de la Nativité de la Vierge Marie dans la crypte de l'église Sainte-Anne de Jérusalem
Par Octave 444 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=81972672
Le Protévangile raconte également la rencontre entre Anne et Joachim, éleveur venu faire sacrifier des bêtes de son troupeau au Temple. Or il devait au préalable laver ses moutons dans la piscine de Bethesda près de la Porte des Brebis et Anne se tenait à cette porte de la ville, si bien qu'elle vit Joachim arriver avec ses troupeaux. Ils se marient à l'âge de 20 ans.
Selon une interprétation théologique, la vie de sainte Anne serait à mettre en parallèle avec celle d'Hannah et de son fils, le prophète Samuel de l'Ancien Testament.
D'après la tradition chrétienne, après un mariage de vingt ans sans enfant avec Joachim (hébreu : Jojakim), le couple se sépara provisoirement. D'un côté, Anne était remise en cause par sa servante Judith, de l'autre Joachim restait confondu par la réaction du Grand-prêtre Ruben du Temple qui refusa d’accepter son offrande pour la fête juive (de la Dédicace dans La Légende dorée, c'est-à-dire Hanoucca) à cause de sa stérilité. Aussi, il décida de se retirer dans le désert pour prier et jeûner tandis qu'Anne, désolée, resta au foyer à prier également dans l'espoir que sa déception ne vienne briser sa sanctification.
Naissance de Marie
Mais au bout de quarante jours, un ange leur annonça à chacun la venue d'un enfant, si bien que le couple se reforma. Selon les versions, leur retrouvailles se firent devant leur demeure ou à la Porte dorée de Jérusalem symbolisées par une étreinte ou plus rarement un baiser. Puis Anne enfanta Marie neuf mois plus tard (le 8 septembre selon la tradition).
Comme Anne avait fait vœu de consécration de l'enfant au service de Dieu (naziréat) comme Hannah pour Samuel, ils menèrent Marie lorsqu'elle avait trois ans, ou un peu plus tôt ou tard selon d'autres traditions, au Temple à Jérusalem pour qu'elle y soit éduquée et qu’elle fasse son service. Elle y côtoya Zacharie, Grand-prêtre, et père de Jean le Baptiste, futur cousin de Jésus.
La Sainte Parenté
Anne représentée avec ses trois maris, XVIe siècle, Allemagne
Par Tilman2007 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=57899907
Le Speculum historiale du dominicain Vincent de Beauvais et La Légende dorée, une compilation des traditions catholiques effectuée au XIIIe siècle, relate la postérité légendaire de sainte Anne et évoque deux autres mariages. La légende du triple mariage (Trinubium Annae) est peut-être due au bénédictin Haymon d'Auxerre.
Selon cette postérité, Cléophas, frère de Joseph est son second époux. Leur fille, Marie Jacobé, épousa Alphée et ils eurent comme fils : Jacques le Mineur, Joseph le juste, Simon le Zélote et Jude.
Son troisième époux, Salomé ou Salomas et leur fille, Marie Salomé, épousa Zébédée et ils eurent comme fils : Jacques le majeur et saint Jean l'évangéliste.
L'ensemble de cette postérité est appelée la Sainte Parenté, en opposition à la Sainte Famille, et a donné lieu à nombre représentations iconographiques surtout en Allemagne (Die Heilige Sippe) et dans l'Europe du Nord.
Culte et reconnaissance
Giotto, Annonce de l'ange à sainte Anne (entre 1303 et 1305), Chapelle des Scrovegni, Padoue
Patronage
Sainte Anne est la sainte patronne d'Apt, où se trouvent ses reliques, dont sont issues pour une part celles de Florence, d'Innsbruck, de Naples, de Mainar, de la Bretagne et de la province de Québec.
Sainte Anne est également la sainte patronne de Castelbuono, petite ville sicilienne située dans la province de Palerme, où une relique, constituée par de nombreux fragments du crâne, est conservée dans la Chapelle Palatine située dans le château des Ventimiglia.
Elle est à la fois la patronne des laïcs et des clercs, des matrones et des veuves. Elle préside à la sexualité du couple autant qu'à l'abstinence des moines, elle favorise les accouchements et ressuscite même les enfants mort nés. Elle assure sa protection aux tourneurs, sculpteurs, ébénistes, orfèvres, fabricants de balais, navigateurs et mineurs, mais surtout à des métiers manuels féminins : gantières, bonnetières, couturières, lavandières, blanchisseuses, cardeuses, chiffonnières, dentellières, brodeuses, fabricantes de bas.
Évolution du culte
En 550, on construit une église à Constantinople en l'honneur de sainte Anne. Le 26 juillet marque sans doute l'anniversaire de la dédicace de cette basilique. Les Franciscains l'ont inscrite à leur calendrier le 26 juillet 1263. D'après les différentes traditions, son culte connaît trois étapes importantes depuis les Saintes-Maries-de-la-Mer, Marseille et surtout Apt, dès le Ier siècle avec l'arrivée supposée de son corps apportée par quelques disciples du Christ dont Marie Madeleine et confié à saint Auspice qui va le cacher pour le protéger des persécutions romaines, au VIIIe siècle avec la redécouverte de celui-ci par l'intermédiaire de Charlemagne, et au XIIe siècle au retour de la première croisade avec l'obtention du voile de Sainte-Anne. À partir du XIVe siècle, Apt devient un centre de dévotion important, témoin le nombre croissant des œuvres d'art qu'il suscite (qu'on peut voir par exemple dans la multitude des statues montrant Anne, Marie et l'Enfant Jésus, appelées « trinités mariales », en parallèle à la sainte Trinité). Mais l'Église interdit la représentation des trinités mariales pour éviter la confusion avec la Trinité au sens théologique. Sa popularité est telle que les Confréries de sainte Anne se multiplient à cette époque.
Les débats théologiques sur le dogme de l'Immaculée Conception au XIVe siècle ont pour conséquence d'associer plus étroitement le culte de sainte Anne à celui de la Vierge. Cela se traduit par l'apparition d'un nouveau thème iconographique, la Sainte Anne trinitaire, destiné à exprimer l'idée d'une prédestination d'Anne dans la pensée de Dieu, liée à la maternité divine. Urbain V, dès 1370, fait rajouter dans le Missel romain une messe en son honneur avec une miniature de la sainte, et Urbain VI étend son culte à toute l'Église en 1382 lors du mariage de Richard II avec Anne de Bohême. En 1481, le pape franciscain immaculiste Sixte IV fait ajouter la fête solennelle de sainte Anne au calendrier de l'Église romaine, le 26 juillet. En 1494 paraît le traité De laudibus sanctissimae matris Annae de Johannes Trithemius qui joue un grand rôle dans la propagation de son culte. Au XVIe siècle, les réformateurs s'indignent de « la prolifération des reliques et des légendes parasitaires » relatives à sainte Anne, si bien que le pape Pie V, en établissant le calendrier romain tridentin, supprime son office en 1568 mais elle reste populaire comme l'atteste le fait qu'Anne devient, comme Marie, un prénom masculin très fréquent au XVIe siècle.
Si, en terre réformée, son culte décline rapidement, dans le monde resté catholique, il poursuit une belle carrière après avoir failli succomber aux épurations qui accompagnèrent le concile de Trente. Grégoire XIII, sous la pression de la Contre-Réforme qui favorise le culte des saints rétablit sa fête officielle le 26 juillet (bulle du 1er mai 1584) et Grégoire XV, dans son bref apostolique Honor laudis du 23 avril 1622, en fait une fête obligatoire et chômée. Elle est célébrée sous le rite double majeur jusqu'à Léon XIII qui la rétrograde au rang de simple fête paroissiale de deuxième degré en 1879. Le 26 juillet est la fête (IIIe classe) de « Sainte Anne mère de la Bienheureuse Vierge Marie » dans le calendrier romain général 1960 et devient, dans la réforme du calendrier romain général décrétée par Paul VI en 1969, la mémoire des saints Joachim et Anne.
Cette ambivalence du culte de sainte Anne au cours de l'histoire s'explique d'une part par des rivalités entre clergés (ce sont ses promoteurs monastiques — bénédictins, chartreux, franciscains — qui écrivaient les légendes à son sujet, organisaient son culte et surtout, en tiraient profit aux dépens des ressources du clergé paroissial), d'autre part par les nombreuses légendes autour de la sainte qui renforçaient la foi du peuple triomphant, s'opposant à l'incrédulité des doctes et à la réticence des autorités religieuses à autoriser un culte qui relevait du folklore populaire.
La tradition provençale
Intérieur de la chapelle royale Sainte-Anne dans la cathédrale d'Apt
Statue monumentale recouverte d'or de sainte Anne sur le dôme de la cathédrale Sainte-Anne d'Apt
Par Marianne Casamance — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28293974
La cathédrale Sainte-Anne d'Apt, placée durant tout le Moyen Âge sous le double patronage de Notre-Dame et Saint-Castor, est une ancienne cathédrale catholique romaine française, située dans la ville d'Apt. C'est l'une des plus anciennes églises d'Occident à avoir mis en honneur le culte d'Anne, l'aïeule du Christ. Déjà, au cours du XIIe siècle sa fête y était célébrée le 26 juillet lors d'un office à neuf leçons.
Une partie de ses reliques que la tradition dit avoir été rapportée d'Orient, y est toujours vénérée. Et celles qui se trouvent en Bretagne, notamment à Sainte-Anne-d'Auray, en Italie ou au Canada proviennent d'Apt.
La reine de France, Anne d'Autriche, pour remercier sa sainte patronne de lui avoir permis d'être mère, vint à Apt le 27 mars 1660. Son pèlerinage accompli, elle fit don de reliquaires en or à l'évêque Modeste de Villeneuve-Arcs qui l'avait accueillie et l'incita à faire construire ce qui est aujourd'hui devenu la « Chapelle royale ». Les plans furent dressés par François de Royers de La Valfrenière, les travaux activés et la chapelle consacrée le 26 juillet 1664.
Sainte patronne de la Bretagne
Le sanctuaire de Sainte-Anne-la-Palud, établi vers l'an 500, témoigne d'un culte ancien, mais local et sporadique. En breton, sainte Anne est parfois surnommée « mamm gozh ar Vretoned », c’est-à-dire « grand-mère des Bretons » car plusieurs légendes de tradition orale la rattachent à la Bretagne. Il peut également exister un syncrétisme avec des divinités de religions antérieures au christianisme. Le culte s'étoffe au XVIIe siècle à partir des apparitions au paysan Yvon Nicolazic à Sainte-Anne-d'Auray, qui devient alors un lieu de dévotion et de pèlerinage majeur pour le culte de Sainte-Anne en Bretagne. Depuis le 26 juillet 1914, elle est officiellement consacrée « Patrona Provinciae Britanniae » (patronne de la province de Bretagne) par le pape Pie X.
La basilique du sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray
Par Unukorno — Travail personnel, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=72063046
Hommages
En 2015, sainte Anne est le vingt-quatrième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 220 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434).
Représentation dans les arts
Musique
Léonard de Vinci, La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne, musée du Louvre
- Marc-Antoine Charpentier a composé vers 1675 deux motets, pour Ste Anne pour 2 voix et basse continue, H.315 et Canticum Annae pour 3 voix, 2 dessus instrumentaux, et basse continue H.325 vers 1680.
Peinture
Sainte Anne a été représentée par les peintres dans différents thèmes artistiques.
La sainte est fréquemment représentée enseignant la lecture à sa fille Marie avec un livre à la main, ouvert ou fermé. Le thème de l'éducation de la Vierge associe Anne à l'enfance de Marie.
La rencontre d'Anne et de Joachim à la Porte dorée a également été peinte par Giotto en 1304-1306. Chapelle des Scrovegni, Padoue.
Lorsqu'elle est représentée accompagnée de Marie et Jésus, on qualifie ce thème artistique de sainte Anne trinitaire. Elle est alors nommée Anna Selbdritt, littéralement Anne, elle-même, le troisième personnage. Par exemple, dans le tableau La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne de Léonard de Vinci, elle est dite trinitaire avec sa fille Marie et son petit-fils Jésus.
La lignée de sainte Anne de Gérard David (musée des Beaux-Arts de Lyon) qui relate, inspirée de la Légende dorée, sa triple descendance par ses trois époux successifs.
Sculpture
- Marignane - Église Saint-Nicolas (Notre-Dame de Nazareth) : Retable en bois doré, originellement en polychrome, offert par Louise de Savoie, avec tous les personnages en ronde bosse du baiser de la Porte dorée à la lignée de sainte Anne et à l'adoration des rois mages.
Galerie d'images
Sainte Anne et les trois Marie. Heures d'Étienne Chevalier, enluminées par Jean Fouquet. Paris, BnF
La Trinité mariale - Anne, Marie, Jésus - de Masolino et Masaccio
Sainte Anne, la Vierge et l'enfant (XVe siècle), église Notre-Dame-du-Gourg de Sainte-Enimie
Par Photo: Myrabella / Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=30246692
Sculpture de la Vierge à l'Enfant avec sainte Anne (XVIIe siècle), musée de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle
Par Dickstracke at en.wikipedia — Transferred from en.wikipedia by SreeBot, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18073740
Retable de sainte Anne, chapelle du Condestable, cathédrale de Burgos, sculpture en bois polychrome de Gil de Siloé (v. 1500)
Par Jl FilpoC — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=93400589
La rencontre d'Anne et Joachim à la Porte dorée du Maître de la Porte dorée (entre 1370 et 1390), musée des Beaux-Arts de Houston
L'Éducation de la Vierge d'Eugène Delacroix (1842), musée national Eugène-Delacroix
Mosaïque ornant l'arc triomphal de la basilique Sainte-Marie-Majeure : plus ancienne représentation de sainte Anne (Ve siècle)
Par MM — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10514997
Fresque de l'église de Faras (Soudan) représentant sainte Anne (VIIIe siècle)
La Lignée de Sainte Anne, Gérard David (v.1500), musée des Beaux-Arts de Lyon
Par Creator:Gérard David — Œuvre appartenant au Musée des Beaux-Arts de Lyon, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=51760861
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_(m%C3%A8re_de_Marie)
C’est surtout pour les couturières, les dentellières et les lingères, qui honorent sainte Anne comme leur patronne, une fête qu’on solennise avec toutes les démonstrations de la joie. Dès la veille du jour de Sainte-Anne, on pare, à Bruges, à Bruxelles et en d’autres endroits, les écoles et les ouvroirs de fleurs et de guirlandes. Le matin, de bonne heure, toutes les jeunes filles qui fréquentent les ateliers de dentelles ou les ouvroirs d’une couturière, viennent souhaiter la fête à leur maîtresse et lui offrir un grand bouquet de fleurs. Puis elles se rendent à l’église, et après y avoir entendu la messe en l’honneur de leur sainte patronne, retournent à l’école ou à l’ouvroir, où le déjeuner aux gâteaux est servi. Le repas terminé, on s’apprête à faire une promenade en chariot ou en voiture vers une ville ou un village des environs pour s’y amuser. Celles de Bruges vont ordinairement à Blankenberghe ou à Ostende. Cette promenade est le divertissement principal du jour. Le chariot est couvert et orné de fleurs, et des paniers pleins de provisions et de gâteaux sont emportés; mais les élèves et les ouvrières qui veulent être de la partie, doivent, pendant toute l’année, remplir leur tâche ou « hun mestag doen »; celles qui ne l’ont pas faite, doivent rester à la maison. Pour être à même de payer les frais de cette excursion, il est d’habitude de s’imposer chaque semaine une légère cotisation. Aussi destine-t-on au même but les petites amendes qu’inflige le règlement de chaque atelier ou ouvroir contre des actes d’oubli, d’indiscrétion ou de négligence. Quand le temps n’est pas favorable, on passe la journée à l’école ou à l’ouvroir au milieu des danses et des chants, et il y a toute une série de chansons populaires qui sont exclusivement en usage chez les couturières et les dentellières lors de la célébration de la fête de leur patronne. Mais, en dehors d’un beau cantique qui en est pour ainsi dire la pièce fondamentale et que nous ne laisserons pas de publier ici, les chansons de sainte Anne ou « Sinte-Anna-Liedjes », que , ne contiennent que la description des particularités de la fête ou l’expression des plaisirs et des regrets qu’éprouvent les jeunes dentellières ou couturières durant et après la fête de Sainte-Anne.
Laet ons met lofzangen pryzen
Onze moeder Anna zoet,
En haer lof en eer bewyzen,
Want zy is ons naerste goed.
Heylige Anna, Moeder Anna,
Die ons droefheyd hebt gezien;
Heylige Anna, Moeder Anna.Na zuchten geeft verblyd.
Als wy nu gaen openbaren
Hare groote heyligheyd,
Wy moeten dan ook verklaren
Hare groote weerdigheyd.
Heylige Anna, enz.Gy zyt van
God verkoren
Om zyns zoons grootmoeder te zyn,
En de gebeden te hooren
Van elk die in droefheyd zyn.
Heylige Anna, enz.Gy hebt aen God opgedragen,
In hare teere jongheyd,
Uw dochter van drie jaren,
Uwen waren troost en vreugd.
Heylige Anna, enz.Une chanson des plus populaires qui se chante le jour de Sainte-Anne est celle-ci :
‘t Is van dage sint’
Annadag, sint’ Annadag;
Wy kyken al naer den klaren dag,
En wy kleên ons metter spoê
0m te gaen ter kerke toe.
Als de misse wierd gedaen,
Wy zyn al blyde van deure te gaen.
Josephus is gekomen alhier
Met zynen wagen en zyn bastier.
De provianden,
Koeken in manden,
De provianden Dragen wy meê.
Die willen al met ons meê gaen,
Moeten ‘t heel jaer hun mestag doen;
En die ‘t niet en hebben gedaen,
Moeten t’huis blyven en niet meê gaenC’est peut-être le patronage des couturières qui a donné naissance à l’habitude de dire : « Elle entre dans la garde-robe de sainte Anne » pour désigner une fille qui devient vieille, dicton qui s’emploie aussi bien dans le pays wallon que dans les provinces flamandes, ou « Sinte-Anne-Schapraei » a la même signification. A Anvers, tout le monde va, le jour de Sainte-Anne, à la kermesse du Vlaemsch-Hoofd qui doit à cette circonstance son nom populaire de « Sinte-Anne » ou « Sinte-Anneken. »
Le Baron de Reinsberg-Düringsfeld 1870 Traditions et légendes de la Belgique.
Sainte Anne (Chapelle Notre-Dame de Lourdes à Auray)
Sainte Anne (Église saint Cornely à Carnac)
Sainte Anne
Sainte Anne
(Église Saint Armel à Plouharnel)
Sainte Anne portant la Vierge qui tient l'Enfant Jésus
(Plumelec "Le petit Lourdes Breton", la chapelle Saint Joseph)
Sainte Anne (Gâvres, l'église Saint Gildas)
Sainte Anne
(Église Saint Pierre à Saint-Pierre-Quiberon)
Sainte Anne et la Vierge Marie
(Chapelle Saint Julien à Quiberon)
Sainte Anne et la Vierge Marie
(Saint Philibert (Morbihan), église Notre-Dame de la Nativité)
Joachim
Saint Joachim au désert avec son offrande
de Juan Simón Gutiérrez (es) (v. 1700),
musée des Beaux-Arts de SévilleIl est de fait le grand-père de Jésus de Nazareth.
Saint Joachim est célébré, avec sainte Anne, le 26 juillet en Occident et le 9 septembre en Orient.
Histoire et traditions religieuses
Les Évangiles canoniques du Nouveau Testament ne nomment pas les parents de la Vierge Marie, mais l'histoire de Joachim et d'Anne son épouse est relaté dans le Jacques et le Pseudo-Matthieu. Remontant à la tribu royale de Juda, descendant de la lignée du roi David et natif de Nazareth, Joachim est décrit comme un homme prospère, pieux et charitable.
Il est d'abord pasteur de brebis à Nazareth, avant de s'occuper du cheptel de son père Barpanther (ou Barpathir pour les orthodoxes) qu’il fait garder par des bergers non loin de Jérusalem, tandis qu’il s’occupe de la décoration du Temple et offre de nombreux animaux en sacrifice.
C'est là qu'il rencontre sa future épouse originaire de Bethléem, Anne, que son père Isachar ou Akar, lui accorde.
Avec elle, ils décident de partager leurs avoirs en trois parts, pour le culte, pour les pauvres et pour la vie domestique.
Joachim se voit refuser son offrande par le Grand-prêtre du Temple, fresque de Taddeo Gaddi, chapelle Baroncelli de la basilique Santa Croce de Florence, Italie.
Giotto, Le Sacrifice de Joachim (1303-1306), chapelle des Scrovegni, Padoue, Italie.
Rencontre de Joachim et Anne à la Porte dorée (v. 1493), du Maître de la Divisio Apostolorum, musée des palais du Belvédère, Vienne, Autriche
Néanmoins, une ombre est au tableau car, depuis vingt ans, le couple est sans enfants et s'en désole ; le temps est compté avant l’échéance biologique. Cette année-là, lorsque Joachim se rend au Temple pour offrir son sacrifice à la fête religieuse du moment (celle de la Dédicace ou Hanoucca d’après La Légende dorée), le Grand-prêtre nommé Ruben lui refuse sa brebis soutenant que son infertilité est le signe qu'il est sous la malédiction de la Loi. Joachim, se sentant offensé et fautif, ne veut pas rester avec les témoins de son opprobre qui pourraient colporter le fait et se refuse désormais de rentrer chez lui auprès de son épouse. Aussi, il décide de se retirer dans la vallée du Wadi Qelt du désert de Judée auprès de ses troupeaux pour prier et jeûner. Une tradition pense que son lieu de retraite se situait près du futur monastère Saint-Georges de Choziba, car après que celui-ci fut dédié à la Mère de Dieu, il a été associé aux parents de la Vierge à la fin du viiie siècle.
Là, au début de son temps d’ascèse, Joachim offre à Yahvé la brebis qu’il avait réservée pour le sacrifice au Temple, puis, fidèle à sa dévotion, il poursuit son temps de mise à l’épreuve et de privation. Et voilà qu’au bout de quarante jours, un ange lui apparaît dans un songe lui confiant qu’il a été entendu par Dieu et que bientôt il sera l’heureux père d’un enfant. De son côté, Anne, en est de même informée.
Alors, Joachim revient à Jérusalem et Anne s’apprête à le retrouver. Selon les traditions, il revient seul ou avec des animaux qu’il s’apprête à offrir, d’abord dix brebis pour le Seigneur, puis douze veaux pour les prêtres et les anciens, et enfin cent boucs pour le peuple. Quant au lieu des retrouvailles, il est situé soit devant leur demeure ou à la Porte dorée, l'une des portes de l’enceinte de la ville. C’est alors une étreinte ou plus rarement un baiser qui les réunis à nouveau, instant décisif célébré par de nombreux artistes dont Giotto.
Neuf mois plus tard, ils sont les très heureux parents d’une petite fille, reçue sous le nom de Marie, que la tradition chrétienne fait naître le 8 septembre. Promise au service du Temple, ils l’y conduisent à l’âge de trois ans. Séparé de leur fille, le couple n’en est pas moins harmonieux, réjoui et serein, et ils vivent ainsi, en continuant de pratiquer leur dévotion avec encore plus de ferveur, et cela plus d’une dizaine d’années. Fort de ses mérites et de ses vertus, Joachim meurt, sans doute vers l’âge de quatre-vingt ans.
Représentations
Les quelques récits relatant Joachim et Anne sont notamment inclus dans La Légende dorée de Jacques de Voragine. Ils sont fréquemment représentés dans l'art chrétien, même si le concile de Trente a fixé des limites à la représentation issue des évangiles apocryphes, notamment pour ne pas donner trop de privilège à la trinité mariale (Anne, Marie et Jésus) aux dépens de la Trinité céleste (Père, Fils et Saint-Esprit).
L'attribut traditionnel de Joachim (peinture, statuaire, etc.) est une houlette de berger ou un bâton.
Il est souvent associé à la foi et à la dévotion qui font œuvre d’autorité naturelle nécessaire pour vaincre le sentiment de fatalité et obtenir spirituellement des bienfaits par la prière et l'offrande. Ce symbole préfigure le Christ :
« Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien.
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
je ne crains aucun mal, car tu es avec moi,
ta houlette et ton bâton me rassurent.
(Psaume 23,1-4) »En cela, il est souvent représenté avec un livre, la Torah (la Parole divine) et une paire de colombes (symbole de paix et de bénédiction).
Culte et célébration
Saint Joachim est célébré, avec sainte Anne, le 26 juillet dans le rite romain et le 9 septembre en Orient.
Il n'est pas mentionné dans le calendrier romain tridentin de Pie V, qui en avait exclu sainte Anne, mais Grégoire XIII, en la restituant au Calendrier romain général, y ajoute aussi saint Joachim en 1584.
D'abord fixée au 20 mars, entre la fête de saint Joseph et celle de l’Annonciation, elle est transférée en 1738 au dimanche après l'octave de l'Assomption de Marie et en 1913 au 16 août, soit le lendemain de cette fête mariale majeure. Fête double décidée par Grégoire XV, puis double-majeur par Clément XII, Léon XIII, dont saint Joachim était le Patron, l’élève au rang de double de seconde classe, et elle passe en 1960 à une fête de deuxième classe. La mémoire de Joachim est désormais unie à celle d'Anne depuis la réforme du Calendrier romain en 1969.
Patronage
Saint Joachim est désigné comme le patron des grands-parents, plus particulièrement des grands-pères et des époux âgés.
Il peut être invoqué pour aider la fécondité des hommes.
Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées
Début 2021, le pape François a décidé que les grands-parents seront célébrés lors d’une Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées annuelle fixée au quatrième dimanche de juillet, à proximité du 26 qui est la fête de sainte Anne et de saint Joachim.
Joachim dans le Coran
Le père de Marie est nommé Imran dans le Coran. Si les sources de la sourate 3 semblent être le protévangile de Jacques et les écrits-sources de l’évangile du Pseudo-Matthieu, la question du nom du père (‘Imran et non Joachim) interroge. Cette identification n’a pas de parallèle et pourrait provenir d’une « confusion scribale » du ou des auteurs coraniques. Ce nom rappelle celui d’Amram, père d’Aaron dans le texte biblique. Parfois présentée comme fortuite, cette identification pourrait être volontaire et refléter la stratégie de Luc de présenter l’évolution de la révélation chrétienne moins centrée sur la figure d’Israël.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joachim_(p%C3%A8re_de_Marie)
En savoir plus :
http://missel.free.fr/Sanctoral/07/26.php
http://www.mariedenazareth.com/8075.0.html?&L=0
Saint Joachim (Église saint Cornely à Carnac)
Saint Joachim (Chapelle Notre-Dame de Lourdes à Auray)
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