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Saint Thomas Beckett, Archevêque de Cantobéry, martyr († 1170)
Saint Thomas Beckett († 1170)
Archevêque de Cantorbéry, martyr
Thomas Becket, ou Thomas À-Becket ou Thomas de Londres dit saint Thomas de Cantorbéry (Londres, 21 décembre 1118 ou 1120 - Cantorbéry, 29 décembre 1170) est archevêque de Cantorbéry de 1162 à 1170.
Au cours des années 1160, il est engagé dans un conflit avec le roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt sur les droits et privilèges de l'Église catholique.
À la suite de cela, il est assassiné par des partisans du roi en 1170.
Il est canonisé en 1173 dans la cathédrale de Canterbury, devenue lieu de pèlerinage.
Il est considéré comme un saint et un martyr par l'Église catholique et la Communion anglicane.
Représentation du XIXe siècle de Saint Thomas Becket, montrant une épée lui transperçant la tête. Église Saint-Pierre, Great Berkhamsted (en), Berkhamsted, Hertfordshire
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Biographie
Vie avant l'accession à l'épiscopat
Il naquit à Londres en 1117 de parents marchands originaires de Mondeville en Normandie.
Il reçut une excellente éducation à l’école cathédrale de Cantorbéry, complétée par des études à Bologne, alors le centre majeur en Occident pour la science juridique.
Retournant en Angleterre, il attira l’attention de Thibaut du Bec, archevêque de Cantorbéry, qui lui confia plusieurs missions importantes à Rome et le fit nommer archidiacre de Cantorbéry et prévôt de Beverley.
Il se distingua par son zèle et son efficacité, aussi Thibaut le recommanda au roi Henri II quand le haut poste de chancelier fut vacant.
Henri, comme tous les rois normano-angevins, désirait être le maître absolu, tant de son royaume que de l’Église, et pouvait pour ce faire s'appuyer sur les traditions de sa maison.
Ce qu’il fit quand il voulut se débarrasser des privilèges du clergé anglais qu’il voyait comme autant d'entraves à son autorité.
Becket lui parut comme l’instrument adapté pour accomplir ses desseins ; le jeune homme se montra dévoué aux intérêts de son maître et un agréable grand ami tout en maintenant avec diplomatie une certaine fermeté, de sorte que personne, sauf peut être Jean de Salisbury, n’aurait pu douter qu’il ne fût pas totalement dévoué à la cause royale.
Le roi Henri envoya son fils Henri le Jeune, plus tard le jeune roi, vivre au domicile de Becket comme c’était la coutume pour les enfants nobles d’être accueillis dans une autre maison (voir : Éducation dans la catégorie Moyen Âge).
Plus tard ce sera une des raisons pour lesquelles « le jeune roi » se retourna contre son père, s’étant affectivement attaché à son tuteur Becket.
L’archevêque Thibaut du Bec mourut le 18 avril 1161 et le chapître apprit avec quelque indignation que le roi espérait qu’il choisirait Thomas pour successeur.
Il se rallia cependant à l’avis royal, l’élection eut lieu en mai 1162 et Thomas fut consacré le 3 juin 1162.
Archevêque
Dès qu’il fut nommé, une transformation radicale du caractère du nouveau primat s’opéra à la stupéfaction générale du roi et de tout le royaume.
Le courtisan gai et amant des plaisirs fit place à un prélat ascétique en robe de moine, prêt à soutenir jusqu’au bout la cause de la hiérarchie.
Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine raconte qu’il se mortifiait en portant le cilice caché sous ses habits et que, chaque soir, il lavait les pieds de treize pauvres, les nourrissait et les renvoyait avec quatre pièces d'argent.
Devant le schisme qui divisait l’Église, il se déclara pour le pape Alexandre III, fidèle à un homme voué aux mêmes principes hiérarchiques, et il reçut le pallium d’Alexandre au concile de Tours.
À son retour en Angleterre, Becket mit immédiatement à exécution le projet qu’il avait préparé de libérer l’Église d’Angleterre des limitations mêmes qu’il avait contribué à faire appliquer.
Son but était double : l’exemption complète de l’Église de toute juridiction civile, avec un contrôle exclusif de sa propre juridiction par le clergé, liberté d’appel, etc. et l’acquisition et la sécurité de la propriété comme un fonds indépendant.
Le roi comprit rapidement le résultat inévitable de l’attitude de Thomas et convoqua le clergé à Westminster le 11 octobre 1163, demandant l’abrogation de toute demande d'exemption des juridictions civiles et que soit reconnue l’égalité de tous les sujets devant la loi.
Le haut clergé tendait à consentir à la demande du roi, ce que refusa l’archevêque.
Henri n’était pas prêt pour une lutte ouverte et proposa un accord plus vague relevant de la coutume de ses ancêtres.
Thomas accepta ce compromis en maintenant cependant des réserves sur la sauvegarde des droits de l’Église.
Rien ne fut résolu et la question restait ouverte. Henri quitta donc Londres très content.
Désaccord avec le roi
Henri convoqua une autre assemblée à Clarendon le 30 janvier 1164 où il présenta ses demandes en seize points.
Ce qu’il demandait impliquait un relatif recul par rapport aux concessions faites aux églises par Henri Ier lors du concordat de Londres en 1107 puis par le roi Étienne d'Angleterre en 1136 mais se situait dans la droite ligne d'une monarchie qui, depuis l’époque de Guillaume le Conquérant, entendait gouverner sans partage toutes les affaires du royaume.
Les Constitutions de Clarendon représentaient cependant une codification écrite, plus contraignante que la coutume qui prévalait jusque-là, et surtout entendaient placer tous les sujets du roi, y compris les clercs, de plus en plus nombreux, sur un pied d’égalité judiciaire (ce qui signifiait aussi percevoir les amendes afférentes aux condamnations), tous ne relevant que des tribunaux royaux.
Le roi s’employa à obtenir l’accord du clergé et apparemment l’obtint, sauf celui du primat.
Becket chercha encore à parvenir à ses fins par la discussion, puis il refusa définitivement de signer.
Cela signifiait la guerre entre les deux pouvoirs en place.
Henri essaya de se débarrasser de Becket par voie judiciaire et le convoqua devant un grand conseil à Northampton le 8 octobre 1164 pour répondre de l'accusation de contestation de l'autorité royale et malfaisance dans son emploi de chancelier.
Une autre raison de leur désaccord fut son refus d'accorder le mariage de Guillaume Plantagenêt, comte du Poitou, vicomte de Dieppe (frère du roi d'Angleterre Henri II (roi d'Angleterre)) avec Isabelle de Warenne (en) pour consanguinité.
Becket quitte l'Angleterre
Extrait du vitrail de la vie de Thomas Becket sur le transept nord de la cathédrale de Coutances le représentant traversant la Manche
Par Giogo — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20864880
Becket dénia à l'assemblée le droit de le juger.
Il fit appel au pape et sentant que sa vie était trop précieuse pour l'église pour être risquée, partit en exil volontaire.
Le 2 novembre 1164, il embarqua sur un bateau de pêcheurs qui le débarqua en France.
Dans une lettre célèbre alors adressée au pape, il exalte le principe de la supériorité pontificale, notamment en matière judiciaire.
Il s'en prend surtout à l'attitude des autres évêques anglais qui sont ralliés au roi et qui selon lui, méconnaissent le principe de hiérarchie ecclésiastique.
Il alla à Sens, où était réfugié le pape Alexandre III.
Ce dernier venait de recevoir des ambassadeurs envoyés par le roi d'Angleterre qui demandait au pape de prendre des sanctions contre Becket et réclamait qu'un légat soit envoyé en Angleterre avec autorité plénière pour résoudre la dispute.
Le pape Alexandre y opposa son refus, et quand quelques jours plus tard Becket arriva et lui fit le récit complet de la procédure, le pape lui accorda son soutien.
Henri II poursuivit l'archevêque fugitif avec une série de décrets applicables à tous ses amis et partisans aussi bien qu'à Becket lui-même ; mais Louis VII de France le reçut avec respect et lui offrit sa protection, d'autant qu'il s'agissait là d'un moyen d'affaiblir son royal vassal Plantagenêt.
Thomas Becket resta presque deux ans dans l'abbaye cistercienne de Pontigny(voir Cîteaux, Ordre Cistercien) (fin 1164-1166), jusqu'à ce que les menaces d'Henri l'obligent à se rendre de nouveau à Sens où il demeura à l'abbaye de Sainte-Colombe de Sens.
Louis VII comme Alexandre III organisent diverses missions de conciliation auxquelles prennent part des religieux de divers ordres, notamment chartreux et grandmontains.
Becket, en pleine possession de ses prérogatives, désirait voir sa position soutenue par les armes de l'excommunication et de l'interdit.
Mais le pape Alexandre III, bien que sympathisant des idées de Becket, préférait temporiser car sa propre lutte avec Frédéric Ier requérait au moins la neutralité du roi d'Angleterre.
Les divergences se creusèrent entre le pape et l'archevêque, et les relations devinrent même plus amères quand les légats furent envoyés en 1167 avec autorité d'arbitre.
Négligeant cette limitation de sa propre juridiction et persistant sur ses principes, Thomas palabra avec les légats, conditionnant toujours son obéissance au roi par les droits de son ordre.
Sa fermeté sembla être récompensée quand, enfin en 1170, le pape fut sur le point d'appliquer ses menaces d'excommunication du roi Henri qui, inquiet de cette éventualité, mit ses espoirs dans un accord qui permettrait à Thomas de retourner en Angleterre et de continuer son ministère.
Finalement, le 22 juillet 1170, la paix qui fut conclue à Fréteval entre Henri et Thomas permit à l'archevêque anglais de rentrer en Angleterre.
Thomas débarqua à Sandwich le 3 décembre 1170 et deux jours plus tard il entrait à Cantorbéry.
Mais les deux parties restèrent cependant inconciliables, et Henri, incité par ses partisans, refusa de rendre les propriétés ecclésiastiques qu'il avait saisies.
Thomas avait déjà préparé la sanction contre ceux qui avaient privé l'Église de ses biens et contre les évêques qui avaient inspiré la saisie.
L'assassinat
Selon la tradition, une phrase du roi exaspéré aurait été prononcée: « N'y aura-t-il personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent ? » fut interprétée comme ordre par quatre chevaliers anglo-normands : Reginald Fitzurse, Hugues de Morville, Guillaume de Tracy et Richard le Breton (en).
Ces quatre chevaliers projetèrent donc immédiatement le meurtre de l'archevêque et le perpétrèrent près de l'autel de la cathédrale de Canterbury le 29 décembre 1170.
Henri II se résolut alors à faire pénitence publique à Avranches en 1172 et à revenir sur les décisions entérinées dans les Constitutions de Clarendon.
Becket fut ensuite révéré par les fidèles dans toute l'Europe comme martyr (par exemple l'église de Bénodet (Finistère) a pour saint patron Thomas Becket et la commune voisine de Pleuven possède une chapelle Saint-Thomas, son culte ayant été répandu dans le Pays fouesnantais par les moines de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas) et canonisé par le pape Alexandre III le 21 février 1173.
Le 12 janvier de l'année suivante, Henri II dut faire pénitence publiquement sur la tombe de son ennemi, site qui resta un des lieux de pèlerinage les plus populaires en Angleterre, jusqu'à sa destruction lors de l'anéantissement des monastères anglais, à l'époque d'Henry VIII.
Un reliquaire fut cependant conservé, et ce site est visité par de nombreux touristes de nos jours. Au-dessus de l'autel placé dans la chapelle, sont représentées trois épées rappelant celles ayant servi à assassiner Becket.
Postérité
Enseigne de pèlerinage en plomb représentant Thomas Becket, vendue aux pèlerins se rendant sur sa tombe à Canterbury, XIVe siècle
Les principales reliques de Thomas Becket sont conservées dans la crypte de la basilique des Saints-Boniface-et-Alexis à Rome.
Les autres ont été dispersées à travers l'Europe pour la vénération des fidèles, souvent conservées dans des châsses en émail champlevé fabriquées à Limoges.
Vitraux, retables et statues
Des vitraux de la cathédrale Saint-Étienne de Sens (1215–1235), de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers et d’autres de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, illustrent la vie de saint Thomas Becket. La cathédrale Saint-Étienne de Sens possède également une statue du XIIe siècle qui fut retrouvée dans la maison habitée par Thomas Becket, une chapelle est dédiée à Thomas Becket, elle abrite un tableau représentant l'archevêque remettant son anneau au Pape, ainsi qu'un retable offert par Mgr Ardin. Une statue de Thomas Becket en habits pontificaux et une sculpture représentant son assassinat sont abritées dans l'église de Boissy-sous-Saint-Yon.
La cathédrale Notre-Dame de Laon possède une chapelle dédiée à Thomas Becket à l'étage des tribunes. Elle fut construite à l'époque de son assassinat, où il était vénéré depuis son passage en cette ville. L'église Saint-Thomas-de Cantorbéry de Mur-de-Barrez (Aveyron) possède un tableau et un vitrail (moderne) illustrant l'assassinat. De même, à l'intérieur de la cathédrale de Saint David's, au pays de Galles, un vitrail, représentant Thomas Becket et son martyre, orne une chapelle dédiée à sa mémoire.
Le retable en bois de l'église Saint-Thomas-de-Canterbury de Landerneau (Finistère), présente également un bas-relief figurant l'assassinat de saint Thomas Becket.
Le culte de Thomas Becket se propagea rapidement en Normandie, si bien qu'on trouve aujourd'hui plusieurs décors et objets en lien avec ce personnage. Le transept de la cathédrale de Bayeux est orné d'une peinture murale du XIXe siècle — repeinte sur un décor plus ancien — qui représente l'assassinat de saint Thomas Becket. Un autre décor mural conservé dans son état d'origine du XIIIe siècle présente la scène de l'assassinat, dans la chapelle de Sainte-Marie-aux-Anglais, près du Mesnil-Mauger dans le Calvados. Enfin, dans la chapelle de l'hôpital de Lisieux, est conservée la chasuble de Thomas Becket, lequel serait venu à Lisieux pour rechercher du soutien auprès de l'évêque Arnould.
Textes hagiographiques
Plusieurs Vies de Thomas Becket ont été écrites, les premières peu avant sa canonisation en 1173, par :
- Edward Grim (en) en 1172
- Guillaume de Canterbury (en) entre 1172 et 1174
- Robert de Cricklade, entre 1172 et 1177
- Robert de Pontigny, entre 1176 et 1177
- Herbert de Boscham, compagnon d'exil de Thomas, entre 1184 et 1186
- Guillaume Fitz-Stephen (en)
- Alain de Tewskesbury (en)
- Guernes de Pont-Sainte-Maxence, entre 1172 et 1174
- Benoît de Canterbury (en), entre 1183 et 1189
Littérature
Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer se passent en compagnie de pèlerins sur leur route vers le sanctuaire de Thomas.
Les œuvres littéraires modernes basées sur l'histoire de Thomas Becket incluent les pièces Meurtre dans la cathédrale (Murder in the Cathedral, 1935, trad. Le Seuil, 1946) de T. S. Eliot et Becket ou l'Honneur de Dieu de Jean Anouilh (1959) avec un film du même nom (1964). Au XIXe siècle, Conrad Ferdinand Meyer écrivit la nouvelle Der Heilige (le Saint) à propos de Thomas Becket. Au XXe siècle, le roman Les Piliers de la Terre de Ken Follett se termine sur cette partie de l'histoire de Thomas Becket.
- T. S. Eliot, Meurtre dans la cathédrale, pièce traduite de l'anglais par Henri Fluchère, Paris, Seuil, 1946, 140 p. (dépôt légal, 2e trim. 46 no 213) (titre original : Murder in the Cathedral, Londres, Faber and Faber).
- Jean Anouilh, Becket ou l'Honneur de Dieu, 1959. Dans cette pièce de théâtre, l'auteur fait de Thomas Becket un Saxon et non un Normand.
- Les Piliers de la Terre, roman historique de Ken Follett, évoque en arrière-plan la lutte entre le roi Henri et Thomas Becket jusqu'à son assassinat. L'un des assassins, William, est un des personnages centraux du roman.
- Dans The Mirror and the Light Hilary Mantel imagine comment Thomas Cromwell, Lord Privy Seal du roi Henri VIII, se rend au tombeau de Becket pour y confisquer les reliques du saint, au nom du roi. Cet épisode rappelle la lutte du pouvoir anglais au XVIe siècle contre le culte des saints.
Musique
- Ildebrando Pizzetti, Assasinio nella cattedrale (Meurtre dans la cathédrale), opéra d'après l'œuvre de T. S. Eliot, 195811
Cinéma
- Becket (1910), film américain réalisé par Charles Kent.
- Becket (1923), film britannique réalisé par George Ridgwell.
- Becket (1964), film réalisé par Peter Glenville, avec Richard Burton et Peter O'Toole.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Becket
Thomas Becket ou Thomas de Londres comme on l'appelait alors, naquit probablement en 1118 dans une famille de la bourgeoisie londonienne qui connut des revers de fortune.
Le soutien d’un de ses parents lui permit de faire de brillantes études à Paris.
Il entra au service de l'archevêque Thibaud de Cantorbéry qui lui fit faire d'intéressants voyages à Rome (1151-1153) et aux écoles de Bologne et d’Auxerre où l’on formait des juristes.
Finalement il se lia avec le futur Henri II Plantagenêt, qui, un an après son accession au trône d’Angleterre, le nomma chancelier d’Angleterre, après que l’archevêque l’eut nommé archidiacre de Cantorbéry.
Thomas, fastueux ministre, seconda efficacement Henri II dans son œuvre générale de restauration monarchique après les troubles du règne d'Etienne de Blois (1135-1154).
L'Eglise d'Angleterre avait profité de cette période de faiblesse pour sortir de la soumission où la tenait jadis la monarchie normande, pour conquérir ses « libertés » que le Roi entendait rogner.
Croyant trouver un auxiliaire docile en son chancelier, Henri II nomma Thomas archevêque de Cantorbéry (mai 1162), réunissant entre les mêmes mains la chancellerie et une province ecclésiastique qui comprenait dix-sept des dix-neuf diocèses anglais.
Thomas qui avait reçu en deux jours l’ordination sacerdotale et le sacre épiscopal, abandonna sa charge séculière, changea sa vie du tout au tout et se voua sans réserve à la défense des droits de l'Eglise.
Lorsqu’en janvier 1164 Henri II voulut imposer à l’Eglise les Constitutions de Clarendon qui prétendaient revenir aux anciennes coutumes du royaume contre le droit canon, Thomas Becket fut un adversaire résolu.
Après de multiples péripéties juridiques où l’archevêque-primat fut trahi par ses confrères d’York et de Londres, il dut s'exiler en France où il demeura six ans (1164-1170), notamment à l'abbaye cistercienne de Pontigny où il s’imposa l’observance monastique.
Lorsqu'il rentra dans sa patrie après une paix boiteuse conclue à Fréteval dans le Maine (22 juillet 1170), les difficultés recommencèrent d’autant plus qu’avant de s’embarquer il avait frappé de suspense tous ses suffragants plus ou moins coupables de rébellion contre lui (1° décembre 1170).
Une phrase ambiguë d'Henri II (« N'y aura-t-il donc personne pour me débarrasser de ce clerc outrecuidant ? ») amena quatre chevaliers normands à assassiner l'archevêque dans sa cathédrale le 29 décembre 1170.
Dans la nuit de Noël 1170, après avoir célébré la messe, Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry et primat d'Angleterre, monta en chaire et, en termes formels, prédit qu'il serait bientôt massacré par les impies ; puis, comme l'auditoire se récriait, il invectiva vivement ceux qui mettaient la division entre le Roi et le Pasteur et les excommunia « comme les pestes du genre humain et les ennemis du bien public. »
Le lendemain de la fête des saints Innocents, vers onze heures du matin, quatre personnages vinrent le menacer chez lui et lui dirent que sa résistance lui coûterait la vie ; il répondit avec douceur et fermeté : « Je ne fuirai pas, j'attendrai avec joie le coup de la mort, je suis prêt à la recevoir », et montrant sa tête, il ajouta : « c'est là que vous me frapperez ! »
Après dîner, il était à l'église pour les vêpres, les quatre assassins forcèrent l'entrée du cloître et comme les moines cherchaient à les empêcher d'entrer dans l'église, l'archevêque dit : « Il ne faut pas garder le temple de Dieu comme on garde une forteresse ; nous ne triompherons pas de nos ennemis en combattant, mais en souffrant. Pour moi, je suis prêt à être sacrifié pour la cause de l'Eglise dont je défends les droits. »
Les quatre assassins entrèrent donc dans l'église en criant : « Où est Thomas Becket ? Où est ce traître au Roi et à l'Etat ? Où est l'Archevêque ? »
L’archevêque se présenta : « Me voici ! Non pas traître à l'Etat, mais prêtre de Jésus-Christ. »
Les assassins lui crièrent : « Sauve-toi, autrement tu es mort ! »
Thomas répondit : « Je n'ai garde de fuir ; tout ce que je demande, c'est de donner mon âme pour celles en faveur desquelles mon Sauveur a donné tout son sang. Cependant, je vous défends, de la part de Dieu tout-puissant, de maltraiter qui que ce soit des miens. » Ne pouvant arriver à le traîner dehors, les quatre assassins le frappèrent dans l'église : « Je meurs volontiers pour le nom de Jésus et la défense de l'Eglise. »
Thomas Becket triompha dans sa mort.
Ce qu'il n'avait pu obtenir par l'effort de sa vie, il le réalisa par son martyre. Le peuple le vénéra aussitôt comme un saint, et le pape Alexandre III frappa Henri II, compromis dans ce meurtre, d’interdit personnel ; pour obtenir son pardon, le Roi dut faire un pèlerinage humiliant au tombeau de Thomas Becket et se soumettre à la pénitence publique de la flagellation (21 mai 1172).
Des miracles ayant attesté la glorification de Thomas Becket, Alexandre III le canonisa le 21 février 1173.
Toujours est-il que la châsse du martyr devint le but d'un des pèlerinages les plus célèbres de la chrétienté.
En 1538, Henri VIII se donna le ridicule de procéder à la « décanonisation » de saint Thomas Becket.
Saint Thomas de Cantorbéry, par son courage indomptable à défendre les droits de l'Église, est devenu l'un des plus célèbres évêques honorés du nom de saints et de martyrs.
Dès sa jeunesse, il fut élevé aux plus hautes charges de la magistrature ; mais l'injustice des hommes détacha du monde ce cœur plein de droiture et de sincérité, et il entra dans l'état ecclésiastique.
Là encore, son mérite l'éleva aux honneurs, et le roi Henri II le nomma son chancelier.
Il ne fit que croître en vertu, donnant le jour aux affaires et passant la meilleure partie de la nuit en oraison.
Il n'était que le distributeur de ses immenses revenus : les familles ruinées, les malades abandonnés, les prisonniers, les monastères pauvres, en avaient la meilleure part.
Le roi l'obligea d'accepter l'archevêché de Cantorbéry.
Thomas eut beau dire au prince, pour le dissuader, qu'il s'en repentirait bientôt: celui-ci persista, et le chancelier reçut le sacerdoce (car il n'était encore que diacre) et l'onction épiscopale.
Sa sainteté s'accrut en raison de la sublimité de ses fonctions.
On ne le voyait jamais dire la Sainte Messe, sinon les yeux baignés de larmes; en récitant le Confiteor, il poussait autant de soupirs qu'il prononçait de mots.
Il servait les pauvres à table trois fois par jour; à la première table, il y avait treize pauvres ; à la seconde, douze ; à la troisième, cent.
Thomas avait bien prévu : les exigences injustes du roi obligèrent l'archevêque à défendre avec fermeté les droits et les privilèges de l'Église.
Henri II, mal conseillé et furieux de voir un évêque lui résister, exerça contre Thomas une persécution à outrance.
Le pontife, abandonné par les évêques d'Angleterre, chercha un refuge en France.
Il rentra bientôt en son pays, avec la conviction arrêtée qu'il allait y chercher la mort ; mais il était prêt.
Un jour les émissaires du roi se présentèrent dans l'église où Thomas priait ; il refusa de fuir, et fut assommé si brutalement, que sa tête se brisa et que sa cervelle se répandit sur le pavé du sanctuaire.
C'est à genoux qu'il reçut le coup de la mort.
Il employa ce qui lui restait de force pour dire : "Je meurs volontiers pour le nom de Jésus et pour la défense de l'Église."
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
En savoir plus :
http://www.valmagazine.com/region/dossier%20region/saint-thomas-beckett.pdf
http://www.compagniedestypeslouches.com/spip.php?article9
http://juristes.catho.free.fr/Thomas_Becket.html
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