• Saint Thibaut de Provins, prêtre et ermite († 1066)

     
     

    Saint Thibaut de Provins († 1066)

     prêtre et ermite

     

     

    Saint Thibaut de Provins, prêtre et ermite († 1066)

     

    Saint Thibaut de Provins (ou Thiébaut, ou Thibault, en latin Theobaldus) appartient à la puissante famille des comtes de Champagne.

    Fils d'Arnoulphe et de Guille (ou Gisèle), il naît à Provins en 1039, selon la Vita Sancti Tetbaldi.

    Il meurt le 30 juin 1066 près de Vicence(Italie) où il est enterré à la cathédrale, puis transféré en 1074 à l'abbaye Notre-Dame-de-la-Vangadice de Badia Polesine, autre ville d'Italie où il est vénéré aujourd'hui et proclamé patron de la cité.

    Son tombeau en marbre de Carrare garde ses reliques dans l'église principale de la ville.

    Vie de Thibaut de Provins

    Thibaut est attiré de bonne heure par la vie érémitique et rend visite à un ermite nommé Burchard qui se trouve sur une île de la Seine.

    Sur son conseil il part pour Reims, à Pâques 1054, avec un ami chevalier, Gautier, et leurs écuyers.

    De là, après avoir renvoyé leurs écuyers et échangé leurs habits militaires avec des pèlerins de passage, ils se dirigent vers l'Allemagne (Saint Empire Romain Germanique ou Empire Teuton), à Suxy dans le comté de Chiny d'abord, puis à Pettingen, près de Mersch, dans le duché de Luxembourg, où ils installent un ermitage, au pied du grand menhir de l'Eenelter, et vivent là du travail de leurs mains, se faisant faucheurs, palefreniers (au château-fort), manœuvres, charbonniers ou hommes à tout faire.

    Jeune adolescent, Thibaut souffre beaucoup de ce nouvel état, mais il a choisi volontairement le rien pour le tout, le Christ, et « fais ce que tu veux ! » ce que clameront plus tard à l'envi les chansons de geste.

    Ils décident alors de partir pour Saint-Jacques de Compostelle (Espagne) puis, revenant par l'Auvergne, remontent à Trèves (Allemagne).

    Le père vient là les retrouver, par indiscrétion, et Thibaut n'apprécie pas du tout.

    Aussi ils quittent sur l'heure l'Allemagne pour l'Italie. Ils vont à Rome, suivant les routes pèlerines, tout en souhaitant poursuivre jusqu'à Jérusalem.

    La fatigue de Gautier, comme celle de Thibaut, après ces quelque huit à dix mille kilomètres parcourus pieds nus, selon la coutume, les oblige à s'arrêter près de Vicence, à Sossano, sur la route de Venise, où ils élèvent, vers 1057, l'ermitage de Sayanega, ce qui va être un choix déterminant.

    Gautier va y vivre deux ans et Thibaut sept ans de plus avec une communauté de laïcs et de prêtres qui s'est formée autour de lui.

    Thibaut, le Franc, jeune descendant du célèbre Eudes II de Blois dit Le Champenois, à l'aise dans cet environnement naturel, se nourrit de pain d'orge et d'eau, puis de fruits, de racines et d'herbes.

    Il porte un cilice et s'applique souvent la discipline avec un fouet de plusieurs lanières de cuir : c'était la conception de l'époque, pour un anachorète, de se défaire ainsi de soi-même et devenir ainsi plus transparent au Christ et à ceux qu'il rencontre à l'ermitage.

    Il dort assis selon la coutume des humbles et, le plus souvent, reste éveillé, préférant colloquer avec Dieu et prier pour le pauvre qu'il a croisé pendant la journée, mêlé aux grands de ce monde.

    Et aussi, il colloque avec les Psaumes, uni à toute la prière du monde, il ne se sent jamais seul.

    Il apprend la vie d'anachorète, ce qui ne l'empêche pas d'accueillir avec toute la tendresse qui rayonne de lui, avec le pain et le bon vin qu'il garde au cellier, le pèlerin qui passe.

    Il faut dire que, parlant le dialecte franc, il a mis du temps pour déchiffrer le latin de ces Psaumes.

    Il lui a fallu utiliser un mentor à Trèves pour apprendre cette langue officielle et ainsi pouvoir participer à la prière officielle de l'Église, par l'intermédiaire de ce Psautier liturgique, écrit justement en latin sur parchemin, garni d' enluminures, qu'il a fait demander à Provins et qu'il garde précieusement avec lui depuis le départ de Trèves.

    Thibaut est transparent à tel point que le miracle sort de lui comme naturellement, il lui a été donné le don de guérison et de prophétie, à lui, le fol-en-Christ.

    L'évêque de Vicence l'ordonne prêtre sur sa réputation de sainteté et après avoir entendu des récits de ses miracles.

    L'ermitage acquiert une renommée qui traverse les frontières.

    Sur les conseils de son ami Pierre de Vangadice, abbé bénédictin, Thibaut paraphe l'offrande de sa vie en se faisant moine camaldule, tout en continuant à exercer à l'ermitage de Sayanega et ce dans un état d'épuisement prévisible et fort perceptible qui le fait mourir prématurément le 30 juin 1066.

    Son père, dans l'entre-temps, ayant appris que son fils prodigue rayonnait en Italie, vient le retrouver en passant par Rome, avec des amis de la noblesse.

    Ayant raconté à sa femme cette visite, celle-ci décide d'aller rejoindre son fils et part accompagnée de son mari et de la noblesse provinoise.

    L'ayant retrouvé, elle décide de rester avec lui pour se consacrer au service de Dieu dans la solitude.

    Elle y restera au moins jusqu'en 1075, année où l'on perd sa trace.

    On pense qu'elle dut finir ses jours en Italie, sinon à l'ermitage.

    Canonisation

    Thibaut est canonisé par le pape Alexandre II en 1073, soutenu dans une telle démarche par les cardinaux saint Pierre Damien et Ménard de Silvacande, acteurs actifs de laréforme grégorienne, et par le peuple de Vicence qu'il a servi de toutes ses forces, comme par les pèlerins de Terre Sainte du nord de l'Europe qui passent en nombre par sonermitage de Sayanega situé sur la route de Venise, revenant ou allant s'embarquer pour le Proche-Orient.

    Une partie de son corps est ramenée en France, en 1075, neuf ans après sa mort, par son frère Arnolf, moine bénédictin.

    Celui-ci partage ces reliques entre les deux abbayes qu'il dirige, c'est-à-dire l'abbaye Sainte-Colombe de Sens en Bourgogne et l'abbaye Saint Pierre de Lagny en Champagne, tout en les faisant honorer, au passage, dans les deux villes bourguignonnes de Joigny et Sens comme dans les villes champenoises de Provins, sa ville natale, et Lagny-sur-Marne, pour l'apothéose.

    Ces villes gardent toujours aujourd'hui la mémoire du saint, comme beaucoup d'autres villes ou communes de France, et d'ailleurs, auxquelles elles l'ont transmise par suite de la notoriété et de l'extension du comté de Champagne dont Thibaut est la sainte plante de teinte plus bourguignonne ou austrasienne que champenoise.

    Ainsi le culte de saint Thibaut se répand très vite au Moyen Âge, en particulier dans les diocèses de Troyes, Meaux, Sens, Dijon, Autun, Langres, Auxerre, Bourges, Besançon, Paris, Beauvais et ceux de Champagne-Lorraine, où de plus il est célébré dans les foires par les trouvères, troubadours et ménestrels.

    Il en est de même en Italie du Nord et dans la Forêt d'Ardenne (Liège, Huy, Marcourt, Chiny, Suxy, Pettingen), comme en Lorraine et Jura, toutes zones parcourues par Thi(é)baut et son compagnon lors de leur très longue marche, à laquelle il faut ajouter le parcours périlleux à pied aller-retour de Saint Jacques de Compostelle.

    Source

    En savoir plus :

    http://www.nd-bermont.fr/content/histoire-de-saint-thibaut

    http://ephepaleographie.wordpress.com/2011/03/07/vies-de-saint-thibaut-de-provins-ecritures-francaises-du-xiiie-s/

     

     

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