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Saint Ignace Azevedo et ses compagnons martyrs près de Las Palmas, Canaries († 1570)
Saint Ignace Azevedo († 1570)
et ses compagnons martyrs près de Las Palmas, Canaries
Ignace d'Azevedo (ou Inácio de Azevedo), né en 1526 à Porto et mort en mer le 15 juillet 1570 au large des îles Canaries (près de La Palma) était un prêtre jésuite missionnaire portugais.
Azevedo et 39 compagnons de voyage, tous missionnaires jésuites, furent assassinés près des îles Canaries, par des corsaires huguenots, alors qu'ils étaient en voyage vers le Brésil.
En 1854 ils furent béatifiés ensemble par le pape Pie IX.
Le groupe est connu sous le nom de Quarante martyrs du Brésil.
Biographie
Ignace d'Azevedo naquit vers 1527 à Porto dans le Nord du Portugal. Son père était un noble, Manuel de Azevedo, commandeur de São João d'Alpendurada, son frère cadet, Jerónimo d'Azevedo, devint plus tard vice-roi de l'Inde.
Le 28 novembre 1548 Ignace entra an noviciat des jésuites, à Coimbra. Ordonné pretre en février 1553 (à Braga) il fonda le Collège Saint-Antoine à Lisbonne et le Collège Saint-Paul à Braga duquel il fut recteur.
Dès 1558 il était vice-provincial du Portugal.
En 1566, il fut envoyé au Brésil par le Supérieur général François Borgia avec le titre de visiteur.
Il y fonda l'année suivante un collège à Rio de Janeiro.
Il voyagea ensuite pendant deux ans dans la colonie portugaise, visitant de nombreux collèges jésuites et des missions, avant de revenir en Europe en 1569 pour y présenter ses rapports.
Arrivé en Europe, il fut nommé Provincial du Brésil et reçut la charge de recruter d'autres missionnaires.
Il convainquit quelque soixante-dix jésuites, dont la plupart étaient encore étudiants ou novices, de l'accompagner au Brésil.
Mort martyr
Le 5 juin 1570, lors du voyage de retour au Brésil le navire d'Ignace d'Azevedo et ses 39 compagnons est capturé au large des Canaries par des corsaires huguenots.
Tous les missionaires sont mis à mort.
Ils sont béatifiés en 1854 par Pie IX.
Inácio de Azevedo naquit à Porto vers 1527, au sein d’une famille aristocratique de cette ville.
Son père, Dom Miguel de Azevedo joua un rôle non négligeable lors de la prise de Ceuta et autres villes du nord de l’Afrique.
Le jeune Inácio était destiné, lui aussi, à une carrière politique, mais les pensées de Dieu étaient tout autres.
En effet, Inácio, qui était, il faut le dire, plus porté sur les choses spirituelles que sur la politique, — il avait déjà, semble-t-il prit la décision d’entrer chez les Jésuites — entendit un jour l’un des sermons du Père Francisco Estrada, prêtre de cette Compagnie.
Il fut extrêmement touché, et pour faire le bilan de sa vie spirituelle, le jeune aristocrate décida alors de se “cloîtrer” quelque temps dans l’une des maisons inoccupées que possédait sa famille aux alentours de Porto.
Il y fut rejoint bientôt par l’un de ses meilleurs amis, lui aussi touché par la grâce : Henrique Nunes de Gouveia.
D’un commun accord, et pour mieux asseoir leur vocation, ils résolurent de participer aux Exercices spirituels, à Coimbra, exercices qui duraient un mois.
À la fin des Exercices, Ignace demanda son entrée chez les Jésuites, ce qui se réalisa le 23 décembre 1548 : il avait alors vingt et un ans.
Quelques années plus tard, en 1553, à Braga, il reçut les Ordres.
En cette même année 1553 fut ouvert à Lisbonne, le Collège de Santo Antão-o-Velho : Inácio en fut le premier Recteur.
En 1556 le fondateur de la Compagnie, saint Ignace de Loyola, décéda à Rome : il fallut donc nommé un autre Général de l’Ordre. Le Provincial de la Province Portugaise se déplaça à Rome et demanda à Ignace de Azevedo de le remplacer pendant son absence. Le nouveau Général de la Compagnie sera Diogo Laines.
Pendant l’absence de son Provincial, le jeune Jésuite dût visiter toutes les maisons de l’Ordre, établies au Portugal.
Il le fit à pied, accompagné uniquement d’une jument qui lui servait à transporter ses habits sacerdotaux et quelques habits indispensables, ainsi que des documents.
En 1560 fut nommé à l’archevêché de Braga un homme extraordinaire, non seulement par sa puissance de travail et d’organisateur, mais aussi et surtout par sa sainteté : Dom Bartolomeu dos Mártires.
Connaissant déjà la puissance apostolique des Jésuites, il fit appel à eux.
Ignace fut du nombre et suivit le saint archevêque lors de sa visite pastorale dans son vaste diocèse.
Celui-ci promit aux Jésuites de faire construire à Braga un Collège dont ils auraient la charge.
Toutefois, pour des raisons indépendantes de sa volonté — opposition acharnée du Chapitre métropolitain — cette promesse ne put être réalisée immédiatement ; elle le sera plus tard.
En 1565 le général des Jésuites, Diogo Laines, décéda à Rome. Ignace est alors désigné comme Procureur pour le Brésil et envoyé à Rome pour participer à l’élection du nouveau Général : ce sera le saint prêtre, François Borgia.
Connaissant déjà la renommée d’Ignace, celui-ci le nomma Visiteur pour le Brésil et le chargea d’organiser l’évangélisation de ce grand et nouveau pays.
Ignace revint au Portugal, fit les nécessaires démarches et s’embarqua pour le Brésil accompagné de cinq autres Jésuites. Ils y débarquèrent le 24 août 1566.
Sa première préoccupation fut de convoquer un Congrès Provincial afin de choisir et de nommer un Père qui irait à Rome et au Portugal, pour y rassembler et préparer d’autres prêtres pour l’évangélisation du Brésil. Ignace de Azevedo fut unanimement élu pour cette tâche délicate.
Le 14 août 1568 il était de retour au Portugal, partant de là ensuite pour Rome, où il rencontra Sixte Quint et le Général des Jésuites, François Borgia.
Celui-ci l’autorisa à chercher, dans toutes les maisons de la Compagnie — particulièrement en Espagne et au Portugal — des volontaires pour l’évangélisation du Brésil.
De retour au Portugal, il était déjà accompagné d’un certain nombre de ses confrères, désireux comme lui de porter la Parole divine au-delà des mers ; parmi eux ,le frère Juan de Maiorga, aragonais et peintre de talent.
Dans son pays natal, qu’il parcouru de long en large — fin 1569 jusqu’à janvier 1570 —, Ignace se procura plusieurs volontaires, dont dix-huit universitaires, choisis parmi les vingt-huit qui s’étaient proposés à le suivre. Il en prit deux autres à Évora — Luis Correia et Luis Rodrigues —, dans la province de Alentejo. Mais d’autres régions portugaises étaient représentées, comme le démontre la liste ci-après :
Aleixo Delgado, de Elvas
Alvaro Mendes, de Elvas ;
Amaro Vaz, de Porto ;
António Correia, de Porto ;
Gaspar Alvares, de Porto ;
Gonçalo Henriques, de Porto ;
Simão Lopes, de Porto ;
André Gonçalves, de Viana do Alentejo ;
António Fernandes, de Montemor-o-Novo ;
António Soares, de Trancoso ;
Bento de Castro, de Vila Chacim ;
Brás Ribeiro, de Braga ;
João Fernandes, de Braga ;
Pedro Fontura, de Braga ;
Diogo de Andrade, de Pedrógão Grande ;
Diogo Pires, de Nisa ;
Domingos Fernandes, de Borba ;
Francisco Alvares, de Covilhã;
Francisco de Magalhães, de Alcácer do Sal ;
João Fernandes, de Lisbonne ;
Manuel Alvares, de Estremoz ;
Manuel Fernandes, de Celorico da Beira ;
Manuel Pacheco, de Ceuta (alors ville portugaise) ;
Manuel Rodrigues, de Alcochete ;
Marcos Caldeira, de Feira ;
Nicolau Dinis, de Bragança ;
Pedro Nunes, de Fronteira ;
Simão Lopes, de Ourém ;
João Adauto (Sam João), de Entre Douro e Minho.
Viennent ensuite compléter cette liste :
Alfonso Baena, castillan ;
Esteban Zurara, basque ;
Fernando Sachez, castillan ;
Francsico Perez Godoy, castillan ;
Gregorio Escribano, de Logoño (Espagne) ;
Juan de Maiorga, de Gascogne ;
Juan de San Martino, castillan ;
Juan de Safra, de Jerez de Badajoz.
On peut remarquer que la ville de Porto a largement contribué à cette “expédition” pacifique, avec un total de six missionnaires — en comptant Ignace de Azevedo, bien entendu.
Avant le départ, il les rassembla tous à Val do Rosal et les prépara au départ par des Exercices et conseils spirituels appropriés et susceptibles de susciter dans leurs âmes jeunes, des sentiments profonds de charité et le désir ardent de bien travailler pour la jeune Église du Brésil qui les attendait les bras ouverts.
Il dût leurs parler aussi du sacrifice de leurs vies, s’il en était besoin, si l’occasion leur était donnée. En effet, il savait très bien que les actes de piraterie étaient alors fréquents.
Le jour du départ arriva. Tous ce jeunes s’embarquèrent dans la Santiago qui navigua vers Madère, où elle arriva, sans incident, sept jours plus tard.
Les Jésuites descendirent et s’installèrent, pendant que la caravelle chargeait des marchandises, chez leurs collègues qui y étaient installés depuis peu.
De nouveau ils prirent la mer et le bateau vogua vers Majorque, où il devait décharger une partie de son chargement.
C’était un voyage dangereux, car à cette époque quelques pirates français écumaient les bateaux qu’ils pouvaient harponner.
Tout semblait calme pourtant, au bout de sept jours de mer ; l’île de Majorque était déjà visible, lorsque des vents contraires obligèrent le navire à se réfugier dans une anse, de l’autre côté de l’île.
Ils débarquèrent et y restèrent cinq jours, en attendant des vents favorables. Un jeudi matin, le temps leur étant favorable, ils reprirent la mer, dans la direction de Palma.
Lorsque la bateau était déjà en vue de cette ville, l’un des marins cria : “Je vois une grande voile et quatre autres plus petites”.
Ils pensèrent d’abord qu’il s’agissait d’autres caravelles qui étaient parties de Madère en même temps qu’eux, mais bien vite ils durent se raviser sur leur jugement : les bateaux venaient droit sur eux et vite ils comprirent le danger qui menaçait la poursuite de leur voyage ; car il s’agissait bien de pirates, commandés par le cruel Jacques Soria.
Celui-ci harponna la Santiago et l’abordèrent. Une lutte acharnée commença alors, mais les pirates étant fort nombreux et bien armés, ils eurent vite raison de la résistance de ceux de la Santiago.
Jacques Soria, ainsi que ses matelots, étaient calvinistes et avait une haine féroce contre la religion catholique et particulièrement contre les Jésuites, qu’ils accusaient de tous les maux.
Une fois à bord de la Santiago, ils commencèrent à maltraiter les Jésuites qui, ne combattant pas, soignaient les blessés et encourageaient ceux qui se battaient. Parmi eux Ignace de Azevedo qui adossé au grand mât, tenant en mains une image de la Vierge Marie, non seulement priait, mais témoignait de sa fois à grands cris, ce qui irrita les calvinistes de Jacques Soria et, l’un d’eux, dès qu’il pût atteindre le Jésuite lui assena un coup d’épée sur la tête, suivi de quelques estocades.
Les autres frères ramenèrent le corps ensanglanté d’Ignace dans un autre endroit du bateau.
Il leur dit alors : “Mes enfants, quelle grande grâce Dieu nous fait là ; que personne ne faiblisse, que personne n’ait de crainte…” Puis il rendit son âme à Dieu, sans jamais laisser tomber de ses mains l’image de Marie.
Puis ce fut le tour du frère Juan Maiorga, jeté vivant à la mer ; le même sort étant réservé à quatre autres frères : Manuel Rodrigues de Alcochete, Manuel Pacheco de Ceuta, Esteban Zurara, le basque et Gonçalo Henriques de Porto.
Au frère Manuel Alves, qui encourageait ses collègues et clamait sa foi, les hérétiques lui tailladèrent le visage, lui cassèrent les jambes et les bras avec la crosse de leurs fusils et le laissèrent ainsi, par terre, dans de grandes souffrances, avant de le jeter à la mer.
La haine des pirates se déchaîna sur les autres frères : Brás Ribeiro de Braga fut victime d’un coup d’épée mortel ; à Pedro Fontura, lui aussi de Braga, ils fendirent la bouche, lui laissant la mâchoire suspendue à un morceau de peau et la langue tranchée ; Antonio Correia, de Porto reçu un coup de massue sur la tête et fut, par la suite, jeté à la mer.
Mais le bateau prenait de l’eau, alors les pirates utilisèrent les Jésuites qui étaient encore valides pour actionner la pompe.
Les coups et les injures pleuvaient sur eux, mais ils restaient fermes dans leur foi et chantaient des louanges, ce qui irritait de plus en plus les flibustiers qui se jetèrent sur l’un des plus jeunes frères, Aleixo Delgado, qui n’avait que quatorze ou quinze ans ; le poignardèrent et le jetèrent ensuite par dessus bord.
Quand le butin fut dans leurs caravelles, les pirates se débarrassèrent alors des Jésuites encore vivants, sauf du cuisinier — João Adauto —, qu’ils pensaient pouvoir utiliser à leur service, mais celui-ci refusa catégoriquement, ce qui lui valut d’être aussi sauvagement martyrisé.
Puis, ce fut le tour du Père Diogo de Andrade, natif de Pedrógão et qui était entré dans la Compagnie de Jésus, à Coimbra, le 7 juillet 1558. Après avoir été poignardé, il fut jeté à la mer. Domingos Fernandes et António Soares subirent le même sort.
Francisco de Magalhães, alors que les hérétiques le jetait à la mère, leur dit : “Frères, que Dieu vous pardonne pour ce que vous faites”.
Un autre frère Gregorio Escribano, qui était malade et alité, sachant ce qui se passait, se leva et rejoignit ses collègues ; Alvaro Mendes, alité lui aussi, en fit de même.
Le dernier à être martyrisé fut Simão da Costa, de Porto. Il était entré à la Compagnie un mois auparavant. Jacques Soria lui demanda si lui aussi était Jésuite. “ Oui, dit-il, je suis prêtre de la même Compagnie que ceux que tu viens de tuer”. La réponse de Soria ne se fit pas attendre : d’un coup d’épée il le décapita et le fit jeter dans l’eau.
Quarante corps furent donc jetés à la mer. Certains — le plus grand nombre — ne savaient pas nager… Mais, ceux qui le savaient, étaient cruellement repoussés, dès qu’ils s’approchaient du bateau.
Cet acte barbare eut lieu le samedi 15 juillet 1570. Ce même jour, loin de là, à Avila, sainte Thérèse eut la vision de quarante bienheureux qui, triomphants, entraient au Paradis.
Peut-être, à cause de cette vision de la sainte mystique, les évêques des lieux concernés par ces martyrs, commencèrent leurs diligences en vue de la béatification de ces quarante hérauts de la divine Parole.
Ils furent tous béatifiés par le Pape Pie IX le 11 mai 1854 et leur fête fixée au 19 janvier.
Alphonse Rocha
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