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Saint Faron de Meaux († 669)
Saint Faron de Meaux († 669)
ou Burgondofaro
Saint Faron (ou Burgundofaro ; 596-675), comte de Guînes, était évêque de Meaux. La famille à laquelle appartenait Faron est connue sous le nom de Faronides et porte son nom.
Il est canonisé comme saint dans l'Église orthodoxe orientale et l'Église catholique romaine.
Histoire
Burgundofaro appartenait à une ancienne famille noble bourguignonne. Son père, Agénéric, était l'un des principaux seigneurs de la cour de Théodebert II.
Ses frères étaient saint Waldebert, comte de Guines, Ponthieu et Saint-Pol devenu abbé de Luxeuil, et Chagnoald, qui fut évêque de Laon, tandis que sa sœur était sainte Burgundofara, qui fonda le couvent des Faremoûtiers. Ils étaient les enfants de Chagnoric, chancelier de Dagobert Ier.
Faron passa sa jeunesse à la cour du roi Théodobert II. Il servit son successeur, Théodoric, puis Clotaire II. À la cour, il employait son crédit auprès du roi à protéger l'innocent, l'orphelin et la veuve ; et pour soulager et réconforter tous ceux qui étaient en détresse. Une fois, provoqué par les discours insolents de certains ambassadeurs saxons, Clothaire les fit jeter en prison, et jura de les faire mettre à mort. Faron l'engagea d'abord à différer l'exécution de vingt-quatre heures, et ensuite non seulement à leur pardonner, mais encore à les renvoyer chez eux chargés de présents.
Sa sœur, Burgundafara, était devenue abbesse, et en parlant avec elle, Faron prit la décision de renoncer à la vie de cour. Blidechilde, sa femme, dont il demanda le consentement, était dans les mêmes dispositions ; et ils se séparèrent d'un commun accord. Elle prit le voile, et se retira dans un endroit solitaire de ses propres domaines. Faron reçut la tonsure et rejoignit le clergé de Meaux.
Faron, qui a hérité des terres de Guines de son frère, le comte Waldebert, succède à Gundoald, probablement un de ses parents, comme évêque de Meaux entre 625 et 637. Il bâtit un monastère à Estrouanne, près du port de la Manche de Wissant, détruit et incendié par Gormond et Isembart.
Saint Fiacre se rapprocha de Faron, car il avait le désir de vivre une vie de solitude dans la forêt. Faron lui assigna un site au Breuil, dans la région de la Brie. Fiacre y construisit un oratoire en l'honneur de la Vierge Marie, un hospice dans lequel il recevait des étrangers et une cellule dans laquelle il vivait lui-même à l'écart.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Faron_de_Meaux
En 869, l'évêque de Meaux Hildegaire entreprit d'écrire la Vie du plus illustre de ses devanciers, saint Faron.
Ancien moine de Saint-Denis, connaissant bien la riche bibliothèque de son monastère, il utilisa de nombreux ouvrages pour composer son récit : la Vie de saint Colomban par Jonas, celle de saint Eustase de Luxeuil, celle de saint Kilien (aujourd'hui perdue), l'Histoire ecclésiastique de Bède, les Gesta Francorum (ou Liber historiae Francorum) et diverses autres sources.
Le résultat fut une Vie en 131 chapitres qu'il aurait pu intituler "Saint Faron et son temps", car l'histoire générale et les exploits des saints du 7ième siècle y tiennent beaucoup plus de place que saint Faron.
Hildegaire raconte donc que Burgondofaro ou Faron naquit d'un père burgonde nommé Agneric, ami de saint Colomban, de saint Eustase et de bien d'autres.
Faron eut plusieurs frères et sœurs : Walbert, évêque de Meaux avant lui ; Chagnoald, évêque de Laon ; Burgondofara ou Fare, abbesse-fondatrice d'Evoriacum (Faremoutiers).
A la cour du roi Théodebert, Faron fut si considéré qu'on le choisit comme parrain du futur Clotaire 2 qui, devenu roi, suivait volontiers ses conseils.
Les Saxons se révoltèrent contre Clotaire et leur roi Bertoald lui envoya des ambassadeurs chargés de ce message : "Je vois que tu n'as ni la force, ni l'espoir de t'élever contre ma puissance. C'est pourquoi je veux user de douceur... et je te demande de venir me servir de guide sur ce territoire que je ne connais pas..."
Clotaire, furieux, voulut massacrer immédiatement les ambassadeurs, mais Faron obtint leur sursis.
La nuit, il entra dans leur prison et les exhorta à se faire baptiser pour sauver leur tête et échapper à la mort éternelle. Ils se laissèrent persuader.
Le lendemain, alors que Clotaire recommençait à délibérer, Faron déclara que les prisonniers n'étaient plus des Saxons, mais qu'un fidèle les avait baptisés et qu'ils portaient les vêtements blancs des néophytes.
Le roi et les grands admirèrent ce prodige et les renvoyèrent comblés de présents.
Plus tard Clotaire dévasta la Saxe et ne laissa en vie que ceux qui ne dépassaient pas la hauteur de son épée.
Cependant les femmes de Meaux rappelaient encore dans une chanson la clémence de Faron.
Avec sa femme Blidechilde, Faron menait une vie fort édifiante, ce qui ne suffisait pas à sa sœur Fare ; lors d'une visite, elle le décida à se séparer de Blidechilde : il l'envoya dans un monastère et se fit tonsurer. Il donna une terre à saint Fiacre pour y construire un monastère et envoya saint Kilien évangéliser l'Artois.
A la mort de son frère Walbert, Faron fut élu évêque de Meaux et édifia son peuple par ses miracles et ses vertus.
Cependant un jour il voulut voir sa femme.
Elle refusa d'abord de venir au parloir ; à la 3ème sommation, elle se présenta la tête rasée et revêtue du cilice, si méconnaissable qu'il s'enfuit plein d'horreur.
Faron fonda à Meaux un monastère en l'honneur de la Sainte Croix, où il fut enterré et qui prit son nom.
Bien que le récit d'Hildegaire soit devenu la Vie officielle de saint Faron, dans sa forme primitive ou dans des résumés, quelques historiens se sont donné la peine de recommencer son travail d'information. Voici leur résultat.
Faron fut référendaire du roi Dagobert au début de son règne. Il ne paraît en cette qualité que dans une seule charte, non datée mais qui se place sûrement en 629.
Peu après, il quitta le palais et fut élu évêque de Meaux, succédant à Gondoald qui avait donné l'habit à sainte Fare et assisté au concile de Clichy en 627.
Pendant son long épiscopat saint Faron vit prospérer les monastères fondés dans son diocèse par saint Colomban ou ses disciples.
Il se trouva un jour avec saint Walbert, abbé de Luxeuil, à Faremoutiers où ils assistèrent à un miracle.
En 637 ou 638, Faron donna un privilège à l'abbaye de Rebais.
Il s'associa aux libéralités de ses collègues en signant, en 660 une charte de l'évêque Emmon de Sens en faveur de Saint-Pierre-le Vif, en 664 une de l'évêque d'Amiens Berthefrid pour Corbie, en 667 une de l'évêque de Soissons Drauscius pour le monastère de Sainte-Marie dans cette ville (on pourrait allonger cette liste avec de faux diplômes).
Bède raconte que l'abbé Hadrien, venant de Rome avec l'archevêque Théodore de Cantorbéry, passa quelque temps chez Faron durant l'hiver 668-669.
Faron devait alors être assez âgé et dut mourir peu après. Il fut enterré dans l'abbaye de Sainte-Croix de Meaux, qu'il avait probablement fondée et qui devait prendre plus tard son nom.
En mille ans la méthode historique a eu le temps d'évoluer. Est-ce pour cette raison que le canevas que nous venons de donner est dilïérent du récit d'Hildegaire?
A première vue, ils semblent si peu incompatibles qu'on se demande s'il ne suffit pas de les fusionner.
Pourquoi Burgundofaro et Burgundofara ne seraient-ils pas frère et soeur, comme l'écrit Hildegaire ? Leurs noms semblables et si peu répandus n'imposent-ils pas cette conclusion ?
Pourtant Jonas, l'auteur de la Vie de saint Colomban, qui les nomme tous les 2 ne précise jamais qu'ils sont parents.
Bède non plus, et ce silence est d'autant plus curieux qu'ils ont l'occasion de les mettre en scène ensemble.
Le testament de sainte Fare au contraire les présente comme frère et soeur, mais il ne nous est parvenu que dans des copies du 11ème siècle et, s'il n'est pas faux, il a certainement été interpolé.
Les autres textes qui admettent cette parenté sont tous postérieurs à Hildegaire. N'est-ce pas lui qui l'a inventé, lui qui contre toute vraisemblance leur a donné 2 autres frères : Walbert, l'abbé de Luxeuil dont il fait un évêque de Meaux ; et Chagnoald, évêque de Laon, autre disciple de saint Colomban. Et à chaque paragraphe, on prend Hildegaire en flagrante opposition avec les sources sérieuses : la campagne de Clotaire 2 contre les Saxons n'a jamais eu lieu, ni sans doute le sauvetage des ambassadeurs saxons par Faron, qui n'était pas le parrain de Clotaire 2. Inutile de détailler; la méthode d'Hildegaire apparaît clairement: ses recherches ne lui ayant procuré que fort peu de renseignements sur saint Faron, il le mit en scène dans divers épisodes relevés au cours de ses lectures et en ajouta quelques autres de son cru.
Le monastère de Sainte-Croix de Meaux devenu Saint-Faron connut une grande prospérité, mais le souvenir de saint Faron était concurrencé, voire quelque peu éclipsé, par celui d'Ogier le Danois dont le tombeau très curieux a disparu, lors de la Révolution, avec l'église qui l'abritait.
On racontait qu'Ogier, un des plus illustres seigneurs de la cour de Charlemagne, voulut devenir moine.
Accompagné de son fidèle ami Benoît, il alla de monastère en monastère ; en entrant dans l'église, il laissait tomber un bâton garni de clochettes : les moines se retournaient et Ogier partait, convaincu qu'il n'y avait pas assez de piété pour lui.
Mais à Saint-Faron il recommença l'épreuve et aucun moine ne bougea : Ogier et Benoît y prirent l'habit.
Fête le 28 octobre.
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