• Saint Abercius d'Hiérapolis, Evêque en Phrygie († 167)

     
     

    Saint Abercius d'Hiérapolis († 167)

    Évêque en Phrygie

     

    Saint Abercius d'Hiérapolis, Evêque en Phrygie († 167)

     

    Abercius (en grec Ἀβἑρκιος / Aberkios, var. Ἀουἰρκιος) est un saint grec dont la tradition fait un évêque d'Hiérapolis (Phrygie) vers la fin du IIe siècle.

    Son nom est associé à une célèbre inscription aujourd'hui conservée au musée du Latran.

    Abercius est un saint populaire dans toute l'Église orthodoxe.

    Sur la foi des synaxaires médiévaux, il y est honoré le22 octobre (et peut-être localement le 22 novembre) comme premier évêque d'Hiérapolis, thaumaturge et surtout grand évangélisateur, ce qui lui vaut le titre traditionnel d' « Égal aux Apôtres ».

    La Vita grecque d'Abercius

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    Jusque vers la fin du XIXe siècle, Abercius n'était connu que par une Vita grecque datable du IVe ou du Ve siècle et transmise au Xe siècle par Syméon Métaphraste, le plus important des compilateurs hagiographes byzantins.

    Ce texte est sans valeur historique.

    Abercius, évêque d'Hiérapolis, y apparaît comme un grand pourfendeur d'idoles qui convertit en masse ses concitoyens encore païens.

    Au cours d'un voyage à Rome riche en miracles, il guérit la fille de l'empereur qui était possédée d'un démon.

    Puis le Christ lui-même (qui lui apparaît souvent) lui ordonne d'aller évangéliser les Syriens.

    Abercius exécute sa mission, se signale par son intense activité thaumaturgique, puis, déjà âgé, s'en retourne dans sa patrie.

    Avant sa mort, il fait graver son épitaphe sur un autel que le diable, vaincu par le saint, avait été obligé de transporter de Rome à Hiéropolis.

    L'auteur de la Vita transcrit cette inscription qui consiste en 22 vers passablement obscurs, avec des altérations manifestes et qui paraît contenir un symbolisme eucharistique assez embarrassé.

    Telles quelles, la Vita et l'épitaphe ont toujours rebuté les savants et il s'en est trouvé pour douter de l'existence même de ce saint, inconnu par ailleurs.

    L'inscription d'Abercius

    Mais en 1882, l'archéologue écossais William Ramsay découvre à Kelendres (près de l'ancienne Synnada en Phrygie) le début et la fin d'une inscription funéraire concernant un certain Alexandre, fils d'Antonios.

    Elle est précisément datée de l'an 300 de l'ère phrygienne, soit l'an 216 ap. J.-C. On y reconnaît rapidement les vers de l'épitaphe d'Abercios.

    De plus, on remarque que la substitution du nom d'Alexandros à celui d'Aberkios rend l'hexamètre boiteux, ce qui indiquerait qu'on est en présence d'une réutilisation de la composition.

    Le grand archéologue catholique Jean-Baptiste De Rossi - l'un des rares à avoir pressenti l'importance du texte dans la Vita - incite Ramsay à retourner sur le site d'Hiéropolis et l'année suivante celui-ci a la bonne fortune de retrouver deux autres fragments de l'inscription, réemployés dans les murs d'un édifice public.

    Ces divers fragments, joints au texte de Syméon, permettent de tenter la reconstitution du texte primitif - qui a donné lieu à de vifs débats. Cependant la version de Lightfoot, bien que partiellement vieillie, reste à la base des travaux modernes.

    La traduction libre (et mauvaise) en français qui suit s'appuie, avec quelques retouches, sur une bonne version anglaise de Johannes Quasten :

     « Citoyen de cette illustre ville, j'ai fait de mon vivant construire (ce tombeau) pour que mon corps y repose un jour. Mon nom est Abercius. Je suis le disciple d'un pur pasteur qui dirige la troupe de ses agneaux à travers monts et plaines et dont l'œil immense voit toutes choses, car il m'a appris les lettres dignes de foi. C'est lui qui m'a fait entreprendre le voyage de Rome pour en contempler la majesté souveraine et y voir une reine à la robe et aux sandales d'or ; j'y vis aussi un peuple portant un sceau brillant. Et je vis le pays de Syrie et toutes ses villes ; je vis Nisibe en allant au-delà de l'Euphrate. Partout j'ai rencontré des frères. J'avais Paul (pour compagnon ?)... La foi me guidait et me procurait en tout lieu pour nourriture un poisson très grand et très pur, recueilli à la source par une vierge sans tache, et c'est ce qu'elle sert constamment à la table des amis, elle a un vin excellent qu'elle verse (coupé d'eau ?) pour accompagner le pain. Ce sont les paroles véritables que j'ai dites, moi Abercius, afin qu'elles soient mises ici par écrit, alors que je suis dans la soixante-douzième année de mon âge. Que le frère qui entend et comprend ces choses comme moi prie pour Abercius. Que nul ne recouvre mon tombeau par un autre, ou il paierait deux mille pièces d'or au Trésor romain et mille pièces d'or à ma chère cité d'Hiéropolis.»

    Une autre traduction donne :

    « Citoyen d’une cité distinguée j’ai fait ce [tombeau] de mon vivant, afin d’y avoir un jour pour mon corps une place ; mon nom est Abercius ; je suis le disciple d’un pasteur pur, qui pait ses troupeaux de brebis par monts et plaines, qui a des yeux très grands qui voient tout. C’est lui qui m’enseigna les écritures fidèles, qui m’envoya à Rome contempler la [cité] souveraine et voir la reine aux vêtements d’or, aux chaussures d’or. Je vis là un peuple qui porte un sceau brillant. J’ai vu aussi la plaine de Syrie, et toutes les villes, et Nisibe par delà l’Euphrate. Partout j’ai eu des confrères, j’avais Paul pour… Et la foi partout me conduisait. Partout elle me servit un poisson de source, très grand, pur, qu’a péché une vierge pure. Elle le donnait sans cesse à manger aux amis, elle a un vin délicieux, elle le donne avec du pain. Abercius, j’ai ordonné d’écrire ces choses ici à l’âge de soixante et douze ans véritablement. Que le confrère qui comprend prie pour Abercius. On ne doit pas mettre un tombeau au-dessus du mien : sinon deux mille pièces d’or [d’amende] pour le fisc romain, mille pour ma chère patrie Hiéropolis. »

    L'établissement précis de ce texte et son interprétation font toujours l'objet de discussions.

    Mais plus personne ne conteste aujourd'hui son caractère chrétien (comme l'ont fait Fick et Harnack).

    On a même plusieurs fois désigné ce texte comme « la reine des inscriptions chrétiennes » tant son importance est évidente pour l'histoire du christianisme primitif.

    Abercius affirme sa foi dans un langage symbolique et métaphorique qui n'est pas sans faire penser aux cultes à mystères.

    La femme romaine aux vêtements d'or, c'est l'Église ; le peuple portant le sceau, c'est la communauté chrétienne (l'image du sceau, σφραγἱς, pour parler du baptême est bien attestée à l'époque).

    Puis viennent le grand et pur poisson qui est évidemment l'Ichthys symbole du Christ que la foi offre à la manducation des fidèles, la Vierge qui le pêche à la source (autre image qui a des parallèles), le vin et le pain du repas eucharistique...

    Il renvoie ainsi à un christianisme encore proche de la secte, fortement communautaire, qui ne se pense pas encore vraiment comme universitas, cultive son langage propre et réserve aux convertis ses pratiques et une part de son savoir.

    A l'autre extrémité de l'Empire, l'inscription de Pectorius d'Autun (dont le fond lui est peut-être contemporain) témoigne de la même attitude.

    L'inscription d'Abercius est aussi le plus ancien texte épigraphique datable qui nous renseigne sur les idées et les pratiques eucharistiques et son apport est capital pour leur histoire.

    Elle a naturellement sa place marquée dans des dossiers sur la poésie grecque chrétienne, sur le symbolisme chrétien primitif, sur l'implantation du christianisme à la fin du IIe siècle, sur la préhistoire de la primauté romaine, sur la pratique de la prière pour les morts...

     

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     Inscription d'Abercius

    Par Giovanni Dall'Orto — Travail personnel, Attribution, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3926108

     

    À la recherche d'Abercius

    Il est clair désormais que l'auteur de la Vita connaissait l'inscription, sans doute encore en place à l'époque de sa rédaction, mais qu'il ne savait rien de son héros.

    Il a donc repris le seul élément narratif exploitable du texte (un voyage à Rome et en Syrie) et l'a noyé dans un fatras de miracles puisés à diverses sources (on a montré par exemple qu'il connaissait les Actes apocryphes de Pierre) ou même dans son imagination.

    Historiquement, Abercius reste un personnage mystérieux.

    Si l'existence et l'ampleur de son inscription funéraire indiquent un personnage important, rien n'y suggère qu'il ait été évêque, comme le veulent la Vita et la tradition orthodoxe qui en découle.

    Du petit siège d'Hiéropolis, on ne connaît sûrement que trois titulaires, tous par des souscriptions conciliaires : Flaccus aux conciles de Nicée en 325 et de Philoppopolis en 347, Avircius au concile de Chalcédoine en 451 (ce nom est le même qu'Abercius) et Michel au second concile de Nicée en 787.

    Les listes épiscopales tardives mêlent généralement Abercius aux évêques d'Hiéropolis par confusion entre deux cités voisines et presque homonymes (Syméon au Xe siècle commettait déjà cette erreur).

    Une hypothèse récurrente qui remonte au XIXe siècle et aux travaux de Lightfoot veut identifier notre Abercius avec un certain Abercius Marcellus, commanditaire et destinataire d'un traité anti-montaniste anonyme dont Eusèbe nous a conservé de longs extraits (Hist. Eccl. V, 16-17).

    Ce texte pouvant être daté du début de la décennie 190 (voir à l'articleAsterius Urbanus), cela fournirait en même temps une date dans la vie d'Abercius qui en manque cruellement.

    Mais, malgré quelques arguments recevables, le débat reste ouvert. Dans la foulée, on a voulu, sans résultat décisif, chercher des traces d'anti-montanisme militant dans l'inscription.

    Quant à l'identité de cet Alexandre qui aurait usurpé l'épitaphe d'Abercius vingt ans (ou moins) après sa mort, les relations qu'ils auraient pu avoir de leur vivant, il est impossible d'en avoir la moindre idée.

    Abercius a-t-il écrit lui-même ? Au XVIe siècle Cesare Baronio fait allusion à une Épître à Marc-Aurèle dont on ne trouve pas mention ailleurs. Il s'agit sûrement d'une confusion avec Claude Apollinaire, un apologiste mal connu, donné comme évêque d'Hiérapolis et qui aurait adressé un ouvrage à cet empereur.

    On a également recherché en vain un Traité de discipline (Biblos Didaskalias) cité par le père Halloix dans le second volume de ses Illustrium ecclesiae orientalis scriptorum... vitae et documenta (1636).

    Le saint

    De nombreuses églises et monastères lui sont dédiés. L'iconographie est celle d'un saint évêque, parfois muni d'un bâton pastoral.

    En Occident, bien qu'il ait été accueilli dans lemartyrologe romain, il ne paraît avoir été connu (et encore modestement) qu'en Italie où il a sans doute été amené par des refugiés de Constantinople au XVe siècle.

    En français, on trouve parfois la forme « Aberce », mais elle ne semble jamais être sortie des dictionnaires.

    Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abercius_d%27Hi%C3%A9rapolis

     

    Saint Abercius était Evêque d'Hiérapolis en Phrygie Salutaire (partie ouest de l'Asie-Mineure), sous le règne de l'empereur, philosophe mais persécuteur des Chrétiens, Marc-Aurèle (161-180).

    Celui-ci avait ordonné de célébrer dans tout l'empire des fêtes brillantes en l'honneur des dieux et obligea tous ses sujets à y participer, afin de discerner quels étaient les Chrétiens qui avaient l'audace de ne pas se soumettre à la religion de l'empereur.

    Pendant que les habitants d'Hiérapolis offraient ainsi leurs sacrifices et se livraient aux débauches coutumières à ces fêtes des démons, Abercius s'était retiré seul dans sa demeure et priait avec larmes le Seigneur, pour qu'il prenne ce peuple ignorant en pitié.

    Il eut alors une vision et reçut d'un Ange l'ordre d'aller détruire les autels d'Apollon et des dieux païens.

    Fort de cet ordre divin, Abercius se leva aussitôt et partit renverser de nuit toutes ces statues inanimées.

    Le lendemain, en découvrant ce spectacle qui démontrait avec éclat la vanité de leur culte, les habitants voulurent se précipiter chez l'Evêque pour le mettre à mort.

    Loin de s'enfuir, le Saint se rendit à l'agora (i.e. le marché) pour y enseigner publiquement la vraie foi.

    Cette audace fit redoubler la fureur de la foule. Mais leur élan fut bientôt arrêté à la vue de la guérison miraculeuse de trois possédés, que le Saint accomplit à l'aide du bâton qui lui avait servi pour renverser les idoles.

    La foule se calma, écouta d'abord avec crainte et stupéfaction cet homme aux pouvoirs si puissants, puis crut de toute son âme au Christ Dieu.

    De sorte que cinq-cents d'entre eux reçurent le Baptême ce jour là. Par la suite, ce ne furent pas seulement les habitants de la ville qui accouraient vers le Saint pour recevoir son enseignement ou la guérison de leurs maux, mais aussi ceux de toute la région et des contrées voisines.

    Les miracles accomplis par Abercius étaient si nombreux et si éclatants que sa réputation parvint jusqu'à l'empereur, à Rome.

    Marc-Aurèle fit alors quérir le Saint, car sa fille, qui était sur le point de se marier, était tourmentée par un esprit impur.

    Tout au long de son voyage Abercius répandit autour de lui une multitude de bienfaits par ses miracles et par la puissance de sa parole inspirée.

    Lorsqu'il parvint à Rome, on le conduisit aussitôt au palais impérial, où l'attendait avec anxiété l'impératrice Faustine.

    Celle-ci le mena auprès de sa fille, qui en voyant le Saint fut aussitôt agitée de violents sursauts.

    Le démon par sa voix supplia le serviteur de Jésus-Christ de ne pas le tourmenter davantage et de lui permettre de retourner vers le lieu d'où il était venu : c'est-à-dire, comme le Saint, de Phrygie.

    Abercius lui permit, mais lui ordonna de transporter avec lui un massif autel de pierre qui se trouvait dans la ville et servait au culte païen.

    A la stupéfaction de tous les habitants qui se trouvaient massés à proximité, on vit alors le démon sortir de la jeune fille et se diriger vers l'Asie en portant cette grosse pierre, signe de la puissance des Chrétiens sur les démons.

    En remerciement, l'impératrice voulut couvrir d'or Abercius qui refusa et, après être resté quelque temps dans la capitale pour soutenir les Chrétiens de sa parole et de ses miracles, il reçut en vision l'ordre de Dieu de partir pour la Syrie.

    Il se rendit d'abord à Antioche, puis à Apamée et lutta là victorieusement contre l'hérésie de Marcion.

    De là, il franchit l'Euphrate, gagna Nisibe et traversa toute la Mésopotamie pour pourchasser cette hérésie dans les régions où elle avait le plus d'adhérents.

    Aucun Evêque de ce temps ne parcourut d'aussi longues distances pour proclamer, à l'image des Apôtres, la Bonne Nouvelle du Salut, c'est pourquoi on donna à Abercius le surnom d'Egal-aux-Apôtres.

    De Mésopotamie, il se rendit en Cilicie, Lycaonie, Pissidie et revint après plusieurs années dans sa patrie, où il fut reçu avec enthousiasme par son troupeau spirituel.

    Il continua là à catéchiser, baptiser, guérir les maladies et chasser les démons pendant des années de paix, et écrivit un livre de direction spirituelle pour son Clergé.

    Puis, ayant ainsi préparé sa succession, il monta sur une haute montagne pour y prier. Il y fit jaillir une source d'eau chaude et reçut la révélation de sa mort prochaine.

    Il redescendit alors en ville et fit préparer son tombeau, sur lequel il fit graver l'inscription suivante, conservée jusqu'à nos jours dans un musée de Rome :

    «Citoyen d'une cité distinguée, j'ai fait vivant ce tombeau afin d'avoir un lieu de repos pour mon corps. Mon nom est Abercius. Je suis disciple d'un Pasteur pur qui paît ¨ses troupeaux de brebis par monts et par plaines, qui a des yeux très grands qui voient tout. C'est lui qui m'enseigna les fidèles Ecritures de la Vie, qui m'envoya à Rome contempler la cité souveraine et voir la Reine aux vêtements d'or. Je vis là un peuple qui porte un sceau brillant.. J'ai vu les plaines de Syrie et la brillante Nisibe. J'ai traversé l'Euphrate, ayant partout avec moi Paul comme compagnon. La foi partout me conduisait. Partout elle me servit un poisson de source très pur, très grand, qu'a péché une vierge pure. Elle le donne à manger à ses amis sans cesse. Elle a un vin délicieux qu'elle donne avec du pain ... »

    Après avoir terminé ces préparatifs, il rassembla ses proches pour leur dire adieu et, élevant ses mains et ses yeux vers le ciel, il s'endormit pour rejoindre le choeur des Anges.

    1. Une variante du Gnosticisme, qui eut un grand succès en Asie-Mineure au 2c siècle. Marcion ne reconnaissait que l'Evangile de Luc et les écrits de St Paul. auxquels il donnait une interprétation grossièrement dualiste: opposant le «Dieu juste» de l'Ancien Testament au «Dieu bon» du Nouveau-Testament.

    Source

     

     

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