• Nogent sur Seine, la Belle Dame

     
     

    Nogent sur Seine

    La belle dame

     

     

    Dans un pays de navigation, il est tout simple de trouver des édifices consacrés particulièrement à la Vierge, patronne des marins.

    Nogent possédait deux chapelles placées sous l'invocation de la mère de Jésus-Christ ; on les nommait chapelles de la Belle-Dame.

    Leur création paraît avoir été simultanée, et remonter à la seconde moitié du XVe siècle.

    Elles s'élevaient au bord de la Seine, presque vis-à-vis l'ancienne porte des Ponts ou de Paris.

    On attribue la fondation des chapelles de la Belle-Dame, à un marchand de Troyes nommé Creulin, et à Jeanne Duval, sa femme.

    1460 serait tout à la fois la date de l'autorisation donnée par l'évêque de Troyes, Jacques Raguier, et celle de l'entreprise.

    Dans notre temps de calme réservé et de circonspection si rarement animé d'enthousiasme, on ne saurait se faire une idée des réunions, des processions, des fêtes et des décorations dont les chapelles de la Belle-Dame étaient la cause et l'objet.

    Les ex-voto garnissaient les murailles et se suspendaient aux voûtes ; les pèlerins se pressaient dans l'enceinte trop étroite pour brûler des cierges en l'honneur de la Vierge, et un grand nombre de fondations venaient successivement doter les chapelles de la Belle-Dame.

    Bientôt il s'établit, à la faveur de l'affluence, de petites foires qui s'ouvraient durant les jours de solennité, cause puissante d'attraction pour les fidèles.

    Vers 1766, lorsqu'on eut reconstruit le pont Saint-Edme, la plus grande des chapelles de la Belle Dame fut démolie pour livrer passage au nouveau quai.

    M. de Boullongne eut besoin de toute son influence pour obtenir cette suppression.

    Il restait encore, il est vrai, le plus petit des deux édifices qui continua à demeurer le centre du mouvement dont les dévotions étaient la cause.

    Un peu plus tard, en 1783, il fut décidé par une assemblée des habitants que la dernière chapelle de la Belle Dame serait démolie à cause des dégradations causées par les grandes eaux, et afin de faciliter la reconstruction d'un quai, dont la dépense fut évaluée par le sieur Montai à 93,902 livres.

    Seulement l'assemblée obéissant à ses propres désirs et aux vœux impératifs de la population, qui cédait à différents mobiles, stipula que la chapelle à démolir serait réédifiée. 

    La stipulation resta sans effet, car les événements politiques ne tardèrent pas à changer le courant des préoccupations.

     On lisait sur une dalle placée dans la dernière des chapelles de la Belle-Dame, la date de 1493.
    Sur l'un des piliers se trouvait le millésime 1591 ; sur la porte celui de 1584.
    II ne reste absolument aucun dessin de la petite construction du XVe siècle qui doit son origine à un de ces faits miraculeux qu'on trouve adoptés presque uniformément, quand il s'agit des madones de marins et des vierges de l'eau.
     
    Des mariniers retirèrent un jour de la Seine, une statue de la vierge qui opéra des miracles.
     
    De là la fondation.
     
    Quant à l'existence des deux chapelles, elle s'explique par l'affluence.
     
    La seconde était plus vaste que la première.
     
    On raconte que l'on enleva la statue de la Vierge de l'endroit où elle avait été primitivement déposée, mais que le lendemain elle revint d'elle-même à sa place.