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Le premier vendredi de chaque mois sanctifié par la dévotion au Sacré Cœur de Jésus
Le premier vendredi de chaque mois
sanctifié par la dévotion au Sacré Cœur de Jésus
Parmi les différentes pratiques que les âmes pieuses ont adoptées pour honorer le Sacré Cœur de Jésus, l'une des plus répandues consiste à lui consacrer le premier vendredi de chaque mois.
Notre Seigneur semble avoir choisi lui-même ce jour pour le culte de son divin cœur, soit en demandant à sa servante, Marguerite-Marie, qu'elle fit la sainte communion chaque premier vendredi du mois, soit en lui renouvelant plus particulièrement, en ce jour, les faveurs qu'il avait coutume de lui accorder, et surtout celle de souffrir des peines extraordinaires (Vie de Marguerite-Marie).
Réparer les outrages faits à Jésus-Christ dans le saint Sacrement de l'autel, lui donner un nouveau gage de leur amour, et réchauffer au foyer de son cœur adorable le feu de leur zèle et de leur ardeur pour la perfection, tel est le but que se proposent les âmes fidèles dans les hommages qu'elles rendent à leur Sauveur, chaque premier vendredi du mois. C'est pour cela que, dans un assez grand nombre de communautés, il y a, dans ce jour, exposition et bénédiction du Saint-Sacrement.
Mais comme la meilleure manière d'honorer le Sacré Cœur de Jésus est de se ranimer dans le soin de son salut et de sa perfection, plusieurs personnes choisissent le premier vendredi du mois, pour faire une petite retraite ou récollection.
Le but de cette retraite, si instamment recommandée par les maîtres de la vie spirituelle, est :
1° d'examiner comment on a passé le mois qui vient de s'écouler ;
2° de régler la manière dont on passera celui que l'on commence, et les moyens que l'on emploiera pour assurer l'œuvre de sa sanctification.
Rien de plus sage que d'unir ainsi la retraite du mois avec la dévotion au Sacré Cœur ; car, dans le cœur adorable de Jésus, l'âme fidèle trouve tout à la fois le modèle le plus accompli de toute perfection, le motif le plus puissant pour exciter sa ferveur et le moyen le plus efficace pour acquérir la sainteté.
C'est pour entrer dans cette pensée et favoriser cette pieuse pratique, que nous proposons ici douze méditations pour le premier vendredi de chaque mois.
Nous placerons à la suite la pratique de la retraite du mois, telle qu'elle est en usage auprès d'un grand nombre de personnes pieuses, et qu'elle est reproduite dans plusieurs opuscules.
Après chaque méditation nous avons indiqué un ou plusieurs chapitres de l'Imitation de Jésus-Christ qui peuvent servir de matière pour la lecture spirituelle, ou d'explication et de développement à la méditation pour ceux qui trouveraient le sujet trop court.
On comprend assez que ces méditations peuvent très utilement être employées dans les neuvaines que l'on ferait en l'honneur du Sacré Cœur.
Il est encore une autre pratique, presque aussi ancienne que la dévotion elle-même, et dont on remarque partout des traces dans les écrits de Marguerite-Marie.
Voici en quoi elle consiste : Neuf personnes se réunissent pour honorer, en les imitant, les différentes fonctions que remplit Jésus-Christ, en sa qualité de Sauveur des hommes, et qu'elles se partagent sous le nom d'Offices du Sacré Cœur. L'une d'elles, chargée de distribuer ces offices à ses co-associées, leur fait tirer au sort, la veille du premier vendredi de chaque mois, l'office qu'elles doivent remplir et la vertu à laquelle, plus particulièrement, elles doivent s'appliquer pendant tout le mois. — Or, les méditations que l'on trouvera dans cet opuscule, ont précisément pour objet les principaux devoirs de la vie chrétienne et contiennent l'explication de ces offices et des vertus qui s'y rattachent. Elles pourront donc utilement servir aux personnes qui ont embrassé cette pratique de dévotion. — Rien n'empêche de substituer le nombre de douze à celui de neuf, quoiqu'on puisse aussi retenir ce dernier nombre. — Au lieu du premier vendredi, les personnes qui l'aimeraient mieux sont libres de choisir le premier dimanche.
Les associés de la Dévotion au saint Sacrement trouveront dans ces méditations une manière suffisante pour s'occuper pendant l'heure qu'ils consacrent à adorer Jésus-Christ présent sur nos autels.
Les associés de l'Apostolat de la prière réunis au nombre de douze, peuvent également rattacher leurs pratiques de zèle à la dévotion au Sacré Cœur, qui est la source véritable du zèle et de la charité : chaque mois le zélateur recueillerait les offrandes de ses coassociés.
Nous avons fait précéder ces méditations de quelques motifs bien puissants, ce nous semble, pour faire embrasser cette dévotion.
Des motifs qui doivent nous engager à pratiquer la dévotion au sacré Cœur de Jésus (1).
(l) Ces motifs, nous les avons indiqués tels qu'ils se trouvent exprimés, pour la plupart, dans la vie et les écrits de la vénérable Religieuse dont Dieu s'est servi pour établir cette dévotion, et dont nous aimons à citer les paroles.
Ie Le 1er motif se tire de l'excellence même de cette dévotion ;
ce que nous avons dit ailleurs de sa nature et de sa fin, de son objet spécial et de sa pratique principale, nous dispense d'entrer ici dans d'autres détails, et suffira pour faire comprendre combien cette dévotion est juste et raisonnable, solide et agréable à Dieu.
IIe Le 2ème motif, c'est le désir de Jésus-Christ.
C'est, en effet, ce divin Sauveur lui-même qui a daigné établir cette dévotion, lui qui a sollicité nos hommages pour son adorable Cœur... Pourrions-nous être insensibles à son invitation, sourds à la voix de son amour ? Écoutons-le parlant à sa fidèle servante Marguerite-Marie... « Tu ne peux me rendre un plus grand amour qu'en faisant ce que je t'ai déjà tant de fois demandé... Je te demande que le premier vendredi après l'octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable, communiant ce jour-là pour réparer les indignités qu'il a souffertes, pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels » (Vie de la V. M.-M., in-4, p. 129).
Jésus-Christ, dit la V. M.-M, m'a assuré qu'il prenait une singulière complaisance à voir les sentiments intérieurs de son cœur et de son amour honorés sous la figure de ce cœur de chair, tel qu'il m'avait été montré, dont il voulait que l'image fût exposée en public, afin, ajouta-t-il, de toucher le cœur insensible des hommes » (76., p. 234.)
El ailleurs : « Cet aimable Cœur a un désir infini d'être connu et aimé de ses créatures, dans lesquelles il veut établir son empire, comme étant la source de tout bien, afin de pourvoir à leurs besoins. C'est pourquoi il veut qu'on s'adresse à lui avec une grande confiance (p. 241).
IIIe Motif. L'amour de ce divin Cœur pour tes hommes...
« Voilà, disait Jésus à sa servante, voilà ce cœur, qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser, et se consumer pour leur témoigner son amour» (p. 129).
« Voici mon cœur qui est si passionne d'amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que, ne pouvant contenir en lui-même les flammes de sa charité, il faut qu'il les répande par ton moyen » (p. 115).
« Je le dis avec assurance, écrivait cette pieuse religieuse, si l'on savait combien cette dévotion est agréable à Jésus-Christ, il n'est pas un chrétien, pour peu d'amour qu'il eût pour cet aimable Rédempteur, qui ne la pratiquât d'abord, »
IVe Motif. L'ingratitude des hommes et les outrages faits à Jésus-Christ : c'est lui-même qui s'en plaint.
« Pour reconnaissance, dit-il, je ne reçois de la plupart des hommes que des ingratitudes par les mépris, les irrévérences, les sacrilèges et la froideur qu'ils ont pour moi dans ce sacrement d'amour ; mais, ce qui m'est encore plus sensible, c'est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi (p. 129).
Un jour découvrant à sa servante son cœur amoureux tout déchiré et percé de coups : « Voilà, lui dit-il, les blessures que je reçois de mon peuple chéri. Les autres se contentent de frapper sur mon corps ; mais ceux-ci attaquent mon cœur, ce cœur qui n'a jamais cessé de les aimer » (p. 288).
"Ce qui m'est plus sensible que tout ce que j'ai souffert dans ma Passion, c'est l'ingratitude des hommes ; d'autant que, s'ils rendaient du retour à mon amour, je compterais pour peu de choses ce que j'ai fait pour eux, et je voudrais, s'il se pouvait, faire encore davantage. Mais ils n'ont que des froideurs et des rebuts pour tous mes empressements à leur faire du bien... Du moins donne-moi ce plaisir de suppléer à leur ingratitude, autant que tu pourras en être capable » (p. 119).
Ve Motif. Les grâces immenses promises à tous ceux qui pratiqueront cette dévotion.
1er Voyons d'abord les promesses communes à toutes les classes de personnes. "Les trésors de bénédictions et de grâces que ce Sacré Cœur renferme, dit la V. M.-M., sont infinis." — "Je te promets , lui dit un jour Jésus-Christ, que mon cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et qui procureront qu'il lui soit rendu" (p. 129). (Il s'agit ici de la fête du Sacré Cœur, dont Jésus-Christ demandait la célébration, ainsi que la communion et l'amende honorable en ce jour.)
Mais entrons dans le détail. Êtes-vous effrayé des dangers que court votre salut ? Écoutez S. P. Damien : « C'est dans cet adorable Cœur que nous trouvons des armes pour nous défendre, des remèdes pour nous guérir, des secours puissants contre les tentations, la plus douce consolation dans les peines et les plus pures délices dans cette vallée de larmes. »
« Êtes-vous affligé, dit le même saint ? le souvenir de vos péchés vous trouble-t-il ? votre cœur est-il agité par quelques passions violentes ? ah ! jetez-vous dans le cœur de Jésus : c'est un asile assuré, c'est le refuge des malheureux et la santé de tous les chrétiens. »
« Oh ! qu'il est doux et agréable, dit saint Bernard, d'habiter dans le cœur de Jésus ! »
« 0 Sacré Cœur de Jésus, s'écrie saint François de Sales , 0 source du souverain amour ! qui peut assez vous bénir ? qui vous rendra amour pour amour ? Vous êtes la source de toutes les grâces, »
« Je lui parlerai au Cœur, dit saint Bonaventure, et j'en obtiendrai tout ce que je voudrai. »
Quels que soient vos besoins, recourez à ce Cœur adorable, sûr d'y trouver ce qui vous manque... « Si vous êtes dans un abîme de faiblesse, de rechutes et de misères, le cœur de Jésus est un abîme de miséricorde et de force ; si vous découvrez en vous un abîme d'orgueil et de vaine estime de vous-même, perdez-vous dans les anéantissements du cœur de Jésus... Si vous êtes dans le trouble et l'inquiétude, ce cœur divin est un abîme de paix, et cette paix vous sera communiquée » (V. M.-M.).
Si vous désirez vous prémunir contre le danger terrible d'une mauvaise mort, et vous assurer la grâce de la pénitence finale, sachez-le bien : « C'est proprement dans ce sacré Cœur que vous trouverez un lieu de refuge pendant la vie, et principalement à l'heure de la mort (p. 224). »
Une pratique qui était familière à la V. M.M., et que Notre Seigneur lui avait suggérée, en lui faisant espérer, pour ceux qui l'observeraient, la grâce de la pénitence finale et celle de recevoir les sacrements de l'élise avant de mourir, c'est de faire une neuvaine de communions à cette intention et pour honorer le cœur de Jésus-Christ, en plaçant chacune de ces communions à chaque premier vendredi du mois, pendant neuf mois de suite (Vie , p. 241).
Si vous redoutez les rigueurs du jugement de Dieu, recourez au Cœur de Jésus. « Oh ! qu'il est doux de mourir, après avoir eu une constante dévotion au sacré Cœur de celui qui doit nous juger » (ibid.).
2e Venons maintenant aux promesses spéciales faites à différentes classes de personnes.
— Vivez-vous dans le monde ? « Les personnes séculières trouveront, par le moyen de cette aimable dévotion, tous les secours nécessaires à leur état, c'est-à-dire, la paix dans leurs familles, le soulagement dans leurs travaux, les bénédictions du ciel dans leurs entreprises, la consolation dans leurs misères » (p. 224).
— Avez-vous le bonheur de vivre dans une communauté ? « Les personnes religieuses qui embrasseront cette dévotion en retireront tant de secours, qu'il ne faudrait pas d'autre moyen pour établir la ferveur et la plus exacte régularité dans les communautés les moins bien réglées, et pour porter au comble de la perfection celles qui vivent dans la plus exacte régularité » (p. 224).
—Aspirez-vous à la plus haute perfection ? « Je ne sache pas qu'il y ait nul exercice de dévotion, dans la vie spirituelle, qui soit plus propre pour élever en peu de temps une âme à la plus haute perfection, et pour lui faire goûter les véritables douceurs qu'on trouve au service de Jésus-Christ. — Les trésors de bénédictions et de grâces que ce Sacré Cœur renferme sont infinis » (p. 224).
— Votre vocation vous impose-t-elle la noble tâche de travailler au salut de vos frères ? « Mon divin Sauveur m'a fait entendre que ceux qui s'emploient au salut des âmes, auront l'art de toucher les cœurs les plus endurcis, et travailleront avec un succès merveilleux, s'ils sont pénétrés eux-mêmes d'une tendre dévotion à son divin Cœur » (p. 226).
3° Mais si vous voulez attirer sur vous la plénitude de ses grâces, ne vous conteniez pas d'honorer vous-même le Cœur adorable de Jésus ; efforcez-vous de le faire connaître et honorer.
"Notre Seigneur m'a découvert des trésors d'amour et de grâces, pour les personnes qui se consacreront et se sacrifieront à rendre et à procurera son Cœur tout l'honneur, l'amour et la gloire qui sera en leur pouvoir, mais des trésors si grands, qu'il m'est impossible de les exprimer" (p. 241).
« Oh ! que nous sommes heureux, s'écrie encore cette vénérable religieuse, que nous sommes redevables à ce divin Cœur de ce qu'il daigne se servir de nous pour établir cette dévotion ! car il réserve des trésors incompréhensibles pour tous ceux qui s'y emploieront, selon tout le pouvoir qu'il leur en donne. »
VIe Motif.— Cette dévotion est le remède spécial que Dieu a voulu opposer aux maux qui désolent l'Église dans ces derniers temps ; elle est un moyen puissant de régénérer le monde et de ranimer dans les chrétiens la foi qui s'éteint et la charité qui se refroidit.
« Notre Seigneur, dit encore la V. M.. M., me fit connaître que le grand désir qu'il avait d'être parfaitement aimé des hommes lui avait fait prendre le dessein de leur manifester son Cœur, et de leur donner, dans ces derniers temps, ce dernier effort de son amour, en leur proposant un objet et un moyen si propres pour les engager à l'aimer, et à l'aimer solidement... Qu'en cela, il leur ouvrait tous les trésors d'amour, de grâces et de miséricordes, de sanctification et de salut que ce Cœur contient, afin que tous ceux qui voudraient lui rendre, et lui procurer tout l'honneur et l'amour qui leur seraient possibles, fussent enrichis avec profusion des trésors dont ce divin Cœur est la source, source féconde et inépuisable (p. 284).
C'est ce qui avait été déjà révélé à sainte Gertrude presque dans les mêmes termes. On lit dans la vie de celle sainte, qu'un jour qu'elle fut favorisée d'une apparition de saint Jean l'Évangéliste, elle lui demanda pourquoi ayant reposé sur le sein de Jésus-Christ, durant la Cène, il n'avait rien écrit pour notre instruction du mouvement de son cœur, et que ce saint lui répondit ces paroles remarquables : « J'étais chargé d'écrire à l'Église encore naissante la parole du Verbe incréé de Dieu le Père ; mais la suavité du mouvement de ce cœur, Dieu s'est réservé de la faire connaître dans les derniers temps, dans la vieillesse du monde, afin de rallumer la charité qui sera notablement refroidie » (Insinuât., L. 4, c. 4).
Quoi de plus consolant que cette promesse, dans ces temps malheureux, où le démon déchaîné semble être sorti des enfers pour semer dans tout l'univers, avec les idées erronées d'une liberté mensongère ; le trouble, le désordre, la licence et tous les crimes ? Non, jamais la France, l'Europe tout entière n'eurent un plus pressant besoin d'un secours extraordinaire. Quelque grands que fussent les maux de l'Église à l'époque où cette dévotion fut révélée et commença à s'établir, ils n'étaient pas comparables à ceux qui l'affligent aujourd'hui. La dévotion au Sacré Cœur n'a donc pas encore pleinement obtenu sa fin, ses résultats, son but ; elle n'a pas acquis tout le développement qu'elle doit avoir, et ce dernier effort de l'amour d'un Dieu n'a pas encore produit tous les fruits qu'il doit produire... Aussi voyons-nous avec bonheur les progrès qu'elle ne cesse de faire de nos jours, malgré la marche funeste de l'impiété qui porte partout le ravage dans les âmes. Déjà un certain nombre de diocèses ont été solennellement et authentiquement consacrés à cet adorable Cœur. Cet exemple sera suivi, et bientôt, nous en avons la confiance, la France tout entière, qui a vu naître dans son sein cette dévotion, la France si chère au ciel malgré ses crimes, cette France où se trouvent en présence le génie du bien et celui du mal, la propagande catholique et la propagande révolutionnaire, le camp de Jésus-Christ et celui de Satan, cette France coupable et malheureuse, mais repentante, prosternée aux pieds de Jésus-Christ, et faisant amende honorable à son Cœur, retrouvera sa paix et sa prospérité, son honneur et sa gloire. — 0 Dieu ! que cet heureux moment ne tarde pas, et que le Cœur de Jésus soit à jamais notre refuge, notre asile et notre salut !
Dans l'honneur que l'on rend au Sacré Cœur, il est bon de l'unir à la sainte Vierge et aux Anges.
Ajoutons encore ici que celui qui veut honorer dignement le Cœur de Jésus doit avoir recours à Marie, et chercher dans la perfection de ses sentiments de quoi suppléer à sa propre impuissance. C'est ce que Notre Seigneur enseigna lui-même à sa servante, comme on le voit dans l'histoire de sa vie.
« Il lui apprenait, y est-il dit, à étudier les saintes dispositions de la sainte Vierge sur le Calvaire, auprès de la croix, offrant sa passion et ses souffrances au Père éternel, pour lui demander la conversion de tous les cœurs endurcis et infidèles » (Vie , p. 99).
C'est ce que nous apprenons encore de la bouche même de la V. M .M. : « Notre Seigneur me dit qu'il désirait que tous les vendredis je vinsse un certain nombre de fois, pendant le jour et la nuit, l'adorer sur l'arbre de la croix qui est le trône de sa miséricorde, me prosternant humblement à ses pieds, et m'y tenant dans la même disposition qui animait la sainte Vierge au temps de sa passion, offrant ces saintes dispositions au Père éternel, avec les souffrances de son Fils, pour lui demander la conversion de tous les cœurs endurcis et infidèles qui résistent au mouvement de sa grâce, et il ajouta pour ceux qui se rendront fidèles à cette pratique, qu'il leur sera favorable à la mort (Vie, p. 84).
Voilà pourquoi, dans chaque méditation, nous appelons l'attention de l'âme fidèle sur Marie.
On voit aussi, dans les écrits de la V. servante de Dieu, qu'elle s'unissait aux anges pour adorer le Cœur de Jésus, et que ces esprits bienheureux s'associaient volontiers à elle pour rendre à Jésus-Christ un continuel hommage d'amour, d'adoration et de louange (Ecr., p. 373).
C'est de là, sans doute, que vient la pratique généralement reçue, de préposer à chacun des neuf offices dont nous avons parlé, l'un des neuf chœurs des anges. Rien de plus raisonnable que cette pratique, qui nous fait entrer en participation des saintes ardeurs et du respect profond de ces esprits bienheureux, et qui, dans l'impossibilité où nous sommes de demeurer continuellement aux pieds de Jésus-Christ dans le Saint-Sacrement, nous ménage de dignes suppléants dans la personne de ceux qui contemplent sans cesse la face de notre Père céleste. — Pour fournir des protecteurs aux douze offices, nous avons ajouté aux neuf chœurs des anges, saint Michel, saint Gabriel et saint Raphaël, que l'Église honore d'un culte particulier.
Pratique de la retraite du moisÀ L'usage des personnes pieuses
I. DES AVANTAGES DE LA RETRAITE DU MOIS.
L'exercice dont on propose ici la méthode consiste à choisir un jour chaque mois pour rentrer plus sérieusement en soi même, examiner la manière dont on a rempli ses devoirs pendant le mois qui vient de s'écouler, renouveler ses bonnes résolutions, et surtout se préparer à la mort.
On peut tirer de cette pratique de grands avantages. L'affaire de notre salut, ou ce qui est la même chose aux yeux de tout véritable Chrétien, l'affaire de notre sanctification, est tout à la fois très importante et très difficile. La voie qui conduit au ciel est étroite : il n'est que trop aisé de s'en écarter pour s'engager dans mille sentiers trompeurs. Il faut donc s'arrêter de temps en temps pour voir si l'on est toujours dans le chemin. Nos meilleures résolutions s'affaiblissent bien vite, si nous n'avons soin de les renouveler : les sentiments de la foi s'effacent peu à peu, la ferveur diminue, une funeste routine s'introduit dans les actions les plus saintes, et l'on tombe, sans s'en apercevoir, dans la tiédeur ou dans un état plus funeste encore. La retraite du mois, si nous la faisons bien, nous préserve de ces dangers. Quand elle ne servirait qu'à nous rappeler plus vivement la pensée de la mort, elle serait, par cela seul, un des moyens les plus efficaces pour nous soutenir dans la piété, et nous détacher de tout ce qui n'est pas Dieu.
Du reste, cette pratique est si facile, qu'il n'est personne qui ne puisse en faire usage. C'est un des premiers devoirs du Chrétien de sanctifier les dimanches en s'abstenant des travaux serviles et en s'appliquant aux œuvres de piété. Les personnes mêmes qui sont habituellement assujéties à des occupations nécessaires, trouveront sans peine, dans un de ces saints jours, le temps suffisant pour les exercices proposés ici.
Le premier vendredi ou le premier dimanche de chaque mois paraît être le jour le plus convenable pour cette petite retraite. Du moins, est-il nécessaire que chacun se fixe à soi-même, ou se fasse marquer par son Confesseur, le temps où il devra s'en occuper, car autrement on diffèrerait de jour en jour, de Dimanche en Dimanche, et le démon ne manquerait pas de prétextes pour nous détourner d'une pratique si propre à lui fermer entièrement la porte de notre âme.
Il n'est pas nécessaire de renoncer absolument, le jour de la retraite du mois, à toute occupation extérieure. Bien des personnes ont à remplir, dans l'intérieur de leur famille, des devoirs journaliers dont elles ne se dispenseraient que par une piété mal entendue. Mais il faut, autant que possible, se tenir séparé du monde, afin de parler plus librement à Dieu et de mieux entendre sa voix.
Voici d'abord la méthode générale de la retraite du mois ; on expliquera ensuite la pratique particulière de la préparation à la mort.
II. MÉTHODE DE LA RETRAITE DU MOIS.
I. Dès la veille au soir vous commencerez à vous préparer à ce saint exercice, et pour cela, 1° vous réciterez le Veni Creator, pour attirer sur votre Retraite les grâces du Saint Esprit ; vous la recommanderez aussi à la Sainte Vierge ; 2° vous pourrez pratiquer à la même intention quelque légère mortification dans vos repas ; 3° vous tâcherez d'être plus recueilli qu'à l'ordinaire, et vous vous coucherez entretenant en votre esprit de pieuses pensées.
II. A votre réveil vous prononcerez avec respect les saints noms de Jésus et de Marie ; vous ferez le signe de la Croix ; vous vous figurerez que ce jour vous est accordé pour régler vos comptes avec Dieu, et, pendant que vous vous habillerez, vous aurez soin d'écarter toute idée qui serait capable de vous distraire et de vous dissiper. Il est très important, si l'on veut bien faire la Retraite, de commencer la journée dans le recueillement.
III. Dès que vous serez habillé, ou du moins au premier moment que vous serez libre, vous vous retirerez dans un lieu où vous puissiez jouir d'une grande tranquillité, et même à l'Église si vous en avez la facilité, et vous emploierez une demi-heure au moins à la prière et à la méditation. Pour cela, après avoir fait avec piété votre Prière vocale ordinaire, si les méditations sur les Offices ou les Considérations ne remplissent pas votre but, vous lirez attentivement quelques réflexions sérieuses sur une des grandes vérités de la religion, par exemple, sur le salut, sur le péché, sur le jugement de Dieu, sur l'éternité ; mais il faut faire cette lecture très lentement, vous arrêter souvent pour réfléchir en vous-même sur ce que vous lisez, et prier le Saint-Esprit de vous en bien pénétrer. Il sera très bon de préparer la veille ce sur quoi vous voulez méditer. Vous pourriez aussi employer cette demi-heure à faire les réflexions sur la mort qui sont exposées plus bas, si vous prévoyez que vous n'auriez pas le temps de vous en occuper dans le reste de la journée.
IV. Il serait bien à désirer que vous fissiez ce jour-là la sainte Communion. Vous recevriez notre Seigneur dans les mêmes dispositions où vous voudriez être si vous le receviez sur votre lit de mort ; du moins vous assisterez à la sainte Messe avec la plus profonde religion, et vous y demanderez spécialement la grâce d'une bonne mort, grâce précieuse et décisive, que cependant on songe trop peu à demander à Dieu.
V. Dans le courant de la journée, par exemple en assistant aux Offices, vous emploierez quelque temps, selon le plus ou moins de loisir que vous aurez, à faire un examen sérieux de l'état de votre âme. Vous commencerez par invoquer le Saint-Esprit afin que ses lumières vous aident à pénétrer dans les replis souvent si obscurs de la conscience, et vous fassent voir clairement les défauts dont vous avez à vous corriger.
VI. Tâchez de prendre dans la soirée une demi-heure ou un quart d'heure pour faire la préparation à la mort, si vous ne Pavez pas faite dans le courant de la journée. N'omettez jamais cette pratique ; elle forme, avec l'examen dont nous venons de parler, la partie essentielle de la retraite du mois.
VII. Aux pieux exercices que nous venons de marquer, les personnes qui ont plus de loisir pourront en ajouter d'autres selon leur dévotion particulière ; par exemple, quelques lectures pieuses, une considération sur un des sujets indiqués ci-dessous, une visite au Saint-Sacrement, la visite des pauvres et des malades, etc.
VIII. Il faut, avant de se coucher, réciter les deux Actes qui sont après la méditation sur la mort, se mettre au lit en s'occupant des pensées de la retraite. Le lendemain, à votre réveil, offrez à Dieu le mois dans lequel vous entrez, et demandez-lui la grâce de le passer dans la ferveur. Commencez, sans différer, à mettre en pratique les résolutions que vous avez prises.
ACTE DE CONSÉCRATION
O Cœur adorable de Jésus ! le plus tendre, le plus aimable, le plus généreux de tous les cœurs, qui vous consumez d'amour sur cet autel, environné des Anges qui tremblent et adorent ; pénétré de reconnaissance et de douleurs à la vue de vos bienfaits et de l'ingratitude des hommes, je viens me consacrer à vous sans réserve et sans retour, je viens me dévouer comme une victime, chargée de mes péchés et de ceux de mes frères, et en particulier des outrages qui ont été commis contre le Sacrement de votre amour. Je veux les expiera force de pénitence et de ferveur, afin de consoler votre amour affligé et de réparer votre gloire. Je veux employer ma vie à propager votre culte et à vous gagner, s'il se pouvait, tous les cœurs. Vous serez désormais mon refuge dans mes peines, ma lumière, mon espérance, ma force, ma consolation, mon tout. C'est en vous et par vous seul que j'offrirai mes actions, mes prières et mes larmes ; ce seront vos sentiments et vos désirs qui règleront ma conduite. En les suivant, je marcherai toujours dans les sentiers de la justice et de la paix.
Recevez donc mon cœur, ô Jésus ! ou plutôt prenez-le vous-même ; changez-le pour le rendre digne de vous, rendez-le humble, doux, pénitent et généreux comme le vôtre, en l'embrasant de votre amour. Cachez-le dans votre Cœur, en l'unissant au Cœur immaculé de Marie et à ceux de tous les associés, afin que je ne le reprenne jamais. Ah ! plutôt mourir que de jamais offenser ou attrister votre Cœur adorable ; mais qu'à la vie, à la mort, à l'éternité, je sois tout à son amour ! Ainsi soit-il.
AMENDE HONORABLE
Divin Jésus, qui, par un excès de l'amour le plus ardent et le plus prodigieux, vous fûtes mis en état de victime dans l'adorable Eucharistie, où vous vous offrez sans cesse pour nous en sacrifice, quels doivent être les sentiments de votre sacré Cœur à la vue de l'indifférence et du mépris que les nommes font de vous ? De quel œil regardez-vous ces indignes chrétiens qui profanent votre sainte maison, y venant avec des yeux distraits, un esprit dissipé, et un cœur agité de passions ? Ah ! mon adorable Sauveur, faut-il qu'on vienne vous insulter jusqu'au pied de votre trône ? Aviez-vous lieu d'attendre un pareil traitement de notre part ? votre bonté ne servira-t-elle qu'à faire éclater notre ingratitude ?
Touché d'une extrême douleur de tous les outrages que vous avez reçus dans ce sacrement, je viens me prosterner et m'anéantir devant vous pour vous faire amende honorable, et réparer, autant qu'il est en moi, tant d'horribles profanations. Que ne puis-je, mon doux Jésus, arroser de mes larmes et laver de mon sang tous les lieux où votre Sacré Cœur a été si indignement traité ! Que ne puis-je, par quelque nouveau genre d'hommage, vous rendre autant de gloire que les méchants vous en ont ravi ! Que ne puis-je être le maître de tous les cœurs, pour vous les sacrifier sur cet autel, sur lequel vous vous immolez tous les jours pour notre amour !
Ce qui m'humilie davantage, ô sacré Cœur de mon aimable Maitre ! ce qui m'accable et me couvre de confusion, c'est que j'ai été moi-même du nombre de ces ingrats qui vous ont déshonoré sur ces autels. Pardon, ô divin Jésus, ô mon Sauveur ! Que ne puis je laver dans mes larmes tous les outrages dont je me suis rendu coupable en vers votre majesté infinie ! Que ne puis-je vous faire oublier mes péchés par le sacrifice de ma vie ! Si vous voulez que je vive encore, que ce ne soit que pour gémir le reste de mes jours sur toutes ces abominations !
J'unis cette amende honorable à celle que vous offrit Marie au pied de la croix, lorsqu'elle vous demanda grâce pour tous les pécheurs. Je l'unis à celle que vous font en ce jour, dans toutes les parties du monde, tant de confrères associés, pour rendre un éternel hommage à votre sacré Cœur. Je l'unis à celle que vous fîtes sur la croix, et que vous continuez de faire sur nos autels, à votre Père, au nom de tous les fidèles, dont vous demandez la conversion et le salut. Père éternel, regardez votre Fils qui prie, qui s'offre et s'immole pour nous tous, pécheurs que nous sommes. Accordez à ses mérites ce que vous refuseriez justement à nos vœux, et faites, de tout ce qu'il y a ici de fidèles assemblés, autant de pénitents qui trouvent dans le Sacré Cœur de Jésus la rémission de leurs péchés, l'amour de la pé nitence, la persévérance dans le bien, et une précieuse mort qui couronne leur sainte vie. Ainsi soit-il.
MÉDITATIONS EN L'HONNEUR
DU SACRÉ CŒUR DE JÉSUS
Pour le premier Vendredi de chaque mois.
1
VIE D'ADORATION.
Dieu est esprit, ceux qui l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité. (Jo. 4).
Seigneur, que désirez-vous de votre serviteur pendant ce mois ?
— Mon enfant, je désire que vous honoriez l'état d'adoration et d'anéantissement dans lequel je suis au saint Sacrement.
1er Prélude. — Représentez-vous ce divin Sauveur prosterné la face contre terre et dans les sentiments du plus profond respect, en présence de Dieu son Père.
IIe Prélude. — 0 Dieu, que les Anges adorent, devant lequel les puissances du ciel tremblent, accordez-moi la grâce de vivre et de marcher continuellement en votre sainte présence.
1. L'adoration est due à Dieu. — 2. Jésus est le seul vrai adorateur. — 3. Il doit être lui-même l'objet de nos adorations.
1er Point. —Adorer Dieu, c'est reconnaître sa grandeur infinie, ses perfections sans bornes, et lui rendre les hommages dus à son excellence ; c'est en même temps confesser notre propre faiblesse et notre néant... L'adoration est le premier devoir de la créature raisonnable : Dominum Deum tuum adorabis (Matth.4). Mais ce devoir essentiel qui nous est imposé par la nature même de Dieu et par notre propre condition, qui songe à le remplir ?... Hélas ! quel triste spectacle nous offre la terre ! « Dieu, dit le Prophète, a jeté les yeux sur les enfants des hommes pour voir s'il en est quelques-uns qui aient de l'intelligence et qui cherchent à lui plaire. Tous se sont écartés des voies de la vérité, tous sont devenus inutiles.
Il n'y en a point qui fassent le bien, il n'y en a pas un seul... Ce spectacle affligeant, n'est-ce pas celui que nous offre encore aujourd'hui le monde ? Portez vos regards du nord au midi, de l'orienta l'occident... Interrogez, je ne dis pas cette multitude innombrable de païens et d'idolâtres, ces infortunés hérétiques et schismatiques dont l'Église pleure les funestes erreurs, mais le plus grand nombre de catholiques : à quoi pensent-ils ? que cherchent-ils ?... Hélas ! ils se sont égarés, ils ne rendent pas gloire à leur maître : Declinaverunt, simul inutiles facti sunt. Âmes fidèles, serez-vous insensibles à ce désordre, et ne chercherez-vous pas à dédommager le Seigneur de tant d'ingratitude ? 0 mon Dieu ! vous êtes présent partout, et l'homme vous oublie... vous méprise... vous offense !... Vous pensez continuellement à moi, et je ne pense presque jamais à vous... Je suis toujours en présence de votre souveraine Majesté, et je ne songe même pas à vous adorer... Présence de Dieu... modestie... Que votre modestie brille aux yeux de tous les hommes ; car le Seigneur est proche (Phil. 4).
IIe Point. — Qu'est-ce que l'homme pour honorer dignement le Seigneur ?... Il n'y a qu'un Dieu qui puisse comprendre l'infinie grandeur de Dieu et le néant de la créature. Il n'y a qu'un Dieu qui puisse s'humilier autant qu'il convient à l'excellence de l'un, et à la bassesse de l'autre. C'est ce que Jésus-Christ fit aux jours de sa vie mortelle, ce qu'il réalise encore dans l'Eucharistie. Car que fait Jésus-Christ dans les saints Tabernacles ?.. A quoi son Cœur est-il occupé ? .. Il adore. Adoration continuelle... il adore et le jour et la nuit, il restera dans cet état d'adoration pendant toute la durée des siècles. Adoration parfaite, par les dispositions qui l'animent. Adoration universelle, puisqu'elle se fait au nom de tous les hommes, ses membres. Adoration d'une excellence infinie comme ses abaissements sont sans bornes. Adoration divine et ineffable... Consolez-vous donc, ô vous qui aimez Dieu et qui gémissez de votre impuissance à l'honorer comme il le mérite. Voici un cœur capable de remplir cette haute mission, voici l'adorateur par excellence. Unissez-vous à lui, et que vos adorations puisent dans les siennes leur mérite et leur valeur. 0 Dieu ! je vous adore par Jésus-Christ votre Fils ; j'adore votre être souverain, vos infinies perfections ; j'adore vos volontés toujours saintes et justes ; j'adore les conseils de votre sagesse et les dispositions de votre Providence.... A vous seul gloire, honneur...
IIIe Point. — Jésus-Christ doit être aussi l'objet de nos adorations. Celui que nous vénérons au saint Sacrement, dit le Concile de Trente, est le même Dieu que les anges ont reçu ordre d'adorer à son entrée dans le monde ; le même Jésus à qui les Mages ont rendu leurs hommages, etc. Hélas ! qu'il est peu de chrétiens qui pensent à cet aimable Sauveur ! Il est au milieu de nous, et nous ne le connaissons pas. Son cœur bat sans cesse pour nous, et nous n'y pensons pas. Non, Jésus-Christ n'est pas connu, il n'est pas aimé, il n'est pas visité, il n'est pas honoré... Lumière du monde, consolateur des affligés, vie du chrétien, refuge de tous les malheureux, il reste seul, abandonné, oublié de tous.., seul, le jour et la nuit, seul dans la solitude des campagnes, comme dans le tumulte des cités populeuses.. Personne n'a recours à lui... O Jésus ! je veux vous adorer pour ces ingrats... J'irai vous visiter et vous prier. J'irai chercher dans votre Cœur sacré ma consolation et ma force. Oui, je serai vraiment adorateur ; je vous adorerai en esprit et en vérité, intérieurement et extérieurement.
« Faites de votre cœur le trône de l'amour de Jésus-Christ, vous y retirant souvent pour vous entretenir avec lui, pour l'adorer, pour l'aimer de toutes vos forces » (Ecr., p. 209).
Pour donner plus d'efficacité à vos adorations, unissez-vous à Marie adorant Jésus. « Elle sera exaucée pour tout le respect qu'elle lui porte. Le Fils exaucera la Mère : » Exaudietur et ipsa pro reverentiâ suâ, exaudiet utique matrem Fitius (S. Bern).
Oraisons Jaculatoires A Faire Pendant Le Jour. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
Résolutions A Prendre . — Respect dans l'église, pendant la prière. Faites dévotement le signe de la croix, les génuflexions et les autres pratiques du culte extérieur.
imit. de J.C, liv. III, ch. 4. — Liv. IV, ch. XI.
Pratique- — Chaque jour, communion spirituelle, 9 Gloria Patri pour les Associés.
2
VIE DE PROPITIATION.
Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple. Parce, Domine, parce populo tuo (Joël 2).
O mon aimable Sauveur, que désirez-vous de votre serviteur pendant ce mois ?
— Mon enfant, je désire que vous honoriez l'état de réparation dans lequel je suis au saint Sacrement.
1er Prélude — Représentez-vous Jésus-Christ au jardin des Oliviers, réduit à une agonie mortelle par la douleur que lui causent nos péchés.
IIe Prélude — 0 Jésus, faites sentir à mon cœur un peu de cette tristesse et de cette douleur amère que vous éprouvâtes à la vue de nos péchés.
1. Le Cœur de Jésus offre à Dieu une réparation digne de lui. — 2. Une réparation continuelle. —3. Nous devons réparer les injures faites à ce divin cœur.
Ier Point. — La terre était souillée par les crimes des hommes. De toutes parts l'iniquité, régnant eu souveraine, provoquait la Justice divine et appelait les plus terribles châtiments. Une réparation était nécessaire pour sauver le genre humain. Mais qui se chargera d'apaiser Dieu ? L'homme est néant par nature, l'homme est pécheur par condition et par sa volonté ; impuissant à satisfaire pour lui, puisqu'il est l'ennemi de son Dieu, comment pourrait-il le faire pour les autres ? Impossible donc que l'homme offre à Dieu une satisfaction digne de lui... Nous étions perdus sans ressource. Mais le Fils de Dieu se fait notre caution... Roi de l'univers, père et chef de tous les hommes, il prend en main notre cause. Responsable pour nous tous, sur son cœur pèsent tous les péchés des hommes... les miens... Ils sont accumulés sur lui comme un poids écrasant : Sicut onus grave gravatæ sunt super me ( Ps. 37 ). Devenu notre représentant, il offre à Dieu une réparation universelle. Saint par nature, cette réparation ne peut manquer d'être agréable à Dieu. Egal à son Père, elle est proportionnée à l'offense. Il connaît la grandeur infinie de celui qui est offensé... il connaît toute la malice du péché... La haine et la douleur sont donc en rapport avec l'injure... Jésus est le grand Pénitent. Sa vie ne fut qu'une longue réparation. Seigneur, vous avez pleuré mes péchés et je ne les pleure pas !... Vous avez satisfait pour nos crimes, et nous continuons à les commettre !... Mon Dieu, regardez votre Christ, et épargnez-nous.
IIe Point. — Tout semblait devoir être consommé par le sacrifice du Calvaire ; mais les crimes des hommes ne cessent de se multiplier : les flots d'iniquités se succèdent sans interruption de siècle en siècle. La réparation devait donc être continuelle. Jésus, au saint Sacrement, est encore maintenant, et sera jusqu'à la fin du monde, dans un état d'humiliation et d'anéantissement. I1 fait sans cesse amende honorable à son Père pour les crimes de ses frères, car ces crimes sont devenus, pour ainsi dire, les siens. Voilà l'occupation de Jésus-Christ dans la sainte Eucharistie... Il est témoin de tous les désordres qui souillent la terre... Ah ! Seigneur, s'écriait le Prophète, je suis tombé en défaillance à la vue des égarements des pécheurs. Âme fidèle, sont-ce là vos dispositions ? Jésus s'humilie pour vos péchés ; serez-vous insensible à sa douleur, à vos propres ingratitudes ? Il fait amende honorable pour les iniquités des hommes, ne vous unirez-vous pas à lui ?... Oui, mon Sauveur, je le veux. La vie du chrétien, dit le concile de Trente, doit être une continuelle pénitence... Mais la vraie pénitence est intérieure : c'est la pénitence du cœur, la douleur du péché, la détestalion du péché. Voici donc, ô Jésus ! les résolutions que je prends : 1° J'éviterai, non seulement le péché mortel, mais encore le péché véniel et tout ce qui pourrait contrister votre Cœur ; 2° Lorsque je verrai commettre quelque faute, j'offrirai au Père éternel une vertu contraire de votre adorable Cœur, pour la réparer » (Ecr., p. 232).
IIIe Point. — Ce n'est pas assez pour remplir votre office de réparateur, de vous unir à Jésus humilié et pénitent ; vous devez encore dédommager ce divin Sauveur des outrages dont il est l'objet de la part de tant de chrétiens indignes de ce nom. S'il demeure avec nous dans la sainte Eucharistie, combien d'insultes n'y reçoit-il pas ! S'il renouvelle sur l'autel le sacrifice du Calvaire, n'est-il pas en but aux mépris et aux blasphèmes de ses ennemis, comme il le fut sur la croix ? S'il se donne à nous dans la sainte communion, que de sacrilèges profanateurs imitent le crime de Judas !... Voilà, Seigneur, comment reconnaissent votre amour ceux-là mêmes pour qui vous avez tout sacrifié !... N'ai-je pas été du nombre de ces ingrats ? Je suis donc doublement obligé de remplir l'office, de réparateur. Oh ! si je pouvais, par mes larmes et par mon sang, effacer les outrages, empêcher les insultes dont vous êtes l'objet !
Si, par mon amour, mes hommages et ma fidélité, je pouvais faire oublier à votre cœur et mes fautes passées et celles de tant de pécheurs ! — Jésus a pour agréables ces désirs... Dans les visites que vous lui rendez, et lorsque vous ferez la sainte communion, entrez dans cet esprit de réparation et d'amende honorable.
O Marie ! réparatrice universelle, priez pour nous, ora pro nobis peccatoribus... Apprenez-moi, aidez-moi à réparer les injures faites à votre Fils.
« Jésus-Christ demande que quelque personne soit particulièrement chargée de demander humblement pardon à Dieu de toutes les injures qui lui sont faites au saint Sacrement de l'autel ; et cette personne pourra se confier humblement qu'elle obtiendra grâce et pardon pour elle » (P. 370).
Oraisons Jaculatoires A Faire Dans Le Jour. — Loué et remercié soit à chaque instant et a jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
A réformer. — Visites au saint Sacrement; faites-les exactement ; quand vous ne pouvez aller, selon vos désirs, aux pieds des autels, honorer Jésus Christ, priez les saints Anges de vous suppléer.
—imitat, de J.-C, liv. I. ch. 22.— Liv. IV, ch.7.
Pratique. — Chaque jour , communion spirituelle, amende honorable pour les Associés.
3
VIE DE PRIÈRE.
C'est ici le véritable ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple. Hic est fratrum amator, qui multùm orat pro populo (II. Mach.,15).
Seigneur, que puis-je faire pendant ce mois pour vous honorer et vous plaire ?
— Mon enfant, honorez et imitez ma vie de prière : Videte, vigilate et orate (Marc, 13).
1er Prélude. — Représentez-vous Jésus-Christ passant les nuits en prière, sur une montagne solitaire : Erat pernoctans in oratione Dei (Luc. 6) ; ses mains sont étendues et levées vers le ciel.
IIe Prélude. — Seigneur, apprenez-nous à prier : Domine, doce nos orare (Luc. 11).
1- Jésus n'a cessé de prier pour l'homme pendant sa vie mortelle. —2. Il remplit encore l'office de suppliant dans l'Eucharistie. — 3. Je dois le remplir avec lui et comme lui.
Ier Point. — C'est une vérité de foi, que sans la grâce nous ne pouvons rien faire de méritoire pour le ciel. Il est certain d'ailleurs que, selon le cours ordinaire de la Providence, la grâce ne s'obtient que par la prière, donc la prière est nécessaire. Pourquoi donc y a-t-il si peu de personnes qui emploient sérieusement ce moyen de salut et de perfection, si facile et si assuré ? C'est que :
1° Nous ne sommes pas assez convaincus de notre faiblesse extrême, de notre pauvreté spirituelle, de notre misère profonde.
2° Nous estimons si peu les biens de la grâce, que nous ne voulons pas prendre la peine de les demander.
3° Nous doutons de la vérité des promesses que nous a faites Jésus-Christ, que tout ce que nous demanderions en son nom nous serait accordé... Oui, toutes ces causes et d'autres encore, nous empêchent de mener une vie de prière. Mais admirons la bonté de Jésus... Ce que nous négligeons trop souvent, il a voulu le faire pour nous... Il connaît nos besoins, il s'est fait notre interprète auprès de son Père. Il aime tous les hommes, il prie pour tous. Sa prière est comme la voix de son amour, le cri de son cœur, le désir de son cœur, le soupir de son cœur. Jésus-Christ a prié sans relâche depuis le premier instant de sa vie mortelle jusqu'à son dernier soupir sur la croix, car il n'a cessé de nous aimer et de désirer notre bonheur... Ah ! c'est bien là le véritable ami de ses frères, qui prie beaucoup pour tout le peuple... O vie de prières et de saints désirs, que vous êtes peu estimée, peu aimée, peu pratiquée ! O douceur de la prière, puissance de la prière, richesses de la prière, que vous êtes peu connues !
IIe Point. — L'amour de Jésus pour nous ne s'est pas éteint avec sa vie mortelle, nos besoins n'ont pas cessé ; sa prière devait donc continuer à monter vers le trône de Dieu. Aussi l'Apôtre nous assure-t-il que Jésus est toujours vivant afin d'intercéder pour nous : Semper vivens ad interpeltandum pro nobis (Heb. 7). Il vit dans le ciel et il y plaide notre cause auprès de son Père : Advocatum habemus apud Patrem f,Jesum Christum jusium (I. Jo., 2). Il vit dans l'Eucharistie où il a établi le trône de son amour. Là aussi, il prie sans cesse ; il est sur l'autel dans l'état de suppliant. Son cœur ressent tous nos besoins, sa bouche est l'interprète de tous les hommes, ses soupirs parlent pour toutes nos misères... Au milieu de ses enfants, comme autrefois avec ses Apôtres, il adresse encore à son Père en notre nom cette belle prière : Notre Père qui êtes aux Cieux : Pater noster, qui es in calis (Matt. 6). Mais hélas ! Jésus-Christ prie seul. Il est le seul qui n'ait pas besoin de prier, et il est le seul qui ne se lasse pas de prier... Ah ! je veux être suppliant avec lui ; je veux comme lui mener une vie de prière ; je veux solliciter la miséricorde de Dieu pour tant de pécheurs qui ne songent point à apaiser sa justice... Pauvres idolâtres, infortunés hérétiques, misérables de tout genre, vous êtes mes frères, je veux prier pour vous.
III° Point.— Comment Jésus priait-il ? avec le plus grand respect intérieur et extérieur ; et voilà, dit saint Paul, pourquoi il a été exaucé : Exauditus est pro sud reverentid (Heb. 5). Il priait avec constance et consacrait souvent les nuits à ce saint exercice, erat peitioctans in oratione Dei. Il priait avec ferveur et avec larmes, cumclamore valido et tacrymis (Heb. 5). Il priait avec résignation : Mon Père, disait-il au jour de sa Passion, s'il vous plaît, éloignez de moi ce calice ; cependant, que votre volonté se fasse et non la mienne : Fater, si vis , transféra me calicemistum; verumtamen non sicut ego volo , sed sicut tu (Matt. 26). Il priait avec confiance : Mon Père, je sais que vous,m'exaucez toujours : Ego sciebam quia semper me audis ( Jo. 11 ). Voilà pourquoi la prière de Jésus est le bouclier qui protège l'Église ; c'est elle qui désarme la colère de Dieu irrité par nos crimes ; c'est elle qui nous ouvre le ciel et fait tomber sur nos cœurs la grâce précieuse qui doit les renouveler et les féconder... Votre prière a-t-elle les qualités de celle de Jésus ?... Examinez-vous sérieusement sur ce point. Produit-elle, à quelque degré, les mêmes effets que la sienne ? Si vous voulez la rendre efficace, unissez-vous à ce divin Sauveur, et priez avec lui et par lui. Faites aussi l'office de suppliant auprès de Jésus-Christ, en priant pour les pécheurs qui l'oublient... Oh ! que la prière persévérante du juste est puissante auprès de Dieu ! Multùm valet deprecatiojusti assidua (Jac. 5).
A l'exemple des Apôtres,unissez vos prières avec celle de Marie : Ils persévéraient tous ensemble dans la prière avec Marie Mère de Jésus. Hiomnes erant perseverantes unanimiter in oratione cum... Maria Matre Jesu (Act. 1). Si vous voulez un avocat auprès de Jésus, ayez recours à Marie : Advocatum habere vis et ad ipsum? (Jesum), ad Mariam recurre (S. Bern.).
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
Réformez-vous par rapport à vos exercices de piété , et surtout à l'Oraison.
imitat. de J.-C, liv. III. ch,30, 60.
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, Miserere pour les Associés.
4
VIE DE RECONNAISSANCE.
Grâces soient rendues à Dieu pour le don ineffable qu'il nous a accordé.
« Si les hommes usaient de retour à mon égard, tout ce que j'ai fait pour eux paraîtrait peu de chose à mon amour ; mais il n'ont pour moi que de la froideur... Toi, du moins, donne-moi cette consolation de suppléer à leur ingratitude autant que lu le pourras. » (J.-C. à la V. M.-M.)
1er Prélude. — Représentez-vous Jésus-Christ, les yeux et les mains levés vers le ciel, et rendant grâces à son Père.
IIe Prélude. — Placé en esprit aux pieds de Jésus dans le saint Sacrement, demandez la grâce de connaître et d'apprécier le nombre et la grandeur des bienfaits de Dieu, pour lui en témoigner votre reconnaissance.
I. Les bienfaits de Dieu nous viennent par Jésus. — 2. C'est par le Cœur de Jésus que nous devons payer à Dieu le tribut de notre reconnaissance. — 3. Ce divin Cœur doit être aussi le terme de notre gratitude.
Ier Point. — Vous ouvrez votre main, Seigneur, dit le Prophète, et vous comblez toutes les créatures de bénédiction ( Ps. 144). Les dons que Dieu accorde à l'homme sont innombrables. Ses bienfaits sont de tous les instants, excellents en eux-mêmes, infinis à cause de la dignité et de l'amour de celui qui nous les dispense... Le soleil lance partout ses rayons bienfaisants, la source ne cesse d'alimenter les ruisseaux. Ainsi Dieu ne cesse de communiquer à l'homme la lumière, la grâce et la vie ; il met à sa disposition tous ses trésors ; mais par qui nous accorde-t-il ces faveurs ? Tout passe par Jésus ; son cœur est la source qui répand la vie surnaturelle dans tout le corps de l'Église. Celui qui pour nous tous a livré son Fils, ne nous a-t-il pas tout donné avec lui... ( Rom. 8 ) ? Cependant que fait l'homme pour remercier Dieu de tant de grâces ? Les accents de sa reconnaissance devraient s'élever continuellement vers le ciel, et l'ingrat oublie la main qui le bénit ; sensible au moindre bienfait de la créature, il n'a pour Dieu que de la dureté. — Il dédaigne le cœur qui l'aime si tendrement... il ne répond à l'amour de son Créateur que par une coupable insensibilité, et souvent même par la haine et l'outrage. O monstrueuse ingratitude !... N'ai-je rien à me reprocher sur ce point ? Qu'est-ce que Dieu n'a pas fait pour moi jusqu'à présent, et moi qu'ai-je fait pour lui ?... O vie inutile... stérile... cœur froid et insensible ! O mon Dieu, quand donc apprendrai-je à vous aimer ?
IIe Point. — A une libéralité sans bornes, il n'y a qu'une reconnaissance infinie qui puisse répondre. C'est en vain que toutes les créatures se réuniraient pour bénir celui qui les comble de faveurs, en vain de toutes les bouches à la fois s'échapperait le chant de l'action de grâces : qu'est-ce que cela pour une Majesté infinie ?
O Jésus ! venez à notre secours. Vous seul pouvez dignement remercier votre Père ; vous seul connaissez la grandeur de celui qui donne, la bassesse de celui qui reçoit, l'excellence des dons qui nous sont accordés ; vous seul pouvez offrir à notre bienfaiteur une action de grâces pure, sainte, continuelle, divine, digne en un mot de celui à qui elle s'adresse. C'est du Cœur de Jésus que s'échappe cet encens d'agréable odeur. C'est ce Cœur adorable qui remercie Dieu au nom de tous les hommes. O Jésus, je sens mon impuissance ; c'est par vous et avec vous que je veux remercier votre Père ; avec vous et par vous je veux mener une vie eucharistique. (Colos. 3). Oui, mon Dieu, je vous offre votre Fils bien-aimé pour me servir d'action de grâces pour tous les biens que vous m'avez faits. » ( V. M.-M. ). Regardez-vous comme chargé de dédommager Dieu de l'ingratitude des hommes ; offrez-lui souvent Jésus au saint Sacrement à cette intention.
IIIe Point. — Mais ce divin Sauveur ne mérite-t-il pas lui-même notre reconnaissance ? n'est-ce pas en lui et par lui que nous avons été enrichis de toutes sortes de biens ? (I. Cor. 1 ). N'est-ce pas de son adorable Cœur que nous viennent le pardon, la paix, l'espérance, les trésors de la grâce et les dons de la gloire ? — Âmes fidèles, approchez de ce sanctuaire d'amour, de ce trône de la miséricorde... O vous, pour qui il a tout fait, vous qu'il avait spécialement en vue lorsqu'il opéra tant de prodiges, bénissez-le (Ps. 133). Que votre cœur lui paie le tribut que tant d'autres lui refusent. Remerciez-le pour les grâces qu'il accorde à tous les hommes ; dites avec l'Église : Oui, Seigneur, il est juste et raisonnable, il est équitable et salutaire de vous rendre des actions de grâce en tout temps et en tout lieu. Que votre vie soit vraiment une vie de reconnaissance. Oui, je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sera toujours en ma bouche(Ps. 33). L'ingratitude tarit la source des grâces, la reconnaissance les fait couler avec plus d'abondance. Si vous voulez vous rendre digne de recevoir de plus grandes grâces, dit l'auteur de l'lmitation, témoignez votre gratitude pour les plus petites (Imit., 2. 10 ).
Rendez grâces avec Marie, et dites avec elle : Magnificat anima mea Dominum. Oui, mon âme, exalte le Seigneur : mon cœur s'est réjoui en Dieu, mon Sauveur.
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
A réformer. — Prières avant et après les repas ; mais surtout faites avec attention l'action de grâces après la sainte Communion. Que de faveurs,sont accordées à ceux qui savent profiter de cet heureux moment, et qui sont refusées aux âmes tièdes et négligentes !
Imit. de J.-C, liv. II, ch. 10. — Liv. III, ch. 22.
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, visite au saint sacrement, pour les Associés.
5
VIE DE SAINTETÉ.
Dieu était en Jésus-Christ se réconciliant le monde. (II. Cor., 5 ).
Jésus désire que pendant ce mois vous remplissiez l'office de Médiateur entre lui et les pécheurs.
I. Prélude. — Représentez-vous le Cœur adorable de Jésus au saint Sacrement, comme l'arche d'alliance où se conclut la paix entre Dieu et les hommes.
II. Prélude. — Seigneur, contemplez votre Christ devenu notre frère, et pardonnez-nous.
1. Jésus est médiateur.—2. En quoi consiste sa médiation. —3. Il veut que je sois médiateur avec lui.
1er Point. — Depuis le péché, le ciel et la terre étaient en guerre. Dieu irrité repoussait la créature rebelle, et la créature révoltée repoussait Dieu.... Terrible division... elle existe encore... voyez le monde... considérez votre propre cœur... Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble, est venu pour réconcilier l'homme avec son Maître. Sa fonction, c'est d'être médiateur (I. Tim. 2). Mais où s'opère cette réconciliation solennelle ?... Le Cœur de Jésus, voilà le point de réunion entre Dieu et son peuple ; voilà le lieu où la miséricorde et la vérité se sont rencontrées, où la justice et la paix se sont embrassées ( Ps. 84). Ce cœur est le cœur d'un Dieu, et c'est le cœur d'un homme ; c'est un cœur infiniment saint, digne par là d'apaiser la divine Majesté, et qui est sans cesse placé entre le ciel et la terre, entre Dieu et le pécheur ; c'est le cœur d'un Dieu qui aime ses frères et désire leur bonheur. Jésus continue dans l'Eucharistie l'œuvre de notre réconciliation, qu'il a commencée pendant sa vie mortelle. C'est là qu'il s'offre sans cesse pour les hommes... pour moi : comme autrefois sur la croix, il scelle le traité d'alliance de son sang précieux. O mon âme, prends confiance : quelque nombreux que soient tes péchés, n'oublie pas que lu as un Sauveur, un Rédempteur, un défenseur. Ecoute Jésus-Christ parlant à sa servante, la V. M.-M. : « Tu dois élever ton cœur et tes mains au ciel, par prières et bonnes œuvres, me présentant continuellement à mon Père comme une victime d'amour, immolée et offerte pour les péchés de tout le monde, me mettant comme un rempart fort et assuré entre sa justice et les pécheurs, afin d'obtenir miséricorde » (Ecr., p. 287). O Jésus ! gardez-moi comme la prunelle de votre œil, protégez-moi à l'ombre de vos ailes ( Ps. 16).
II° Point. — L'office du médiateur est d'accorder deux parties divisées. C'est ce que fait Jésus-Christ : il rend l'homme à Dieu son maître ; il rend Dieu à l'homme, destiné à le posséder, à l'aimer. Double bienfait également précieux... Gloire à Dieu... paix aux hommes... l'ordre est rétabli... En Jésus-Christ la nature humaine est purifiée, renouvelée, sanctifiée. Ce divin Sauveur est notre sagesse, notre justice, notre sanctification, notre rédemption (I. Cor. 1). Saint par nature, il est devenu pour moi le principe de la sainteté (Jo. 17). Jésus satisfait pour mes péchés, il m'enrichit de ses mérites, il unit son sort au mien. Ne nous étonnons plus si Dieu nous aime (Jo. 16) ; ni qu'il se donne à nous et demeure en nous (Jo. 14) ; ni qu'il nous regarde comme ses enfants et nous élève à cette sublime condition (I. Jo. 3). Jésus est le lien qui nous unit à son Père ( Eph. 2). Par son Cœur nous aimons Dieu, Per Christum D. N. et Dieu nous aime par le Cœur de Jésus... Voilà notre médiateur. Voulez-vous l'imiter ? écoutez : « La vraie disposition de celui qui remplit cet office, c'est l'oubli de soi-même et de tout intérêt humain » ( P. 369 ) ; que ceux qui vivent (de la vie de la grâce), ne vivent plus, pour eux ; mais qu'ils consacrent leur vie à celui qui est mort et ressuscité pour leur salut (II. Cor. 15).
IIIe Point. — Jésus-Christ veut me rendre participant de sa divine médiation (II. Cor. 5 ). Mais que ferai-je pour cela ? Je tâcherai de porter mes frères à l'amour de Jésus-Christ. Je solliciterai cet aimable Sauveur de pardonner aux pécheurs. Je défendrai la cause de Dieu auprès des hommes, je prendrai en main les intérêts des hommes auprès de Dieu. O la belle mission ! combattre et détruire le péché, faire aimer et pratiquer la vertu et prêcher plus encore par l'exemple que par la parole, voilà le devoir du médiateur. Regardez l'autel et apprenez de Jésus-Christ à le remplir. Soyez un médiateur fidèle, car notre Seigneur assure qu'il sera le vôtre (V. M. M.). Mais souvenez-vous que pour apaiser la colère de Dieu il faut lui être agréable (S. Bern.) C'est pourquoi au commencement de ce mois purifiez votre conscience de tout ce qui pourrait la souiller, en vous approchant avec les dispositions les plus parfaites du sacrement de Pénitence. Votre cœur étant plus pur, vos prières seront aussi plus puissantes auprès de Dieu ; quand il verra en vous l'image de son Fils, il vous accordera volontiers les grâces que vous lui demanderez en son nom pour les pécheurs.
Nous avons besoin d'un médiateur auprès de Jésus médiateur : point de plus utile que Marie, dit saint Bernard.
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
Pendant ce mois, réformez-vous sur l'usage de vos sens, et principalement des yeux : modestie ; que de distractions, de tentations, de fautes évitées par là ! que d'actes de vertus pratiquées.
Imit. de J.-C, liv. I, ch. 7. — L. II, ch. 3.
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, acte de consécration pour les Associés.
6
VIE DE RECUEILLEMENT ET D'HUMILITÉ.
Parlez, Seigneur, car votre serviteur écoute. (l. Reg. 3).
O mon adorable Maître, que ferai-je pendant ce mois pour vous plaire ?
— Mon enfant, sois le disciple de mon divin Cœur, imite mon humilité.
1er Prelude. — Entrez en esprit dans le tabernacle où Jésus, seul et oublié de ceux qu'il est venu sauver, passe dans un humble silence des années et les siècles sans que les hommes fassent attention à lui.
II° Prélude. — 0 Jésus ! doux et humble de cœur, donnez-moi un cœur semblable au vôtre.
1. Le cœur de Jésus, modèle d'humilité. — 2. Maître et docteur de l'humilité. — 3. source de la vraie humilité.
Ier Point. — De tous les devoirs imposés à la créature, le plus indispensable est la connaissance et l'aveu de son néant. De toutes les vertus, la plus nécessaire à l'homme, au pécheur, c'est l'humilité... Ce fut par excellence la vertu du Cœur de Jésus... Par son incarnation, ce divin Sauveur s'est placé dans un état d'abaissement, ou pour mieux dire d'anéantissement.. Mais de ce premier degré d'humiliation il a voulu descendre encore plus bas... Ce n'a pas été assez pour lui de naître dans une étable, d'être compté parmi les pauvres, de vivre inconnu, méprisé, calomnié, traité comme un insensé ; il a voulu mourir sur une croix entre deux scélérats, comme un insigne malfaiteur... Aux abaissements du Calvaire pouvait-il ajouter quelque chose ?... Son amour et sa sagesse lui en ont fourni le moyen... Dans l'Eucharistie, il s'est rapproché du néant autant qu'il était possible de le faire... C'est ainsi qu'il honore Dieu, et qu'au nom de tous les hommes, il pratique dans toute sa perfection l'humilité qui convient à la créature... Humilité de l'esprit... J'enseigne, dit-il, ce que mon Père m'a appris (Jo. 8). Humilité du jugement : Je juge selon ce que mon Père me fait entendre (Joan. 5, 30). Humilité du cœur et de la volonté... Je fais toujours ce qui est agréable à mon Père (Jo. 8)... Ce n'est pas ma gloire que je cherche, mais la gloire de celui qui m'a envoyé... Voilà ce qu'a fait Jésus... Est-ce ainsi que je me conduis moi-même ?
IIe Point. — Jésus est disciple à l'égard de son Père... Il est maître par rapport aux hommes..., apprenez de moi, nous dit-il, que je suis doux et humble de cœur... O vous qui désirez honorer le sacré Cœur de Jésus, vous en connaissez désormais le secret... Vous avez appris de sa bouche ce qu'il désire de vous... Chaque circonstance de sa vie nous rappelle cette leçon, son Évangile nous l'inculque à chaque page.. Voulez-vous être véritablement son disciple ? soyez humble, soyez doux. Contemplez ce divin Maître, enseveli dans les saints tabernacles comme dans un tombeau, sans action apparente, sans puissance, sans gloire extérieure... O mon Dieu ! que mes sentiments sont différents des vôtres !... Je désire, je recherche l'estime et l'amour des créatures, quoiqu'au fond je sache bien que je ne les mérite pas... Je fuis les mépris et les humiliations, quoique je convienne qu'ils me sont dus... Écoutez, ô vous qui prétendez aimer Jésus-Christ, et gravez ces paroles dans votre âme : Son Cœur si humble ne peut être dignement honoré que par des cœurs humbles... Celui qui se connaît bien ne trouve pas difficile de se mépriser... Il lui est aisé de regarder les autres comme lui étant supérieurs... Réfléchissez sérieusement, et voyez si ce sont là vos sentiments.
III° Point. — Ce n'est pas assez pour Jésus-Christ, de nous donner l'exemple et la leçon de cette vertu..... A la force de l'exemple, à l'autorité de la parole, il ajoute la grâce qui en facilite la pratique ; son Cœur est la source de l'humilité, comme il en est le modèle. Ne craignez pas, semble-t-il nous dire, cette humilité que je vous prêche n'est point une humilité triste et chagrine, mais au contraire une humilité que l'on aime, une humilité de cœur... Elle ne portera pas dans vos âmes le trouble et l'inquiétude, mais la paix et la joie... Venez à l'école de mon Cœur : le maître qui vous donne le précepte donne aussi la force nécessaire pour l'accomplir avec amour... Venez à moi, nous dit-il, et je vous soulagerai. O sainte, ô précieuse humilité ! soyez désormais la règle de mes sentiments et de mes affections... Imiter Jésus-Christ, porter ses livrées, partager ses humiliations : voilà quelle sera désormais toute mon ambition... J'aimerai à être ignoré et compté pour rien... Je choisirai autant qu'il me sera possible la dernière place, et laisserai à mes frères ce qu'il y a de meilleur... Je serai fidèle à mes pratiques d'humilité, et m'en acquitterai dans un esprit de foi. Le disciple ne doit pas être au-dessus du maître : (Luc. 6)
Disciple de Jésus, sachez que son Cœur sacré prend un grand plaisir à enseigner ceux qui désirent profiter à l'école de son saint amour... Le devoir du disciple, c'est le recueillement pour écouter son maître et la docilité pour accepter ses enseignements. Parlez, Seigneur, votre serviteur écoute.
Enfant de Marie, regardez votre mère ; avec quel soin elle conservait dans son cœur les paroles qu'elle avait entendues et les méditait (Luc. 2...)
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
A réformer. —Pratique du silence quand il faut le garder ; silence de paroles, silence d'action, silence extérieur, intérieur surtout.
Imit. de J.-C, liv. I. ch. 3. — Liv. III, ch. 14
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, veni Creator, pour les Associés.
7
VIE D'0DÉISSANCE.
0 Seigneur, je suis votre serviteur et le fils de votre servante. (Ps. 115).
Vous honorerez pendant ce mois, le Cœur de Jésus menant une vie d'obéissance.
1er Prélude. — Représentez-vous Jésus-Christ dès son entrée dans le monde, s'offrant à son Père par ces paroles : Me voici, mon Dieu : votre loi est gravée au milieu de mon cœur (Ps. 39).
II° Prélude. — Enseignez-moi, Seigneur, à faire votre volonté, car vous êtes mon Dieu (Ps. 142).
1. Obéissance de Jésus. — 2. Qualités de l'obéissance de Jésus. — 3. Quelle doit être ma dépendance à son égard.
1er Point. — S'il n'est pas de vertu plus nécessaire à l'homme que l'obéissance, il n'en est pas aussi qui soit si mal pratiquée... Être soumis à Dieu, c'est une obligation qui découle : 1° de la nature même de cet Être souverain... Il est notre Maître ; 2° de la condition de l'homme relativement à son Créateur... je suis votre serviteur (Ps. 118)... je suis votre serviteur ; 3° de la volonté divine, règle essentielle de tout bien, à laquelle l'homme doit se conformer, s'il ne veut être victime des dérèglements de son cœur... Ôtez la propre volonté, dit saint Bernard, il n'y aura plus d'enfer.... C'est pour suppléer au défaut d'obéissance des hommes, que Jésus s'est revêtu de la forme d'esclave, et qu'il a voulu en remplir les devoirs. Son Cœur est dans une dépendance parfaite et continuelle des volontés de son Père.. Je fais selon que mon Père m'a ordonné (Jo. 14)... Il est attentif au moindre signe de cette volonté sainte... Il fait de l'obéissance sa vie et son aliment...
Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé (Jo. 4). Regarde, mon âme, ton Maître et ton modèle.. Ne seras-tu pas toi-même soumise (Ps. 61) ?... malgré les peines, les souffrances, les contrariétés... Oui mon Dieu, je l'ai voulu (Ps. 39)...
II° Point. — L'obéissance du Cœur de Jésus fut continuelle et de tous les instants.. (Jo. 8)... Elle fut universelle et s'étendit à tout... Elle fut héroïque et portée au plus haut degré de générosité : il fut obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix.. Elle s'étendit aux créatures, non seulement à Marie et à Joseph ; mais à ses juges, à ses bourreaux... Elle avait son principe dans l'amour... Afin que le monde sache que j'aime mon Père, et que je lui obéis exactement, levez-vous, etc. (Jo. 14).. Enfin, il a voulu la rendre perpétuelle jusqu'à la fin des siècles, par le mystère de l'Eucharistie , où il est dans une dépendance absolue et complète du prêtre. Oh ! que Jésus sait bien obéir !... Mon Dieu ! quel exemple vivant et subsistant au milieu du monde, qui n'y pense pas, qui n'en profite pas ! Mais quel sujet de confusion pour moi-même ! Que de défauts dans mon obéissance ! Quelle faiblesse dans les difficultés ! Quelle répugnance de la part de la nature !.. Cependant est-il un maître plus grand, plus aimable, plus digne d'être servi que Dieu ? Le servir, c'est régner.
IIIe Point. — De même que Jésus reçoit l'impulsion de son Père, ainsi je dois la recevoir de Jésus (Jo. 20)... Son cœur doit être le principe de vie, de mouvement et d'action pour mon cœur : c'est à lui qu'il appartient de régler mes affections, de purifier mes intentions, de régner sur mes puissances, d'en diriger tous les actes... A moi d'obéir dans les choses pénibles comme dans celles qui sont agréables, dans les petites comme dans les grandes... Toujours prêt à exécuter, à entreprendre tout ce qu'il voudra, à souffrir, à accepter tout ce qu'il m'enverra. Serviteur de Dieu...Servus Dei... Serviteur de Jésus, Servus Jesu Chisti... voilà le titre dont je veux me glorifier... J'irai souvent m'offrir à mon divin Maître présent au saint Sacrement, pour recevoir ses ordres... Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?... Me voici parce que vous m'avez appelé. Dès le matin, je m'offrirai à lui pour exécuter ses divines volontés... « Jésus prend plaisir au service des humbles de cœur, et donne de grandes bénédictions à leurs travaux » (p. 366)... Fidélité aux petites choses, c'est le grand moyen d'avancer dans la perfection et de recevoir de grandes grâces... ( Matt. 25). »
Voici la servante du Seigneur, s'écriait Marie... qu'il me soit fait selon votre parole. (Luc. 1)... Quel beau modèle de l'obéissance que je dois à Jésus-Christ !
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus , faites que je vous aime de plus en plus.
Réformez-vous dans la manière dont vous obéissez, et surtout corrigez la lenteur dans l'exécution, et combattez les répugnances de la nature et de l'amour-propre.
lmit. de J.-C, liv. I, ch. 9. — Liv. III, ch. 13.
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, Litanies du sacré cœur, pour les Associés.
8
VIE DE SACRIFICE.
Je sacrifierai bien volontiers toutes choses, je me sacrifierai moi-même pour vos âmes. (II. Cor. 12).
Seigneur Jésus, que voulez-vous que je fasse pendant ce mois en l'honneur de votre divin cœur ?
Mon enfant, vous honorerez mon état de sacrifice, vous serez victime avec moi.
Ier Prélude. — Représentez-vous Jésus-Christ comme une victime innocente immolée pour le salut des hommes (Apoc.5).
II° Prélude. — Demandez-lui la grâce de partager sa vie d'immolation, et placez-vous en esprit près de ce divin Sauveur résidant dans nos saints tabernacles.
1. Jésus fut victime dans sa vie mortelle. — 2. Il est victime au Saint-Sacrement. — 3. Il veut être victime dans ses membres.
1er Point. — Jésus fut victime pendant sa vie mortelle. — Placé par sa qualité de médiateur entre la justice de son Père et les péchés des hommes qu'il devait expier, sa vocation, sa mission, sa fin, en un mot, était d'être sacrifié... Il est la victime unique, la seule qui puisse par son immolation apaiser la colère de Dieu. Il est la victime universelle, chargée de satisfaire pour tous les crimes et d'expier tous les forfaits. Aussi, sa vie tout entière ne fut qu'un long et douloureux martyre. Ses souffrances commencèrent aussitôt que son existence mortelle, et du sein de sa mère l'accompagnèrent jusqu'au Calvaire, où il reçut le dernier coup. Il fut victime dans toutes les parties de son corps, tandis que son âme était en proie à toutes sortes d'amertumes... Il fut victime à tous les instants de sa vie. C'est à son Cœur qu'aboutissent tous les traits de la colère de Dieu, c'est sur son Cœur que pèsent toutes les iniquités des hommes...(Is. 53). Âme fidèle, regardez attentivement votre crucifix... étudiez ce livre admirable... réveillez votre foi... O Jésus, est-il bien vrai que pour moi, pour mes péchés, pour mes frères... vous avez sacrifié tout, jusqu'à la dernière goutte de votre sang ? O croix, que de vérités tu me révèles !.. O Cœur de Jésus immolé, brisé pour mon amour, je ne vous aimerais pas !
II° Point. — Jésus est victime sur l'autel. — Par l'oblation du Calvaire, Jésus avait payé toutes nos dettes et nous avait mérité toutes les grâces... Mais voulant nous enseigner la grande leçon du sacrifice, il a trouvé le moyen d'être victime jusqu'à la consommation des siècles, et de continuer sur l'autel, de renouveler sans cesse l'ineffable immolation du Calvaire. Ce n'était pas assez pour lui d'être mort une fois sur la croix, il a voulu se sacrifier en quelque sorte continuellement dans le sacrement de son amour, où il demeure dans un état d'anéantissement et de mort, quoiqu'il soit plein de vie et de gloire. Là aussi la haine des pécheurs saura le trouver et l'immoler. Là aussi leurs mépris, leurs blasphèmes, leurs profanations sacriléges viendront percer son Cœur, et lui faire endurer une nouvelle Passion... O mystère d'ingratitude ! ô mystère d'amour ! ô mystère de dévoûment et d'immolation ! C'est pour ses amis, pour ses ennemis, c'est pour moi que Jésus est victime. Ames fidèles, disciples du Sauveur, après avoir regardé le crucifix, regardez l'autel... chaque jour, à la sainte messe, étudiez la grande, l'importante leçon du sacrifice... regardez et imitez. Aujourd'hui vous aurez quelque occasion de mettre cette leçon en pratique ; préparez votre âme, acceptez d'avance tout ce qu'il plaira à Dieu de vous envoyer : souffrances, contrariétés, peines d'esprit, etc.
IIIe Point. — Jésus veut être victime dans ses membres... Souffrir, être humilié , immolé avec Jésus-Christ, passer ainsi par la mort de la nature à la vie.de la grâce : voilà la grande affaire de l'homme pécheur... voilà le résumé des devoirs du chrétien... Membre de Jésus-Christ, il doit avoir le même sort que son chef, c'est la voie ! qui conduit à la sainteté... c'est le sceau qui doit distinguer son apostolat... c'est le gage certain du bonheur. Dans la croix on trouve le salut, dans la croix on puise la vie, dans la croix on goûte les joies pures et célestes (Imit.) C'est la condition indispensable pour arriver à la gloire : Ce n'est qu'autant que nous souffrons avec lui, que nous sommes glorifiés avec lui (Rom. 81.) Suis-je bien convaincu de cette vérité ?.. Jésus m'appelle à être plus spécialement victime pendant ce mois... Veux-je remplir cet office ? Quelle pénitence m'imposerai-je pour cela ? que demande de moi la grâce ? Les soins que je donne à mon corps ne sont-ils pas excessifs ?... Dans le sommeil, les repas, les délassements, n'ai-je rien à retrancher ? Ne puis-je pas embrasser quelque pratique de mortification extérieure ou intérieure ? Ceux qui sont à Jésus-Christ, dit saint Paul, ont crucifié leur chair avec ses convoitises. » « Que celui qui veut me suivre, dit notre Seigneur, se renonce soi-même et qu'il prenne sa croix. » Examinez-vous sérieusement et réglez avec Dieu, avec votre directeur, ce que vous ferez en cette matière pour imiter Jésus.— Soyez vraiment victime, mais victime par amour. « Offrez-vous à Jésus-Christ pour être en sa présence comme un de ces cierges allumés qu'on brûle en son honneur et qui se consument en servant à la gloire de Dieu (Ecr., p. 255). »
Un glaive transpercera votre cœur, c'est ce qui fui dit à Marie (Luc. 2). — O Mère de douleur, priez pour nous. A Marie surtout il appartenait d'être victime avec Jésus-Christ. — Apprenez d'elle cette importante leçon.
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
A réformer.— La manière d'entendre la messe ; célébrer ou entendre la messe, c'est la plus grande action de la journée. Ne manquez pas d'y assister tous les jours, si vous le pouvez ; mais assistez-y dans un esprit de foi vive.
imitat, de J.c., liv. IV, ch. 8-9.—Liv. III, ch. 50.
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, De profundis, pour les Associés défunts.
9
VIE DE ZÈLE ET DE DÉVOUEMENT.
J'ai été enflammé de zèle pour les intérêts du Seigneur mon Dieu, parce que les pécheurs ont abandonné sa loi. (III Reg. 19).
Pendant ce mois, votre office sera de faire honorer le sacré Cœur de Jésus , et d'exercer le zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes : voilà ce qui doit uniquement vous préoccuper.
1er Prélude. — Représentez-vous ce divin Sauveur vous montrant son Cœur d'où s'échappent les flammes de l'amour. Écoutez ses paroles : Je suis venu apporter le feu sur la terre : que désirai-je , sinon qu'elle en soit embrasée ?
2e Prélude.—Divin Cœur de Jésus, qui nous avez tant aimés, faites que nous vous aimions toujours davantage.
I. Considérez le zèle de Jésus-Christ.-2. Les effets de ce zèle. —3. comment vous devez exercer vousmême le zèle pour l'honneur du sacré Cœur.
Ier Point.—Jésus-Christ est le véritable zélateur de la gloire de Dieu et du salut des hommes... Le zèle naît de l'amour, il en est la conséquence nécessaire... Il a pour objet de procurer le bien de celui que l'on aime, et d'écarter les maux qui le menacent... Le zèle s'efforce d'empêcher l'offense de Dieu, il cherche à le faire connaître, à le faire aimer... La gloire de Dieu, l'honneur des Saints, le soulagement des âmes du purgatoire, la réparation des outrages faits au Seigneur, la conversion des pécheurs, la conservation de l'innocence, la perfection des justes, rien ne lui est étranger... Telle fut l'occupation de Jésus aux jours de sa vie mortelle. Telle est encore son occupation dans la sainte Eucharistie : voilà quel est le désir incessant de son Cœur, et c'est dans ce Cœur adorable que tous les Saints ont puisé le zèle qui les anima. C'est à ce divin foyer qu'ils ont allumé les flammes qui les consumèrent.. Mon Dieu, que ne suis-je moi-même embrasé de ce feu ! Jusqu'à quand désirerai-je autre chose que votre gloire ? Âme tiède et languissante, considérez ce que fait le démon, ce que font ses suppôts pour entraîner les hommes dans l'abîme éternel. — Voyez ce qu'a fait et enduré Jésus-Christ pour les sauver. — Rappelez-vous les travaux et les souffrances des Saints pour le même objet. Qu'attendez-vous pour les imiter et donner à votre Dieu cette marque d'amour ? Avez-vous compris ce que vaut une âme ? Avez-vous considéré ce que c'est qu'une éternité de bonheur ou de malheur ? Cœur étroit et petit, ah ! dilatez-vous, Jésus vous le demande.
II° point. — Qu'a produit dans Jésus-Christ le zèle dont il était animé ? Un mot nous dit tout, et dans son énergique brièveté nous donne la plus haute idée du zèle de notre divin Maître : Le zèle de votre maison, dit-il à son Père, m'a dévoré ; c'est à dire, tout en moi a été consumé par ce feu sacré, tout est devenu la proie de ces flammes divines : rien n'a été épargné. — Il n'a point hésité à sortir, pour le salut des âmes, de son repos éternel en se faisant homme et passible pour nous racheter. — Il a sacrifié au salut des âmes les intérêts de sa gloire, en subissant volontairement toutes sortes d'humiliations. Il a sacrifié au salut des âmes son corps, sa vie, et jusqu'à la dernière goutte de son sang. — Il a sacrifié au salut des âmes ses forces, ses facultés, ses pensées, toutes ses actions, son existence jusqu'à la fin des siècles dans la sainte Eucharistie... C'est ainsi que son zèle l'a dévoré, consumé tout entier. — Le Cœur de Jésus n'a soupiré que pour les âmes... et moi, qu'ai-je fait jusqu'à présent ? Mon temps, mes forces, mes talents ont-ils été employés à une fin si noble ! Ai-je dirigé à ce but les lumières, les grâces que Dieu m'a accordées ? Qu'ai-je fait pour mon Dieu, pour Jésus-Christ, pour les âmes ? Peut-être rien jusqu'ici... Que ferai-je pendant ce mois ?
IIIe Point. — Puisque Jésus vous choisit pour remplir pendant ce mois l'office de zélateur, vous devez vous employer à répandre, à propager la dévotion à son sacré Cœur. Faire connaître Jésus-Christ et l'amour qu'il porte aux hommes, le faire aimer et honorer, quoi de plus juste, quoi de plus raisonnable, quoi de plus utile aux âmes, quoi de plus glorieux pour vous ? Ce zèle, vous l'exercerez surtout par l'accomplissement exact des devoirs de votre état dans un but de charité ; vous l'exercerez par un travail assidu et sérieux, entrepris pour la gloire de Dieu. — C'est par les œuvres plus particulièrement qu'il faut prouver son amour... Car partout où l'amour existe, dit saint Grégoire, il opère de grandes choses. Écoutez ce que disait ce divin Sauveur à sainte Thérèse : Désormais, comme une véritable épouse, vous prendrez en main les intérêts de ma gloire (Off. S. Th.) C'est la mission qu'il vous donne. Souvenez-vous des promesses que ce divin Sauveur à faites à ceux qui travailleraient de tout leur pouvoir à faire connaître et aimer son adorable Cœur. Chaque jour, faites au moins un acte de zèle en l'honneur du sacré Cœur ; animez vos actions par ce motif. O Jésus, je veux travailler, souffrir et mourir pour vous, qui avez bien voulu naître, mourir et ressusciter pour moi.
Après Jésus, le foyer du zèle le plus ardent, c'est le Cœur de Marie... le zèle des Saints n'est rien en comparaison de celui dont elle est embrasée. O Reine des Apôtres, priez pour nous.
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
A réformer. — Le travail et la manière de s'en acquitter. De la générosité, un saint dévouement dans les devoirs de votre état.
imit. de J.-C, liv. I, ch. 18. — L. III, ch. 47.
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, magnificat, pour les Associés.
10
VIE DE FOI.
Jésus désire que, pendant ce mois, vous viviez de la vie de foi, d'une vie toute surnaturelle.
1er Prélude.—Représentez-vous le Cœur sacré de Jésus au Saint-Sacrement, comme le miroir fidèle de toutes les vertus et le modèle parfait que vous devez imiter (Exod. 85).
2e Prélude. — Seigneur, créez en moi un cœur pur, donnez-moi un esprit droit (Ps. 50).
Dans le Cœur de Jésus, nous trouvons : 1. Le principe. — 2. Le modèle de la vie surnaturelle. — 3. Le moyen de parvenir à cette vie.
1er Point.—Le Cœur de Jésus est le principe de la vie surnaturelle... Le premier homme formé du limon de la terre est tout terrestre (I. Cor. 15). Ses enfants lui ressemblent. Depuis le péché, la vie des sens a succédé à la vie de l'esprit, la grâce a fait place à la nature corrompue, et l'âme qui devait commander au corps est devenue son esclave...
O Dieu! quel universel dérèglement règne dans le monde ! Quelles affreuses ténèbres tiennent les hommes endormis dans les bras du péché, dans les fausses joies des passions ! D'après quels principes se conduit-on ? que recherche-t-on ? qu'ambitionne-t-on dans le monde ?... Enfants des hommes, jusqu'à quand votre cœur sera-t-il appesanti ? jusqu'à quand aimerez-vous la vanité et chercherez-vous le mensonge (Ps. 4) ? Ce désordre, je le trouve dans mon propre cœur, dans mes pensées, mes désirs, mes jugements, mes affections... Aveugle que je suis, j'estime, j'aime ce que je devrais mépriser et haïr ; je crains, je fuis ce que je devrais rechercher... Mais voici Jésus qui se présente.... Devant lui les ombres disparaissent... Je suis, dit-il, la lumière du monde ; celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres(Joan. 8). Son Cœur nous est offert comme le principe de notre rénovation... C'est sur ce Cœur que le mien doit être réformé, renouvelé... Je vous donnerai, dit le Seigneur, un cœur nouveau (Ezech. 36). Mais, pour recevoir ce cœur nouveau, il faut d'abord enlever le vôtre, ce cœur de pierre, ce cœur froid et insensible, ce cœur gâté et corrompu... Créez en moi, ô mon Dieu, un cœur pur, donnez-moi un esprit droit. Éclairez-moi de votre lumière. Faites que je voie. Que je considère tout des yeux de la foi... En agir autrement, c'est marcher dans les ténèbres... en suis-je bien convaincu ?... O quelle réforme à opérer dans son cœur !
II° Point. - Le Cœur de Jésus m'offre le modèle de la vie surnaturelle que je dois mener. Ce que fut Jésus, le second Adam, nous devons l'être, nous qui sommes ses enfants (I. Cor. 15). Or, quelles sont les pensées et les jugements de Jésus ? Quels sont les désirs et les affections de son Cœur ? Que pense-t-il du monde, des biens de la terre, des honneurs, des plaisirs, de la pauvreté, de la souffrance, des humiliations ? Que m'enseigne là-dessus son Évangile ? Que me prêche sa vie, sa Passion ? Que proclame-t-il du fond des tabernacles où son amour le retient captif ? Qu'est-ce que je lis dans son Cœur, dans ce livre admirable, résumé de toute la perfection ?... Malheur au monde ! malheur à vous, riches.,.. Bienheureux ceux qui souffrent... ceux qui sont persécutés... Que sert à l'homme de gagner tout l'univers, s'il vient à perdre son âme ? Une seule chose est nécessaire... O mon âme croyez-vous ces vérités ? Les mettez-vous en pratique ?... Le Cœur de Jésus, mort à toutes les choses périssables, étranger pour ainsi dire sur la terre, ne vit que pour Dieu... Je dois l'imiter... De même que nous avons porté l'image de l'homme terrestre, portons aussi l'image de l'homme céleste (I. Cor. 15). Ne nous attachons donc pas aux apparences, mais à la réalité connue par la foi, car les choses qui tombent sous les sens sont temporelles, et celles qui ne se voient pas sont éternelles (II. Cor. 4).
IIIe Point. — La dévotion au Cœur de Jésus et le moyen de parvenir à la vie de la foi. « Les trésors de bénédictions et de grâces que ce sacré Cœur renferme, dit la V. M. Marie sont infinis. Je ne sache pas qu'il y ait nul exercice de dévotion dans la vie spirituelle qui soit plus propre pour élever en peu de temps une âme à la plus haute perfection, et pour lui faire goûter les véritables douceurs qu'on goûte au service de Jésus-Christ... » (Ecr,. p. 224). Honorez ce divin Cœur, et bientôt à la dissipation succèdera le recueillement... Rentrez en vous-mêmes, prévaricateurs, revenez au Cœur de Jésus (Is. 46). Honorez ce divin Cœur ; et bientôt, rougissant de vous trouver si différents de lui dans vos sentiments, vos affections, vos désirs, vos intentions, vous vous efforcerez de combattre l'opposition qui existe entre les dispositions de votre cœur et les siennes : honorez le Cœur de Jésus, et vous vous accoutumerez à aimer ce qu'il aime, à estimer ce qu'il estime... Ce Cœur deviendra non-seulement la règle du vôtre, mais il deviendra pour ainsi dire votre propre cœur, et vous trouverez en lui une vie nouvelle, sainte, surnaturelle, divine : Dieu le veut... Telle est la fin de cette dévotion ; tel est le fruit qu'elle doit produire en vous.... c'est la perfection à laquelle vous devez aspirer. O vie précieuse, seule véritable vie du chrétien, du religieux, du prêtre... vie du juste ! (Hebr. 10). Que ce soit la mienne !... Pour cela je combattrai la vie de la routine, la vie des sens et dela nature, et je m'accoutumerai à juger de tout d'après les lumières de la foi... Examinez en combien de vos actions se glisse cette vie de la nature , cette vie des sens...
Voulez-vous voir la parfaite image de Jésus ? Regardez Marie : qu'elle soit aussi votre modèle, puisqu'elle est votre Mère. C'est par un homme et une femme dit saint Bernard, que toutes choses ont été rétablies (Serm. 12).
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
Réformez vos conversations et la manière dont vous prenez vos récréations... Que de paroles imprudentes, futiles, exagérées, vaines !... Soyez le modèle de vos frères.
lmit. de J.-C, liv. III, ch. 9, 54.
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, Pater noster, Ave, credo, pour les Associés.
11
VIE DE CONFIANCE.
Le Cœur de Jésus demande que vous honoriez, pendant ce mois, sa bonté et sa miséricorde.
1er Prélude. Représentez-vous le divin Sauveur du fond des Tabernacles, où il a établi le trône de sa miséricorde, vous montrant son Cœur comme la source des grâces, et vous adressant ces paroles : venez à moi, vous tous qui êtes dans la peine et l'affliction, et je vous soulagerai.
2° Prélude. — 0 Jésus ! soyez mon protecteur, le lieu de mon refuge, et sauvez-moi (Ps. 36.)
Trois choses font mon tourment : 1. les regrets du passé ; 2. les peines du présent ; 3. les craintes de l'avenir. A tous ces maux, le Cœur de Jésus m'offre un remède efficace.
1er Point. — Dans le cœur de Jésus, je trouve la confiance du pardon. Oui, quels que soient le nombre et la grièveté de mes fautes, j'ouvre mon cœur à l'espérance, en entendant ces aimables paroles sorties de la bouche de Jésus-Christ : Venez à moi, vous tous qui êtes dans la peine, et je vous soulagerai (Matt. 11). Venez, pécheurs, venez tous... Je ne veux pas la mort de l'impie, mais plutôt qu'il se convertisse et qu'il vive... Je ne suis pas venu appeler les justes, mais tes pécheurs... Ceux qui se portent bien n'ont que faire du médecin, ce sont les malades qui en ont besoin... Voilà les paroles de Jésus... O douce assurance ! O paroles véritables !... Le ciel et la terre passeront, mais vous ne passerez pas... Ce langage, Jésus me le tient du fond de ses saints tabernacles : il le fait entendre à mon cœur... L'autel est le divin propitiatoire où nos péchés sont lavés dans le sang de la victime... Chaque jour, à chaque instant, le sacrifice est offert : les veines de Jésus sont encore ouvertes... Des torrents de grâces coulent de l'autel sur le monde entier... Mon âme en est lavée, purifiée, renouvelée. Ah ! Seigneur, que vous êtes bon ! je respire au souvenir de votre bonté J'espère en vous, et mon espérance ne sera pas confondue... Espérer en vous, c'est vous honorer, c'est honorer votre amour, c'est rendre à votre cœur un hommage qui lui est dû. Vos péchés vous sont par donnés, allez en paix (Marc. 2). O mon âme, goûtez cette délicieuse parole ; et, déchargée du poids accablant de vos péchés, servez Dieu avec joie.
IIe Point. — Mais notre vie est marquée par bien des épreuves, bien des souffrances, bien des amertumes... Dans le Cœur de Jésus, je trouve ma consolation et la force dont j'ai besoin pour les endurer avec patience et courage... Voici, mon Dieu, mon Sauveur ; j'agirai avec lui en toute confiance et je ne craindrai pas (Is. 12). Oh ! qu'elles sont nombreuses les peines qui affligent l'homme ici bas ! Maladies, infirmités, pauvretés, tentations, contrariétés, persécutions, lutte incessante contre nos passions... Nous ne sortons d'une peine que pour entrer dans une autre, et les épines semblent naître et se multiplier sous nos pas. .Le chemin de la vie est vraiment un long chemin de croix... O mon Dieu, que cette vie est triste ! Quelle sera ma consolation et ma force dans cette terre de misère ?... Ah ! Jésus s'est fait le compagnon de mon exil ; pour me rendre mon sort supportable, il a voulu le partager. Pour nous communiquer la force qui nous est nécessaire, il s'est fait notre aliment.. Voulant satisfaire pour nos péchés et prendre sur lui les châtiments qui nous étaient réservés, il a enduré la mort que nous avions méritée ; il souffre pour nous apprendre à souffrir ; et, du haut du ciel où il règne, il nous encourage par la vue de la couronne et l'assurance de la récompense. Que de motifs de confiance ! Il a souffert comme moi, plus que moi, pour moi... Me plaindrai-je ?
Oh ! non : je veux souffrir avec Jésus... comme Jésus, pour Jésus... O mon âme ! regarde la croix, regarde l'autel, regarde le Cœur de Jésus : cela suffit, courage. Allons et mourons avec lui... (Joan. 11).
III° Point. — Cependant, ne nous le dissimulons pas, le fardeau le plus lourd pour celui qui veut sincèrement servir Dieu, c'est le sentiment de sa propre faiblesse, de sa tiédeur, de sa lâcheté, de son inconstance... C'est là, Seigneur, ce qui m'épouvante pour l'avenir. Mais ici encore le Cœur de Jésus vient à mon secours. De moi-même, il est vrai, je ne puis ni éviter le péché, ni pratiquer la vertu... Jésus me l'a dit : Sans moi vous ne pouvez rien ; mais il a dit aussi : Ayez confiance, j'ai vaincu te monde.. Toute puissance m'a été donnée au ciel et sur la terre ; et voilà que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles.. Ce qui est impossible à l'homme, est facile à Dieu... Tout est possible à celui qui a confiance... Âmes faibles et pusillani mes, méditez ces paroles : qu'elles fassent votre consolation... Pour honorer le Cœur de Jésus pendant ce mois, promettez-lui de ne pas vous décourager après vos fautes, quelque nombreuses qu'elles puissent être, mais de vous relever avec confiance et amour. Acceptez dès le matin toutes les peines de la journée, et pénétrez-vous bien de cette pensée de l'apôtre saint Paul : Je puis tout en celui qui me fortifie. « Faites votre demeure dans le Cœur adorable de Jésus, disait la V. M.-M. ; vous y trouverez le remède à vos maux, la force en vos faiblesses et votre refuge en toutes vos nécessités » [Ecr., p. 214).
N'oubliez pas celle que l'Église appelle notre espérance... Par elle, dit saint Bernard, le malade reçoit sa guérison, l'affligé sa consolation, te pécheur son pardon... Je vous salue, ô notre Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur, notre espérance, je vous salue : Salve, regina. Mater misericordia, vita, dulcedo , spes nostra, salve.
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
Réformez vos examens de conscience, et approchez-vous du saint Tribunal avec plus de confiance et d'amour : par là, n'en doutez pas, vous aurez aussi plus de contrition.
liait, de J.-C, I. III, ch. 30, 57.
Pratique.—Chaque jour communion spirituelle, actes de foi, d'espérance et de charité, pour les Associés.
12
VIE D'AMOUR.
Dieu est charité. (1. Joan. 4).
Jésus désire que, pendant ce mois, vous meniez une vie d'amour en union de celle qu'il mène dans le Saint-Sacrement.
1er Prélude. — Représentez-vous son divin Cœur comme un soleil répandant partout sa chaleur vivifiante et ses saintes ardeurs.
2° Prélude. — Priez-le de vous communiquer un peu de son amour. Le Cœur de Jésus nous apprend : 1. A aimer Dieu. — 2. A aimer le prochain. — 3. Il doit être l'objet de notre amour.
1er Point. — Amour du Cœur de Jésus pour Dieu, modèle de notre amour. Dieu est charité... Il aime ses créatures, il mérite souverainement d'en être aimé, et cependant, il ne trouvait sur la terre que froideur et indifférence... Son amour était méprisé, et ses divines perfections méconnues... Anges saints, vous l'aimiez ; mais l'homme ingrat l'oubliait et l'offensait. Vous l'aimiez, Anges saints, mais qu'était-ce que votre amour pour un Dieu ? Venez, ô Jésus : vous seul pouvez aimer dignement celui qui mérite d'être infiniment aimé. Que faisait Jésus-Christ aux jours de sa vie mortelle ? il aimait... Que fait-il dans sa vie eucharistique ? il aime, et son Cœur adorable accomplit, au nom de tous les hommes, le grand commandement... Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces (Matth. 22). Autour de lui règne l'indifférence... Dieu n'est point aimé des hommes... Ingrat ! celui qui t'a donné tout ce que tu possèdes, qui t'a fait ce que tu es, ne mérite-t-il pas ton amour ? A qui veux-tu le donner ?... Écoute ton Seigneur et ton Père : Mon enfant, donne-moi ton cœur. O douce invitation, aimable commandement !... Il est à vous mon cœur, ô mon Dieu. Mais, je le comprends, ce n'est pas assez de ce misérable cœur pour vous... Je veux vous aimer par Jésus-Christ, je veux vous aimer avec Jésus-Christ. Je trouve dans son Cœur le divin supplément offert à mon impuissance. Je commencerai dès maintenant la vie d'amour que je dois continuer pendant toute l'éternité... Ma devise sera : Tout par amour, rien par force.
IIe Point. Amour de Jésus pour le prochain, modèle de l'amour que nous devons avoir pour nos frères... Pourquoi le Fils de Dieu s'est-il fait homme ? Quelle fut la raison de ses actions, de ses souffrances, de sa vie et de sa mort ?... Pourquoi a-t-il voulu demeurer avec nous sous les espèces eucharistiques ?... Pourquoi le dénuement de l'étable, les tourments du Calvaire, les anéantissements de l'autel ? A toutes ces questions et à bien d'autres, une seule réponse : Il m'a aimé et il s'est livré pour moi (Gal. 2). Oui tous les mystères de son enfance, de sa vie publique, de sa vie souffrante et glorieuse, tout cela est pour moi (S. Ign.).. O hommes, venez apprendre à vous aimer les uns les autres... Écoutez le précepte du Maître : « Mon commandement, dit-il , est que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous aime moi-même (Joan. 15). Voyez comme il vous a aimés et jusqu'à quel excès son amour s'est élevé... Comprenez ce qu'il demande de vous : que vous vous aimiez comme il vous a aimés. Si Jésus-Christ, dit saint Jean, a sacrifié pour nous sa vie, nous devons aussi être prêts à sacrifier la nôtre pour nos frères (I. Joan. 3). Entendez-vous ? Sacrifier votre vie... Dieu ne demandera pas tant de ma faiblesse... Mais pratiquer la douceur et la patience... souffrir les contrariétés... prier pour les pécheurs... assister les malheureux, sacrifier mes goûts et mes inclinations aux volontés des autres ; me montrer en toutes rencontres affable, honnête et prévenant ; et bien loin de blesser le prochain par mes paroles, lui rendre toutes sortes de bons offices : voilà ce que je puis faire... Est-ce là ce que je fais ? Je veux pendant ce mois me réformer sur ce point pour plaire à Jésus-Christ.
IIIe Point. — Aimer Dieu par Jésus-Christ et son Cœur adorable, aimer le prochain comme Jésus l'a aimé : voilà mon devoir. Mais je dois pour cela aimer ce divin Sauveur et m'unir à son sacré Cœur... Jésus est mon Rédempteur, il est mon ami, mon frère, il est mon époux et mon père... Il est tout pour moi... Si quelqu'un, dit saint Paul, n'aime pas Jésus-Christ, qu'il soit anathème... Il faudrait, s'il était possible, l'aimer autant qu'il nous a aimés lui-même... Du moins que notre amour soit solide, efficace, sincère... Qu'a fait Jésus pour moi ? Qu'a souffert Jésus pour moi ? De quelles grâces ne m'a-t-il point comblé ? De quels maux ne m'a-t-il pas préservé ! Quels bien ne m'a-t-il pas donnés, mérités et promis ! Mon Sauveur, que de motifs de vous aimer ! Ah ! s'écriait saint Bonaventure, l'amour m'environne de toutes parts et je ne sais encore ce que c'est que l'amour. Cependant, disait la Vén. Marg.-M. : L'amour ne veut point d'un cœur partagé : il veut tout ou rien... Voulez-vous savoir si vous aimez véritablement Jésus-Christ ?... Voyez si vous êtes fidèle à accomplir sa sainte volonté : c'est la règle infaillible qu'il nous a donnée lui-même et qui ne saurait nous induire en erreur, « Celui qui garde mes commandements, dit-il, c'est celui-là qui m'aime (Joan. 14). » Le sentiment nous trompe souvent, les œuvres ne nous trompent pas.
Pour honorer plus dignement Jésus-Christ, unissez-vous à Marie : Elle a plus aimé que tous les Saints ensemble, dit saint Bonaventure (Spec, c. 6). L'amour de Marie et les ardeurs de son cœur immaculé suppléeront à votre froideur.
Oraisons Jaculatoires. — Loué et remercié soit à chaque instant et à jamais Jésus-Christ au saint Sacrement de l'autel. — Cœur très-doux de Jésus, faites que je vous aime de plus en plus.
A réformer. — La manière dont vous vous approchez de la sainte Table. — Les fruits de ce sacrement en vous seront proportionnés à vos dispositions.
Imit. de J-C, liv. II, ch. 7. — Liv. III, ch. 5.
Pratique. — Chaque jour, communion spirituelle, visite ou saint sacrement, pour les Associés.