• Le mois de saint Joseph : 8 mars

     
     

    Le mois de saint Joseph

    8 mars

     

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    Source : Livre  "Mois de Saint Joseph : composé de trois neuvaines et un triduum pour tous les jours du mois de mars" par Alexis Lefebvre

     

    HUITIÈME JOUR

    LA SIMPLICITÉ

    — DEUXIÈME VERTU —

     

    Il aime à s'entretenir avec les simples. (Prov. m, 32.)

    Voilà une petite vertu charmante et qui ravira votre cœur, si vous l'étudiez avec amour dans la vie de saint Joseph, si vous la contemplez à Nazareth, et dans les trois mystères que nous avons déjà médités.

    La simplicité ; tout le monde aime cette vertu ; Dieu la chérit et ne veut jamais parler qu'aux âmes simples ; les hommes aussi n'estiment que ces esprits droits et ces caractères sans feinte. Mais hélas ! qu'il y en a peu sur la terre, où tout est composé, faux, artificiel !

    On peut dire que la simplicité était un des caractères distinctifs de la sainteté du chef de la Sainte famille, notre puissant protecteur. C'est comme le trait principal de cette douce et noble figure. Si une image, si une statue de saint Joseph n'avait pas ce ton de vraie simplicité, elle ne dirait rien au cœur fidèle ; on n'irait pas prier à cet autel, et tout le monde dirait, en détournant les yeux : Ce n'est pas un saint Joseph ! Cette statue, fût-elle du marbre de Paros le plus pur et le chef-d'œuvre d'un grand artiste, ne fera jamais de miracle... Saint Joseph a été par excellence un homme simple et droit : vir simplex et rectus (Job, I, 1).

    Deux points, comme dans l'exercice précédent. I. Apprendre à connaître et à aimer cette vertu. II. Apprendre à la pratiquer, en imitant saint Joseph.

     

    I. Comment définir la simplicité ?

    Il est plus facile de sentir, de goûter ce sentiment parfait d'une âme pure que de l'exprimer.

    La simplicité, c'est la marque d'un caractère droit, qui évite la recherche, les déguisements et la ruse. C'est la naïveté du cœur.

    Une âme simple dit ce qu'elle pense, et croit ce qu'elle dit.

    Voyez un enfant, comme il est simple et naturel dans ses pensées, dans l'expression de ses sentiments, dans ses actions même ! Il ne dissimule, il ne cache rien, et c'est pour cela qu'on l'aime tant.

    Mais savez-vous pourquoi souvent on dit que les enfants sont terribles : c'est précisément parce qu'ils n'ont pas l'esprit du monde, et qu'ils parlent tout simplement ; ils vous compromettent en répétant ce qu'ils ont entendu.

    J'ai dit que Dieu lui-même ne peut s'empêcher d'aimer cette belle vertu, et voici la raison : Dieu est simple dans son essence, ainsi que l'enseigne l'école de théologie, et comme le prouve la philosophie naturelle ; il est la vérité et l'amour ; aussi ne peut-il converser et s'entendre qu'avec les âmes pures et simples : Et cum simplicibus sermoeinatio ejus. Jésus-Christ a non seulement loué, exalté les œuvres des cœurs droits, mais il a montré l'action et la vertu de cette pureté d'intention sur la vie entière des hommes, qu'elle justifie pleinement à ses yeux : Si oculus tuus fuerit simplex, totum corpus tnum lucidum erit (Matth., vi, 22). Aussi n'a-t-il voulu auprès de sa personne sacrée que des âmes simples, Marie, Joseph ; et, plus tard, ses apôtres, tous pauvres et simples dans leurs mœurs et leurs habitudes.

    Si vous avez étudié la vie des saints, il est impossible que vous n'ayez pas remarqué le même caractère de simplicité, dans ceux que le ciel a comblés de ses plus grandes faveurs, comme saint François d'Assise, saint François de Sales et tant d'autres.

    On pourrait même dire que les grâces extraordinaires dont ils furent prévenus, étaient en proportion de la simplicité de leur cœur, tant il est vrai que le Seigneur aime cette vertu, et qu'il se plaît à s'entretenir avec ceux qui en sont doués : Et cum simplicibus sermocinatiu ejus.

    Mais ce qui pourrait bien autrement nous étonner, après ce qui a été dit, c'est que le monde lui-même ne peut s'empêcher d'estimer aussi et d'aimer la simplicité ; le monde, dis-je, qui est si faux et si menteur : tolus in maligno positus est (I Joan., v, 19). Il est charmé, quand, par hasard, il rencontre une âme de ce caractère, et l'image même de cette douce vertu. C'est comme un diamant qu'on verrait briller dans la boue, et qu'on admire avec plus de bonheur.

    Ainsi les récits bibliques de la vie des patriarches, et la simplicité de ces mœurs antiques ravissent les esprits et charment les cœurs.

    La parole de Dieu, si simple au livre de l'Evangile, touche l'âme des impies eux-mêmes, quand ils savent encore lire et comprendre.

    Le pauvre philosophe de Genève était dans ce cas, et il avait plus de sincérité que certains incrédules de nos jours, quand il disait avec admiration : « La majesté, la simplicité de l'Évangile parle à mon cœur. Oui, Jésus-Christ est Dieu !... Ce n'est pas ainsi qu'on invente ! Et celui qui aurait inventé ce livre, serait plus grand même que le héros.»

    Chose étonnante ! Le monde, si faux en tout : totus in maligno positus, aime pourtant et veut la simplicité en toutes choses, dans la parole, la tenue, la mise... Il se moque de ce qui est affecté ou prétentieux ; il méprise ce qui paraît recherché ou seulement exagéré.

    N'est-il pas vrai que dans les informations que l'on prend sur le caractère d'une jeune personne à laquelle on penserait pour un mariage, on ne manque jamais de faire cette question, à laquelle on attache la plus grande importance : Est-elle simple ? et la réponse a souvent décidé tout un avenir, fixé un choix et déterminé la vie.

    Elle est si aimable, cette vertu de simplicité, que, je ne crains pas de le dire, rien ne peut lui résister, et qu'elle pourrait s'emparer de tous les cœurs et régner sur la terre par l'amour. Avez-vous, par exemple, rencontré dans votre vie un bon curé de campagne, une sœur de Charité, bien simples ! Quelle puissance pour le bien ! quel charme et quel pouvoir sur tout le monde !... C'est alors que la simplicité va jusqu'au sublime. On est ravi, on devient aussitôt la conquête de ces âmes célestes ; elles n'ont qu'à parler, on est trop heureux de leur obéir, de prévenir leurs vœux et leurs désirs.

     

    II. Maintenant, pour apprendre à pratiquer cette vertu, nous dirons d'abord ce qu'il faut éviter, et puis ce qu'il faut faire : Quid vitandum, quid agendum ; c'est ainsi que saint Thomas, le maître par excellence, a coutume de procéder dans son traité admirable des Vertus.

     

    1° Quid vitandum.

     

    — Le monde est plein de malice et de mensonges. On ne peut jamais trop se mettre en garde contre ses artifices, ni trop se défier de ses impostures. Il met de la politique, c'est-à-dire de la ruse et de l'hypocrisie partout, dans ses paroles, dans ses sentiments les plus beaux et dans ses actions les plus éclatantes. Que dis-je, la fraude et le mensonge entrent même dans ses vertus, ou les gâtent et les dénaturent entièrement. Ce sera de l'humilité parée, de la charité brillante, ou qui sonne de la trompette, comme dit l'Évangile.

    Défiez-vous de ces vains artifices. Rappelez-vous que vous vivez au milieu d'une foule de gens qui veulent vous tromper, et tenez-vous sur vos gardes, pour rester toujours dans la vérité et ne pas vous laisser entraîner dans l'erreur.

    Qu'il me soit permis d'employer ici une comparaison, tirée des usages même de ce beau monde dont je parle. Comme dans certains jours de fête on se réunit, sur invitation, pour de grandes soirées de bals travestis, où le plaisir principal consiste à tromper les autres sur son nom, sur son âge, sur ses qualités ; et comme, dans ces circonstances, chacun s'efforce de se déguiser parfaitement, ainsi dans les sociétés et dans les relations ordinaires du monde d'aujourd'hui, on ne cherche qu'à tromper, à mentir ; on s'étudie à dissimuler tous ses sentiments. Il n'y a que cette différence, c'est que dans un bal de cette nature, au moins on est averti, et l'on se tient sur ses gardes... Voilà un beau masque qui vous parle sous l'habit d'un grave magistrat, mais vous savez bien qu'il pourrait être tout simplement un repris de justice... En voilà un autre qui marche fièrement sous l'uniforme d'un général romain, russe ou autrichien, et c'est peut-être une femme timide. Vous ne savez pas, mais enfin vous êtes prévenu d'avance ; vous vous défiez... tandis que dans les relations ordinaires de la vie, et quelquefois les plus intimes, de famille, ou d'amis, vous êtes exposé aux mêmes erreurs, parce qu'on dissimule et qu'on ment partout, sans vous avertir. Demandez plutôt à cette dame son âge, et vous verrez !... à cet homme, sa fortune, et cela même quand il s'agit de renseignements positifs ; vous verrez !...

    Mais ce n'est pas assez de vous méfier du monde et de son beau langage. Vous éviterez, vous, cet esprit de dissimulation et tous les vains artifices que le père du mensonge apprend à ses partisans.

    Je m'imagine que, dans l'état où en sont les choses de nos jours, ce serait encore là la meilleure et la plus sûre manière de réussir, la simplicité.

    La vérité serait ainsi la plus habile diplomatie et la politique la plus adroite, selon la pensée d'un fameux ministre bien connu par son esprit.

    Comme on discutait sur les moyens d'avancer en cette carrière des ambassades, et d'y avoir le plus de succès possibles, l'un disait : Toujours mentir, et l'autre encore plus fin répondit : Non, mais dire la vérité simplement, et comme personne ne peut jamais y croire, on réussira toujours !

    Eh bien, moi je vous conseille ce moyen avec l'Évangile, parler avec simplicité : est, est ; non, non, oui ou non ; dire la vérité, comme les petits enfants. Évitez absolument le mensonge et l'hypocrisie : on vous croira, on vous aimera.

     

    2° Quid agendum.

     

    — Et que faut-il faire pour arriver à ce véritable esprit de simplicité ?

    Avant tout, il faut prier et demander cette grâce à Dieu, à Jésus, Marie, Joseph ; et aux saints qui vous sembleront avoir le plus excellé dans cette vertu, comme saint François d'Assise, sainte Geneviève ; et ce pauvre pèlerin, le bienheureux Joseph Labre, et cette humble servante, Germaine Cousin.

    L'Église les a dernièrement placés sur nos autels, comme pour confondre par leurs exemples ce siècle orgueilleux et menteur.

    Je vous conseille aussi de recourir aux saints Innocents, ces petits enfants, premiers martyrs de Jésus-Christ.

    Mais le moyen le plus puissant et le plus efficace, c'est de s'exercer à la pratique même de la simplicité.

    On ne parvient à une habitude que par des actes fréquents et souvent répétés.

    Vous ferez donc votre examen particulier sur cette vertu si rare, et vous commencerez par déraciner le mal de votre âme, en vous punissant sévèrement, toutes les fois que vous vous surprendrez dans le plus petit mensonge.

    Il faut une sanction ; car sans cela vous ne vous corrigeriez jamais : soit, par exemple, une aumône faite aux pauvres, en cas de chute, ou l'obligation de vous rétracter devant les personnes que vous auriez pu tromper. La fidélité à ce point, vous conduira en peu de temps, à remporter une victoire complète sur cet esprit de dissimulation, qui règne dans le monde.

    Mais vous ne vous contenterez pas de ce premier succès, et, après avoir triomphé du mal, vous vous attacherez à la conquête de la vertu même, tantôt par des actes intérieurs, et tantôt par des actes extérieurs.

    Étudiez-vous non-seulement à être, mais aussi à paraître simple en toutes choses ; simple et digne dans la démarche, dans la pose, dans la tenue, dans la mise, dans la parole surtout, le sourire et le regard.

    Voyez, examinez bien ce qui vous déplaît dans les uns, pour l'éviter ; ce qui vous plait dans les autres, pour l'imiter. C'était une des règles de perfection du B. Jean Berchmans, et en peu de temps, elle l'a porté à la plus haute sainteté.

    Oh ! qu'elle serait belle la société chrétienne, où régnerait cette noble et douce simplicité des enfants de Dieu ! Oh ! qu'elle serait sainte et heureuse la cité dont tous les habitants auraient ce caractère droit et sincère de la vertu, où régnerait la vérité même ! Oh ! qu'elle serait sainte et heureuse la famille dont tous les membres imiteraient la simplicité de Nazareth, de la petite maison de Jésus, Marie, Joseph !

    Demandez-leur donc cette vertu, dans un fervent colloque.

    Joseph étant le chef de la Sainte Famille, puisqu'il était l'époux de la vierge Marie et le père nourricier de l'Enfant Jésus, et plus tard son maître et son patron, il semblerait au premier aperçu que la vertu d'obéissance ne puisse lut convenir que d'une manière bien indirecte.

    N'est-il pas vrai qu'à Nazareth il avait seul toute l'autorité et que les autres n'avaient qu'à faire ce qu'il ordonnait ?

    Sans doute, et c'est là le principe de sa gloire et de sa puissance, encore aujourd'hui dans les cieux. Il n'avait d'ordres à recevoir de personne, seul il pouvait commander aux autres ; à qui donc et comment a-t-il pu obéir ?