• Le mois de saint Joseph : 19 mars

     
     

    Le mois de saint Joseph

    19 mars

     

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    Source : Livre  "Mois de Saint Joseph : composé de trois neuvaines et un triduum pour tous les jours du mois de mars" par Alexis Lefebvre

     

    TROISIEME NEUVAINE

    OU NEUVAINE DES PATRONAGES DE SAINT JOSEPH

    DIX-NEUVIEME JOUR

    Saint Joseph protrecteur spécial des quatre âges

    Vous m'arracherez au piège parce que vous êtes mon protecteur. (Ps. XXX. 5.)

    Une confiance sans borne, voilà le but de cette troisième neuvaine, que nous appellerons la neuvaine des patronages.

    Or, la base, la raison même de cette confiance, c'est la puissance et la bonté de saint Joseph : nous l'avons déjà dit au jour de l'ouverture de ce mois.

    Il ne s'agit donc plus maintenant pour nous que de considérer l'exercice de ce glorieux protectorat, ou l'action directe et incessante de cette puissance et de cette bonté de saint Joseph sur le monde, sur la famille, sur l'Eglise entière, pour prouver que tous peuvent et doivent toujours espérer en lui. Ces sujets de méditations éminemment pratiques nous feront toucher à la vie intime de ceux, qui voudront y entrer sérieusement avec nous.

    Aujourd'hui, nous dirons simplement que saint Joseph est l'ami et le défenseur des chrétiens, dans les quatre âges de la vie : l'enfance, la jeunesse, l'âge mûr et la vieillesse. C'est comme si nous disions qu'il est le protecteur de tous les hommes, et tous, en effet, ont un besoin extrême de son puissant secours.

    La vie de l'homme sur la terre est pleine de misères : c'est une guerre à mort, un combat sans trêve, sans relâche (Job, VII. 1)

    A tout âge, il y a des dangers, des douleurs et des ennemis ; il nous faut donc un guide sûr, un ami fidèle, en un mot un bon protecteur : c'est saint Joseph ; c'est lui qui nous apprendra à combattre, à souffrir, pour éviter les pièges de l'enfer et les menaces de la mort.

    Nous trouverons toujours dans la vie de ce grand saint les exemples des vertus qui conviennent à ces différentes époques de notre existence, et, par conséquent, des raisons particulières et spéciales pour augmenter notre confiance en lui.

    I. L'enfance - Le saint Evangile, la tradition même n'a rien conservé des premières années de saint Joseph ; mais nous ne pouvons douter que sa naissance n'ait été immaculée. Ce privilége était dû à la gloire des destinées de ce saint patriarche, dit Suarez.

    Marie seule a été conçue sans tache. En qualité de mère de Dieu, il était impossible qu'elle fût, même un seul instant, souillée du péché : cette vérité, toujours crue dans l'Église de Dieu, a été solennellement définie comme article de notre foi par l'immortel Pie IX.

    Nous ne disons pas que saint Joseph ait participé à cette gloire incomparable ; jamais l'Église ne l'a enseigné, mais nous ne pouvons nous empêcher de répéter, avec un grand nombre de pieux auteurs, qu'il a été au moins sanctifié dans le sein de sa mère, comme l'ange précurseur de Jésus, puisqu'il devait être le père nourricier et le gardien fidèle de ce Dieu-homme.

    Cette grâce antécédente, ou prévenante, ainsi que parle la théologie, était bien justement réservée, elle était due en quelque sorte à cet homme éternellement prédestiné pour être l'époux de la Vierge très-pure et le protecteur même d'un Dieu, qui lui donnera le nom de père.

    De quelles grâces fut donc remplie l'âme de Joseph ! et de quelles vertus il dut être orné dès le berceau ! C'est une raison touchante pour lui consacrer les petits enfants, pour se hâter de les mettre sous sa puissante protection, et pour leur apprendre à l'invoquer, aussitôt que leur langue, dégagée des premières entraves, pourra prononcer ce nom si doux de Joseph.

     

    De plus, il a élevé lui-même l'Enfant-Dieu... Joseph a été le témoin heureux de ses rapides progrès dans la sagesse et dans toutes les vertus de cet âge. Il a pu admirer la ferveur de sa prière, la perfection de son obéissance... Il a nourri, soigné, protégé le divin Enfant Jésus. Il l'a sauvé de la fureur d'un roi jaloux, du cruel Herode. Il l'a porté mille fois sur son cœur, et alors, quels regards ! quels sourires pleins de tendresse !... Jésus lui parlait avec une douceur ravissante et le caressait avec amour. Joseph était fier et heureux d'avoir un enfant si beau, si affectueux et si parfait.

    Eh bien, c'est encore une raison pour qu'il soit invoqué comme le protecteur et l'ami des petits enfants. Il les protégera contre mille dangers qui les menacent dès le berceau. Il les sauvera de la rage de l'enfer, qui déjà voudrait pouvoir altérer en eux l'image du Dieu créateur. Il leur fera éviter tous les piéges que le démon va se hâter de tendre sous leurs pas... Pères et mères qui lisez ce livre, vous vous empresserez donc de lui consacrer vos enfants ; vous leur apprendrez à le prier. Que les noms de Jésus, Marie, Joseph soient sur leurs lèvres ; qu'ils aiment à les prononcer ; que souvent ils baisent leur image sainte. Ils seront bénis de Jésus, chéris de sa mère, et Joseph les délivrera, les protégera, les sauvera !

     

    II. La jeunesse. — C'est l'âge le plus terrible bien certainement ; c'est, comme on dit l'âge des passions. Il y a tant de victimes de ces premiers délires et des séductions de la vie, que les parents chrétiens ne peuvent voir, sans trembler, leurs enfants grandir. Dans ces justes préoccupations et ces alarmes, ils ne cessent de demander qui pourra protéger leur innocence, et sauver ces chères âmes du danger. C'est saint Joseph encore : educes me de laqueo.

    Il y a en effet deux grandes passions qui s'élèvent en même temps, et qui troublent l'esprit et le cœur de la jeunesse : un désir étonnant de liberté et un amour effréné des plaisirs sensuels. Je vais dire pourquoi saint Joseph doit défendre les jeunes gens contre ces deux ennemis.

    Et d'abord, le désir de la liberté. Bien que cette remarque ait été faite de tout temps et chez tous les peuples du monde, on ne peut encore s'empêcher d'en être toujours surpris, car cette passion éclate soudain à quinze ans, quelquefois même à douze, comme un feu de volcan. Le jeune homme, impatient du joug, résiste à toute autorité et voudrait briser toute loi. S'il ne peut s'affranchir pleinement, il échappe avec adresse, ou bien il s'agite avec violence ; il n'obéit qu'avec murmure ; il ne cède qu'à la crainte ; il ne se courbe que par force. Dans cette soif d'indépendance, il y a des enfants qui, aussitôt après la première communion, veulent déjà sortir seuls, au mépris même des convenances de leur position, malgré les ordres répétés de leurs parents, et les plus justes exigences de famille. La vue, la compagnie d'un précepteur les irrite : ils s'éloignent, pour faire croire qu'ils ne sont plus sous la surveillance... Que dis-je ? il y a des enfants qui préfèrent sortir seuls, plutôt qu'avec leur mère ; ils l'aiment bien encore pourtant, mais ils aiment mieux la liberté... C'est un danger immense, qui entraîne ordinairement la jeunesse imprudente, et qui la brise contre le second écueil.

     

    L'amour des plaisirs. — Un feu, un feu impur commence à s'allumer dans le cœur, et menace de tout dévorer... On voit le reflet de ces flammes dans le regard, qui paraît sombre et inquiet... et la fumée va bientôt couvrir de nuages les pensées mêmes de la foi... Que de folies à cet âge ! que d'âmes se perdent ! et combien, après avoir bu quelques gouttes à ce calice empoisonné de la volupté, tombent dans une honteuse ivresse et vont mourir dansla fange !... Qu'ils sont rares ceux qui échappent à ce piége, à cette mort ! Qui pourra servir de guide, de protecteur à la jeunesse ?

     

    Pères et mères, enfants, qui lisez ce livre, n'en doutez pas, c'est saint Joseph qui vous sauvera de ce malheur. Joseph heureux témoin de l'adolescence de Jésus, témoin de ses vertus, et tout-puissant sur son divin Cœur, vous couvrira du manteau de sa protection. Il obtiendra à ces jeunes âmes la double grâce de l'obéissance et de la pureté.

    Nous pouvons ici parler avec d'autant plus de confiance, que nous avons eu souvent l'occasion de constater ce fait, et que nous avons été nous-même témoin de ces merveilles. On lit dans le livre de Patrignani que, dans les collèges de la Compagnie de Jésus, la dévotion à saint Joseph, et plus particulièrement les prières qu'on lui adressait pendant le mois de mars, et surtout les neuvaines que l'on faisait pour préparer les élèves à ses deux fêtes, du 19 mars et du patronage, étaient un des moyens les plus efficaces, pour donner à ces maisons l'esprit de régularité, et inspirer à toute cette jeunesse l'amour des deux vertus les plus précieuses à cet âge, l'obéissance et la pureté.

    Le pieux auteur de ce livre ajoute que, tous les ans, à cette époque, on remarquait un grand nombre de conversions, et qu'on admirait une augmentation de ferveur dans les enfants de ces pensionnats ; grâces que l'on ne pouvait attribuer qu'à la protection singulière de saint Joseph.

    Eh bien, ce que dit Patrignani, je puis l'affirmer moi-même avec vérité. Dans le séminaire de Saint-Acheul, où j'ai eu le bonheur d'être élevé ; plus tard, au collège du Passage en Espagne, où j'ai été comme professeur, tous les ans, à l'époque de la fête de saint Joseph, et de ses deux neuvaines solennelles, il m'a été donné de constater les mêmes effets de la grâce dans le cœur des jeunes élèves : les victoires leur étaient devenues si faciles, qu'on ne pourrait l'expliquer, sans un secours tout-puissant dû à l'intercession de ce bon saint Joseph.

    III. L'âge mûr. — Ce devrait être l'âge de la parfaite raison et de la force. L'homme a déjà un peu d'expérience ; déjà il a combattu et souffert : il doit avoir triomphé du monde et de ses folles passions... Mais hélas ! à cette heure de la vie, il n'arrive que trop souvent de voir les chrétiens succomber à des périls nouveaux. Les uns ferment les yeux à la lumière de la foi... et les autres donnent leur cœur aux préoccupations de la terre, ou bien ils usent leurs forces dans le vain travail des affaires. C'est encore saint Joseph, qui pourra protéger et défendre ces pauvres enfants de Dieu et les sauver.

    Donc, pour les uns, c'est le danger de l'incrédulité. Des hommes, dont la vie même est un profond mystère, se prennent à raisonner sur la parole de Dieu et sur les vérités de la religion ; et, comme les passions font monter des nuages dans leur esprit, et que ces nuages finissent bientôt par obscurcir le flambeau de la foi, ils commencent à douter ; ce doute leur plaît, parce qu'ils auraient intérêt à croire que ce qu'on leur a dit n'est pas vrai, l'enfer, par exemple, et l'éternité. Ils s'habituent à répéter dans leur cœur que peut-être Dieu n'est pas, qu'il n'y a pas d'enfer, pas d'éternité ; et c'est là, pour tous ceux qui tombent dans l'impiété,la vraie source du mal... On n'a pas encore vu un seul incrédule qui ait pris une autre route pour arriver à ces ténèbres.

    Eh bien, saint Joseph préservera de la cause d'abord de ces doutes funestes ; et, dans le cas où déjà on aurait eu le malheur de perdre la foi, si on l'invoque avec confiance, il ramènera les esprits dans la voie de la vérité, lui qui a conservé ce don du ciel avec tant de fidélité et dans un cœur si pur. Priez-le donc, ô vous qui voyez déjà les saintes splendeurs de la foi diminuer dans votre âme, et vous, qui avez perdu cette divine clarté, pauvre aveugle, priez saint Joseph, il vous sauvera de la nuit de l'incrédulité, il vous reconduira dans l'admirable lumière des enfants de Dieu.

    Les autres, sans avoir vu s'éteindre en eux ce flambeau sacré de la foi, ont été exposés à un danger plus grand encore peut-être, c'est celui de l'indifférence ; ils ont détaché leurs yeux du ciel, pour les fixer sur la terre ; ils ne pensent plus qu'à cette vie matérielle et du temps : il n'y a plus rien pour l'âme, rien pour Dieu, rien pour l'éternité. Ils veillent et ils s'épuisent dans un vain et incessant travail pour acquérir, amasser, conserver les richesses de la terre ; ils usent toutes les forces de leur esprit et de leur cœur dans les affaires et les intérêts du monde. La pensée de leur âme, le soin du salut n'entre plus pour rien dans leur vie ; ils sont indifférents, insensibles à ces choses, dont ils n'ont plus ni l'idée, ni le goût ; ce sont des âmes mortes, des cœurs éteints. N'est-il pas vrai que c'est là le danger de l'homme parvenu à cet âge mur, à quarante ans ?

    Eh bien, je dis que la dévotion à saint Joseph préservera de ce malheur de l'indifférence tous ceux qui le prieront, et ceux pour qui on l'invoquera avec confiance. Lui aussi, en effet, et à cet âge précisément, il a bien été obligé de se préoccuper des affaires matérielles et des intérêts de sa petite famille. Il a été obligé de travailler pour gagner sa vie, pour nourrir sa céleste épouse Marie et son divin Enfant Jésus ; mais il n'a jamais cessé de vivre pour Dieu, et de mériter pour l'éternité. Il travaillait avec d'autant plus d'ardeur, qu'il était plus animé de cette pensée de foi et du désir d'amasser des trésors dans le ciel.

    C'est pour cela même, et afin d'honorer cette admirable fidélité de Joseph, et pour nous animer par le souvenir de ses vertus, qu'il a toujours été choisi pour patron et protecteur spécial de toutes les associations d'hommes et des pères de famille, qui veulent, à son exemple, servir Dieu et se sanctifier par le travail. Il n'y a pas, dans l'Église de Dieu, une seule association ou confrérie d'hommes qui ne l'honore d'un culte particulier et qui ne l'invoque comme le premier et le plus puissant protecteur.

    IV. La vieillesse a toujours été regardée comme l'âge de la sagesse et de l'expérience.

    Il semble, en effet, qu'au lieu d'avoir besoin de secours et de protection, le vieillard devrait plutôt servir de guide et de lumière aux autres par ses conseils. On dit dans toutes les langues : un sage vieillard, un vieillard prudent, comme si l'on ne pouvait séparer ces deux idées... Mais, hélas ! que de vieillards enfants ! enfants de cent ans : puer centum annorum (Is. Lxiii, 20), qui n'ont rien appris, et surtout qui n'ont rien fait de grand ou d'utile pour l'éternité !

    D'abord, il est écrit que, même en vieillissant, l'homme ne sort guère de la voie où il a commencé à marcher : adolescens juxta viam suam etiam cum senuerit,-non recedet ab ea (Prov. xxu, 6). Or, comme l'enfance et la jeunesse surtout s'engagent témérairement dans les sentiers de l'iniquité, et s'égarent dans la route des plaisirs coupables, bien peu d'hommes, sur le déclin de la vie, reviennent à Dieu et renoncent à ces vanités et à ces désordres.

    De plus, on en voit d'autres qui, après avoir évité ces premiers dangers de la jeunesse, après avoir su s'affranchir de l'esclavage des grandes passions de la volupté et de la richesse, se laissent tromper aux derniers jours, et tombent dans la boue. C'est ainsi que Salomon, si sage, si prudent, les premières années de sa puissance, s'est laissé séduire dans la vieillesse et a souillé ses cheveux blancs.

    La foi nous donnera bien des raisons qui expliquent le mystère de ses chutes déplorables ; mais il nous suffira d'en indiquer deux. La première est sans doute la vaine présomption ou l'orgueil des pensées, qui s'empare de ces hommes. Ils se croient à l'abri des tentations, au-dessus des passions humaines ; ils mettent leur confiance en eux-mêmes ; ils négligent de prier et de veiller. Dès lors Dieu se retire et les abandonne à leur propre faiblesse ; ils ne peuvent plus que tomber.

    Et puis, l'ennemi de Dieu, le perfide Satan, qui avait laissé ces âmes dans la paix pendant quelque temps, voyant que les jours se précipitent, et que bientôt l'heure de l'éternité va sonner pour elles, se hâte de leur livrer des combats plus terribles, et s'efforce de les faire tomber dans ses pièges ; car, s'il remporte la victoire, il est presque sûr qu'elles ne se relèveront plus. Il faut donc à cet âge de la vieillesse un secours puissant, il faut un protecteur. C'est saint Joseph qui la sauvera.

    Nous pourrions encore donner une autre rai son toute spéciale de la protection de ce grand saint. Le vieillard ne peut être loin de la mort, il marche devant elle, il n'en est séparé que d'un pas, et saint Joseph étant le patron des chrétiens à l'heure de la mort, doit nécessairement protéger la vieillesse.

    Aussi n'y a-t-il pas un seul asile de vieillards dont il ne soit le premier et le principal patron. On voit sa douce image partout dans ces pieuses maisons où l'on recueille la vieillesse indigente. Quand les petites sœurs des pauvres ont commencé à prendre pour enfants tous ces vieillards, hommes et femmes, qu'elles nourrissent avec tant de charité et de tendresse, c'est saint Joseph qu'elles choisirent pour leur père. Il est le protecteur de tous leurs établissement, et jamais il n'a manqué de justifier pleinement ces titres par des grâces de choix et des prodiges de miséricorde.

    Donc, ô mon cher lecteur, qui que vous soyez, quel que soit votre âge, consacrez-vous à saint Joseph. Choisissez-le pour patron, invoquez-le tous les jours, et, jusqu'à la fin de la vie, mettez en lui votre confiance. Il vous protégera, il vous sauvera !