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Le mois de Marie de l'Immaculée conception 2 décembre
Le mois de Marie de l'Immaculée conception
2 décembre
Source : Livre "Le mois de Marie de l'Immaculée conception" par A. Gratry
IIe MÉDITATION.
Christ, écoutez-nous ! Christ, exaucez-nous ! Père céleste, ayez pitié de nous ! Fils, Rédempteur du monde, ayez pitié de nous ! Esprit-Saint, ayez pitié de nous ! Trinité sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous !
Seigneur ! nos maux sont grands ; nos péchés, qui sont les seuls maux véritables et la source de tous les maux, ne tarissent point, et semblent parfois se multiplier dans chaque âme avec l'âge et dans chaque peuple avec ses apparents progrès. Et pourtant votre Église ne cesse de vous prier et de vous dire : Écoutez-nous, exaucez-nous, délivrez-nous du mal !
Le mal ne diminuera-t-il point parmi nous ? Votre règne n'arrivera-t-il pas sur la terre comme au ciel ? Dieu et son Christ ne seront-ils pas plus connus ? Votre Évangile ne sera-t-il pas, un jour, plus qu'aujourd'hui, maître des cœurs et des nations ? Les nations ne seront-elles jamais guéries, ou du moins ramenées à de moindres aveuglements ? Le nombre de vos serviteurs et de vos amis, de vos adorateurs en esprit et en vérité, n'augmentera-t-il point parmi les hommes ? Chaque homme venant au monde trouvera-t-il toujours autour de lui autant de ténèbres et de scandales ? Seigneur, nous vous prions qu'il n'en soit pas ainsi : écoutez-nous !
Seigneur, exaucez la prière, inspirée par le Saint-Esprit, que nous vous adressons au nom du genre humain : « Dieu de mes pères, Dieu de miséricorde, dont la parole a tout créé, dont .. la sagesse a établi l'homme pour dominer toute créature, pour disposer, par la droiture du cœur, le globe terrestre dans la justice et l'équité, Seigneur, donnez-nous la Sagesse, la Sagesse dépositaire de votre puissance, et ne nous repoussez pas » (sap., IX, I).
Cette prière pourrait-elle être vaine ? La Sagesse ne nous sera-t-elle point donnée ? L'homme, établi pour dominer toute créature, sera-t-il donc toujours esclave de toutes par tous ses sens ? L'homme, établi pour ordonner le monde et disposer le globe terrestre dans la justice et l'équité, ne cessera-t-il de le couvrir d'adultère et de sang, de rapine et d'iniquité? N'y a-t-il pas quelque ressource possible ?
Seigneur, est-elle trompeuse l'espérance de vos enfants, qui, à certains signes consolateurs, croient que nous touchons à des jours où vous allez régner de nouveau dans le monde ?
Est-elle vaine cette pieuse persuasion, devenue générale dans l'Église, que c'est par l'union des âmes à Marie, et à Marie immaculée, que vous voulez régénérer la terre dans la science et l'amour de Jésus ? N'est-ce pas vous, Seigneur, qui, par cette opération mystérieuse de l'Esprit Saint dont les Pères ont parlé, inspirez vous-même ces espérances et aux fidèles et aux pasteurs ?
Insistons avec persévérance dans la prière, et demandons à Dieu de nous donner la connaissance et la possession des ressources qu'il prépare au monde. Invoquons avec foi le Père, le Fils et l'Esprit Saint.
Père, Créateur du monde, ayez pitié de votre œuvre ! Vous avez prévu toutes les suites de la liberté des esprits : vous avez prévu le péché, la désobéissance, l'orgueil, l'amour de soi, toutes les concupiscences ; vous avez prévu les souffrances et la mort ; mais vous avez aussi prévu et préparé les ressources du monde, et vous avez mis dans votre œuvre vos réserves contre le mal. Vous y avez placé des trésors et des forces cachées pour la longue lutte contre Satan. O Père céleste, ouvrez tous ces trésors, déployez toutes ces forces !
Fils, Rédempteur du monde, qui, par une puissance infinie, avez relevé ce qu'aucune force créée ne pouvait relever ; qui, par un amour sans bornes, avez voulu vous unir à votre œuvre pour la sauver, la délivrer du mal et l'élever un jour à l'éternelle et immuable perfection ; vous qui avez aimé la pureté jusqu'à ne vouloir naître que d'une vierge ; vous qui avez aimé la sainteté jusqu'à préserver de la tache originelle la Vierge qui devait être votre mère ; vous qui vous êtes ainsi réservé au sein du monde déchu un point immaculé pour y descendre et vous unir à la nature humaine ; vous qui, par des travaux, des vertus, des souffrances, des agonies, des efforts d'un mérité infini, avez su réparer l'irréparable injustice du péché ; qui enfin, par votre mort et votre sacrifice, avez ouvert aux hommes la source toujours vive de la vie éternelle ; ô vous, Fils, Rédempteur du monde, poursuivez votre rédemption, répandez vos mérites, sanctifiez votre Église, augmentez le nombre des ouvriers, multipliez vos imitateurs ; excitez ceux qui continuent vos luttes, vos souffrances, vos victoires, et à qui vous avez promis qu'ils feraient des œuvres plus grandes que les vôtres elles-mêmes !
Esprit-Saint, Sanctificateur du monde, amour éternel et immense, amour qui êtes en Dieu et qui êtes Dieu, amour dont le feu sanctifie ; vous qui avez donné à la Vierge Marie une divine et surnaturelle fécondité ; vous dont l'opération a fait naître le Fruit suprême que Dieu, de toute éternité, a voulu tirer de son œuvre ; vous qui, pour opérer une nouvelle création dans le monde, avez commencé par créer un cœur immaculé, réserve de Dieu contre le mal universel, Esprit Saint, ayez pitié de nous ! Consolez-nous dans cette vallée de larmes ! Dissipez les ténèbres, chassez l'ennemi, répandez la lumière, embrasez les cœurs, créez des élus, renouvelez la face de la terre, formez toujours des docteurs et des saints ; faites-nous croître dans la science et dans la piété ; donnez-nous ainsi l'espérance d'un progrès du royaume de Dieu sur la terre. Vous avez révélé aux Apôtres des vérités qu'ils ne pouvaient porter pendant les jours de la vie mortelle de Jésus ; vous les avez confiées à votre Église ; mais que les enfants de l'Église sont encore éloignés de connaître tous les trésors de science cachés dans la vérité révélée ! Combien de fois les saints Docteurs ont gémi, comme saint Paul, de ne pouvoir pas rompre encore à de faibles enfants le Pain des forts ? Un serviteur de Dieu écrivait, il y a plus d'un siècle : « Marie a été inconnue jusqu'ici, et c'est une des raisons pourquoi Jésus-Christ n'est point connu comme il doit l'être. Si donc, comme il est certain, le règne de Jésus-Christ arrive dans le monde, ce ne sera qu'une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la très sainte Vierge. » O mon Dieu, ces paroles d'un de vos serviteurs me ravissent ! Oui, peut-être que la définition de l'Immaculée Conception de Marie va répandre, par ses conséquences, un nouvel éclat sur les vérités les plus fondamentales de la Foi. Esprit de lumière, abrégez le temps de notre enfance spirituelle, et que, sous votre inspiration, toutes les lumières qu'implique votre divine parole se développent et dans l'Église et dans nos âmes.
Trinité sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous ! Accomplissez de plus en plus, dans le sein de l'humanité, le dernier vœu de Jésus Christ : « Qu'ils soient un, comme nous sommes un » (jean, XVII, 2). Ces innombrables multitudes qui vivent aujourd'hui sur la terre, qui ont vécu ou qui vivront, vous les aviez créées pour n'avoir qu'un cœur et qu'une âme, pour n'être qu'un comme vous êtes un, pour n'être qu'un entre eux et avec vous. Mais tous vous ont abandonné ; ils ont quitté leur centre, que vous êtes, et se sont dispersés sans qu'il en reste deux ensemble. Les hommes unis en votre nom, ô mon Dieu, sont un si grand prodige que vous leur promettez, s'il s'en rencontre, de résider au milieu d'eux et de leur accorder toute chose, quoi qu'ils demandent (matth., XVIII, 19). O Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, Dieu unique, modèle de notre union, ayez pitié de nous ! Détruisez l'obstacle à l'union. Provoquez le triomphe de ce royaume, de cette cité dont tous les membres, avez-vous dit, seront ramenés à l'unité (Ps. CXXI, 3). Recueillez, comme le demande un de vos serviteurs, chaque âme dans sa propre unité, et toutes les âmes dans l'unité universelle de la Jérusalem céleste, notre mère. Que cette Mère de l'humanité réunie, cette Reine de l'unité, cette Arche d'alliance, ce Centre créé du genre humain, hors duquel il est impossible d'être en vous, ô Dieu, centre incréé de toutes les âmes et de toute créature, que cette Porte du ciel, en un mot, s'ouvre de plus en plus pour recevoir les hommes et les unir en vous !