• Le mois de Marie 27 mai

     
     

    Le mois de Marie

    ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection

     

     Les gifs animés de la Vierge Marie page3

     

    Source : Livre "Le mois de Marie ou méditations pour chaque jour du mois sur sa vie, ses gloires et sa protection"  par Aleksander Jełowicki

     

    POUR LE 27e JOUR DU MOIS

    POUR LA FETE DE NOTRE-DAME DU MONT CARMEL.
    (10 juillet)

    LEGENDE DU BREVIAIRE ROMAIN.

     

    Le cinquantième jour après Pâques, qui est le jour de la fête de la Pentecôte, lorsque les Apôtres, inspirés par le Saint-Esprit, commencèrent à parler diverses langues et à faire des miracles en invoquant le nom de Jésus, plusieurs hommes, rapporte la tradition, marchant sur les traces des saints Prophètes Elie et Elisée, préparés d'ailleurs à la venue du Christ par la prédication de saint Jean-Baptiste, ayant examiné les choses de près et s'étant convaincus de la vérité, acceptèrent sans hésiter la foi de l'Évangile ; et comme ils ont eu le bonheur d'approcher de la sainte Vierge et de converser avec elle, ils lui vouèrent un sentiment de vénération tout particulier, et furent les premiers à édifier en l'honneur de la très-chaste vierge, une chapelle sur le mont Carmel, à l'endroit même où Élie avait vu s'élever le nuage qui était le symbole de la Vierge. Ils se rassemblaient donc plusieurs fois par jour dans cette chapelle pour y honorer par de pieuses pratiques, par des hymnes et des prières, la bienheureuse Vierge, protectrice de leur Ordre. Et voici pourquoi on les a nommés : Frères de la bienheureuse Marie du mont Carmel. Les Papes ont non seulement confirmé cette dénomination, mais ils ont accordé plusieurs indulgences spéciales à tous ceux qui appelleraient de ce nom soit l'Ordre lui-même, soit ses membres. Et la très-magnanime Vierge Marie a non seulement revêtu cet Ordre de son nom et de sa protection, mais encore elle lui a donné, par les mains du bienheureux Simon l'Anglais, le saint Scapulaire, afin que cette robe céleste devint son signe distinctif et sa défense contre tous les maux qui l'assaillaient. Et postérieurement, comme cet Ordre n'était point connu en Europe, et qu'on insistait beaucoup auprès d'Honorius III en demandant sa suppression, la très miséricordieuse Marie lui apparut la nuit, et lui ordonna formellement d'accepter favorablement l'Ordre même et les Frères qui le composent. Or cet Ordre, très agréable à la sainte Vierge, fut non seulement doté par elle de plusieurs priviléges dans ce monde, mais aussi dans l'autre (car sa puissance et sa miséricorde s'étendent partout) : de sorte que ceux d'entre les fidèles qui, appartenant à la confrérie du saint Scapulaire, feraient une certaine abstinence de viande, réciteraient quotidiennement les oraisons prescrites, et, selon leur état, garderaient la vertu de chasteté ; durant leur pénitence dans les flammes du purgatoire, seront (la piété nous ordonne de le croire) consolés et soulagés par sa tendresse maternelle, et par son intercession conduits au plus tôt dans la patrie céleste. C'est donc en commémoration de ces immenses bienfaits que l'Ordre des Carmes a résolu de célébrer annuellement cette nouvelle solennité (').

     

    I.

    « Jésus dit à sa mère : Femme, voilà votre fils ; puis il dit au disciple : Voilà votre mère ('). » Ces paroles, par lesquelles Jésus-Christ mourant sur la croix faisait adieu à sa mère et saluait ses enfants ; ces paroles qui disent l'immense amour de notre Sauveur, expliquent aussi pourquoi Dieu avait donné à Marie une force si grande, qu'elle ait pu rester debout au pied de la croix, sans mourir de douleur ; comme aussi pourquoi notre Seigneur Jésus-Christ, en montant au ciel, n'a point emmené Marie avec lui, mais qu'il la laissa sur la terre.

    Jésus-Christ avait promis à ses disciples qu'il ne les laisserait pas orphelins ; aussi leur a-t-il donné pour mère sa propre mère ; et il l'a laissée sur la terre aussi longtemps qu'il le fallait pour faire sécher leurs larmes après son départ, pour bercer les premiers enfants de la sainte Eglise, et pour allaiter du lait maternel la sainte Eglise elle-même, enfantée par la passion du Fils et les douleurs de la Mère. « Jésus-Christ a laissé Marie après lui, dit le savant et pieux Cornélius à Lapide, pour être la mère des Apôtres et des fidèles, pour soutenir les chancelants, pour consoler les affligés, fortifier les faibles, rassurer et raffermir les irrésolus et les pusillanimes, guider, instruire et vivifier toute la chrétienté. Aussi c'est Marie qui rassembla les Apôtres dispersés au moment de l'arrestation de Jésus ; c'est elle qui releva, par l'espoir du pardon, la confiance de Pierre désolé d'avoir renié son maître ; c'est elle qui avait maintenu la foi en la résurrection de Notre-Seigncur, quand ses disciples l'avaient perdue, consternés qu'ils étaient par sa mort si ignominieuse ('). »

    Et Marie était la consolation des affligés, elle-même inconsolable après la mort de Jésus !

    Et Marie était le guide des Apôtres : elle présidait à leurs prières dans le Cénacle, et c'est assurément par ses prières qu'elle obtint plus promptement la descente du Saint-Esprit : elle bénissait tous les travaux des Apôtres, elle-même toute bénie.

    Et Marie était la force des Martyrs, elle qui a souffert le plus cruel des martyres avec son fils, le Sauveur du monde. En la contemplant, les Martyrs se réjouissaient de souffrir pour Jésus-Christ, et obtenaient par son intercession la grâce nécessaire pour subir le martyre. « Lorsque les princes des Juifs, nous dit Cornelius à Lapide, lorsque les princes des Juifs emprisonnaient, meurtrissaient, faisaient mourir les Apôtres, Marie souffrait de toutes ces persécutions comme si elles lui fussent personnelles ; mais son âme sublime savait les vaincre, et elle enseignait aux Apôtres, par son exemple et par ses paroles, la manière de les vaincre ('). »

    Jésus, qui avait prévu et ordonné tout cela, avait dit à Marie en lui montrant Jean : « Femme, voilà votre fils. » Par ces paroles, il lui disait : 0 ma mère ! soyez la femme forte, pour que vous deveniez après mon départ, et à tout jamais, la base inébranlable et l'immuable appui de mon Eglise ; pour que vous la souteniez par votre force, que vous la guidiez par vos conseils, que vous la réchauffiez par votre amour, que vous apaisiez ses orages par vos prières ; et que vous lui donniez le développement, la puissance et la paix pendant tous les siècles à venir, jusqu'à la fin du monde : « Femme, voilà votre fils ! » Votre fils, c'est tout mon peuple, tout le genre humain ! Soyez la santé des infirmes, le refuge des pécheurs, la consolatrice des affligés, le secours des chrétiens. Soyez mère pour tous, dans tous les lieux, dans tous les siècles et pour toutes choses : « Voilà votre fils !»

    Et ce que Jésus a dit s'est fait immédiatement ; car, comme nous l'avons déjà fait observer, ce que Dieu dit, il l'opère en le disant.

    0 Marie ! vous êtes notre mère, et nous sommes vos enfants ! Là est toute notre gloire et tout notre espoir.

     

    II.

    De son vivant, Marie brillait déjà comme le soleil au milieu de ses enfants, les éclairant, les réchauffant, les fortifiant et les réjouissant. Aussi tous s'empressaient-ils près d'elle, pour se réjouir de sa vue, se nourrir de sa parole et se ranimer de son amour. Aux pieds de Marie tous se sentaient frères, et tous enfants de Dieu. Qui peut comprendre le bonheur ineffable qu'on éprouvait à voir Marie, à entendre Marie, à converser avec Marie ; ce bonheur, que nous désirons avec une si vive ardeur, et dont l'espoir seul, qui en est le pressentiment, rajeunit notre cœur en comblant notre âme d'une joie indicible. 0 Marie ! Marie ! nous languissons et nous soupirons après vous.

    Saint Denis l'Aréopagite, converti par saint Paul à Athènes, s'en alla à Jérusalem pour voir Marie. Frappé de la dignité et du charme de cette mère de Dieu, il s'écria dans son enthousiasme : Si la foi ne m'apprenait le contraire, je penserais que Marie est la divinité même. Tel était l'éclat de gloire dont l'amour et la grâce de Dieu avaient revêtu Marie !

    0 Marie ! avec quelle justesse saint Bernard vous adresse ces paroles : « Vous avez revêtu le soleil, le soleil vous a revêtue ('). » Ah ! ce soleil moral ne désire que de nous revêtir aussi. « Revêtez-vous de notre Seigneur Jésus-Christ (2), » s'écrie l'Apôtre. Mais qui est-ce qui nous revêtira de ces « armures de lumière (3)? » Personne, si ce n'est vous, ô Marie ! Car, qui est-ce qui revêtirait les enfants, si ce n'est leur mère ? Et ces armures victorieuses nous sont très nécessaires, car le combat dure continuellement et sans relâche.

    0 Marie ! nous avons grandement besoin de ces vêtements rayonnants, devant l'éclat desquels nos ennemis, les habitants des noires ténèbres, seront mis en fuite à l'instant même. O Marie ! revêtez-nous de ce soleil dont vous êtes revêtue.

    Marie, a exaucé cette prière avant que nous la lui ayons adressée ; elle nous a revêtus de ce soleil , invisible à l'œil humain, du soleil de la grâce de Dieu ; et pour signe visible, elle nous apporte du ciel le saint Scapulaire. Celui qui reçoit et qui garde ce vêtement avec le sentiment d'une piété filiale, aura Marie pour mère pendant toute sa vie ; elle sera sa consolation dans les souffrances, sa force dans les adversités, sa lumière dans les ténèbres, son guide dans les chemins raboteux et difficiles de cette vie, son appui et son soutien toujours, sa victoire partout, et sa couronne au moment de la mort.

    0 notre Mère ! « qui donc, après Jésus, votre fils, entourait le genre humain d'autant de soins que vous (') ! » s'écrie saint Germain. Vous gardez les fidèles, afin qu'ils ne faiblissent pas ; vous gardez les pécheurs, afin qu'ils se convertissent ; vous gardez les saints, afin qu'ils se sanctifient toujours davantage, et vous gardez tous les enfants des hommes, afin qu'aucun n'en soit perdu pour vous. Et si nous sommes fidèles à porter ce vêtement miraculeux du saint Scapulaire, vous imprimez sur nos âmes-votre cachet, afin que Satan, y apercevant votre nom, prenne la fuite à sa vue, comme le voleur s'enfuit devant la clarté du jour.

     

    III.

    Pendant tout le cours de notre vie, sans cesse le démon nous observe, et cherche à nous entraîner dans le mal, afin de faire sa proie de nos âmes : « Comme un lion rugissant cherchant qui il pourra dévorer (2). » Mais, au moment de la mort, sa fureur et sa perfidie prennent une extension terrible. C'est bien ici qu'il faut s'écrier avec le prophète : « Malheur à la terre et à la mer, parce que le diable est descendu vers vous, avec une grande colère, sachant qu'il ne lui reste que peu de temps (3). » Le temps de l'agonie est le temps de la plus redoutable lutte, car celui qui sera vainqueur au moment de la mort, restera vainqueur pour l'éternité. Voici pourquoi, à ce moment décisif, Satan nous entoure de ses légions, et, comme dit Isaïe : « Les maisons seront remplies de dragons ('). » Tout l'enfer s'agite alors pour faire vomir sa fureur sur nous : « L'enfer s'en va tout en trouble à ton arrivée (2). » Et il combat alors par des tentations plus fortes que celles dont il tente l'homme pendant le reste de sa vie ; car ce seront là des tentations de géants : « Il a fait lever des géants à cause de toi (3). »

    Pour un pareil combat, pour une lutte si décisive, Marie, notre mère, nous arme du saint Scapulaire muni de son saint nom, devant lequel, selon l'expression de saint Bonaventure, « les démons disparaissent, comme la cire se fond devant le feu (4). » 0 mon âme ! ne redoute pas la mort, puisque tu as pour enseigne le nom de Marie. « La très-sainte Vierge reçoit les âmes des agonisants (5), » dit saint Vincent de Ferrare ; et non seulement elle les reçoit et les protége, mais encore elle accourt elle-même au-devant de nos âmes ('), » ajoute saint Jérôme. 0 mon âme ! ne redoute point la mort, puisque le Scapulaire orne ma poitrine, et que Marie, se trouvant dans mon cœur, t'adresse les mêmes paroles qu'elle avait adressées à Adolphe : « Pourquoi donc craignez-vous la mort, puisque vous m'appartenez (*) ? » 0 mon âme ! ne crains pas la mort, car il ne dépend que de toi-même, pour que Marie te dise ce qu'elle avait dit à saint Jean de Dieu, saisi de frayeur au moment de son agonie : « Je ne délaisse jamais mes fidèles serviteurs au moment de leur mort (3). »

    Ah ! Marie ! je sais bien que vous ne délaissez point vos fidèles serviteurs, mais je crains de ne pas vous être fidèle ! 0 Marie ! faites donc d'abord que je vous sois toujours fidèle ! Prenez mon cœur, et ne me le rendez jamais, quand même je vous le redemanderais, quand même je voudrais vous l'arracher. Entrez dans mon cœur, et n'en sortez pas, quand même j'essaierais de vous en éloigner ; afin que le jour où la mort arrivera, et avec elle l'enfer tout entier, en vous voyant dans mon cœur l'enfer s'épouvante, et que la mort me devienne douce comme votre nom et celui de votre Fils.

    « Pour la gloire de votre nom, ô ma Souveraine ! accourez au moment où mon âme devra quitter ce monde ; accourez au-devant d'elle, recevez-la et consolez-la par votre présence ; soyez pour elle la voie et la porte du paradis, obtenez-lui la lumière éternelle et la paix du ciel ('). »