• Le mois de la Passion de Jésus-Christ 4 avril

     
     

     

    Le mois de la Passion de Jésus-Christ

    4 avril

     

    Le mois de la Passion de Jésus-Christ  4 avril

     

     

    Source : Livre "Méditations sur la Passion de N.S. Jésus-Christ pour tous les jours du mois" par Antoine Montagnon 

    MÉDITATION

    Pour le quatrième jour.

    Jésus suant sang et eau.

    Considérons notre aimable Sauveur prosterné la face contre terre devant la Majesté de son Père Éternel dans le Jardin des Oliviers, où il ne paraît pas seulement la confusion sur le visage et la douleur dans le cœur, mais il paraît encore tout couvert de son sang. Une sueur de sang distille par toutes les parties de son corps, et il arrose le lieu où il est à genoux ; la terre, les herbes et tout ce qui est autour de lui rougit de son sang. O que ce spectacle est digne de nos admirations ! O qu'il est capable de nous attendrir et de nous faire verser des larmes !

     

    Affections.

    D'où vient ce Sang, ô mon aimable Sauveur ! Lorsque je vous considère tout rouge de sang dans votre Circoncision ; j'aperçois que c'est la main du Ministre de cette cérémonie, qui vous a blessé avec ce glaive de pierre. Quand je vous vois avec un corps déchire et ensanglanté dans le Prétoire et sur le Calvaire, je vois en même temps une multitude de bourreaux, qui comme des tigres et des lions, sont acharnés sur votre adorable Personne. Ah je vois des clous, je vois des fouets, je vois des épines et une infinité d'instruments dont la cruauté sert pour vous tirer le sang des veines. Mais qui vous tire le sang que vous avez répandu dans ce Jardin ? vos ennemis n'y sont pas encore entrés, je n'y aperçois point de fouets ni d'épines. Ah, je vois bien ce que c'est ! c'est ce désir ardent que vous aviez pour le salut de tous les hommes. O mon divin Sauveur, qui a tiré le sang de vos veines ! c'est cet amour infini qui vous mettant dans une sainte impatience de répandre votre sang sur le Calvaire et de mourir pour nous, a ouvert tous les pores de votre corps, d'où est sorti une si prodigieuse quantité de sang. Hélas ! quelle confusion pour moi, considérant que bien loin de répandre mon sang, je n'ai pas encore versé une larme pour expier mes péchés.

     Considérons que l'agonie de Jésus est de tous les actes de sa Passion celui qui l'a fait souffrir davantage et où il a paru plus sensible : il ne faut pas s'en étonner, c'est qu'il souffrit alors en esprit sans interruption et tout à la fois, toutes les peines et les douleurs qu'il ne souffrit depuis que successivement et par intervalles ; ce fut un torrent de souffrances, dont le cours rapide entraîna, ce semble, son humanité, et lui fit quelque violence.

    Cette agonie fut donc l'effet violent d'une douleur universelle, une impression excessive que fit sur l'esprit de Jésus l'idée qu'il se forma de tout ce qu'il devait souffrir à Jérusalem et sur le Calvaire ; son âme sentit alors sans doute la peine infinie que lui devait faire cette foule d'humiliations, de mépris et d'opprobres, dont sa personne devait être avilie, son honneur flétri et sa réputation perdue. O Dieu ! quelle dut être la honte et la confusion de cette âme divine, de se voir traitée si indignement, elle qui avait le goût si vif et si délicat pour la belle gloire !

    Il crut entendre dans ce triste moment toutes les huées, les cris de fureur et de moqueries et les voix insolentes de ce Peuple acharné contre lui, qui demandait sa mort. Il se vit sali de tous les crachats, meurtri de tous les coups, couvert et déchiré de toutes les plaies que ses bourreaux lui préparaient, les fouets sanglants, la couronne d'épines, la Croix, les clous et tous les instruments que la cruauté devait employer, se présentèrent à lui sous des caractères terribles et des traits si funestes, que son imagination vive et pénétrante se formant une profonde idée de tous ces objets effroyables, son âme parut y succomber en demandant suspension de peines ; mais ce fut toujours avec la respectueuse subordination de sa volonté à celle de son Père, à laquelle il sacrifiait toutes ses répugnances.

    Affections.

     Divin Jésus ! qui osera se plaindre de la Providence dans ses afflictions, Vous voyant traité avec tant de rigueur ? Nous tombons dans le chagrin et le murmure à l'occasion d'une seule douleur, et vous en êtes accablé, nous fuyons les souffrances et vous les prévenez ; votre n'attendez pas la main des bourreaux pour tourmenter votre corps innocent, votre esprit par avance lui fait un supplice qui le met tout en sang et le réduit à l'agonie. Ce n'est que par nécessité que nous supportons nos disgrâces, et vous les acceptez volontairement par le consentement que vous y donnez, nous murmurons contre ceux qui nous font souffrir, les traitant d'ennemis et de persécuteurs, et vous appeliez Père l'auteur de vos souffrances, vous soumettant avec respect à ses volontés. Divin Jésus, quel éloignement infini de notre conduite à la vôtre ! faites-nous la grâce de nous y conformer en suivant votre exemple, et recevant toutes nos peines avec le même esprit que vous reçûtes le Calice qui vous fut présenté et qui contenait tant d'amertumes, qu'il vous causa une crise de sang.

     

    Résolutions.

     Demandons instamment à Jésus-Christ par le mérite de cette effusion, qu'il nous purifie dans ce précieux sang, et qu'il nous fasse la grâce de pleurer nos péchés qui ont causé toute ses souffrances, avec des larmes d'une parfaite et amère contrition.

     Pleurons, mon âmes, nos offenses,

     qui causent toutes ces souffrances.