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L'immaculée conception de la Très Sainte Vierge
L'immaculée conception
de la Très Sainte Vierge
Source : Livre "L'immaculée conception de la Très Sainte Vierge" par Antonin Maurel
Une grave question tient aujourd'hui le monde catholique en suspens. Elle a pour objet une des plus illustres prérogatives de la Mère de Dieu, sa Conception immaculée.
Marie a été conçue sans péché. C'est là une doctrine marquée de tous les caractères de la vérité et de la certitude ; contenue sans contredit dans le dépôt des divines révélations ; transmise de siècle en siècle par la tradition la plus imposante ; consacrée par une série étonnante de Constitutions Apostoliques ; reçue, enseignée et propagée avec amour par tout l'épiscopat catholique ; honorée de temps immémorial par des fêtes publiques et solennelles ; vénérée, chérie de tous les fidèles, et formellement exprimée enfin dans un nouvel Office proposé récemment à toutes les églises de la catholicité par le Pontife qui en a toutes les sollicitudes.
Cependant, quoique parvenue à l'apogée de la certitude humaine, l'immaculée Conception de la très-sainte Vierge n'est pas encore enregistrée dans le symbole positif de notre foi ; et c'est vers cette grande décision que tendent depuis longtemps tous les vœux et toutes les espérances du peuple chrétien.
Tel est surtout le vœu ardent du Pasteur suprême lui-même, vœu si vivement exprimé dans la mémorable Encyclique donnée à Gaëte le 2 février 1849.
Après avoir rappelé les suppliques, prières et instances adressées continuellement et de toutes parts au Siège Apostolique, et au commencement de son règne et sous le règne précèdent, pour en obtenir la définition dogmatique de l'immaculée Conception de Marie, le Saint-Père ajoute : De tels vœux Nous ont été bien doux et bien consolants. Car, depuis notre plus tendre enfance, Nous n'avons rien ta de plus à cœur que d'honorer par une dévotion spéciale, par des hommages fervents et le dévouement le plus intime de notre âme, la bienheureuse Vierge Marie, et de Nous appliquer à tout ce qui pourrait étendre son service, concourir à ses louanges et contribuer à sa plus grande gloire.
Aussi, dès notre entrée dans le souverain pontificat, avons-Nous avec une grande joie fixé nos pensées et nos soins sur une affaire aussi importante, et Nous n'avons pas manqué d'adresser au Dieu très-bon et très-puissant d'humbles et ferventes prières, pour qu'il daigne par sa grâce d'en haut éclairer notre este prit de ses lumières et Nous manifester la résolution qu'il convient de prendre. Car le principal appui de notre espérance est la bienheureuse Vierge, Celle que l'immensité de ses mérites élève par dessus les chœurs des anges jusqu'au trône de Dieu....
C'est pourquoi Nous vous écrivons ces Lettres, vénérables frères, dans le but d'exciter efficacement votre insigne piété et votre sollicitude épiscopale, auxquelles Nous faisons les plus vives instances pour que chacun de vous, selon qu'il le jugera bon et sage, prescrive et détermine des prières publiques dans son diocèse, à l'intention d'obtenir du Père des miséricordes et des lumières qu'il veuille répandre sur Nous les rayons de son divin Esprit et Nous inspirer par son assistance, afin que, dans une affaire d'une telle gravité, Nous puissions prendre la résolution qui doit le plus contribuer à la gloire de son saint nom, a l'honneur de la bienheureuse Vierge, et au profit de l'Église militante. »
Chacun connaît le zèle empressé avec lequel les évêques catholiques, si éminents de nos jours par leur science et leur vertu, ont répondu à cette noble invitation du Vicaire de Jésus-Christ. On compte, disait en 1852 la Civiltà cattolica, près de cinq cents réponses ; mais bien plus nombreux sont les prélats qui y donnent leur avis, puisqu'une seule lettre est quelquefois signée par les pasteurs de toute une province et même de tout un royaume. Il n'est pas de langue, de tribu, de peuple ou de nation qui ne soit représenté de quelque manière dans cet ensemble de documents : de la Corée et des rives occidentales du Japon jusqu'aux plages du Pérou et de la Californie, des rives septentrionales de la Baltique jusqu'à l'Australie et au cap de Bonne-Espérance. Et qu'attestent ces réponses si belles et si authentiques des premiers pasteurs ? que la croyance des fidèles à la doctrine de la Conception très-pure et sans tache de la Mère de Dieu est universelle, unanime, et qu'il n'y a sur ce mystère aucune hésitation, ni parmi leurs peuples, ni parmi leurs clergés. (1).
(1) Voyez le journal l'Univers, n° 25, 26, et 28 avril 1853.
Les prélats que le pieux et immortel Pontife appelle en ce moment à Rome vont confirmer ces éclatants témoignages. Plaise au ciel que Pie IX leur donne l'infaillible sanction de son autorité, décerne à Marie, par un jugement définitif, le titre glorieux de Conçue sans le péché originel, et attache ainsi de son auguste main ce dernier fleuron au brillant diadème de la Mère de Dieu et des hommes !
Vraiment cette inspiration venue du ciel au Souverain Pontife, en secondant l'élan de l'univers catholique envers la sainte Vierge, est bien propre à relever et à ranimer notre espérance dans ces jours de tribulations. Car, si Marie est pour nous, qui sera contre nous ? La vénérable abbesse de Minsk, sollicitant un jour de la bonté de Pie IX des indulgences pour une image de la Vierge, particulièrement révérée et aimée dans la communauté du Sacré-Cœur, à la Trinité du-Mont, à Rome, disait avec transport : Marie, elle est si bonne, et je l'aime tant ! Ces paroles émurent le Saint-Père, qui s'écria : Vous faites bien d'aimer beaucoup la très-sainte Vierge ; après Jésus-Christ, elle est notre amour, notre espérance et notre force (1 ).
(1) 20 octobre 1848.
A l'exemple du Père commun des fidèles, pénétrons-nous des sentiments les plus tendres de vénération, de confiance et d'amour envers Marie ; et surtout honorons, aimons, glorifions sa Conception immaculée.
Nous trouverons dans cette dévotion une source féconde de bénédictions.
Le bienheureux Alphonse Rodriguez, de la Compagnie de Jésus, répétait souvent qu'un sûr moyen de plaire à Jésus-Christ, c'est de croire que sa Mère a été conçue sans souillure et de l'honorer en cette qualité.
Non content de réciter l'Office de l'immaculée Conception, il en faisait des copies qu'il distribuait aux élèves du collège de Majorque, leur déclarant que cette prière leur serait très-utile pour conserver la pureté du cœur (1).
(1) Vie du bienheureux Alphonse Rodriguez, p. 115.
Pour concevoir ces sentiments, il est indispensable d'avoir une connaissance exacte de l'éminente prérogative accordée à la Reine des anges et des vierges. C'est dans le dessein d'aider les fidèles à acquérir cette connaissance, et de nourrir ainsi et de fortifier leur piété, que j'ai écrit ces pages. Puissent-elles, dans leur concision, obtenir ces heureux résultats !
Voici les cinq questions auxquelles je me suis proposé de répondre :
1° En quoi consiste le privilège de la Conception immaculée de la très-sainte Vierge ?
2° Quelles sont les raisons principales qui l'appuient ?
3° La croyance à ce privilège est-elle bien ancienne et universelle ?
4° Le Saint-Siège peut-il le définir comme article de foi ?
5° Enfin, par quels moyens pouvons-nous honorer la Vierge conçue sans péché ?
I En quoi consiste le privilège de la Conception Immaculée de la très sainte vierge ?
L'homme avait été créé dans la sainteté et dans la justice, à la ressemblance même de Dieu, libre cependant, et pouvant abuser de sa liberté.
Il en abusa en effet, au mépris des défenses les plus solennelles, des plus terribles menaces et des grâces les plus abondantes.
Séduits et trompés par le Serpent, Adam et Ève violèrent l'autorité divine et mangèrent le fruit défendu.
A l'instant, et en punition de leur prévarication, le père et la mère du genre humain perdirent la justice, la sainteté, l'amitié de Dieu, qui étaient la vie surnaturelle de leur âme, et avec elles les admirables dons qui formaient comme l'apanage de l'état d'innocence.
Ils devinrent en conséquence les objets du courroux divin, les esclaves de Satan, sujets aux souffrances physiques et morales, à l'erreur de l'esprit et aux penchants déréglés du cœur ; ils furent condamnés à la mort et à la privation de la gloire céleste à laquelle le Seigneur avait daigné les prédestiner.
Tels furent les châtiments du péché originel.
Hélas ! que seraient devenus nos premiers parents, que seraient devenus leurs descendants, sans la promesse du Rédempteur et sans la rédemption elle-même ?
Car c'est dans ce funeste état de privation de la sainteté, de la justice, de la vie surnaturelle dont la munificence divine avait doté l'homme à sa création, que nous naissons tous.
Voilà, dit le Roi-Prophète, que j'ai été conçu dans l'iniquité, et que ma mère m'a
enfanté dans le péché (1).
D'après saint Paul, tous ont péché et tous sont morts en Adam (2).
« Qui nous engendre nous tue, dit Bossuet ; nous recevons en même temps et de la même racine et la vie du corps et la mort de l'âme, La masse dont nous sommes formés étant infectée dans sa source, elle empoisonne notre âme par sa funeste contagion (3). »
(1) Ps. L, 6.
(2) Rom., v, 12.
(3) 1er sermon pour la fête (le la Conception de la sainte Vierge.
Eh bien ! Marie, en tant que fille d'Adam, n'aurait point été à couvert de l'universelle condamnation ; le venin du péché aurait flétri son âme comme celles des autres hommes ; participant à la nature humaine, elle en aurait partagé la disgrâce, si Dieu, dans sa sagesse et dans sa bonté, n'avait jugé à propos de la prévenir de ses bénédictions.
Or, par le miracle d'une protection spéciale, l'incomparable Vierge a été exempte du péché de notre origine.
Ainsi, en honorant l'immaculée Conception de la sainte Vierge, nous honorons la grâce privilégiée et miraculeuse qui la sanctifia dès le moment même qu'elle fut conçue.
En croyant à cette belle prérogative de Marie, nous croyons que son âme bénie, créée dans la perfection de la grâce sanctifiante, fut, en s'unissant à son corps, et par la vertu de cette grâce ineffable, préservée de la tache originelle.
Autre fut donc le bienfait accordé à la très-sainte Vierge, et autre celui dont le prophète Jérémie, saint Jean-Baptiste, et, suivant de graves auteurs, saint Joseph furent gratifiés.
Ces grands saints furent sanctifiés dans les entrailles maternelles, c'est-à-dire purifiés de la souillure originelle qu'ils avaient déjà contractée ; ils naquirent, mais ne furent point conçus dans la sainteté.
Marie, au contraire, ne fut jamais un seul instant atteinte de l'odieuse flétrissure du péché ; le péché ne projeta jamais son ombre sur son âme, plus éblouissante et plus pure, dans sa Conception même, que le cœur d'un séraphin.
Dieu a pu trouver des taches dans ses anges ; son regard jaloux n'en a jamais trouvé dans le sein virginal qui a porté son Fils.
Ce que le lis est entre les épines, la Vierge immaculée le fut au milieu des enfants des hommes.
Devant elle, comme devant l'arche d'alliance, le Jourdain suspendit ses eaux. Tota pulchra es... et macula non est in te : vous êtes toute belle, lui dit l'Église en se servant des paroles du Sage, et il n'y a point de tache en vous. Or, selon la pensée d'un saint Docteur, être toute belle, être sans tache, c'est avoir une âme exempte de tout péché, soit véniel, soit mortel, soit actuel, soit originel (1).
(1) Idiotain contemp. Virg., c. m,
II Quelles sont les raisons principales du privilège de l'Immaculée Conception ?
La première raison, principe et fondement de toutes les autres, est que la sainte Vierge avait été, de toute éternité, choisie pour être la Mère du divin Libérateur des hommes, de ce Pontife qui devait, selon le langage de l'Apôtre, être saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs et élevé au-dessus des Cieux (1).
(1) Hébr., VII, 26.
Le Verbe, le Fils de Dieu devait donc s'unir personnellement à notre nature dans le sein de Marie ; et, par cette admirable union, la chair de Marie devait devenir la chair de Jésus-Christ, et son sang virginal couler dans les veines de l'Homme-Dieu.
On se demande alors s'il convenait, s'il était même possible que ce sein, cette chair, ce sang de Marie fussent atteints par le péché.
Lorsque la fille de sainte Anne fut conçue, le Verbe divin, qui devait, quinze ans plus tard, prendre un corps et une âme dans ses chastes entrailles, la contemplait déjà avec un amour infini.
Déjà, du moins selon les desseins et les volontés de Dieu, et selon son éternelle prédestination, il voyait en elle sa Mère et se considérait comme son Fils.
Là-dessus Bossuet s'écrie : « Mais, ô béni Enfant, par qui les siècles ont été faits, vous êtes devant tous les temps. Quand votre Mère fut conçue, vous la regardiez du plus haut des cieux ; mais vous-même vous formiez ses membres. C'est vous qui inspirâtes ce souffle de vie qui anima cette chair dont la vôtre devait être tirée. Ah ! prenez garde, ô Sagesse éternelle, que dans ce même moment elle va être infectée d'un horrible péché, elle va être en la possession de Satan. Détournez ce malheur par votre bonté ; commencez à honorer votre Mère, faites qu'il lui profite d'avoir un Fils qui est devant elle
Quel sentiment plus humain que l'affection envers les parents ! ajoute l'illustre évêque de Meaux.
Par conséquent, le Fils de Dieu, longtemps avant que d'être homme, aimait Marie comme sa Mère ; il se plaisait dans cette affection ; il ne cessait de veiller sur elle ; il détournait de dessus son temple les malédictions des profanes ; il l'embellissait de ses dons ; il la comblait de ses grâces, depuis le premier instant où elle commença le cours de sa vie jusqu'au dernier soupir par lequel elle fut terminée. C'est la conséquence que je prétendais tirer... Elle établit, à mon avis, puissamment l'immaculée Conception de Marie...
Après les articles de foi, je ne vois guère de chose plus assurée (1).
(1) 1er sermon pour la fête de la Conception de la sainte Vierge.
Une Mère de Dieu devait être digne de Dieu et toujours digne de Dieu.
L'aurait-elle été, si la justice originelle lui eût manqué, si le péché l'eût rendue, dès le premier moment de son existence, un objet de malédiction et d'anathème aux regards mêmes de Dieu ?
Quoi ! lorsque le Seigneur forma la première femme, il imprima sur son front les traits de sa divinité : Ève, qui devait se révolter contre son Auteur, et se soustraire à son empire, et perdre le genre humain, sortit des mains divines pure, innocente, toute brillante de grâce, de justice et de sainteté ; et nous oserions supposer que Marie, créée pour être une image mille fois plus parfaite de Dieu, pour être la Mère et la Libératrice du monde, eût été moins privilégiée qu'Ève et conçue dans le crime !
Vous qui lisez ces lignes, vous êtes assurément bien éloigné de la sagesse, de la puissance et de la charité de Dieu ; dites-moi donc, si ce grand Dieu eût voulu vous consulter, afin de savoir s'il était digne de sa majesté et de ses perfections d'unir sa divinité à une chair que le péché aurait autrefois infectée et corrompue, quel conseil lui auriez-vous donné ?
Bien plus, s'il vous eût été libre à vous-même de vous créer une mère à votre gré, sans tache, sans défaut, d'une pureté et d'une beauté parfaites, lui auriez-vous porté si peu de respect, auriez-vous eu pour elle si peu d'affection, que de la créer souillée, défigurée, flétrie par le péché, sachant d'ailleurs que la gloire ou le déshonneur d'une mère rejaillit sur ses enfants ?
Certainement encore, si vous aviez bâti un superbe palais pour votre usage, vous n'auriez point permis à votre capital ennemi d'y habiter le premier.
Ce que vous eussiez fait pour votre mère et pour vous, Dieu, infiniment bon et infiniment sage, l'a fait pour sa Mère et pour lui, et mieux que vous.
Croiriez-vous que Dieu, pouvant détourner de Marie le plus grand de tous les malheurs, eût refusé de l'en préserver ?
L'aurait-il par ce refus honorée de la manière la plus digne de lui ?
Ayons de Jésus de meilleurs sentiments, et tenons pour indubitable que la loi de justice et de rigueur qui condamna tous les hommes a être conçus dans l'iniquité, ne fut point portée pour sa très-sainte Mère : Non enim pro te, sed pro omnibus hœc lexconstituta est (1).
Vous direz peut-être que, pour accorder à la sainte Vierge une distinction aussi éclatante, il fallait que le Seigneur la plaçât dans un ordre à part et fit en sa faveur le plus étonnant des miracles ; et vous dites vrai.
Et c'est en cela même, répond un pieux auteur, que le mystère de l'immaculée Conception nous donne une plus haute idée de la grandeur et de la puissance de Dieu.
Oui, sans doute, pour épargner à sa Mère la honte et le malheur d'avoir été privée de la grâce, même pour un moment, et le dommage irréparable que lui eût nécessairement causé ce moment, Dieu ne ménage rien. Il n'est point de prodige qui lui coûte : il ouvre à cette Vierge prédestinée et bénie entre toutes les vierges une carrière nouvelle ; pour elle, et pour elle seule, il suspend ses arrêts les plus solennels.
En vertu des mérites du Rédempteur, les autres hommes sont guéris de la plaie du péché, Marie en est préservée.
Dans les autres on efface la tache, dans Marie on la prévient.
Les mérites de Jésus-Christ lui sont extraordinairement appliqués, et appliqués par une anticipation glorieuse...
Que j'aime à le contempler, ce Dieu de majesté, séparant Marie de la masse de perdition, la faisant entrer dans un nouvel ordre de décrets, l'exceptant des lois les plus générales, et déployant toute la force de son bras en faveur d'une créature privilégiée, à qui il fera un jour annoncer que les plus éclatantes merveilles ne coûtent rien à sa toute-puissance, quand il s'agit de l'honorer et de la distinguer (1) ! »
(1) Les Grandeurs de Marie, par M. l'abbé Duquesne, tome I, 1ère médit.
Mais aussi pourquoi s'étonner de cette exception apportée à la règle générale en faveur de Marie, d'une Mère de Dieu ?
L'alliance intime et éternelle que la maternité divine lui a fait contracter avec l'adorable Trinité ne l'élève-t-elle pas à un rang supérieur de grâce, de prédestination et de bonheur qui ne souffre aucune comparaison ?
Montrez-moi une autre mère de Dieu, une autre vierge féconde ; faites-moi voir ailleurs cette plénitude de grâces, cet assemblage de vertus divines, une humilité si profonde dans une dignité si auguste, et toutes les autres merveilles que j'admire en la sainte Vierge...
Que si nous remarquons dans sa vie une dispense presque générale de toutes les lois ;... si nous y voyons un enfantement sans douleur, une chair sans fragilité, des sens sans rébellion, une vie sans tache, une mort sans peine ; si son époux n'est que son gardien, son mariage le voile sacré qui couvre et protège sa virginité, son Fils bien-aimé une fleur que son intégrité a poussée ; si, lorsqu'elle le conçut, la nature étonnée et confuse crut que toutes ses lois allaient être à jamais abolies, qui pourra croire qu'il n'y ait rien eu de surnaturel dans la Conception de cette Princesse, et que ce soit le seul endroit de sa vie qui ne soit point marqué de quelque insigne miracle (1) ?
(1) Bossuet, sermon déjà cité.
Marie, dit saint Augustin, ayant été élue Mère de Dieu, a été d'avance placée au-dessus de toutes les créatures et fécondée par toutes les grâces ; elle a été remplie de toute vertu et de toute sainteté, afin que d'une très-pure Mère naquît un Fils très-pur, et que ce Fils, ayant dans le ciel un Père immortel, eût sur la terre une Mère exempte de toute corruption (1). »
(1 Serm. 20, ad fratr. in eromo,
Ce n'est pas assez. Adam et Ève ayant causé notre perte, Dieu, dans son admirable providence, voulut nous relever et nous sauver par un nouvel Adam et une nouvelle Ève ; il voulut que Jésus et Marie réparassent les maux que le péché originel avait attirés sur nous.
En conséquence, Marie était destinée a porter les glorieuses qualités de Libératrice, de Réparatrice et de Coadjutrice du Sauveur dans l'œuvre de notre salut.
Or, suivant la doctrine des Pères, le moment bienheureux de la Conception de Marie fut celui qui commença à relever l'homme de sa chute et à le rétablir dans sa destination première : ce qui ne permet pas de penser que cette Conception salutaire ait été infectée du mal même dont elle venait nous affranchir.
Souvenez-vous de la miséricordieuse promesse faite à nos premiers parents après leur fatale désobéissance.
Le Seigneur dit au Serpent : Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne ; elle te brisera la tète (1).
(1) Gen., III, 15.
Voilà Marie déclarée l'ennemie redoutable et perpétuelle de Satan, devant partager avec son Fils la gloire de son triomphe sur cet esprit infernal et sur le péché.
Comment cette prédiction se serait-elle accomplie dans toute sa vérité, si cette femme admirable eût été un seul instant asservie et à l'enfer et au péché ?
Satan aurait dès lors pu se vanter d'avoir tenu sous son joug odieux celle qui devait le briser.
Le sang qui devait racheter et purifier le monde aurait été dans sa source un sang impur et vicié !
Rejetons des suppositions aussi défavorables à Jésus et à Marie qu'offensives pour des oreilles et des cœurs chrétiens.
A ces considérations ajoutons une réflexion que fait le P. Poiré, traitant le sujet de la Conception de Marie, dans son savant ouvrage de la Triple Couronne.
Le péché originel se faisant remarquer par ses effets, nous pouvons présumer son absence là où ces tristes effets ne paraissent pas.
Nous voyons pendant l'hiver une belle fontaine répandre ses eaux à travers la campagne par divers ruisseaux. Lorsque, repassant au même endroit durant l'été, nous trouvons les ruisseaux desséchés, que pouvons-nous dire autre chose, sinon que la source elle-même est tarie ?
Eh bien ! dès que cette source pernicieuse du péché originel s'est débordée sur les enfants d'Adam, ses eaux empoisonnées ont inondé et ravagé toutes les puissances de l'âme, sans laisser chose quelconque en son entier.
Que reste-t-il donc, sinon que, n'apercevant nulle marque de ce dégât et de cette inondation en la sainte Vierge, nous disions que jamais la fontaine empestée n'a eu cours en son âme très-bénie ?
En effet, voyez-la comme le jardin fermé qui brille de toutes parts et présente partout les douceurs et les richesses d'un agréable printemps : vous n'y verrez rien de desséché, rien d'altéré, rien de flétri ; je veux dire : vous y verrez partout les heureux effets que produisait jadis la grâce originelle, et vous n'y apercevrez nulle marque de la dent venimeuse du Serpent ; point de rébellion en ses membres, point de désordre en ses puissances, point d'obscurité en son esprit, point de dérèglement en ses affections, point de corruption en son corps.
Que si Marie, comme son divin Fils, a été sujette aux souffrances et à la mort, qui sont aussi des effets du premier péché, elle l'a été par une acceptation volontaire, afin de s'associer au mystère de la rédemption, d'imiter Jésus-Christ, et de nous servir à nous-mêmes de modèle et de consolation (1).
(1) La Triple Couronne de la B. V. Mère de Dieu, par le R. P. F. Poiré, S. J., 7e étoile, ch. VIII.
Ne craignons donc pas de le dire, Marie fut toute belle : Tota pulchra es.
Elle fut l'étoile de Jacob, toujours fixe et sans éclipse ; elle fut l'aurore dont la splendeur toujours pure amena le divin Soleil ; elle fut cette toison que la rosée environnait et ne mouillait pas ; elle fut cette arche revêtue d'un or toujours étincelant, faite pour renfermer le salut du monde ; elle fut cette tige toujours fleurie, cette tige unique où ne s'est trouvé, dit saint Ambroise, ni le nœud du péché originel, ni l'écorce du péché actuel ; elle fut ce lis d'une blancheur toujours éblouissante qui devait s'épanouir au milieu des épines : Tota pulchra es, et macula non est in te.
III La croyance a l'immaculée Conception est-elle bien ancienne et universelle ?
La fête de l'immaculée Conception remonte bien au delà du XIIème siècle.
Célébrée d'abord dans plusieurs églises particulières, en Orient et en Occident, elle ne fut toutefois solennisée à Rome qu'au temps de Nicolas III, qui fut élevé sur la chaire de saint Pierre en 1277.
Deux siècles plus tard, Sixte IV, par deux Constitutions successives, permit de la célébrer dans tout l'univers, et approuva un Office dans lequel se trouvent entre autres ces paroles : Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tache originelle n'est pas en vous, accordant des indulgences nombreuses à ceux qui le réciteraient.
Si cette institution d'une fête en l'honneur du plus beau privilège de Marie paraît un peu tardive, n'attribuons ce retard qu'aux conseils de la divine Providence et à la profonde sagesse de l'Église.
Il ne serait pas raisonnable de prétendre que l'Église a dû, dès son origine, établir tout d'un coup toutes les solennités, cérémonies et pratiques de son culte.
L'Église, dans l'introduction des rites sacrés comme dans ses dévotions, a suivi les âges ; elle a interrogé les circonstances et les besoins des fidèles, toujours assistée et conduite par le Saint Esprit, qui réside en elle dès le commencement.
Cette divine économie, dit un illustre prélat, est merveilleusement appropriée aux besoins de notre faiblesse, parce que notre misérable nature se lasse et s'engourdit dans l'habitude monotone de pratiques entièrement semblables, tandis que quelque nouveauté accidentelle soutient l'attention et ranime la ferveur.
Il en sera sans doute ainsi dans le ciel, où le bonheur des saints sera constamment soutenu par la vue et l'admiration de nouvelles perfections en Dieu.
Et il ajoute : « En ce qui concerne la bienheureuse Vierge Marie, il est à remarquer que presque toujours, quand le genre humain s'est trouvé dans des crises extraordinaires, il lui a été donné, pour en sortir, de reconnaître et de bénir une perfection de plus dans cette admirable créature, qui fut ici-bas le plus magnifique reflet des perfections du Créateur (1). »
(1) Démonstration de l'immaculée Conception de la B. V. Marie, par Mgr Parisis, page 36.
Quant à la définition de nouveaux articles de foi, nous verrons dans le numéro suivant ce qu'il faut en penser.
Toutefois, ne vous imaginez pas que la pieuse croyance en Marie conçue sans péché n'ait pas une date antérieure à l'établissement de cette fête.
Elle est au contraire de la plus haute antiquité, et se rattache par une tradition constante et suivie jusqu'aux premiers jours du christianisme, comme viennent de le démontrer avec tant de science les PP. Perrone, Passaglia et Ballerini, de la Compagnie de Jésus. Il me suffira d'en citer ici quelques preuves.
Dans les actes du martyre de saint André, dont on ne saurait révoquer en doute l'ancienneté et l'autorité, il est dit : Puisque c'est d'une terre immaculée qu'avait été formé le premier homme, il était nécessaire que
l'Homme parfait naquit d'une Vierge immaculée.
Les auteurs ecclésiastiques et les Pères des premiers temps du christianisme, tels que saint Sabbas, saint Théophane, Origène, saint Amphiloque, saint Épiphane, saint Jérôme, saint Éphrem, enseignent que la Vierge Mère du Sauveur ne fut jamais touchée d'aucune faute, qu'elle fut exempte de tout lien du péché, mise à l'abri de toute espèce de souillures, formée
dans la grâce, pleine de grâce, et n'ayant pas été atteinte du souffle pestilentiel de Satan.
Ils nomment Marie Vierge sans tache et sans pêché, tout à fait étrangère à toute
souillure, plus belle que toute l'armée céleste, brebis immaculée qui mit au monde l'agneau qui fut le Christ,
nuée de jour qui ne fut jamais dans les ténèbres, mais toujours au sein
de la lumière.
On sait le mot de saint Augustin, qui, tout en établissant contre les pélagiens le dogme du péché originel, s'écrie :
« Exceptons seulement la sainte Vierge Marie ; lorsqu'il s'agit du péché, je ne veux pas, à cause de l'honneur dû à notre Seigneur, a qu'il soit en aucune manière question d'elle (1). » Saint Augustin est mort en l'année 430 de l'ère chrétienne.
(1) De Natura et Gratia, cap. XXXVI.
Depuis cette époque jusqu'aux Xe et XIe siècles, un nombre considérable de saints Docteurs ont continué la brillante chaîne de cette tradition.
Je ne parle pas de plusieurs liturgies orientales et autres, fort anciennes, où les titres de sainte en toutes choses, pure de toute tache, et de très-immaculée, plane immaculata, soit décernés à Marie (1).
(1) Voyez l'ouvrage du P. Wanguereck, jésuite, qui a pour titre : La piété des Grecs envers Marie.
Au XIe siècle, la dévotion à l'immaculée Conception était répandue dans toutes les contrées de l'univers catholique.
En France, ce fut à Lyon, la ville de Marie, que commença le culte rendu à la très-pure et très-immaculée Conception de cette auguste Vierge ; à Lyon, où dès le milieu du second siècle saint Pothin avait élevé le premier autel dédié dans les Gaules à la Mère de Dieu.
Si saint Bernard écrivit aux chanoines de Saint-Jean, en 1140, pour se plaindre de ce que dans leur cité l'on avait célébré la fête de la Conception, ce n'était certes point parce qu'il était offensé de l'ardente piété des Lyonnais envers Marie ; seulement il n'aurait pas voulu que cette solennité s'établît sans l'autorisation du Siège Apostolique. Quoi qu'il en soit, Lyon devina la pensée de l'Église en prévenant son autorité ; et la fête de la Conception, instituée et autorisée plus tard en tout lieu, justifia l'amour empressé des Lyonnais pour leur aimable Reine et Patronne.
Le premier monument à la gloire de la Vierge conçue sans tache fut consacré dans l'église d'Ainay.
On pense que saint Anselme, durant son séjour à Lyon, en 1099 et 1100, y propagea la dévotion à la Conception immaculée de Marie, à laquelle il était si dévoué.
Un ancien missel de Lyon renferme deux messes propres sous le titre de l'immaculée Conception de Marie.
Les ordres religieux les plus distingués ne cessèrent, depuis leur naissance, d'entourer la Vierge conçue sans péché d'hommages particuliers et solennels.
Ainsi, chez les Trinitaires, l'invitatoire d'un de leurs Offices était conçu en ces termes : Célébrons la Conception immaculée de la Vierge Marie : Immaculatam Conceptionem Virginis Mariœ celebremus.
Chez les Carmes et les Carmélites, on en faisait mémoire chaque jour.
Les religieux de la Merci terminaient leur méditation quotidienne par l'oraison suivante : « 0 Dieu, qui avez préservé de toute tache de péché dans sa Conception l'immaculée Vierge Marie, afin qu'elle fût la digne Mère de votre Fils, faites que nous, qui croyons véritablement à la pureté de son innocence, nous éprouvions les effets de son intercession pour nous auprès de vous.
Personne n'ignore le zèle ardent avec lequel les enfants de saint François d'Assise soutinrent et propagèrent partout la dévotion à l'immaculée Conception.
Voici la formule du serment solennel par lequel les Franciscains d'Espagne s'engagèrent, dans leur chapitre général de Ségovie, à défendre l'auguste privilège de Marie :
« Renouvelant l'antique et affectueuse dévotion qui certainement est venue de nos premiers pères jusqu'à nos jours envers l'immaculée Conception de la Vierge Marie, voulant de plus nous y astreindre par le lien d'une obligation nouvelle, nous faisons serment et vœu à Dieu notre Seigneur, à sa très-sainte Mère, à notre séraphique Père saint François et à tous les saints, de croire, de soutenir et d'enseigner, en public et en particulier, que la Vierge, notre Dame, fut conçue sans le péché originel et préservée de ce péché par les mérites de Jésus-Christ notre Seigneur ; et nous aurons soin, autant qu'il sera en nous, que cette dévotion soit enseignée au peuple chrétien. Nous le promettons et le jurons par notre Seigneur Jésus-Christ et par ce signe de la croix. » (An l621.) Quoi de plus beau et de plus formel !
La Compagnie de Jésus, née à Paris sous les auspices de la Reine des martyrs, et toujours depuis lors entièrement dévouée a son service, ne cessa jamais de regarder la défense de l'immaculée Conception comme un de ses devoirs les plus sacrés et les plus chers.
Le saint frère Alphonse Rodriguez ne craignait pas d'affirmer que la Compagnie de Jésus avait été en partie fondée pour soutenir et propager cette dévotion.
Un jour, entendant deux pères du collège de Majorque agiter entre eux cette question, le bon frère s'approcha, et prenant part à la conversation : Je sais, dit-il d'un ton assuré, que la Mère de Dieu a été conçue sans péché.
— Et de qui l'avez-vous donc appris ? demanda l'un des pères.
— De Marie elle-même, répondit Alphonse.
Sainte Brigitte, dont les révélations ont été approuvées par trois Souverains Pontifes, avait également appris cette vérité de la sainte Vierge elle-même : Veritas est, quod eyo concepta sim sine peccato originali, (Livre VI des Révélations de sainte Brigitte.)
Les universités les plus renommées, comme celles de Paris, de Toulouse, de Naples, de Mayence, de Louvain, d'Oxford et de Cambridge, avant la malheureuse défection de l'Angleterre, de Salamanque, de Coïmbre, de Lima, juraient de défendre la Conception immaculée de Marie.
L'université de Paris n'aurait point admis dans son sein celui qui aurait refusé ce serment.
Jean Juvénal des Ursins, archevêque de Reims, dans l'histoire de Charles VI, à l'année 1387, rapporte que l'évêque et le clergé de Paris avaient condamné avec grande solennité ceux qui parleraient contre la Conception immaculée de la Vierge.
Il existait à Paris, dès l'année 1311, dans l'église de Saint-Séverin, une confrérie en l'honneur de Marie immaculée, sous le vocable de la sainte Conception.
Les souverains s'unissaient aux peuples pour rendre hommage à la prérogative de la Vierge sans tache.
Je me bornerai à rappeler le magnifique spectacle que l'empereur Ferdinand III offrit à l'Allemagne en l'année 1047.
Pressé par les Suédois, que leurs victoires mettaient en état de tout oser, Ferdinand ne vit, pour empêcher la ruine totale de ses affaires, qu'un seul moyen efficace, celui de recourir à la puissante protection de Marie.
A cet effet, il fit élever sur la grande place de Vienne une superbe colonne, et voulut qu'on la décorât d'emblèmes, de figures et d'inscriptions rappelant l'immaculée Conception. La statue de la Reine des anges écrasant de ses pieds le dragon infernal était placée au-dessus de la colonne et dominait la ville, qu'elle regardait d'un air de bonté.
Toute la cour et toute la grande cité prirent part à la solennité.
Dès le point du jour, le peuple inondait les rues, les places publiques et l'église où l'empereur devait se rendre.
Il s'y rendit en effet processionnellement, escorté des princes de sa maison, du légat du Pape, des ambassadeurs, et suivi de toute la noblesse, du clergé et de tous les ordres religieux.
Après un discours éloquent sur la très-pure Conception de Marie, une messe pontificale fut célébrée par le prince Frédéric, évêque de Vienne.
Au moment de la communion, à genoux au pied de l'autel, l'empereur remit son épée à son chambellan, et d'une voix ferme prononça l'acte par lequel il consacrait à Marie conçue sans la tache du péché originel sa personne, sa famille, ses provinces, ses armées et tout ce qu'il possédait.
Il promettait en même temps de faire célébrer à perpétuité l'immaculée Conception, comme fête de précepte et avec obligation de jeûner la veille.
Il reçut ensuite la sainte Eucharistie, et, l'office terminé, il se transporta avec le même cortège sur la place où s'élevait le trophée de Marie.
On en fit la bénédiction au milieu des chants d'allégresse, des transports de la piété et des salves de toute l'artillerie de la ville ; et, le soir, toutes les maisons furent illuminées.
Le ciel ne tarda pas à bénir la piété du monarque.
Quant aux Souverains Pontifes, leurs constitutions, leurs décrets, leurs concessions sont des témoignages irrécusables de leur zèle et de leur amour envers la Vierge immaculée.
Sur ce point, le Saint-Siège n'a jamais varié, disait Alexandre VII.
J'ai cité plus haut Sixte IV étendant à tout l'univers catholique la fête de la Conception, qui avait déjà été célébrée à Rome, en présence des cardinaux, sous le pontificat de Nicolas III.
Innocent VIII, cédant aux sollicitations d'une pieuse princesse, établit un couvent de la Conception, et donna aux religieuses l'habit et le scapulaire blancs, avec le manteau bleu céleste, comme symboles de la pureté de Marie.
Saint Pie V permit aux Franciscains de réciter l'Office qu'avait approuvé Sixte IV, et dont l'invitatoire est ainsi conçu : Immatulatam Conceptionem Virginis Mariœ celebremus ; Christum ejus prœsenatorem adoremus Dominum.
Clément VIII approuva et recommanda le catéchisme de Bellarmin, qui enseigne expressément que Marie n'a jamais été atteinte par aucun péché, ni originel, ni actuel, ni mortel, ni véniel.
Paul V défendit que personne, dans les prédications publiques, leçons, conférences, etc., eût la hardiesse d'affirmer que la très Sainte Vierge a été conçue avec le péché originel.
Grégoire XV renouvela le décret de Paul V et l'étendit aux entretiens et écrits même privés.
Alexandre VII et ses successeurs ne furent pas moins favorables à l'immunité de la sainte Vierge, jusqu'à Grégoire XVI, de si sainte mémoire, qui permit à une foule d'évêques d'insérer dans les prières liturgiques et même dans celles de la Messe la parole formelle : immaculée, conçue sans péché.
Enfin, à l'heure qu'il est, tous les cœurs chrétiens admirent et bénissent les preuves si éclatantes que le bien-aimé Pie IX donne à toute l'Église de sa tendre dévotion envers la Mère immaculée de Jésus-Christ (1).
(1) Voyez pour plus de détails la Démonstration de l'immaculée Conception, par Mgr Parisis.
A une tradition aussi vénérable par son antiquité, son universalité et sa perpétuité unissez la pensée du concile de Trente.
Après avoir positivement établi le dogme de la transmission du péché originel à toute la descendance d'Adam, le saint concile ajoute cette déclaration : « que son intention n'est pas de comprendre en ce décret, où il s'agit du péché originel, la bienheureuse et immaculée Vierge Marie; mais qu'il faut observer les Constitutions du pape Sixte IV, de bienheureuse mémoire, sous les peines portées par ces mêmes constitutions, et qu'il renouvelle (2). » N'est-ce pas insinuer clairement que la Conception de Marie a été immaculée ?
(2) Sess, v., decret, de peccat. origin.
D'ailleurs, pourquoi depuis tant de siècles l'Église a-t-elle glorifié la Conception de la sainte Vierge par une fête particulière ?
Et en disant la fête de la Conception de la sainte Vierge, je ne veux pas dire la fête de sa sanctification dans le sein de sainte Anne, mais la fête de sa Conception naturelle, ainsi que l'a déclaré Sixte IV dans sa Constitution Grave nimis, de l'année 1483.
Si cette Conception naturelle de Marie, dans le sentiment de l'Église, n'était pas pure et immaculée, la fête autorisée ou célébrée par elle aurait eu pour objet une Conception souillée, dégradée par le péché : ce qui ne peut pas être, puisque l'objet d'une solennité dans l'Église, d'après les enseignements de la théologie et le simple bon sens, doit être un objet saint : De re nonsancta non est solemnizandum (Rich. de S. Vict.).
-Oh ! oui, vous êtes toute belle, ô Marie, ô vous que j'aime, et il n'y a pas de tache en vous : Tota pulchra es.
Oh ! oui, c'est pour nous, comme pour saint Anselme, une vérité hors de tout doute, que le corps très-chaste et l'Ame très-sainte de Marie ont été radicalement, totalement, funditus, sous la continuelle protection des anges, préservés de toute tache de péché (1).
(1) Lib de Excellent. B. V. M., cap. m.
IV Le Saint-Siège peut-il définir l'immaculée Conception comme article de foi ?Marie a été conçue sans péché. C'est donc là une vérité très-certaine, la plus certaine de toutes celles que l'Église catholique n'a pas encore revêtues de son autorité infaillible.
Ainsi, nous l'avons vu, avait pensé Bossuet. Que lui manque-t-il pour être un dogme, un article de foi ? La seule définition de l'Église.
Or, l'Église peut-elle définir la Conception immaculée de Marie comme une vérité de foi catholique ?
Pour répondre à cette question, il faut nous souvenir que l'Église n'invente point et n'établit point par elle-même des dogmes de foi, des croyances nouvelles.
Une vérité de foi est essentiellement une vérité révélée de Dieu, sortie de son sein, venue du ciel et transmise à la terre, ou par le témoignage des patriarches, des prophètes, ou surtout par l'autorité divine de Jésus-Christ même.
Dieu, dit saint Paul, qui avait autrefois parlé à nos pères, en diverses occasions et de
différentes manières, par les prophètes, nous a parlé dans ces derniers temps par son Fils, qu'il a fait héritier de toutes
choses, par lequel il a créé les siècles (1).
Une vérité de foi doit donc être contenue dans la révélation ou dans la parole de Dieu, puisque croire à une vérité de foi, c'est croire à Dieu même qui parle et qui enseigne.
Or, cette parole de Dieu est écrite ou non écrite : la première est renfermée dans nos saintes Écritures, et la seconde dans la Tradition ; et la Tradition nous est connue principalement par les monuments de la foi ancienne, les ouvrages des Pères et des Docteurs, l'enseignement des premiers pasteurs et la croyance universelle des fidèles.
Toutes les vérités révélées ne sont point toutefois contenues en termes clairs, explicites et formels dans l'Écriture ou dans la Tradition.
Il en est qui y sont contenues d'une manière moins formelle et moins explicite, quoique appartenant réellement à la révélation, soit écrite, soit traditionnelle.
Eh bien ! l'Église catholique ayant été établie par Jésus-Christ pour être jusqu'à la fin des siècles, sous la direction immédiate du Saint-Esprit, la gardienne infaillible de la foi et des mœurs, la colonne inébranlable de la vérité, a reçu le pouvoir et le droit de lever les doutes, quand il y en a, et de prononcer en dernier ressort sur l'existence de telle ou telle vérité révélée,
Pour se mettre en état de rendre cette décision qui fixe irrévocablement la croyance du peuple chrétien, l'Église, ou par ses conciles généraux unis son Chef, le Pontife romain, ou par ce Pontife seul, à qui il a été dit de confirmer ses frères dans la foi, l'Église, dis-je, consulte et approfondit les saintes Lettres, interroge les monuments de l'antiquité, recherche le sentiment commun des Pères, des pasteurs, et la croyance générale des fidèles.
Puis, par d'ardentes supplications, elle implore cette assistance d'en haut qui lui fut promise par son adorable Fondateur.
Cela fait, si l'Église prononce et définit que telle ou telle doctrine est une doctrine révélée de Dieu, c'est-à-dire renfermée dans la parole de Dieu écrite ou traditionnelle, dès lors il devient certain d'une certitude divine et indéfectible qu'elle l'est en effet, et qu'il n'est plus permis de la nier ou d'en douter un seul instant ; dès lors elle est article de foi et le sera éternellement.
C'est en ce sens que l'Église, que le Saint Siège peut aux dogmes anciens ajouter des dogmes nouveaux, nouveaux non point quant à leur existence ou au fait de la révélation, mais uniquement quant à la déclaration de ce fait.
Et c'est en ce sens et suivant cette règle que l'Église a réellement, à diverses époques, défini plusieurs vérités très-certainement contenues, d'une manière plus ou moins formelle, dans l'Écriture ou dans la Tradition.
Cette marche, le Vicaire de Jésus-Christ la suit aujourd'hui pour arriver à un jugement dogmatique et solennel touchant l'immaculée Conception de la sainte Vierge.
Il a mis et met tout en œuvre pour obtenir ces lumières spéciales et actuelles qui le disposent prochainement à l'acte souverain de la définition dogmatique.
Sitôt donc qu'il jugera ces lumières suffisantes, il pourra proclamer l'immaculée Conception comme dogme catholique ; il en a le pouvoir et le droit.
Pieux lecteur, d'après tout ce qui précède, vous pouvez sans erreur penser que le Souverain Pontife est fixé sur l'existence de la révélation de la vérité qui nous occupe.
Mais l'heure opportune d'un décret sans appel a-t-elle sonné ?
Il ne m'appartient pas de vous le dire. Dieu seul le sait.
Ce qui est sûr, c'est que tous les regards et tous les vœux du monde catholique sont en ce moment tournés vers le Pasteur suprême que Jésus-Christ lui a donné pour guide et pour maître, comme pour lui dire : Prononcez, Seigneur, cette parole, cette parole de vie et de salut, et je serai guéri.
Du moins le sentiment des évêques et des Âmes pieuses est que de la définition dogmatique de la Conception immaculée de Marie doivent naître pour la société les biens les plus désirables.
Rétablissement de l'ordre dans le monde, destruction des monstrueuses erreurs qui l'infectent, digue puissante élevée contre l'invasion des hérésies, coup mortel porté aux ennemis acharnés de Jésus-Christ et de l'Église, moyen souverainement efficace de rallumer la foi, de redresser les mœurs, de ramener les âmes égarées dans le droit chemin, tous ces effets merveilleux, les hommes les plus sages et les plus vertueux se plaisent à les voir dans le triomphe de Marie.
Le bienheureux Léonard de Port-Maurice, célèbre missionnaire du siècle dernier, dans une de ses lettres que l'on conserve à Rome, annonce cette voie nouvelle de paix, de prospérité et de bonheur où doit entrer l'univers lorsque ce suprême honneur sera rendu à la Reine des cieux.
Ce saint homme ajoute que si Dieu ne daigne pas inspirer au Souverain Pontife de prononcer définitivement sur l'insigne privilège de la Vierge très-pure, c'est un signe qu'il veut encore laisser le monde en proie aux troubles, aux agitations, aux maux de toute espèce qui l'affligent.
Prions donc, et que le ciel, propice à nos prières, nous accorde à vous et à moi l'inestimable bienfait d'entendre, avant de mourir, le successeur de Pierre décréter, par un jugement solennel, que Marie, la Mère de Dieu et notre Mère la plus chérie, a été conçue sans le péché originel. Amen.
V Par quels moyens pouvons-nous honorer la Vierge Immaculée ?
Le premier et sans contredit le plus agréable à Marie, c'est de mettre notre innocence à l'abri de sa très-pure Conception, nous efforçant de rendre notre vie exempte de toute souillure.
La pureté, vous ne l'ignorez pas, est la vertu que la très-sainte Vierge aurait préférée à la dignité de la divine maternité ; c'est la vertu qui fit de l'apôtre saint Jean le disciple bien-aimé de Jésus et de Marie, et qui fixera sur nous leurs regards et leurs affections.
Les âmes pures sont de la famille des anges, disent les Pères ; bien mieux, selon saint Ambroise et saint Bernard, s'il y a plus de bonheur dans la pureté des anges, il y a plus démérite dans celle de l'homme.
Au ciel, les vierges forment la compagnie de l'Agneau, dont elles accompagnent les pas de pieux cantiques ; tandis que le vice contraire, souillant et profanant le sceau divin apposé sur une âme, en fait un objet hideux, dont la vue est à charge aux yeux de Jésus-Christ et de sa sainte Mère, et navre en quelque sorte leurs cœurs de regret et de douleur.
Concevons donc une tendre dévotion envers Marie conçue sans péché, et invoquons-la souvent sous ce titre ; soyons certains qu'il n'est pas contre la morsure du Serpent de plus puissant préservatif.
Le V. Berchmans avoua au P. Cépari que la sainte Vierge l'avait préservé de toute pensée et de toute imagination contraire à la pureté jusque dans le sommeil, depuis surtout qu'il avait contracté l'habitude de réciter, avant de se coucher, un Ave Maria en l'honneur de son immaculée Conception.
Berchmans, pour honorer la souveraine pureté de Marie, disait encore le petit chapelet de douze Ave Maria ; et c'est à ce pieux usage que l'auteur de sa vie attribue le privilège dont jouissait le saint jeune homme, de purifier par ses seuls regards les esprits travaillés de fantômes impurs et de leur inspirer l'amour de la chasteté.
A l'exemple de Berchmans, chaque soir, avant de vous mettre au lit, récitez avec piété l'Ave Maria et l'invocation : 0 Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous.
Pour prix de ce petit acte d'amour, la Reine des anges veillera durant la nuit sur votre innocence.
Pendant le jour, aimez à dire de temps en temps ; Bénie soit la sainte et immaculée Conception de la bienheureuse
Vierge Marie ; ou bien : 0 Vierge Marie, vous avez été immaculée dans votre Conception ; priez pour nous le Père dont vous avez enfanté
le Fils Jésus, conçu par l'opération du Saint Esprit.
Le souverain pontife Pie VI a attaché à chacune de ces aspirations cent jours d'indulgence qu'on gagne chaque fois qu'on les répète.
Au sujet de la seconde aspiration : 0 Vierge Marie, vous avez été, etc., le P. d'Argentan s'exprime ainsi : « On ne saurait dire le nombre de personnes malades, affligées, tentées ou exposées à quelle que péril, lesquelles portant sur elles ce verset écrit, par dévotion, ou le prononçant avec respect, ont été délivrées par un secours tout miraculeux ; et moi-même en ai vu quelques exemples et en ai ouï raconter d'autres à ceux qui les avaient « vus (1). »
(1) Conférences sur les grandeurs de la sainte Vierge, tome. ler, 5. conf.
Une autre pratique simple et fructueuse, c'est de placer dans votre chambre une image de la Vierge immaculée et de porter sur vous sa médaille avec une dévotion d'enfant.
Cette médaille est celle que l'on nomme miraculeuse, qui représente d'un côté la sainte Vierge en pied, avec ses bras entrouverts et étendant vers la terre ses mains d'où, s'échappent des rayons de lumière, et sur le revers, la lettre M surmontée d'une petite croix, et au dessous les saints cœurs de Jésus et de Marie. Autour de la Vierge, on lit : 0 Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. Cette médaille est connue dans le monde entier, et il est peu de personnes qui n'aient fait l'expérience, ou du moins qui n'aient vu ou su les effets des miséricordieuses promesses attachées à ce signe protecteur.
Il serait difficile d'énumérer les guérisons, conversions, protections, secours et grâces de tout genre accordés à ceux et celles qui ont consenti à porter cette médaille.
L'illustre maréchal de France qui vient de mourir au sein de la gloire et dans les bras de la religion, avait sur sa poitrine la médaille et le scapulaire de la sainte Vierge.
L'intrépide général qui a pris son commandement a reconnu devoir la conservation de ses jours, dans la terrible bataille de l'Alma, à la médaille de l'immaculée Conception qu'une main auguste lui avait offerte avant son départ pour l'Orient.
La plupart de nos officiers et de nos soldats portent aujourd'hui ce gage d'espérance et de salut.
On peut également recevoir le scapulaire de l'immaculée Conception, ou le scapulaire bleu de ciel, que l'on fera bien de coudre avec celui du Carmel à un seul et même cordon.
Ce scapulaire fut révélé, au commencement du XVIIe siècle, à la vénérable servante de Dieu, sœur Ursule Benincasa, fondatrice des Religieuses Théatines, à Naples.
Il a été approuvé par les souverains pontifes Clément X et Clément XI, et enrichi de nombreuses et précieuses indulgences.
La fin principale que doivent se proposer les personnes qui s'en font recevoir, c'est de prier pour la réforme des mauvaises mœurs et la conversion de tous les pécheurs.
Il est laissé au choix de chacun de faire telles prières et telles bonnes œuvres que lui suggérera sa piété, pour apaiser la justice de Dieu et attirer les effets de sa miséricorde sur les pécheurs.
Un autre exercice très-agréable à Marie, et que peuvent pratiquer plus particulièrement les personnes qui ont un peu plus de loisir, est la récitation du petit Office de l'immaculée Conception.
On peut le réciter tous les jours, ou le samedi seulement.
Ainsi qu'il a été dit, le bienheureux Alphonse Rodriguez aimait à en distribuer des copies qu'il écrivait lui-même, attribuant à cette prière une vertu puissante contre les tentations impures.
On a répandu dans ces derniers temps une petite couronne à Marie immaculée, dite la Coroncina, à l'effet surtout d'obtenir de Dieu la définition dogmatique de l'immaculée Conception de la très-sainte Vierge.
Je suis bien aise de vous donner connaissance de cette belle prière extraite des écrits des saints les plus dévoués à Marie, et de vous engager à la réciter quelquefois.
On la récite comme il suit :
Seigneur, venez à mon aide.
Seigneur, hâtez-vous de me secourir.
Gloire soit au Père, au Fils et au Saint Esprit, comme il était au commencement, comme il est aujourd'hui, comme il sera toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
1° Je vous salue, Marie, la Fille aimée du divin Père, vous qui fûtes bénie et prédestinée à être, en tout et pour tout, au-dessus des anges et des saints.
Bénie soit la très-sainte et immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie.
Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Et le reste de la Salutation angélique.
2° Je vous salue, Marie, la Fille privilégiée du divin Père, vous qui avez surpassé les anges en pureté, et en sainteté tous les saints ensemble.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
3° Je vous salue, Marie, la noble Fille du divin Père, vous que non seulement la flétrissure, mais l'ombre même du péché n'a jamais pu atteindre.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
4° Je vous salue, Marie, la tout aimable Fille du divin Père, vous qui, remplie de grâce, avez toujours été pour lui un objet d'amour.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
5° Je vous salue, Marie, vous qui, étant fille du premier Adam, avez été cependant préservée d'une manière ineffable de la souillure originelle.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
6° Je vous salue, Marie, vous qui avez échappé à la morsure du dragon infernal et l'avez terrassé à vos pieds, tandis que l'infortunée Ève en a été vaincue.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
7° Je vous salue, Marie, vous principe et source de bénédiction et de vie, tandis qu'Ève ne laissa après elle que la malédiction et la mort.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
8° Je vous salue, Marie, vous qui, par l'innocence de votre origine, avez ; été une digne Mère de réconciliation et de paix entre Dieu et les hommes.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
9° Je vous salue, Marie, vous qui, dès le premier instant de votre Conception, avez été, enrichie de tous les dons de votre divin Époux.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
10° Je vous salue, Marie, vous qui, toujours exempte du péché, avez môme ignoré les honteux penchants qui nous y portent.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
11° Je vous salue, Marie, vous qui, toujours éclairée par le Soleil de justice, êtes devenue comme une brillante aurore, belle de plus en plus, et réjouissant le ciel et la terre de la vue de vos splendeurs.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
12° Je vous salue, Marie, Fille, Mère et Épouse d'un Dieu, vous qui, sainte et immaculée d'esprit et de corps, avez mérité d'être élevée en corps et en âme à la gloire de votre Fils, et d'être couronnée et proclamée par lui la très-puissante Reine de l'univers.
Bénie soit la très-sainte et immaculée, etc., puis la Salutation angélique.
ANTIENNE.
Vous êtes toute belle, ô Marie, et la souillure du péché n'est point en vous ; vous êtes la gloire de Jérusalem ; vous êtes la joie d'Israël ; vous êtes l'honneur de votre peuple ; vous êtes l'avocate des pécheurs. 0 Marie, Vierge très-prudente, Mère très-clémente, priez pour nous, intercédez pour nous auprès de Jésus-Christ votre Fils.
O Vierge, vous avez été immaculée dans votre Conception.
Priez pour nous le Père dont vous avez enfanté le Fils.
PRIONS.
0 Dieu, qui, par l'immaculée Conception de la très-sainte Vierge, avez préparé en elle une demeure digne de votre Fils, et qui, par les mérites futurs de la mort de ce même Fils, avez préservé cette auguste Vierge de toute tache et de toute souillure, nous vous supplions de daigner, par son intercession, nous faire arriver jusqu'à vous : par le même Jésus-Christ, qui vit et règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
OFFRANDE.
A la plus grande gloire de l'immaculée Conception de la très-pure
Vierge Marie.
Très-sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, je vous adore, et, après vous avoir rendu grâces de ce que vous avez préservé l'auguste Vierge Marie de toute souillure et l'avez parée de la justice originelle, je vous offre en son honneur la présente couronne, vous suppliant, lorsque vous le croirez utile à votre gloire, de faire que l'univers entier croie, confesse et publie qu'elle a été conçue sans la tache d'origine.
Et vous, Vierge immaculée, qui êtes dans le ciel notre puissante avocate auprès de votre divin Fils, accueillez avec bienveillance la prière que nous vous adressons de sanctifier notre cœur, en le pénétrant d'un sincère, d'un continuel repentir de ses fautes. 0 miséricordieuse. Marie, prenez sous votre sauvegarde la sainte Église de Jésus. Mettez en fuite l'erreur qui combat contre elle, confondez les perfides mensonges que l'enfer vomit chaque jour, et par lesquels il espère obscurcir la gloire de votre Fils bien aimé et triompher de la puissance de votre nom. Protégez le Souverain Pontife, les évêques et les ministres de l'Évangile. Donnez à tout le peuple chrétien la sainte, la véritable paix, afin qu'après avoir célébré vos victoires sur la terre, nous puissions un jour dans le ciel participer à voire gloire. Ainsi soit-il.
Daigne la Vierge immaculée faire porter des fruits abondants à ce livret écrit et imprimé pour sa gloire et pour son amour !