• Juillet : le mois du Précieux Sang

     
     

    Juillet : le mois du Précieux Sang

     

    Juillet : le mois du Précieux Sang

     

    La piété des fidèles consacre le mois de juillet au Précieux Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l'honneur duquel l'Eglise célèbre une solennelle fête liturgique le premier jour de ce mois.

    Pie IX (1850) accorda sept ans et sept quarantaines d'indulgences pour chaque jour du Mois consacré au Sang Précieux de Notre Seigneur Jésus-Christ, en quelque jour de l'année qu'il commence, quand il se fait dans une église ou un oratoire public.

    Il accorda, en outre, aux conditions ordinaires, une indulgence plénière, dans le cours du mois, ou pour l'un des sept jours qui suivent, à ceux qui auront assisté au moins dix fois aux exercices du mois du précieux sang.

    Il accorda cent jours d'indulgences chaque jour à ceux qui feraient le Mois du Précieux Sang en particulier, indulgence plénière le dernier jour ou l'un des sept jours qui suivent.

    Source :

    http://archive.org/stream/cihm_41458#page/n7/mode/2up

    La dévotion au Précieux Sang, en effet, a été donnée aux hommes pour leur faire comprendre la Miséricorde de Dieu afin d'éviter ses châtiments qu'ils ont mérités.

    C'est le moyen divin qui est remis en nos mains pour apaiser la colère du Seigneur au jour formidable de ses vengeances, et pour arrêter les foudres dans ses mains levées pour nous punir de nos prévarications sans nombre.

    Il nous est permis sans doute de le dire, à la vue des péchés qui se commettent, qui ne comprend la juste indignation du Seigneur contre nous ? Les signes célestes ne sont-ils pas manifestes ? N'attendons pas, pour nous mettre en prière, de voir le divin Jésus verser sur nous à flots abondants le calice amer de sa colère ? Afin que nous puissions désarmer son bras, il nous inspire et il réveille en nous une tendre et affectueuse dévotion au Précieux Sang.

    Après nous être arrosés de ce Sang divin, nous pouvons l'offrir à la Majesté de Dieu avec une foi vive et une ardente charité, et attirer ainsi sur nous la Miséricorde.

     

    C'est par le Sang adorable du Sauveur que nous sommes faits enfants de Dieu dans le saint baptême ; c'est par lui que nos fautes sont effacées dans le sacrement de pénitence. Nous recevons ce Sang divin dans l'Eucharistie avec le corps sacré de l'Homme-Dieu. Enfin il est offert sur nos autels. N'est-ce pas le Sang de Jésus-Christ qui nous a procuré tous les biens de la grâce, et en lui ne trouvons-nous pas tout ce qui nous manque ? Le Sang divin est le véritable trésor inépuisable de l'Église.

    Nous avons jugé utile de faire connaître aux âmes qui aiment la Réparation la dévotion au Précieux Sang. Nous savons que c'est un saint usage qui devient de plus en plus fréquent de consacrer un mois tout entier à honorer ce Sang divin qui a été le prix de notre rachat.

    A Rome, il y a l'adoration perpétuelle du Précieux Sang, c'est-à-dire que chaque mois, dans une église, on y fait un exercice en l'honneur du Précieux Sang. Ainsi toute l'année se trouve consacrée à honorer le Sang divin de Jésus. C'est là un moyen efficace pour attirer les grâces du Ciel sur les âmes.

    C'est une pieuse coutume qui commence à s'introduire en France de consacrer le mois de juillet au Précieux Sang, mais néanmoins on peut choisir un autre temps.

     

    Source : Livre "Dévotion au Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ"

     

    PREMIER JOUR

    PRIÈRE DE SAINT FIDÈLE

    Père céleste, permettez-moi de me présenter devant vous ; exaucez mes prières, et ne les laissez pas tomber à vos pieds, sans leur communiquer quelque chose des fruits de votre miséricorde. Par le mystère de votre divin Fils crucifié pour mon salut, je veux répandre mon cœur en votre présence, ô Père de miséricorde et de toute consolation ! et vous prier pour tous ceux qui attendent de vous leur salut.

    Je vous offre donc, ô Père tout puissant ! le chef visible de votre Église, le souverain Pontife N.. et tous ceux qui remplissent quelque ministère dans l'Église ; et je vous prie par les souffrances que Jésus-Christ a endurées, lorsque sa tête fut couronnée d'épines, de les délivrer tous des peines du péché, et de leur donner la force de supporter courageusement les tempêtes, les troubles et les afflictions auxquels sont condamnés ceux qui doivent conduire les autres.

    Faites, Seigneur, que leurs paroles et leurs actions soient pour les fidèles comme une lumière qui leur montre le bien, afin que dirigés comme il faut, nous puissions tous aborder au port de l'éternelle béatitude. Sanctifiez tous les ministres de votre Église. faites d'eux le sel de la terre, la lumière du monde, une cité bâtie sur la montagne, afin qu'ils s'efforcent toujours d'acquérir cette pureté qui convient à leur dignité et à la sainteté de leur ministère.

    Je vous offre en même temps, ô Père de miséricorde ! celui qui nous gouverne, le chef de votre peuple, tous les princes chrétiens, et généralement tous ceux qui exercent de quelque manière le pouvoir temporel. Délivrez-les de leurs ennemis, et que votre paix entretienne l'union parmi eux ; afin qu'ils vivent comme il convient à des chrétiens, et qu'ils obtiennent le salut éternel pour lequel vous les avez créés ; qu'ils déposent avec confiance sur la tête adorable de Jésus-Christ couronnée d'épines, les peines et les contrariétés inséparables de leurs fonctions.

    En union, avec le côté de Jésus-Christ transpercé d'une lance, je vous offre votre sainte et unique Église catholique, apostolique et romaine. Ayez pitié d'elle, Seigneur, et conservez en elle la pureté de la foi et la gloire immaculée de la sainteté : étendez-la sur toute la terre par les travaux des hommes vraiment apostoliques. Donnez à ses pasteurs la victoire sur les ennemis de la foi, et tout ce qui leur est nécessaire pour conserver la paix sur la terre.

    En union avec la main droite de Jésus, percée d'un clou, je vous offre, Seigneur, tous nos bienfaiteurs, nos maîtres, nos parents, nos alliés, nos conseillers, et nos amis ; afin que vous leur accordiez tout ce qui peut vous être agréable et utile à leur salut.

    En union avec la main gauche de Jésus, clouée aussi à la Croix , je vous offre, ô Père miséricordieux, tous mes ennemis, que j'aime sincèrement ; et je vous prie humblement d'être bienveillant pour eux, et de leur rendre la gloire pour les opprobres dont ils m'ont accablé, une bonne réputation pour les calomnies qu'ils ont inventées contre moi, votre amour pour la haine qu'ils me portent, et pour le mal qu'ils me souhaitent, tous les biens utiles à leur salut, et la vie éternelle,

    En union avec la plaie du pied droit de Jésus , je vous offre tous ceux à qui je dois obéir ; afin qu'ils gouvernent avec un soin paternel par leurs paroles et leurs exemple ceux qui leur sont soumis. Sanctifiez-les pour cela de plus en plus, délivrez-les de toutes les occasions du péché mortel, et secourez-les dans tous leurs besoins.

    En union avec la plaie du pied gauche de Jésus, je vous offre tous les pécheurs dont l'âme est souillée par le péché mortel, et vous supplie de les attirer miséricordieusement à vous, et de les délivrer de ce déplorable état.

    Par la vertu du signe de la Croix de Jésus, je vous présente tous les religieux qui sont crucifiés au monde, et à qui le monde est crucifié. Ayez pitié de tous les ordres religieux ; et faites que chacun d'eux vive d'une manière conforme à sa vocation.

    En union avec les mauvais traitements que Jésus a endurés, je vous offre et vous recommande tous les hérésiarques et les infidèles qui font souffrir chaque jour de nouveau à votre divin Fils le supplice de la flagellation. 0 Père des miséricordes, ayez pitié du monde entier : amenez à la connaissance de la vérité les peuples qui l'ignorent, et conduisez au bercail de l'Église les païens et le peuple d'Israël. Ne permettez pas, je vous en supplie , que tous ces hommes qui portent dans leur âme votre image, tombent dans l'abîme sous vos yeux, et que le sang précieux de votre Fils soit perdu pour eux. Je pleure en votre présence, ô Seigneur ! de voir tant de mes frères éloignés de Tous. Je voudrais pouvoir croire en vous avec leur esprit à tous, vous aimer avec leur volonté, et vous servir avec toutes les forces dont ils peuvent disposer ; mais je ne puis rien, sinon répandre humblement devant votre majesté mes désirs et mes prières.

    Je vous offre aussi les prisonniers, ceux qui languissent dans les cachots, les malades, ceux qui sont tentés, ou troublés, ou qui luttent contre la mort. En union avec la captivité , la tristesse, et l'agonie que Jésus a souffertes au jardin des Oliviers, je supplie votre bonté de leur accorder la délivrance, la consolation , le salut, le secours et la victoire dans tous leurs besoins, et une bonne mort.

    En union avec la mort ignominieuse que Jésus-Christ a soufferte sur la croix, je vous supplie de jeter un regard favorable sur les pauvres âmes qui sont purifiées dans le Purgatoire, et particulièrement sur celles de N. N. qui ont plus de droits à mes prières. Adoucissez leurs souffrances , ouvrez-leur bientôt les portes du ciel, et donnez-leur le bonheur dont jouissent vos saints anges.

    En union avec la soif que Jésus-Christ a endurée sur la croix, je vous offre tous ceux qui désirent ardemment que je les recommande à vous dans mes prières. Accordez-leur ce que votre volonté demande d'eux, et ce qui peut procurer leur salut.

    Mais je veux faire aussi de moi, o mon Dieu ! une victime vivante, et vous supplier de vouloir bien consumer et anéantir tous mes péchés dans le feu de cet amour qui a porté Jésus-Christ â sacrifier sa vie pour moi, et à mourir sur la croix de la mort la plus cruelle. Amen.

     

    SECOND JOUR

    PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE

    0 mon Jésus, bon pasteur, qui sur l'arbre de la sainte croix, avez répandu à grands flots votre précieux sang pour notre salut, ô joie et nourriture des cœurs fidèles, que puis-je vous donner en échange de ce précieux trésor ? 0 saint amour de mon Jésus, que demandez-vous de moi ? mon cœur, peut-être ? afin qu'il se baigne dans votre sang adorable, et qu'il s'imbibe pour toujours de vos saintes plaies ? Oh ! avec quel abandon je vous offrirais mon cœur tout entier ! mais je ne puis vous le donner, si vous ne le blessez d'abord de votre amour. Prenez-moi donc mon cœur, ô Jésus ! et blessez-le de votre amour ; arrosez-le de votre sang, et faites-en un temple pour vous. Mais qu'ai-je osé vous demander, téméraire que je suis ? comment puis-je vous offrir la possession d'un cœur toujours agité, qui aime le monde, et que souillent tant de péchés ? Ah! pardonnez-moi, mon Sauveur. La grâce qui jaillit de votre sang excite ma confiance, et je me rappelle ces douces paroles que vous m'adressez chaque jour : Donne-moi ton cœur.

    Quelque misérable, quelque pécheur que je sois, pourrais-je vous résister plus longtemps ? Pour moi vous avez sacrifié votre âme, votre corps et votre sang ; et, en échange de tout ce que vous avez fait pour moi, vous ne me demandez que mon cœur. 0 miséricorde de mon Jésus, que votre condescendance est grande à mon égard ! ô longueur, ô largeur, ô hauteur et profondeur du divin amour, comme vous éclatez à mes yeux dans le sang que mon Jésus a versé pour moi ! Car, qui suis-je ? un amas de péchés, de mort et de poussière. Et qui êtes-vous, ô Jésus ? le roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le juge des vivants et des morts. Et vous daignez désirer mon pauvre cœur, afin de le purifier de votre sang, et de vous y préparer une demeure ! Oh ! si j'avais un cœur plus grand que le cœur de tous les hommes ensemble, et dont l'amour surpassât celui de tous les anges ; et si je vous offrais ce cœur, ô Jésus ! ce don de ma reconnaissance serait bien peu de chose comparé à celui que vous me faites de votre sang. Puisqu'avec un tel cœur je ne pourrais pas encore vous rendre tout ce que je vous dois, combien suis-je donc obligé de vous consacrer entièrement avec joie, et sans partage, cette pauvre petite étincelle, je veux dire mon cœur, avec tout son amour, et de le plonger dans votre cœur, dans votre sang et dans vos plaies !

    Combien je serais insensé, si je laissais encore mon cœur s'attacher à ce monde et aux créatures, lorsque vous, mon créateur et mon Dieu, vous le désirez, afin de le posséder pendant toute l'éternité ! Oh ! il ne doit plus m'appartenir désormais ; mais il doit être comme entrelacé avec le vôtre, et reposer toujours en vous. Il vous appartient : car vous l'avez créé pour vous, et vous l'avez acheté de votre sang. Il lui est bien plus avantageux de rester au pied de votre croix, blessé de vos blessures, et arrosé de votre sang, que de goûter les vaines joies de ce monde, et de se laisser entraîner par le fleuve des malédictions éternelles. Il vaut mieux pour moi que mon cœur saigne dans vos plaies, que de le voir dans le monde plein de vie pour le péché. Je suis bien plus sûrement dans votre toute puissance que dans mon impuissance. Je trouve bien plus de joie dans les tristesses de votre passion que dans tous les plaisirs coupables ; et la grâce de votre sang m'enrichit bien plus que la possession des biens périssables du monde entier. 0 mon Jésus ! prenez donc mon cœur, et enflammez-le par votre sang du feu de la plus tendre charité pour vous. Qu'il soit toujours à vous ; que toujours il soit enivré en vous des joies du salut ; que toujours il vous tienne embrassé par une fervente dévotion. 0 mon Jésus ! que mon cœur soit blessé de vos douleurs, et des douleurs du plus sincère repentir : qu'en s'attristant avec vous, il participe à vos miséricordes et à vos grâces ; qu'en mourant avec vous il trouve la vie en vous, qui êtes la vie véritable, O vous mon Sauveur éternellement adorable ! Amen.

     

    TROISIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE

    O mon Jésus ! j'ai le plus vif désir de vous aimer, et de jouir de la bénédiction de votre précieux sang, que vous avez répandu pour nous dans l'excès de votre miséricorde ; afin que je puisse recevoir la vie de la grâce, et que mon âme soit purifiée de tous les péchés qui l'ont souillée. Laissez-moi donc, ô mon Sauveur, considérer au pied de votre croix, que votre précieux sang ne rendrait point à mon âme la vie et la pureté, si je n'imitais pas vos vertus, si je ne me rappelais continuellement vos miséricordes et vos cruelles souffrances. Je veux ramasser en moi les germes de vos vertus, afin qu'ils produisent des fruits au dehors. Assistez-moi, afin que je ne reste pas plus longtemps assoupi dans la paresse, mais que je remplisse ma mémoire du souvenir de votre sang précieux, que j'ouvre entièrement mon esprit à la sagesse et aux leçons de votre parole, et que ma volonté, inclinée vers vous par l'amour, se haie d'accomplir fidèlement ce que vous lui aurez appris Je m'enivrerai alors de votre précieux sang, ô doux Jésus ! vous me déchargerez de mes péchés ; vous m'arracherez à la sociélé des mauvais esprits, et vous m'inscrirez dans le livre de vie.

    Je suis indigne, je le sais, de respirer le parfum qu'exhale la sainte fleur de votre sang, et pourtant je vous demande sa bénédiction : car avec elle aucune tentation ne pourra me nuire; rien ne m'ôtera la paix et la sérénité de l'âme ; une sainte patience me rendra supportables et même douces toutes les peines et les afflictions ; mon désir sera de me conformer toujours à vos douleurs et à votre confusion, O Jésus crucifié ! et de me revêtir, pour votre gloire et pour mon salut, de toutes vos humiliations. 0 saint agneau de Dieu ! laissez-moi mesurer combien mon âme sera heureuse, lorsque baignée dans votre sang, nourrie de ses bénédictions, pleine de pensées célestes et d'humbles prières, elle marchera à travers les tentations et les épines de cette vie. Par votre sang, O Jésus ! une fois arrivée au terme de son pèlerinage, elle recueillera le doux fruit de toutes ses peines. Je vous le demande encore, ô Jésus ! donnez-moi la bénédiction de votre sang ; car il chasse du cœur toute inquiétude ; il lui donne dès ici-bas un avant-goût des joies du ciel ; il dépouille l'homme de lui-même et fait qu'il ne se trouve plus qu'en Dieu.

    Votre sang, ô Jésus ! produit dans le pèlerin fidèle le renoncement au monde et à tous les plaisirs sensibles : car l'amour qu'il trouve en votre sang détruit en lui l'amour-propre, et sa conscience est comme un tribunal d'où il juge avec la plus grande sévérité toutes ses actions. Votre sang, ô Jésus ! produit dans les fidèles une dévotion fervente : car en toutes choses ils considèrent la douce volonté de Dieu à laquelle on doit toujours se soumettre, et ils unissent à elle leur volonté propre. Ils se réjouissent quand ilssont parvenus à mortifier leur volonté corrompue, de telle sorte que la volonté du Très-Haut souverainement juste et sainte est toujours active en eux ; car dans cette activité leur âme trouve le gage et la garantie de la vie éternelle. 0 mon Jésus ! puisque de votre sang précieux jaillit une telle abondance de bénédictions, pourquoi ne remplirai-je pas de son souvenir ma mémoire ? Je veux donc l'avoir toujours devant les yeux, afin qu'il produise en mon âme une ardente charité pour vous, et toutes les vertus que vous avez exercées vous-même, et. qui vous sont agréables. Oui, je veux désormais, sous votre sainte croix, vivre de telle sorte que mon âme soit ornée de ces perles précieuses, pour lesquelles vos fidèles serviteurs vous vendent tout ce qu'ils possèdent, c'est-à-dire leur volonté. Tel est mon désir, telle est aussi ma prière, ô Jésus crucifié !

    Mon âme sera vraiment heureuse, si pendant son pèlerinage ici-bas, avec la bénédiction de votre sang adorable, elle n'est point oisive dans la vigne que vous lui avez donnée â cultiver, mais si au contraire elle en arrache les épines de l'amour propre pour y semer toutes vos vertus. Elle aura dès ici-bas un avant goût de la vie éternelle, si elle reconnaît tous les jours plus clairement qu'elle doit uniquement à votre grâce la bénédiction de votre précieux Sang, et cette conformité de sa volonté avec la vôtre, pour laquelle vous lui avez promis, si elle y persévère, le bonheur éternel. 0 mon Dieu ! consumez donc tous mes péchés dans la fournaise de votre divin amour; et faites par votre grâce, que, pour honorer votre Sang précieux, je vous consacre mon l'œur tout entier, et puisse aborder un jour au port de l'éternelle vie. Pour obtenir de vous cette faveur, O Jésus crucifié ! je veux me cacher dans la plaie de votre côté, et là frapper à la porte de votre miséricorde. Amen.

     

    QUATRIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT ANSELME

    Salut, O sainte Croix, ma lumière et ma force ! salut, lieu de ma rédemption, mon salut et ma gloire ! salut, ô sainte Croix, mon refuge et mon abri ! salut, signe de grâce, consolation des affligés, mur inexpugnable contre la puissance du malin esprit ! salut, étendard de paix, consacré par le saint corps de Jésus, et orné de ses membres sacrés comme de pierres précieuses ! 0 sainte croix ! qui avez été digne de porter le prix de la rédemption du genre humain, vous par qui nous avons obtenu la gloire éternelle ; soyez ma victoire sur toutes les puissances ennemies, le remède à tous mes maux, le bâton de ma vieillesse, mon appui dans mes accablements, le gage de la vie éternelle, et le garant de la résurrection de mon corps. Que Jésus, l'Homme-Dieu, notre Sauveur, qui a répandu son sang pour nous, me garde par vous, et me conduise à la céleste patrie ; Amen.

     

    PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE

    Bon Jésus, tenez-moi caché dans vos plaies vivifiantes ! Bon Jésus, vos plaies sont mes mérites. Bon Jésus, laissez-moi séjourner toujours dans votre cœur et dans les saintes plaies de vos mains et de vos pieds. Bon Jésus, vous ne me refuserez pas cette grâce, puisque vous m'avez donné votre sang et votre vie. 0 passion de Jésus ! en vous est mon espoir : plaies de Jésus, en vous est ma confiance. Sang de Jésus, en vous est mon assurance. 0 mort de Jésus ! en vous j'ai la certitude que mon Jésus m'est favorable. Amen.

    PRIÈRE DE SAINT AUGUSTIN

    Par amour pour les hommes, Dieu est descendu parmi eux, et s'est fait homme lui-même. Par amour pour ses créatures, le Créateur s'est Jait semblable à elles, et il a été blessé par amour pour nous, afin de nous sauver. Dans les plaies du Sauveur, les faibles et les pécheurs trouvent un lieu de repos assuré. Là, je ne crains point les attaques de l'ennemi. Par ces plaies, je trouve accès jusqu'à sa miséricorde. Tout ce qui me manque, je puis ainsi l'obtenir de la miséricorde de mon Maître ; car il est riche en bénédictions : elles coulent en abondance de ses plaies comme par autant d'issues. Par les plaies ouvertes de son corps sacré, il me découvre le fond le plus intime de son cœur, le grand mystère de la grâce, qu'il nous a apporté du ciel. Ces plaies me permettent de goûter combien est doux le Seigneur mon Dieu ; car il est vraiment doux et bon pour tous ceux qui cherchent sincèrement secours auprès de lui et qui l'aiment. Dans les plaies de Jésus, mon Sauveur, je trouve une rançon abondante, des flots de grâce, et la force de mener une vie agréable à ses yeux. Si une pensée mauvaise se présente à mon esprit, je me réfugie dans les plaies de Jésus. Si le poids de la chair fait pencher mon âme vers la terre, je me relève en contemplant les plaies de mon divin Maître. Si le démon me tend des pièges, je me jette dans le côté ouvert de mon bon Sauveur, et le démon se retire. Si le feu des passions s'allume en moi, je l'éteins par la pensée des plaies du Fils de Dieu. Dans mes tentations, je ne trouve point de remède plus efficace que les plaies de Jésus. Le Christ est mort pour nous : rien, à cause de cela, ne peut être si près de la mort que la mort de Jésus ne le guérisse. La mort de mon Maître est tout mon espoir, mon mérite, mon refuge, mon salut, ma vie et ma résurrection. Oui, tout mon mérite est dans la miséricorde de Dieu. Dans les plaies de mon Rédempteur je veux vivre et mourir. Amen.

     

    CINQUIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT BERNARD

    O mon Jésus ! permettez à mon âme de veiller et de prier auprès de votre sainte Croix. Elle est admirable votre passion, ô Seigneur Jésus ! car elle efface toutes nos iniquités, guérit toutes nos maladies, délivre des supplices éternels les âmes vraiment pénitentes. Admirable est aussi votre mort pour nous ; car, désormais qu'y a-t-il de si près de la mort, qui ne puisse être sauvé par la votre ?

    Qu'elle est constante et ferme votre patience, ô mon Jésus ! car pendant qu'on étendait violemment de tous côtés votre corps sur le bois de la croix, et qu'on vous perçait les mains et les pieds, vous n'avez murmuré ni contre votre Père céleste, qui vous avait envoyé dans ce monde, ni contre les hommes pour qui vous souffriez, ni contre votre peuple qui, en retour de tous vos bienfaits, vous tourmentait si cruellement.

    Qu'elle est glorieuse aussi votre humilité, ô mon Jésus ! Vous en qui habite réellement toute la plénitude de la divinité ; vous en qui Dieu se réconcilie le monde ; vous qui n'avez jamais connu le péché, ni par vos propres actions, ni comme héritage de vos ancêtres ; vous qui n'avez jamais ressenti aucune inclination pour lui, vous avez été condamné à la mort la plus atroce, comme le dernier des malfaiteurs. Qu'il est immense votre amour, ô Jésus ! Il est au-delà de toute mesure, au-dessus de toute hauteur ; car ce n'est pas pour vos amis, mais pour vos ennemis, que vous vous êtes offert comme victime à votre Père céleste. Quel autre amour pourrait-on comparer au vôtre dans le présent, dans le passé ou dans l'avenir ? Par votre mort, nous avons été réconciliés à vous et à votre Père ; vous nous avez justifiés sans aucun mérite de notre part ; d'esclaves, vous nous avez élevés à la dignité de frères ; et de captifs, vous avez fait de nous les héritiers de votre royaume. Qu'elle est sublime votre mort pour nous, ô Jésus ! car c'est volontairement que vous avez sacrifié votre vie ; vous qui seul avez la puissance de quitter la vie et de la reprendre, parce que vous êtes le maître de la vie et de la mort.

    Qu'il est glorieux votre sacrifice sanglant, ô Jésus ! car il est saint, sans tache, souverainement efficace, et, pour cela, souverainement agréable à votre Père. Vous êtes digne, ô véritable Agneau de Dieu immolé sur l'autel de la croix ! vous êtes digne d'effacer les péchés du monde.

    Qu'elle est miséricordieuse votre prière, ô Jésus ! vous avez prié pour ceux mêmes qui vous persécutaient, et qui vous livraient à la mort honteuse et cruelle de la croix. Votre âme est pleine de compassion pour le salut de vos ennemis, et votre Sang fournit un remède à leurs blessures ; chaque goutte de ce sang est un témoignage éclatant de vos infinies miséricordes. Votre sagesse et votre bonté triomphent de la malice et de la dureté du monde entier.

    O mon Jésus ! que votre bonté est ineffable ! car pendant que, victime de la charité, vous vous livrez à la mort, vous êtes encore prêt à pardonner ! Que vos pensées sont éloignées des nôtres ! Votre douceur envers les méchants est inébranlable. A leurs paroles, plus perçantes que les épines, vous répondez par des paroles plus gracieuses que les roses. Si vous avez répondu avec tant d'abondance le baume de votre miséricorde sur vos bourreaux eux-mêmes, que ferez-vous donc, ô mon Sauveur ! pour ceux qui soupirent ardemment après vous ?

    0 mon Jésus ! soyez donc propice et miséricordieux pour moi. Toute ma vie, je veux me souvenir de vos travaux, de vos peines, de vos douleurs et de vos souffrances, et vous servir au pied de votre sainte croix. Vous êtes mon modèle, et je dois vous imiter. Si je ne le faisais pas, Dieu me demanderait compte de votre sang, qui a été versé sur la croix ; et je participerais au crime affreux des Juifs, en étant ingrat envers votre amour infini, et en foulant aux pieds le Fils de Dieu. , 0 mon Jésus ! qui, sur la croix, nous avez délivrés et tendrement aimés, pauvres pécheurs que nous sommes ; je veux aussi vous aimer de tout mon amour, à cause de votre justice, en dirigeant vers elle toutes mes actions, et en souffrant avec joie, par amour pour vous, toutes les afflictions et tous les troubles.

    O mon Jésus ! je tiens votre croix embrassée et je vous crie avec le patriarche : Je ne vous laisserai point que vous ne m'ayez béni ! Nourrissez-moi donc, O Seigneur ! du pain de la grâce et du breuvage des larmes, jusqu'à ce que vous essuyiez mes pleurs dans la céleste patrie, où vous êtes éternellement dans le sein de votre Père. Amen.

     

    SIXIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE

    Omon doux Jésus ! mon âme doit avoir toujours les yeux levés vers votre sainte croix, pour y considérer les merveilles de votre immense charité ; afin que mon cœur, pénétré toujours d'amour et de reconnaissance pour vos bienfaits, vous serve avec une fidélité constante.

    0 mon doux Jésus ! par amour pour nous, vous avez pris notre nature, et l'avez immolée à la justice de votre Père céleste ; et par votre mort sur la croix vous nous avez tirés de la nuit à la lumière, de l'esclavage du péché à la liberté des enfants de Dieu, de la perdition à la paix, de la douleur à la joie, de l'exil à la patrie, de la mort à la vie, et de la terre au ciel.

    O doux Jésus ! vous êtes vous-même à la fois le grand-prètre et la victime : vous êtes le temple où vous nous avez réconciliés, et vous êtes aussi le Dieu avec qui nous avons été réconciliés. C'est pour cela que votre sainte croix est devenue la clef du ciel, et un miroir pour toute notre vie ; elle est placée comme un chandelier pour éclairer toujours votre sainte Église, et chaque homme en particulier : elle est la chaire d'où vous adressez solennellement aux fidèles ces paroles : Celui qui veut me suivre dans le ciel doit prendre ici-bas sa croix et me suivre, en souffrant patiemment.

    0 doux Jésus, Sauveur bien-aimé, dans votre cruelle passion sur la croix, vous avez pris, comme un charitable médecin, tous les remèdes afin de guérir toutes nos maladies. Vous nous avez guéris par votre sueur sanglante au jardin des Oliviers : vous nous avez guéris par le sang que les clous ont fait couler de vos pieds et de vos mains qu'ils perçaient cruellement: vous nous avez guéris par ce breuvage amer composé de fiel et de vinaigre qui vous fut présenté sur la croix : vous nous avez guéris par cette soif ardente qui vint encore aggraver votre supplice : et en accomplissant l'œuvre difficile de notre rédemption, vous nous avez rendus héritiers de la vie éternelle. Ah ! qui pourrait après cela refuser encore d'aimer votre sainte croix, et de boire, à votre exemple, jusqu'à la lie le calice de douleur que vous avez bu vousmême pour nous, vous le juste par excellence.

     

    PRIÈRE DE SAINT GRÉGOIRE DE NIYSSE A JESUS DANS SON ANGOISSE AU JARDIN DES OLIVIERS

    O mon Jésus ! je crois fermement que jamais aucun homme n'a enduré une tristesse et une angoisse plus grandes que celle dont votre âme fut inondée au jardin des Oliviers. C'est ce que me dit assez cette sueur de sang que la violence de votre douleur chasse de vos veines. Et celui que l'angoisse abat de cette sorte, c'est vous, ô époux sanglant de vos fidèles ! La pensée des souffrances que vous alliez bientôt endurer à cause de nos péchés, et plus encore celle de notre future ingratitude, ont été la cause de cette immense douleur. 0 bon Jésus ! qu'il devait être lourd pour vos épaules, et plus encore pour votre cœur, le poids d e nos crimes ! De même que le raisin sous le pressoir ne donne tout son suc que lorsqu'il est écrasé par le fardeau qui pèse sur lui, ainsi votre corps sacré a répandu son sang précieux, écrasé sous le pressoir de la douleur. 0 Sauveur du monde ! pour le joug doux et léger dont vous avez chargé nos épaules, nous avons chargé les vôtres du poids écrasant des supplices les plus cruels, qu'un amour seul comme le vôtre pouvait supporter. Votre tristesse, et la sueur sanglante que vous répandîtes au jardin des Oliviers, est comme la première grappe d'où a coulé le vin du salut et de la grâce pour la chaste fille de Juda, votre sainte Eglise. C'est ici que vous devenez tout-à-fait pour elle un époux de sang, comme vous aviez commencé à l'être dans votre circoncision. Ah ! pardonnez-moi, mon Dieu, Père céleste, si, en considérant l'angoisse et la sueur sanglante de votre Fils unique, j'ose vous dire : Votre cœur de père ne sera-t-il point ému à la vue de celui que vous avez engendré de votre substance, que le péché n'a jamais souillé, et dans la bouche de qui ne s'est jamais trouvé le mensonge ? Voyez ce qu'il souffre. Déjà il répand pour notre rédemption une sueur de sang dont la moindre goutte est plus précieuse que tous les trésors de l'univers. Et cependant, ô justice incompréhensible ! tout cela ne vous suffit pas encore ; tout cela n'était que le premier degré de sa cruelle passion. Votre regard, ô Seigneur, reste fixé sur le bois de la croix : et jusqu'à ce que votre Fils y soit monté pour nous, votre justice ne sera pas satisfaite. Ainsi l'avait ordonné de toute éternité votre sagesse. Sur l'arbre de la croix, votre Fils devait souffrir la mort qui avait pris son origine à l'arbre du paradis terrestre : sur l'arbre de la croix, Jésus-Christ devait triompher du démon, qui par l'arbre du paradis terrestre avait triomphé de nos premiers parents. 0 mon Dieu ! pardonnez-moi ce cri de ma douleur, et faites-moi grâce par le sang de mon Jésus. Et vous, ô Sauveur ! troublé jusqu'à la mort, faites que je vous serve désormais si fidèlement, que vous ne puissiez plus être troublé à cause de mon infidélité. Amen. 

     

    SEPTIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT AUGUSTIN

    Père céleste, jetez les yeux sur votre doux Fils qui a tant souffert pour nous. Considérez, Seigneur, quel est celui qui souffre, et pour qui il souffre.

    C'est Jésus-Christ, votre fils innocent, qui souffre pour me racheter, moi votre esclave, couvert de péchés. Celui qui est la source de la vie, s'est laissé conduire au supplice comme un agneau, et obéissant jusqu'à la mort, a bien voulu mourir de la mort la plus cruelle. Votre Fils, celui que vous avez engendré éternellement de votre substance, a daigne prendre sur lui toutes mes faiblesses. Celui qui est monté pour moi sur une croix ignominieuse, et qui a souffert la mort la plus lamentable, c'est un Dieu qui a daigné se revêtir de ma nature. 0 mon Dieu ! considérez donc l'ouvrage de votre amour infini. Voyez votre cher Fils : comme tout son corps est étendu sur la croix ! Considérez ses mains ruisselantes d'un sang innocent, et pardonnez-moi les péchés que j'ai commis avec les miennes. Considérez son côté percé d'une lance cruelle, et lavez-moi dans l'eau vivifiante qui en a découlé. Considérez ses pieds sacrés, qui jamais n'ont marché dans les sentiers de l'iniquité ; et voyez comme ils sont fixés par des clous à la croix. Conduisez mes pas dans vos voies, et inspirez-moi une sainte horreur pour les voies du péché. Ne me laissez plus jamais suivre les sentiers de l'injustice, mais faites, par votre grâce, que je choisisse toujours ceux de la vérité.

    0 roi de tous les élus ! je vous en supplie par mon adorable Sauveur, faites que je marche toujours dans la voie de vos saints commandements ; afin que je puisse toujours être uni à lui, qui par amour pour moi n'a pas dédaigné de prendre ma chair et mon sang. Père miséricordieux, ne voyez-vous pas la tête adorable de votre Fils bien-aimé s'incliner sur la croix dans les angoisses de la mort ! Considérez, ô mon Dieu ! l'humanité de votre cher Fils, et qu'elle vous inspire une grande compassion pour la fragilité de tous les hommes coupables. Ces yeux, si brillaitIs autrefois, se troublent, son adorable face pâlit, ses bras étendus se raidissent, et son sang précieux coule à grands flots de ses pieds transpercés. Père adorable, considérez les membres déchirés de votre divin Fils, et jetez un regard de compassion sur notre faiblesse. Considérez les souffrances de votre Fils fait homme, et allégez les misères de l'humanité. Considérez les souffrances du Rédempteur, et pardonnez à cause de lui les péchés de ceux qu'il a rachetés. C'est vous, ô mon Dieu, qui l'avez frappé à cause de nos péchés, quoiqu'il soit votre Fils bien-aimé, l'objet de toutes vos complaisances. Quoiqu'il fût innocent, puisqu'on n'a pu trouver en lui aucun crime, il a été mis au rang des criminels.

    Et vous, ô très-doux Jésus ! je vous prie aussi humblement de remplir mon cœur de votre ineffable amour, et de votre précieux souvenir : afin qu'il soit toujours consumé de la douceur de votre amour, et que les plaisirs terrestres ne puissent l'y éteindre. Faites, ô mon doux maître ! que je vous aime, et que, soupirant toujours après vous, je dépose le fardeau des désirs charnels qui, jusqu'à présent, a pesé si lourdement sur ma pauvre àme. Je pourrai dès-lors, libre et joyeux, marcher à votre suite, attiré par le parfum de vos vertus, jusqu'à ce que sous votre conduite je sois digne de contempler votre éternelle gloire. Amen.

     

    PRIÈRE DU VÉNÉRABLE BEDE

    O mon Sauveur Jésus, Fils du Dieu vivant ! au dernier jour de votre vie, pendant que vous étiez attaché à la croix, vous avez prononcé sept paroles, dont vous voulez que je garde toujours le souvenir. Daignez, je vous en prie, par le pouvoir de cet divines paroles, me pardonner tous les péchés mortels que j'ai commis par orgueil, avarice, impureté, envie, gourmandise, paresse et colère, et tous les autres péchés qui ont découlé de cette source empoisonnée.

    O Seigneur, qui avez dit : Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font, accordez-moi la grâce de pardonner, par amour pour vous, à tous ceux qui m'ont fait du mal.

    Seigneur, qui avez dit au bon larron : vous serez aujourd'hui avec moi dans le paradis, faites-moi la grâce de vivre toujours de telle sorte que vous puissiez m'adresser ces mêmes paroles à l'heure de ma mort.

    Seigneur, qui avez dit à votre mère : Femme, voici votre fils, et à Jean, votre disciple : voici votre mère, faites qu'en vous aimant fidèlement je puisse être toujours uni avec votre sainte Mère.

    Seigneur, qui avez crié : Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'avez-vous abandonné ? faites que, daus mes troubles et mes nécessités, je crie vers vous en vous disant : 0 mon Père et mon Maître ! soyez propice à un pauvre pécheur ; conduisez et dirigez-moi, vous mon Roi et mon Dieu, qui m'avez racheté de votre propre sang.

    Seigneur qui avez crié : J'ai soif, faites que j'aie toujours soif de vous, source d'eau vive pour la vie éternelle.

    Seigneur, qui avez crié : Tout est consommé, faites que mon âme, lorsqu'elle quittera ce monde, puisse entendre votre douce voix lui dire : Viens à moi, mon amie, ma douce fiancée, viens assister dans mon royaume au festin de la vie, avec mes anges et mes saints; viens jouir avec moi d'un bonheur éternel.

    Seigneur, qui avez crié : Mon Père, je remets mon âme entre vos mains, recevez miséricordieusement mon âme au moment de la mort. Amen.

     

    HUITIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE

    Seigneur Jésus - Christ, aucune douleur ne peut être comparée à votre douleur. 0 mon bon Maître, ce n'est pas goutte à goutte, mais à grands flots que votre sang a coulé de votre corps, et sur tous vos membres : de vos mains et de vos pieds dans le crucifiement ; de votre tête dans le couronnement d'épines ; de tout votre corps dans la flagellation, et de votre cœur lui-même lorsqu'il fut percé d'une lance. Je le sais, Seigneur, je le sais certainement : vous avez voulu, en versant tout ce sans, me montrer l'excès de votre amour pour moi ! Que puis-je vous rendre, Seigneur, pour tout le bien que vous m'avez fait ? 0 mon bon Maître ! je ne veux jamais oublier les peines que vous avez endurées à cause de moi, pendant que vous avez prêché votre doctrine, dans vos voyages, dans vos veilles et vos prières, dans les pleurs de compassion que vous avez versés sur moi, dans vos souffrances, dans les outrages, les mauvais traitements et les coups que ous avez reçus pendant votre passion. Jamais, non jamais je ne veux oublier les clous de votre croix et les plaies de votre corps. Si j'oubliais toutes ces choses, ne serais-je pas responsable du sang que vous avez versé sur la terre ? Ah ! que ne puis je avoir assez d'eau dans ma tête, assez de larmes dans les yeux pour pleurer jour et nuit la mort que mon Sauveur Jésus a soufferte pour mes péchés ! Amen.

    PRIÈRE DE SAINT FRANÇOIS DE SALES

    0 mon Sauveur crucifié, je vous le promets solennellement : ma vie tout entière vous sera désormais consacrée ; chacune de mes pensées, de mes paroles et de mes actions sera un témoignage sincère de mon respect et de mon amour pour vous. Je veux m'offrir à vous comme une victime vivante et continuelle sur l'autel de votre sainte croix, afin de vous servir toujours, ô doux époux de mou âme ! Je veux participer à l'esprit de votre croix, et m'exercer à mourir entièrement au monde et à la chair, afin de vous ressembler toujours davantage. Je renonce donc sérieusement à tout mouvement du cœur qui ne serait pas inspiré par votre amour. Que mes pensées soient toujours dirigées vers vous pour vous admirer et vous adorer ; que mes lèvres ne s'ouvrent que pour annoncer vos louanges ; que mes mains soient toujours occupées à recueillir au pied de votre croix ces vertus précieuses qui y croissent si bien sous la rosée de votre sang adorable, l'humilité, la douceur et la simplicité ; que toute l'ardeur de mon esprit s'efforce uniquement d'apprendre et de saisir vos divins enseignements ; que je n'aie d'activité que pour renoncer à moi-même, pour porter ma croix et pour vous suivre dans le trouble et la confusion, dans les privations et le délaissement, dans les souffrances et jusque dans la mort ; que tout mon travail soit d'apprendre l'art si précieux de me sanctifier toujours par les vertus dont vous nous avez donné l'exemple, par le recueillement, l'obéissance, la pauvreté et l'amour, vertus que l'on n'apprend bien que de vous, ô Jésus ! à votre école, sur le Calvaire. Jour et nuit je veux lire au fond de mon cœur et accomplir votre loi sainte, que vous avez écrite avec votre sang précieux ; car, puisque vous avez tant souffert pour moi, il est juste que j'embrasse de mon amour votre croix avec toutes ses amertumes. Je veux pendant toute ma vie boire le calice de votre passion, sachant qu'au fond on y trouve la paix la plus douce pour le temps et pour l'éternité. Amen.

     

    PRIÈRE DE SAINTE GERTRUDE

    0 mon Sauveur Jésus crucifié, agneau de Dieu, qui portez les péchés du monde ; vraie lumière de la vie, délices du ciel, joie des élus, consolation des pécheurs pénitents, je vous salue humblement, avec les hommages de tous les esprits célestes. Je vous présente aussi comme offrande de mon amour les louanges dont votre divin cœur honorait ici-bas Dieu votre Père. Attirez-moi à vous par les parfums de l'onction de votre grâce, et ne permettez pas que je me sépare jamais de vous et de votre sainte croix. 0 mon Jésus, roi des rois, maître et vie de mon âme, puisse mon cœur être uni avec votre cœur et avec toutes ses douleurs ! En vous, ô mon Sauveur, est l'abondance du salut, l'abîme inépuisable des miséricordes divines, et la plus pure béatitude. 0 glorieux dominateur, puissant protecteur de vos fidèles, vous êtes le plus précieux joyau de la dignité humaine ; vous êtes l'habile artisan de notre rénovation spirituelle ; vous êtes le docteur le plus compatissant, le plus sage conseiller, le meilleur défenseur, le plus fidèle ami, et le bonheur le plus doux de ceux qui vous aiment. 0 tendre fleur de la gloire céleste, toute détrempée de votre sang précieux, comme d'une sainte rosée, chaste et saint jaloux de mon âme, époux fidèle de ceux qui se donnent à vous : je vous choisis comme ma propriété : je renonce â tous les faux plaisirs de ce monde, et j'accepte avec joie, par amour pour vous, toutes les croix et toutes les afflictions. Je ne désire que vous, et ne veux servir et aimer que vous. Je confesse de cœur et de bouche que vous êtes mon un et mon tout, le dispensateur de la vie, la résurrection des morts et le sanctificateur de ceux à qui vous avez donné la vie ; et dans l'amour ardent dont vous nous avez aimés, j'unis ma prière à la vertu de la vôtre, afin qu'après avoir détruit en moi toute convoitise, j'arrive, par une union complète avec vous, au faite glorieux de la plus haute perfection. Amen.

     

    NEUVIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT AUGUSTIN

    Si votre Verbe, ô mon Dieu, ne s'était fait homme, et n'avait demeuré parmi nous, j'aurais dû désespérer à cause de la multitude et de la grandeur de mes crimes et de mes infidélités : mais le doute ne m'est plus permis ; car si, lorsque nous étions encore si loin de vous, nous avons été réconciliés avec vous par la mort de votre Fils, combien le pouvons-nous être mieux encore aujourd'hui, que nous avons déjà été délivrés de votre colère ! Vraiment ma confiance et tout mon espoir reposent sur le sang précieux de notre Sauveur, qui l'a versé pour notre salut. C'est par ce sang que je commence à renaître ; c'est par ma confiance en lui que je sens le désir d'arriver jusqu'à vous, non par ma propre justice, mais par celle de votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ.

    Nous vous remercions donc, ô mon Dieu ! bienfaiteur miséricordieux, de ce que, par Jésus-Christ votre Fils et notre Seigneur, lorsque nous étions encore dans le néant, nous avons été créés par votre puissance, et rachetés miraculeusement après avoir été séparés de vous par le péché. Je rends grâces à votre bonté miséricordieuse, et je loue de tout mon cœur l'ineffable amour dont vous nous avez aimés, pauvres et indignes créatures que nous sommes. Je vous rends grâces d'avoir envoyé du ciel parmi nous votre Fils unique pour nous rendre heureux, nous enfants de péché etde perdition. Je vous rends grâces pour son incarnation et sa nativité, pour la glorieuse mère dans le sein de laquelle il a daigné prendre pour notre salut notre chair et notre sang, afin que, vrai Dieu engendré de Dieu, il fût aussi vraiment homme, et naquit d'une femme comme nous.

    Je vous rends grâces pour sa passion, pour sa mort sur la croix, pour l'effusion précieuse de son sang innocent, prix de notre rédemption, pour le mystère de sa chair et de son sang, qui chaque jour dans l'Église nous nourrit, nous désaltère, nous lave, nous sanctifie et nous rend participants de la divinité. Je vous rends grâces, pour l'ineffable amour que vous nous avez donné ; car vous avez tellement aimé le monde, que vous avez livré votre Fils unique, afin qu'aucun de ceux qui croient en lui ne soit perdu, mais que tous obtiennent la vie éternelle. Or, la vie éternelle consiste pour nous à vous connaître, vous et celui que vous avez envoyé, par une foi sincère et des œuvres saintes. Amen.

    PRIERE DE SAINTE CATHERINE DE GÈNES

    0 Jésus, plein d'une tendre sollicitude pour vos disciples, vous leur dites, de veiller et de prier, afin de ne point tomber dans la tentation. J'implore votre secours, ô mon Sauveur ! car je crains de trouver, dans les choses de la terre, une occasion de péché, et de succomber aux piéges de l'ennemi, sous le vain prétexte de satisfaire aux besoins légitimes de mon corps, d'où je serais bientôt conduit à confondre ce qui est saint avec ce qui ne l'est pas. Mes désirs, qui, sans votre secours, sont si capricieux et si mobiles, sont bien facilement souillés, par le péché ; et sans une grande attention de ma part, la partie spirituelle de mon être se matérialiserait bientôt, en s'attachant à la terre. car dès que ma pensée se penche vers les choses du monde, elle se détourne des biens célestes ; el bien facilement alors la pureté de mon âme peut se troubler, et ma volonté, qui doit vous être entièrement consacrée, peut aisément contracter quelques souillures. Secourez-moi donc, ô mon Dieu ! en acceptant comme votre propriété tout mon être, que je vous abandonne en ce moment. Faisons un échange, ô mon Jésus ! Prenez en vos mains mon être si misérable, pour le plonger dans l'océan de votre amour ; et donnez-moi, en retour, votre sainte et divine charité, qui éteigne en moi tout autre amour, qui m'anéantisse pleinement en moi-même, pour ne me laisser d'être qu'en vous. Et alors avec la vigilance et une prière continuelle, je ne succomberai plus à aucune tentation. Amen.

    PRIÈRE DE SAINT NICOLAS DE TOLENTINO

    Je vous salue avec une tendre dévotion , ô croix précieuse , qui avez mérité de porter l'homme Dieu, Jésus-Christ, la rançon du monde entier. Que Jésus, mon Maître et mon Sauveur, me défende par vous, ô sainte Croix , à l'heure de ma mort, contre les attaques du démon. Amen.

     

    PRIÈRE DE SAINT ANSELME

    Pour demander la participation aux souffrances de Jésus.

    0 mon Jésus ! attachez mes mains et mes pieds pendant toute ma vie à votre sainte croix, et daignez me conformer entièrement â votre passion.

    0 mon Jésus, faites que je méprise toujours, et que je déracine entièrement en moi les appétits coupables de la chair, comme votre sainte volonté l'exige de moi. Donnez-moi la force de marcher toujours dans la justice qui plaît tant à votre divin cœur, et de ne chercher jamais que votre gloire, soit en faisant le bien, soit en évitant le mal. Et pour cela attachez à votre sainte croix ma main droite, avec le clou de la tempérance , et ma main gauche avec celui de la justice. Percez mon pied droit du clou de cette sagesse divine qui dirige vers vous toutes mes pensées, et qui applique mon esprit a la considération de vos préceptes ; et percez mon pied gauche avec le clou d'une invincible fermeté.

    0 mon Jésus ! je ne dois point être privé non plus de la conformité avec votre tête adorable couronnée d'épines aiguës. Enfoncez donc en mon âme, je vous en prie , les épines suivantes, à savoir : la contrition de mes fautes passées, la compassion pour les misères de mon prochain, et un zèle ardent qui me fasse sentir tout ce qui offense votre infinie majesté. Je veux marcher partout et toujours en votre présence avec cette couronne d'épines.

    0 mon Jésus ! daignez me donner aussi l'éponge qui vous fut offerte, afin que je sente avec vous l'amertume du vinaigre dont elle était imbibée. Faites-la-moi trouver et goûter dans la méditation constante de vos révélations ; et faites-moi comprendre, par les lumières de l'Esprit saint, que ce monde si florissant en apparence n'est au fond qu'une légère éponge, et que les désirs qui nous poussent vers lui sont plus amers que le vinaigre mêlé de fiel. Ne permettez pas, Seigneur, que je me sépare jamais de votre passion , pour sacrifier au monde. Que le calice de Babylone, tout brillant d'or, et qui enivre presque tout le monde, ne me séduise point par son faux éclat, et ne m'enivre point par sa douceur trompeuse, comme il arrive à ces malheureux qui prennent la lumière pour les ténèbres, ce qui est amer pour ce qui est doux, et ce qui est doux pour ce qui est amer.

    Faites-moi mourir entièrement au monde par amour pour vous, pour n'appartenir qu'à vous et à votre justice.

    0 mon Jésus crucifié ! pour que je vous sois en tout conforme, percez mon cœur avec la lance spirituelle de votre parole, comme le vôtre fut après voire mort percé d'une lance de fer. Que votre parole, plus aiguë que les traits les plus perçants, blesse de toute sa force mon cœur, et le pénètre d'outre en outre ; et de mon cœur ainsi blessé par vous, faites couler le sang de mon amour pour vous, et l'eau de la charité pour mon prochain.

    0 mon Jésus ! ensevelissez-moi dans le blanc linceul de l'innocence, en me pardonnant mes péchés, et en me faisant persévérer dans la sainteté. Et quand mon corps attendra dans ce long sommeil de la mort le jour du dernier jugement, faites que mon âme, se présentant à vous couverte de ce blanc linceul, soit admise dans le séjour éternel de votre gloire. Puis au troisième jour, à ce grand jour où vous reviendrez parmi nous, comme le maître de la moisson , faites que je ressuscite glorieux, et que je contemple éternellement avec les saints les splendeurs de votre beauté. Amen.

     

    PRIÈRE DE SAINT RERNARD

    0 bon Jésus ! percé de clous et blessé d'une lance impie, combien de fois, vaincu par mes larmes, mes plaintes et mes soupirs, avez-vous versé le baume de vos miséricordes sur mon cœur blessé et presque dénué de tout espoir ? Combien de fois avez-vous relevé son impuissance par votre amour et votre bonté, et accueilli sa demande lorsqu'il implorait- votre pardon ? J'ai reconnu votre amour, ô Jésus ! à ce calice de votre passion que vous avez bu si généreusement, et à l'œuvre de ma rédemption, que vous avez si charitablement accomplie. Pour un tel bienfait, il vous faut tout mon amour. C'est là que ma piété et ma dévotion trouvent leur plus doux attrait ; c'est là le lien qui attache le plus fortement à vous jusqu'aux dernières fibres de mon cœur. De vos humiliations, de vos blessures, de vos anéantissements qui voilent à nos yeux votre haute dignité, sortent les rayons les plus éclatants de votre grâce. Notre amour pour vous, ô Jésus ! est la source du courage, des mœurs pures, des chastes désirs et de toutes les vertus ; c'est lui qui donne à nos actions toute leur gloire, tout leur mérite et toute leur valeur ; c'est lui qui met le comble aux récompenses et à la gloire du ciel. 0 mon Jésus ! ô amour plein de douceur ! remplissez mon âme de vos délices. Amen.

     

    PRIÈRE DE SAINTE VÉRONIQUE JULIANI

    0 mon Jésus crucifié ! daignez choisir mon âme pour votre fiancée, et vous l'unir entièrement : rien alors dans le monde ne pourra me séparer de vous. Je veux vous garder ma foi aussi longtemps que je vivrai sur cette terre. Si j'avais, ô mon Jésus ! les clous avec lesquels on vous a attaché, pour mon salut, sur la croix, et la lance dout on a percé votre cœur, je voudrais m'en blesser moi-même par amour pour vous ; mais puisque je ne les possède point, et que je ne puis en être blessé comme vous, je vous offre humblement ce désir comme témoignage de mon amour et de ma reconnaissance.

    Crucifiez-moi avec vous, ô saint époux de mon âme ! afin que, par amour pour vous, je sois mort au monde et à moi-même ; faites-moi ressentir les douleurs que les clous ont produites dans vos mains et dans vos pieds ; que votre cœur, transpercé par la lance, répande sur moi, avec le sang et l'eau qui en sortirent sur la croix, les bénédictions de votre grâce ; afin que, les yeux toujours fixés sur vos clous, sur la lance et sur vos plaies, je puisse accomplir l'œuvre de mon salut, et garder mon cœur dans votre amour. Amen.

     
     

    ONZIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE

    0 Seigneur Jésus, mon Sauveur ! otez de moi tout ce qui vous déplaît, et je me donnerai volontiers à vous tout entier ; je ne vous demande en échange que la bénédiction de vos saintes plaies. Ces plaies enflamment mon cœur bien plus que la vue du firmament ; leur éclat est bien plus vif pour moi que celui des étoiles ; elles éclairent mon esprit bien mieux que la lumière du soleil n'éclaire l'univers ; elles allument en mon cœur un incendie bien plus violent que ne le pourrait faire sur un objet matériel le feu le plus vif ; elles attendrissent mon âme bien plus sûrement que l'eau n'amollit les prairies qu'elle parcourt ; elles excitent ma volonté au bien, plus efficacement que le grain ne féconde la terre où on l'enfouit 0 bon Jésus ! vos plaies sont pour moi plus salutaires, plus rafraîchissantes et plus précieuses que tout ce que vous avez créé pour nous en ce monde ; car, qu'est-ce que l'or, l'argent, les perles et les pierres les plus précieuses, en comparaison de vos plaies et de vos souffrances ? Tout cela est un rien qui disparaît sans laisser de trace, tandis que vos plaies m'apportent grâces sur grâces, pour le temps et l'éternité. Aussi, mon cœur ne désire point les délices de ce monde ; il ne veut posséder que vos plaies et vos souffrances, ô bon Jésus ! Ce désir est bien élevé, sans doute, et celui qui l'éprouve en ce moment est un grand pécheur chargé d'iniquités. Cependant, malgré la conscience de mon indignité et de mes crimes, ma confiance en vos miséricordes n'est point ébranlée. Précisément parce que je n'ai en moi aucun bien, je mérite d'être crucifié auprès de vous comme le larron ; mais aussi, repentant comme le larron pénitent, je me tourne vers votre cœur transpercé, et je sais que c'est un lieu de refuge pour les affligés et les opprimés, et que j'y trouverai le pardon. Que mes péchés, ô mon Sauveur ! ne me privent point du fruit de vos souffrances ; car, de même que votrecœur a été ouvert par un coup de lance, ainsi l'amour doit vous ouvrir le mien, pour qu'il reçoive vos plaies et toutes vos souffrances. Vos grâces fortifient les faibles, rendent les justes parfaits, et les parfaits bien heureux. Fortifiez donc ma faiblesse par vos saintes plaies, afin que je devienne juste ; puis confirmez-moi dans la justice, de telle sorte que vous puissiez me rendre heureux un jour pendant toute l'éternité. Amen.

     

    Prière à Jésus souffrant, D'innocent III

    Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, qui, pour notre rédemption, avez bien voulu naître parmi nous, être circoncis, réprouvé par les Juifs, livré par le baiser de Judas, pris, lié et conduit enchaîné chez Anne, chez Caïphe, chez Hérode, chez Pilate, et là souffrir mille affronts, recevoir des soufflets, des coups de poings et des coups de fouets, être frappé d'un roseau, couronné d'épines, couvert de crachats, avoir les yeux bandés, être accusé par de faux témoins, être condamné par une injuste sentence, porter, comme un innocent agneau, votre croix jusqu'au lieu du supplice, être percé de coups, abreuvé de fiel et de vinaigre, souffrir sur la croix la mort la plus ignominieuse et être blessé d'un coup de lance : daignez, je vous en supplie par ces divines souffrances, nous délivrer de tout péché et de toute peine ; daignez, par votre sainte croix, nous conduire, misérables pécheurs que nous sommes , là où vous avez conduit avec vous le larron crucifié et pénitent. Amen.

    DOUZIÈME JOUR

    PRIÈRE DU BIENHEUREUX LOUIS DE GRENADE

    0 mon Sauveur Jésus crucifié ! quand je vous contemple avec foi et piété, que de motifs d'amour et de confiance pour vous se pressent en mon âme ! Et comment, ô mon Sauveur ! pourrais-je ne pas vous aimer ? vous qui, sans aucun mérite de ma part, m'avez prévenu de votre amour, et l'avez poussé jusqu'à vous livrer de bon gré aux mains de vos ennemis, et au supplice de la croix, pour prendre sur vous le châtiment que j'avais mérité par mes crimes. Quel frère voudrait se substituer ainsi à son frère, quel père à son fils, et quelle épouse à son époux, pour souffrir à sa place un châtiment mérité ? Je me représente un malfaiteur condamné légitimement à mort par le juge, et qui attend à chaque heure l'exécution de sa sentence. Un ami de ce malfaiteur vient le trouver dans son cachot, prend son vêtement et ses chaînes, lui procure la liberté, et se laisse conduire à sa place au supplice. Un tel dévouement, s'il existait, pourrait-il être jamais assez admiré ? et que devraient être l'amour et la reconnaissance du coupable qui aurait été délivré, envers son libérateur innocent ?

    0 mon Sauveur Jésus crucifié, roi de l'éternelle gloire ! voilà ce que vous avez fait pour moi. J'étais condamné aux peines de l'enfer : votre cœur compatissant a eu pitié de moi ; vous êtes descendu du ciel dans l'obscur cachot de ce monde ; vous avez pris la forme de l'homme coupable ; vous vous êtes constitué prisonnier à ma place, et vous avez été condamné et livré à la mort de la croix. Comment pourrais-je ne pas payer, par le plus ardent amour, de tels bienfaits et de telles souffrances ? Ah ! combien il fut ardent, l'amour qui vous porta à tant souffrir pour moi ! 0 mon Jésus ! ô mon salut, votre amour pour nous, votre miséricorde infinie, voilà ce qui vous a fait prendre sur vous le fardeau de nos crimes ! Il serait vraiment plus dur que le marbre, le cœur qui ne se sentirait pas enflarmmé d'un amour inaltérable pour vous, après avoir reçu de vous tant d'amour ! Ah ! que ne puis-je vous aimer comme vous méritez de l'être !

    0 mon Sauveur Jésus crucifié ! il est donc bien avéré maintenant que votre miséricorde surpasse la mesure de nos crimes, et que votre bienveillance envers les pécheurs pénitents est plus éclatante que le soleil. Fortifiez donc ma confiance en vos mérites et en votre rédemption ; afin que j'obtienne aussi lé pardon de mes péchés. Et certainement, le Père céleste nous recevra comme ses enfants, après que vous avez accompli une œuvre si méritoire et si agréable à 6on cœur...

    Faites donc,ô mon Jésus que je glorifie, pendant toute ma vie, votre innocence condamnée par les hommes, et qui a absous tant de pauvres Condamnés : faites que je glorifie pendant toute ma vie votre justice réprouvée par les hommes, qui a justifié aux yeux de votre Père tant de pécheurs qu'il avait rejetés, et moi en particulier. Je ne veux jamais perdre de vue que c'est vous, ô mon Sauveur ! qui faites mourir notre mort, et qui, des abimes de l'enfer, nous conduisez au séjour bienheureux de l'éternelle vie.

    O mon Sauveur Jésus crucifié ! je veux que votre sainte croix me soit toujours présente, et surtout à l'heure de ma mort. Elle doit partout et toujours m'élever au-dessus du monde, de ses plaisirs et de ses scandales. Je suis prêt à souffrir pour vous, O mon Sauveur ! toutes les peines que vous m'enverrez. Pour vivre et mourir dans une conformité parfaite avec vous, je renoncerai volontiers au monde, et resterai cloué sur votre croix, jusqu'à ce que j'entende votre douce voix me dire, comme vous dites au bon larron : Tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis.

    0 mon Jésus ! transportez-moi dès ici-bas dans le paradis de votre sainte croix, afin que je mérite d'être après ma mort transporté dans le paradis de votre éternelle gloire. Amen.

     

    TREIZIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE

    0 Jésus souffrant ! je me prosterne humblement devant vous, et vous adore ; car vous êtes mon vrai salut. Ah ! dissipez mon aveuglement, afin que je puisse contempler votre humiliation profonde sur la croix, et les plaies qui couvrent votre corps. Faites-moi bien comprendre l'auguste grandeur et la sainteté du sacrifice que vous avez offert sur la croix, à votre Père, en expiation de mes péchés, et de ceux du monde entier. Faites que mon âme, que vous avez daigné épouser par votre amour et votre sang, se considère comme une pauvre veuve que bien des fois déjà le péché a séparée de son véritable époux. Hélas ! mon âme reconnaît son veuvage, et elle désire ardemment de se réunir à vous. Daignez donc recevoir, comme présent de fiançailles, mon âme et mon corps que je vous offre et vous abandonne en toute propriété. Ils ne doivent plus être à moi, mais à vous seul, qui les avez achetés si cher de votre sang précieux.

    0 Jésus souffrant ! vous êtes vraiment mon docteur et mon maître, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse divine. Découvrez-moi donc tous ces trésors de sagesse et de salut que renferment votre douloureuse passion et votre mort sur la croix. Combien de fois, hélas ! ai-je suivi la lueur trompeuse de la sagesse terrestre, et m'en suis-je laissé aveugler, jusqu'au point de tomber dans l'abîme du péché ! Faites-donc briller en moi cette lumière de paix , qui jaillit de toutes vos blessures ; afin que désormais mon âme ne se laisse plus conduire que par elle, et qu'elle puisse ainsi se réfugier dans vos saintes plaies, asile des opprimés et des affligés. 0 mon Jésus ! que mon cœur criminel a été dur jusqu'ici envers vous ! Daignez l'amollir par votre sang, afin que désormais il réponde à votre amour par un amour constant. Ramassez dans la sainte plaie de votre côté mes pensées dispersées dans l'amour du monde. 0 Jésus souffrant ! vous êtes aussi le bon pasteur, et je suis votre brebis égarée, qui par ses péchés est devenue comme perdue pour tout ce qui est saint. Mais vous avez sacrifié pour elle votre vie sur la croix, afin de la sauver, et de la ramener dès ici-bas au bercail de votre Église, et après celte vie au bonheur éternel. Oh ! soyez-moi toujours un bon pasteur, malgré mon ingratitude, et quoique je me sois soustrait bien souvent à votre conduite, ouvrez-moi les portes de votre royaume, et faites m'y entrer par vos saintes plaies. Hélas ! vous êtes accablé des plus cruelles souffrances, je veux en prendre ma part. Protégez-moi par votre sainte passion ; car, sans votre flagellation, je serais flagellé des verges aiguës de mes péchés ; sans vos blessures, je ne puis échapper aux blessures du démon, et sans votre mort, je mourrais dans mon endurcissement. Ah ! combien mon âme pourrait s'enrichir par tout ce que vous avez souffert pour elle ! Mais j'ai eu le malheur de fuir votre croix et votre passion, et c'est pour cela que je suis devenu si pauvre. Malheur à moi ! car en fuyant l'opprobre de votre croix, comme le monde l'appelle, j'ai mérité d'être méprisé de vous, de vos anges, de vos saints et de tous les hommes. Malheur à moi ! car en fuyant la folie de la croix, comme le monde l'appelle encore, je suis devenu véritablement en ce monde le plus grand de tous les insensés. Malheur à moi ! car en refusant d'entrer dans vos sainles plaies, pour les adoucir par mon amour, j'ai mérité d'être blessé moi-même cruellement par les péchés qui couvrent mon âme. Ma misère est si grande que je ne trouve point de mots pour l'exprimer. Jésus, mon doux Jésus, ouvrez mon cœur au vôtre par vos plaies, car autrement le péché ne fera que s'y enfoncer tous les jours davantage. Attirez-le fortement à vous par votre amour, afin qu'il ne succombe point de nouveau aux tentations de l'ennemi, et qu'il ne soit point vaincu par lui.

    0 Jésus souffrant ! donnez-moi votre passion et ses bénédictions. Elle est le remède le plus efficace contre toutes les maladies de ma pauvre âme, et sans elle aucun autre remède ne peut la guérir. 0 bon Jésus ! vos plaies détruisent le germe des mauvaises passions, et déracinent tous les péchés de l'âme des pénitents qui reviennent à vous. Votre passion m'est comme un mur autour des oreilles, de sorte que la voix du tentateur ne peut plus arriver jusqu'à elles. Elle ferme nos yeux, et les empêche de jeter sur les choses défendues un regard de convoitise. Elle protège et garde les sens contre tout ce qui pourrait les souiller. Elle nourrit aussi et entretient la pure flamme de la dévotion. 0 bon Jésus ! votre passion réveille encore le feu de la charité pour le prochain, et nous excite à la bienveillance et au pardon des injures. Votre passion, ô doux Jésus ! dompte puissamment la volonté, et la fait tendre uniquement vers les choses célestes qui vous sont agréables et qui glorifient l'âme dès ici-bas. 0 mon Jésus ! donnez-moi votre passion, pour que je l'aie toujours devant les yeux et dans mon cœur ; car votre passion seule peut me suffire et rendre mon âme féconde pour tout bien. Elle seule est ma ponsolalion, mon rafraîchissement, ma joie, mon guide, mon abri, mon secours et ma béatitude.

    0 Jésus souffrant ! mon cher Sauveur, je ne désire rien autre chose en cette vie fragile, sinon d'être crucifié avec vous, et de pouvoir dire avec votre Apôtre : Je suis crucifié avec le Christ ; je vis, ou plutôt ce n'est pas moi, mais c'est Jésus-Christ qui fit en moi. A quoi me servirait-il d'être venu en ce monde, si je ne vous embrassais sur la croix, vous mon Rédempteur, l'agneau de Dieu, qui porte les péchés du monde ; si je ne pouvais reposer dans vos saintes plaies, et les recevoir toutes en esprit, afin que par la douleur qu'elles produisent en mon âme, elles expient tous mes péchés, comme elles les ont déjà expiés en Vous, en tourmentant jusqu'à la mort votre corps innocent. 0 mon Jésus ! je désire de tout mon cœur votre sainte passion, source de béatitude pour moi et pour le monde entier. Je ne Cesserai point de vous demander ce bien précieux, que vous ne me l'ayez accordé, et je vous offre en échange tout ce que je possède, et mon être tout entier. Que votre passion remplisse mon âme et mon corps. Donnez-moi, ô Jésus ! votre passion, qui est ma lumière, ma vie, mon salut et mon tout ; et je consens à ne vous demander pendant toute ma vie aucune autre consolation.

    0 Jésus souffrant ! vous avez créé pour moi et pour mon usage le ciel et la terre, le soleil et la lune et les étoiles, l'air, le feu et l'eau, les espèces innombrables des plantes et des animaux, et tout ce que l'univers renferme dans sa vaste enceinte. Mais qui vous a demandé tout cela ? Ne nous Pavez-vous pas donné pour votre service, sans que nous l'ayons demandé ou mérité ? Si vous nous avez donné toutes ces choses, sans aucun désir de notre part, pourrez-vous me refuser votre passion pour laquelle je ne cesse de vous prier jour et nuit. Ne rejetez pas ma prière à cause de la multitude de mes péchés. Je ne puis ressentir aucune joie, si je ne suis blessé avec vous. 0 mon Jésus ! je ne puis guérir, si je ne meurs avec vous. 0 mon Jésus, faites mourir au monde mon corps. Imprimez votre mort en mon cœur. 0 mon Jésus ! vous êtes pour moi le Samaritain miséricordieux de l'Évangile ; blessez-moi de vos blessures, enivrez-moi de votre sang, vivifiez-moi de votre mort pour la vie éternelle. Amen.

     

    QUATORZIÈME JOUR

    Offrande de la Passion de Jésus-Christ, du B. LOUIS DE GRENADE

    O mon Jésus ! que vous offrirai-je pour tout le bien que vous m'avez fait ? Que vous donnerai-je en échange des dons que j'ai reçus de votre grâce ? Ah ! j'ai fait peu de chose par amour pour vous, et j'ai été bien peu reconnaissant des bienfaits surnaturels et temporels dont vous m'avez comblé. J'ai à peine pensé à vos bénédictions ; à peine ai-je prêté l'oreille aux doux appels de vos saintes inspirations, et j'ai troublé de mille péchés les jours de ma vie que je devais consacrer à votre gloire. 0 mon Jésus ! je confesse que je ne suis plus digne d'être appelé votre fils, et pourtant, je sens que vous êtes encore mon bon père. Oh ! oui vous l'êtes ! vous êtes mon espérance, car vous êtes la source de toute miséricorde. Vous n'avez jamais repoussé les pécheurs qui viennent à vous avec un repentir sincère : mais les recevant d'un regard gracieux et propice, vous Ieur pardonnez, et ils s'en vont avec votre paix. J'ai recours à vous avec une confiance toute filiale ; j'implore votre secours et mon pardon par les mérites de votre passion et de votre mort. 0 mon Jésus ! afin d'obtenir le pardon de mes péchés, que votre miséricorde veut bien m'accorder, je vous offre votre bonté infinie qui vous a porté, vous le Dieu de majesté, à devenir un homme pauvre, misérable comme nous, pour vivre pendant trente-trois ans dans ce monde de misères, de larmes et de péchés, au milieu des persécutions, des contradictions de vos ennemis, des privations, des douleurs et des souffrances de toute sorte.

    Je vous offre, ô mon Jésus ! votre angoisse mortelle, et la sueur sanglante que vous avez versée au jardin des Oliviers, lorsque, priant votre Père céleste, vous étiez prosterné contre terre. Je vous offre le désir ardent que vous avez eu de souffrir pour nous, et qui vous a fait vous livrer si volontiers entre les mains de vos ennemis. Je vous offre les peines et la confusion que vous avez endurées pour nous, pauvres pécheurs, dans cette nuit terrible où vous fûtes conduit chez Anne et Caiphe. Je vous offre tout cela en vous priant instamment de vouloir bien, par les mérites de vos souffrances, me pardonner mes pèches, enrichir mon âme de votre sainteté et la conduire â la vie éternelle.

    0 mon Jésus ! je vous offre votre aimable humilité, et l'invincible patience avec laquelle vous vous présentâtes â vos ennemis, lorsque vous fûtes couronné d'épines, et vétu par dérision d'un manteau de pourpre, et lorsque vos bourreaux vous couvrirent de crachats, et vous frappèrent la tête avec le roseau qu'ils vous avaient mis à la main en guise de sceptre.

    0 mon Jésus ! je vous offre l'épuisement de votre corps et la perte de votre sang, qu'il vous fallut souffrir, lorsque vous portâtes jusqu'au haut du Calvaire sur vos propres épaules le pesant fardeau de votre croix. Je vous offre la soif dont vous fûtes dévoré sur la croix, et toutes les autres peines que souffrit Votre corps Sacré. Je vous offre tout cela avec le sentiment d'une profonde reconnaissance, et je vous supplie de vouloir bien, par efficacité de Vos mérites, m'élever de nouveau à la dignité d'enfant de Dieu et d'héritier de votre royaume.

    0 mon Jésus ! je vous offre en expiation de mes péchés toutes les douleurs que vous ressentîtes, lorsque les bourreaux vous arrachèrent avec violence le vêtement de pourpre que le sang avait collé sur votre corps, et renouvelèrent ainsi les plaies que les coups de fouets y avaient laissés en si grand nombre. Je vous offre aussi les souffrances que vous ressentîtes, lorsque, après vous avoir étendu sur la croix, on vous perça de clous les pieds et les mains d'où s'échappèrent comme autant de ruisseaux de sang, O mon Jésus ! je vous offre la douceur avec laquelle vous supportâtes les malédictions dont vos ennemis vous accablèrent, lorsque secouant la tête ils se moquaient de vous avec une amère dérision. Pour vous, ô Jésus ! vous priiez pendant ce temps votre Père céleste de leur pardonner leur crime. Je vous offre aussi toutes les peines intérieures et corporelles que vous endurâtes, lorsque, privé de toute consolation, abandonné de Dieu et des hommes, vous fûtes élevé sur la croix entre le ciel et la terre, au milieu de deux malfaiteurs.

    0 mon Jésus ! je vous offre la fidélité avec laquelle vous avez accompli toutes ces choses, jusqu'à ce que, penchant la tête pour mourir, vous remîtes votre âme entre les mains de votre Père. Je vous offre aussi le sang qui coula de votre côté, lorsqu'après votre mort il fut percé d'une lance. Je vous offre tout cela avec une sincère reconnaissance, et vous supplie de vouloir bien purifier et sanctifier mon âme, et de lui assurer une place dans votre royaume éternel. Amen.

    QUINZIÈME JOUR

    PRIÈRES DE SAINT FIDÈLE, POUR DEMANDER A JÉSUS SES VERTUS

    Prière aux Pieds sacrés de Jésus.

    Je vous rends grâces, ô Jésus ! pour l'ineffable amour dont vous nous avez aimé, et pour les douleurs que vous avez souffertes dans les plaies de vos pieds sacrés. Je veux y cacher et y ensevelir tout mon être, tous les péchés de ma vie passée, et particulièrement ceux que j'ai commis par orgueil, par ambition et par témérité, par amour-propre, par défaut d'obéissance et de soumission envers vous et ceux qui vous représentent, par impatience ou par colère, par l'intempérance de ma langue, ou en parlant mal du prochain. Je veux cacher dans vos plaies tous ces défauts, tous ces vices, et ceux qui en découlent ; afin que vous les effaciez par votre précieux Sang, par votre ineffable humilité, par votre obéissance, par votre patience, et par votre silence adorable. Accordez-moi, je vous en supplie, toutes ces vertus, et celles qui en sont les fruits ; afin qu'à l'avenir elles brillent dans toutes mes paroles, dans mes pensées et dans mes œuvres. Faites, ô Jésus ! que je sois humble, et que je m'abaisse dans mon néant au-dessous de toutes les créatures : que, renonçant à ma volonté propre, j'obéisse à vous et aux hommes à cause de vous ; que je sois patient, et que j'accepte de bon cœur de votre main toutes les contrariétés ; que je sois recueilli et silencieux, écoulant vos saintes paroles dans ie silence de mon cœur. Que ces saintes plaies m'offrent un sûr abri tous les jours de ma vie, mais surtout à l'heure de ma mort.

     

    Prière à la Tête sacrée de Jésus.

    Je vous rends grâces, O bon Jésus ! pour Votre amour, et pour les douleurs que vous avez souffertes dans votre tête sacrée, cruellement percée et déchirée par les épines. Je plonge dans les saintes plaies de votre tête ma tête avec tous ses sens et toutes Ses puissances : j'y plonge aussi tous mes péchés, et particulièrement ceux que j'ai commis en m'appuyant sur mon propre sens et sur ma fausse prudence, en négligeant de dompter ma chair, en flattant ou en craignant trop les hommes ; comme aussi ceux que j'ai commis par légèreté, par défaut de modération, et par égoisme. Je cache en vos plaies tous ces défauts et tous ces vices, et ceux qui en découlent, afin que vous les détruisiez par votre précieux sang. Par votre ineffable sagesse, par votre respect pour votre Père, par votre modestie et votre renoncement au monde, accordez-moi toutes ces vertus, et celles qui en sont les fruits ; afln qu'à l'avenir, avec le secours de votre grâce, elles paraissent dans toutes mes pensées, dans mes paroles et dans mes œuvres. Faites que je sois vraiment sage, en m'attachant à vous de tout mon esprit et de tout mon cœur : que je craigne Dieu en évitant tout péché ; que je sois modeste et modéré en choisissant en toutes choses ce milieu où consiste la vertu : que je sois recueilli, afin que j'habite uniquement en vous. Que les plaies de votre tête adorable me soient un sur abri pendant toute ma vie, mais surtout à l'heure de ma mort.

    Prière au Cœur de Jésus.

    Je vous rends grâces, 6 aimable Jésus! pour votre amour infini, cl pour la plaie de votre divin cœur, 

    qui, en présence de votre mère désolée, fut percé d'une lance. Je vous recommande en même temps, ô source de tout bien, mon cœur avec toutes ses inclinations. Je me donne à vous tout entier, sans réserve : et je jette dans cette plaie de votre cœur tous les péchés que j'ai commis, en abusant, ou en ne profitant pas par ma faute des créatures dont vous m'avez permis l'usage, de vos saints Sacrements et de vos dons. J'y jette aussi mes infidélités, mes erreurs, mes témérités, mes défiances excessives et mes désespoirs, toutes les fautes propres à mon état, mes négligences et mes inconstances, et tous les défauts qui découlent de ces vices, afin que vous les détruisiez par votre précieux sang, par votre amour et votre constance admirable. Accordez-moi ces vertus-, et celles qui en sont les fruits ; afin qu'à l'avenir, avec le secours de votre grâce, elles paraissent dans toutes mes pensées, dans mes paroles et dans mes œuvres. Faites que je sois vraiment fervent, que je vous aime de toutes mes forces, et que je soupire après vous ; que dans le bonheur et dans le malheur je m'appuie sur vous, et vous appartienne par l'espérance et la foi ; que je m'efforce avec zèle de faire chaque jour de nouveaux progrès dans le bien : que la plaie de votre cœur sacré me soit un abri pendant toute ma vie, et surtout à l'heure de ma mort.

     
     

    Prière à la Main droite de Jésus.

    Je vous rends grâces, ô bon' Jésus ! pour votre ineffable amour, el les douleurs que vous avez souffertes dans la plaie de votre main droite. Je me réfugie dans cette plaie sacrée, et j'y cache tous mes péchés, et particulièrement mes injustices envers vous et vos créatures, mes amertumes, mes antipathies, mes jalousies, mes mensonges, mes dissimulations et mes hypocrisies, mes ingratitudes pour vos bienfaits et pour ceux des vôtres, afin que vous détruisiez tous ces défauts par votre précieux sang. Par votre justice, votre miséricorde, votre gratitude et votre sincérité, daignez m'accorder toutes ces vertus, et celles qui en sont les fruits ; afin qu'à l'avenir, avec le secours de votre grâce, elles éclatent dans toutes mes pensées, dans mes paroles et dans mes actions. Faites que je sois vraiment juste, en donnant à chacun ce qui lui appartient ; miséricordieux, en voulant et faisant du bien à chaque créature ; sincère, en m'efforçant de devenir semblable à vous en toutes choses ; reconnaissant, en vous glorifiant toujours, et en rendant à mes bienfaiteurs bienfaits pour bienfaits. Que la sainte plaie de votre main droite me soit un sûr abri pendant toute ma vie, et surtout à l'heure de ma mort. Amen.

     

    Prière a la Main gauche de Jésus.

    Je vous rends grâces, ô Jésus ! pour votre ineffable amour, et pour les douleurs que vous avez souffertes dans la plaie de votre main gauche. Je me réfugie dans cette plaie sacrée, et je veux y cacher tous mes péchés, et particulièrement ceux que j'ai commis par tiédeur, paresse ou perte de temps, par impureté, soit en mon âme soit en mon corps, par mes excès dans le boire et le manger ou les autres jouissances, par avarice et cupidité. Je cache en cette plaie tous ces défauts, et tous ceux qui en découlent, afin que vous les détruisiez par votre précieux sang. Par votre force d'âme, votre pureté, votre pauvreté et voire tempérance, daignez m'accorder toutes ces vertus et celles qui en sont les fruits ; afin qu'à l'avenir, avec le secours de votre grâce, elles éclatent dans toutes mes pensées, dans mes paroles et dans mes œuvres, Faites que je sois toujours généreux, en méprisant tout ce qui passe, et en ne me laissant jamais aller au découragement ; que je sois chaste, et que je garde dans la pureté mon âme et tous mes sens ; que je sois tempérant, ne m'accordant jamais que le nécessaire, et en jouissant avec précaution ; que je sois pauvre d'esprit, et pauvre de tout ce qui est terrestre, en ne cherchant que vous. Que la sainte plaie de votre main gauche me soit un sûr abri pendant toute ma vie, et particulièrement à l'heure de ma mort.

    Mais, pour obtenir toutes ces grâces de vous, ô mon Dieu ! je me recommande à votre douce mère la bienheureuse Vierge Marie, qui sait si bien intercéder pour notre faiblesse ; et je la prie de prendre cette prière dans ses pures et saintes mains, et de vous la présenter, afin qu'elle m'obtienne grâce et pardon. Amen.

     

    SEIZIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINTE BRIGITTE

    0 Seigneur Jésus ! éternelle douceur de ceux qui vous aiment, béatitude qui surpasse toutes les délices et tous les désirs, sauveur et  refuge des pécheurs, qui nous avez assuré vous-même que votre joie est d'habiter avec les enfants des hommes, et qui, dans la plénitude des temps, vous êtes fait homme à cause de nous : souvenez-vous de la tristesse et du profond accablement que ressentit votre nature humaine , lorsqu'arriva pour vous l'heure, marquée d'avance dans votre divin cœur, de votre passion si salutaire pour nous. Souvenez-vous aussi du trouble et de l'amertume que vous ressentîtes en votre âme, lorsqu'avant votre dernière cène, vous donnâtes à vos disciples votre chair et votre sang pour nourriture et pour breuvage, vous leur lavâtes les pieds, et que vous leur annonçâtes l'approche de votre passion, en les consolant et les fortifiant par vos paroles. Souvenez-vous aussi des craintes, des angoisses et des tourments que vous souffrîtes avant le martyre de la croix, lorsqu'après avoir prié trois fois, et répandu une sueur de sang au jardin des Oliviers, vous fûtes trahi par Judas votre disciple, saisi comme un voleur par votre peuple de prédilection, accusé par de faux témoins, condamné à mort, quoiqu'innocent, dans la fleur de votre vie, dans la ville de Jérusalem, pendant les fêtes de Pâques, dépouillé de vos vêtements et couvert de haillons, frappé de coups de poings, sdtliilé de crachats, attaché à une colonne, fouetté de verges, couronné d'épines et frappé sur la tête aVéc un roseau. 0 Seigneur Jésus, accordez-moi, je vous en supplie, par le souvenir de toutes ces souffrances, qui ont précédé votre mort sur la croix, accordez-moi avant ma mort un vrai repentir, une confession sincère, une satisfaction complété, et le pardon de tous mes péchés. Amen. Pater. Ave.

     

    N. 2. 0 Jésus, créateur du ciel et de la terre, Dieu qu'aucune créature ne peut comprendre, vous qui renfermez le monde entier dans votre main : souvenez-vous de la douleur très amère que vous ressentites, lorsque les Juifs clouèrent à la croix vos mains adorables, et que perçant ensuite vos pieds sacrés, ils augmentèrent encore vos supplices, en vous tirant de tous les côtés, pour vous étendre sur la longueur et la largeur de la croix, de sorte que les membres de votre corps en étaient tous disjoints. Accordez-moi, je vous en supplie, par le souvenir de ces saintes douleurs, votre crainte et votre amour. Amen. Pater. Ave.

    N. 3. 0 Jésus, céleste médecin, souvenez-vous des défaillances, des blessures et des supplices que vous souffrîtes dans tous vos membres, dont aucun ne resta à sa place, lorsqu'on vous éleva sur la croix. Aucune douleur ne peut être comparée à celles que vous ressentîtes alors : car depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête, il n'y avait plus rien de sain en vous. Et pourtant, oubliant toutes vos souffrances, vous ne songiez qu'à prier pour vos ennemis, en disant : Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Par cette miséricorde, et en souvenir de cette douleur, faites que la pensée de vos souffrances très amères produise en moi la rémission parfaite de tous mes péchés. Amen. Pater. Ave.

    N- 4. 0 Jésus, joie des Anges, paradis de délices, souvenez-vous de la tristesse et de l'horreur que vous ressentîtes, lorsque vos ennemis, semblables à des lions furieux, vous assaillirent, et firent pleuvoir sur vous les coups, les crachats, les dérisions et toutes sortes de mauvais traitements. Seigneur Jésus, par les peines, les insultes et les traitements indignes dont vos ennemis vous accablèrent alors, délivrez-moi, je vous en supplie, et faites qu'à l'ombre de vos ailes, j'obtienne le salut éternel. Amen. Pater. Ave.

    N. 5. 0 Jésus ! reflet de la gloire éternelle du Pére, souvenez-vous du trouble que vous ressentîtes, lorsque, par votre science infiriîe, vous vîtes à côté du nombre de vos élus, que devaient sauver les mérites de votre passion et de votre mort, le grand nombre des réprouvés qui méritent par leurs péchés la damnation éternelle. Par les abîmes infinis de cette miséricorde, qui vous toucha de compassion pour nous, pauvres pécheurs, et qui vous fit dire au bon larron sur la croix : Tu seras avec moi aujourd'hui dans le paradis, accordez-moi, je vous prie, votre miséricorde au moment de la mort. Amen. Pater. Ave.

    N. 6. 0 roi miséricordieux, ami souverainement aimable, souvenez-vous de ce trouble que vous ressentîtes, lorsque, pauvre et nu sur la croix, abandonné de vos amis et de vos proches, et n'ayant pour vous consoler que votre mère bien-aimée, qui se tenait debout devant votre croix dans l'amertume de son âme, vous la recommandâtes à votre disciple, eu disant : Femme, voilà votre fille. Par ce glaive de douleur qui transperça alors son âme, daignez, je vous eu supplie, avoir pitié de moi dans mes angoisses et mes afflictions corporelles et spirituelles, et consolez-moi dans mes tribulations, et surtout à l'heure de ma mort. Amen. Pater. Ave.

    N-7-0 Jésus ! source inépuisable de bonté, qui du fond de votre àme avez crié sur la croix : j'ai soif, c'est-à dire : J'ai soif du salut du genre humain ; daignez, je vous en supplie, enflammer nos cœurs pour toutes sortes de biens, et éteindre en nous la soif des désirs charnels, et le feu des plaisirs terrestres. Amen. Pater. Ave.

    N. 8.0 Jésus ! douceur du cœur, unique-suavité de l'àme, par l'amertume du fiel et du vinaigre que vous avez ressentie pour nous, faites, je vous en supplie,qu'à l'heure de notre mort, nous puissions recevoir dignement votre corps et votre sang, comme remède et consolation de nos âmes. Amen. Pater. Ave.

    N. 9. 0 Jésus ! puissance souveraine, jubilation de l'âme, ressouvenez-vous de l'angoisse et de la douleur que vous souffrîtes, lorsque, plongé dans les amertumes de la mort ; vous vous reconnûtes abandonné dé Dieu, votre Père, et que vous criâtes : Mon bien, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? Je vous en supplie, par cette angoisse, ne nous abandonnez pas dans les nôtres, ô Seigneur notre Dieu ! Amen. Pater. Ave.

    N, 10. 0 Jésus ! commencement et fin de toutes choses, notre vie et notre force en tout temps, souvenez vous que vous vous êtes abîme pour nous dans le torrent de votre passion. Par la largeur et la profondeur de vos plaies, apprenez-moi, je vous en supplie, à garder par une vraie charité vos saints commandements. Amen. Pater. Ave.

    N. 11. 0 Jésus ! abîme de miséricorde, par la profondeur de vos plaies, qui ont pénétré jusqu'à la moelle de vos os, daignez, je vous en supplie, me tirer de l'abime des péchés qui me submergent, et me cacher à votre colère dans les ouvertures de vos plaies, jusqu'à ce que votre fureur soit passée. Amen. Pater. Ave.

    N. 12. 0 Jésus ! miroir de vérité, signe d'unité, lien de charité, souvenez-vous de la multitude innombrable de vos blessures, qui couvrent tout votre corps, depuis la tête jusqu'aux pieds, et qui l'empourprent de votre sang précieux : souvenez-vous des grandes douleurs que vous souffrîtes pour nous dans votre chair virginale. Qu'auriez-vous pu faire de plus pour nous, ô bon Jésus ? Ecrivez, je vous en supplie, avec votre sang précieux, toutes vos blessures dans mon cœur ; afin que, lisant en elles votre douleur et votre mort, je vous rende grâces jusqu'à la fin de ma vie. Amen. Pater.Ave.

    N. 13.0 Jésus ! guerrier courageux, roi immortel et invincible, souvenez-vous de la douleur que vous souffrîtes, lorsque vous sentîtes défaillir toutes les forces de votre âme et de votre corps, et qu'inclinant votre tête, vous dîtes d'une voix mourante : Tout est consommé. Par cetle angoisse et cette douleur, ayez pitié de moi dans les derniers moments de ma vie, lorsque mon âme sera plongée dans l'angoisse, et mon esprit dans le trouble. Amen.Pater. Ave.

    N. 14.0 Jésus ! Fils unique du Père, splendeur et caractère de sa substance, seuvenez-vous des paroles par lesquelles vous recommandâtes votre âme à votre Père, en lui disant : Je remets, Seigneur, mon âme en vos mains. Souvenez-vous que votre corps étant déchiré, votre cœur brisé, ouvrant les entrailles de votre miséricorde, et poussant un grand cri, vous rendîtes pour notre salut votre dernier soupir. Par celle mort précieuse, daignez, je vous en supplie, ô roi des élus, me fortifier pour que je résista au démon, au monde, à la chair et au sang ! afin que, mort au monde, je vive pour vous : et à l'heure de ma mort , lorsque mon âme, achevant son pèlerinage, et quittant son exil, retournera vers vous, daignez la recevoir dans votre sein. Amen, Pater. Ave.

    N-15. O Jésus ! vigne féconde, Souvenez-vous de l'effusion abondante de votre sang qui coula de vos veines comme le vin coule du raisin, lorsque, sur la croix, vous foulâtes seul le pressoir de votre passion, et que votre côté, percé par la lançe d'un soldat, laissa couler l'eau et le sang jusqu'à la dernière goutte. Souvenez-vous que vous restâtes alors suspendu comme un faisceau de myrte ; que votre chair délicate se flétrit, et que la moelle de vos os se dessécha ; par votre passion très amère, et par l'effusion de votre précieux sang, recevez, bon Jésus, mon âme dans ma dernière agonie. Amen. Pater. Jve,

     

    DIX-SEPTIÈME JOUR

    PRIÈRES DE SAINT BERNARD

    Salut, ô miséricordieux Jésus ! je vous salue avec dévotion, ô salut du monde ! Vous savez que je veux vivre uni à vous sur votre sainte croix : donnez-moi pour cela la plénitude de vos grâces. Je m'approche de vous, et vous contemple par la foi dépouillé de toute votre gloire. Je me prosterne humblement devant vous, le front dans la poussière, et vous crie : O mon Jésus, soyez-moi propice. La pensée de vos plaies me fait frémir jusqu'au fond de l'âme : j'embrasse avec une tendre dévotion les clous qui percent vos pieds, et les douleurs amères de votre âme, et les cruelles souffrances de votre corps.

    0 doux ami des pécheurs pénitents, père des pauvres, vous qui relevez ceux qui sont tombés, je vous rends grâce de votre immense charité qui vous a porté à tant souffrir pour moi.

    0 doux Jésus ! que le remède bienfaisant de vos plaies guérisse et renouvelle en moi tout ce qui est malade ou souillé : je vous honore sur la croix avec une tendre charité, et par elle j'espère que vous guérirez ma pauvre âme. Purifiez-moi de votre sang, et je serai guéri. 0 mon Jésus ! imprimez vos plaies dans le plus profond de mon cœur ; afin que je vous sois semblable en tout, et qu'il ne manque rien a mon amour pour vous. 0 doux Jésus ! Dieu très bon, vers vous je soupire, pauvre pécheur que je suis, et j'implore votre miséricorde : j'embrasse vos pieds sacrés ; ne me repoussez pas malgré mon indignité ; et du haut de votre sainte croix, jetez sur moi un regard de miséricorde et de grâce. 0 mon bien-aimé Jésus ! regardez-moi aux pieds de votre croix ; attirez-moi à vous et sanctifiez-moi, en m'adressant cette douce parole : Je veux te guérir et te pardonner tous tes péchés. Amen.

     

    Prière et salut aux Genoux de Jésus.

    Salut, ô Jésus ! roi de tous les saints, doux espoir des pauvres pécheurs, Dieu et homme tout ensemble, suspendu à la croix comme un malfaiteur, dont les genoux tremblants se ploient courbés par la douleur. Ah ! comme vous êtes pauvre et nu sur la croix, objet de mépris et de dérision pour vos ennemis ! Et cependant, ce n'est point malgré vous, mais volontairement et pour notre rédemption, que vous souffrez en votre corps ce martyre ; Votre sang adorable coule â grands flots de vos plaies ; il coule, il coule toujours ; et se figeant sur votre corps, il le couvre comme d'un vêtement, sans qu'aucun de vos ennemis daigne jeter sur vous un regard de compassion.

    0 Dieu ! dont la majesté est infinie, et qui daignez vous soumettre à une si grande misère ! qui, parmi nous, vous cherche dans la sincérité de son cœur, et touché par votre immense charité, vous offre son sang en échange du vôtre ? 0 mon Jésus ! que vous rendrai-je pour tant d'amour, moi si méprisable à cause de mes crimes et de la dureté de mon cœur ? Comment reconnaître dignement cet amour sans mesure qui vous a fait mourir pour moi, afin de m'arracher à une double mort ? 0 Jésus ! il n'y a point d'amour au-dessus du vôtre ; car les angoisses de la mort n'ont pu triompher de lui.

    Avec quelle tendre sollicitude vous m'offrez un abri dans vos plaies adorables, atin que je ne sois point atteint par la mort éternelle. Confus de votre amour pour moi, je vous tiens étroitement embrassé : oubliez mes péchés , et faites-moi miséricorde. Baignez-moi dans votre sang : qu'il me purifie de mes souillures, et me guérisse de mes maladies, de telle sorte qu'il ne reste plus en moi aucune trace de mes iniquités passées. 0 mon Jésus! conduisez-moi, afin que je vous cherche sur votre croix, où vous êtes suspendu couvert de sang, honni et accablé de douleur. Que mon unique effort, ô Jésus ! soit de vous chercher avec un tendre amour ; et je ne craindrai plus dès lors aucune peine ni aucun fardeau ; car si je suis uni à vous, je suis par là même guéri et purifié de tous mes péchés. Amen.

     

    Prière et salut aux mains de Jésus.

    Salut, ô Jésus ! bon pasteur, dont les mains étendues sont fixées au bois de la croix, de telle sorte que tous les membres de votre corps sont disjoints, et que vous souffrez à chaque instant davantage les angoisses de la mort. Salut, ô mains sacrées, percées par le fer cruel des clous qui Vous attachent aux branches de la croix.

    Chaque goutte de sang qui coule des plaies de mon Jésus est pour moi comme une rose d'un parfum délicieux. Ah ! mon Sauveur, comme de vos mains sacrées coule abondamment votre sang adorable, rançon précieuse de notre salut !

    Laissez-moi presser tendrement sur mon cœur vos mains percées de clous et tout empourprées de votre sang.

    Ah ! comme vous étendez largement vos bras pour embrasser miséricordieusement les justes et les pécheurs, les tièdes et les fervents ! car votre grâce et votre amour se répandent sur tous les hommes. Je m'approche de vous, ô doux Sauveur, couvert de plaies et ruisselant de sang, vous qui êtes toujours compatissant pour toutes les misères. Vous ne me dédaignerez pas, vous, si bon pour ceux qui vous aiment. Attachez à vous toutes mes pensées, tout ce que je sais, tout ca que je veux, ce que je puis, et laissez-moi pour cela honorer votre croix, et reposer toujours dans vos bras. Que votre immense chanté m'attire vraiment à vous ; donnez-moi, à cause de votre croix salutaire, et par elle, la grâce de vaincre et de détruire en moi tout ce qui vous déplaît. Je veux vous briser amoureusement, ô mains sacrées de mon Sauveur, et vous arroser de mes larmes ! Je veux vous rendre grâce pour les grandes douleurs que vous avez souffertes, et pour le sang que vous avez répandu, quand les bourreaux vous ont percées de clous. 0 mon Sauveur ! purifié par votre sang, je veux me donner à vous tout entier ! Que vos mains adorables me défendent dans tous les dangers, et à l'heure de la mort. Amen.

    DIX-HUITIÈME JOUR

    Prière et salut au Côté de Jésus

    Salut, ô bon Jésus, toujours prêt à nous pardonner nos péchés. Ah ! comme vos membres blessés et défaillants sont cruellement tendus sur la croix ! Salut, côté sacré du Sauveur, où est caché le doux miel de sa grâce, où la puissance de son amour se révèle à nous, où jaillit la source de son sang précieux, qui purifie nos cœurs, et les délivre du péché et de la mort éternelle. Je viens encore à vous, ô mon Jésus ! pardonnez-moi, parce que j'ai péché ; car je viens à vous, confus et affligé, pour contempler vos plaies et vos douleurs. Salut, ô plaie sacrée de laquelle découlent les flots purs du sang de Jésus ! Salut, porte de la vie, ouverte dans toute sa largeur. Salut, remède salutaire de toutes nos blessures. Le parfum que vous exhalez est plus odorant que celui du meilleur vin ; il étouffe le souffle empesté du péché. Le sang qui jaillit de vous est un breuvage de vie : et celui qui a soif de la véritable vie peut accourir à vous, et se désaltérer à votre source. 0 douce plaie de mon Sauveur ! ouvrez-vous à moi, afin que mon cœur se sente en vous ; laissez-moi pénétrer dans vos profondeurs, car je veux m'abimer en vous ; ouvrez-vous au pauvre mendiant qui frappe à votre porte. Mon ame vous baise avec amour, et j'introduis mon cœur dans votre sanctuaire, pour qu'il jouisse de votre sang ; ensevelissez-moi dans vos abîmes comme en un tombeau. Oh ! comme ce breuvage est doux! 0 Seigneur Jésus-Christ ! celui qui vous goûte sent dans tout son être un bonheur ineffable : et l'amour qui le fait vous aimer par-dessus toutes choses le ferait mourir pour vous. Logez-moi dans l'ouverture de votre adorable côté, et laissez mon cœur s'y réfugier et y demeurer ; afin que là, retiré du monde, il ne brûle d'amour que pour vous, qu'il repose en paix près de vous et qu'il ne craigne plus rien. Qu'à l'heure de ma mort, mon âme, ô Jésus ! se réfugie dans cette plaie sacrée de votre côté, et que par elle, elle s'envole vers vous, afin que le démon ne triomphe point d'elle, et qu'elle vous soit toujours unie. Amen.

    Prière et salut à la Poitrine de Jésus.

    Salut, ô doux Jésus, mon amour, mon salut et mon Dieu ! Salut, poitrine sacrée de Jésus, sanctuaire d'amour, qu'on ne peut toucher sans tressaillir de piété ! Salut, trône de l'adorable Trinité, arche de l'infinie miséricorde de Dieu, force des faibles, asile de paix, repos des affligés et des opprimés, bouclier de tous les humbles ! Salut, Jésus mille fois béni, terme et but de tous nos efforts. Jetez un regard sur moi qui suis prosterné à vos pieds. J'approche de vous avec amour ; enflammez mon cœur de la grâce qui rayonne de votre sein adorable. Donnez-moi un cœur pur, toujours brûlant d'amour pour vous, toujours pieux, toujours pénitent. Faites que ma volonté, renonçant à elle-même devienne conforme à la vôtre, et soit comme une serre où fleurissent toutes les vertus. 0 très-doux Jésus, bon Pasteur, Fils de Dieu et de la bienheureuse Vierge Marie, Père de miséricorde, que votre cœur daigne bénir le mien, et le purifier de tout péché. Salut, ô Jésus, gloire et reflet du Père céleste ! comblez de la plénitude de vos bénédictions, et des dons de votre grâce, les affligés et les nécessiteux. 0 Poitrine auguste de mon Sauveur Jésus, laissez-moi trouver en vous le salut, la justice et la délivrance de tous mes péchés. Faites que, brûlant d'amour pour vous, je pense continuellement à vous. Abîme de la sagesse éternelle, objet des louanges et des cantiques de tous les chœurs des Anges, où l'Apôtre saint Jean a puisé la lumière et la vie, faites que je choisisse en vous ma demeure. Salut, source de grâce, car la plénitude de la divinité habile corporellement en vous. Quand vous me conseillez, vous m'ôtez l'amour du monde et de ses plaisirs. Salut, vrai temple de Dieu, ayez pitié de moi, je vous en supplie. 0 précieux écrin de tout bien, vase sacré où est renfermée toute la miséricorde divine, placez-moi après cette vie au nombre des élus. Amen.

     

    DIX NEUVIÈME JOUR

    Prière et salut au Cœur de Jésus

    Salut, O doux cœur du souverain Roi, je vous salue avec une tendre émotion : mon bonheur est de vous embrasser ; et mon cœur ne vous demande rien autre chose. Encouragez-moi donc pour que j'ose élever vers vous ma prière. Âh ! quel immense amour a vaincu votre cœur ! Quel martyre vous souffrez ! Vous vous épuisez, afin de devenir pour nous une victime de rédemption, et pour nous délivrer de la mort éternelle. Ah ! que la mort se montra cruelle et amère, lorsqu'elle pénétra dans votre tente, ô très-doux cœur, d'où jaillit la source de la vie. 0 cœur tendrement aimé de mon cœur ! à cause de cette mort que vous avez endurée pour moi, lorsque vous vous êtes livré à moi comme une victime, attachez à vous toutes les inclinations et tous les mouvements de mon cœur ; je n'ai que ce seul désir au monde. 0 cœur aimable par-dessus tout, purifiez mon cœur sujet à mille tentations, et perdu dans les vanités de ce monde : dissipez sa tiédeur, et remplissez-le de piété et de crainte de Dieu. 0 cœur de mon Jésus ! que votre amour pénètre jusqu'au fond de mon cœur tout chargé dé pêchés et de dettes, afin que je le donne à vous tout entier, et que je sois blessé d'amour pour vous ! 0 cœur de mon Jésus déployez-vous, et ouvrez-vous à moi, semblable à une rose qui ouvre son calice, et unissez-vous à mon cœur ; sanctitiez-le en le blessant, car votre amour ne fait point souffrir celui qui l'éprouve. Celui qui vous aime vraiment vous suit sans savoir comment : car il ne peut se retenir, et son amour ne connaît aucune borne. Celui qui vous aime voudrait pouvoir mourir mille fois pour vous. 0 très-doux cœur de mon Jésus ! que j'aime au-dessus de tout, mon cœur crie vers vous, et vous supplie de vous incliner vers lui, pour qu'il puisse s'unir à vous par un amour filial. Que mon cœur ne vive plus que de votre amour : qu'il ne s'endorme plus dans une coupable indifférence : qu'il vous implore, qu'il vous consacre ses larmes : qu'il vous honore et vous prie, et que toujours il jouisse de vous. 0 cœur de mon Jésus ! rose odorante, dont le parfum nous réjouit, je vous le dis encore une fois, déployez et ouvrez-moi votre calice, afin que mon cœur tout enflammé d'amour ne soupire qu'après vous. 0 Jésus ! permettez que mon cœur épouse le vôtre, et soit blessé avec lui : car il ne deviendra semblable au vôtre que lorsqu'il sera percé des traits de votre sainte passion. 0 cœur de mon Jésus ! cachez mon cœur dans vos plaies, afin qu'il soit toujours près de vous, et qu'il trouve sa consolation dans vos douleurs ; de telle sorte qu'il puisse à peine se sentir encore lui-même. Je ne veux plus séjourner et reposer désormais que là. Voyez, ô mon Jésus ! comme mon cœur court vers le vôtre, comme il a soif de vous ! ne le repoussez donc pas de votre cœur, afin que toujours il trouve sa joie en vous. Amen.

    Prière et salut au Visage de Jésus.

    Salut, tète de mon Sauveur couronnée d'épines, ruisselante de sang, meurtrie de coups, cruellement défigurée, déchirée de coups de roseaux, dont le visage plein de bonté a perdu sa beauté, sa fleur et sa gloire, et est comme enveloppé des pâleurs de la mort. C'est pourtant là cette auguste face que les Anges du ciel aiment à contempler. Puis-je m'étonner de ne plus trouver en elle sa fraîcheur et son éclat, puisque la mort y a répandu ses horreurs ? Vous avez perdu toutes vos forces par vos souffrances, ô doux Jésus ! et votre vie s'affaisse dans la défaillance et l'épuisement. 0 mon Jésus ! qui avez enduré tant de mépris et de souffrances à cause de moi le plus grand de tous les pécheurs, donnez-moi seulement un regard, comme signe de votre amour pour moi. 0 bon Pasteur ! je commence à comprendre par vos douleurs que j'ai reçu de vous le miel du salut, et le doux breuvage de la vie, mille fois plus précieux que toutes les joies de ce monde. Oh ! ne méprisez pas un pauvre pécheur, ne rejetez pas un pauvre abandonné. Et si la mort approche de vous, penchez vers moi votre tête fatiguée, et reposez dans les bras de mon amour. 0 mon Jésus ! faites que je participe avec joie à vos douleurs, et que je meure avec vous sur la croix. 0 mon bien-aimé Jésus, Dieu plein de miséricorde et de grâce, je vous remercie d'avoir souffert pour moi une mort si cruelle. Ne m'abandonnez pas, je vous en supplie, à l'heure de ma mort : assistez-moi à ce moment redoutable, accourez à mon secours, protégez-moi, et délivrez-moi de la puissance du démon. Bon Jésus, quand vous aurez fixé l'heure où je dois quitter cette vie, montrez-vous à moi, ô doux amour ! à qui tout appartient. Montrez-vous à moi sur votre croix, cet arbre de vie du salut éternel. Amen.

     

    VINGTIÈME JOUR

    Prière De Sainte Gertrude

    Honneur, louange, adoration, vous soient rendus, ô mon Jésus, qui dans l'excès de votre miséricorde, avez daigné devenir pour nous, misérables pécheurs, notre Sauveur et notre bienfaiteur. Votre amour vous a fait boire jusqu'à la lie le calice amer de la douleur. Vos plaies ont produit notre salut ; notre réconciliation a été le fruit de votre sang, et c'est par votre mort sur la croix que nous avons reçu la vie. Pour nous, vous êtes descendu des hauteurs du ciel dans les plus profonds abimes de l'humilité ; pour nous, vous vous êtes soumis aux plus cruels supplices ; pour nous, vous êtes mort de la mort la plus cruelle sur un bois ignominieux. Aussi, nous vous louons maintenant, et vous glorifions avec tout notre amour ; car de vos plaies coulent toujours pour nous les eaux salutaires de votre grâce : par vous nous sommes redevenus enfants de Dieu et héritiers du bonheur éternel. 0 mon Jésus, mon libérateur et mon rédempteur, je veux vous honorer toujours par la sainteté de ma vie : je veux vous prouver toujours ma reconnaissance, en accomplissant fidèlement tous mes devoirs. Je veux imiter avec un zèle constant vos vertus ; je veux chaque jour prendre votre croix sur moi, et la porter pendant toute ma vie, jusqu'à ma dernière heure ; afin que je devienne digne de vous louer et de vous glorifier un jour dans le ciel. Amen.

    PRIÈRE DE SAINT PIERRE DAMIEN

    Divin médiateur entre Dieu et l'homme, Seigneur Jésus-Christ, qui avez pris dans le chaste sein de la bienheureuse Vierge Marie une chair semblable à la nôtre, et qui, pour notre salut, sur l'autel de la croix, avez immolé à votre Père, comme une victime sans tache et agréable à ses yeux, votre corps adorable ; vous qui vous êtes donné au genre humain comme moyen de salut, afin d'éloigner de lui la contagion du péché : délivrez-moi des innombrables liens où se débat ma misère. Je me prosterne, Seigneur, devant l'étendard de votre croix vivifiante, et j'adore avec un saint respect la gloire nouvelle et inouïe de votre triomphe : car vous êtes à la fois le prêtre et la victime, le rédempteur et le prix du rachat. O victime sainte qui avez brisé les portes de l'enfer, et ou verbaux fidèles celles du royaume céleste ! je vous vois des yeux de l'esprit, ô mon Sauveur, cloué sur la croix et couvert de plaies. J'entends votre douce voix dire au bon larron : Aujourd'hui même tu seras avec moi dans le paradis. Par ce mystère de votre passion et de votre mort salutaire, je vous prie, je vous conjure avec larmes de ne pas me séparer, comme je le mérite, de la société de vos élus, mais de m'admettre avec le bienheureux larron dans la gloire de votre céleste royaume. Marquez pour cela, Seigneur, mon âme du signe de votre sainte croix, et purifiez-moi par sa vertu. Par cette croix sainte emparez-vous de moi, de telle sorte que l'ennemi ne puisse plus rien trouver en moi qui lui appartienne : afin que lorsque vous viendrez pour nous juger, et que ce signe de votre divine puissance brillera dans les cieux, vous reconnaissiez en moi ce sceau salutaire : et qu'après avoir participé à vos souffrances et à votre croix ici-bas, je mérite de participer après cette vie à la gloire de votre résurrection.

     

    PRIÈRE DE SAINT BERNARD

    0 mon Jésus crucifié, que dois-je vous offrir pour vous rendre tout ce que vous m'avez donné par la bénédiction de votre sainte croix ? Vous avez immolé pour nous ce que vous aviez de plus précieux, ce que rien ne peut payer : je veux donc aussi faire ce que je puis,et vous offrir, ô saint crucifié ! ce que j'ai de plus précieux, c'est-à-dire moi-même. Vous vous êtes immolé pour moi : comment pourrais-je tarder encore de m'immoler pour vous ? J'ai deux choses à vous offrir, Seigneur, mon corps et mon âme. Si je pouvais vous les offrir, parfaitement comme un sacrifice de louange, j'en tirerais bien plus de profit et de gloire qu'en les gardant pour moi même. Abandonné à moi-même, je languis dans le trouble et l'angoisse ; mais je trouve une source de joie dans le sacrifice que je vous fais de tout mon être. Vous ne voulez pas ma mort, comment ne vous offrirais-je pas volontiers ma vie ? Vous n'agréez, Seigneur, que des victimes vivantes. Que mon offrande soit donc accompagnée d'une invincible fermeté, d'une humilité profonde, et d'un renoncement sincère à la chair, d'une volonté ferme de demeurer près de votre sainte croix dans un pieux détachement, une chasteté incorruptible, dans une humilité et une simplicité d'enfant. Amen.

    PRIÈRE DE S. GRÉGOIRE LE GRAND

    Je vous adore, ô Sauveur Jésus, suspendu sur la croix et couronné d'épines. Que votre croix, je vous en supplie, me délivre des atteintes du démon. Amen.

    Je vous adore, ô Sauveur Jésus, couvert de plaies sur la croix, et n'ayant, pour désaltérer votre soif, que du fiel et du vinaigre. Que vos plaies, je vous en supplie, soient le remède de mon âme. O mon Sauveur, par cette amertume dont votre âme fut inondée à l'heure de votre mort, et surtout au moment où elle sortit de votre corps sacré : ayez pitié de mon âme, je vous en supplie, au moment où elle sortira de mon corps, et conduisez-la à la vie éternelle. Amen.

    Je vous adore, ô Sauveur Jésus, déposé dans le sépulcre, embaumé de myrrhe et de parfums. Que votre mort, ô Jésus, soit ma vie. Amen.

    Je vous adore, ô Sauveur Jésus, descendent aux enfers, et y délivrant vos captifs : ne m'y laissez jamais dèscendre, je vous en supplie. Amen.

    Je vous adore, ô mon Sauveur, ressuscitant d'entre les morts, montant au ciel, et assis à la droite de votre Père. Faites, je vous en supplie que je mérite de vous suivre où vous êtes, et de vous y être présenté. Amen.

    O mon Sauveur Jésus ! pasteur miséricordieux, conservez les justes, justifiez les pécheurs, ayez pitié de tous les fidèles, et soyez-moi propice a moi indigne et misérable pécheur. Amen.

    0 mon Sauveur Jésus ! faites, je vous en supplie, que votre passion soit ma force, qu'elle me garde, me protège et me défende : que vos plaies me soient un aliment et un breuvage, qui me nourrissent, me réjouissent et m'enivrent : que l'aspersion de votre sang précieux me purifie de toutes mes souillures : que votre mort soit éternellement ma gloire : et que dans votre passion soient la réfection, la joie, la santé, le goût, la consolation et le désir de mon corps et de mon âme, maintenant et toujours. Amen. Amen.

    Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant ! placez votre passion, votre croix et votre mort entre votre justice et mon âme, maintenant et à l'heure de ma mort. Failes-moi grâce et miséricorde : donnez aux vivants le pardon, et le repos aux défunts ; la paix â votre Eglise, et à tous les pécheurs la vie et la gloire éternelle. Amen.

     

    VINGT-UNIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINTE MECHTHILDE

    Seigneur Jésus, je vous rends grâces pour la plaie douloureuse de votre pied gauche, d'où a coulé pour nous l'ablution de nos péchés ; je dépose et cache en elle tous les péchés que j'ai commis dans ma vie. Amen.

    Seigneur Jésus, je vous rends grâces pour la plaie douloureuse de votre pied droit, d'où a coulé pour nous la source de la paix ; je dépose et cache en elle tous mes désirs, afin qu'ils soient purifiés de tout mélange terrestre. Amen.

    Seigneur Jésus, je vous rends grâces pour la plaie douloureuse de votre main gauche, d'où a coulé pour nous la source de toutes les grâces ; je dépose et cache en elle tous mes maux, tant spirituels que temporels, afin qu'unis à votre passion , ils deviennent par ma patience, légers pour moi, et agréables à votre Père céleste. Amen.

    Seigneur Jésus, je vous rends grâces pour la plaie douloureuse de votre main droite, d'où est sorti le véritable remède de nos âmes. Je dépose et cache en elle toutes les négligences dont je me suis rendu coupable dans la pratique des vertus, afin qu'elles soient compensées par les œuvres de votre zèle toul divin. Amen.

    Seigneur Jésus, je vous rends grâces pour la plaie salutaire de votre cœur sacré, d'où oui coulé pour nous, avec le sang et l'eau que vous avez répandus, les trésors de tous les biens. Je dépose et cache en elle tout mon amour, afin qu'uni avec le vôtre il devienne parfait. Amen.

     

    PRIÈRE DE SAINTE CERTRUDE pour obtenir une bonne mort.

    0 Jésus, brisé par les plus cruelles souffrances, je repasse en mon esprit les douleurs atroces que vous avez endurées dans votre corps adorable sur l'arbre de la croix ; et je vous supplie de les offrir à votre Père céleste, lorsque je serai sur le point de mourir, afin de mériter pour moi le pardon de tous les péchés que j'ai commis contre votre divine puissance, dans les membres de mon corps.

    0 Jésus, brisé par les plus cruelles souffrances, je repasse en mon esprit les angoisses que vous avez ressenties dans votre cœur adorable sur l'arbre de la croix, en considérant le grand nombre dames pour qui votre passion et votre mort devaient être inutiles : et je vous prie d'offrir à votre Père céleste toute cette amertume de votre cœur, lorsque je serai sur le point de mourir, en expiation de tous les péchés que j'ai commis dans mon cœur.

    0 Jésus, brisé par les plus cruelles souffrances, je repasse en mon esprit l'affreuse tristesse de votre sainte âme, sur l'arbre de la croix, lorsque votre Père céleste vous abandonna, et que vous fûtes en butte à la cruauté et aux malédictions des hommes ; et lorsque je serai en proie aux angoisses de la mort, je vous supplie d'offrir à votre Père céleste cette tristesse de votre âme, pour tous les péchés que j'ai commis dans la mienne.

     

    PRIÈRE DE SAINT LÉON LE GRAND A JÉSUS IMPLORANT SON PÈRE

    0 mon Jésus ! mon ame est accablée de douleur, quand je pense à cette prière que vous adressâtes à votre Père céleste, lorsque prosterné dans la poussière, vous lui dites : Père, s'il est possible, éloignez de moi ce calice ; cependant que votre volonté se fasse, et non la mienne. Et d'un autre côté, mon âme est pénétrée de la plus vive reconnaissance, quand je considère votre passion, à laquelle l'humanité tout entière, et ma pauvre âme en particulier, doivent leur salut, et qui a commencé si tristement au jardin des Oliviers. Les paroles de votre prière m'annoncent assez la grandeur de votre accablement : mais aussi, c'est en participant à notre faiblesse que vous l'avez guérie ; c'est en vous soumettant à la crainte de la mort que vous l'avez chassée de nos cœurs. Vous avez voulu éprouver cette frayeur qui nous fait tous trembler, afin de prendre sur vous toutes nos misères, et d'affermir par la confiance en Dieu notre épouvante et nos incertitudes.

    0 mon Jésus ! cette prière, dans laquelle vous soumettez entièrement votre volonté à celle de votre Père céleste, répand en nous tous une nouvelle vie. Elle contient de sublimes et magnifiques leçons pour tous vos fidèles : elle est, pour vos confesseurs, la flamme de l'amour, et la glorieuse couronne de vos martyrs. 0 mon Jésus ! qui pourrait supporter les tempêtes des tentations, la haine de vos ennemis, les persécutions du monde ; si dans les douleurs que vous avez voulu souffrir pour nous, vous n'aviez crié vers votre Père céleste au nom de tous vos fidèles ; Que votre volonté soit faite. Faites-nous donc comprendre toujours plus clairement, à nous les enfants de votre sainte Église, par quel prix inestimable nous avons été rachetés, et comment vous nous avez justifiés sans aucun mérite de notre part. Alors, si nous avons à supporter à cause de vous quelques tentations, ou quelqu'autre persécuion, nous nous réfugierons à l'ombre de votre protection toute-puissante, et nous appuyant sur votre prière, comme sur un bâton , nous marcherons avec assurance ; et nous ne craindrons rien, si vous nous communiquez votre soumission à Dieu, qui est notre vraie et unique force. Amen.

     

    VINGT-DEUXIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINTE MECHTHILDE

    O Jésus ! innocent agneau de Dieu, qui avez été attaché et avez souffert pendant trois longues heures sur la croix : je vous remercie pour les douleurs que vous avez ressenties pendant que l'on vous étendait avec tant de cruauté sur ce bois d'ignominie ; daignez, je vous en supplie par ces douleurs, me pardonner les péchés que j'ai commis contre vous dans mes membres.

    O Jésus! innocent agneau de Dieu, je vous remercie du fond de mon cœur pour les souffrances inexprimables que vous avez endurées sur le Calvaire, pendant qu'on perçait de clous, et qu'on fixait à la croix vos mains et vos pieds sacrés, de telle sorte que tous vos nerfs en étaient ébranlés. Par ce martyre, et par les saintes plaies de vos mains et de vos pieds, je vous supplie de les montrer et de les offrir à votre Père céleste, pour tous les péchés dont mes mains et mes pieds ont été l'instrument.

    0 Jésus ! innocent agneau de Dieu, je vous rends grâces pour la soif ardente que vous avez ressentie sur la croix, lorsque vous avez crié d'une voix plaintive : J'ai soif ? Pour l'apaiser, on n'avait pas même une goutte d'eau à vous offrir, mais seulement du vinaigre et du fiel. Ah ! pauvre Jésus, abandonné des hommes, je vous prie de vouloir bien présenter cette soif à votre Père céleste, pour tous les péchés que j'ai commis en mangeant et buvant avec excès ou avidité.

    0 Jésus ! innocent agneau de Dieu, méprisé, tourné en dérision par tous les hommes, et ne trouvant personne pour vous consoler et vous soulager : je déplore amèrement votre abandon si douloureux ; je voudrais avoir été près de votre croix pour vous offrir mes services. Je vous rends grâces pour tout ce que vous avez souffert pour mon salut, et je vous offre mon cœur, pour qu'il puisse partager l'amertume dont le vôtre est plein ; je veux, jusqu'à mon dernier soupir, souffrir par amour pour vous tout ce que vous avez souffert vous-même, afin d'être toujours une victime qui vous soit agréable. Amen.

    PRIERE DE SAINT EPHREM

    0 mon Sauveur crucifié, qui ne fermez à aucun pécheur la porte de vos miséricordes, daignez jeter un regard favorable sur la prière que je vous adresse, ouvrez-moi votre cœur, afin que j'y trouve le pardon de tous mes péchés. Soyez mon rédempteur, ô Jésus, qui connaissez si bien tous mes péchés ; et rachetez-moi par votre sang et vos plaies. Que votre sainte croix me conduise dans toutes mes voies, et surtout lorsqu'il me faudra franchir cet abîme effrayant, placé entre cette vie et l'éternité : faites par votre sainte crois que je vienne à vous, et que je contemple votre gloire, pour que je puisse pendant toute l'éternité glorifier joyeusement votre grâce, qui m'a remis toutes mes dettes, et pardonné avec tant de miséricorde. Amen.

     

    PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE

    O mon Jésus ! je vous contemple à travers mes larmes, déposé de l'arbre de la croix, après avoir accompli l'œuvre pénible de votre amour et de votre obéissance. Oh ! si j'avais été cet arbre précieux, si vos mains et vos pieds sacrés avaient été attachés à moi, j'aurais crié à ceux qui venaient pour vous ôter : Jamais je ne laisserai détacher de moi Jésus-christ mon Sauveur et mon maître ; ensevelissez-moi donc avec lui, afin que je n'en sois plus séparé. Bon Jésus, ce que je ne puis plus faire avec mon corps, je veux le faire en esprit et dans mon cœur. C'est un bonheur céleste ici bas d'être crucifié avec vous qui avez été crucifié pour moi. 0 plaies sacrées de mon bon Sauveur ! je veux demeurer en vous désormais : c'est par votre vertu que je veux me soutenir ; c'est par le remède que vous me procurez que je veux guérir. Je veux me construire en vous trois demeures, l'une dans les pieds, l'autre dans les mains, et la troisième, qui doit me servir toujours de retraite et d'asile, dans la plaie sacrée du cœur de mon Jésus. C'est là que je veux respirer, là que je veux agir, là que je veux me reposer, là que je veux le prier, là que je veux lui demander instamment sa grâce et sa bénédiction : et lui, si miséricordieux, m'accordera certainement tout ce qui m'est salutaire. Amen.

     

    PRIÈRE DU B. LOUIS DE GRENADE

    0 mon Jésus ! la mort vous a saisi sur la croix, et non contente de sa victoire, elle vous a encore percé le cœur d'une lance ennemie : et de cette plaie, le sang et l'eau ont coulé en abondance. Je vous salue avec dévotion, sainte plaie de mon Jésus, qui blessez tous les cœurs des fidèles d'amour pour lui, et qui êtes devenue pour nous tous la porte par où nous pouvons entrer dans le cœur de notre divin Sauveur. Oui, vous êtes la porte qui conduit à la véritable arche d'alliance. C'est en vous que se réfugient tous ceux qui sont tentés ; en vous que les âmes troublées trouvent leur consolation et les malades leur guérison. C'est par vous que les pécheurs pénitents recouvrent les joies célestes de la grâce : vous êtes le doux repos des exilés dans ce triste pèlerinage qui doit les conduire à une patrie meilleure : vous êtes le sanctuaire de la paix de Dieu, l'écrin des bénédictions de l'Église, cette veine d'eau vive qui jaillit jusqu'à la vie éternelle. Seigneur Jésus, ouvrez-moi 

    cette porte, et recevez mon cœur dans cetle aimable demeure : que par elle j'arrive jusqu'au sanctuaire le plus intime de votre amour ; et que là je puisse boire à longs traits à cette source précieuse du salut, et laver ma pauvre àme dans ce bain salutaire. Que mon âme, Seigneur, repose toujours sur votre cœur sacré transpercé d'une lance, pour oublier dans ce saint asile toutes les peines, tous les troubles et toutes les douleurs de ce monde. Je choisis aujourd'hui cette plaie salutaire, comme le lieu de mon action et de mon repos, afin de pouvoir dire toujours avec le Prophète : C'est là ma demeure pour l'éternité ; ici je veux rester toujours, car c'est la retraite que j'ai choisie. 

     

    VINGT-TROISIÈME JOUR

    PRIÈRE DE SAINT BERNARD

    Lève les yeux, ô mon ame, vers l'Homme-Dieu crucifié, et repasse en ton esprit avec un amour compatissant les affreux supplices que ton maître a soufferts dans son humanité : mais regarde en même temps sa majesté suprême, et les merveilles de sa puissance ; car la sainte Écriture te raconte que, de la sixième heure jusqu'à la neuvième, les ténèbres couvrirent la terre, que le soleil s'obscurcit, que le voile du temple se déchira depuis le haut jusqu'au bas, que la terre trembla, que les rochers se fendirent, que les tombeaux-s'ouvrirent, et que les corps de plusieurs saints ressuscitèrent.

    Prosterne-toi, ô mon âme ! au pied de la croix, pour y adorer ton maître ; et crie dans ton étonnement : Quel est donc celui que pleure le ciel et la terre, et dont la mort rend la vie aux morts ? C'est le Seigneur notre Dieu, Jésus-Christ ton Sauveur, le Fils unique et éternel de Dieu, Dieu de Dieu, vrai Dieu et vrai homme en même temps, le seul sous le soleil qui ait été trouvé juste, innocent et sans tache. Et pourtant, vois comme il a été mis au nombre des malfaiteurs, et rejeté par la synagogue. Est-il un spectacle plus déchirant que de voir ton Sauveur souffrir sur la croix les plus affreux supplices ? Le vois-tu, les bras étendus sur ce bois de malédiction, objet des insultes de tous les méchants, et de la douleur de tous les fidèles, versant tout son sang entre deux scélérats, et condamné à la mort la plus horrible par le peuple qu'il avait choisi, et dont il méritait à tant de titres les adorations et les hommages.

    Puis, demande-toi pourquoi Jésus a souffert ; il le sera répondu : Il a été blessé à cause de nos péchés, et frappé à cause de nos crimes ; il a élé mis à mort pour que nous recevions en lui la vie ; et il s'est immolé lui-même pour nous à son Père comme une victime d'un parfum agréable, pour détourner de nous la colère et la justice de son Père irrité par nos péchés, et pour nous donner une place au céleste royaume. Oh ! quel salut dans l'amour de Jésus pour nous ! Les clous, la couronne d'épines, les plaies de Jésus, tout nous crie que l'Homme-Dieu sur la croix est une victime plus que suffisante pour notre rédemption. La douleur, traversant son corps sacré, pénètre jusqu'à son cœur, afin qu'il lui soit impossible désormais de ne pas avoir pitié de notre faiblesse : car sur toutes ses plaies nous pouvons lire en caractères visibles pour tous les regards, que le Seigneur se montre doux, bon et miséricordieux envers nous. Personne, en effet, n'est plus miséricordieux que celui qui donne sa vie pour sauver des malheureux condamnés à la mort éternelle.

    0 Dieu ! Père céleste, soyez-nous propice et miséricordieux, par le sang, par les plaies et la mort de votre Fils unique sur la croix. Mettez dans une balance, ô Dieu clément ! tous les péchés qui nous ont attiré votre colère, et dans l'autre toutes les douleurs que votre Fils innocent a souffertes pour nous, le côté qui inclinerait votre compassion vers nous l'emporterait certainement sur celui qui tendrait à retenir vos miséricordes dans votre colère. Que chaque langue vous loue, ô bon Père, pour la plénitude de votre amour envers nous ; puisque vous n'avez pas épargné le Fils unique de votre cœur, mais que vous l'avez livré à la mort pour nous tous, afin qu'il soit dans le ciel notre fidèle avocat auprès de vous.

    Et vous, ô Jésus ! que ferai-je pour vous rendre de dignes actions de grâces, moi qui ne suis qu'une pauvre créature, qu'une vile poussière ? Depuis la plante des pieds jusqu'à la tête, vous vous êtes enfoncé dans l'abîme de la souffrance, afin de me tirer entièrement de l'abîme du péché ; et les flots de la douleur ont pénétré jusqu'en votre âme. Je ne trouve rien que l'homme puisse vous rendre : car lors même que j'aurais à ma disposition le ciel et la terre avec toute leur magnificence, que serait-ce en comparaison de tout ce que vous avez fait pour moi ? C'est donc à vous, Seigneur, de me donner miséricordieusement ce que je dois vous rendre pour vos bienfaits, et de m'apprendre encore comment je dois vous le rendre. Je veux vous aimer, Seigneur, de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma force ; je veux marcher sur vos traces, ô vous qui vous êtes abaisse jusqu'à mourir pour moi. Et tout cela encore, comment le pourrai-je faire, si ce n'est par vous seul avec le secours de votre grâce ?

    0 mon Sauveur et mon Dieu, je vous adore comme mon vrai Dieu; j'ai confiance en vous, et mon âme soupire vers vous de toute sa puissance ; aidez mon imperfection. Je me prosterne devant les glorieux instruments de votre passion, par lesquels vous avez opéré mon salut. J'honore en votre nom, ô Jésus, le royal étendard de votre croix, votre couronne d'épines, les clous tout rougis de votre sang, la lance qui a percé votre côté sacré, vos plaies, votre sang, votre mort et votre tombeau ; car de toutes ces choses il me vient comme un souffle de vie qui anime mon âme. Réveillez-moi de la mort où je sommeille ; préservez-moi des artifices du démon ; fortifiez-moi, afin que le joug de vos commandements me soit léger, et que le fardeau de votre croix que vous m'avez commandé de porter me soit doux, afin qu'à votre exemple je supporte avec un courage invincible les épreuves si nombreuses de ce monde de misère. Amen.

     

    VINGT-QUATRIÈME JOUR

    PRIERE DE SAINT EPHREM

    Jr me prosterne à vos pieds, ô mon divin Sauveur, je vous adore, vous loue, je vous bénis, et vous implore. Je vous glorifie, ô Jésus ! parce qu'étant le Fils unique de Dieu, le maître de toutes choses, la pureté et la sainteté même, vous vous êtes livré à la mort, et à la mort de la croix, pour moi, et pour tous les autres pécheurs ; afin de délivrer nos âmes des liens du péché. Vous êtes éternel, inaccessible à tout esprit créé ; vous vous suffisez parfaitement à vous-même : et cependant vous avez daigné mourir sur la croix pour nous pécheurs, qui ne nous connaissions point, afin d'éclairer notre esprit des lumières de l'intelligence et de la science. Que pourrions-nous vous rendre pour un si grand bienfait, nous qui sommes pécheurs, non-seulement par la condition de notre nature, mais encore par un acte libre de notre volonté ? Vous êtes toujours le même, Seigneur, toujours bon et miséricordieux, toujours riche en bénédictions, toujours glorieux, toujours patient pour supporler nos crimes, tant est grande la multitude des miséricordes que vous avez répandues sur nous.

    Votre amour, votre miséricorde et votre grâce vous ont vaincu, ô mon Dieu, et vous ont fait entreprendre l'œuvre pénible de votre rédemption : il est donc bien juste que nous proclamions ce bienfait en votre présence. Si vous n'aviez été vaincu, O Sauveur, par vos miséricordes, vous ne vous seriez jamais offert comme victime d'expiation pour tous les pécheurs. Aussi, l'âme de votre serviteur est enivrée, rafraîchie, éclairée et fortifiée par votre grâce et votre amour. 0 mon Jésus ! Fils unique de Dieu, splendeur du Père éternel, qui habitez dans une lumière inaccessible, et illuminez de votre grâce le monde entier : dissipez les ténèbres qui obscurcissent mon esprit ; que vos grâces et vos miséricordes l'éclairent, afin qu'il ne soit pas entièrement aveuglé par les artifices du démon : car il est bien faible, Seigneur, ressemble à ces arbustes nouvellement plantés : et de même que ceux-ci ont besoin d'être arrosés par une eau pure, et rafraîchis par les vents les plus doux : ainsi mon âme a besoin dans sa faiblesse d'être éclairée et fortifiée par votre grâce. Le calice de votre sang précieux est plein de lumière et de vie : donnezle moi, mon doux Sauveur. Mais moi, pauvre pécheur, que vous donnerai-je ? Que mon cœur devienne votre temple, et que ma vie soit un psaume en votre honneur.

    Louange et gloire à vous, ô doux ami du genre humain : gloire à vous , ô miséricordieux : gloire à vous, ô patient : gloire à vous, qui nous pardonnez tous nos péchés : gloire à vous, qui êtes venu pour nous racheter : gloire à vous qui avez pris chair dans le sein d'une Vierge : gloire à vous, qui avez été lié comme un malfaiteur : gloire à vous, qui avez été flagellé : gloire à vous, qui avez été rassasié d'opprobres : gloire à vous,qui avez été enseveli : gloire à vous, qui êtes ressuscité et monté aux cieux : gloire à vous, qui êtes assis à la droite de votre Père, et qui viendrez pour juger les âmes qui auront rendu par leur vie votre passion inutile. Ah ! dans cette heure d'épouvante et d'horreur, lorsque les vertus des cieux seront ébranlées, lorsque les chœurs des anges, des archanges, des chérubins et des séraphins paraîtront devant votre face, dans un saint tremblement, lorsque la terre chancellera sur ses bases, et que tout ce qui vit frissonnera de terreur devant votre gloire incomparable : à cette heure, cachez-moi dans votre main, et sauvez mon âme du feu dévorant, du grincement des dents, des ténèbres et des pleurs éternels ; et que je puisse chanter avec les élus Gloire à vous, ô Sauveur des pécheurs, à cause de vos miséricordes infinies. Amen.

     

    PRIÈRE DE SAINT AUGUSTIN

    Qu'avez-vous fait, ô bon Jésus ! pour être condamné ? Quel crime avez-vous commis pour être traité aussi indignement ? Ah ! c'est moi qui suis la cause de vos souffrances et de votre mort. Je suis le pécheur pour qui vous avez donné voire vie ; je suis le crime qui devait être expié par votre mort. C'est moi qui ai ouvert les plaies dont votre corps est couvert. Que ce châtiment est merveilleux ! Quel mystère dans ce décret qui demande votre mort comme prix de ma rédemption ! Le méchant pèche, et l'innocent paie son péché : l'impie se révolte contre Dieu, et le juste est condamné : le saint souffre ce que le pécheur méritait : le maître paie les dettes du serviteur. Quelle humilité, quel abaissement, ô Fils de Dieu ! Où vous a emporté votre amour ? A quelle extrémité vous ont entraîné votre miséricorde et votre bonté ? Jusqu'à quel excès vont votre amour et votre compassion ? J'ai transgresse vos commandements, et pour cela vous êtes attaché à la croix. J'ai rassasié mes désirs, des clous ont déchiré votre chair : parce que j'ai goûté le fruit du péché, il a fallu que vous fussiez abreuvé d'un fiel amer : une Ève m'a donné un sourire approbateur, Marie a fondu en larmes devant vous. 0 roi de gloire ! quand je mets ainsi en présence ma malice et votre miséricorde, mon injustice et votre justice, comme ce rapprochement fait ressortir clairement l'une et l'autre !

    Mon Seigneur et mon Dieu ! comment reconnaître les œuvres de votre amour pour moi ? Il n'y a point de cœur d'homme qui puisse suffire à une telle tâche. Vous pouvez néanmoins, ô Fils de Dieu, aider en quelque chose mon impuissance, en touchanl mon âme de votre grâce, et en lui donnant la force de crucifier sa chair avec ses convoitises. Si vous m'accordez cette grâce, je prends aussitôt ma croix et je marche sur vos traces, puisque vous vous êtes abaissé jusqu'à mourir sur la croix pour mes péchés. Et après avoir vaincu avec votre secours l'homme intérieur, je pourrai affronter les ennemis extérieurs, et regarder sans trembler le glaive dont ils me menaceraient. Faites donc couler dans mes blessures, ô bon Jésus ! ce remède céleste, afin que le venin du serpent infernal perde sa vertu , et que je recouvre ma santé première ; que, plein du sentiment de votre douceur, je méprise sincèrement tous les plaisirs du monde, et que je ne craigne aucune souffrance pour vous. Ne me laissez rien, je vous en supplie, qui me soit aimable, agréable, rien qui me soit précieux, rien qui ait de l'attrait pour moi sans vous : que tout sans vous me soit petit et sans valeur : que toute joie qui ne vous a pas pour objet me soit une peine, et que toute souffrance pour vous me soit une joie; que votre nom me soit un rafraîchissement, et que votre souvenir me soit une consolation.

    Pour racheter le monde, ô Jésus vous avez pris la nature humaine ; vous vous êtes soumis à la circoncision ; vous avez été rejeté par les Juifs, trahi par Judas, et livré à vos ennemis par un baiser ; vous vous êtes laissé lier de cordes, et conduire au supplice comme un innocent agneau ; vous avez comparu devant Anne, Caïphe , Pilate et Hérode ; vous avez été accusé par de faux témoins, flagellé, outragé, conspué, couronné d'épines, frappé d'un roseau sur la tête ; vos yeux ont élé voilés, votre corps mis à nu, cloué et élevé sur la croix ; vous avez été mis au nombre des scélérats, abreuvé de fiel et de vinaigre et percé d'une lance. Ah ! Seigueur, par toutes ces saintes et cruelles souffrances que j'honore en ce moment, par votre sainte croix et votre mort sanglante, délivrez-moi, je vous en supplie, des peines éternelles de l'enfer, et conduisez-moi où vous avez conduit le bon larron qui était crucifié avec vous. Amen.

    Les prières suivantes sont tirées du Paradis de l'Ame chrétienne, de Merlo-Hestius, clition de Cologne, année 1644.

     

    VINGT-CINQUIÈME JOUR

    Sept actions de grâce aux sept effusions du sang de Jésus-Christ.

    0 mon bon maître et Sauveur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, louanges et actions de grâces vous soient rendues, de ce que dans votre première enfance, le huitième jour de votre vie mortelle, vous avez daigné répandre jour nous votre sang précieux et innocent, et subir, comme un véritable enfant d'Abraham, les douleurs de la circoncision. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande la grâce de l'humilité, pour me défendre de tout orgueil et de toute vanité du siècle.

    0 bon Jésus , vrai Dieu et vrai homme, louanges et actions de grâces éternelles vous soient rendues, pour cette sueur sanglante que vous daignâtes répandre pour nous au jardin des Oliviers ; lorsque votre âme, plongée dans une profonde angoisse, prit généreusement la résolution de mourir pour nous. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande la grâce de la libéralité, pour me défendre de toute cupidité et avarice.

    O Jésus ! chaste époux, vrai Dieu et vrai homme, louanges et actions de grâces éternelles vous soient rendues, de ce que dans le prétoire de Pilate vous avez soufiert qu'on vous attachât à une colonne, et qu'on déchirât de coups de fouets votre chair virginale. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande la grâce de la chasteté, pour me défendre contre tous les vices qui pourraient souiller mon âme.

    Divin Jésus, très-doux agneau, vrai Dieu et vrai homme, louanges et éternelles actions de grâces vous soient rendues, de ce que vous avez souffert qu'on couronnât votre tête d'épines, et qu'on la frappât cruellement d'un roseau. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande la grâce de la douceur contre la colère et tout désir de vengeance.

    Divin Jésus, vrai Dieu et vrai homme, louanges et éternelles actions de grâces vous soient rendues, pour les cruelles souffrances que vous avez endurées, soit avant, soit après avoir porté votre croix, lorsqu'on vous dépouilla de vos vêtements, collés par le sang sur votre corps adorable. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande la grâce de l'abstinence et de la sobriété, contre l'intempérance et la gourmandise.

    Divin Jésus, vrai Dieu et vrai homme, charitable Samaritain, louanges et éternelles actions de grâces vous soient rendues, de ce que par amour pour nous, afin de nous racheter, vous avez souffert qu'on perçât cruellement, et qu'on attachât à la croix vos mains et vos pieds adorables. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande la grâce de la charité fraternelle contre toute inimitié et toute envie.

    0 souverain Prêtre, divin Jésus, vrai Dieu et vrai homme, louanges et éternelles actions de grâces vous soient rendues, de ce que vous avez souffert qu'on perçât d'une lance votre côté sacré. Par cette sainte effusion de votre sang, je vous demande instamment la grâce de la ferveur, et d'un saint zèle qui me préserve de toute langueur et du toute paresse dans votre service, et dans mes exercices de piété. Amen. 

    VINGT-SIXIÈME JOUR

    Offrande à Dieu le Père des cinq Plaies du Sauveur.

    Père très-clément, Dieu éternel, je vous offre, pour mes péchés et ceux du monde, votre Fils unique et bien aimé suspendu à la croix ; je vous offre les plaies sacrées qu'il a reçues pour nous ; je vous offre aussi sa passion, ses douleurs, ses angoisses, ses accablements, son sang et sa mort : et dans cette ardente charité par laquelle il s'est offert pour nous sur l'autel de la croix, je me donne, me livre et me consacre pour toujours avec lui à votre service, pour la gloire de votre divine majesté. Amen.

    Père trés-clément, je vous offre la plaie, le sang, les fatigues et les douleurs de la main droite de votre Fils unique, contre mes désobéissances et mes révoltes, et je vous supplie instamment de m'accorder par lui l'esprit d'une parfaite obéissance, afin que j'accomplisse votré bon plaisir aussi promptement que l'ombre suit le mouvement du corps, et qu'en toutes choses j'aimé, je cherche et j'exécute votre sainte volonté. Âmen.

    Père très-clément, je vous offre la plaie sacrée, et les souffrances de la main gauche de votre Fils Unique, et sa profonde humilité, contre mon orgueil, ma vanité, et tous les autres péchés qui découlent de cette source empoisonnée ; et je vous conjure, par la vertu de cette sainte plaie, d'arracher en moi, et de dissiper toute vanité et toute enflure de l'esprit ; afin que, connaissant parfaitement ma bassesse, je puisse vous servir avec joie dans une sincère humilité, à travers les mépris et l'ignominie. Amen.

    Père très-clément, je Vous offre la plaie, le sang, les souffrances et les tourments du pied droit de votre Fils unique, et son admirable patience, contre mon impatience et ma pusillanimité ; el je vous supplie de m'accorder, par cette sainte plaie, une constance généreuse, et une patience invincible, qui me fassent recevoir avec actions de grâces, supporter avec fermeté, et surmonter avec courage les contradictions, les peines, les incommodités et tous les maux de cette vie; afin que, dans toutes les circonstances et dans tous les événements, je me jette, moi et tout ce qui m'appartient, avec une confiance et une résignation parfaite dans les bras de votre Providence.

    Père très-clément, je vous offre la plaie sacrée du pied gauche de votre Fils unique, et son ineffable miséricorde, contre ma dureté, mes jalousies; et je vous supplie de tirer pour moi de cette blessure, comme d'un précieux écrin où sont renfermées toutes les vertus, des sentiments de miséricorde, de pitié, de compassion et de douceur, sur tout envers ceux qui m'ont offensé et blessé ; afin que, dans leurs nécessités, j'aie pour eux une charilé sincère, que je leur porte secours avec promptitude et joie, et que je supporte, dans un esprit de douceur, leurs défauts et leurs faiblesses.

    Père très-clément, je vous offre la plaie du cœur et du côté de votre Fils unique, et l'ardente charité dont il a brûlé pour vous et pour nous en même temps. Je vous fais cette offrande contre la paresse, la langueur et la tiédeur dont je me suis rendu coupable dans votre service, vous suppliant de répandre en mon âme, du fond de cette source abondante de grâce, le zèle de votre culte et de votre gloire ; afin que vous aimant de tout mon cœur, et sanctifiant votre nom dans toutes mes œuvres, je ne pense qu'à vous, ne soupire qu'après vous, ne désire de plaire ou ne craigne de déplaire qu'à vous, et que j'emploie joyeusement toute ma vie au service de votre gloire. Amen.

    Recevez, Seigneur, cette offrande que je vous fais des plaies sacrées de votre Fils unique, qui sont à la fois, et le remède de nos âmes, et les monuments de votre amour. Faites, par ces plaies sacrées, que je vive et que je meure sous leur protection et sous leur abri, jusqu'à ce que je mérite de les contempler avec tous les élus dans la gloire, et de vous rendre, à cause d'elles, d'éternelles actions de grâces. Amen.

     

    VINGT-SEPTIÈME JOUR

    Prière aux cinq Plaies du Sauveur.

    Salut, plaie bénie de la main droite de mon Jésus crucifié, de laquelle coule un sang abondant pour mon salut et celui de tous les hommes. Protégez-moi, Seigneur, et sauvez-moi par votre droite : qu'elle frappe l'ennemi infernal, afin qu'il ne puisse se glorifier d'avoir eu l'avantage sur celui que vous avez racheté de votre sang. Que votre droite me conduise merveilleusement, afin que mes pensées, mes paroles et mes actions tendent toujours vers vous comme vers mon but et ma fin dernière. Faites que je porte toujours une lampe ardente entretenue par l'huile de la charité, afin que je mérite d'être admis aux noces célestes : et lorsque vous viendrez juger le monde, faites que, placé à votre droite, je mérite d'entendre avec vos élus ces paroles : Venez, les bénis de mon Père, recevoir le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde. Amen.

    Salut, bienheureuse plaie de la main gauche de mon Sauveur Jésus-Christ, tout empourprée de son sang précieux. Daignez, Seigneur, lever le bras, et, d'un coup de votre main puissante, dissiper les entreprises injustes et perverses de ceux qui me veulent du mal. Réprimez les forces des ennemis qui cherchent mon âme. Protégez-moi, assistez-moi dans mes tribulations et mes adversités, et délivrez-moi miséricordieusement de tous les maux passés, présents et futurs. Arrachez-moi des mains de ceux qui me persécutent et qui me haïssent sans cause. Dites à mon àme : Je suis ton salut. Que ceux qui cherchent à me perdre soient perdus eux-mêmes, afin qu'étant délivré de la main de mes ennemis, je vous serve dans la justice et la sainteté tous les jours de ma vie. Amen.

    Salut, plaie gracieuse du pied droit de mon Sauveur Jésus, arrosé du sang de l'agneau sans tache qui efface les péchés du monde. Donnez, Seigneur, à mes pieds la rapidité dos pieds du cerf ; afin que je parcoure d'une course infatigable la voie de vos commandements et que je cherche toujours ce qui plaît à votre divine volonté. Conduisez mes pas dans votre loi et dans les œuvres de vos préceptes, afin que j'avance de vertu en vertu, jusqu'à ce que je voie le Dieu des dieux dans Sion. Que votre parole soit pour mes pieds une lumière qui éclaire toutes mes voies, afin que je puisse donner à mon prochain de saints exemples, et procurer ainsi votre gloire, O mon Dieu ! maintenant et toujours. Amen.

    Salut, plaie vénérable du pied gauche de mon Seigneur JésusChrist, teinte de son sang précieux. Tirez, Seigneur, mes pieds du filet que mes ennemis m'ont tendu ; gardez mon âme de la chute pour que je ne devienne pas la proie de mes ennemis. Que je ne marche point orgueilleusement ; que mon cœur ni mes yeux ne s'élèvent point : que je n'affecte point une grandeur orgueilleuse, mais que je marche devant vous toute ma vie dans la simplicité de mon cœur. Conduisezmoi, Seigneur, dans les sentiers de la justice ; enseignez-moi vos voies, afin que je sache ce qui vous est agréable en tout lemps, et que j'accomplisse tous vos préceptes.

    Salut, plaie salutaire du cœur et du côté de mon Seigneur JésusChrist, percé par la lance cruelle d'un soldat, et d'où coulent en abondance le sang et l'eau, pour laver nos péchés. Blessez mon cœur, je vous en supplie, d'un trait de votre amour, afin qu'il vous honore et vous vénère en tout et par-dessus toutes choses, et que j'aime à cause de vous mon prochain d'un amour fraternel. Purifiez mon cœur par ce sang précieux et cette eau salutaire ; afin que, lavé de toute souillure, je mérite de vous contempler pendant toute l'éternité, vous, ô Dieu mon Sauveur, dont la vue est le privilège de ceux qui ont le cœur pur. Amen.

     

    VINGT-HUITIÈME JOUR

    Prière aux cinq Plaies de Jésus pour les besoins de l'Eglise.

    Seigneur, qui voulez, non la mort, mais le repentir des pécheurs, regardez d'un œil propice votre peuple qui se réfugie d'un cœur contrit dans vos saintes plaies, et les honore avec dévotion. Daignez éloigner de lui les guerres, la faim, la peste, et tous les autres fléaux de votre colère.

    Seigneur, qui ne méprisez point le gémissement d'un cœur contrit, et qui ne repoussez point les soupirs des opprimés, et les désirs de ceux que la douleur accable, écoutez les prières que nous adressons à vos saintes plaies dans nos tribulations ; et les recevant avec clémence, détruisez et rendez inutiles tous les pièges que nous tend la malice des démons et des hommes ; afin que, n'étant blessés par aucune tentation, nous soyons délivrés de toute tribulation et de toute angoisse, et que nous vous rendions grâces dans votre Église, ô Seigneur notre Dieu.

    Pardonnez-nous nos péchés, Seigneur, et tirez de vos saintes plaies le remède que nous implorons de votre miséricorde. Considérez notre humiliation et nos souffrances. Éloignez de nous les calamités qui nous affligent : exaucez dans votre clémence les prières que nous vous adressons, et nous couvrant du bouclier de vos saintes plaies, gardez-nous de tout mal.

    Dieu miséricordieux, qui ne vous souvenez plus des iniquités du pécheur converti, mais qui écoutez favorablement ses gémissements : jetez les yeux sur tous ces temples, ces autels, ces lieux saints consacrés autrefois à votre nom, et profanés aujourd'hui par les abominations des hérétiques. Souvenez-vous de votre héritage acquis par vos plaies sacrées, et par l'effusion de votre précieux sang : visitez avec soin votre vigne que le sanglier s'efforce de ravager : fortifiez de votre vertu ceux à qui vous l'avez confiée, contre la fureur de vos ennemis : donnez-leur la victoire, et récompensez leurs travaux par la possession du royaume éternel.

    Seigneur, qui dissipez les guerres, et prenez parti pour ceux qui espèrent en vous, contre leurs ennemis, secourez vos fidèles qui implorent la protection de vos plaies adorables ; afin qu'ayant abattu l'orgueil de nos ennemis, et ayant dissipé toutes leurs hostilités, nous vous rendions d'éternelles actions de grâces, ô Dieu qui vivez et régnez avec Dieu le Père, dans l'unité du Saint-Esprit, pendant tous les siècles des siècles. Amen.

    Prière aux cinq Plaies de Jésus.

    Très-doux Jésus, par la plaie salutaire de votre pied droit, pardonnez-moi je vous prie tous les péchés que j'ai commis contre vous par pensées. Que les mérites infinis de cette plaie sacrée suppléent toutes les bonnes pensées auxquelles j'ai négligé de consentir jusqu'ici, afin qu'à l'avenir je ne désire, et ne cherche, et ne trouve que vous, ô mon souverain bien, objet de tout mon amour. Amen.

    Três-doux Jésus, par la plaie sacrée de votre pied gauche, pardonnez-moi, je vous prie, tous les péchés que j'ai commis, en abusant contre votre sainte volonté de mes sens intérieurs ou extérieurs. Réprimez-les à l'avenir par le frein de votre crainte salutaire ; afin que, mort au monde et à toutes les créatures, je ne sente et ne désire que vous,o mon Dieu, crucifié pour moi. Amen.

    Très-doux Jésus, par la plaie sacrée de votre main droite, pardonnez-moi , je vous en supplie, toutes les mauvaises actions dont je me suis rendu coupable jusqu'ici, et daignez réparer par vos mérites infinis tous les péchés d'omission que j'ai commis par une négligence volontaire : faites que j'implore plus utilement à l'avenir, avec le secours de votre grâce, les talents que vous m'avez confiés. Amen.

    Très-doux Jésus, par la plaie de votre main gauche, pardonnez-moi les mouvements d'impatience et de colère où je me laisse aller souvent à la moindre occasion : et faites que je tire de cette plaie sacrée le remède d'une patience inébranlable dans toutes les contrariétés qui m'arriveront, afin que je mérite de posséder la terre des vivants, promise à ceux qui sont doux. Amen.

    Très-doux Jésus, par la plaie sacrée de votre cœur, daignez me pardonner tous les péchés que mon cœur a commis par une volonté perverse ou une intention coupable : et daignez enter mon cœur fragile sur votre divin cœur, de telle sorte qu'il ne sente et ne désire que ce que vous sentez et désirez vous-même ; et que, se reposant en vous, il persévère constamment dans le bien jusqu'à la mort. Amen.

    VINGT-NEUVIÈME JOUR

    Prière à Jésus souffrant. 

    0 Jésus Christ, mon unique Sauveur, que votre douloureuse passion et votre mort cruelle ne soient point privées de leurs fruits et ne deviennent point inutiles en moi, misérable pécheur. Par toutes vos ignominies, par votre mort très amère et la plaie de votre coeur, accordez-moi vôtre grâce, maintenant et à l'heure de ma mort. Amen.

    0 Jésus crucifié, Sauveur du monde, placez entre votre justice et ma pauvre âme toutes vos douleurs, votre sang précieux, votre mort et toutes vos miséricordes. Amen.

    0 bon Pasteur, qui nourrissez et lavez vos brebis de votre sang précieux, que l'abondante effusion de cet adorable sang et toute votre passion soient, pour moi et pour tous les pécheurs, une source de consolation et de salut. Amen.

    0 innocent Agneau de Dieu, qui, par votre croix et votre mort, effacez les péchés du monde, je vous en supplie, par votre innocence, par les tourments, les peines et les angoisses de votre cœur sur la croix, pardonnez-moi au jour de votre redoutable jugement, et ayez pitié des morts et des vivants. Amen.

    0 divin Fils, obéissant à Dieu votre Père ! qui avez bu avec tant de courage et de joie le calice de votre cruelle passion, et qui, dans votre soir, n'avez eu pour breuvage que du fiel et du vinaigre, faites, par toutes vos souffrances et vos plaies, que je sois doux, patient et obéissant au Père éternel jusqu'à la mort. Amen.

    0 Jésus, souverain Prêtre, qui avez offert à votre Père une victime pure et souverainement efficace pour réconcilier à Dieu les pécheurs, faites, par les mérites infinis de votre vie, de votre passion et de votre mort, que je meure au monde et ne vive que pour vous, et que j'expire en paix. Amen.

    0 Jésus de Nazareth, roi des Juifs, par la glorieuse victoire que vous avez remportée sur la croix contre vos ennemis et les nôtres, gardezmoi de mes ennemis, préservez de tout danger mon âme et mon corps, donnez à votre église la paix et la concorde, aux défunts le repos et le pardon , aux pécheurs le repentir et l'indulgence, à tous la grâce et la miséricorde. Amen.

     

    Prière à Jésus-Christ, pour obtenir la dévotion à ses saintes Plaies.

    0 Jésus, doux époux des âmes saintes, allumez, je vous prie, dans mon cœur, votre amour et celui de vos plaies sacrées afin que je vous aime de toutes les forces de mon âme. Visitez-moi miséricordieusement, et enivrez de votre grâce mon âme qui soupire ardemment après vous. 0 feu, dont les ardeurs sont douces, la lumière intime, et les flammes puissantes, remplissez toute mon âme du souvenir assidu de vos saintes plaies ; afin que je n'aie faim et soif que de vous, qui avez souffert pour moi, que je soupire ardemment après vous, et que je désire de voir votre face adorable. Amen.

    Aimable Jésus, transpercez le fond le plus intime de mon âme des traits doux et pénétrants de votre charité, afin qu'elle soit blessée et languissante d'amour pour vous et vos saintes plaies, et que, dilatée par la charité, elle passe tout entière en vous et vous soit inséparablement unie. Amen.

    Seigneur, séparez mon âme de toutes les choses qui sont sous le ciel, afin qu'elle ne s'applique qu'à vous et aux blessures que vous avez reçues pour moi, et que vous seul l'occupiez comme véritable et légitime possesseur. Que le souvenir de votre passion et de votre mort descende en elle avec l'ineffable parfum de votre charité, et qu'il y éveille de pures et célestes inspirations, afin qu'elle soupire après vous, comme le cerf après une source d'eau vive. Amen.

    Seigneur Jésus, faites que, brùlaut d'amour pour vos plaies sacrées, je vous aime de tout mon cœur, comme vous m'avez aimé vous-même. 0 unique salut de mon âme, que je vous aime autant que je le puis, vous qui m'avez aimé le premier et qui avez donné votre vie pour moi ; faites, par votre mort et vos blessures, que je vive en vous. Amen.

    0 Jésus, aimable époux des âmes fidèles, dont les plaies sont autant de témoignages de votre amour pour moi, écrivez et gravez profondément dans mon cœur l'amour de ces plaies sacrées ; afin que, ne les perdant jamais de vue, je brûle toujours de désir et d'amour pour vous, jusqu'à ce que, pleinement absorbé dans l'océan de votre bonté, je mérite de contempler toujours dans le ciel votre majesté divine, et la gloire de vos plaies adorables.

     

    TRENTIÈME JOUR

    Prière aux cinq Plaies de Jésus, pour demander le pardon des péchés.

    Je vous adore, ô miséricordieux Jésus ! et vous rends grâces pour les outrages, les persécutions, les travaux et les fatigues que vous avez soufferts pour mon salut : et je les dépose dans la blessure salutaire de votre pied droit ; afin que vous les offriez au Père céleste pour mes péchés, en union de votre charité divine, qui vous a fait supporter pour notre salut toutes ces choses et bien d'autres encore. Amen.

    Je vous adore, o bon Jésus ! et vous rends grâces pour les opprobres, les dérisions, les mépris et les divers outrages que vous avez soufferts pour notre salut. Je les dépose dans la plaie salutaire de votre pied gauche ; afin que vous les offriez pour mes péchés à votre Père céleste, en union de l'ardente charité qui vous les a fait supporter. Amen.

    Je vous adore, ô clément Jésus ! et vous rends grâces pour les douleurs, les peines, les tourments, les plaies et les meurtrissures que vous avez soufferts par amour pour moi. Je les dépose dans la plaie sacrée de votre main droite : afin que vous les offriez pour mes péchés à votre Père céleste, en union de la divine charité qui vous les a fait endurer pour notre salut. Amen. Je vous adore, O doux Jésus et vous rends grâces pour toutes les gouttes de votre précieux sang que vous avez répandues pour moi dans votre cruelle passion. Je les dépose dans la plaie sacrée de votre main gauche, afin que vous les offriez pour mes péchés à votre Père céleste, en union de l'ardente charité qui vous les a fait verser pour notre salut. Amen.

    Je vous adore, O très-patient Jésus ! et vous rends grâces pour tous vos gémissements, vos soupirs, vos défaillances de cœur ; pour les sueurs et les larmes que vous avez répandues pour nous ; pour la mort cruelle que vous avez soufferte à cause de moi. Je dépose tout cela dans la plaie sacrée de votre cœur et de votre côté ; afin que vous l'offriez pour mes péchés à votre Père céleste, en union de l'immense charité qui vous l'a fait souffrir pour le salut du genre humain. Amen.

    Recommandation de l'âme aux Plaies de Jésus.

    Aimable Jésus, j'offre de tout mon cœur à la plaie sacrée de votre pied droit tout ce qui m'arrivera d'heureux et d'agréable dans cette vie, par le dessein de votre charitable providence : je l'offre et l'unis à votre divine volonté, ainsi que toute ma personne, afin qu'aucune tentation ne puisse jamais me séparer d'elle.

    Aimable Jésus, dans la plaie sacrée de votre pied gauche, je dépose toutes les tribulations, les adversités, les angoisses et les amertumes que je souffrirai pendant tout le cours de ma vie, par l'ordre ou la permission de votre divine Providence. Je les unis à vos douleurs très amères, ne désirant qu'une chose, c'est que ces tribulations lé gères et passagères produisent pour moi dans les cieux un poids éternel de gloire.

    Aimable Jésus, dans la plaie sacrée de votre main droite, je dépose toutes les actions que je ferai par votre grâce pendant ma vie. Je les consacre à votre honneur et à votre gloire, de telle sorte que le mérite n'en puisse être diminué par la vaine gloire, mais qu'elles me procurent au ciel une récompense entière et abondante

    Aimable Jésus, dans la plaie sacrée de votre main gauche, je plonge tous mes péchés et mes vices, vous suppliant instamment de les effacer et les détruire par le sang adorable que vous avez versé pour nous, de telle sorte qu'il ne m'accuse point à votre tribunal, ô juste Juge, et qu'il ne demande point contre moi une sentence de condamnation.

    Aimable Jésus, dans la plaie sacrée de votre cœur, je dépose et confie mon cœur avec tous ses désirs et ses affections, afin que votre divin amour le pénètre, et l'attire tellement qu'il ne s'écarte plus jamais le moins du monde de vos saints commandements. Amen.

    TRENTE-UNIÈME JOUR

    PRIÈRE DU CARDINAL SADOLET

    0 chère croix où le Fils de Dieu a daigné mourir pour que je puisse recouvrer la vie ! croix chère à tous ceux qui souffrent et qui languissent sous le poids de leurs péchés ! ô vous qui offrez à tous un secours et un appui dans le triste pèlerinage de cette vie ! je viens à vous, infirme et suppliant : j'implore votre secours, et veux par vous être réconcilié au Seigneur mon Dieu. Mes péchés sont grands et nombreux, mais ils sont bien au-dessous de la miséricorde de ce mort adorable et vivant éternellement, que vous avez le bonheur de porter. Car c'est lui qui nous a donne pour notre salut, à moi et à tous ceux qui, comme moi, sont courbés sous le poid de leurs péchés, son corps, son sang et sa vie. C'est lui qui a pris sur soi pour nous les châtiments que nous méritions. 0 malheureux que je suis ! aucun châtiment ne serait trop grand pour moi, si je ne trouvais mon salut dans celui-là même que j'ai offensé. 0 chère croix, inclinez un peu vers moi celui que vous portez, afin que je puisse du moins toucher et embrasser ses pieds. Il ne s'y opposera pas, il ne refusera point mes embrassements, quelque pécheur, quelque souillé que je sois.

    0 pieds ! ô clous ! ô plaie sacrée ! ô sang précieux ! recevez-moi, ne repoussez pas mes baisers, ne méprisez pas mes larmes, ne rejetez pas mes tendres embrassements. Je viens à vous, triste, affligé, gémissant ; afin que, de souillé que je suis, je devienne pur par vous. Fuyez loin de moi, richesses, trésors injustement acquis. rétournez là d'où vous avez été arrachés. Assez longtemps vous m'avez trompé d'un fol espoir. Je suis éveillé maintenant, et je vois les choses dans leur vrai jour. En vous je cherchais le repos et le bonheur, et ils étaient dans un morceau de bois. 0 chère croix, de quelles consolations vous êtes la source ! que de secours les malheureux trouvent en vous ! Je sens déjà diminuer le fardeau qui tout-àl'heure accablait mon âme. Du ces douleurs, de ces gémissements, de ces larmes, a jailli pour moi, je le sens, une source d'espérance et de joie. Pour conserver toujours ce précieux trésor, je vous consacre ma vie, ô croix adorable, à vous, et au Seigneur mon Dieu, que vous portez dans vos bras. Amen.

     

    PRIÈRE DE LUDOLPHE LE CHARTREUX

    Seigneur Jésus qui, pour la rédemption du monde, avez daigné souffrir toutes sortes de misères, d'angoisses, d'opprobres, d'outrages, de calomnies, d'injures, de peines et d'afflictions, et mourir sur la croix : par toutes ces choses que vous avez endurées à cause de nos Péchés, délivrez-moi, je vous en supplie, de tous les péchés, de tous les vices, de tous les dangers de ce monde, des peines de l'enfer, de la mort subite et éternelle. Faites aussi que je n'oublie jamais, mais que j'aie toujours présent à l'esprit et au cœur ce que vous avez souffert pour moi ; afin qu'après avoir participé à vos peines et à vos travaux, je participe à votre repos et à vos joies. Amen.

    PRIÈRE DE SAINT BONAVENTURE à Jésus allant au jardin des Oliviers.

    0 mon Jésus ! vous avez institué l'adorable sacrement de l'autel ; vous avez lavé les pieds de vos Apôtres ; vous leur avez donné le commandement de l'amour ; vous avez fondé le royaume de votre Père céleste ; et maintenant vous dirigez vos pas vers ce lieu bien connu de celui qui doit vous trahir : car vous saviez bien ce qui allait arriver de vous. Ah ! mon Sauveur, de quel trouble et de quelles angoisses vous êtes saisi pendant ce trajet ! N'êtes-vous pas au-dessus de tous les rois de la terre ? Où sont donc, ô Seigneur, vos princes, vos généraux et vos soldats ? Où sont les chevaux, les chars, les serviteurs et tout ce qui compose la suite d'un roi ? Où est votre garde ? pourquoi n'est-elle pas là autour de vous afin de vous défendre contre l'attaque de l'ennemi, comme c'est la coutume pour les autres rois de la terre ? Quoi ! aucune acclamation ne vous précède ? Je ne vois point flotler dans les airs l'étendard royal ? Où sont les courriers chargés de vous annoncer, et de préparer tout ce qui vous est nécessaire ? Où est toute cette pompe qui amuse et réjouit notre misère ? Le ciel et la terre ne sont-ils pas pleins de votre magnificence ? Pourquoi marchez-vous donc ainsi sans pompe et sans apparat ? N'êtes-vous pas celui qui a à son service des millions de créatures ? Pourquoi marchez-vous donc ainsi seul les pieds nus ? Ah ! j'en devine la cause : vous n'êtes pas maintenant dans votre royaume, car il n'est pas de ce monde. Vous vous êtes dépouillé de votre gloire, et vous avez pris la forme d'un esclave, et non celle d'un roi. Vous êtes devenu comme l'un de nous. Vous vous êtes fait esclave, pour que nous devenions rois. Car vous êtes venu pour nous introduire dans votre royaume, et vous nous avez montre la voie par où nous y pouvons arriver.

    Mais pourquoi méprisons - nous cette voie ? Pourquoi ne marchons-nous pas à votre suite ? Pourquoi désirons-nous si ardemment la magnificence et la gloire ? Pourquoi aimons-nous les bagatelles et les biens périssables de ce monde ? C'est parce que notre royaume est toujours de ce monde, et que nous ne nous regardons pas comme des étrangers. Insensés que nous sommes ! pourquoi prenons-nous le faux pour le vrai, ce qui passe pour du solide, les biens du temps pour ceux de l'éternité, et pourquoi nous y attachons-nous si fortement ? Certainement, ô Seigneur ! si, élevant notre esprit, nous considérions attentivement que nous ne sommes que des voyageurs, nous ne nous servirions de toutes ces choses visibles, qu'autant que la nécessité l'exige, et nous nous hâterions de vous suivre. Ces choses périssables ne seraient plus un fardeau pour nous, et nous les mépriserions, comme si elles étaient déjà passées. 0 ! mon Dieu ! c'est votre amour infini qui vous a fait descendre parmi nous ; et rien ne vous coûte, quand il s'agit de rapporter au bercail sur vos épaules la brebis égarée. 0 roi des rois ! qui ne manquez à aucune créature dans ses besoins, et qui donnez abondamment à chacune ce que sa nature exige, donnez-moi votre secours ; afin que, renonçant au monde, je puisse marcher toujours â votre suite. Amen.

    En savoir plus :

    Livre "Le mois du Précieux Sang, prières pour tous les jours du mois de juin"

    Livre "Dévotion au Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ"

    Livre "Prières en l'honneur du Précieux Sang de N.S. Jésus-Christ"

    http://www.salve-regina.com/salve/Le_prix_infini_du_Sang_de_J%C3%A9sus_%E2%80%93_3_juillet_1940_%E2%80%93

     

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