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Jean de Roquetaillade
Jean de Roquetaillade
Jean de Roquetaillade (en latin Johannes de Rupescissa) (Yolet ou Marcolès vers 1310 - Avignon 1366) est un frère mineur français du couvent d'Aurillac, « théologien, prophète, polémiste et alchimiste ».
Auteur d'écrits critiques et prophétiques, rédigés dans un style à la fois poétique et grandiloquent, il s'attaque au haut-clergé, aux puissants, et prévoit une grande révolution qui abolira tous leurs privilèges et renversera la royauté. Il passa la majeure partie de ses vingt dernières années emprisonné dans une cellule à Avignon, sous les accusations d'hérésie, de fausses prophéties et de magie.
En alchimie, il est l'introducteur de la notion de quintessence, qu'il déclarait pouvoir obtenir par distillations successives de l'aqua ardens (l'alcool).
« Il légua ainsi à la postérité l'image d'un Arnaud de Villeneuve inventeur de l'analogie [alchimique] lapis = christus et d'une alchimie médicale dont il tira parti en s'appliquant par ses propres travaux à livrer au monde un puissant médicament régénérateur, seul remède capable d'anéantir les effets désastreux de l'Antéchrist : l'alcool. »
Biographie
Né près d'Aurillac, il alla faire ses études de théologie à l'université de Toulouse de 1327 à 1332, puis revint à Aurillac où il entra chez les Frères mineurs.
Entre 1340-1344, il voit en rêve l’Antéchrist encore enfant, faisant partie des proches de l’empereur de Chine. Il annonce son triomphe pour l'année 1366.
En 1344, le ministre provincial d’Aquitaine, futur ministre général de l'Ordre, Guillaume Farinier, s’inquiète de ses déclarations et le fait emprisonner au couvent de Figeac.
En plus de ses visions apocalyptiques, il lui reproche ses violentes attaques contre le pape d'Avignon.
Tous les écrits de Roquetaillade datant de cette époque sont tous perdus.
Il reste prisonnier, tout en étant transféré, à plusieurs reprises dans divers couvents d’Aquitaine (Figeac, Martel, Brive etc...).
En 1345, il profite d'un transfert entre deux couvents, pour convaincre ses gardiens de le conduire à Avignon auprès du pape Clément VI pour lui présenter une requête.
Après avoir exposé sa cause en Consistoire, il est emprisonné dans la prison du Soudan, et il lui est demandé de mettre par écrit ses prédictions.
Ce sera le Liber perfectum secretorum eventuum, qui décrit l'apparition de l’Antéchrist en 1366, l'exaltation de son pouvoir jusqu’en 1370, sa défaite jusqu’à l’avènement de Gog en l'an 2370.
Son délire prophétique continuant de plus belle, en 1349, il fut interrogé à plusieurs reprises devant le consistoire. Et le cardinal de Périgord n’hésita pas à le consulter en dépit de la suspicion qui pesait sur lui. Il le convoqua en 1351, pour l'interroger sur les menaces que pouvaient présenter les nouveaux cardinaux pour les anciens qui avaient échappé à la Peste Noire.
Manuscrit de Jean de Roquetaillade 1350 Autre page du manuscrit de 1350 Quand il proclama, en 1356, qu’un roi le fils de l’Aigle subjuguerait les Maures d’Espagne et recouvrerait la Terre Sainte, Innocent VI le fit maintenir dans une étroite réclusion au palais des papes d'Avignon.
Deux ans auparavant, il s'était mis à dos le cardinal de Périgord pour avoir fustigé devant deux cent docteurs de la loi les richesses de l'Église et déclaré que le monde serait converti à la vraie foi par les frères mineurs. Ce qui lui valut la réplique : « Frère Jean, tu dis que nous devons traverser de grandes tribulations et être chassés et perdre nos richesses et cette gloire temporelle que nous avons. Et que le pouvoir du pape et l'autorité de l'Église doivent retourner à certains pauvres de ton ordre : toutes choses qui sont impossibles et folles ».
Au cours des années suivantes, il reste prisonnier, mais dans des conditions confortables, et rédige un très grand nombre de traités, dont la plupart n'ont pas été conservés. Ses idées apocalyptiques montrent une connaissance précise des œuvres de Joachim de Fiore et du commentaire sur l’Apocalypse de Pierre de Jean Olivi, qu'il défendit dans un texte intitulé Sexdequiloquium, rédigé vers 1352-1353, et récemment retrouvé.
On a aussi de lui le Liber ostensor datant de 1356, qui a été récemment publié, et un abrégé de ses pronostics, Vademecum in tribulation, qui a largement circulé et qui a été traduit dans de nombreuses langues vulgaires.
Il resta prisonnier jusqu'à sa mort à Avignon en 1366.
L'apparition de la Vierge
Le 9 mai 1356, la Vierge Marie lui serait apparue.