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Bienheureux Ladislas Demski, prêtre martyr en camp de concentration († 1940)
Bienheureux Ladislas Demski († 1940)
prêtre martyr en camp de concentration
Ladislas (Wladyslaw en polonais) Demski naquit le 5 août 1884 en Prusse Orientale, dans le Ermland (ou Varmie en français), dans le petit bourg de Dietrichsdorf (Straszewo en polonais), près de Stuhm (Sztum).
Il était donc sujet du Reich allemand.
La population était majoritairement prussienne et avait été christianisée par les chevaliers teutoniques, à l'appel de Conrad de Mazovie, au XIIIème siècle.
A partir de cette époque, elle fut germanisée.
Après la bataille de Grunwald en 1410, la région fit allégeance au roi de Pologne à Marienburg.
Après une brève reconquête par l'Ordre teutonique, la Varmie fit partie de la Prusse royale (à ne pas confondre avec la Prusse ducale qui deviendra majoritairement luthérienne) qui se plaça, en gardant certains privilèges, sous la suzeraineté de la Pologne en 1466 (traité de Thorn ou Torun).
En 1569, l'Union de Lublin (union de la Pologne et de la Lithuanie) reconnut une certaine autonomie à la Prusse royale.
En 1772, la Varmie, ou Prusse royale, fut, avec d'autres parties de la Prusse Orientale, annexée au Royaume de Prusse dont la capitale était à Berlin (Prusse-Brandenbourg).
Mais la Varmie, contrairement à d' autres régions de Prusse, était restée majoritairement catholique dans les campagnes.
Les villes les plus importantes étaient Allenstein et Braunsberg (Braniewo en polonais).
On parlait un allemand haut-prussien en Varmie (avec des dialectes bas-prussiens dans le Nord), tandis qu' au sud on parlait le polonais (les Warmiaks).
Ladislas Demski faisait donc partie de cette minorité méridionale (les Warmiaks) qui s' exprimait en polonais.
Ses parents étaient d' ardents patriotes polonais à la suite des mouvements d' idées nationalistes, nés au XIXème siècle.
A la création de l' Empire allemand en 1871, la Varmie fit partie de la province de Prusse Orientale majoritairement luthérienne.
En 1873, l'enseignement devint entièrement en langue allemande comme le fut le français dans les écoles de la IIIème République, pour éradiquer les langues locales.
Mais, aussi bien en Prusse qu' en Russie ou en Autriche, les langues "locales" parvinrent à survivre car le centralisme était moindre ; alors que paradoxalement les régimes étaient plus "autoritaires" (pour employer un langage d'aujourd' hui).
Il étudia au Collegium Marianum de Pelplin, fondé en 1836 pour les élèves de langue polonaise.
Pelplin, petit village fondé par les cistersciens au XIIIème siècle, était devenu au XIXème siècle une bourgade de plusieurs milliers d'habitants qui venait d' obtenir le rang d'évêché.
Il poursuivit ses études au lycée de Braunsberg, ville majoritairement germanophone et ancienne ville de la ligue hanséatique.
Avec sa voisine Königsberg (aujourd' hui Kaliningrad en Russie), elle était le principal centre universitaire de la Prusse Orientale.
Il étudia au séminaire de Braunsberg entre 1906 et 1910, année où il devint vicaire pour la paroisse polonaise de Frauenburg (aujourd' hui Frombork) ville de 2500 habitants sur le lagon de la Vistule, où vécut et fut enterré en 1543 Nicolas Copernic.
Ensuite, il fut nommé à Thomsdorf (aujourd' hui Szabruk) puis plus à l'Est à Wartenburg (aujourd' hui Barczewo) ville de 5000 habitants à 15 km d' Allenstein et à 100 km de Königsberg.
Il demeura dans la région de 1912 à 1917, et exerça aussi la charge d'aumônier de l'hôpital militaire de Königsberg pour les soldats polonais de l'armée allemande.
La province comptait près de 1 700 000 Protestants (à noter des communautés mennonites dans les envirions de Tilsit), près de 230 000 Catholiques et près de 14 000 Juifs.
Après la guerre, il s' installa à Altmark près de Stuhm de 1919 à 1921. Le Reich du Kaiser Guillaume était vaincu.
L' agitation socialiste, les grèves ouvrières et le chômage allait dévaster l'Allemagne, tandis qu'à Berlin la révolution spartakiste s'inspirait de la révolution bolchévique en Russie.
La jeune république polonaise naissante au Sud, dont l'armée était formée par les Français (il y avait un jeune capitaine De Gaulle...) et les Anglais pour contrer les avancées soviétiques avait un certain pouvoir d' attraction pour la minorité polonaise de Prusse Orientale.
Beaucoup de Polonais, dans une Allemagne ruinée, y immigrèrent.
Mais la Pologne elle-même était dans une situation militaire et économique précaire.
Les alliés occidentaux organisèrent un plébiscite dans la région pour le maintien de la Prusse Orientale ou non à l'Allemagne.
Il fut créé le fameux couloir de Dantzig qui coupa la Prusse du reste de l'Allemagne et la ville de Memel, allemande, fut annexée à la Lithuanie en 1923.
L'abbé Demski faisait partie du comité central de l'Union des Polonais de Prusse Orientale et de diverses associations de Catholiques polonais de Prusse.
Contrairement aux prévisions occidentales, la Prusse Orientale vota à une majorité écrasante pour son maintien dans la nouvelle Allemagne de Weimar.
Les minorités polonaises de Prusse allait subir des discriminations, de même que les minorités germanophones restées en Pologne.
Le pire allait advenir car la province appauvrie et isolée allait se laisser séduire par le IIIème Reich dix ans après...
Ladislas Demski décida donc d' émigrer en Pologne, et il se fit incardiner à Gniezno (Gnesen) qui elle avait voté pour le rattachement à la Pologne, car elle était située dans la partie prussienne catholique.
Il devint prêtre à Inowroclaw (l'ancienne Leslau ou Hohensalza) et décida de reprendre ses études.
Il fut préfet au lycée Kasprowicz, où il enseigna la philosophie et suivit des cours de philologie classique à l'Université de Poznan.
Il put ainsi devenir professeur de latin-grec et de philosophie. Petit à petit, il se construisit dans son nouveau pays, où il ne faisait plus partie d'une minorité.
L'heure était à la reconstruction personnelle, morale, communautaire, et bien, sûr spirituelle.
Son patriotisme et son attachement à la spiritualité du Sacré-Coeur ainsi que sa fidélité à l'enseignement du Pape Pie XI, ami de la Pologne, ne le firent pas tomber dans un nationalisme exacerbé ; contrairement à certains Polonais moins proches de l'Eglise et tentés par les régimes autoritaires qui se propageaient en Europe.
Pendant toutes ces années, il fut un professeur ardent, attentif aux progrès de ses élèves.
Parallèlement à ses charges pastorales à la paroisse Notre-Dame, il participait au renouveau de son pays.
Très vite au moment de l'occupation hitlérienne, il fut donc arrêté comme membre de l'élite intellectuelle, avec son confrère l'Abbé Kubski, le 2 novembre 1939, et déporté quelques mois plus tard à Stutthof, puis au camp de Sachsenhausen, où il mourut le 28 mai 1940.
Il fut béatifié en 1999.
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