• Soupirs d'une âme qui désire être unie à Dieu

     
     

     

    Soupirs d'une âme qui désire être unie à Dieu

    (Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus)

     

    Soupirs d'une âme qui désire être unie à Dieu

     

    Hélas ! Seigneur, qu'il est long le temps de mon exil ! combien mon âme y languit dans le désir ardent qu'elle a de vous contempler !

    0 Jésus ! qu'elle est longue cette vie de l'homme que l'on dit être si courte !...

    Elle est courte, il est vrai, pour gagner le bonheur éternel ; mais qu'elle paraît longue à celui qui brûle de jouir de votre présence, ô mon bien-aimé de mon âme ! jusqu'à quand prolongerez-vous mon attente ?

    0 vie trop longue, vie qui n'est point une vie...

    Jusqu'à quand, Seigneur, jusqu'à quand ? mon âme, blessée des traits de votre amour, ne trouve point ici-bas de remède à sa blessure, il n'est pour elle de repos qu'en vous, et pourtant vous la laissez sur la terre.

    Ah ! mon Dieu ! qu'il en soit comme vous le voulez ; il n'est pas juste de jouir avant d'avoir souffert, mais mon âme est une prison trop pénible pour ne pas désirer sa liberté.

    0 mort, comment pourrais-je t'appréhender, puisque c'est toi qui fais arriver à la vie ?

    0 vie ennemie de mon bonheur, ah ! quand finiras-tu ? je te souffre, parce que Dieu te souffre, mais ne me trahis pas.

    Oh ! quand viendra cet heureux jour, où j'aurai perdu la malheureuse liberté de pécher, ce jour où, affranchi de mes misères, je serai réuni à mon Dieu ! ô mon âme ! pourquoi es-tu triste, et pourquoi me troubles-tu ? espère au Seigneur.

    Je veux lui confesser mes péchés, publier ses miséricordes, et faire un cantique, où-ses louanges et mes soupirs s'uniront à la gloire de mon Sauveur et de mon Dieu.

    Un jour viendra, je l'espère, où je lui enchanterai un autre, pour lui rendre grâce de ma gloire, sans que ma joie soit plus altérée par le souvenir de mes fautes.

    C'est alors, ô mon âme, que cesseront nos soupirs et nos craintes.

    Jusque-là, Seigneur, ne m'abandonnez pas, j'espère en vous, que ma confiance ne soit point confondue.

    Faites que je vous serve toujours et disposez de moi comme il vous plaira.

    Ainsi soit-il.

     

    Source : Livre "Délices des pèlerins de la Louvesc ou exercices de dévotion qui se font à la Louvesc" par Jean-Marie Vianney