• Saintes Rufine et Seconde. Martyres à Rome (3ème s.)

     

     

    Saintes Rufine et Seconde (3ème s.)

    Martyres à Rome

     

    Saintes Rufine et Seconde. Martyres à Rome (3ème s.)

     

    Sœurs, martyres durant les persécutions de l'empereur Valérien. 

    Après de cruels tourments, Rufine eut la tête fendue d'un coup d'épée et Seconde fut décapitée.

    Leurs corps reposent près du baptistère de Saint Jean de Latran à Rome.

    Fête locale le 10 juillet.

    Rufine et Seconde étaient sœurs et demeurent vierges.

    Elles étaient nées à Rome, et eurent pour père le clarissime Astérius, et pour mère la clarissime Aurélia.

    Dans le temps où la persécution suscitée par les empereurs Valérien et Gallien était dans la plus grande violence à Rome, il arriva que les fiancés de ces vierges, Armentarius et Vérinus, abandonnèrent la foi chrétienne.

    Non contents de perdre leurs âmes, par leurs détestables conseils ils exhortaient ces servantes de Dieu à les imiter.

    Dans le dessein de se dérober à leurs sollicitations insensées, elles montèrent sur un char, et prirent le chemin d'une villa qu'elles possédaient dans le pays d'Étrurie.

    Armentarius et Vérinus , apprenant leur départ, se rendirent auprès du comte Archésilaüs et lui dirent :

    «Nos fiancées nous ont répudiés ; et à l'opprobre des dieux, elles honorent le Christ Jésus, qu'elles disent être l'unique et vrai Dieu du ciel; quant aux mystères de nos temples, elles en ont horreur comme d'une contagion. C'est le motif qui les a fait s'enfuir aujourd'hui de la ville.»

    Aussitôt l'exécrable Archésilaüs, montant à cheval avec ses satellites, se mit à la poursuite des saintes vierges de Dieu, qu'il atteignit sur la voie Flaminienne, au quatorzième milliaire.

    Il se saisit de leurs personnes, les ramena à la ville et les présenta au préfet Junitis Donatus, lui disant :

    «Ces vierges sacrilèges méprisent les lois, nient l'existence des dieux, ne fréquentent pas les temples et ne font rien pour le salut des princes : je l'ai appris de leurs fiancés, qui les en accusent. Et comme le soin de ces choses m'a été confié par les seigneurs nos invincibles princes, j'ai cru de mon devoir de les poursuivre dans leur fuite, et de les présenter à l'examen de votre Magnificence.»

    Le préfet indigné ordonna de les mettre dans des prisons séparées, et de les amener, le troisième jour, à son tribunal. Lorsqu'on lui eut amené Rufine, il lui dit :

    «Fille de noble race, qui a pu te porter à prendre une condition si basse ? Tu aimes donc mieux vivre dans les liens de la captivité, que de mener une vie agréable et libre avec un mari ?»

    Rufine répondit : «Cette captivité temporelle préserve de la captivité éternelle, et les liens temporels brisent les liens de ces autres chaînes qui ne se délieront jamais.»

    Le préfet : «Laisse là ces vaines fables de vieilles femmes, et sacrifie aux dieux immortels, afin de pouvoir ensuite parvenir à l'heureuse possession de ton fiancé.»

    Rufine : «Tu veux me persuader deux choses qui sont inutiles, et tu m'en promets une autre qui est fort douteuse. Car tu me dis que je dois sacrifier aux idoles, c'est-à-dire que je dois me perdre pour l'éternité; et après cela, prendre un mari, sacrifiant ainsi la gloire de ma virginité. Et ensuite de ces propositions si dures pour moi et si opposées à mes vues, tu me promets que je parviendrai jusqu'à la vieillesse dans la joie et les plaisirs, toi qui es tellement incertain de la vie que tu ne sais pas même si tu verras le jour de demain.»

    Le préfet : «Mets fin à ces discours; car les instruments du supplice sont prêts. Je crois donc devoir t'exhorter à goûter de meilleurs conseils, à renoncer a ces vaines superstitions , et à ne pas perdre le temps dont tu peux jouir encore.»

    Rufine : «Je vois que tu corriges un peu tes premiers dires. En effet, quand tu parles du temps qui me reste à vivre, tu donnes à entendre que la vie de l'homme n'est point assurée, et il est vrai que rien n'est plus incertain. Mais moi j'embrasse cette vie qui se résume dans l'éternité, et qui ne promet rien d’incertain à ceux qui l'aiment. C'est cette vie qu'a enseignée le Christ, le Maître de la vérité. Lorsque les cœurs endurcis des Juifs n'opposaient que le doute ou l'incrédulité à ses enseignements, il faisait sortir, devant eux, les morts de leurs tombeaux, ordonnant à ceux-ci de rendre témoignage de la vérité de sa doctrine, afin que ceux qui ne voulaient pas croire à ses paroles, ajoutassent foi à des miracles.»

     
    Le préfet Junius Donatus lui dit alors : «Laisse là tous ces vains discours et épouse ton fiancé.»

    Le comte Archésilaüs repartit : «Cette fille est coupable de sacrilège, elle ne saurait contracter l'union matrimoniale.»

    Rufine répondit : «Comme tu dis, je ne puis prendre le parti du mariage ; car, si je désirais devenir l'épouse d'un homme, ce ne serait donc pas sincèrement que j'ai voué ma virginité au Christ Fils de Dieu. C'est pourquoi, écoute, comte Archésilaüs : cherche quelque autre à qui tes menaces puissent inspirer de l'effroi : pour moi, elles ne pourront ni m'enlever la palme de la virginité, ni me séparer de l'amour du Christ Fils de Dieu.»

     
    Le préfet fit amener Seconde , et ordonna d'infliger, en sa présence, une rude flagellation à sa sœur Rufine ; car il espérait, ce sacrilège, que Seconde, cédant à la crainte, se rendrait à ses persuasions.

    Mais elle, voyant sa sœur qu'on battait de verges, se mit à crier au juge : «Qu'est-ce que tu fais, ô homme pervers et contempteur du royaume des cieux ? pourquoi est-ce que tu glorifies ma sœur, et que tu me déshonores, moi ?"

    Le préfet lui dit : «À ce que je vois, tu es encore plus insensée que ta sœur.»

    Seconde : «Ma sœur n'est point une insensée, et moi je ne déraisonne pas non plus; mais nous sommes toutes deux chrétiennes. Et puisque nous confessons ensemble le Seigneur Christ, il est juste que nous soyons flagellées ensemble. La gloire du nom chrétien augmente avec les coups de verges, et elle compte autant de couronnes éternelles qu'elle recevra de plaies ici-bas.»

    Le préfet : «Exhorte donc plutôt ta sœur à se rendre, afin que vous soyez délivrées de cette infamie, et que vous puissiez être remises à vos fiancés dans toute la gloire de votre noblesse.»

    Seconde : «Tu te tourmentes pour de vaines terreurs, et tu t'inquiètes pour de frivoles promesses. Quant à nous, nous sommes si intimement éprises des charmes de la virginité, que nous préférons de beaucoup subir la mort plutôt que de la perdre.»

    Le préfet : «Et si on vous enlève cette virginité malgré vous, que ferez-vous alors avec le Christ ?»

    Seconde : «La virginité agréable au Christ Fils de Dieu consiste dans un cœur pur. Une vierge ne saurait perdre son intégrité tant qu'elle ne consent pas à abandonner la pureté : car la violence produit la souffrance, et la souffrance prépare la palme de la victoire. Tu as pris tes armes pour obtenir notre consentement, peur nous contraindre à vouloir ce que nous ne voulons pas, et à prendre plaisir à des choses que nous repoussons. Emploie donc sur nous le feu, les fouets, le glaive : autant de supplices tu nous infligeras, autant je compterai de sujets de gloire dans notre martyre; et toutes les violences dont tu useras envers nous, seront pour nous autant de couronnes. Car c'est pour nous une grande gloire que les peines de tout genre que nous endurons pour l'amour du Christ; et l'on ne peut dire qu’elle a été souillée celle qui, forte de l’intégrité de son âme, a perdu par violence celle de son corps : c'est sur le consentement que l'on est jugé devant Dieu, qui aime la volonté quand elle est pure.»

    Le préfet ordonna de les enfermer dans un lieu ténébreux et d'y faire pénétrer une fumée infecte.

    Mais après qu'on eut exécuté ses ordres, cette fumée se transforma en un parfum qui flattait délicieusement l'odorat.

    L'obscurité de la prison avait fait place à un jour lumineux; les ténèbres devaient disparaître là où l'auteur des ténèbres était vaincu par la lumière même de Dieu.

    L'ordre vint ensuite de les tirer de là, et de les enfermer dans les bains de leur maison.

    On les jeta aussitôt dans une baignoire remplie d'eau bouillante.

    Deux heures après, des hommes rentrèrent pour enlever leurs corps ; mais ils trouvèrent la baignoire froide et toute l'eau évaporée.

    Le préfet l'ayant appris, en fut stupéfait.

    Alors il commanda qu'on les menât sur une barque au milieu du Tibre, et qu'on les précipitât dans l'eau avec une grosse pierre qui serait attachée au cou des deux sœurs.

    Elles demeurèrent ainsi submergées pendant environ une demi-heure ; puis ces deux vierges qu'on avait jetées sans vêtements au milieu du fleuve, se montrèrent sur la rive, revêtues d'habits entièrement secs, exaltant le triomphe du Seigneur, et chantant la gloire du Christ. Quand on eut porté cette nouvelle au préfet, il dit au comte Archésilaüs : «Les filles que tu m'as amenées triomphent de nous par les effets de l’art magique, ou bien la sainteté règne vraiment en elles. Je te les rends donc comme tu me les as livrées ; je te laisse maître ou de leur faire subir leur sentence, ou de les relâcher.»

    Archésilaüs les fit conduire dans une forêt, sur la voie Cornélia, à dix milles de Rome, sur un terrain qu'on appelle Buxo , et il ordonna que l'une et l'autre y fussent décapitées, et qu'on y laissât leurs corps sans sépulture, exposés à Ia dent des loups.

    Mais la grâce du Seigneur, qui n'avait point manqué à celles qui croyaient au Christ, ne les abandonna pas non plus après leur mort.

    Une matrone nommée Plautilla, sur les terres de laquelle leur martyre avait été consommé, les aperçut dans une vision, parées de riches pierreries, et étendues sur un lit de repos; elles lui dirent : «Plautilla, mets fin à ton idolâtrie et renonce à ton incrédulité; crois au Christ, puis viens dans ton verger, et tu trouveras nos corps : tu les inhumeras au même lieu où tu les auras découverts.»

    Plautilla, se levant aussitôt, se rendit à l'endroit indiqué; y ayant trouvé les corps des saintes vierges sans mauvaise odeur et sans aucune lésion, elle se prosterna, elle crut et fit ériger un tombeau aux vierges du Christ.

    En ce même lieu la puissance de leurs prières produit de grands prodiges, pour la louange et la gloire de notre Seigneur Jésus Christ qui, avec Dieu le Père et l'Esprit saint, vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.

    Ces deux saintes souffrirent le martyre le cinq des ides de juillet.

    Source

     

    Image illustrative de l’article Juste et Rufine

     

    Saintes Juste et Rufine par Miguel de Esquivel

     

    Juste et Rufine (prénommées Justa et Rufina en espagnol) furent deux sœurs nées à Séville (Espagne), respectivement en 268 et 270, et mortes toutes deux en 287.

    Elles sont saintes des Églises catholique et orthodoxe.

    Elles sont fêtées le 19 juillet en Espagne, sauf à Séville, où on les fête le 17 juillet.

    Histoire de leur vie selon la tradition chrétienne

    Sainte Rufine, tableau de Diego Vélasquez (Séville, Centre Velázquez, Fondation Focus-Abengoa)

     

    Nées à Séville, d'une famille modeste possédant de fortes convictions chrétiennes, Juste et Rufine devinrent potières.

    Elles vécurent sous la domination de l'Empire romain.

    En cette époque païenne, les deux sœurs dédièrent leur temps à apporter à leur prochain la connaissance de l'Évangile.

    Chaque année avait lieu une fête en l'honneur de Vénus, pendant laquelle était commémorée la mort d'Adonis.

    À cette occasion, les païens parcouraient les rues pour demander l'aumône afin de financer la cérémonie.

    Les deux sœurs refusèrent de leur donner l'argent demandé, estimant que le but de leur quête était contraire à leur foi.

    En outre, elles décidèrent de réduire en miettes une représentation de la déesse, provoquant la colère de ses fidèles qui se jetèrent sur elles.

    Le préfet de Séville, Diogeniano (es), ordonna qu'elles soient emprisonnées, les encourageant à abandonner leurs croyances chrétiennes si elles ne voulaient pas subir le martyre.

    Juste et Rufine refusèrent, malgré les menaces.

    Elles furent donc écartelées sur un chevalet avant d'être torturées avec des crochets de fer.

    Diogeniano espérait que ce traitement serait suffisant pour les faire renier leur foi chrétienne, mais elles supportèrent la torture.

    Voyant que le châtiment était sans effet, le préfet les enferma sans eau ni nourriture dans un cachot.

    Elles durent ensuite marcher à pieds nus jusqu'à la Sierra Morena, une chaîne montagneuse du sud de l'Espagne.

    À nouveau, Juste et Rufine survécurent à l'épreuve.

    Elles furent donc à nouveau enfermées et la première des deux sœurs à mourir, de faim et de soif, fut Juste.

    Son corps fut jeté dans un puits avant d'être repêché par l'évêque Sabino.

    Une fois Juste morte, Diogeniano crut que Rufine abandonnerait plus facilement sa foi, mais ce ne fut pas le cas.

    Il décida donc de la jeter dans les arènes pour la faire dévorer par un lion.

    Selon la légende, le lion s'approcha de Rufine et lui lécha les vêtements.

    Le préfet la fit alors égorger et fit brûler son corps.

    Comme pour Juste avant elle, l'évêque Sabino récupéra ses restes et les enterra près de ceux de sa sœur. C'était en l'an 287.

    Canonisation

    Vu leur extraordinaire ferveur chrétienne, elles furent canonisées.

    Elles devinrent patronnes de Séville et des corporations des potiers et des faïenciers.

    Elles sont également vénérées comme patronnes d'autres localités, comme Orihuela, dans la province d'Alicante : selon la légende, les deux saintes y seraient apparues, sous la forme de deux lumières, au-dessus des montagnes, après la victoire des chrétiens sur les musulmans.

    Elles sont également les patronnes de Payo de Ojeda (dans la province de Palencia), de Huete (province de Cuenca) et de Maluenda (province de Saragosse).

     

    Vénération à Séville

    Les saintes Juste et Rufine sont spécialement vénérées à Séville.

    La tradition en fait les protectrices de la Giralda et de la cathédrale, considérant que, par des prières d'intercession, elles les protégèrent lors des séismes de 1504, de 1655 et de 1755.

    Ainsi, elles sont habituellement représentées avec la Giralda, portant des palmes (attribut des martyrs dans l'iconographie chrétienne) et des objets d'argile (en référence à leur métier de potières).

    Dans la cathédrale, l'autel le plus proche de la Giralda est dédié aux deux saintes ; on y trouve des sculptures les représentant, issues de l'église du Divin Sauveur et qui furent réalisées par Pedro Duque y Cornejo en 1728.

    Une chapelle leur est également dédiée dans l'Église Sainte-Anne de Triana et elles possèdent une statue à leur effigie au-dessus de la chapelle du Carmel de Triana.

    Elles sont célébrées le 17 juillet à Séville et le 19 juillet dans le reste de l'Espagne

    Liens externes

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    Galerie

    Sainte Rufine peinte par Francisco de Zurbarán

     

    Saintes Juste et Rufine par Hernando de Esturmio

     

    Saintes Juste et Rufine par Bartolomé Esteban Murillo

     

    Saintes Juste et Rufine par Francisco de Goya

     

    Céramique de Ceramica de 1600 de Hernando de Valladares représentant les saintes Juste et Rufine (musée des beaux-arts de Séville)

     

    Sainte Rufine par Bartolomé Esteban Murillo

     

    Vitrail dans la cathédrale de Séville, 1685

    Source :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_et_Rufine

    En savoir plus :

    http://www.introibo.fr/10-07-Les-7-Freres-et-les-Stes

    http://books.google.fr/books?id=iScPAAAAQAAJ&pg=PA52&lpg=PA52&dq=Saintes+Rufine+et+Seconde&source=bl&ots=cjXoXMx-lp&sig=BOAfUaP-LF_926ZJeB4ZE-kRtKI&hl=fr&sa=X&ei=2p77T7miF8fn8QOwoti4Bw&ved=0CF0Q6AEwCQ#v=onepage&q=Saintes%20Rufine%20et%20Seconde&f=false

     

     

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