• Saint Théodore de Tabenne. Abbé de Tabenne († v. 368)

     
     

    Saint Théodore de Tabenne († v. 368)

     Abbé de Tabenne

     

     

    Telle fut l'édification que reçut l'Eglise dans le quatrième et le cinquième siècle , de plusieurs grandes lumières de l'ordre monastique qui brillèrent dans les déserts de l'Egypte, que Théodoret et Procope ont entendu de ces saints solitaires, les prophéties concernant la loi nouvelle, où il est dit que la solitude sera dans l'allégresse , qu'elle fleurira comme le lis , qu'elle sera dans la joie et les louanges.

    « Là, dit un ancien auteur qui avait conversé avec plusieurs de ces grands hommes ; là j'ai vu des Pères qui menaient une vie angélique, et qui marchaient sur les traces de Jésus-Christ. Pour moi, dit saint Sulpice-Sévère, tant que je respirerai, jamais je ne cesserai de célébrer les moines, de louer les anachorètes, d'admirer les ermites que l'Egypte a produits. »

    Un des plus illustres de ces solitaires fut l'abbé Théodore, disciple de saint Pacôme, et que les Grecs ont surnomméle Sanctifié, à cause de l'extraordinaire pureté de mœurs qu'il montra dès son enfance.

    Il naquit dans la Haute-Thébaïde, vers l'an 314, de parents distingués par leur naissance et par leurs richesses ; il sentit de bonne heure les dangers du monde.

    A l'âge d'onze a douze ans , le jour de la fête de l'Epiphanie , il fut pénétré plus vivement que jamais des grandes vérités de l'Evangile ; il résolut de se consacrer sans réserve au service de Dieu, et lui demanda la grâce d'être toujours fidèle à sa vocation.

    Pour ne pas se tromper dans un point de cette importance, il commença dès ce moment à rapporter uniquement à Dieu tous les mouvements de son cœur et toutes ses actions ; il donnait un temps considérable à la prière, et pratiquait des jeûnes rigoureux.

    Il passa deux ans de la sorte dans la maison de sa mère, qui était aussi fort pieuse.

    Il continua d'aller tous les jours chez un maître de grammaire, qui demeurait dans le voisinage.

    Lorsqu'il fut dans sa quatorzième année, il quitta le monde, du consentement de sa mère, et alla finir son éducation dans un monastère du diocèse de Latopolis.

    La réputation de saint Pacôme l'attira depuis à Tabenne , dont tous les moines étaient autant de Saints, et son zèle pour la perfection l'y distingua bientôt des autres.

    Sa mère vint au monastère pour le voir ; mais il craignit tellement les tentations qui pouvaient lui rappeler le monde, auquel il avait renoncé pour suivre Jésus-Christ de tout son cœur, qu'il pria saint Pacôme de ne pas permettre l'entrevue.

    La mère, édifiée de trouver dans son fils un renoncement si parfait, prit le voile dans une communauté de filles, qui était auprès de Tabenne, pour ne plus penser qu'à sa sanctification : elle avait quelquefois la consolation de voir son fils dans la compagnie des autres moines.

    Théodore n'avait encore que vingt-cinq ans, lorsque saint Pacôme le prit pour compagnon dans la visite qu'ilfaisait de ses monastères.

    Cinq ans après, il lui ordonna de se préparer à recevoir la prêtrise.

    Il lui confia ensuite le gouvernement du monastère de Tabenne, et alla se renfermer dans celui de Pabau.

    Théodore s'y rendait tous les soirs pour entendre les instructions que saint Pacôme faisait à ses moines, et venait les répéter à ceux de Tabenne ; ce qui ne l'empêchait pas de les instruire de son côté dans des conférences particulières.

    Ayant un jour accompagné son bienheureux père à un monastère situé près de Panopolis dans la Basse-Egypte, un philosophe de cette ville demanda à conférer avec Pacôme.

    Le saint abbé crut devoir lui envoyer Théodore. Le philosophe proposa diverses questions ; Théodore liai répondit avec autant d'esprit que de justesse, puis il l'exhorta a renoncer à des spéculations aussi vaines que stériles, pour ne plus s'occuper que de la science du salut.

    Il souffrait quelquefois beaucoup d'un violent mal de dents. Saint Pacôme le consolait, en lui disant que les afflictions involontaires, supportées avec patience, étaient plus utiles pour le salut que des abstinences volontaires et de longues prières.

    Saint Pacôme tomba malade à Pabau deux ans avant sa mort. Les moines de Tabenne firent promettre à Théodore qu'il se chargerait du gouvernement de toute la congrégation, quand le saint abbé ne vivrait plus.

    Quoiqu'il n'eût fait cette promesse que malgré lui, et après une longue résistance, saint Pacôme l'en reprit sévèrement, et lui ôta la supériorité de Tabenne.

    Il se soumit avec joie, reconnaissant qu'il s'était rendu coupable de présomption et de vanité.

    Il fut deux ans le dernier de la communauté, et même après les novices. Il souffrit cette humiliation en silence, et pratiqua de grandes austérités.

    Sa vertu brilla d'un nouvel éclat, et l'abaissement où il était lui fut plus utile que la supériorité, comme S. Pacôme le disait souvent aux autres moines.

    Saint Pacôme mourut en 348, et on lui donna pour successeur celui qu'il avait désigné lui-même : c'était Pétrone que la mort enleva aussi un mois après.

    Saint Orsisius fut élu pour le remplacer ; mais trouvant le fardeau au-dessus de ses forces, et sachant qu'il y avait quelques troubles dans la congrégation, il fit élire Théodore en sa place, en l'assurant qu'il suivait en cela l'ordre que saint Pacôrne avait donné avant de mourir.

    Théodore assembla les moines, les exhorta à la paix et fit cesser toutes les causes de division.

    Ses prières, ses discours et ses exemples rétablirent partout l'union et la charité.

    Orsisius lui servit d'assistant. Il y avait entre eux la plus parfaite intelligence, parce qu'ils avaient banni tout sentiment d'orgueil et de jalousie.

    Ils cherchaient à se surpasser l'un et l'autre en prévenance et en humilité.

    Théodore ne faisait jamais rien sans consulter Orsisius, et ils visitaient les monastères l'un après l'autre.

    Théodore instruisait chacun de ses moines en particulier, il les consolait dans leurs peines, il les encourageait à marcher dans les voies de la pénitence.

    Il reprenait les fautes avec une douceur qui lui gagnait tous les cœurs, et il n'y avait personne qui ne lui découvrît avec une entière confiance ses plus secrètes pensées.

    Il avait recours à la prière et au jeûne pour faire rentrer dans le devoir ceux qui s'en étaient écartés, et ce moyen lui réussissait toujours. Il fut favorisé du don des miracles et de celui de prophétie.

    Etant un jour sur le Nil avec saint Athanase, il lui dit que Julien-l'Apostat mourait dans le moment, et que son successeur rendrait la paix à l'Eglise ; ce qui fut bientôt vérifié par l'événement.

    Le Saint prédit aussi aux moines de Nitrie, en 353, que l'orgueil des ariens ne tarderait pas à être confondu.

    Cette prédiction est contenue dans une lettre que nous avons encore. Nous avons une seconde lettre du saint abbé, laquelle est une exhortation à célébrer dévotement la Pâque. Gennade parle de trois autres lettres que Théodore écrivit pour l'instruction de ses moines ; mais elles ne sont point parvenues jusqu'à nous.

    On lit le trait suivant dans saint Nil, et dans d'autres anciens auteurs. Un jour que Théodore faisait une instruction à ses moines, pendant le temps du travail, deux vipères s'attachèrent à ses pieds.

    Il ne fit aucun mouvement, de peur de distraire son auditoire qui l'écoutait attentivement.

    Le discours fini, il permit de tuer les vipères qui ne l'avaient point piqué.

    Un Dimanche de l'année 367, on l'avertit qu'un de ses moines était près de mourir ; il quitta l'office divin pour aller l'assister dans ses derniers moments.

    Il dit à ceux qui étaient présents que la mort de ce moine serait bientôt suivie d'une autre, à laquelle on s'attendait peu.

    Les moines veillèrent pendant la nuit auprès du corps de leur frère, et on l'enterra le jour de Pâque, en chantant des psaumes.

    Après l'octave de la fête, Théodore fit un discours fort touchant à ses moines qui se trouvaient rassemblés à l'occasion de la Pâque, et les renvoya dans leurs monastères.

    Peu de temps après, il tomba malade puis ayant recommandé la communauté à Orsisius, il se prépara par un redoublement de ferveur au passage du temps à l'éternité.

    Il mourut le 27 Avril 367, dans la cinquante troisième année de son âge. Son corps fut porté sur le haut de la montagne, et enterré dans le cimetière des moines, au chant des psaumes ; mais peu de temps après , on le mit avec celui de saint Pacôme.

    Saint Athanase écrivit aux moines de Tabenne , pour les consoler de la perte qu'ils venaient de faire , et pour leur remettre devant les yeux la gloire dont jouissait leur bienheureux père.

    Les Grecs honorent saint Théodore le 16 de Mai, et les Latins le 28 de Décembre.

    Alban Butler : Vies des pères, des martyrs, et des autres principaux saints… traduction de Jean François Godescard.

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