• Saint Philippe Phan Van Minh, prêtre et martyr vietnamien († 1853)

     
     

    Saint Philippe Phan Van Minh († 1853)

    prêtre et martyr vietnamien

     

     

    Le Bienheureux Philípphê a pour nom PHAN văn MINH, il est originaire du village de Cái Mơng, à l'époque rattachée au district de Vĩnh Long[3]. - C'est une grande famille de renom, dans la diocèse dite Ðàng trong phía Tây[4] [Région Occidentale Intérieure].

    A l'époque de l'interdiction, les chrétiens de ce village étaient en nombre et fervents pratiquants, malgré toutes les difficultés ; et surtout, ils étaient fidèles et loyaux envers les membres du clergé.

    Plus les ordres de persécution étaient sévères et plus les fidèles se souciaient de cacher et protéger le clergé. Ils bravaient l'interdit impérial, pour obéir à la parole du Christ : " Celui qui reçoit l'envoyé du seigneur, me reçoit[5]. - c'est pourquoi, Dieu les a récompensés et leur a une descendance riche en apôtres du seigneur. Et le seul nom du Père Minh, Mort pour sa Foi, est suffisant pour faire briller le nom de Cái Mơng, et de l'enfanter est plus glorieux que d'enfanter un roi, en ce bas monde.

    Philípphê est né dans l'année Ất Hợi (1815).

    Son père se nomme Ðôminicô PHAN văn ÐỨC (on le nomme aussi le père de Phương, l'aînée de ses enfants), il était assistant de la paroisse.

    Sa mère se prénomme Annà TIẾU.

    Ils étaient tous deux descendants de catholiques de souche et pratiquaient avec ferveur. - Dieu leur a fait grâce de leur donner une nombreuse progéniture, ils étaient en tout quatorze, cinq garçons et neuf filles[6].

    Cependant, Dieu les rappella à lui, très tôt, Philípphê étant encore enfant.

    Bien qu'il soit resté orphelin très jeune, il était entouré et ne manquait de rien, car sa grande soeur est intelligente, avisée et, elle pourvoyait aux besoins de tous ses jeunes frères et soeurs, avec l'aide du voisinage et de la parentèle.

    La famille étant aisée, Philípphê n'avait pas eu le sort difficile des autres orphelins, qui avaient à souffrir du soleil, du vent et de la pluie, aux travaux des champs.

    Sa sœur l'envoya, avec son grand frère Vêro Tú, faires des études.

    Il était intelligent et rapidement, avait une bonne connaissance du chinois[7].

    Pendant son apprentissage, dans le primaire, les enfants, devant un enfant discret et naïf, le prenaient souvent comme cible, au quotidien. Malgré cela, il ne ripostait jamais et se laissait faire.

    En ce qui concerne la pratique religieuse, il était assidu au catéchisme. Tous les deux, trois mois, il demandait la permission à sa sœur, d'aller en confession.

    Et à treize ans, il fit sa première communion. Le Seigneur, en entrant dans son âme, l'appelle à son service, pour la rédemption des hommes.

    Et à peu près, dans la même année, Ðức Cha Từ [Monseigneur Taberd], vint donner le sacrement de Confirmation à Cái Mơng, Philípphê alla le voir et lui demanda à le suivre.

    Monseigneur accepta, cependant, il ne le fit pas venir de suite. -

    Quelque temps après, Vêrô Tú reçut la lettre l'enjoignant de le rejoindre, il accompagna son frère pour le lui confier, à la paroisse de Ba Giồng.

    Voyant qu'il était d'une grande intelligence, il le ramena avec lui, en fit son disciple au Grand séminaire de Lái Thiêu, jusqu'à ce qu'il dût quitter la terre de Cochinchine.

    On était à la treize année de règne de l'empereur Minh Mạng - Avant de mourir, l'empereur Gia Long avait, comme dernières volontés, recommandé au prince héritier, de ne jamais interdire la pratique des trois grandes religions du pays, le Confucianisme, le Bouddhisme et le Catholicisme, de peur qu'il n'y ait désordre dans le pays, et qu'ainsi, le peuple, son empereur et ses ministres ne soient jettés dans la tourmente et que, l'empereur ne perde son trône, comme ce qui était arrivé, aux précédents empereurs.

    Cependant Minh Mạng, depuis petit, nourissait une haine contre les Français ; et lorsqu'il monta sur le trône, n'avait qu'un seul désir, celui de, selon l'exemple de l'empereur du Japon, exterminer " la religion hétérodoxe de Datô[8] [Jésus]" - Peu de temps, avant son accession au trône, il avait déclaré : " Je hais la religion des Occidentaux (Français) ; quand, plus tard, je serai empereur, j'interdirai totalement cette religion ; que ceux qui veulent la reconnaître, aillent en France la pratiquer, selon leur bon vouloir".

    Malgré cela, pendant ses premières années de règne, il n'en fit rien, par respect pour le Grand Ministre de Gauche LÊ văn Duyệt, qui était en poste comme Thượng công[9], fieffé sur les terres de Ðồng Nai[10], et surtout, c'était le mentor de l'empereur, institué par son père, l'empereur Gia Long.

    Quand le Grand Ministre mourut, et que, plus personne n'eût d'autorité pour le retenir, l'empereur pût alors, agir à sa guise, selon ses désirs de haine et de vengeance.

    A la fin de l'année Nhâm Thìn[11], le douze du onzième mois (6 Janvier 1833), l'empereur promulgua un édit, interdisant le catholicisme.

    Tous les catholiques devront renier leur foi, ceux qui résitaient, seront condamnés à des peines, sans règles déterminées.

    L'empereur promulgua un décret destiné aux fonctionnaires dirigeants : ne pas aviser la population du décret et par tous les moyens, organiser la traque de tous les prêtres ; les prêtres français seront déférés à la capitale[12] ; les prêtres autochtones seront gardés au secret, sans contact avec quiconque.

    Pendant que la tourmente sévissait sur l'église d'Annam, les missionaires furent capturés et donnèrent leur vie, pour leur foi, les chrétiens laïcs étaient maltraités et malmenés. - Monseigneur Taberd fut pris et assigné à résidence au séminaire de Lái Thiêu.

    Le préfet de province attendait l'occasion de le transférer à la capitale, selon le décret impérial.

    Le gouverneur n'a pas eu le temps d'organiser le transfert, Monseigneur Taberd leur échappa.

    La traque fut organisée dans tout le pays. Il réussit à passer au Cambodge, puis en Siam.

    Devant le péril, Philípphê et quelques uns des autres disciples accompagnèrent Monseigneur Taberd, dans sa fuite et son exil. Celui-ci tira partie de la situation, pour emmener tout le groupe au séminaire de Poulo-Pinang[13] (appelé aussi Cù lao Cau). Et ils continuèrent leurs études du latin.

    Plus tard, Monseigneur Taberd se rendit à Calcutta - Thiên Trước[14] [Inde], en emmenant avec lui deux étudiants en exégèse Thìn et Hiền, pour l'aider dans la constitution de son Dictionnaire.

    Quand ceux-ci durent rentrer à Bình Ðịnh pour se mettre au service de Monseigneur Cuenot[15], Monseigneur Taberd demanda à Penang, de lui envoyer le séminariste Minh, pour finaliser l'écriture de son Dictionnaire.

    Le travail fut à peine terminé, que Monseigneur décéda à Calcutta, le 17 Juillet 1840 ( le 19 du 7è. mois de l'année Canh Tí[16]). Ô combien était malheureux et affligé, le Bienheureux Minh à la perte de son bien-aimé père spirituel !

    Il se retrouva, à nouveau, encore une fois, orphelin, loin de son maître, privé de ses compagnons amis.

    Il était seul, perdu en terre étrangère : mais il avait une confiance totale en Dieu, qui ne l'abandonna pas.

    Un missionaire jésuite le prit en affection et le recueillit chez lui ; il le renvoya à Poulo-Pinang. Il s'en retourna, le Dictionnaire avec lui.

    Il y resta pendant trois, quatre ans encore et termina ses études d'exégèse.

    Parce qu'il est intelligent et souple dans ses relations, maîtres et condisciples ne tarissent pas d'éloges envers lui.

    Les supérieurs du séminaire l'avaient en grande estime et lui confièrent la charge d'intendant, dans le Séminaire.

    Il accomplit sa tâche pendant deux ans - Pendant tout ce temps, il ne cessait de pratiquer et d'exercer sa culture de soi, cultiver la morale chrétienne pour devenir prêtre, dans le futur.

    Il était digne de cette grâce divine, car avant tout, presque tous les prêtres à l'époque, étaient formés à Pinang.

    Dans le domaine des études, il était d'une intelligence exceptionnelle, digne du nom.

    La formation et les études terminées, il revint au pays, pour aider l'église d'Annam.

    Il se présenta tout d'abord, auprès de Monseigneur Cuenot, qui était évêque, principal vicaire en interne.

    Il apprit les règles de l'Office[17] (Officiants des Rites et de la Musique), des Saints sacrements, et les règles sacerdotales. Il arriva progressivement jusqu'au Saint Sacerdoce.

    Bien que l'empereur Minh Mạng se soit déjà éteint, à ce moment-là (20 Janvier 1741, le 28 du Dern mois de l'année Canh Tí - geng zỉ - 庚子 ) l'église catholique n'avait toujours pas de répit et la persécution continuait, comme auparavant. - Monseigneur Lefebre[18] avait été arrêté à Cái Nhum, à la fin Octobre 1844, et avait transféré à la capitale avec le chef de village Ngò.

    Les fonctionnaires ont présenté une requête pour une éxécution capitale, mais l'empereur n'avait pas encore aposé son sceau. Au début de l'année 1845, le contre-amiral Cécile[19] débarqua à Tourane[20], exigea que l'empereur relâchât Monseigneur Lefebre et arrêtât la persécution contre les chrétiens.

    L'empereur Thiệu Trị forcé, dût lui remettre Monseigneur Lefebre - quant à la persécution, elle n'arrêta pas pour autant.

    Pendant que Monseigneur Ðôminicô professait sa foi devant l'empereur et la cour des fonctionnaires, le Saint Père Grégoire XVI fit le partage des régions en deux zones : à l'Ouest Monseigneur Cuenot en est toujours le responsable, comme auparavant ; à l'Est, la Province du Sud du delta et le Cambodge, est mise sous la protection de Monseigneur Ðôminicô.

    C'est pourquoi, lorsque Monseigneur Lefebre sortit de prison, il demanda au contre-amiral Cécile, de le débarquer à Singapour[21], là où il peut attendre l'opportunité pour revenir dans la nouvelle diocèse, qui vient de lui être confiée.

    A la fin du mois de la Vierge, en 1846, il embarqua dans le chalutier du Bienheureux Gẫm, venue le chercher, et il rentra, accompagné du père Duclos[22], et trois disciples de Pinang.

    La traversée était dangereux et difficile, mais par la grâce de Dieu, tout se passa sans encombre et ils arrivèrent à la porte de Cần Giờ, il suffisait d'attendre la marée, encore quelques heures, et ils pourraient se reposer, à l'abri.

    La volonté de Dieu en décida autrement.

    Le soldats, chargés de la surveillance marine, dans leur perquisition, mirent à jour la présence des deux Français, ils arrêtèrent toute la maisonnée, père et fils sans omettre personne[23].

    Un mois et demi après, le père Duclos mourut de maladie. le batelier Gẫm était maintenu en prison, en attendant le jugement.

    Quant à Monseigneur Lefebre, il fut déféré une fois encore à Huế ; cette fois-ci, il fut transféré en barque, par voie fluviale, et n'eut pas à faire la route à pied.

    Quand l'ordre du Saint Siège, de partager la Zone Intérieure en deux, arriva, Monseigneur Cuenot envoya le diacre Philípphê Minh, rejoindre sa province natale, qui faisait partie de la région orientale de la Zone Intérieur, pour y exercer son office.

    Il n'avait pas encore eu la possibilité de se présenter à Monseigneur Lefebre, que celui-ci avait été, à nouveau arrêté.

    Pendant que l'évêque était détenu à la capitale, le père Mịch[24] envoya le diacre Minh, pour aller lui rendre visite et prendre ses instructions, en vue de son ordination, car la communauté du sud manquait cruellement de prêtre.

    Le diacre Philípphê, bravant le danger, se mit aussitôt en route pour le rejoindre sur le lieu de détention et reçut toutes les instructions nécessaires, dans l'esprit d'obéissance.

    Il repartit avec une lettre de sa part pour Monseigneur Cuenot, qui était caché à la cure de Gia Hựu.

    Après lu la lettre, Monsigneur Cuenot procéda à l'ordination du diacre Minh.

    Il fut donc fait pr être, à l'âge de 31 ans (1846). Comment pourrait-on décrire le bonheur et la joie, qui furent les siens, quand il monta, pour la première à l'autel et offrit le sacrifice de l'Agneau de Dieu, pur et sans faute !

    A cet instant, il s'offrit lui-même et sa vie, en sacrifice à Dieu.

    Le Christ a accepté son offrande, et le reçut chaque jour, de plus en plus, digne et pure, jusqu'au moment où l'épée du malin versa son sang, et le mêla au sang divin de l'agneau, pour le dernier sacrifice.

    Source

     

     

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