• Ponce Pilate

     
     

    Ponce Pilate

     

    Ponce Pilate

     

    Ponce Pilate (en latin Pontius Pilatus), vraisemblablement né vers la fin du Ier siècle av. J.-C. à un endroit inconnu, était uncitoyen romain, membre de la classe équestre, qui, à partir de 26 sous le règne de l'empereur Tibère et durant onze ans, a occupé la charge de préfet de Judée avant d'être renvoyé à Rome fin 36 ou au début 37 par le proconsul de Syrie Lucius Vitellius afin qu'il s'explique de sa gestion auprès de l'empereur.

    Après son arrivée à Rome, l'histoire perd sa trace.

     

    Il est essentiellement connu pour avoir ordonné, selon les Évangiles, l'exécution et le crucifiement de Jésus de Nazareth, ce qui a conféré une notoriété exceptionnelle à un simple gouverneur de province, au nom mentionné dans les professions de foi des chrétiens.

     

    L'absence d'éléments historiques autres que les textes de Philon d'Alexandrie et Flavius Josèphe a permis des développements de légendes à son sujet, telle celle qui veut qu'il ait été exilé et se serait suicidé durant le règne de Caligula (entre 37 et 41 de notre ère).

    Pilate a été un saint inscrit au martyrologe des églises chrétiennes, statut qu'il a perdu aujourd'hui.

    Il aurait été martyrisé à Rome.

    Des traditions lui font trouver la mort à de nombreux endroits comme Rome, Vienne ou encore Lucerne où une montagne porte son nom.

     

    L'Église éthiopienne orthodoxe ainsi que les Églises catholique et orthodoxe coptes vénèrent Ponce Pilate comme saint avec sa femme.

    Les Églises orthodoxes honorent seulement cette dernière sous le nom de Claudia Procula.

    Nomination

     
    La Palestine au Ier siècle av. J.-C.
     

    Ponce Pilate est nommé préfet en 26 sous le règne de l'empereur Tibère (14-37), sans qu'on en connaisse les motivations.

    Il prend la tête d'une province impériale d'un type particulier, généralement confiée à des membres de l'ordre équestre dont les gouverneurs ne reçoivent pas de l’empereur l’imperium proconsulaire comme cela se fait pour des provinces impériales plus importantes ou pour lesprovinces sénatoriales.

    Certains chercheurs estiment que la Judée n'avait peut-être pas d'autonomie propre, constituant plutôt un district de la province de Syrie — dont le gouverneur est le seul a posséder l’imperium complet — sous l'autorité d'un légat en charge du commandement des troupes, de la justice et des impôts.

    Succédant à Valérius Gratus — resté onze ans en charge — Ponce Pilate est le cinquième des gouvernants romains qui se succèdent en Judée entre 6 et 36, tous issus de l'ordre équestre.

    Il est néanmoins le seul parmi eux dont la notoriété a traversé les siècles, notamment à travers les attestations de son contemporain Philon d'Alexandrie mais surtout des évangiles chrétiens et des écrits de l'historien judéo-romain Flavius Josèphe.

    Il existe également une attestation archéologique découverte en 1961 à Césarée, la ville dont ces dirigeants romains avaient fait le siège de leur administration au détriment de Jérusalem, probablement pour le luxe des palaishérodiens et les divertissements offerts par cette cité.

    En qualité de Préfet, Ponce Pilate gouvernait donc une province où étaient stationnées des forces militaires.

    Fonction

    Le poste qu'occupe Ponce Pilate, dans une région aux troubles et à l'insécurité permanents, est ingrat et redouté en même temps qu'il est sans prestige.

    Nombre de ses titulaires ne s'y maintiendront que très peu de temps mais certains, comme Pilate lui-même et son prédécesseur Valérius Gratus, restent plus de dix ans, jouant des antagonismes ethniques et opposant les forces autochtones, même si la politique romaine s'appuie sur les institutions préexistantes et les élites locales pour les faire fonctionner.

    L'officier romain en charge du gouvernement de la Judée dirige son administration ainsi que les troupes auxiliaires cantonnées dans sa juridiction qu'il peut, en cas de nécessité, voir augmentées par un appoint de troupes de la province de Syrie.

    Il détient l'autorité juridique suprême, même s'il reste une certaine autonomie aux autorités juives en matière de droit civil et de droit pénal.

    Il est également habilité à frapper monnaie — généralement de pièces de bronze qui suivent le comput officiel de l'empire — et de collecter les impôts.

    Titulature et nom

    Titulature

     
    L'inscription de Césarée maritime sur laquelle figure partiellement le nom : [Pont]ius Pilatus (2e ligne)

    Depuis la fin du XX e siècle, l'historiographie s'accorde pour dire que le titre officiel de Ponce Pilate, comme pour les autres titulaires de la charge jusqu'au règne de l'empereur Claude (41 - 54), était Praefectus. Or, pendant des siècles, le titre attribué à Ponce Pilate a été celui de procurateurqui a pu sembler « inséparable de son nom » : en effet, tant Philon que Josèphe qualifient Pilate d’épitropos (en grec, ἐπίτροπος), ce qui correspond au titre latin de procurator que l'on trouve chez Tacite.

    De plus, les rédacteurs des évangiles mais aussi Flavius Josèphe utilisent quelques fois le terme grec sans connotation officielle d’hegemon qui désigne — « celui qui dirige » — correspondant au latin praeses.

    Mais les textes littéraires antiques utilisent souvent les titres sans grande rigueur et de façon anachronique.

    De plus la découverte en 1961 à Césarée d'une inscription attestant de la construction d'un sanctuaire dédié à l'empereur Tibère (le Tiberieum), à l'initiative d'un [Pon]tius Pilatusdont la titulature apparait partiellement comme [prae]fectus Iudaeae, a montré que Pilate ne portait pas ce titre de « procurateur », qui ne s'impose que plus tardivement en Judée.

    Ainsi, le praefectus qui gouverne la Judée a en charge des fonctions administratives, militaires et juridiques — tant sur le plan civil que criminel — mais il s'occupe également de la levée des impôts ce qui fait de lui un « procurateur » (en latin,procurator) chargé des intérêts de l'empereur et il semble que ce soit la dénomination qui soit restée à partir de l'époque de Claude « correspond[ant] à une évolution historique des gouverneurs de rang équestre ».

    Nom de Pilate

    Une mention au début de l'Évangile selon Luc, un passage des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe et une courte phrase de Tacite, dont l'authenticité est très contestée sont les trois seuls textes qui permettent de savoir que le surnommé Pilate s'appelait « Pontius ».

    L'inscription retrouvée à Césarée en 1961 ne comporte quant à elle que les dernières lettres du nom.

    « Pontius » est son nom (nomen) et « Pilatus » son surnom (cognomen) tandis qu'on ignore son prénom (praenomen).

    Contexte

    Au premier siècle de l'ère commune, la Palestine se trouve dans une situation politique complexe : depuis l'an 6 de notre ère et la déposition du souverain hérodien Hérode Archélaüs par Auguste, la Judée est passé sous administration romaine avec le rang de province « équestre », dépendant de l'empereur mais sous responsabilité directe du légat de Syrie.

    En dehors de la Judée, de l'Idumée et de la Samarie, la Palestine est dirigée par la dynastie hérodienne qui est néanmoins soumise au pouvoir romain.

    De manière générale, pour une région qui change régulièrement de statut, la Palestine est, depuis le I er siècle av. J.-C. et tout au long du Ier siècle, le théâtre d'agitations et de nombreux soulèvements motivés par différents facteurs — recherche d'amélioration des conditions sociales ou fiscales — sur fond d'attente eschatologique d'ordre prophétique qui poussent certains des habitants à une certaine radicalité à l'encontre des autorités romaines.

    Les soulèvements populaires auxquelles succèdent des provocations romaines, parfois inconscientes, maintiennent ainsi un climat souvent insurrectionnel qu'il convient cependant de relativiser : sous l'administration de Pilate et de son prédécesseur, la province paraît bénéficier d'une relative prospérité ainsi que semblent en témoigner la longueur de leurs administrations successives — s'étalant chacune sur plus de dix ans — ainsi que le règne des tétrarques Philippe (-4 à 34) et Hérode Antipas (-4 à 39). C'est ainsi que Tacite explique que sous le règne de Tibère « les choses étaient calmes » en Judée.

    Préfecture

    Bien qu'ils divergent sur d'autres points, les textes de Flavius Josèphe et de Philon d'Alexandrie s'entendent pour rapporter l'image détestable que Ponce Pilate laisse auprès des Juifs, même bien au-delà de la Judée.

    Ainsi, dans Légation à Caïus, Philon d'Alexandrie raconte un épisode où les autorités juives menacent d'envoyer une supplique à l'empereur Tibère, ce qui ne fait qu'accroître la colère de Pilate, car « il craignait que, si on envoyait des députés on ne vînt à découvrir les autres méfaits de son gouvernement, ses vexations, ses rapines, ses injustices, ses outrages, les citoyens qu'il avait fait périr sans jugement, enfin son insupportable cruauté ».

    Maints commentateurs actuels soulignent que ce portrait hostile reflète une opinion préconçue qui sert rétrospectivement à justifier le remplacement des procurateurs romains par Hérode Agrippa Ier.

    Si les sources néotestamentaires dressent de leur côté un portrait moins hostile du préfet, elles ne le présentent pas pour autant comme un modèle de la justice romaine.

    Ainsi il convient de tempérer la façon qu'ont ces sources apologétiques voire théologiques chrétiennes ou juives — parfois influencées par leur particularisme communautaire — de noircir l'image d'un fonctionnaire sur lequel l'historiographie actuelle pose un regard plus nuancé : Pilate ne semble pas outrepasser ses prérogatives et semble avant tout soucieux de préserver l'ordre et les intérêts de Rome.

    Si le pouvoir de Ponce Pilate repose sur la puissance militaire de l'empire qu'à l'instar de tout gouverneur romain il n'hésite pas à déployer de temps en temps avec une « insensibilité dévastatrice », il faut noter que la présence romaine ne se fait habituellement sentir que lors de la levée des impôts, de la construction des routes et par une présence policière minimale, essentiellement cantonnée au palais d'Hérode et à la forteresse Antonia.

    Durant les onze années de la préfecture de Pilate, on peut relever une série de six incidents entrainant des protestations plus ou moins graves dont l'histoire a conservé la trace : dès 26, l'année de son arrivée, un incident concernant des images figurant l'empereur sur des enseignes romaines ; un incident consécutif à la construction d'un aqueduc financé avec le trésor du Temple ; un incident concernant des pièces frappées avec un symbole cultuel paien ; un épisode concernant les sacrifice sanglants galiléens ; une affaire anodine de consécration de boucliers dorés à Jérusalem prise pour un outrage ; et encore en 36, l'affaire mettant en scène un prophète samaritain se proclamant « Nouveau Moïse ».

    On peut y ajouter les arrestations et exécutions de Jean le Baptiste et de Jésus de Nazareth, voire l’arrestation du populaire Jésus Bar Abbas.

    Images à Jérusalem

     
    Représentation de Flavius Josèphe 
    dans un livre de La Guerre des Juifs de 1888

    Dès sa nomination, une action de Pilate est lue comme une provocation par les Juifs, quand le préfet prend l'initiative d'introduire de nuit à Jérusalem des enseignes et des effigies de l'Empereur, alors qu'aucun autre gouverneur romain n'avait fait cela avant lui et que d'après Philon d'Alexandrie, cet interdit religieux avait été « jusqu'alors respecté par les Rois et les Empereurs ».

    Suivant Flavius Josèphe, « Le jour venu, […] les habitants présents furent frappés de stupeur, voyant là une violation de leurs lois, qui ne permettent d'élever aucune image dans leur ville ».

    Les habitants se précipitent alors à Césarée où les gouverneurs de Judée stationnaient. « Les Juifs s'ameutèrent autour de Pilate, à Césarée, pour le supplier de retirer les enseignes de Jérusalem et de maintenir les lois de leurs ancêtres ».

    Si cet épisode est le même que celui rapporté par Philon, à ces députations se joignent « les quatre fils » d'Hérode le Grand et notammentAntipas le tétrarque de Galilée et celui de la trachonitide Philippe le Tétrarque‎ et peut-être Hérode Boëthos, « on leur adjoignit les autres membres de la famille royale et tout ce qu'il y avait de hauts personnages pour le prier de renoncer à cette innovation ».

    Mais Pilate s'obstine. Alors les Juifs « se couchèrent autour de sa maison et y restèrent prosternés, sans mouvement, pendant cinq jours entiers et cinq nuits ».

    Pilate convoque alors le peuple dans le grand stade au prétexte de lui répondre :

    « Là, il donna aux soldats en armes le signal convenu de cerner les Juifs. Quand ils virent la troupe massée autour d'eux sur trois rangs, les Juifs restèrent muets devant ce spectacle imprévu. Pilate, après avoir déclaré qu'il les ferait égorger s'ils ne recevaient pas les images de César [l'empereur Tibère], fit signe aux soldats de tirer leurs épées. Mais les Juifs, comme d'un commun accord, se jetèrent à terre en rangs serrés et tendirent le cou, se déclarant prêts à mourir plutôt que de violer la loi. »

    Finalement, « frappé d'étonnement devant un zèle religieux aussi ardent », Pilate n'exécute pas sa menace.

    D'après Philon, Tibère ayant été saisi par les fils du roi Hérode et par les autres hauts personnages, l'empereur ordonne à Pilate de retirer les enseignes problématiques. Elles sont alors installées à Césarée dans le Temple consacré à Auguste.

    Certains historiens estiment que les relations de Flavius Josèphe et de Philon d'Alexandrie parlent de deux événements distincts.

    Construction d'un aqueduc

     
    Monnaie en bronze frappée sous Ponce Pilate
    Revers: Inscription en grec TIBEPIOY KAICAPOC (TibèreEmpereur) an 16 (29/30).
    Avers : Inscription en grec IOYLIA KAICAPOC (Julia, la mère de l'empereur).

    Flavius Josèphe rapporte également des troubles occasionnés « un peu plus tard » par la construction — ou la complétion — d'un aqueduc destiné à desservir Jérusalem en eau, financé par Pilate — en tout cas en partie — avec des fonds provenant du trésor du Temple.

    Ces ouvrages d'art étaient en effet fort onéreux et celui de Jérusalem portait sur une distance de 200 à 400 stades.

    Bien qu'il soit possible que le financement de l'ouvrage utile à la ville se soit fait en accord avec les autorités sacerdotales, cette construction soulève un mécontentement populaire pour des raisons qui restent difficiles à établir précisément ; il semble néanmoins qu'il ait pu être occasionné autant par la nature des travaux d'eau et des raisons religieuses que par leur financement avec les biens du Temple.

    Quoi qu'il en soit, alors que l'ouvrage semble avancé dans sa construction, une protestation de la foule rassemblée — peut-être pour une cérémonie officielle comme une inauguration qui nécessite la présence de l'autorité — dégénère.

    Le fil des évènements qui suivent est divergent suivant les deux versions de Josèphe mais, en tout état de cause, le rassemblement est agressif et la foule hiérosolymitaine remontée contre le préfet.

    Pilate ne se laisse pas surprendre et maitrise la situation par la ruse : la sédition est réprimée à coup de gourdins sur un signe du préfet par des soldats romains qui, préalablement dissimulés en civil au sein de la foule, occasionnent de nombreux morts et blessés.

    L'épisode qui se termine tragiquement semble montrer une maladresse dans l'exposé des intentions de Pilate, qui place les habitants de Jérusalem devant le fait accomplis mais révèle, si l'on suit le texte de Flavius Josèphe, « un gouverneur qui n'hésite pas à recourir à la manière forte pour rétablir l'ordre compromis par ses initiatives » plutôt qu'« un homme assoiffé de sang ».

    Article connexe : Piscines de Salomon.

    Incident des boucliers dorés

    Philon d'Alexandrie rapporte aussi l'incident des boucliers dorés qui a pour particularité d'être décrit dans une lettre que le roi Agrippa Ier aurait écrite à l'empereur Caligula pour l'inciter à abandonner son projet de faire ériger sa statue dans le Temple de Jérusalem.

    « Pilate, qui était procurateur de Judée, consacra à l’intérieur de Jérusalem, dans le palais d’Hérode, des boucliers d’or, moins pour honorer Tibère que pour déplaire au peuple. Ils ne portaient aucune image, ni rien qui fût expressément interdit, mais seulement une inscription contenant les noms de celui qui les avait dédiés et de celui auquel ils étaient consacrés. »

     
    Philon d'Alexandrie
     

    Selon Jean-Pierre Lémonon, les termes grecs employés pour décrire ces boucliers montrent qu'il s'agissait d'objets consacrés religieusement et que certains pouvaient porter une dédicace à l'empereur Tibère, avec « plein de sous-entendus religieux » et notamment « son lien de filiation avec Auguste dont la divinité était alors affirmée. »

    À cette nouvelle « le peuple se rassembla et députa au procurateur les quatre fils du Roi (Hérode) qui, pour le rang et la dignité, ne le cédait en rien aux Rois ; on leur adjoignit les autres membres de la famille royale et tout ce qu'il y avait de hauts personnages pour le prier de renoncer à cette innovation. »

    Tibère, saisi par les fils du roi Hérode et par les autres hauts personnages, ordonne à Pilate de retirer les enseignes problématiques. Elles sont alors installées à Césarée dans le Temple consacré à Auguste.

    Cet incident est beaucoup moins grave que les répressions racontées par les deux auteurs juifs, puisque les boucliers ne comportaient pas d'image et que le peuple se contente de faire intervenir les grandes familles à ce sujet.

    Dans la lettre qui est rapportée par Philon d'Alexandrie, Agrippa veut montrer à Caligula combien Tibère, son père adoptif, a été sage en respectant les coutumes juives. Il met en parallèle l'attitude de Tibère à propos d'un incident bénin (puisque les boucliers ne comportaient pas d'image), avec ce que veut imposer Caligula (mettre sa statue dans le Temple), ce qui pour un Juif est la pire des provocations. Plusieurs auteurs pensent donc que cet incident est le même que celui des enseignes raconté par Flavius Josèphe (voir ci-dessus Des images à Jérusalem).

    Pour parfaire sa démonstration, Agrippa en aurait simplement minoré la gravité. Toutefois, Jean-Pierre Lémonon et d'autres historiens estiment qu'il s'agit de deux événements distincts.

    Répression des Samaritains

    « Les Samaritains ne manquèrent pas non plus de troubles, car ils étaient excités par un homme qui ne considérait pas comme grave de mentir et qui combinait tout pour plaire au peuple. II leur ordonna de monter avec lui sur le mont Garizim, qu'ils jugent la plus sainte des montagnes, leur assurant avec force qu'une fois parvenus là il leur montrerait des vases sacrés enfouis par Moïse, qui les y avait mis en dépôt. Eux, croyant ses paroles véridiques, prirent les armes, et, s'étant installés dans un village nommé Tirathana, s'adjoignirent tous les gens qu'ils purent encore ramasser, de telle sorte qu'ils firent en foule l'ascension de la montagne. Mais Pilate se hâta d'occuper d'avance la route où ils devaient monter en y envoyant des cavaliers et des fantassins, et ceux-ci, fondant, sur les gens qui s'étaient rassemblés dans le village, tuèrent les uns dans la mêlée, mirent les autres en fuite et en emmenèrent en captivité beaucoup, dont les principaux furent mis à mort par Pilate, ainsi que les plus influents d'entre les fuyards.  »

    — Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, IV, 1

    Jean-Pierre Lémonon place ces deux derniers événements après la mort de Séjan (en 31). « Deux événements ont eu pour Pilate des suites plus ou moins graves: lors de l'affaire des boucliers dorés, il est désapprouvé par l'empereur ; le massacre des Samaritains lui coûte sa place. Même si nous ignorons la décision de Gaïus (Caligula) à l'égard de Pilate, le fait est là : à la suite de cet incident, Pilate quitte la Judée. »

    Fin de charge

    Renvoi de Pilate à Rome

     
    Pièce présentant Aulus Vitellius face à son père, Lucius Vitellius
     

    Lucius Vitellius est nommé légat de Syrie par Tibère en 34. L'empereur lui confie la délicate mission de gérer le conflit arméno-parthe et « de diriger toutes les révolutions qui se préparaient en Orient ».

    Celui-ci, ébranlé par les plaintes qui s'accumulent tant des Juifs que des Samaritains sur les exactions de Pilate, décide de son renvoi à Rome pour qu'il s'en explique avec l'empereur.

    Pilate, quitte sa charge pour Rome vers la fin de l'année 36 ou le début de l'année 37, au plus tard à la fin février, ainsi que l'envisagent la plupart des chercheurs quand arrive son successeur Marcellus (ou Marullus) tandis que « Pilate, après dix passés en Judée, se hât[e] vers Rome, obéissant aux ordres de Vitellius, qu'il ne pouvait pas rejeter. Mais avant qu'il atteigne Rome, Tibère le devance en quittant la vie ». On perd la trace historique de Pilate après cet épisode.

    Inflexion politique

    Le mandat de Vitellius marque un retour à l'ordre en même temps qu'au travers d'une inflexion de la politique précédente, une volonté de conciliation envers les Juifs.

    Lors d'une première venue à Jérusalem, au cours de l'année 36, un des premiers actes de Vitellius consiste à restituer les vêtements du Grand Pontife que s’étaient arrogés les romains à la suite d'Hérode, ce qui leur conférait le contrôle des cérémonies qui se déroulaient au Temple de Jérusalem lors du jeune du Kippour ainsi que lors des fêtes célébrées au cours des trois pèlerinages.

    L'année suivante, en route avec Hérode Antipas pour combattre les nabatéens et leur roi Arétas IV, Vitellius accepte de contourner la région de Jérusalem pour ne pas offenser la population par la vue des enseignes de ses légions, à l'effigie impériale, au contraire de ce qu'avait fait Pilate.

    Il se rend même au Temple de Jérusalem avec Hérode pour y sacrifier à l'occasion de la Pâque et destitue le grand-prêtre Caïphe, probablement jugé trop proche de Pilate.

    Pilate dans les Évangiles

     
    Fresques du procès de Jésus, église Saint-Jean-Baptiste de Iaroslavl
     
     

    Ponce Pilate

     
    Pilate se lave les mains (Duccio)

    Dans le propos amer attribué à Pilate dans l'évangile selon Jean, se demandant « qu'est-ce que la vérité ? », certains auteurs, dont Ernest Renan, voient l'un des personnages les plus humains présentés dans les Évangiles, en raison de son doute sincère, alors que c'est plutôt la foi ou l'indifférence qui est décrite chez d'autres protagonistes.

    Les évangiles présentent en effet Pilate comme quelqu'un qui veut libérer Jésus, mais qui est contraint de le condamner par les autorités juives et la foule.

    Il se retrouve même piégé et doit libérer Barabas, un « brigand » inculpé pour émeute et meurtre, plutôt que de libérer Jésus dont il dit qu'il est innocent.

    Seul, l'Évangile de Luc (3,1) présente Ponce Pilate comme gouverneur de la Judée et le situe dans un environnement politique. 

    « Or, en la quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, (...) la parole de Dieu vint à Jean (le Baptiste), le fils de Zacharie, au désert ».

    Cette précision chronologique ne s'applique pas à Jésus, mais au début de la prédication de Jean le Baptiste.

    Répression dans le Temple

    L'Évangile attribué à Luc évoque aussi des « Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs victimes ».

    Les « victimes » dont il est question, sont les animaux qui étaient sacrifiés à Dieu dans le Temple de Jérusalem, une pratique qui existait dans la plupart des autres religions de l'Antiquité.

    Selon cette phrase trop brève, qui n'a d'écho ni chez Flavius Josèphe, ni chez Philon d'Alexandrie, Pilate aurait donc aussi réprimé un mouvement de protestation animé par des Galiléens à l'intérieur même du Temple.

    Ici, les Galiléens ne sont pas spécialement des habitants de Galilée, mais des membres du mouvement créé vers l'an 6, par Juda le Gaulanite (ou Judas le Galiléen), qui prendra le nom de Zélote à une date indéterminée.

    Arrestation et interrogatoire de Jésus

     

    Ponce Pilate

     

     

    Les mentions ultérieures de Pilate dans le Nouveau Testament se réfèrent toutes à la comparution de Jésus devant lui.

    Pilate est surtout connu comme juge au procès de Jésus. Les chapitres 27 de Matthieu, 15 de Marc, 23 de Luc et 18-19 de Jean rapportent le renvoi de Jésus du Sanhédrin à Pilate, son interrogatoire, la pression de la foule, la libération de Barabbas :

    Jésus est conduit devant Pilate par les responsables du Sanhédrin.

    La nuit précédente, il avait été arrêté à Gethsémani, par une foule armée de bâtons et de glaives, envoyée par les grands-prêtres61. Jésus avait été trahi par le baiser de Judas.

    On le traîne alors devant l'ancien grand-prêtre Anne, puis devant son gendre, le grand-prêtre Caïphe qui a convoqué de toute urgence le Grand Conseil ou Sanhédrin.

    On lui fait alors un procès autour d'une accusation de blasphème.

    Mais, le pays étant occupé par les Romains, il faut obtenir un autre jugement, cette fois devant le tribunal du préfet romain, Pilate, pour parvenir à une condamnation à mort, il est accusé d'être le « roi des Juifs ».

    L'ayant interrogé, Pilate ne voit aucun motif de condamnation.

    Croyant sans doute avoir trouvé le moyen d'épargner Jésus, il propose à la foule (Ecce homo) de libérer un prisonnier à l'occasion de la Pâque.

    Mais, contrairement à ce qu'il attendait, la foule crie « Libérez Barabbas » (PâLaT bar Abbas), du nom de cet autre prévenu dont Pilate instruisait le procès au même moment, présenté comme un émeutier, un meurtrier et « un brigand » (c'est-à-dire un révolté Galiléen).

    « Et Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que plutôt il s'élevait un tumulte, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; vous, vous y aviserez. »

    Bien que reconnaissant l'innocence de Jésus, Pilate le livre pourtant au supplice de la croix. Il rédige le motif de la condamnation : « le roi des Juifs » ; les autorités juives protestent et voudraient plutôt inscrire : « Il a dit : Je suis le roi des Juifs ».

    Pilate refuse de changer ce qui est écrit.

    Après la crucifixion, il accorde le cadavre de Jésus à Joseph d'Arimathie et délègue aux autorités juives la garde du tombeau.

    Les différences entre les évangiles

    La relation ci-dessus correspond plus au contenu des évangiles vu par la tradition chrétienne que ce qui est effectivement écrit dans les évangiles.

    En effet, les évangiles ont été écrits séparément et lors de leur composition (essentiellement dans la période 70 - 115) personne n'a envisagé que certains d'entre eux puissent être un jour regroupés dans un livre unique : le Nouveau Testament.

    Par simplification, cette histoire est en général racontée en effectuant une sélection des épisodes tour à tour dans l'un ou l'autre évangile particulier, alors que cet épisode ne figure pas dans les autres ou qu'il y est raconté différemment.

    Or cette sélection est elle aussi le résultat de la tradition ecclésiastique.

    Cette façon de faire, ne permet pas d'analyser ce que chacun des textes dit effectivement.

    L'Évangile attribué à Luc est le seul à contenir un épisode où Pilate envoie Jésus se faire juger par Hérode. En suivant la tradition ecclésiastique, on estime que cet Hérode estHérode Antipas qui est d'ailleurs mentionné pour avoir fait exécuter Jean le Baptiste auparavant.

    Évangile de Pierre

    Un évangile apocryphe attribué à l'apôtre Pierre — vraisemblablement daté du IIe siècle propose un fragment du récit de la Passion assez semblable aux synoptiques et dont la valeur documentaire est de même nature que les récits néotestamentaires, faisant cohabiter souvenirs et interprétations.

    Ces dernières sont dictées tant par l'apologétique que par le souci de relayer les Écritures.

    Ce vernis apologétique y « innocente » Pilate, sans aller toutefois jusqu'à en faire un chrétien.

    Ce dernier y est présenté assez proche d'Hérode, à l'instar de ce que présente l'évangile selon Luc.

    On y retrouve la scène du lavement des mains de Pilate et de la requête de Joseph d'Arimathée auprès du préfet pour prendre en charge la dépouille de Jésus, ce que Pilate lui accorde.

    Hypothèses

    Pilate et Séjan

    Au début de la seconde moitié du XX e siècle, quelques historiens, à la suite de Ethelberg Stauffer, ont émis l'hypothèse que Pilate avait partie liée avec le confident de l'empereur et puissant préfet du prétoire Séjan qui, suivant les allégations Philon d'Alexandrie, était hostile aux juifs.

    Séjan aurait alors nommé Pilate dans l'idée de susciter, vers la fin des années 20, une révolte juive et sa répression.

    Selon cette hypothèse, les « provocations » ont lieu dans la première partie du gouvernorat de Ponce Pilate.

    À partir d'un moment qui semble coïncider avec la nomination deLucius Vitellius comme légat de Syrie (en 34), auraient cessé.

    Suivant ces historiens, Ponce Pilate voulant complaire à Séjan, aurait délibérément orchestré « les provocations » pour précipiter une agitation juive à réprimer afin que Tibère lui concède plus de pouvoir.

    Indépendamment de cette hypothèse, Séjan obtient de facto plus de pouvoir à partir de 29, lorsque l'empereur âgé s'isole davantage sur son île de Capri.

    Suivant cette hypothèse, l'essentiel de ces graves incidents se seraient ainsi produit de 29 à 34.

    Toutefois Séjan tombe en disgrâce — notamment sous l'influence d'Antonia Minor, fille d'Antoine qui protégeait le parti hérodien de Rome — et est exécuté en 31 sans que cela y mette fin.

    Par ailleurs, en tout état de cause, Pilate n'avait pas beaucoup à craindre d'un pouvoir central qui se souciait assez peu de la l'administration des provinces éloignées mais son comportement a pu être lui-même encouragé par les évènement de la capitale.

    Ainsi, pour l'historiographie récente, cette hypothèse est contestée et démontée ainsi que le lien qu'elle sous-tend entre Séjan et Pilate : des historiens dont Jean-Pierre Lémonon estiment que s'il y a bien eu, en tout cas à Rome, une politique anti-juive de Séjan à partir de 29, ils estiment qu'on ne peut s'appuyer sur le témoignage de Philon pour conclure que Pilate agissait ainsi « pour complaire à Séjan » et doutent des liens entre les deux hommes : en effet, « aucun texte ne permet de prétendre que Pilate fut l'exécutant d'une politique hostile aux Juifs, pensée et voulue par Séjan ». Jean-Pierre Lémonon souligne que rien par ailleurs ne prouve que les incidents ne se poursuivent pas au-delà de 34 et place d'ailleurs la répression des Samaritains vers la fin 36.

    Un procès de Pilate ?

    « P. L. Maier a cru pouvoir affirmer qu'il n'y eu probablement pas de procès contre Pilate en raison de la mort de Tibère ».

    Selon Jean-Pierre Lémonon : « Les textes avancés par P. L. Maier ne manquent pas de pertinence, [mais] ils ne permettent pas cependant de définir avec certitude le sort de Pilate d'autant plus que la violence de la lettre d'Agrippa, rapportée par Philon [...] invite à nuancer [ses] propos. Philon utiliserait-il des propos aussi violents [cf. supra] à l'adresse d'un fonctionnaire romain si celui-ci n'avait pas été officiellement blâmé pour son comportement en Judée ? ».

    Pilate dans les textes antiques

    Pilate (Pilatus en Latin) signifie que Ponce Pilate (Pontius Pilatus) avait été décoré d'un javelot d'honneur (du latin pilum).

    Aucun texte d'auteurs romains qui parlait de Ponce Pilate n'a été conservé.

    Seuls des textes d'auteurs juifs parlent de lui, mais Flavius Josèphe s'arrête à son arrivée à Rome.

    Ensuite, ce sont les auteurs chrétiens qui prennent le relais. Jean-Pierre Lémonon estime que « dès son arrivée à Rome, Pilate échappe à l'historien».

    S'il n'existe donc aucune trace connue, de quelque nature que ce soit, de Ponce Pilate chez les romains, néanmoins Tacite, vers 115, le mentionne incidemment dans ses Annales, en rapportant la répression des christiani sectateurs du Christ livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate — ce qui est généralement considéré comme la première mention des chrétiens chez un auteur romain —, accusés par Néron d'avoir incendié Rome (en 64).

    Les traditions chrétiennes

    Les récits chrétiens sur Ponce Pilate sont, par contre, très nombreux. Comme les autres textes chrétiens la plupart revêtent des caractères légendaires évidents.

    Justin de Naplouse

    Le premier auteur chrétien à parler d’Actes de Pilate, est Justin de Naplouse (ou Justin Martyr) qui vers 150 écrit à « l'Empereur, au Sénat et à tout le peuple », la première de ses deux apologies du christianisme.

    Il s'agit de prouver que les membres de l'Église n'ont rien à voir avec les juifs messianistes pour lesquels les romains ont inventé le nom dechrétiens, qui à cette époque sonne comme une « qualification criminelle ». 

    Les romains rendent en effet responsable ces chrétiens des révoltes extrêmement sanglantes qui ont lieu depuis un siècle parmi les juifs de la diaspora et en particulier la révolte des exilés qui a embrasé la méditerranée de 115 à 117.

    Dans cette apologie, Justin fait référence à deux reprises à des « Actes de Pilate » qui ne sont bien sûr pas le futur texte chrétien, mais « des minutes du procès, conservées dans les archives romaines. »

    Dans ces deux passages, l'auteur renvoie ses lecteurs à ces Actes pour prouver la véracité de ses dires.

    « En consultant les Actes de Pilate, les romains auquel Justin destine son œuvre, pourront vérifier la réalisation des prophéties dans les événements qui ont marqué la passion du Christ » écrit Jean-Pierre Lémonon.

    Il se range à l'avis d'autres auteurs pour dire que « les Actes de Pilate auxquels Justin renvoie sont à recevoir comme une supposition de Justin : il conjecture que les romains disposent d'archives qui leur permettent de contrôler l'exactitude de ces affirmations ».

    Les Actes de Pilate

    Vers la fin du IVe siècle apparaissent les Actes de Pilate chrétiens qui donneront naissance à l'Évangile de Nicodème dans une Homélie sur la date de Pâques datant de 387 et dans un passage du Panarion d'Épiphane de Salamine. Ils puisent vraisemblablement dans des traditions plus anciennes.

    Eusèbe de Césarée et les Actes dirigés contre les chrétiens

    Au début du IVe siècle, Eusèbe de Césarée connaît un rapport de Pilate à Tibère, sans que l'on puisse déterminer s'il s'agit du même que celui auquel faisait référence Tertullien dans son Apologétique (écrit vers 197).

    Mais pour Eusèbe, Pilate « se fait le simple écho de ce qui s'est passé et se dit dans la province dont il a la charge », alors que conformément aux Évangiles, Tertullien faisait de Pilate un « chrétien de cœur ».

    Au contraire pour Eusèbe, « Pilate ne prend pas en compte ce qu'il rapporte. »

    Pour Jean-Pierre Lémonon, les écrits d'Eusèbe concernant « le rapport de Pilate » sont dépendants de l' Apologétique de Tertullien dont il donne d'ailleurs la référence explicite.

    Toutefois, Eusèbe « ne fait pas mention du texte de l' Apologétique qui présente Pilate comme un chrétien de cœur car il est également l'écho d'une tradition qui met en valeur le châtiment de Pilate. »

    En effet dans son Histoire Ecclésiastique, Eusèbe de césarée s'appuie sur « les écrivains grecs qui nous ont laissé la suite des olympiades avec les événements survenus à leur date » pour mentionner que Ponce Pilate n'aurait pas survécu longtemps à sa disgrâce et se serait donné la mort alors que Caligula était empereur (37 - 41).

    Mais Eusèbe ne parle pas seulement d'un rapport de Pilate à l'empereur, il mentionne aussi l'existence d'Actes anti-chrétiens qu'il appelle « Actes de Pilate et de notre Sauveur ».

    Pour transformer les mentalités, l'empereur Maximin Daïa aurait fait rédiger des « Actes » de Pilate dirigés contre les chrétiens : « Dans les écoles, durant toute la journée, les enfants avaient à la bouche jésus, Pilate et les Actes fabriqués par outrage ». « On y retrouvait des thèmes classiques empruntés parfois aux polémiques entre chrétiens et juifs. Plusieurs attaques sont liées à la naissance de jésus : Jésus serait né hors des liens du mariage, il serait un fruit de la débauche ; ses parents ont fui en Égypteen raison de leur honte ; si Jésus était fils de Dieu, celui-ci n'aurait pas laissé massacrer des innocents lors de la naissance de son fils ».

    Les miracles de Jésus « étaient des actes de magie. Sa prétention à la royauté et son activité de malfaiteur l'ont conduit à la mort. La résurrection y était ramené à une affirmation subjective, car comme déjà Celsel'affirmait, il n'était pas convenable que « le Ressuscité » ne se manifeste pas au plus grand nombre, en particulier à ses ennemis. »

    Les Actes de Pilate de la tradition chrétienne

    Selon des traditions divergentes, Pilate se serait ensuite converti et serait mort martyr, ou aurait été puni par Tibère et exécuté. Un document nommé actes de Pilate (ou Évangile de Nicodème), quoique considéré dès les origines comme apocryphe, a fortement influencé la culture occidentale.

    Légendes diverses

    De nombreux autres récits existent. Selon le Mors Pilati (« Mort de Pilate »), son corps fut d'abord jeté dans le Tibre.

    Les eaux réagirent si vivement aux esprits malins, que son cadavre fut conduit à Vienne et jeté dans le Rhône.

    Ici aussi les eaux réagirent et son corps dut être noyé dans le Léman à Lausanne. Selon cette tradition, le corps décomposé fut en dernier lieu enterré au pied du Pilatus qui domine Lucerne et le lac des Quatre Cantons.

    La légende veut que chaque Vendredi saint, le corps émerge des eaux du lac et se lave les mains.

    D'autres récits racontent qu'il se serait suicidé dans le Rhône à Vienne. Un monument de la ville, la « tombe de Pilate », en fait un monument marquant le centre du cirque romain, évoquerait ce récit.

    D'autres attribuent aussi le nom du massif du Pilat, qui commence à Vienne, à cette origine.

    Culte

    Pilate a été un saint inscrit au martyrologe des églises chrétiennes, statut qu'il a perdu aujourd'hui sauf dans certaines églises.

    En Égypte, on peut parler d'une vénération de « saint Pilate » martyr à Rome.

    Les églises éthiopienne orthodoxe et copte orthodoxe célèbrent Ponce Pilate comme saint. Selon cette tradition, il se serait converti en secret au christianisme, sous l'influence de sa femme Claudia Procula (ou Claudia Procla). Ils sont tous les deux fêtés le 25 juin.

    Les Églises orthodoxes honorent seulement Claudia, le 27 octobre.

    Postérité

     
    Anatole France (1844–1924),
    lauréat du prix Nobel de littérature en 1921
     

    Le personnage de Ponce Pilate a inspiré beaucoup d'œuvres.

    On peut citer L'Évangile selon Pilate d'Éric-Emmanuel Schmitt, Le Procurateur de Judée d'Anatole France ou Ponce Pilate de Roger Caillois, uchronie dans laquelle l'auteur imagine que Pilate gracie Jésus et transforme ainsi l'histoire du monde.

    De même, le personnage de Ponce Pilate est l'une des figures centrales du roman Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, où c'est un personnage triste, profondément humain, accablé par sa charge et laissant crucifier Jésus à contre-cœur qui est décrit.

    Le personnage de Ponce Pilate est également présent dans un chapitre du roman Le Vagabond des étoiles de Jack London. Le personnage principal du roman y fait la rencontre du procurateur de Judée peu avant que ce dernier n'ordonne l'exécution de Jésus de Nazareth. Ponce Pilate apparaît alors comme un personnage indécis, perdu dans ses idées, n'étant absolument pas certain du bien-fondé de l'exécution de Jésus, mais s'y résignant finalement à contre-cœur.

    Au cinéma, Ponce Pilate a fait l'objet de nombreuses incarnations dans des films sur la passion de Jésus : Jean Gabin dans Golgotha, Rod Steigerdans Jésus de Nazareth de Franco Zefirelli, Barry Dennen dans la comédie musicale Jesus Christ Superstar, David Bowie dans La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese, Hristo Chopov dans La Passion du Christ de Mel Gibson ou Michael Palin dans La Vie de Brian de Monty Python. En 1962, Gian Paolo Callegari réalisa Ponzio Pilato évoquant la vie de Pilate avec Jean Marais dans le rôle du préfet de Judée.

    Dans le livre le Frère de sang d'Éric Giacometti, et Jacques Ravenne, les auteurs se moquent des fantasmes de complot judéo-maçonnique en brodant sur le fait que Pilate est présenté comme un franc-maçon qui a comploté avec les Juifs pour crucifier le Christ.

    Source

     

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