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Notre-Dame de Vassivière (Besse-et-Saint-Anastaise)
Notre-Dame de Vassivière
(Besse-et-Saint-Anastaise)
Vassivière est une montagne très-élevée du centre de l'Auvergne, elle est peu éloignée de la petite ville de Besse, dont les curiosités naturelles attirent un grand nombre de baigneurs du Mont-d'Or.
Un ancien historien suppose que ce nom de Vassivière peut venir de ce qu'on avait coutume de dire, dans le langage du pays, à ceux qui révoquaient en doute les miracles qui s'y opéraient : Par y croire, vasy veire (pour y croire, vas-y voir.)
Le même historien dit qu'on ne peut dire précisément à quelle époque remonte le culte de Notre-Dame de Vassivière ; mais qu'au temps où les Anglais ravageaient l'Auvergne, sous le règne de Charles le Sage (1347), toute la plaine voisine de cette montagne fut ruinée, et qu'il n'y resta qu'une vieille muraille en forme de niche, dans laquelle une image noire de la sainte Vierge tenant son petit Jésus au giron, comme celle de Notre-Dame du Puy et de Chartres, fut miraculeusement conservée.
Vers le milieu du XVIe siècle, les habitants de Besse, témoins des merveilleuses guérisons obtenues par ceux qui allaient humblement s'agenouiller devant cette ancienne image, résolurent de la transporter dans leur église, et y fondèrent une messe qu'on devait dire tous les mercredis de l'année, en l'honneur de la Visitation.
Quelques personnes pieuses, ne voulant pas que le souvenir du séjour de Notre-Dame sur le mont Vassivière se perdit, y firent élever un oratoire ; les pèlerins continuèrent à s'y rendre, et de nouveaux miracles décidèrent les bonnes gens de Besse à y bâtir une église.
En creusant les fondements du nouvel édifice, on reconnut qu'une chapelle avait déjà existé dans ce lieu, et la manière dont la statue de Notre-Dame y avait été trouvée fut expliquée.
Il fallut cinq ans pour construire l'église, et telle était l'impatience des pèlerins, qu'on fit élever, en attendant qu'elle fût achevée, un bâtiment en bois, qu'on orna de manière à pouvoir y célébrer la sainte messe.
Tout étant terminé, les habitants de Besse, ne voulant pas se dessaisir complétement de la sainte image, décidèrent qu'elle demeurerait dans leur ville pendant dix mois de l'année, et qu'elle séjournerait sur la montagne du 2 juillet, fête de la Visitation, au 8 septembre, jour de la Nativité.
Il est inutile de dire que cette double procession se fait au milieu d'un grand concours de peuple ; car on garde dans tout le pays le souvenir des miracles opérés autrefois par l'intercession de Notre-Dame de Vassivière, et de temps en temps de nouveaux prodiges prouvent que la Vierge clémente n'a pas renoncé à faire de cette sainte montagne et de l'église de Besse un lieu de grâce et de bénédiction.
Les pèlerins de Vassivière ne manquent pas de s'arrêter près du petit oratoire dont nous avons parlé, et dans lequel est enfermée une source bienfaisante. C'est une eau d'une limpidité parfaite, qui remplit un petit bassin et qui se renouvelle sans cesse, sans qu'on voie d'où elle vient ni par où elle sort.
Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary
L'ancien auteur qui a écrit assez au long l'histoire de ce pélerinage, entre en matière en observant, avec une aimable naïveté qu'on retrouve dans toute sa narration, que comme Dieu s'est tousiours aggréé de recevoir les hommages à luy deubs par ses créatures, sur le coupeau des montagnes les plus relevées de la terre, et de leur faire monstre de ses merveilles les plus rares sur les mêmes lieux, afin de leur donner sujet de s'écrier avec que le plus contemplatif de tous les prophètes, guis sicut Dominw Deus noster qui in altis habitat ; la sainte Vierge, sa Mère glorieuse, qui est la montagne éminente sur les plus hautes montagnes, nions in vertice montium, s'est aussi tousiours singulièrement délectée aux beaux oratoires et aux églises dévotes, que la dévotion des chrétiens lui a de tout temps construites sur les diverses montagnes de la terre.
Il cite en exemple Monserrat en Espagne, Lorette et Monte-Verallo en Italie, Montaigu en Flandre, Fourvière, Mont-Rolland, le Puy, etc., en France ; et enfin Vassivière, lieu que nous prenons aujourd'hui pour terme de notre pèlerinage spirituel.
Vassivière est une montagne fort élevée, presque au centre de l'Auvergne, arrosée à son pied par la Crouze, qui, partageant ses eaux en deux cours opposés, dont l'un se dirige vers l'orient, l'autre vers l'occident, en fait comme une agréable presqu'île.
Dans le voisinage se trouve la petite ville de Besse, dont nous aurons occasion de parler, avec ses curiosités géologiques et son lac Pavin que visitent en grand nombre les voyageurs que la célébrité des bains du Mont-d'Or attire dans la contrée.
Quelle est l'étymologie d'un nom qui présente une si étrange physionomie ? Les sentiments sont partagés là-dessus. Ce nom peut désigner le grand nombre de vaches qu'on voit dans ce lieu, et qui se délectent dans ses gras pâturages, ou bien, ajoute l'ancien historien, la montagne est appelée Vassivière en suite de ce qu'on avait accoutumé de dire anciennement au ramage du pais à ceux qui ne voulaient pas croire aux miracles qu'on y voyait arriver au temps passé, per y creire, vas-y veire (pour y croire, vas-les voir). »
En quel temps a-t-on commencé d'honorer la Vierge sainte sur cette hauteur ? Laissons encore parler l'antique historien, la naïveté de son style mérite que nous reproduisions tant que possible ses propres expressions : «
On ne peut rapporter au vrai en quel temps cette dévotion prit son commencement : néanmoins les vieilles masures qu'on y voit éparses en divers endroits, font voir que c'était jadis quelque bourg, voire une paroisse, qui probablement fut ruinée par les Anglais qui ravageaient la province d'Auvergne, entre autres quartiers de la France, environ l'an 1347, du règne de Charles-le-Sage, et du temps de Révérend Jean de Meillou, 73° évêque de Germont ; ainsi qu'on voit encore des marques de leurs ruines en plusieurs autres endroits de cette province : si bien que rien ne resta dans toute cette plaine qu'une vieille muraille, avec une fenêtre en forme de niche, dans laquelle une Image noire de la sainte Vierge, tenant son petit Jésus au giron, semblable à celles de Notre-Dame du Puy et de Chartres, fut miraculeusement conservée.
Il y avait encore près de là une croix de pierre qui marquait la sainteté du lieu.
Et parce que c'est le chemin public qui va de la ville de Besse à la Tour et autres lieux signalés des montagnes d'Auvergne, les voyageurs passant par là avaient de bonne coutume de faire leurs prières devant la sainte Image ; ce qui ne se passait pas sans miracles, dont en voici un qui donna bien de l'éclat à ce saint lieu.
Nous reproduisons la légende de l'ancien auteur, la considérant comme une pieuse tradition du temps passé.
L'an 1557, au mois de juin, Guillaume de Chalus, Pierre Gef, dit Sipolis, et quelques autres habitants de la ville de Besse, allant à la Tour, arrivés qu'ils furent devant la sainte Image, Guillaume Chalus avec que les autres mettent les genoux en terre et offrent leurs prières à la sainte Vierge, cependant que Pierre Gef, au mépris de cette dévotion, s'avance jusqu'au ruisseau, où étant arrivé, il fut subitement saisi d'un éblouissement qui lui ravit tout-à-fait la vue, dont le voilà à crier disant :
Hé Dieu ! qu'ai-je fait ! 0 Vierge Marie, secourez-moi, etc. A ces cris, ses compagnons se lèvent de leur oraison, y accourent pour savoir que c'est, le trouvent privé de la vue, le consolent tout doucement, et le ramènent à la main devant la sainte Image, où tous ensemble implorent la miséricorde de Dieu et les suffrages de sa sainte Mère.
Le pauvre aveugle fait mille vacarmes contre son impiété, confesse sa témérité, propose de s'amender à l'avenir, fait vœu que s'il plait à Dieu de lui rendre la vue parles mérites et intercession de sa sainte Mère, qu'il sera le premier roi de dévotion à sa prochaine fête de la Visitation, et qu'il donnera cinq livres de cire pour le service de son église de Besse : cette promesse ainsi faite, la vue lui fut rendue, dont tous donnèrent mille louanges à Dieu et à la sainte Vierge.
Et étant de retour à la ville de Besse, ils firent une déclaration authentique de cette merveille devant les magistrats de la ville.
Ce qui donna sujet aux habitants de résoudre qu'on irait en procession deux fois l'année à perpétuité au lieu de Vassivière, à savoir le jour de l'Annonciation et de la Visitation de Notre-Dame.
Ce fut, en effet, vers le milieu du seizième siècle que les habitants de Besse, touchés des grâces singulières que Dieu accordait, par le crédit de la sainte Vierge, en ce désert, résolurent de ne pas laisser plus longtemps la Statue dans un lieu si peu décent, et de la transférer à Saint-André, leur église paroissiale.
Le clergé, les officiers municipaux, les magistrats et presque tous les habitants de la ville allèrent en procession sur la montagne de Vas-y-Veyre, enlevèrent l'Image et la portèrent à Saint-André.
Là, elle fut placée au côté droit du maître-autel, et elle reçut les hommages que la piété suggérait à ce bon peuple.
Mais, ajoute-t-on, la joie que cette naïve population avait témoignée, non plus que le culte sincère qu'elle rendait à la sainte Image, ne purent empêcher qu'une main invisible ne la rapportât, durant la nuit, sur la montagne au lieu où elle avait été prise.
La même prodige s'étant renouvelé plusieurs fois, la piété des habitants de Besse prit un nouvel essor, et l'empressement qu'ils avaient déjà manifesté pour posséder un tel trésor n'en devint que plus vif.
Pour mériter donc de conserver l'Image au milieu d'eux, ils eurent recours à la prière, et ils s'avisèrent de fonder une messe qu'on devait dire, tant que possible, sur le grand autel tous les mercredis de l'année, pour honorer le mystère de la Visitation.
A peine eurent-ils fait ce vœu que la Vierge sainte leur accorda la possession de son Image et sa protection dans toutes les calamités qui les affligèrent depuis.
Cependant la Mère de Dieu fit connaître, par la voix des prodiges, qu'elle voulait toujours être honorée sur la montagne où elle avait d'abord choisi son séjour.
Un particulier, nommé George Besseyre, fit élever un oratoire et construire une petite grille pour clore le lieu sanctifié par l'Image de Notre-Dame et la fontaine qui l'avoisine.
Nous trouvons aussi qu'une dame pieuse donna jusqu'à cent livres de cire au pélerinage de Vassivière, en reconnaissance de quelque grâce signalée qu'elle y avait reçue, La réputation de Vassivière, et, avec elle, la dévotion prenant tous les jours de nouveaux accroissements, les habitants de Besse résolurent unanimement d'y bâtir, en pierre de taille, une église à trois autels.
L'autorisation requise fut demandée et obtenue sans peine, et l'on mit la main à l'œuvre l'an 1550.
La place qu'occupait de temps immémorial la croix de pierre dont nous avons parlé, avait été jugée la plus convenable, et l'on reconnut bientôt qu'on ne pouvait pas mieux choisir.
Ce lieu avait déjà été sanctifié par quelque pieux édifice, comme on s'en convainquit lorsque, en commençant à creuser la terre, on découvrit d'anciens fondements, une pierre d'autel, le pied d'une lampe de laiton et divers autres objets qui faisaient connaître la première destination de l'emplacement.
La chapelle, à laquelle on avait donné cinquante pieds de longueur, sur une largeur de vingt-cinq, fut achevée en 1555, et consacrée peu de temps après par l'évêque de Clermont, Mgr Antoine de Sennétaire.
Cependant la piété ardente des habitants de la contrée avait trouvé trop long le temps qu'il fallait employer à construire ce monument en l'honneur de la Vierge.
Dans l'intervalle, un zélé promoteur de son culte, dont l'histoire a conservé le nom, Antoine Fialez, fit élever à ses frais une chapelle de bois, afin qu'on commençât d'y célébrer la sainte Messe, et de s'assurer, par de ferventes prières, la protection de la Mère de Dieu.
Ce fut comme un appel fait à la dévotion publique.
On s'empressa dès lors d'accourir à Vassivière de tous les pays circonvoisins.
Il y venait des processions entières qui édifiaient tout le monde par leur recueillement et leur ferveur ; on y voyait des particuliers qui, à jeun ou marchant pieds nus, et pratiquant d'autres exercices de pénitence, s'efforçaient de rendre leur pèlerinage plus méritoire et de faire à la Reine de miséricorde une sainte violence.
Depuis cette époque, il s'est fait, tant à Vassivière qu'à Besse, des miracles si éclatants, si nombreux et si bien constatés, qu'à moins d'être sceptique obstiné, on ne peut s'empêcher d'y reconnaître le doigt de Dieu.
Nous parlons de Vassivière et de Besse, comme indiquant un double but de pèlerinage ; c'est que, d'après un usage singulier et qui reflète si bien la dévotion naïve de ces peuples de montagne, la Vierge sainte a son habitation d'hiver et sa campagne d'été.
L'antique Image demeure à Besse et y reçoit l'hommage des fidèles depuis le mois de septembre jusqu'au commencement de juillet. Le jour de la Visitation, 2 juillet, on la porte processionnellement au sanctuaire de Vassivière où elle séjourne jusqu'au 8 septembre, fête de la Nativité de Notre-Dame.
Il est aussi d'usage, dans les calamités publiques, de tirer l'Image vénérée de son sanctuaire, de la rendre, pour ainsi dire, témoin des fléaux qui affligent le peuple et d'implorer par de ferventes prières le secours de la Mère de miséricorde.
Son histoire raconte qu'aux excessives froidures, aux sécheresses extrêmes, et autres accidents de l'air qui nuisent aux fruits de la terre, l'on n'a jamais porté la sainte Image de Notre-Dame de Vassivière en procession, que l'air ne se soit modéré et rendu propice : et jamais on ne l'a sortie de l'église de Besse, où elle est dès longtemps, quand sont arrivés des embrasements à la ville, que le feu ne se soit arrêté à sa seule vue, sans passer outre ; ce que les bâtiments relevés en cire et pendus derrière l'autel de ladite église témoignent fort clairement.
L'Image sainte n'est pas le seul moyen extérieur par lequel la Mère de bonté se met en rapport avec les fidèles : elle a encore daigné se choisir à Vassivière un autre instrument de miséricorde et une nouvelle source de bienfaits dans une fontaine qui coule au pied du rocher sur lequel est bâtie l'église.
Là est le petit oratoire dû à la piété de George Besseyre, comme nous l'avons raconté, et, dans son intérieur, cette fontaine d'une eau limpide comme le cristal le plus pur.
Elle remplit un bassin carré d'un pied et demi sans laisser apercevoir l'entrée et l'issue de l'eau, et sans s'épuiser jamais, quelle que soit la multitude de ceux qui en boivent par dévotion.
Les malades en lavent leurs membres infirmes, et le soulagement qu'ils en reçoivent a fait donner à cette eau bienfaisante le nom de source intarissable de guérisons : Fons perennis curationum.
Parmi cette multitude de grâces et de prodiges accordés par Notre-Dame de Vassivière, citons quelques traits empruntés à l'ancien auteur.
« L'an 1606, le 9 de juillet, jour de dimanche, une femme villageoise, non loin de Vassivière, amena son fils aveugle, âgé de douze à treize ans, à cette sainte dévotion, où étant arrivée, elle ne pouvant le conduire dans la chapelle à cause de la presse, le laisse devant l'oratoire de la fontaine, entre les mains de celui qui versait de l'eau aux pèlerins, cependant qu'elle s'en alla faire dire la messe dans l'église. On fait entrer ce pauvre aveugle dedans l'oratoire, où étant à genoux, il n'eut pas récité toute sa créance, lavé ses yeux et bu de l'eau de la fontaine, qu'il commença à voir, quoi qu'auparavant il n'eût point de prunelle à ses yeux ; si bien que sa mère arrivant de l'église, le garçon lui dit en son langage : Maire you m'en annaray be tout soulet, car Deou marce et Nostre Dame, you veze fort be, (ma mère, je m'en irai bien tout seul, car merci Dieu et Notre-Dame , je vois fort bien). Comme de fait, il la suivit à l'église et partout, ainsi qu'il fut attesté par ceux qui virent le miracle. »
Un petit muet ne fut pas moins heureux. Voici le fait :
« Une femme inconnue avait un fils âgé de douze ans et muet de naissance, qu'elle mena à Vassivière en l'espérance que Dieu lui ferait la grâce de parler, par l'intercession de la sainte Mère. Elle ne fut pas trompée, car étant tous deux à genoux devant l'Image de la fontaine, qui tient son petit Jésus entre les bras, et la mère lui offrant ses prières pour le pauvre muet, il commença à jeter les yeux sur ce petit, et se tournant vers sa mère, lui dit en son langage : Ma maire, baila mi aquelefan, per l'emporta che nou, (ma mère, donnez-moi cet enfant pour que je l'emporte chez nous). Ce furent les premières paroles qui ouvrirent la bouche à ce petit, pour parler de là en avant, avec la perfection requise. »
Une petite aveugle plus jeune encore éprouva la bonté de Marie :
« Anne, fille de Jean Mauguin, et de Bonne Coissard, âgée de deux ans, se brûla tout le visage, dont elle demeura privée de la vue sept jours entiers, après lesquels on perdit espérance qu'elle vécut jamais autrement que dans les ténèbres perpétuelles. Il ne lui en fut pas moins arrivé ; mais on la voua promptement à Notre-Dame de Vassivière, avec promesse de la faire Reine de dévotion de sa fête ; et cependant on envoya une tête de cire par provision ; ce qui lui rendit et la vue et la santé en moins de rien, ainsi que le sieur Mauguin l'attesta et signa à Lyon, devant le R. P. Coissard, provincial de la Compagnie de Jésus, le 25 octobre, en la même année 1614. »
Voici une grâce plus merveilleuse encore accordée à une enfant.
« La veille de S. Jean-Baptiste, l'an 1624, les deux filles de Monsieur de Saint-Pardon, conduites par la servante, furent un jour à la promenade, du côté du moulin ; comme elles étaient sur la planche, la plus grande appelée Magdelon, tomba dans la rivière qui était débordée, passa par le trou de la chaussée et tomba le long du canal jusques aux roues du moulin, où elle trouva de l'eau de la hauteur de trois hommes, dont la chambrière fut tellement surprise qu'elle ne put faire autre chose que se lamenter sur ce désastre, jusqu'à ce que la petite sœur de Magdelon inspirée de Dieu courut toute éplorée pour appeler la meunière au secours.
Ce bruit vola jusqu'au château, d'où la mère l'entendant, et mettant plus son espérance en Dieu qu'à toutes les assistances de la terre, dressa ses vœux à la sainte Vierge, lui promettant que si par son intercession elle lui obtenait de son fils Jésus qu'on tirat de l'eau le corps de sa fille ou vif ou mort, elle lui en irait rendre grâces à sa sainte chapelle de Vassivière ; et, sortant du château, elle met promptement des gens en devoir pour pêcher ce petit corps dans l'eau, et entre autres Jean Servant, Antoine Chalarde, et Michel Sabatier, son jardinier, éloigné de là de plus de cinq cents pas.
Les deux premiers entrèrent dans l'eau jusques au col ; et, par la conduite de la sainte Vierge, Sabatier ayant mis un orteil dans un trou de la robe de la fille, et l'ayant levée jusques à la superficie de l'eau, il la prit entre ses bras et la sortit dehors sans mouvement et sans vie.
Après qu'elle y eut demeuré environ deux heures, et qu'on avait perdu toute espérance de la plus voir parmi les vivants, elle ne fut pas reposée sur la terre qu'elle dit : Je ne veux pas mourir encore !
Paroles qui rappelèrent la mère des portes de la mort et lui en fournirent de nouvelles à la bouche pour enchérir sur les louanges de Dieu et de sa sainte Mère, et la volonté d'aller bientôt accomplir son vœu, avec sa petite Magdelon, à Vassivière, où elle porta l'information faite sur ce sujet par devant maître Anthoine Herédier, notaire royal de Beau-Regard-l'Evêque, signée par plusieurs personnes dignes de foi, le 1 jour de septembre 1624, qui ont été témoins oculaires de ce que dessus. »
Le trait suivant est du même genre, et l'intervention de la Mère de bonté y est encore plus visible :
Le 5 février 1630, Magdelaine Tible, fille à Guillaume, habitant de Pénédries, paroisse de Coandres, étant tombée dans un ruisseau qui coule au milieu du village, débordé à cause des neiges fondues, fut enlevée par la force des ondes un grand quart de lieue, hurlant tantôt contre un rocher, tantôt contre un autre, sans qu'on pût la tirer de l'eau, quoiqu'elle fût suivie d'une quarantaine de personnes, avec les instruments nécessaires pour ce faire.
La pauvre mère, lassée à force de courir, était réduite au non plus, et ne pouvant la secourir de forces corporelles, elle se sentit inspirée d'employer celles de l'esprit.
Elle se prosterne en terre et la face tournée vers l'église de Vassivière, fait vœu que si Dieu lui donne la grâce de voir sa fille morte ou vive hors de l'eau, qu'elle l'en ira remercier et sa fille aussi, dans ce saint oratoire.
Enfin, après qu'on l'eut suivie un quart de lieue, elle fut tirée de l'eau toute moulue et assommée de coups, sans mouvement ni signe de vie, le sang coulant de tous côtés.
Ce qu'étant vu par ses parents affligés jusques à la mort, la mère se prosterne en terre, rend mille grâces à Dieu et à la sainte Vierge, et la supplie avec une grande confiance de lui obtenir encore la vie, avec promesse que son père et elle la lui conduiront à Vassivière, pour y rendre leurs vœux et se dédier à son service.
A grand peine avait-elle fait sa prière que la fille, comme si elle fut venue de l'autre monde, recouvre la parole et le reste de ses sens, disant : qu'avez-vous, ma mère ? Je n'ai point de mal, si ce n'est un peu de douleur de tête.
Et s'étant levée fort robustement, elle s'en alla à sa maison, et dans peu de jours ses plaies furent guéries. Ce qui obligea ses parents d'aller accomplir leur vœu, assistés de plusieurs de leurs voisins qui portèrent témoignage de ce que dessus, à Vassivière, après avoir fait leur dévotion, par devant messieurs les prêtres instituez pour le service de cette sainte chapelle, le 21 juin 1636. »
La révolution de 93 qui, non contente d'entasser ruines sur ruines, voulait effacer jusqu'aux traces de la religion en France, suspendit pour un temps l'essor des cœurs pieux, si empressés d'entourer de vœux et d'hommages Notre-Dame de Vassivière.
La chapelle fut vendue comme propriété nationale, et, pendant neuf ans, les fidèles furent réduits à gémir en secret de ce qu'il ne leur était pas même permis de réclamer le secours de la Vierge puissante dans un temps où le débordement des crimes et des malheurs rendait son intercession si nécessaire.
Enfin, l'orage dissipé et des jours de paix luisant de nouveau sur l'église de France, l'antique sanctuaire fut racheté par une généreuse servante de Marie et donné à la paroisse de Besse.
Les fidèles continuent à se porter en grand nombre à cet antique pèlerinage et à y implorer avec ferveur la protection de Marie, et Marie de son côté, toujours miséricordieuse et accessible à leurs vœux comme au temps de leurs pères, accueille leurs demandes, les exauce avec une touchante bonté, et récompense encore aujourd'hui par des faveurs signalées et même par des prodiges, la confiance et l'affection qu'ils ont pour elle.
Le premier pasteur du diocèse favorise de son suffrage et ses encouragements une dévotion dont les ouailles commises à ses soins tirent tant de profit : on l'a vu le 27 juin 1841, jour de dimanche, présider en personne à la procession et porter de ses mains la statue miraculeuse.
Mais plus que toutes les paroles, le fait suivant prouvera par son éclat et son actualité que Marie se plait encore de nos jours à exaucer les prières qu'on lui adresse à Vassivière.
Nous reproduisons la relation publiée par le respectable curé du lieu, en prenant la liberté de l'abréger en quelques endroits.
Madame Dumas, sœur Saint-Louis, née à Mezel, canton de Vertaizon, religieuse de la Miséricorde, et supérieure, depuis plusieurs années, de la communauté de Besse, fut atteinte le 2 avril 1842, d'une attaque d'apoplexie qui lui paralysa complètement la jambe gauche ; le bras gauche, fut aussi paralysé en grande partie par suite de cette même attaque.
La crise fut si forte et le coup si terrible, que la malade en perdit, sur le moment, connaissance.
Elle ne reprit l'usage de ses sens que quelques heures après ; mais hélas ! ce ne fut que pour apercevoir dans toute son étendue le malheur qui venait de la frapper si cruellement, car, dès ce moment, il lui fut de toute impossibilité de faire le moindre usage de la jambe gauche, qui n'avait plus ni mouvement, ni vie.
Elle dut alors avoir recours à deux béquilles, à l'aide desquelles elle essayait défaire quelques pas ; elle resta dans ce triste état l'espace de deux mois, pendant lesquels d'habiles médecins furent appelés.
Ils employèrent avec le plus grand soin tous les remèdes usités en pareils cas ; mais tous les remèdes restèrent sans effet, et la malade ne cessait de ressentir de violentes douleurs au bras et au côté gauche.
A la fin du mois de mai, madame Dumas éprouva une nouvelle attaque qui acheva de paralyser le bras gauche déjà bien atteint, et lui rendit presque impossible l'usage des béquilles.
A tous ces accidents vinrent se joindre, dès ce moment, des accès de fièvre presque continuels et une espèce de surdité dont elle eut beaucoup à souffrir.
Cependant la pieuse malade conserva toujours, au milieu de ses souffrances, un calme inaltérable et une entière résignation à la volonté de Dieu.
Nous touchions aux derniers jours de juin, insensiblement la malade s'affaiblissait de plus en plus ; mais, à l'exemple du Sauveur des hommes, elle aimait à répéter ces divines paroles : Père céleste, que votre volonté soit faite et non la mienne ; et la souffrance et la vie ou la mort, tout lui paraissait indifférent pour l'amour de son Dieu.
Cependant, les sœurs alarmées, se voyant sur le point de perdre leur vénérable et bien-aimée supérieure, se concertèrent entre elles et convinrent de faire dire une neuvaine de messes devant l'Image miraculeuse de Vassivière pour demander au Ciel, par l'intercession de la bonne Vierge la guérison de celle qui est l'objet de leurs plus tendres affections.
Dans l'intervalle de cette neuvaine, la pieuse malade se sentit intérieurement pressée d'aller à Vassivière, le 2 juillet suivant, jour de la Visitation, époque à laquelle la translation de l'Image de Notre-Dame se fait processionnellement, de la ville à la chapelle.
Mais comment exécuter un pareil projet ? Elle en parle à ses bonnes sœurs, qui regardent d'abord la chose comme impossible : mais ensuite cependant n'osant point s'opposer au dessein de leur digne supérieure, elles finissent par entrer dans ses vues, non sans crainte de quelque accident fâcheux.
On profite donc pour faire le voyage d'une voiture très-commode, mais qui ne laisse pas de fatiguer tellement la malade qu'elle se voit plusieurs fois sur le point de se trouver mal.
Deux de ses parents et ses sœurs lui prodiguent tous les soins que réclame sa position.
Elle était bien souffrante et dans un grand accablement, lorsque tout-à-coup elle entend arriver la procession.
En ce moment fortuné, sa foi, sa piété, sa confiance en Dieu et en la sainte Vierge, se raniment d'une manière si vive et si forte, qu'elle se sent extraordinairement pressée d'aller se prosterner devant l'Image de la sainte Vierge, dans le lieu de pèlerinage où l'on éprouve si souvent les effets sensibles de la puissance de Marie.
Faisant alors comme un dernier effort pour ranimer le peu de forces qui lui restent, elle veut qu'on la porte sur le rocher qui domine la petite chapelle, où arrive en ce moment l'Image de la sainte Vierge.
La procession s'étant arrêtée devant la chapelle, la malade se prosterne avec un profond recueillement devant l'Image miraculeuse ; elle conjure, notre bonne Dame de Vassivière de jeter un regard de compassion sur elle, de se souvenir qu'elle est le salut des infirmes et la consolation des affligés. A peine a-t-elle achevé cette courte prière, qu'elle se sent parfaitement guérie. Ses membres jusque là sans mouvement et sans vie, reprennent leur vigueur et leur souplesse ; les douleurs intolérables qu'elle éprouvait au côté gauche depuis la foudroyante attaque, et qui lui permettaient à peine de respirer, disparaissent aussi soudainement sans laisser la moindre trace.
Nous n'essaierons pas de décrire la surprise, la vive émotion des bonnes religieuses, des parents de Mme Dumas, et de la foule innombrable, à la vue d'un semblable prodige ! Des larmes de joie et d'attendrissement coulent de tous les yeux ; chacun se dit : Le doigt de Dieu est ici. On admire, on exalte la puissance et la bonté de la Mère de Dieu. Il semble à cette multitude étonnée que le Sauveur des hommes vient de faire entendre au milieu d'elle cette parole qu'il dit autrefois au paralytique de l'Evangile : Surge et ambula.
Au milieu de l'enthousiasme général, la malade, sur l'invitation d'une de ses sœurs, se lève, et, prenant ses deux Déquilles à la main, descend promptement d'un pas ferme et assuré, par le mauvais chemin qui sépare les deux chapelles.
On l'invite à se placer au-devant de l'Image de la sainte Vierge, comme un trophée de sa miséricorde ; ce qu'elle fait sur-le-champ, rendant gloire à Dieu et à sa bonne Mère.
Dès qu'on est arrivé à la grande chapelle, elle dépose elle-même ses béquilles dans le sanctuaire qui est spécialement destiné à recevoir l'Image de Notre-Dame.
Dès ce moment, ses forces étaient si bien rétablies que, sans éprouver la moindre fatigue, elle suivit à pied la procession qui se fit ce jour-là même de Vassivière à Besse.
Qui pourrait peindre l'étonnement des habitants de la ville en voyant revenir à eux pleine de vigueur et de santé celle que quelques heures auparavant ils avaient vue s'en éloigner dans l'état le plus pitoyable et le plus alarmant ? Que de douces émotions pénétrèrent en ce moment tous les cœurs ! Comme on se répandait en actions de grâce ! Comme on invoquait avec confiance et amour Notre-Dame de Vassivière ! On se rendit processionnellement à l'église paroissiale ; là, on écouta dans un profond recueillement le récit que nous y fîmes nous-même du miracle qui venait de s'opérer.
J'ai raconté, à la prière des fidèles, un fait incontestable ; j'ai dit ce que j'ai vu de me propres yeux, ce qu'une foule de témoins honorables peuvent affirmer aussi bien que moi. Puisse cette courte relation accroître dans tous les cœurs la dévotion à notre bonne Dame de Vassivière !
Floret , curé de Besse.
PROCES-VERBAL
De la guérison extraordinaire opérée à Vassivière, en faveur de Mme Dumas, supérieure du couvent de la Miséricorde, résidant à Besse.
« Le 2 juillet 1842, jour de la Visitation de la sainte Vierge, Mme Dumas, supérieure du couvent de la Miséricorde, résidant à Besse, a été guérie subitement et radicalement d'une paralysie qui la privait, depuis quelque temps, de l'usage d'une partie de ses membres. C'est en présence d'une multitude de fidèles que ce fait a eu lieu, au moment même où la procession arrivée à la chapelle ou se trouve la fontaine dite Miraculeuse, chantait le Te Deum. Mme Dumas, après sa guérison, s'est promenée pendant une partie de la journée, et a pu faire à pied sans éprouver la moindre fatigue, le voyage de Vassivière à Besse. »
Source : Livre "Histoire des principaux sanctuaires de la mère de Dieu" par Firmin Pouget
L'Église Saint-André
De style roman et gothique.
La construction initiale date du XIIe siècle. Le chœur date de 1555 et fut restauré au XIXe siècle.
Un incendie détruit en 2007 une partie des stalles sculptées du chœur.
Un travail de restauration et de reconstitution basé notamment sur des cartes postales des stalles, conduit en 2013 au remplacement des parties détruites.
L'église abrite la statue de Notre-Dame de Vassivière.
Cette vierge noire avec son enfant sur les genoux est portée en procession le 2 juillet à la chapelle du sanctuaire de Vassivière, à 7 km de Besse, où elle passe l'été avant d'être redescendue lors de la fête de la « Dévalade » le 1er dimanche de septembre après la Saint-Mathieu.
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Besse-et-Saint-Anastaise