• Notre-Dame de la Couture (Bernay)

     

     

     

    Notre-Dame de la Couture

    (Bernay)

     

     

     

     

    L'église de Notre-Dame de la Couture, à Bernay, est bâtie hors de la ville, sur le penchant d'un coteau verdoyant, au milieu d'un cimetière, où l'on aimerait à reposer, tant l'aspect en est gracieux et riant.

    Une vieille tradition raconte l'origine de cette église, si remarquable par sa situation pittoresque, par ses beaux vitraux, par ses vastes transepts et l'aspect majestueux qu'offrent ses grandes voûtes de bois et sa nef inondée de clartés mystérieuses, quand on la contemple du haut des quinze marches qu'il faut descendre pour y pénétrer.

    Voici cette tradition, qui rappelle celle de Notre-Dame de Brebières.

    Au temps où le comté de Bernay appartenait à l'illustre famille des Montgommery, un berger s'aperçut qu'une de ses brebis s'arrêtait chaque jour au même endroit, non pour paître, mais pour gratter la terre.

    Il continua le travail ainsi commencé et découvrit une statue de la Vierge.

    Le bruit s'en répandit, et l'on résolut de bâtir une église au lieu où il avait fait cette heureuse trouvaille ; mais des raisons d'utilité publique l'engagèrent ensuite à placer cette église sur un antre terrain, appelé le coteau de l'hospice.

    On creusa les fondements du nouvel édifice ; mais chaque matin les matériaux qu'on y avait apportés la veille se retrouvaient à l'endroit même où la statue avait été trouvée.

    Force fut donc d'obéir à la Vierge qui faisait ainsi connaître sa volonté.

    Notre-Dame de la Couture s'éleva donc hors de la ville, et la statue miraculeuse fut placée au-dessus du grand autel.

    Bientôt ce pèlerinage devint très-célèbre, et l'église s'enrichit des dons de la reconnaissance.

    Quelques années avant la Révolution, l'ancien maître-autel fut détruit par un zèle inintelligent.

    Il était couvert de sculptures représentant l'arbre de Jessé, avec tous les rois d'lsraël, aïeux de la Vierge ; puis des patriarches, des prophètes, des sibylles, et enfin le puits d'eau vive, la cité de Dieu, la tour de David, le miroir sans tache, l'étoile de la mer ; attributs que la poésie et la foi ont donnés à la glorieuse Marie. 

    Le vent précurseur des orages révolutionnaires fit tomber, aux approches de la tempête, ces naïves figures que l'on ne comprenait plus, dit la Normandie illustrée, et un autel moderne, sec et sans caractère, prit la place du retable gothique.

    La Révolution n'épargna pas l'église de Notre-Dame de la Couture ; elle brisa les ornements dont la piété des fidèles l'avait enrichie ; elle arracha les statues suspendues dans les voussures et dont on voit encore les piédestaux déserts, elle fit disparaître la miraculeuse image de la Vierge, et elle abolit le droit attribué aux jeunes gens de Bernay d'aller, chaque année, choisir un mouton à la ferme de la Madeleine, qui appartenait à l'hospice.

    Cette coutume avait été établie pour rappeler le souvenir des tentatives faites pour bâtir l'église sur le coteau de l'hospice.

    Notre-Dame de la Couture est demeurée ; malgré tout un lieu de pèlerinage.

    Le 25 mars, jour de I'Annonciation, l'affluence y est telle, que la vaste église se trouve trop petite, et le lundi de la Pentecôte, dix paroisses des environs s'y rendent, chaque année, avec les bannières et les costumes des confréries du moyen âge.

    Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary

    l'arrondissement de Bernay, entre lesquelles brille, comme le soleil au milieu des astres, l'antique et splendide église de Notre-Dame de la Couture, à Bernay, Beatœ Mariœ de Culturâ, ainsi appelée de la terre où elle fut bâtie et qu'il fallut défricher.

    Ce beau monument dut son origine, selon la tradition, à une statue de la Vierge, enfouie en terre au sommet d'une colline, dans un bois près de Bernay , et découverte par des bergers vers la fin du dixième siècle, sur l'indication d'une de leurs brebis, qui grattait continuellement la terre en cet endroit.

    Joyeux de cette découverte, les habitants de la contrée songèrent aussitôt à élever un temple magnifique pour y placer la statue que le ciel venait de leur révéler.

    Tous voulurent y contribuer de leurs bras et de leur argent : on abattit le bois, on nivela le sol ; et une nouvelle église, en l'honneur de Marie, s'éleva comme par enchantement, dès avant le onzième siècle.

    Ce premier édifice fut plusieurs fois renouvelé ; mais au commencement du quinzième siècle, des hommes dévoués au culte de Marie, ne trouvant point ce temple digne d'elle, réunirent leurs largesses, et l'on put élever l'édifice actuel, long de soixante-deux mètres, sur une largeur de vingt-deux ; composé d'une nef avec bas côtés, d'un vaste transept et d'un chœur, autour duquel ont été greffés à la fin du seizième siècle des collatéraux et des chapelles.

    On y ouvrit quarante fenêtres dont les verrières, du quinzième siècle, ou du commencement du seizième, représentent sainte Anne et la sainte Vierge, l'archange Gabriel annonçant à Marie le mystère de l'Incarnation, les anges apprenant aux bergers la naissance du Sauveur, Marie tenant dans ses bras l'Enfant Jésus, l'arbre de Jessé, Notre-Dame des Douleurs, ou autres mystères relatifs a la sainte Vierge ; et l'on creusa sous le sanctuaire, à l'endroit même où fut trouvée la statue vénérée, une crypte, ornée encore aujourd'hui de ses anciennes verrières, représentant le couronnement de la sainte Vierge, avec la foule des suppliants qui viennent implorer sa protection, parmi lesquels on distingue des malades, des blessés, des estropiés, des religieux, des religieuses, et divers grands personnages.

    Cette église, ainsi construite, fut pourvue de tout le mobilier nécessaire par d'illustres bienfaiteurs, dont les noms et les blasons se conservent encore dans les verrières et sur les murailles.

    On cite, entre autres, Anne Dauvet, qui, après d'honorables services dans les armées, employa le reste de sa vie et sa fortune à de bonnes œuvres, fournit une grande lampe d'argent, six chandeliers, des rideaux d'autel, des ornements en damas violet, en velours cramoisi, enrichis de broderies, et fit peindre tout l'intérieur de l'église ; Nicolas Masselin, qui fit à ses frais la toiture de la partie gauche de la nef et les terrassements nécessaires pour faciliter l'entrée du saint lieu ; car l'église était élevée de quatorze degrés au-dessus du sol, et rien n'était beau comme le spectacle qu'offraient, de la première marche d'entrée, les murs tapissés de tableaux, garnis de cinq longues chaînes de girandoles magnifiques et de lustres de cristal, scintillant de mille lumières et aboutissant à la statue miraculeuse.

     

    Aussi les pèlerins et les processions y affluaient non-seulement de Lisieux, d'Orbec, de Lieurey et de Saint Georges, mais encore de Rouen, de Caen, de Pontaudemer, de l'Aigle, de Paris même.

    Encore aujourd'hui on y vient de douze à quinze lieues, et les pèlerins s'y comptent par milliers.

    La paroisse de Broglie, de Drucourt, de Landepereuse, de Saint-Aubin, de Saint-Clair, des Jonquerets, de Combépine, de Malouy, de Saint Martin-du-Tilleul et autres lieux y viennent en procession, sous la conduite de leurs curés respectifs, avec les frères de la charité qui agitent leurs clochettes, les confrères de Saint-Michel qui battent le tambour, les musiciens qui font résonner leurs instruments, le commun des fidèles qui chantent les louanges de Marie ; et quand on est arrivé, les prêtres souvent ne suffisent pas au pieux empressement de cette foule, avide de recevoir les sacrements. Tel est le spectacle qu'offre chaque année soit le lundi de la Pentecôte, soit le 15 août.

    On ne saurait dire les grâces que Marie accorde dans ce sanctuaire.

    L'auteur qui en a écrit l'histoire cite, entre autres, de 1608 à 1667, la cessation d'une maladie contagieuse, dans la ville de Lisieux, aussitôt après une procession faite à Notre-Dame de la Couture ; la fin d'une sécheresse désolante obtenue à une autre procession ; la guérison subite de mademoiselle de Vertamont, agonisante depuis trois jours ; fait miraculeux dont son frère voulut consacrer le souvenir en inscrivant sur une belle lampe d'argent, témoignage de sa reconnaissance, les paroles suivantes : Ob quamdam, favente numiue, e lethi fuucibus ereplam, appendic Andrœas de Veriamont, anno 1628 ; la guérison complète du marquis de Chamisay, en Bourgogne, atteint d'une maladie incurable, et qui, par reconnaissance, donna aussi une lampe d'argent aux armes de sa famille, en 1665.

    Outre ces guérisons, l'historien cite encore plusieurs aveugles qui avaient recouvré la vue, plusieurs personnes de haut rang, telles que madame d'Échauffond, en 1663 ; la comtesse de Broglie et la marquise de Chambray, en 1738, qui offrirent, en ex-voto, des enfants d'argent, comme souvenir de leurs enfants, rendus à la santé.

    Ces prodiges se continuent encore de nos jours ; et des tablettes de marbre appendues aux murs relatent des faits non moins merveilleux que ceux des siècles précédents ; les uns portent la date de 1842 et de 1852 ; les autres la date de 1853 et 1855.

     

    Une autre gloire relevait encore Notre-Dame de la Couture : elle possédait neuf confréries, entre lesquelles brillait au premier rang la confrérie de la Charité, érigée, en 1398, par l'évêque de Lisieux, auquel alors appartenait Bernay.

    Cette association avait pour but de rendre aux morts les honneurs de la sépulture ; et les personnages les plus honorables, soit par leur naissance, soit par leur position, les prêtres, les curés même en faisaient partie, comme le prouve le registre des associés, où l'on trouve jusqu'à sept mille frères inscrits.

    Cette confrérie était gouvernée par un échevin qu'on élisait tous les ans et auquel tous les confrères devaient obéir.

    Au-dessous de l'échevin, il y avait un prévôt et douze servants, obligés non-seulement à assister à la messe, aux vêpres et à la prédication le 15 août et le lundi de la Pentecôte, mais encore à recevoir les nouveaux confrères, à veiller près du corps des confrères décédés, à convoquer les autres confrères aux funérailles, enfin à assister eux-mêmes aux convois.

    La confrérie entretenait sept prêtres, chargés de dire la messe, chacun son jour dans la semaine, pour les confrères morts, de dire une messe chantée avec diacre et sous-diacre pour les dignitaires de la confrérie qui mouraient ; et des amendes étaient fixées pour chaque manquement à ces règles. Fasse le ciel que cette confrérie conserve son ancien esprit, ou y revienne si elle en était déchue ! Les abus peuvent gâter les meilleures institutions.

    Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en ..., Volume 7" par André Jean Marie Hamon

    En savoir plus :

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63382x

    http://baroud27.over-blog.com/article-bernay-basilique-notre-dame-de-la-couture-73312881.html