• Notre-Dame de Grâce (Bruguières)

     

     

     

    Notre-Dame de Grâce

    (Bruguières)

     

     

    La chapelle de Notre-Dame de Grâce est située dans le territoire d'un bourg appelé Bruguières, à deux lieues de Tolose, sur le grand chemin qui va de Tolose à Montauban, et de Montauban à Paris.

    Elle est bâtie sur le sommet d'une belle colline qui est d'une étendue assez grande, et d'une hauteur non trop élevée, mais pourtant suffisante pour borner la vue à tout le pays interjacent depuis Tolose jusque là.

    Quoiqu'elle soit située entre quatre paroisses, elle en est pourtant éloignée d'une assez grande distance pour en faire une solitude propre à nourrir la dévotion, et à y attirer ceux auxquels, comme dit le prophète, Dieu veut parler au cœur d'une voix que personne n'entend que Dieu qui parle et l'âme qui l'écoute.

    La hauteur de la situation la fait remarquer de fort loin.

    Quant à l'origine de cette dévotion, je dirai qu'il lui est arrivé, ce qu'on dit de quelques rivières, lesquelles prenant leur source fort loin et se montrant belles et claires à la vue de tous, en leur première naissance, viennent après à se cacher sous la terre jusqu'à tant qu'ayant longtemps demeuré ignorées et comme perdues durant le vaste espace des régions entières, elles sortent derechef et paroissent avec un renfort de nouvelles eaux qui témoignent qu'elles n'ont semblé se perdre que pour s'accroître en effet, en se perdant en apparence.

    Ainsi, cette dévotion dont le commencement est très-ancien, ayant paru avec beaucoup d'éclat en son origine, a demeuré depuis éclipsée par de longues interruptions, venues des injures du temps et des Vicissitudes et révolutions du monde : mais, enfin, après plusieurs siècles, elle est sortie et ressuscitée du chaos et des ténèbres qui semblaient l'avoir ensevelie, et, paraissant plus florissante que jamais, nous a fait avouer que le ciel n'avait permis son éclipse que pour augmenter sa lumière.

    Premièrement, que cette chapelle ait fleuri deux siècles avant nous, cela est certain par deux actes authentiques qui se trouvent dans le viel archifs de Bruguières, actes tous deux datés de l'an 1458, dont l'un contient une vente de quatre arpents de terre appartenants à la chapelle de Notre-Dame de Grâce dudit lieu, vente faite pour la somme de cinq livres et demie, par un marguillier de la chapelle, nommé Pierre Godien, habitant de Bruguières, de qui les descendants de même nom restent encore aujourd'hui dans le même lieu.

    A ces deux actes, j'ajoute de fortes conjectures d'une plus haute et profonde antiquité. Le premier indice se peut prendre des vieilles ruines de l'ancienne chapelle qui fut démolie l'an pour bâtir en sa place l'église neuve qu'on y voit présentement.

    On réserva tout à dessein quelques décombres qu'on mit au dessous du clocher, et qu'on y voit encore aujourd'hui, pour servir aux siècles futurs de preuve et de témoignage de cette antiquité que nous recherchons.

    Le second se tire de vieilles peintures dont ceux qui ont vu. l'ancienne chapelle, devant qu'elle fût démolie, ont autrefois été les spectateurs et peuvent être encore les témoins de leur antiquité, s'ils rappellent à leur mémoire ce qu'ils ont vu de leurs yeux.

    Ces peintures environnaient la vieille église par le dehors, représentant les sacrés mystères de notre Rédemption et l'Invention miraculeuse de l'Image de Notre-Dame de Grâce.

    Si la peinture, selon le dire commun, est un langage muet que l'esprit entend par la vue, ceux qui se souviennent d'avoir vu ces vieux portraits se peuvent aussi ressouvenir comme ils prêchaient hautement en leur silence la vieillesse du lieu, tant par leurs couleurs distinctes et presque dépéries, que par la forme, façon et teinture des habillements de certains pèlerins qu'on y voyait représentés à genoux devant l'Image de la Vierge, qui se rapportaient entièrement aux modes de se vêtir vieilles et surannées, dont non-seulement la mémoire, mais le nom même est perdu, et dont les plus anciennes peintures qui soient dans le pays conservent à peine la trace et le vestige.

    Le troisième indice se prend de certaines antiquités trouvées fortuitement, il y a plus de trente ans, par un maître maçon qui creusait le fondement d'une muraille tout auprès de la nouvelle église et qui attestaient qu'il y avait eu, en cet emplacement, un vieil édifice ruiné depuis par le feu.

    Le quatrième se tire d'une vieille image en relief de saint Denis aréopagite, faite d'une pierre fort dure et peinte, qui était honorée sur un second autel qu'on avait dédié à ce grand Saint dans l'ancienne chapelle.

    Le seul aspect de cette Image qui reste encore et qu'on a conservée pour marque d'antiquité, fait juger que plusieurs siècles sont passés depuis qu' elle est sortie des mains du statuaire et du peintre.

    Quant à l'Image de la Vierge, objet de la dévotion du peuple, elle a été à plusieurs reprises soumise l'examen de deux connaisseurs pour en tirer quelque conjecture sur son antiquité.

    Leur relation a toujours été que cette Image qui est en relief et non en plate peinture, était faite de bois de til, bois que les auteurs qui ont écrit de la nature des arbres mettent au rang des bois incorruptibles comme le cèdre, et bois que les menuisiers, les charpentiers et statuaires ont accoutumé d'employer pour matière des ouvrages de leur art qu'ils veulent être perdurables. Ils ont ajouté que, considérant que cette Image était assez usée, eu égard à sa matière presque incorruptible, ils jugeaient qu'il y avait pour le moins 500 ans qu'elle était faite, et peut-être beaucoup davantage.

     

    Selon toute apparence, cette Image a été autrefois honorée au même lieu dans quelque ancienne chapelle depuis ruinée par l'injure du temps ou détruite par la rage des hérétiques, d'où quelque personne pieuse prit occasion de cacher l'image sainte dans un lieu qui la préservât de la profanation, et qui la réservât à la vénération et au culte que la divine Providence lui préparait derechef en un temps plus favorable.

    C'est l'opinion du P. Jean-Henri Auberi, de la Compagnie de Jésus.

    Ce Père m'a protesté qu'ès vers que je vais rapporter de son poème, il n'a pris de la poésie que la seule élégance, sans en prendre la feinte, s'y étant porté en fidèle historien, appuyé sur de bons et authentiques mémoires.

     

    Voici, du reste, comment la Providence fit découvrir cette Image :

    Un laboureur, travaillant un jour le champ dans lequel était caché ce trésor, fut étonné devoir tout d'un coup ses bœufs s'arrêter, fléchir les jambes et courber les genoux, sans qu'aucune cause d'un changement si soudain et si nouveau se découvrit à ses yeux.

    Il en vient aux cris et aux coups, les incitant vivement par sa voix et les piquant rudement de son aiguillon.

    Mais sa voix les trouva sourds et son aiguillon insensibles.

    Il voit un sien voisin qui bêchait dans un champ proche du sien ; il le prie et supplie d'accourir à son aide, pour essayer si deux hommes viendraient à bout de deux bêtes.

    Après s'être enroués à force de cris et lassés à force de coups, il ne leur resta rien à faire qu'à regarder et admirer la posture de ces bêtes inclinées.

    Cette admiration leur donna la curiosité d'essayer en fouillant à l'endroit où les bœufs étaent prosternés, s'il y aurait quelque empêchement caché sous la terre, puisque sur la terre ils n'en voyaient pas paraître.

    Les deux paysans se mirent donc à bêcher tout à l'entour de la place où le soc s'était arrêté, et les bœufs prosternés, et creusant un peu profondément, ils commencèrent d'entrevoir la cause de l'arrêt des bœufs qui les tenait émerveillés.

    Une belle Image en relief bien faite et bien colorée représentant la Vierge sainte tenant ès bras son petit Jésus, la Mère de Grâce portant l'auteur de la grâce, Image que l'humidité de la terre n'avait pas corrompue ni tant soit peu décolorée durant une si longue révolution d'années, non sans une espèce de miracle, se découvrit et présenta devant leurs yeux et sembla les inviter à la recueillir, en leur offrant le cher gage qu'elle tenait entre les mains pour récompense de leur peine.

    Les voilà saisis d'un côté, de joie qui leur donnait la hardiesse de la prendre, d'autre côté, de respect qui les retenait, craignant de toucher de leurs mains profanes une relique sacrée.

    Le cœur leur bondit d'une sainte liesse, comme à celui dont parle l'Evangile, qui trouve sans y penser le trésor dans le champ ; mais en même temps la révérence arrête le désir qui les presse de la retirer d'un lieu si peu convenable.

    Entre ces deux mouvements de joie qui les pousse et de respect qui les retient, ils s'avisent d'en avertir les prêtres du lieu, estimant qu'une chose si sainte ne devait être maniée que par des mains consacrées.

     

    L'invention de l'Image, quelque extraordinaire qu'elle paraisse, ne saurait être révoquée en doute.

    Elle a pour garant :

    1° la tradition constante et persévérante, vu qu'il n'y a ni homme, ni femme, ni pauvre, ni riche, ni jeune, ni vieux en tous les bourgs et villages circonvoisins voire et bien éloignés du lieu de Bruguières, qui ne sache, qui ne dise et qui n'assure cette tradition.

    2° Les peintures que l'on voyait en l'ancienne chapelle, devant que la présente fût bâtie, peintures aussi anciennes que la structure de la chapelle qui égalait en antiquité l'invention miraculeuse de l'Image, rendent indubitable ce que nous rapportons. Mille et mille personnes qui vivent encore au temps que j'écris ceci se peuvent ressouvenir d'avoir vu ces peintures qui exhibaient aux yeux toutes les circonstances et particularités du fait : on y voyait le champ, les bœufs prosternés, le laboureur tenant le soc.

    3° La chapelle elle-même, bâtie ensuite de la merveille et au temps qu'elle arriva en est un monument permanent et irrécusable. La famille du laboureur a subsisté longtemps, et plusieurs se souviennent encore que tous ceux de cette race étaient appelés prophètes par la commune voix du peuple, qui voulait entendre par ce mot qu'ils descendaient d'un père qui avait été favorisé d'une révélation du ciel.

    5° J'ai lu, dit encore l'ancien historien, un acte daté du 13 mai 1612, portant : que le R. P. Nicolas de la Pierre, religieux du couvent de saint Dominique, de Tolose, et pour lors vicaire au couvent bâti près de la chapelle de Notre-Dame de Grâce, ayant rencontré dans la chapelle trois personnages des plus anciens du pays, les supplia de vouloir déposer devant un notaire et des témoins qu'il fit venir, ce qu'ils pouvaient savoir de l'origine de la chapelle et de l'Image. Ils déposèrent qu'ils avaient toujours ouï dire depuis leur enfance, par une commune et constante tradition, qu'un paysan labourant un jour la terre dans le lieu où la chapelle est bâtie, avait fait l'invention de cette Image avec les circonstances rapportées ; j'ai lu de plus un autre acte dressé la présente année 1643, le 12 juillet, en confirmation du premier. Les plus anciens du lieu, appelés devant un notaire royal de Tolose, avaient déposé et confirmé ce qui était couché dans celui de 1612. 

    Mais revenons au fait de la découverte de la statue.

    Le laboureur avertit le recteur ou curé de l'endroit ; celui-ci informe de tout les consuls, assemble le peuple et l'on se rend en procession au lieu indiqué.

    On y voit une belle Image de Notre-Dame, d'une coudée et demie de hauteur, faite de bois de til, façonnée et peinte de diverses couleurs, portant sur le bras gauche l'Enfant Jésus. Elle parait telle qu'elle est aujourd'hui, le visage blanc, modeste, grave et tout à la fois gracieux, inspirant à tous ceux qui la contemplent, de la dévotion, et je ne sais quelle crainte respectueuse. Tout le peuple tombe à genoux et vénère la reine du ciel dans son Image. Le prêtre porte cette Image à l'église paroissiale, au chant des hymnes et des psaumes.

    Le lendemain, elle avait disparu de l'enceinte sacrée.

    Les consuls en sont avertis, le peuple s'en alarme.

    Après de vaines recherches, on la retrouve enfin dans le champ du laboureur.

    On la rapporte à l'église comme le jour précédent.

    Le lendemain, l'Image était sur la colline.

    Elle est rapportée dans l'église avec la même solennité ; la plupart des habitants soupçonnant que ce fût une ruse des hommes plutôt qu'un œuvre de Dieu, on plaça des gardes dans le lieu saint.

    Et voilà que l'Image miraculeuse, sans que les gardes se soient aperçus de son départ, se trouve une troisième fois sur la hauteur où elle a été découverte.

    Ce prodige est appuyé sur les preuves et témoignages qui confirment celui de l'invention de l'Image et sur la déposition des témoins qui sont nommés ès deux actes que nous avons rapportés.

    Car la même tradition qui nous rend assurés de son invention miraculeuse, nous fait aussi certains de son retour miraculeux et répété par trois fois de l'église de Bruguières sur la colline où elle fut trouvée et où maintenant la chapelle est bâtie et la Vierge honorée en son Image.

    Par ces trois retours en ce lieu n'a-t-elle pas témoigné que c'était le lieu de son élection , et, sans parler, n'a-t-elle pas dit hautement en son silence ce que disait le prophète : J'habiterai dans cette place parce que je l'ai choisie.

    On se décide à bâtir un oratoire à l'endroit où l'Image a été trouvée : le maître du champ offre gratuitement l'emplacement ; l'autorité tant spirituelle que temporelle donne les autorisations requises ; le peuple s'empresse d'y contribuer par des dons en nature, des offrandes d'argent ou de travail.

    Ce n'est d'abord qu'un modeste oratoire bâti en terre, avec deux autels.

    Le principal où l'on colloque la sainte Image, est construit à la romaine, afin que les dévots puissent faire le tour en disant le chapelet et invoquant la Vierge.

    Le petit autel, placé à gauche et appuyé contre le mur, était dédié à saint Denis aréopagiste, et son image de pierre était dessus, comme nous avons dit ; image très-ancienne et qui probablement avait été sauvée avec celle de la Vierge de l'embrasement de l'église.

    La dévotion s'établit ; on vient des contrées voisines réclamer les faveurs du ciel qui découlent de ce lieu comme d'une fontaine de salut.

    Les ex-voto, les dons de la reconnaissance, les témoignages des grâces obtenues se multiplient.

    Ce qu'il y avait de particulier, c'est que ceux qui relevaient de maladies mortelles et désespérées, ensuite de vœux faits à la dévote chapelle, avaient coutume d'y venir offrir leur suaire, comme une protestation et confession publique de l'assistance reçue de la Vierge en l'extrémité de la vie ; et voici la cérémonie dont ils usaient, dévote certes et digne d'être rapportée.

    Celui qui venait faire cette offrande, étant à la porte de la chapelle, couvrait sa tête d'un bout du suaire qu'il voulait offrir, et du reste enveloppait tout son corps : puis, se mettant à genoux, il venait tout agenouillé jusques au pied du maître autel, portant en main un cierge ardent avec une figure de son corps portrait et relevé en cire. Là, il offrait tout à la Vierge, comme protestant qu'il tenait d'elle et de ses intercessions la vie et la guérison.

    Le modeste oratoire ne fut bientôt plus en harmonie avec le concours des pèlerins.

    On fit donc tout alentour un appente ou couvert grand et spacieux, afin que ceux qui ne pourraient entrer dedans ès jours d'affluence et concours, pussent, de là, faire leurs prières et y demeurer à l'abri des injures du temps, pourvoyant, par ce moyen, tant à l'âme qu'au corps.

    En outre, pour fournir quelque objet et entretien à la dévotion de ceux que la multitude empêcherait d'entrer dans l'église, on embellit et para tout ce contour de diverses peintures, dont les unes représentaient les mystères de notre rédemption pour en exciter le souvenir, avec la vue et la reconnaissance avec le souvenir ; ès autres on voyait dépeinte l'invention miraculeuse de l'Image sacrée de la Vierge, fondement de la dévotion de ce lieu.

    Dans les premiers temps, il n'y avait pas de prêtre attaché au sanctuaire.

    L'administration était entre les mains des laïques, qui en rendaient compte à des laïques comme eux, savoir, aux consuls de Bruguières.

    Leur ignorance ou leur incurie nous a privés de la connaissance de ce qui arriva pendant un long espace de temps.

    Les vieux registres des ouvriers ou marguillers qui en avaient la charge, ne parlent que des offrandes et aumônes données, non des grâces et merveilles qui ont attiré dans ce lieu le concours du peuple et ses libéralités. Bref, ce sont des livres de compte, non des mémoires d'histoire.

    Deux faits cependant ont échappé à l'injure du temps : nous les rapporterons ici, parce qu'ils appartiennent à l'historique du sanctuaire ; le premier est de 1557.

    Cette passion aveugle de la cupidité poussa trois personnes d'une même maison, mari, femme et enfant, d'aller exercer dans la chapelle de Notre-Dame de Grâce de Bruguière, une impiété dont la seule pensée est capable de faire horreur à tous ceux qui en liront ou entendront le récit.

    Entre les autres joyaux que les dévots pèlerins avaient offerts à la Vierge, ils virent une belle et riche robe qui revêtait et parait son Image. La vue leur en donna le désir, et le désir de l'avoir leur fit fermer les yeux à l'énormité du crime. Ils se glissent de jour dans la chapelle, et se cachant dans quelque lieu retiré, attendent la nuit pour exécuter ce que la nuit seule peut-souffrir.

    O merveille ! comme ils dépouillent la sainte Image, et pensent n'être pas vus ni entendus d'aucun, Dieu qui les voit et les entend donne à la cloche aveugle et sourde et la vue et l'ouie et le résonnement pour déceler et faire entendre par son bruit le sacrilège qu'ils croyaient devoir demeurer caché.

    Le son de la cloche qui s'est fait ouïr hors du temps et en un lieu où l'on savait qu'il n'y avait personne pour la sonner a excité tout le voisinage, qui est accouru soudain pour voir la cause d'un effet si extraordinaire.

    Ils trouvent la porte de l'église ouverte et décrochetée, et l'Image dépouillée.

    Les larrons effrayés du son de la cloche, s'étaient échappés à bonne heure ; quand les poursuivant avec diligence, on les attrapa dans la ville de Grenade, faisant des bourses et des esplinguiers de l'étoffe de la robe volée.

    Ils furent saisis, et ne pouvant nier le larcin dont la chose dérobée les convainquait suffisamment, ils furent menés à la justice et condamnés par arrêt du parlement de Tolose, confirmant la sentence du juge de Bruguières, à être pendus et étranglés.

    Quelques années après, en 1562, les hérétiques, qu'on appela Reîtres, venus d'Allemagne pour ravager la France donnèrent occasion à un autre prodige, fait en faveur de la même Image.

    Ces Reîtres, au nombre de 40,000 hommes, ressemblaient à un torrent débordé qui noie ou emporte dans ses flots tout ce qu'il rencontre, et, s'épanchant par toute la campagne n'y laisse rien qui ne témoigne les marques de son ravage.

    Mais surtout ès environs de Tolose, laquelle ils croyaient emporter ou par assaut ou par surprise, ils désolaient tout, pour ôter aux habitants de cette populeuse ville tout moyen de subsister et de se défendre.

    La chapelle de Notre-Dame de Grâce de Bruguière éprouva leur fureur, comme autrefois celle des hérétiques Albigeois.

    Un bon villageois du lieu, nommé Jean Bertrand, duquel il reste encore des neveux du même surnom, oui lui ont ouï souvent raconter le fait, ayant entendu le bruit de leur approche, s'advisa par avance, poussé de zèle et de quelque instinct du ciel, de garantir l'Image sacrée de la Vierge de sa profanation et du feu dont elle était menacée.

    Il la prend donc secrètement, l'emporte et lava cacher au-desceu de tous, dans le pailler d'une métairie sise près de la grande place de Bruguières.

    Les Reîtres ne manquent pas de passer, et ravageant tout, de brûler le pailler où était la sainte Image, avec la métairie où l'on voit encore paraître les marques de l'embrasement. Toute la paille se brûla, hormis celle qui environnait et touchait la sainte relique, paille qui estant au milieu de toute l'autre qui fut réduite en cendres, ne pouvoit être préservée sans un évident miracle qui retint et suspendit l'action du feu, comme autrefois dans la fournaise de Babylone.

    Celui qui l'avait cachée, après que l'orage de cette persécution fut passé, la trouvant sans avoir souffert aucun dommage, publia partout le miracle, et rapporta dans la chapelle le portrait de la Vierge, triomphante du feu des hérétiques, aussi bien que de leurs erreurs qu'elle éteint et tue partout, comme chante l'Eglise.

    La dévotion prenant tous les jours de nouveaux accroissements, on pensa à reconstruire l'église et à la faire plus grande.

    La résolution en fut prise l'an 1600 et mise en exécution en 1602, les marguillers ayant fait quelque réserve sur les dons et les offrandes de ces deux ans.

    La nouvelle chapelle fut bâtie en briques et devait être d'une moitié plus longue que l'ancienne, sur une largeur proportionnée.

    On élevait les murs à droite et à gauche, sans interrompre la dévotion du peuple qui accourait en nombre aux fêtes solennelles ; et, l'ouvrage terminé, on abattit l'ancienne, en en paissant toutefois subsister un petit bout pour mémoire.

    La translation de l'Image sur le nouvel autel eut lieu avec beaucoup d'honneur et de révérence.

    La dévotion du peuple suivit l'Image au nouveau lieu où elle fut posée, comme la fleur de l'héliotrope que le mouvement du soleil fait tourner du côté que le soleil prend le tour, ou comme l'aiguille du navire frottée d'aimant qui suit toujours l'étoile polaire.

    Avec la dévotion du peuple, les bénédictions du ciel et les grâces de la Vierge s'augmentèrent dans la nouvelle église ; Dieu voulant témoigner qu'il agréait ce qu'on avait fait à son honneur et qu'il n'est jamais avare envers ceux qui se montrent libéraux en son endroit, ses faveurs envers nous croissant à mesure que notre coopération les attire.

    A-peu-près vers la même époque il s'éleva un débat entre le curé de Bruguières et les administrateurs de la chapelle, au sujet du temporel. Ceux-ci, d'après le conseil de M. du Faur, baron de Saint-Jory et haut justicier de la terre de Bruguières, se décident à se décharger du soin de la chapelle sur quelque communauté.

    Les religieux du couvent de Saint-Dominique de Tolose, ayant depuis peu d'années reçu la réforme introduite par le R. P. Michaëlis, respandaient une si bonne odeur partout, comme des fleurs récemment écloses qui, outre leur suavité propre et naturelle, firent quelque grâce de la nouveauté, qu'ils attiraient à eux l'amitié de tous les gens de bien, que depuis ils conservent et augmentent. M. de SaintJory joint ses instances à celles des administrateurs ; l'archevêque, Mgr le cardinal de Joyeuse, y donne son consentement, et les dominicains sont mis en possession de la chapelle le 29 novembre 1605. Logés dans les environs de la chapelle, ils exercent le saint ministère à l'égard des pèlerins et l'ardeur de leur zèle les porte encore à se répandre dans les paroisses voisines.

    La dévotion s'augmente ; on accourt de Tolose, de Grenade, de Verdun, de Rabestins, de Montech : la piété obtient de la bonté de Marie des grâces multipliées.

    Les dons deviennent plus généreux, et par leur moyen un couvent s'élève à côté du sanctuaire pour les religieux qui y ont ranimé la ferveur.

    L'église fut encore agrandie.

    On fit un grand et beau chœur derrière le maître-autel, tant pour la commodité des enfants de saint Dominique qui en avaient besoin pour leurs offices, que pour laisser toute l'église libre aux pèlerins qui ressentent une singulière satisfaction de pouvoir s'approcher de l'autel de la Vierge, pour contempler et honorer son Image miraculeuse.

    Par les soins des dominicains le pèlerinage de Notre-Dame de Grâce jeta un nouvel éclat, et la dévotion s'y soutint de la manière la plus consolante.

    Deux confréries érigées en ce lieu y donnaient lieu à de nombreuses communions et à une multitude de bonnes œuvres.

    On y voyait fréquemment accourir les fidèles des paroisses voisines, qui venaient en procession recommander à Notre-Dame de Grâce leurs récoltes contre les orages et la grêle si redoutée dans un pays aussi fertile.

    C'était aussi à ce sanctuaire qu'on avait recours dans les désastres et les fléaux publics, et la Mère de miséricorde ne cessait de ranimer la ferveur et la confiance des peuples par les grâces les plus signalées.

    En voici quelques traits empruntés à l'ancienne histoire :

    L'an 1634 et le 26e jour du mois de mars, noble Pierre la Faye, écuyer, habitant de Tolose, accompagné de damoiselle Antoinette d'Assié, sa mère, fit la déclaration suivante devant M.Arnaud du Faur, notaire royal, en présence du R. P. Guillaume Matthieu, de l'ordre de saint Dominique, docteur de l'Université de Tolose, prieur du coawnt des PP. Prédicateurs et vicaire ,institué de feu R. P. Gabriel Ranquet, inquisiteur de la foi ; qu'en l'an 1614 il souffrit par diverses fois la rupture de la cuisse gauche et du genou, avec les douleurs que tels sinistres accidents causent en une partie si sensible. Le soin de sa mère et le désir que lui-même avait de guérir d'un mal qui, outre le tourment et l'incommodité, lui apportait une déformité notable, n'épargnèrent aucun des remèdes que les médecins et les chirurgiens ont accoutumé d'appliquer à telle sorte de plaies.

    Mais tant s'en faut que tout ce secours humain lui donnât du soulagement que plutôt son mal irrité par les médicaments empira de telle sorte qu'après avoir porté quatre années ou environ, tout le succès de diverses applications qu'on lui fit durant un si long temps fut, qu'au lieu que sa rupture se montrât tant soit peu réparée, sa jambe se trouva raccourcie et tournée par derrière, le contraignant de tenir un pied tourné et élevé jusqu'au dos.

    Les remèdes naturels lui ayant causé plus de dommage que d'amendement et le temps même qui a coutume de guérir ou de diminuer tous les maux capables de guérison, n'ayant fait qu'augmenter le sien, il reconnut que sans l'aide de quelque grâce surnaturelle, il ne pouvait attendre de voir la fin de sa misère qu'avec celle de sa vie.

    C'est pourquoi il fit vœu, conjointement avec sa mère, à une chapelle votive proche de la ville d'Alby, qui porte le nom de Notre-Dame de Grâce, laquelle néanmoins, pour ce coup, ne lui accorda pas la grâce demandée, quoiqu'il y allât rendre ses vœux avec sa mère avec beaucoup de dévotion.

    Ce rebut ne le refroidit pas, mais augmenta sa croyance, que ce n'était pas un refus pour l'éconduire, mais un délai pour l'éprouver.

    Il redoubla son vœu envers la même Vierge, mais non pas au même lieu, mais à un autre lieu votif, voisin de Tolose, qu'on nomme Notre-Dame d'Elbose : vœu toutefois lequel accompli ne fut pas exaucé, non plus que le premier, le malade s'en retournant, après l'exécution de son vœu, de la chapelle à la maison avec la même infirmité qu'il y avait apportée.

    C'était assez pour arrêter quelqu'autre qui eût eu, ou moins de désir de guérir, ou moins de foi pour croire qu'il pourrait, après deux renvois , obtenir ce qu'il demandait. Mais l'exemple de la Cananée laquelle rejetée par trois fois de Notre-Seigneur, et la dernière fois avec injure, obtint enfin en persévérant de prier, non-seulement la grâce demandée, mais encore la louange non attendue, nous montre ce que peut la persévérance de la prière.

    Celui-ci, quoiqu'éconduit en son oraison par deux fois et en deux divers lieux, ne se rebuta pas, mais se recommanda par un troisième vœu à Notre-Dame de Grâce de Bruguières, ne changeant d'avocate, mais de lieu seulement.

    A peine cet impotent se fut fait conduire à ce saint lieu, accompagné de sa mère, qu'au même instant qu'il eut rendu son vœu, il en ressentit l'effet sur-le-champ par une grâce si soudaine que, tressaillant d'aise de sentir ravigorer ses forces en la partie malade depuis tant d'années, il quitta et laissa dans l'église ses deux potences sur lesquelles il se traînait, pour marques éternelles d'une si grande et si visible merveille.

    Depuis il n'eut plus besoin de ces soutiens artificiels, les naturels qui sont les pieds et les jambes étant remis en leur première droiture, en telle sorte qu'il ne lui reste plus à présent d'une si longue et incurable infirmité, que le souvenir de l'avoir si longtemps soufferte et la joie de s'en voir délivré par un miracle.

    Cette déclaration fut faite par le fils et par la mère conjointement, l'an et jour susdits, en présence du R. P. Matthieu, etc.

    Dans le fait suivant nous admirerons une attention maternelle de Marie envers un enfant :

    L'an 1638 et le 16e jour de décembre, le R. P. Thomas Chauderon, religieux de l'ordre de saint Dominique, étant allé à la ville de Verdun, et visitant M. d'Hostes, bourgeois de ladite ville, fut prié par ledit sieur et par sa femme, damoiselle Susanne de Rigail de recevoir et mettre par écrit la déclaration qui s'ensuit :

    qu'un de leurs enfants, à l'âge de deux mois et demi, s'était trouvé saisi d'une fièvre continue, accompagnée d'un grand rhume qui, le tourmentant durant l'espace de huit jours, l'avait réduit à tel point, qu'on le voyait bien souvent sans mouvement et qu'il ne pouvait plus sucer la mamelle. Ce que voyant sa mère, un jour qu'on n'attendait plus que de lui voir rendre l'esprit, toute outrée de douleur de perdre celui qu'elle chérissait, et ne pouvant souffrir d'être présente à son trépas, se retira seule dans une chambre à part pour digérer son regret dans la solitude et l'adoucir par l'éloignement. Mais parmi ce regret, l'espérance qu'il lui pourrait être conservé par quelque faveur particulière du ciel, lui suggéra le mouvement de le recommander à la sainte Vierge par un vœu qu'elle fit à la sainte chapelle de Bruguières, avec promesse d'y porter l'enfant avec son suaire et autres choses qu'on préparait déjà pour l'ensevelir, si par les intercessions de cette bénite, il était arraché de la mort et du tombeau qui l'allait dévorer.

    En ce même moment qu'elle venait de former son vœu, la chambrière entra dans la chambre où elle s'était retirée et la pria d'accourir promptement pour voir la contenance du petit, qu'elle avait laissé mourant, et qui soudain tout ravigoré, montrait les signes d'une prochaine guérison.

    La mère accourut aussitôt, et trouva l'enfant qui souriait en regardant fixement une Image de Notre Dame affichée à la muraille proche du lit ; sur quoi la première pensée fut qu'il n'y avait là d'autre mystère que la disposition du berceau et de l'enfant tourné vers l'Image.

    Mais venant à prendre l'enfant avec une grande confiance en l'assistance de la sainte Vierge, qu'elle venait d'invoquer, et voyant qu'il s'attachait à sa mamelle avec autant d'ardeur et de goût qu'avant sa maladie, et qu'il avait toutes les marques de la convalescence qui fut bientôt après entière et parfaite, elle reconnut par un si soudain et si heureux changement, que la sainte Vierge dont l'enfant avait envisagé l'Image avec un doux sourire, lui avait rendu la santé par un regard réciproque, acceptant en un même temps le vœu de la mère et le sourire de l'enfant.

    Cette déclaration est signée du père et de la mère déposants, et du sieur dHoste, prêtre, religieux et prieur du monastère de Saint-Benoit de Verdun, frère du déposant ; et, en outre, de frère Hyacinthe Ledoux, religieux de l'ordre de Saint-Dominique et du susnommé P. Thomas du même ordre qui a reçu et écrit la déposition.

    Encore une grâce obtenue à un enfant par une tendre compassion de Notre-Dame de Bruguières.

    Jacques des Mazures, originaire de Tolose, étant en son enfance, fut atteint d'une forte paralysie, qui le prenant à l'épaule et descendant le long du bras, le lui rendait entièrement inutile, et plutôt à charge qu'à usage.

    Après les remèdes humains, en vain appliqués pour le délivrer de cette infirmité, sa mère voyant que le mal croissait et se renforçait par le temps, eut recours aux remèdes divins, et voua ce sien enfant à Notre-Dame de Grâce de Bruguières.

    Elle accomplit bientôt son vœu et le conduisit à ce saint lieu pour le présenter à la sainte Vierge, comme un objet digne de sa commisération.

    Or, il arriva que comme on disait la messe à son intention, elle y assistant avec son petit, et que le prêtre fut parvenu à l'élévation de la sainte hostie, l'enfant qui, selon la coutume de ce bas âge, était plus attentif à quelque trait d'enfantillage qu'au divin mystère qui se célébrait, fut averti par sa mère de se tourner vers l'autel et de regarder Notre-Seigneur que le prêtre montrait voilé sous les accidents du sacrement.

    L'enfant se tourne soudain, regarde vers le prêtre, s'écrie à sa mère qu'il voit Notre Seigneur, et comme sa mère lui réplique, où est-il, mon fils ? L'enfant haussant le bras malade et impuissant, qu'il n'avait pu hausser depuis l'accident de la paralysie, lui montre de la main la sainte hostie, la vue de laquelle, par une occulte vertu, le guérit soudainement et miraculeusement, influant au bras paralytique la force et le mouvement pour pouvoir montrer à sa mère l'auteur de sa guérison.

    Tous les assistants qui virent le miracle manifeste, en demeurèrent ravis et en rendirent, avec la mère, action de grâce à Dieu et à la Vierge sacrée.

    Depuis, cet enfant fut aussi libre de ce bras que de l'autre qui n'avait pas été malade.

    Quand il est parvenu à l'âge de l'adolescence, la sainte Vierge ajoutant un second et plus grand bénéfice à ce premier, lui a impétré la grâce de la vocation à l'état monastique dans l'ordre des PP. Récollets, où il vit encore en bon religieux, étant à présent dans le couvent des PP. Récollets de Moissac.

    Ainsi, depuis l'an 1644 jusqu'à l'époque désastreuse de la révolution, y eut-il, à Bruguières, un échange non interrompu de grâces spirituelles et de faveurs temporelles de la part de Marie, et de pieux hommages, de prières ou de témoignages de reconnaissance de la part du peuple fidèle.

    C'était surtout pendant le mois de mai que les paroisses du voisinage se rendaient en procession à la chapelle du couvent des Dominicains, où se conservait le précieux dépôt de la statue miraculeuse.

    Aux jours de tourmente révolutionnaire, l'église de Notre-Dame eut le sort d'un grand nombre d'édifices religieux.

    Aliénée par l'Etat, elle fut broyée sous le marteau du vandalisme de l'époque : la statue que les démolisseurs traînaient vers le bûcher qui consumait déjà le retable et les lambris dorés de la chapelle, fut achetée à vil prix par une bonne villageoise, qui la tint cachée dans la paille de son lit jusqu'au temps où, secondée par un homme influent du pays, elle put la rendre à la vénération publique.

    Les souverains pontifes Urbain VII et Clément XI avaient enrichi l'antique sanctuaire de précieuses indulgences.

    Ce fut une grande joie pour les populations des contrées si religieuses des environs de Toulouse d'apprendre que ces faveurs spirituelles avaient été transférées par Pie VII à l'église paroissiale où la statue occupait un des principaux autels, et qu'il leur était permis de revoir et de vénérer encore la Mère de Dieu dans cette Image chérie de leurs pères, et qui avait été si longtemps l'instrument de tant de bénédictions et de faveurs si éclatantes.

    Les pèlerinages reprirent avec enthousiasme.

    Plus tard cependant les processions qui avaient lieu à Bruguières causèrent des alarmes : des abus viennent quelquefois dénaturer les pratiques les plus saintes.

    Dans sa sagesse, l'autorité ecclésiastique crut devoir en interrompre le cours.

    Les fidèles baissant la tête sous la main révérée qui leur imposait un si grand sacrifice, ont renoncé à ces témoignages extérieurs de culte ; mais ils montrent par leur ferveur qu'ils savent apprécier le trésor caché dans l'antique Image de leur Mère.

    Les exercices du mois de mai s'y célèbrent avec une édifiante piété ; la fête de la Nativité y attire un concours nombreux ; tout récemment, une paroisse voisine a obtenu l'autorisation de se rendre en procession à la chapelle de Notre-Dame de Grâce, faveur qui montrerait bien, s'il eût pu y avoir du doute à ce sujet, quelle était la pensée de l'autorité ecclésiastique dans la mesure rigoureuse que les circonstances lui avaient fait prendre.

    Puisse la génération présente rivaliser avec celles qui l'ont précédée, de zèle, de dévouement, de pieux hommages envers la dispensatrice des grâces, rendue sensible à leurs yeux par cette Image que rendent vénérable et chère tant de souvenirs !

    Marie, de son côté, ne sera pas moins empressée à protéger les enfants qu'elle ne l'était à protéger leurs pères, et à montrer à son peuple que les trésors de dons célestes mis à sa disposition, sont aussi inépuisables que la tendresse de son cœur.

    Source : Livre "Histoire des principaux sanctuaires de la mère de Dieu, Volume 2" par Firmin Pouget

    En savoir plus :

    http://www.mairie-bruguieres.fr/histoire.asp

    http://toulouse.catholique.fr/IMG/pdf/Depliant_ND_de_Grace.pdf