Notre-Dame de Ceignac (Calmont)

L'origine de cette chapelle remonte à une époque très-reculée ; elle avait sans doute été déjà reconstruite, quand on fut obligé de l'agrandir à cause de l'affluence des pèlerins qui s'y rendaient de toutes parts.

On y voit encore des ex-voto qui datent de fort loin, entre autres un beau tableau de l'Assomption placé dans le chœur, et deux candélabres de bronze, donnés par les ducs d'Arpajon.

Jean, l'un de ces princes, voulut être enterré à Notre-Dame de Ceignac, et l'on y voit son image, en relief, entre celles de saint Jean-Baptiste et de saint Christophe.

De l'autre côté du sanctuaire est représenté un palatin hongrois, agenouillé devant la Vierge avec un des gentilshommes de sa suite.

Ce seigneur, affligé à la fleur de l'âge de la plus triste cécité, partit des bords du Danube, avec cent hommes d'armes, pour venir demander à Notre-Dame des Monts une guérison qu'il ne pouvait espérer que par miracle.

Il s'embarqua sur l'Adriatique, longea les côtes d’Italie et entra dans le golfe de Lyon ; mais une affreuse tempête détruisit sa flottille, et il fut jeté à la côte avec un seul écuyer.

Affligé de ce cruel événement, mais ne perdant pas confiance, il s'enfonça dans les montagnes du Languedoc, et parvint, après des fatigues inouïes, sur les bords de la Viaur.

Un chasseur qui tendait des lacs le long de la rivière leur enseigna un gué et les conduisit sur une éminence d'où l'on apercevait la chapelle.

Le palatin ne la vit pas ; mais il entendit le gai carillon des cloches et il se prosterna pour remercier Dieu et Notre-Dame de l'avoir amené au terme de son voyage.

Il entra avec une humble piété dans la célèbre église, fit chanter une messe à l'autel de la Vierge, et demeura en prière longtemps après que le saint sacrifice fut terminé.

Tout à coup un grand bruit se fit entendre ; des gens d'armes entraient dans la chapelle.

Le palatin leva instinctivement ses yeux, depuis si longtemps privés de la lumière du ciel ; il reconnut sa bannière et ses gentilshommes.

Tous ensemble rendirent grâces à Notre-Dame d'un si heureux prodige, et le prince offrit à son auguste bienfaitrice six lampes d'argent massif. Il fit aussi élever une croix sur la montagne, où il s'était arrêté pour prier, et il fit sculpter dans le chœur de l'église son image et celle de son écuyer.

Plusieurs autres lampes non moins riches, des ornements précieux, des ex-voto de toutes sortes furent donnés à Notre-Dame de Ceignac par d'illustres personnages et par la foule des pèlerins.

Un grand tableau fut offert par la ville de Rhodez, dont les magistrats vinrent en corps, en 1652, supplier Marie de préserver leur cité de la peste.

Le fléau s'arrêta aux portes de la ville, et une si miraculeuse protection étendit au loin la renommée du sanctuaire de Ceignac.

Cette église, pittoresquement située, n'est pas un monument remarquable au point de vue de l'art ; mais on ne peut la visiter sans être saisi d'un saint respect ; car tout y rappelle la puissance et les bienfaits de la mère de Dieu.