• Marciac, chapelle Notre-Dame de la Croix

     
     

     

    Marciac

    Chapelle Notre-Dame de la Croix

     

     

    Marciac, chapelle Notre-Dame de la Croix

    Carte postale de la chapelle Notre-Dame de la Croix

     

    Mais ce qui fait de nos jours sa plus grande illustration, c'est la chapelle de Notre-Dame de la Croix, à Marciac, chapelle non moins remarquable par sa situation pittoresque que par le concours des populations qui s'y rassemblent.

    L'apparition de la Vierge

    En 1653, lorsque la peste ravageait Marciac et les pays circonvoisins, la sainte Vierge apparut dans la campagne, entourée d'une lumière éclatante, à une femme du peuple, et lui dit que le fléau cesserait si on lui élevait, en ce lieu-là même, une chapelle sous le titre de Notre-Dame de la Croix.

    Quand la pauvre femme, à son retour en ville, raconta ce qui lui était arrivé, on la traita de visionnaire.

    Cependant le fléau redoublait d'intensité ; dix personnes avaient succombé dans la journée ; le soir, la sainte Vierge lui apparaît de nouveau et lui ordonne d'insister ; elle obéit ; on la tourne en dérision, comme la première fois.

    Enfin, le mal augmentant toujours, on se décide à essayer le moyen qu'elle proposait.

    On va en procession au lieu désigné par elle ; on le bénit, et à peine a-t-on posé la première pierre que le fléau diminue d'intensité ; à mesure que les murs s'élèvent, il diminue encore, jusqu'à ce qu'enfin l'état sanitaire ait repris son cours normal.

     

    Cette chapelle reçut bientôt des legs nombreux, des fondations considérables ; des quêtes furent faites dans tout le diocèse par mandement des vicaires généraux ; et les souverains pontifes lui accordèrent beaucoup d'indulgences.

    Les peuples y accoururent, aux fêtes solennelles de la sainte Vierge ; des populations entières s'y agglomérèrent, venues quelquefois de lieux fort éloignés ; et à leur entrée en ville, elles étaient reçues par le curé de Marciac et son clergé, qui, après l'accolade fraternelle donnée aux chefs de chaque paroisse, les conduisaient jusqu'au pied de l'autel.

    Aujourd'hui encore, le lundi de la Pentecôte, des populations en masse y viennent processionnellement, croix et bannière en tête, sous la conduite de leur pasteur.

    En 93, la chapelle fut dévastée, les ex-voto enlevés, la voûte abattue, les autels brisés, la statue jetée dans un puits.

    On retira plus tard cette sainte image mutilée ; et quand luirent des jours meilleurs, on la plaça solennellement la où elle est encore aujourd'hui.

    Enfin, en 1816, les acquéreurs rendirent la chapelle à la fabrique de l'église de Marciac ; on la répara, et bientôt le culte y fut rétabli.

    Cette chapelle a dix-neuf mètres de long sur onze de large.

    Son maître-autel de marbre jaspé et le tabernacle de marbre blanc sont surmontés d'un tableau représentant la Mère de Douleur assise au pied de la croix, le corps inanimé de son Fils sur ses genoux.

    Au-dessus d'un des autels latéraux est représentée Marie délivrant, par la vertu du scapulaire, des âmes du purgatoire ; au-dessus de l'autre autel, vous voyez sainte Anne instruisant la sainte Vierge ; contre les murs, une gravure encadrée représente le sanctuaire, tel qu'il était au commencement du dix-huitième siècle, et contient le récit d'une guérison obtenue le 15 novembre 1736 ; enfin, au-dessus du portail se lit l'inscription suivante sur une tablette de marbre :

     

    MARCIACAM CUM DIRA LUES SUBVERTERKT URBEM,
    IPSAMET BANC JUSSIT HATER S1BI VIRGO DICARI
    SUR CRUCIS AUSPICIIS GNATIQUE INSIGNIBUS JEDEM.

    Cette église avait une confrérie des deux sexes sous le titre de Notre-Dame de Pitié, dont les membres devaient :

    1° payer trente deniers en argent ou en nature, au jour de leur réception, en mémoire des trente deniers pour lesquels Judas vendit le Sauveur ;

    2° communier aux fêtes de l'Invention et de l'Exaltation de la sainte croix, ainsi qu'à celles de l'Assomption et de la Nativité ;

    3° réciter tous les jours les litanies de la sainte Vierge ou cinq Pater et cinq Ave ;

    4° entendre tous les jours la messe, sauf empêchement ;

    5° visiter les confrères malades, les exhorter à la mort, les accompagner à la sépulture et prier pour eux ;

    6° faire, chaque année, quelque don en argent ou en nature pour l'entretien et l'ornement de la chapelle.

     

    Le 24 décembre 1682, Innocent XI accorda aux membres de cette confrérie une indulgence plénière le jour de leur réception, à l'article de la mort, et à la fête de l'Invention de la sainte croix, avec plusieurs indulgences partielles pour diverses œuvres de miséricorde.

    Benoît XIII, confirmant ces indulgences, en ajouta plusieurs autres, à raison, dit-il, des grands miracles que Dieu opère journellement dans cette sainte chapelle.

    Ces miracles, en effet, furent constatés au siècle dernier ; plusieurs l'ont été-également de nos jours ; de sorte que ce lieu de pèlerinage mérite a tous les titres la dévotion qui y attire les populations.

    Source : Livre "Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en France" par André Jean Marie Hamon