• Lille : Notre-Dame de la Treille

     

     

    Lille

    Notre-Dame de la Treille

     

     

     

    Il n'est pas facile de préciser l'origine de la dévotion du peuple de Lille envers Notre-Dame de la Treille.

    Selon quelques-uns, elle remonte à la fondation de l'insigne église collégiale Saint Pierre, vers l'an 1047 ; et la statue miraculeuse, que nous possédons encore, y était déjà honorée lors du terrible incendie qui consuma la ville, en 1213, sous le règne de Philippe-Auguste.

    On pourrait peut-être attribuer à ce désastre l'absence de documents authentiques sur l'origine d'une dévotion, qui fut chère aux habitants de Lille, jusqu'à la fin du siècle dernier.

    Du moins il est certain que l'image de Notre-Dame de la Treille, quand on se mit à rebâtir Saint-Pierre, y obtint une chapelle, et que les nombreuses offrandes des pieux serviteurs de Marie contribuèrent singulièrement à la magnificence de l'église.

    Il est également hors de doute, que le culte de cette image était généralement répandu dans la contrée en l'année 1269, puisqu'à cette époque fut instituée cette solennelle et pompeuse procession, connue sous le nom de procession de Lille, qui attirait une foule immense de pélerins.

    Le séjour dans nos environs, et les prédications de saint Bernard, abbé de Clairvaux , en 1131, n'avaient pas peu servi à étendre le culte de l'auguste Mère de Dieu.

    Depuis, les Pères de divers Ordres religieux vinrent successivement entretenir et accroître par leurs exemples, leurs discours et leurs écrits, cette précieuse dévotion à la bienheureuse Vierge.

    Citons entr'autres les enfants de saint Dominique, de saint François d'Assise, les Augustins, la Compagnie de Jésus et les Carmes de la Réforme de Sainte Thérèse.

    Aussi peut-on dire avec vérité, que Lille étaient l'une des ville qui offraient à l'édification publique le plus de monuments propres à attester sa tendre piété envers Marie. De quelque côté que l'on sortit de la ville, en quelque sens qu'on la traversât, partout s'offraient des chapelles et des images de la Sainte Vierge. Les différentes dénominations que les fidèles leur ont données, montrent assez les grâces qu'ils ont obtenues de leur bonne Mère.

    Les titres les plus ordinaires de ces images, dont plus de quatre-vingt ont échappé à l'impiété révolutionnaire, sont Notre-Dame de Paix , des sept Douleurs, de Bon-Secours, d'Assistance, de Délivrance, de Joie, de Miséricorde, de Foi, des Agonisants, de Bonne-Espérance, de Grâce, de Conservation, etc. etc.

    Ne sont-ce pas autant d'émanations de la dévotion primitive du peuple de Lille envers Notre-Dame de la Treille, et autant de fruits de la piété originaire d'une cité, dont la Mère de Dieu avait favorisé l'accroissement autour de son image ?  

    Description et histoire de la statue miraculeuse de Notre-Dame de la Treille

    Au rétablissement de Saint Pierre, avons-nous dit, on avait ménagé une chapelle à dessein de recevoir l'image de Notre-Dame de la Treille, déjà en vénération parmi le peuple.

    Cette statue est devenue si célèbre, que l'on doit désirer d'avoir sur ce sujet des détails circonstanciés.

    La statue est en pierre, peinte au naturel, elle a un peu plus de deux pieds et demi de hauteur ; sa pose est celle d'une reine séant en son trône ; elle a un sceptre dans la main droite ; et de sa gauche, elle soutient l'Enfant Jésus sur les genoux. La statue avec son piédestal est environnée d'un treillis en bois doré.

    De prime abord on ne découvre pas le but de la treille, autour de l'image de Notre-Dame, qui en a pris et conservé son surnom.

    On est porté à croire qu'on l'y aura placée pour suspendre les offrandes des fidèles ; peut-être aussi voulait-on rappeler que la bienheureuse Vierge était la grande protectrice de Lille, semblable à un chancelier qui, suivant l'usage d'alors, était entouré d'un treillis de fer, pour recevoir et entériner les suppliques des peuples.

    Or, la multitude des faveurs extraordinaires, et la facilité avec laquelle on les obtenait, tant pour l'âme que pour le corps, en visitant l'image miraculeuse, ont pu faire naître la pensée de cette analogie ; une remarque peut confirmer dans cette opinion, c'est que, dans les anciens tableaux ou images, qui nous restent de Notre-Dame de la Treille, sont toujours représentées les armoiries de la ville.

     Quoiqu il en soit, cette image resta intacte jusqu'à la grande révolution du dernier siècle. L'insigne collégiale de Saint-Pierre, ayant été comme tant d'autres monuments, l'objet d'une cupidité et d'une rage sacrilèges, l'image de Notre-Dame de  la Treille fut jetée parmi les décombres, et l'on songeait à la briser, lorsqu'un pieux sacristain de la chapelle, nommé Albert Gambier ou Cambier, l'obtint à prix d'argent, de celui qui avait l'inspection des ruines, la porta chez lui, et la garda comme un trésor, l'honorant lui-même, et la laissant honorer par toutes les personnes qui venaient la visiter dans sa maison. Plus tard, cédant aux   vives instances d'un respectable marguillier de Sainte-Catherine, M. Lefebvre-D'hénin, il lui remit la precieuse image, espérant que par ses soins, elle recevrait plus d'honneur et d'hommages que dans l'habitation d'un simple particulier. Le but de M. Lefebvre-D'hénin était de la donner à son église paroissiale ; ce qu'il fit, à la grande satisfaction des fidèles. Accueillie avec une joie  universelle, elle fut reconnue par un bon nombre  de personnes, qui l'avaient tant de fois vénérée à Saint-Pierre, son antique sanctuaire. Tous les anciens dirent d'une voix unanime que c'était réellement leur Vierge chérie, évidemment la  même Dame de la Treille, qu'eux et leurs an cêtres avaient connue. On la portait aux proces sions du très-saint Sacrement et de l'Assomption : une chapelle (actuellement dite des trépassés), lui fut assignée au bas de l'Eglise, sur la gauche.

    Quelques années plus tard, elle fut transportée dans le chœur, derrière le Maître-Autel. Elle est  aujourd'hui dans la chapelet principale qui porte son nom, où elle se trouve depuis l'inauguration  du mois de Marie. Elle est posée comme elle l'était autrefois à Saint-Pierre, au témoignage de plusieurs témoins oculaires, qui ont vu l'une et l'autre chapelle, avec la Vierge, qui en fait la gloire, et déjà l'amour et la confiance sont en possession d'attirer de nouveau les fidèles devant  l'image de leur puissante patronne.

     

    Les premiers miracles de Notre-Dame de la Treille

    O  n ne peut guère découvrir d'une manière certaine, si avant 1254 Notre-Dame de la Treille s'est fait connaître par des miracles.

    Mais, cette année précisément, elle les fit éclater en  grande abondance.

    Avec ces faits prodigieux et consolants redoubla la dévotion des habitants de

     Lille. Ils négligèrent cependant d'en recueillir les détails, et il ne nous en est parvenu d'autre trace, que la Festivité nouvelle de la Vierge, ( dont nous parlerons plus au long ), instituée en moire (les miracles opérés en l'année 1254. La Foi simple de cette époque se contentait de les  croire, s'attachant plus encore à la Vierge, qu'aux merveilleux effets de son intercession, dont néanmoins le souvenir était perpétué par la tradition orale ; bien que leur réalité ne fût point constatée par des pièces authentiques.

    D'ailleurs, est-il hors de vraisemblance que des actes dressés en leur temps dans les formes requises, aient péri  au milieu des guerres et dans les divers incendies qui désolèrent notre cité ?

    Quelle que soit la cause de l'absence de ces précieux documents, on ne saurait raisonnablement douter, qu'il se soit opéré dans le 13e siècle de vrais miracles, comme l'indiquait un tableau suspendu au milieu du chœur de Saint-Pierre. On y lisait que la procession de l'octave de la sainte Trinité avait été instituée en cette Eglise, en révérence des miracles, qui avaient commencé par l'intercession de la glorieuse Vierge Marie. 

    Voilà donc des miracles qui étaient certains, lors de l'institution de cette première procession ; or, que cette institution ait eu lieu en 1269, c'est un fait avéré, dont la date est incontestable ; nulle histoire ne la rapporte autrement. D'après le texte cité, il s'agit d'un côté, non d'un miracle isolé, mais d'une série de miracles qui avaient commencé précédemment et d'une manière ostensible ; de l'autre, d'un monument public, érigé en présence de témoins oculaires, auxquels on semblait en appeler. Il est plus facile encore d'établir que ces faits miraculeux continuèrent à se produire jusqu'en 1671.

    De plus, on peut invoquer les témoignages de la comtesse de Flandre, Marguerite, de Guy, son fils, la lettre d'un Légat  du saint-siége, et surtout l'établissement de la  confrérie de Notre-Dame de la Treille.

    La solennité avec laquelle s'inaugura cette confrérie, les personnages illustres qui s'y inscrivirent publiquement, supposent nécessairement un éclat extraordinaire, jeté au loin par l'image de Notre-Dame de la Treille, et qui ne peut raisonnablement s'expliquer que par un grand nombre  de prodiges.

     
    Origine de la confrérie de Notre-Dame de la Treille

    Tous les historiens s'accordent généralement à placer l'institution canonique de la confrérie de Notre-Dame de la Treille, en 1254.

    Voici ce que, dans une adresse aux lecteurs, le père Vincart dit avoir découvert au sermon 8 de Rosario, du R.P. Corneille Snékis, prédicateur de l'ordre de saint Dominique. "Dans l'église de Saint-Pierre, à Lille, j'ai tenu entre les mains un ancien livre écrit sur parchemin, touchant l'institution d'une confrérie de la Dame appelée de la Treille, institution qui eut lieu l'an 1237 ; et là j'ai trouvé les noms de plusieurs filles pieuses, qui, au lieu d'une rétribution pour procurer à la confrérie les luminaires et autres choses nécessaires, ont offert des dons spirituels, tels que des psautiers de David et de la sainte Vierge.

    D'où il appert, conclut le P. Vincart, que cette confrérie a commencé plus tôt à s'établir, ensuite des premiers miracles de Notre-Dame de la Treille, par la dévotion particulière des fidèles : quoiqu'elle n'ait été confirmée et établie canoniquement que par le pape Alexandre IV, l'an 1254.»

    A cette époque 1254, Lille était gouvernée par Marguerite, comtesse de Flandre, fille de Bauduin IX, empereur de Constantinople, laquelle, à une piété rare, joignait une charité peu commune. Sa dévotion à la sainte Vierge servait de modèle à celle du peuple, qui se portait en foule aux chapelles de Marie, et principalement à la chapelle privilégiée de l'église Saint-Pierre, au sanctuaire de la célèbre image de Notre-Dame de la Treille, à cause des miracles qui avaient com mencé à s'y opérer. L'affluence de ces pieux fidèles et même de nombreux étrangers, de toute condition et de tout pays, avides de participer à ces grâces merveilleuses, fit naître la pensée de les unir par un lien commun, et d'instituer dans ce but une confrérie générale, sous la protection de Notre-Dame de la Treille.

    Ce projet s'exécuta  avec un concert unanime de suffrages et d'applau dissements. Le chapitre de Saint-Pierre s'y prêta de grand cœur, et la pieuse comtesse Marguerite, ainsi que Guy, son fils, l'accueillirent avec de vives démonstrations de joie.

    On conçoit que des personnages aussi recommandables par leur rang et leur mérite, contribuèrent beaucoup à rendre cette confrérie célèbre   en peu de temps. Restait à lui donner une forme canonique. Le chapitre de Saint-Pierre lui obtint du pape Alexandre IV, une approbation solennelle, sous le titre de Notre-Dame de la Treille ; et, touché des miracles obtenus par l'intercession de la bienheureuse Vierge, le même pontife accorda à la confrérie de précieuses indulgences.

    Institution d'une fête et d'une procession en l'honneur de Notre-Dame de la Treille

    En  bruit des grâces et guérisons fréquentes, obtenues par Notre-Dame de la Treille, se répandait dans toutes les villes des comtés de Flandre et du Hainaut, et parmi les pélerins, qui arrivaient à Lille, pour se rendre droit à la chapelle miraculeuse, spécialement les affligés s'en retournaient, dit Turbelin, du tout ( tout à fait ) soulaqés et délivrés de leurs maux. Témoin de ces merveilles, et suivant l'esprit de l'Eglise, qui, à diverses époques, a établi des fêtes particulières pour reconnaître certains bienfaits signalés, le chapitre de Saint-Pierre crut devoir entretenir et s'il était possible, accroître la dévotion envers Notre-Dame. Il arrêta qu'annuel lement, le dimanche après la fête de la sainte Trinité, tout le clergé célébrerait avec grande pompe l'office de Notre-Dame de la Treille, et que la solennité s'apellerait la Festivité nouvelle de la Vierge. Le peuple de Lille en  ressentit une véritable joie, et chaque année,  l'affluence était telle que l'église ne pouvait contenir tous les pieux fidèles. C'était encore trop peu pour satisfaire leur amour envers leur Vierge chérie. Depuis quinze ans que les miracles avaient commencé, messieurs du chapitre, les voyant se multiplier d'une manière  merveilleuse, conçurent le dessein de rendre plus solennelle encore la Festivité nouvelle. Ils y ajoutèrent une procession des plus magnifiques, à laquelle la comtesse Marguerite concourut de tout son pouvoir. Au mois de février  1269, elle écrivit pour la Flandre et le Hainaut une lettre, monument éternel de sa piété et de la noblesse de ses sentiments. Elle y octroie de grands privilèges ; c'est là que l'on voit Notre-Dame de la Treille, pour la première fois proclamée Notre-Dame de Lille, comme le proclamèrent aussi messieurs du magistrat de la ville, dans la publication de la procession, et de la franchise qui lui était annexée.

    Première procession en l'honneur de Notre-Dame de la Treille, et ce qui la suivit.


    Sans doute, on sera charmé d'avoir une idée de ce genre de dévotion populaire, si propre à produire dans les esprits et les cœurs les plus heureux résultats. Voici quelques détails sur ces magnifiques processions,
    célébrées en l'honneur de Notre-Dame de la Treille.

     

    L'an 1269, le deuxième jour de Juin, le dimanche après la fête de la très-sainte Trinité, eut lieu la première de toutes. Il fut arrêté que, sortant de l'église de Saint-Pierre, elle marcherait par les rues royales jusqu'à la porte dite des malades.

    La veille, plusieurs députés, choisis entre les chanoines de la collégiale et messieurs les magistrats de la ville, accompagnés d'experts, avaient été à cheval, s'assurer de l'état et de la propreté des chemins, et faire la visite des rivières, ponts et autres lieux, qui auraient offert quelques difficultés.

    Au départ de la procession, deux échevins avec deux sergents, réglaient la marche. S'avançaient les maîtres de métiers, des torches à la main, les connétables des archers et arbalétriers, à la tête d'une troupe nombreuse, tous en armes brillantes.

    A leur suite les confrères des Saints Lieux, les religieux de Saint Dominique, les Franciscains dits Frères mineurs de l'Observance, tout le clergé de la ville, chantant des hymnes et des prières à la gloire de la Reine du Ciel, les instruments d'une brillante harmonie succédaient alternativement à ces chants graves : puis venaient les bourgeois, portant des flambeaux.

    Après cet imposant cortège, paraissait sous un dais magnifique la noble et très-précieuse châsse de Notre-Dame, appelée la bonne Fierte, toute dorée, ornée de pierreries, tenue de toute antiquité en grand honneur et sin gulière vénération, à cause des reliques insignes qu'elle renfermait, entr'autres, croyait-on, des cheveux de la sainte Vierge. Elle était toujours accompagnée tant en dedans qu'au dehors de la ville, par le bailli de Lille, ou son lieutenant, et ses huissiers ; suivaient les magistrats accompagnés des personnages les plus éminents en  dignité. Un peuple innombrable, formant deux haies compactes, marchait partie devant, partie derrière le clergé, les uns nus-pieds, les autres tenant un chapelet qu'ils arrosaient souvent de leurs larmes, et tous la tête découverte, invoquant avec ferveur Marie, patronne de leur ville.

    Ce touchant spectacle se réitérait neuf jours consécutifs, avec le même ordre et toujours la même dévotion.

    Le pouvoir civil avait secondé, et il entretint encore la piété des habitants par de nouveaux privilèges.

    La comtesse Marguerite et Guy de Dampierre, son fils, donnèrent l'année suivante, 1270, le jour de la Sainte Trinité, d'autres lettres en confirmation de la procession et au regard des étrangers ils octroyèrent, que ceux qui n'avaient pas la liberté de venir dans la ville, pour quelque forfait, non-seulement pourraient venir le dimanche, mais dès le samedi devant, au midi, afin qu'entrez en ville avec plus de tranquillité, moins de fatigue et meilleure préparation, le jour en suivant, pourraient assister à la procession, et faire ou le soir du samedi, ou le matin du dimanche, tout devoir de gagner les indulgences, etc...

    Les souverains pontifes et leurs légats en accordèrent effectivement de très précieuses : A ce sujet, on peut voir les lettres de Radulphe, évêque d'Albanie et légat du saint-siège, en date d'Angers, du 3 septembre 1269 ; du nonce apostolique, à Rouen, Nicolas, prêtre et cardinal du titre de Sainte Croix de Jérusalem, en 1431 ; de Clément VIII, le 27 septembre 1602, de Mgr Jean Cheverot, évêque de Tournai, le 2 juin 1460, de Guillaume Fillastrius, son successeur, le 3 juin 1463 ; de Mgr Ferryc de Clugny, aussi évêque de Tournai, cardinal, en date du 8 novembre 1480.

    La concession de ces indulgences, l'admission d'un plus grand nombre de saintes reliques, l'augmentation du corps de musique sacrée près de la châsse de Notre-Dame, eurent pour résultat de soutenir la dévotion des fidèles et des confrères : aussi laissait-elle une salutaire impression, qui produisait d'heureux effets, même au dehors. Durant l'octave, il y avait affluence à Saint Pierre, tout le jour ; des familles entières, après le repas du soir, venaient prier à la chapelle miraculeuse, devant les saintes reliques, y allumaient des cierges, et quelquefois, jusque bien avant dans la nuit, la nef restait garnie de fidèles en prières. Le lendemain, à l'aurore, d'autres arrivaient et se préparaient, après avoir salué l'image de leur puissante patronne, à faire le tour de la procession.

    En 1634 et 1635, on en compta plus de 10,000 en un même jour ; ils portaient à la main un petit drapeau orné des images de Notre-Dame et de saint Pierre, et certes, cette dévotion est si particulière à ce peuple, de faire une fois au moins le tour de la ville, durant l'octave de la procession, que plusieurs tiendraient avoir fait faute de bon bourgeois, d'y manquer, etc. *

    Pour clore enfin la neuvaine, le lundi qui suit le troisième dimanche après la Pentecôte, se célébrait à Saint-Pierre une fête spéciale, sous le  titre de Reposition des saintes Reliques, avec presqu'autant de pompe que la Festivité nouvelle.  

    Est-il possible de trouver ailleurs un plus bel ensemble de vénérables autorités, de personnages  graves et d'augustes cérémonies, pour témoigner de la dévotion du peuple de Lille envers Notre- Dame de la Treille, et de l'impression extraordinaire, qu'avait laissée dans tous les esprits cette  protection de Marie, qui se signalait par une multitude incessante de miracles de tout genre !
     
    Quelques autres détails sur la dévotion de Notre-Dame de la Treille
     
    La confrérie de Notre-Dame de la Treille, instituée par affection pour la très-sainte Vierge, prit sans doute de là le nom de Charité de Notre-Dame, CHARITAS B. VlRGINIS SEU DOMINE   Nostrae, titre que lui assignaient d'anciens regis tres et documents, consultés par le P. Vincart.

    Peut-être, vu que rien n'attire plus efficacement que l'amour, Marie fit-elle adopter ce nom de Charité, comme devant être un attrait à s'enrôler dans sa Confrérie, sans distinction de pays, & de mœurs et de langage. On trouvait enregistrés un grand nombre de personnes venues d'Allemagne ; il y en avait d'Amiens, de St.-Quentin, de Paris, de Cologne, etc. ; et l'on a remarqué que les haines allaient en s'apaisant parmi les fidèles, dès que leurs noms se rencontraient dans la Confrérie. Les parents s'inscrivaient eux-mêmes avec leurs enfants, et promettaient d'inscrire en leur temps, ceux que Dieu leur enverrait encore. 

    Les nouveaux mariés étaient dans l'usage de s'y faire recevoir conjointement, quoiqu ils y fussent déjà séparément inscrits. Plusieurs allèrent plus loin ; des chapelains de Saint-Pierre en ont pris leur titre et leur dénomination, et l'un d'eux, laissant son nom de famille, se fit appeler de la Treille de Notre-Dame ; d'autres, en portaient au doigt des anneaux d'or et d'argent, avec ces mots : Notre-Dame de la Treille.

    Outre que les libéralités des confrères, en faveur de leur Vierge chérie, contribuèrent à rétablir l'église ruinée de Saint-Pierre, plusieurs per sonnes, tant ecclésiastiques que séculières, lais sèrent de leurs biens à cette chapelle, et y firent d'importantes fondations.

    Philippe, duc de Bourgogne, consacre les chevaliers de la toison d'or à Notre-Dame de la Treille, et fait restaurer sa chapelle

    Philippe, duc de Bourgogne, comte de Flandres, surnommé le Bon, tenait sa résidence à Lille, au palais connu encore sous le nom de Cour du roi. Il affectionnait beaucoup la Sainte Vierge, et avait une grande vénération pour son image de la Treille.

    Ce fut lui qui fit embellir la chapelle de Notre-Dame, comme on la voyait encore avant la révolution, l'image vénérée était au plus haut de l'autel, dans une niche en pierre du pays, ornée de plusieurs obélisques.

    La table de l'autel, en bois doré, représentait les principaux mystères de la Sainte Vierge, artistement sculptés en relief ; sur les côtés, avec son épouse Elisabeth de Portugal, paraissait le duc Philippe, en costume de chevalier de la Toison d'or. Cet ordre militaire lui devait son institution : il voulut, pour en rendre les membres plus respectables aux yeux des peuples, et plus fidèles à leurs devoirs, les consacrer à Notre-Dame de la Treille. Il tint donc la première assemblée à Saint-Pierre, le jour de saint André, l'un des patrons de l'ordre, 30 Novembre 1431. Les chevaliers  étaient au nombre de vingt-quatre et le prince les avait agréés pour compagnons d'une guerre sainte et illustre, et aux plus hautes entreprises, à quoi la foi et la piété les obligeraient, et choisis d'entre les principaux seigneurs de ses états, et les plus connus par leur valeur. Ils sortirent du palais en costume de chevalier, le duc à leur tête et à cheval. Ils furent reçus par les chanoines de Saint Pierre et tout le clergé : introduits dans le chœur, ils assistèrent à une grand'messe en musique, et tous se consacrèrent solennellement à Notre-Dame de la Treille. Au sortir de l'église, le prince donna dans son palais un repas somptueux ; ce qui ne les empêcha point de revenir tous assister aux vêpres de cette fête religieuse.

    En 1455, Philippe fit élever, au milieu de la chapelle de Notre-Dame de la Treille, un tombeau en marbre noir, orné de bronze, de la hauteur de cinq pieds, pour honorer la mémoire de ses aïeux, Louis de Mâle, comte de Flandre, Marguerite, son épouse, et Marguerite, leur fille. Il assigna, sur ses domaines, des revenus pour faire célébrer, en l'honneur de Notre-Dame, et pour le repos de ses aïeux, deux messes tous les jours. Une autre fut fondée pour tous les samedis, à l'autel de Notre-Dame, où l'orgue devait être touché. Les indulgences qu'avait accordées, en 1433, le pape Eugène IV, avaient été sollicitées par une lettre écrite de la main même du prince.

    Hommage et consécration solennelle de Lille, à Notre-Dame de la Treille

    Une pieuse dame, ayant enfin obtenu du chapitre de Saint Pierre de décorer, avec une pompe nouvelle, l'autel de Notre-Dame de la Treille, on vit en 1634 une cérémonie non moins remarquable par la piété, que par l'affluence surprenante du peuple. Les travaux qui s'exécutaient, avaient forcé d'ôter la statue miraculeuse, de la place qu'elle occupait depuis plus de deux cents ans. Une procession générale fut arrêtée par messieurs du Chapitre, pour le jour où on l'y rétabli rait : le magistrat et les autres corps de justice, et d'administration publique, y furent invités.

    La sainte image, enrichie d'or et de pierreries, était portée par quatre chanoines, en surplis et en étole : deux stations se firent, l'une à l'Hôtel- de-ville, l'autre à l'hôtel de la Chambre des Comptes, et des motets en musique y furent  chantés ; puis la procession revenant par la paroisse de Sainte-Catherine, se termina à Saint-  Pierre, où furent chantées les Litanies, et l'image de Notre-Dame de la Treille fut replacée dans son sanctuaire embelli, objet de la dévotion et des libéralités continuelles des fidèles ; d'où l'ont chassée en 1792 les passions aveugles de quelques hommes avides de révolution.  

    La piété du peuple de Lille envers sa bienheureuse patronne, allant toujours croissant, le Chapitre de Saint-Pierre conçut le dessein d'en transmettre aux générations futures un monument  durable, et de consacrer pour toujours à Marie la ville tout entière. A ce sujet, il envoya une députation à messieurs du Magistrat, qui par l'organe de Vasseur, leur mayeur, répondirent très-gracieusement : « Qu'ils feraient volontiers  tout ce qui était à l'honneur de la sainte Vierge Notre-Dame de la Treille. C'est pourquoi ils accordaient de faire chanter une Messe solenne//e, à l'autel de la même Vierge,  en l'église  de Saint-Pierre, ils assisteraient en Corps, et feraient porter les clés de la ville sur l'autel, et offrir à Notre-Dame, à la Messe ; l'acceptant  de nouveau pour patronne tutélaire de la cite ; qu'à cette fin ils feraient porter par leur héraut, Le LabarUm , ( ou étendard ) de la dédicace ; lequel demeurerait en ladite chapelle pour témoignage  authentique de cette dévotion. » De concert, on choisit le 28 Octobre 1684, jour des saints Simon et Jude, Apôtres : la veille, le signal de la solennité fut donné par les grosses cloches de Saint-Etienne et de Saint-Pierre. Le matin, vers huit heures, au son des tambours, défila un cortége de jeunes gens richement vêtus et portant les titres des litanies de la sainte Vierge, sur des écussons artistement sculptés dont ils firent don à la chapelle de Notre-Dame de la Treille.

    Sur les neuf heures, sortirent de l'Hôtel-de-Ville, Messieurs du Magistrat, précédés de leur Héraut portant le labarum peint sur un
    blanc, avec l'image de Notre-Dame de la Treille.

    Elle regardait amoureusement la ville de Lille représentée plus bas avec cette inscription : Tous seront inscrits dans votre livre ; livre allégorique qui était censé contenir les noms   des associés...

    Source : Livre "Histoire de Notre-Dame de la Treille"

    En savoir plus : Livre "Histoire de Notre-Dame de la Treille: patronne de la ville de Lille"

     

     

     

    - La cathédrale Notre-Dame de la Treille

    - Prière à Notre-Dame de la Treille