• Les dévotions des églises du Nord : Roubaix

     
     

     

    Les dévotions des églises du Nord

    Roubaix

     

     

     

    La chapelle Carette

    Notre-Dame d'assistance, priez pour nous.

    Avant la Révolution française, il existait à Roubaix, sur le chemin de Blanche-Maille, à l'entrée du sentier qui forme actuellement la rue du Haut Fontenoit, une chapelle dédiée à Notre-Dame d'assistance, appelée vulgairement la chapelle Carette, du nom de celui qui en fut établi le premier gardien, Louis Carette, appariteur (1).

    (1) Ou appelait appariteur, le messager qui faisait le service de la correspondance du Doyen avec l'évêché et les curés du Décanat. Le dernier appariteur de Roubaix se nommait Brice. C'était un marcheur distingué, On l'a vu plusieurs fois partir le matin pour Lille et revenir, sans trop de fatigue, coucher chez lui le même jour, en passant par Tournai, Courtrai et Menin, après s'être acquitté, dans ces quatre villes, des différentes commission dont il était chargé.

    Pierre Delebecque-Jonville la fit bâtir en 1718. — C'était un riche cultivateur, dont la ferme se trouvait à l'endroit où se voit aujourd'hui un estaminet sous l'enseigne de la Fosse Cuvelle. La bénédiction de la chapelle eut lieu le 21 juillet 1718, par M. Debadts, curé de Roubaix ; mais sans solennité, à cause de la misère du temps, suivant les prescriptions de l'autorisation épiscopale.

    A en juger par ce qui restait encore des fondations en 1817, cette chapelle avait cinq mètres de largeur sur six à sept mètres de longueur. La façade était surmontée d'un joli campanile renfermant une cloche qui se faisait entendre à une très grande distance. Jamais on n'y a célébré la messe ; mais à certains jours, particulièrement les samedis et dans le temps du carême, quand les chemins n'étaient pas trop mauvais, les voisins s'y réunissaient pour des exercices de piété, pour chanter les litanies de la Sainte-Vierge, réciter le chapelet ou entendre quelques lectures édifiantes. La réunion était convoquée au son de la cloche.

    On dit qu'en faisant construire cette belle chapelle, M. P. Delebecque y a voulu laisser après lui un témoignage public de sa reconnaissance envers l'auguste Marie, à qui il rapportait le bonheur d'être sorti sain et sauf des mains des Catulas. C'étaient de vrais et hardis bandits, organisés par bandes, à pied et à cheval, à l'époque des guerres de Louis XIV, et ne vivant que de brigandages. * Ils tenaient en leur pouvoir la ville fortifiée de Ath en Hainaut, d'où ils se répandaient dans les campagnes, principalement dans celles du Tournaisis, emportant tout ce qui leur tombait sous la main : vivres, bestiaux, fourrages, etc. Les fermiers aisés étaient emmenés captifs, et ne recouvraient la liberté qu'en payant une forte rançon. Roubaix avait de temps à autre leur visite. A leur approche, on sonnait le tocsin ; les bourgeois se réfugiaient dans le château-fort jusqu'au départ des pillards, dont l'apparition au même lieu était toujours de courte durée ; les fermiers se sauvaient de leur mieux avec leurs chevaux et leurs vaches.

    Un matin, avant qu'on ait été prévenu de leur présence à Roubaix, les Catulas rencontrent Pierre Delebecque dans la ruelle Cuvelle, se saisissent de lui, et l'entraînent dans les champs de la ferme de Bas-Fontenoit, où ils le dépouillent entièrement de ses habits. Le malheureux prisonnier, attendant la mort à chaque instant, se recommandait à la Mère de Dieu, à Notre-Dame d'assistance, qui ne l'abandonna point ; car tout à coup, et sans lui faire aucun mal, les bandits le laissèrent, emportant seulement ses vêtements. Il se jeta dans un champ voisin où il attendit la nuit pour regagner son logis.

    A la fin du siècle dernier, lors de la dévastation des églises, la cloche de la chapelle fut enlevée au nom de la République, ainsi que la statue de la Sainte-Vierge, qu'on n'a pas retrouvée. — Louis Delebecque-Delemazure, fils du fondateur, dans l'espoir de conserver au moins les murailles du monument de la piété et de la reconnaissance paternelles, fit descendre la toiture avec le campanile et convertit la chapelle en un hangar qu'il remplit d'instruments aratoires. Cette pieuse ruse n'eut point de succès. Bientôt arrivèrent, armés de pioches, les démolisseurs qui rasèrent les murs, creusèrent même dans les fondations, persuadés d'y trouver un trésor à côté de la première pierre.

     

    La chapelle Carette sortit de ses ruines en 1817, et voici à quelle occasion. Au mois de juillet de cette année, Louis, fils unique de M. Jean-Philippe Delebecque, et arrière-petit-fils du fondateur, fut pris d'une violente fièvre qui, en peu de jours, le conduisit aux portes du tombeau. Un soir, M. Gauguié, excellent médecin de la localité, avait annoncé qu'il était impossible que le malade passât la nuit. Le père au désespoir, le voyant au moment de rendre le dernier soupir, lève les yeux vers Marie, et fait le vœu solennel de rebâtir l'ancienne chapelle et d'en faire poser la première pierre par son fils, s'il guérit. Au même moment la vie sembla renaître dans le corps du moribond, et ce mieux progressa toute la nuit. Le matin, le bon M. Gauguié, arrivé de très bonne heure pour consoler le père, son ami intime, en approchant du lit où il croyait ne plus trouver qu'un cadavre, remarque avec une indicible surprise que le malade va mieux, qu'il est hors de tout danger et en voie de convalescence.

    Chacun appréciera cette guérison si inattendue à son point de vue. Nous constatons le fait d'après le témoignage même de M. Louis Delebecque, qui était le malade, et de sa sœur Lucie, encore vivants et parlants.

    Dans le mois d'août suivant, 1817, M. Louis Delebecque posa la première pierre de la nouvelle chapelle dont la bénédiction eut lieu, la même année, par M. Roussel, doyen de Roubaix, avec l'autorisation de Mgr. l'évêque de Cambrai. — Elle était construite avec un campanile sur le modèle de la première ; mais dans de moindres proportions. — On rétablit en même temps les pieux exercices qui s'y pratiquaient avant 1789.

    De 1820 à 1830, ces exercices étaient souvent présidés par Clovis Ferret, très-fervent chrétien, mais sans intelligence, ni jugement. Né à Roubaix, de parents pauvres, il est mort, jeune encore, dans la maison de l'Hommelet, près Lille. Ferret avait été favorisé d'une mémoire prodigieuse qui lui faisait retenir textuellement les sermons qu'il n'avait entendus qu'une seule fois. Le doyen de Roubaix, M. Roussel, voulant s'assurer par lui-même de tout ce qu'on disait de ce prodige de mémoire, l'appela au presbytère, un jour que M. l'abbé Brédart avait prêché dans son église, et lui dit de rapporter par cœur un long sermon qu'il venait d'entendre sur la vanité des choses de la terre. Il le fit mot à mot. M. Haeu, alors vicaire, soumit Ferret à la même épreuve pour un sermon qu'il avait donné le dimanche précédent ; le résultat fut le même.

    Ces pieuses pratiques se continuèrent à la chapelle Carette jusque vers le milieu de ce siècle, où l'agglomération de nouvelles maisons dans ce quartier et le roulement incessant des voitures ne permirent plus d'en faire un lieu de recueillement et de prières. Comme la chapelle se trouvait placée à plusieurs mètres en avant des maisons de la rue de Blanche-Maille, et embarrassait l'entrée de la rue du Haut-Fontenoit, l'administration municipale pria M. L. Delebecque et sa sœur de vouloir bien, dans des vues d'utilité publique, consentir à sa démolition. Les intéressés cédèrent, non sans un vif regret, à des instances réitérées et la firent démolir en septembre 1858. La cloche a été donnée aux RR. PP. Récollets, qui réserveront aussi dans leur église une place honorable pour la statue de Notre-Dame d'assistance.

    Source : Livre "Histoire de Roubaix, Volume 2" par Théodore Leuridan

     

    L'église Saint Jean-Baptiste

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    L'église Saint Martin

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    L'église Saint Michel

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    L'église Saint Paul

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    L'église Sainte Élisabeth

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