• Les dévotions des églises du Nord : Bailleul

     
     

     

    Les dévotions des églises du Nord

    Bailleul

     

    Le mal des ardents

    Au commencement de l'année 1626, une maladie qui, disait-on, avait pris naissance près d'Ypres, se déclara dans la Flandre flamande.

    C'était une épidémie dont on n'avait entendu parler depuis le commencement du douzième siècle ; la maladie consumait le corps, le rendait aussi noir que le charbon, faisait pourrir et tomber les membres.

    Beaucoup de monde en mourait et la médecine ne pouvait lui trouver deremède.

    Au milieu de la désolation générale, quelques personnes pieuses s'adressèrent à Dieu, invoquèrent saint Antoine dans sa chapelle près de Bailleul et en obtinrent guérison.

    Dès ce moment, la maladie régnante reçut le nom de « Sint Antonius-Vier » feu de saint Antoine, que l'on appelait aussi autrefois le mal des ardents.

     

    Parmi les nombreux miracles que l'on énuméra, on remarqua ceux-ci :

    Un jeune homme de Meteren, Pieter Storm, âgé de 16 ans, est atteint au bras de la maladie ; il souffre des douleurs atroces. Désespéré de se guérir, il se décide à aller à Bailleul pour invoquer saint Antoine. Dès le troisième jourles douleurs cessent, et le neuvième jour il est complètement guéri.

     

    Une nommée Maria, veuve de Pierre Barizel, demeurant à Bailleul, tombe malade vers la Chandeleur (2 Février). Un grand feu se déclare à sa hanche et gagne le genou. Il est impossible de porter remède à ses souffrances ; et, dans son désespoir, elle promet d'aller servir saint Antoine ; mais comme elle ne peut marcher, elle s'adresse à des prêtres de la confrérie de Jésus qui se chargent d'accomplir le vœu de la bonne dame. Peu de jours après elle est guérie.

    Un homme de Saint-Sylvestre-Cappel est frappé du feu sacré au bras avec une forte enflure et des douleurs si aiguës qu'il n'en peut dormir ni nuit ni jour. Les médecins le visitent et l'abandonnent. Dans ces entrefaites on l'entretient des guérisons qu'opère saint Antoine sur plusieurs personnes. A l'instant il prend une bonne résolution, met sa confiance en Dieu et se rend en pieux pèlerin à la chapelle de Bailleul. A peine y est-il en prières que l'enflure diminue, les douleurs cessent, et, à quelques jours de là, le malade est radicalement guéri.

    Une fille du nom de Maria, en condition chez le brasseur Jean Rabaudt, de Cassel, est atteinte au bras du feu saint Antoine. Elle se rend immédiatement en pèlerinage à Bailleul, prie et communie en grande dévotion, et en peu de temps elle est guérie. Mais, à quelques jours de là, son autre bras et ses jambes sont frappés du même mal : Elle ne peut marcher. Alors elle ne voit d'autre moyen pour en obtenir la guérison, que de s'adresser au Ciel. Elle prie sans cesse et entre temps elle fait célébrer une messe dans la chapelle de saint Antoine : Bientôt elle est rétablie pour la seconde fois.

    Une nommée Maria Lamettre, de Zuydpeene, est prise du feu sacré au côté droit ; le mal lui gagne tout le corps. Ses souffrances sont si intolérables qu'elle semble succomber à chaque instant. On lui conseille de demander secours à saint Antoine. En fille pieuse, elle s'adresse au saint, et à peine a-t-elle récité quelques prières qu'elle se sent mieux. Dans sa reconnaissance, elle part pour Saint-Omer et y fait une neuvaine. Le mieux se continue, et le dixième jour, 15 Juin, elle se rend à Bailleul pour remercier saint Antoine de lui avoir rendu la santé.

    Une jeune fille du nom de Joséphine Vanrysport, de Bailleul, éprouve le 13 Août un violent mal de tête avec des éblouissements et un tremblement universel. Le lendemain on reconnaît qu'elle est atteinte de la maladie contagieuse dont la servante de la maison vient de mourir. Ses douleurs augmentent d'heure en heure. Enfin elle invoque saint Antoine et lui promet de faire une neuvaine dans sa chapelle si le mal diminue. Ses prières sont entendues. Peu à peu la santé lui revient; en même temps elle fait usage de l'eau bénite si efficace de l'oratoire, et le lendemain elle peut s'y rendre pour accomplir sa promesse.

    Entre temps on avait réorganisé à Bailleul la fameuse confrérie de saint Antoine. L'évêque d'Ypres, Antoine de Hennin, en avait délivré le 11 Février ses lettres d'approbation, qui avaient été confirmées à Rome par une bulle du Pape Urbain VIII, le 6 des calendes de Juillet suivant.

    Cette circonstance réveilla l'ardeur des fidèles ; et, par suite, la foule des pèlerins devint si grande que l'on se vit obligé, à la fin de la même année 1626, de faire agrandir la chapelle de saint Antoine. On eut la pensée de rétablir l'ancienne solennité annuelle à la fête du saint, et le 13 Juin 1627, commença l'octave en son honneur. Il y eut une procession excessivement remarquable qui parcourut la ville. On y accourut des lieux les plus éloignés, tels que de Courtrai, Menin, Comines, etc. L'affluence était si considérable que les auberges n'étaient pas assez nombreuses pour recevoir tout le monde ; ce qui força beaucoup de personnes à prendre leurs repas dans les rues. La foi était d'autant plus vive, qu'en cette même année, la maladie de « Sint-Antonius-Vier» régnait encore dans les Pays-Bas, et l'on prit note de quelques cas extraordinaires de guérison qui vinrent à la connaissance du public. Ainsi, Guillaume Jonckheere, d'Iseghem ; Lievine Van Damme et la femme d'André Van Damme, tous trois de Rysselede ; Pieter Bruyes, de Bailleul ; François Huysman et Jean Vermote, de Thielt, abandonnés de leurs médecins et de leurs pharmaciens « docteurs ende apotekaris », se vouèrent de cœur à saint Antoine de Bailleul et en obtinrent une généreuse guérison.

    Les années suivantes, la multitude des pèlerins devint encore plus importante. On comptait alors, pendant le temps de l'octave, plus de 3000 personnes étrangères par jour dans la ville de Bailleul. Les curés de Meteren et de Steenwerck, accompagnés de leurs paroissiens, s'y rendaient en procession avec les reliques des saints de leurs églises. On y voyait aussi accourir les habitants de Locre, de Rousbrugghe, de Cassel et d'une infinité d'autres localités.

    Dans l'entrefaite, la confrérie d'hommes et de femmes «Gildebroeders ende gildesutters», dissoute au siècle précédent, avait été reconstituée en l'honneur de saint Antoine. Elle se composait des personnes les plus marquantes et même de gens de la première noblesse du pays.

    Toutes les circonstances merveilleuses que l'on rapportait de saint Antoine, avaient tant de retentissement, que l'on crut devoir en faire l'objet d'un livre, qui fut imprimé en 1628, avec l'approbation de Guillaume Zylof, archiprètre et chanoine de la cathédrale d'Ypres, sous ce titre : Van den Mirakelen gheschiet door de Verdiensten van den H. Antonius , etc.  Quinze ou vingt ans après, vivait à Ypres (1640 à 1650) le graveur Guillaume Du Thielt, qui jouissait d'une certaine réputation dans son art. On lui fit graver une bannière en l'honneur de saint Antoine; elle représentait cinq personnages agenouillés près du saint abbé s'acheminant vers la chapelle avec son inséparable compagnon. On y voyait à gauche la ville de Bailleul et une longue procession d'individus qui allaient au pèlerinage. Au bas de la planche on lisait ces mots flamands : « Sinte Antheuni bidt voor ons » qui signifient : Saint-Antoine priez pour nous. L'artiste eut même une fantaisie : Il fit une variété de la bannière ; et dans cette seconde œuvre, il semble s'être reporté au temps où la chapelle venait d'être incendiée parles gueux, puisqu'elle n'y était pas figurée non plus que la procession religieuse. Les personnages agenouillés s'écriaient, comme on le lisait au bas de la gravure, « S' Antheunis bidt voor ons. S' Antoni ora pro nobis. » L'une et l'autre représentaient les armoiries de Saint-Jeau d'Ypres, parce que l'église de Bailleul était sous le patronage de l'abbé de Saint-Jean ; elles avaient la forme triangulaire rectangle offrant, la première, 15 centimètres de longueur sur 9 et demi de hauteur, et la seconde, 14 centimètres et demi de longueur sur 7 et demi de hauteur.

    Notre-Dame de la Foi

    Ce fut à cette époque que Monseigneur l'évêque d'Ypres (Antoine de Hennin) vint bénir à Bailleul une petite statue de notre-Dame-de-Foi.

    On choisit le 8 Décembre de la même année pour la placer dans l'église des Jésuites.

    La cérémonie de l'inauguration fut précédée d'une procession solennelle, à laquelle on vit assister une multitude immense.

    «Dès ce jour, dit un historien, le peuple y ayant apporté grande quantité de cierges, on commença de la visiter et hanter de plus en plus, et il y en a plusieurs qui ont reçu des insignes graces et aides tant en l'ame comme au corps.»

    Et parmi ces miraculés, on signala le Père de Witte, recteur du collége de Bailleul, qui «se trouva en une perplexité à cause d'un vertige et troublement notable» dont «il fut secouru en recourant à notre Dame de Foi.»

    Sainte Godelive

    Outre saint Antoine de Padoue, Notre-Dame-du-Fief, Notre-Dame-de-Halle et Notre-Dame-de-Foi, qui jouissaient à Bailleul des honneurs d'une grande dévotion de la part des Flamands, on y vénérait aussi sainte Godelive, dont la statue et les reliques ornaient une chapelle à l'entrée de la ville.

    Il s'y faisait une neuvaine à son intention au mois de Juillet, et l'on venait implorer son intercession dans diverses afflictions et maladies, et principalement contre les maux d'yeux.

    Avant que sainte Godelive ne fût vénérée à Bailleul, les habitants de cette ville se rendaient pour l'invoquer à Ghistelles, où, dès le quatorzième siècle, accourait une foule de pèlerins d'autres endroits, tels que de Dunkerque, de Bergues, etc..

    L'église saint Vaast

     

    L'église de Saint-Vaast à Bailleul possède depuis le dernier siècle la statue de Notre-Dame-de-Foi que l'on voyait jadis dans l'église des Jésuites.

    Les Bailleulois, qui n'ont pas oublié la dévotion de leurs pères pour cette Vierge miraculeuse, vont fréquemment au pied de son autel invoquer sa puissante intercession.

    Au mois d'Août il y a neuvaine et une procession dans la ville ; elles attirent une multitude d'étrangers.

    On invoque dans la même église, contre le tonnerre, saint Donat ;

    — pour toutes les maladies inflammatoires des hommes et des animaux, la fécondité de la race porcine et contre les maladies des pommes de terre, saint Antoine de Padoue, dont la statue provient de l'antique chapelle qui lui était élevée hors de la ville; —

    et dans les maladies des yeux, sainte Godelive, dont la statue ornait anciennement une chapelle à l'entrée de la ville, forcément abandonnée pendant la Révolution.

    Saint Antoine ne jouit plus de l'honneur d'une octave. Seulement on vend à Bailleul une petite feuille qui contient en flamand une prière et une litanie au nom du bienheureux abbé.

      

     

     

     

    Bailleul

    - Notre-Dame de Foi

    - Eglise Saint Vaast

     

         

     

     

     

    L'église saint Amand

    Source photo : http://unefoisparmoi.wordpress.com/2010/05/15/bailleul-2/

     

    Dans l'église de Saint-Amand, à Bailleul, on invoque saint François hiéronyme dans plusieurs maladies ainsi que NotreDame-du-Mont-Carmel, dévotion à laquelle se trouve attachée une neuvaine que l'on célèbre en Juillet.

    Oratoire

    Au dehors de Bailleul il existe un petit oratoire devant lequel les cultivateurs s'adressent aussi à saint Donat pour les préserver du tonnerre.

    Chapelle Notre-Dame de Halle

    Source photo : http://www.voyagespierre.fr/Visitez_la_France/Bailleul.htm 

    Dans une grande chapelle située près du cimetière à l'ouest de la ville, on invoque Notre-Dame-de-Halle.

    On lui consacre deux neuvaines, dont l'une, au mois de Juin, pour le soulagement des ames du Purgatoire et le repos des fidèles trépassés, et l'autre, au mois d'Août, pour les afflictions et les souffrances de la vie, car les fidèles l'estiment et l'invoquent comme patronne des affligés.

    Deux confréries, dont les membres se composent des personnes les plus notables, sont fondées dans cette chapelle.

    Chapelle Notre-Dame du Fief

     Source photo : http://www.delcampe.fr/page/item/id,0076314438,language,F.html

     

    Il y a de plus, hors de Bailleul, sur la route de Meteren, une antique chapelle qui a toute la vénération des gens du pays. C'est « Onse lieve Vrouwe van het Leen », Notre-Dame du-Fief, que l'on invoque pour être préservé ou guéri de la fièvre.

    On lui a consacré une neuvaine qui s'ouvre à l'Assomption de la Vierge, et à laquelle afflue une multitude de pèlerins.

    En savoir plus :

    http://histoire-lalleman-bernaert.blogspot.fr/2009/03/jean-baptiste-vasuyt-et-la-chapelle.html

    Saint Nicolas de Tolentin

    Les Sœurs Augustines, dites Sœurs Noires, célèbrent chaque année avec pompe à Bailleul la fête de Nicolas de Tolentin, qui fut un saint de leur ordre.

    A l'occasion de cette solennité, qui a lieu le 10 Septembre et qu'accompagne une octave, ces dames distribuent au peuple de petits pains bénits auxquels on attribue la vertu de guérir la fièvre.

    L'emploi de ces sortes de pains n'est point une superstition ; l'Eglise les a même admis de toute antiquité et les a rangés parmi les sacramentaux.

    Les liturgistes les désignent sous le nom d'Eulogies, nom qui leur fut donné par le Pape saint Melchiade de 310 à 314.

    Dans le même couvent, on invoque saint Nicolas pour la guérison de la fièvre, de blessures, des maladies pestilentielles et autres, et l'on y vend, en l'honneur de ce saint, une prière précédée d'une litanie qui résume tous les cas dans lesquels les Flamands ont recours à son intercession.

    Tilleul des malades

     

    Source photo : http://arbredevoeux.wordpress.com/2010/12/25/arbres-a-loques-arbres-a-chiffons-a-godailles-a-tissus/

     

    A un kilomètre de la ville se trouve un tilleul connu sous le nom de « Zieken-lynden », tilleul des malades.

    Une foule de pèlerins viennent sans cesse adresser leurs prières à l'image de la Sainte Vierge, renfermée dans une petite chapelle fixée à cet arbre, auquel les visiteurs, par un préjugé absurde, croient nécessaire d'attacher des ligatures, des jarretières ou des cordons de paille, comme l'on fait à une chapelle de Leffrinckhoucke, dans l'arrondissement de Dunkerque.

    En savoir plus : http://lalumierededieu.eklablog.com/bailleul-tilleul-des-malades-p698428

     

    Chapelle saint Gangoul

    Sur le territoire de Bailleul on voit encore, près de la ferme nommée Schouteetenhof, la petite chapelle dédiée à saint Gangoul.

    On y remarque journellement du monde. Les pèlerins en font trois fois le tour, et chaque fois, en passant devant la porte de l'oratoire, ils disent ces mots qui, mal interprétés, pourraient paraître assez peu respectueux :

    «Sinte Gangoen, gy moet dat by godt doen » ! que l'on traduit par ceux-ci : Saint Gangoul, vous devez faire cela près de Dieu ; qu'ils prononcent, avec chaleur, sans exprimer de vive voix l'objet de leurs pensées et de leurs vœux.

    Il est des personnes qui commentent ainsi cette prière : Saint Gangoul, vous devez, par Dieu ! faire cela.

    En effet, l'invocation prête à l'équivoque. On raconte qu'un jour une femme s'achemina vers la chapelle de saint Gangoul, portant sur les bras une petite fille qui était privée de l'usage de ses jambes. Après avoir fait sa promenade autour de l'oratoire, la pauvre femme s'écrie avec désespoir, en déposant sa fille sur l'herbe : « Sinte Gangoen gy moet dat by Godt doen » ! et s'en va à l'instant cacher ses pleurs dans une maison voisine. Au bout d'un quart d'heure, l'enfant se prit à remuer et se traîna vers sa mère. L'étonnement de celle-ci fut à son comble : Elle releva son enfant avec une joie délirante. Trois mois n'étaient pas écoulés que la petite fille marchait avec une facilité que l'on se plaisait à remarquer dans le pays.

    Saint Gengoul est le patron des gantiers, des cordonniers et des tanneurs.

    Il protégerait les filles à marier.

    Il consolerait les les maris trompés.

    Une légende raconte que, pour convaincre sa femme d'adultère, il lui fit plonger le bras nu dans l'eau d'une source miraculeuse qui se mit à bouillir. Suite à cette expérience, la peau se détacha des doigts comme un gant. La preuve de l'infidélité était ainsi fournie.

    Un groupe de pierres sculptées représente cette scène dans l'église saint Vulfran à Abbeville.

    La Crèche

    Il existe sous l'invocation de Notre-Dame une chapelle qui, comme paroisse, porte le nom de la Crèche.

    Elle est située sur le territoire de Bailleul, à l'ouest de la route pavée de cette ville à Armentières.

    On y honore plusieurs saints ; mais la confiance des fidèles se reporte sur saint Eloi, qu'ils invoquent pour obtenir d'abondantes récoltes.

    La dévotion des femmes du hameau et des paroisses voisines s'adresse, avant tout, à Notre-Dame-de-la-Crèche. Elles viennent fréquemment prier devant l'image de Marie avec une rare ferveur, notamment lorsqu'elles sont sur le point de devenir mères.

    En savoir plus :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bailleul_%28Nord%29

     

    Chapelle Notre-Dame du Perpétuel Secours

    Bailleul, la chapelle Notre-Dame du Perpétuel Secours

    suite http://lalumierededieu.eklablog.com/bailleul-la-chapelle-notre-dame-du-perpetuel-secours-p3016849

     

    Chapelle Saint Donat

    Bailleul, la chapelle Saint Donat

    suite http://lalumierededieu.eklablog.com/bailleul-la-chapelle-saint-donat-p3016837