• Le mois des âmes du purgatoire : 25 novembre

     
     

    Le mois des âmes du purgatoire : 25 novembre

     

    Le mois des âmes du purgatoire : 25 novembre

     

    Source : Livre "Mois des âmes du purgatoire ou méditations, prières et exemples pour le mois de novembre"

     

    XXVe JOUR

    Suite du même sujet.

    Le Seigneur est plein de miséricorde et la rédemption qu'il nous prépare est abondante.

    Ier Point. « Un jour, notre divin divin Sauveur dit à saint Pierre : Simon, fils de Jonas, je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; tout ce que tu lieras ou délieras sur la terre, sera lié ou délié dans le ciel. » Jésus a tenu sa promesse, les clefs du royaume des cieux ont été données à saint Pierre et à ses successeurs, et c'est par la puissance de ces clefs mystérieuses que les souverains Pontifes ouvrent le trésor des indulgences et nous y font participer.

    Or, qu'est-ce qu'avoir les clefs du ciel, si ce n'est pouvoir l'ouvrir et ôter tout ce qui en ferme l'entrée ; et qu'est-ce qui peut empêcher que les âmes justes sortant de cette vie n'y entrent incontinent, sinon la peine temporelle due à leurs fautes, qu'il leur faut subir avant que la porte leur en soit ouverte.

    Celui donc qui a reçu les clefs du ciel a reçu aussi le pouvoir d'ôter cet empêchement, afin que les âmes ne devant rien à la justice divine ne sortent de la prison de leur corps que pour passer à la gloire éternelle. Le Sauveur marque expressément ce pouvoir lorsqu'il dit : « Tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Il n'excepte rien, et par conséquent tout ce qui peut lier une âme et lui être un obstacle pour aller au ciel, que ce soit un péché qui n'est pas remis ou la peine d'un péché déjà pardonné, tout est compris dans ce mot : « Tout ce que vous délierez. »

     

    Ainsi nous nu donnons pas à saint Pierre plus d'autorité que Jésus-Christ ne lui en a donné, mais nous croyons à toute l'étendue de celle qu'il lui a donnée, et que dans sa personne il a donnée à tous ses successeurs. De même que quand un Pontife mourait dans l'ancienne loi, un autre Pontife lui succédait avec les mêmes droits, les mêmes prérogatives, les mêmes obligations de veiller sur le troupeau confié à sa garde ; de même dans la loi nouvelle, après la mort de saint Pierre, la succession des souverains Pontifes n'a jamais été interrompue. Comme les premiers fidèles nous sommes le troupeau de Jésus-Christ, nous avons le même pasteur, qui est saint Pierre, dans la personne de son successeur, qui en s'asseyant sur son siège a hérité de son autorité, de sa puissance, et qui peut comme lui rompre tous les liens soit du péché, soit de la peine du péché, qui nous arrêtent dans la voie du ciel.

    Laissons les hérétiques contester aux souverains Pontifes le pouvoir de remettre les peines dues au péché par le moyen des indulgences, et, enfants soumis de l'Église, soyons heureux de puiser dans le trésor qu'ils nous ouvrent souvent avec tant de libéralité, non-seulement pour nous, mais encore pour les âmes de ceux qui nous furent si chers et qui nous ont précédés dans l'éternité.

     

    Les âmes du purgatoire ne peuvent être secourues et délivrées par les indulgences, comme par tous les autres moyens dont nous avons parlé jusqu'à présent, que par voie de suffrage. Nous allons le comprendre.

    Quand Jésus-Christ donna à saint Pierre et à ses successeurs le pouvoir de lier et de délier, il les établit juges des consciences, mais pour les vivants seulement ; les morts ne sont plus soumis à la juridiction de l'Église ; de là vient une différence entre la manière de donner les indulgences aux vivants et celle de la donner aux morts. Quand les souverains Pontifes accordent des indulgences aux fidèles vivants, ils agissent comme juges, ils examinent la dette qui a été contractée par le péché, et ils imposent des conditions auxquelles sont attachées les indulgences, et quand ces conditions ont été remplies, ils déclarent, par forme d'absolution, que la dette est acquittée.

    Ils ne font pas de même pour les morts. Ne pouvant plus prononcer de sentence sur eux, puisque Dieu même les a jugés, ils n'agissent que comme trésoriers de Jésus Christ, qui leur a confié les clefs de ses trésors pour en disposer même à l'égard des âmes qui ne sont plus soumises à leur juridiction. Les indulgences qu'ils accordent alors et que nous pouvons gagner pour elles sont accordées par forme de suffrage.

    On exemple va vous faire comprendre cette vérité. Un magistrat est chargé de la cause d'un homme qui est appelé à rendre compte d'une somme importante qui lui a été confiée. Ce magistrat est à la fois juge et ami ; il peut procéder de deux façons : comme juge, il peut absoudre l'accusé et le déclarer quitte de la somme demandée ; comme ami, il peut offrir l'argent nécessaire pour le libérer.

     

    De même une âme a une peine à subir pour satisfaire à la justice de Dieu. Si cette âme est sur la terre, l'Église lui accorde une indulgence, et si elle gagne cette indulgence, l'Église déclare que cette peine lui est remise : c'est une absolution. Si cette âme est dans le purgatoire, l'Église offre pour elle à Dieu une partie des satisfactions de Jésus-Christ dont elle a la disposition, et elle lui obtient la rémission de sa peine : c'est un suffrage.

    Les indulgences accordées aux âmes du purgatoire par forme de suffrage sont aussi certaines et aussi infaillibles dans leurs effets que les indulgences accordées aux vivants par forme d'absolution. Ainsi, si nous accomplissons religieusement les conditions prescrites par l'Église pour gagner les indulgences, il nous est aussi facile de soulager et de délivrer les âmes du purgatoire que d'obtenir pour nous-mêmes l'entière rémission des peines que nous avons encourues par nos péchés.

    IIe Point. Les indulgences, soit plénières, soit partielles, que nous pouvons gagner et qui sont applicables aux âmes du purgatoire, sont innombrables ; mais pour les gagner il faut des dispositions particulières. La première de toutes est d'être en état de grâce. Il faut de plus avoir une foi vive dans les mérites du Rédempteur et une ferme confiance en l'infinie bonté du Seigneur, qui veut bien nous les appliquer par le moyen des indulgences. Il est indispensable encore de remplir toutes les conditions imposées par le souverain Pontife qui accorde l'indiligence qu'on se propose de gagner. La communion est presque toujours prescrite pour gagner une indulgence plénière. Les personnes qui sont dans la pieuse habitude de communier plusieurs fois la semaine ne sont pas tenues à faire précéder chacune de leurs communions par la confession. Il suffit qu'elles se confessent tous les douze ou treize jours ou même tous les quinze, dans certains diocèses, pour qu'elles puissent gagner les indulgences. Quant à celles qui ne sont pas dans l'habitude de la communion fréquente, la première condition requise pour qu'elles puissent gagner une indulgence plénière est la confession et ensuite la communion.

     

    Il est cependant des indulgences plénières qu'on peut gagner sans qu'il soit nécessaire de se confesser et de communier, pourvu qu'on soit en état de grâce. Telles sont les innombrables indulgences plénières et partielles attachées à la récitation des six Pater, des six Ave et des six Gloria Patri du Scapulaire bleu de l'Immaculée Conception de la sainte Vierge. Toutes ces indulgences sont applicables aux âmes du purgatoire, et on peut les gagner, non pas seulement une fois le jour, mais aussi souvent qu'on voudra réitérer la récitation des prières que nous venons de mentionner.

    On m'objectera peut-être qu'il faut des dispositions si parfaites pour gagner une indulgence plénière, qu'on ne peut se flatter de les avoir et qu'on n'a jamais la certitude de les avoir gagnées. A cela je répondrai qu'il faut faire tout ce qui dépend de soi pour avoir ces dispositions, les demander à Dieu avec ferveur, s'en rapporter à sa bonté et mettre en lui toute sa confiance. Si vos dispositions ne sont pas assez parfaites pour que vous puissiez recevoir l'indulgence dans toute son étendue, vous en obtiendrez au moins une partie, et Dieu ne laissera pas vos efforts sans récompense, comme il ne laissera pas sans soulagement les âmes auxquelles vous désirez que les indulgences soient appliquées.

    Les indulgences sont ordinairement attachées à des actes très faciles à accomplir, à de courtes prières, à de bonnes œuvres qui durent peu et sont à la portée de tous les fidèles. L'Église entre en cela dans les desseins de Dieu ; elle ne veut et n'ordonne que ce que Dieu veut et lui ordonne lui-même. Dieu et l'Église veulent donc que nous gagnions des indulgences, et que nous en gagnions non-seulement pour nous, mais aussi pour les morts.

    L'auguste Pie IX, dont le cœur est si tendre, si compatissant, a une dévotion spéciale aux saintes âmes du purgatoire et un zèle plein de dévouement pour elles. Dans la plupart des indulgences accordées par lui aux fidèles, Sa Sainteté ne manque pas de spécifier qu'elles sont applicables aux âmes du purgatoire.

    Pie IX a fonde une messe quotidienne pour le repos de ceux qui sont morts glorieusement en défendant les droits du Saint-Siège. Une cloche particulière se fait entendre chaque soir dans les appartements du Pape et sonne l'heure des morts. Pie IX ne manque jamais d'obéir à ce son funèbre qui lui rappelle les souffrances de ceux de ses enfants qui ne sont plus de ce monde et il prie pour eux. Cette pratique de prier tous les soirs au Vatican pour les morts n'est d'ailleurs pas nouvelle, et ce De profundis de Pie IX, comme on l'a appelé, a été, du moins depuis l'année 1736, le De profundis de tous les Papes qui l'ont précédé. Ce fut en effet en 1736 que le souverain Pontife Clément XII, pour exciter la piété des fidèles à l'égard des saintes âmes du purgatoire, accorda le premier à tous les chrétiens, par son bref Cœlestis Ecclesix thesaurus, une indulgence de 100 jours, chaque fois qu'au son de la cloche, à une heure de nuit, ils réciteront dévotement le De profundis, suivi du Requiem aeternam, pour les âmes du purgatoire.

    Efforçons-nous donc de seconder la tendre compassion que l'Église éprouve pour ceux de ses enfants qui sont entrés dans leur éternité sans avoir entièrement acquitté la dette qu'ils avaient contractée envers la justice de Dieu. Il dépend de nous de seconder la charité de notre Mère commune, et de réaliser le désir qu'elle éprouve de venir en aide à nos frères souffrants, en ne négligeant aucune occasion de gagner les indulgences que nous pouvons leur appliquer. Faisons pour eux ce que nous désirons qu'on fasse un jour pour nous, et songeons que si nous gagnons pour ces saintes âmes une indulgence partielle, nous abrégeons le temps de leur expiation. Si nous sommes assez heureux pour en gagner une plénière, l'âme à laquelle nous l'appliquons est aussitôt libérée de toute sa dette, le ciel s'ouvre pour elle, et elle s'y envole radieuse, emportant aux pieds du Seigneur la reconnaissance qu'elle voue et qu'elle conservera éternellement à son bienfaiteur.

     

    PRIÈRE.

    0 Jésus ! Dieu d'amour et de miséricorde, qui avez donné à l'Église notre Mère le pouvoir de nous ouvrir le trésor de vos mérites, et de nous appliquer par les indulgences le fruit de vos souffrances et de votre mort, nous vous bénissons d'une grâce si précieuse, et nos cœurs, pénétrés d'une vive reconnaissance, viennent vous demander de nous accorder des dispositions assez saintes, assez parfaites pour gagner les indulgences que l'Église met à notre disposition. Nous ne pouvons les avoir de nous-mêmes, mais vous pouvez nous les donner, ô adorable Sauveur ! et votre divin cœur ne nous les refusera pas, puisqu'en les lui demandant, c'est surtout votre gloire et le soulagement des saintes âmes du purgatoire que nous avons en vue.

    Votre cœur, ô mon Jésus ! s'enflamme d'une sainte ardeur à la pensée de pouvoir mettre un terme aux souffrances de ces âmes qui vous sont si chères, de hâter le moment tant désiré par elles, où elles iront s'unir éternellement à vous. Ce moment, ô Jésus ! vous le désirez plus encore qu'elles ne le désirent elles-mêmes ; ces âmes sont vos amies, vos épouses bien-aimées, et il vous tarde de récompenser leurs vertus, en les associant à votre gloire et à votre éternel bonheur.

    Formez donc vous-même dans nos âmes, aimable Sauveur, les dispositions que vous exigez de nous pour que les indulgences que nous désirons gagner pour elles leur soient accordées ; purifiez de plus en plus nos cœurs, et faites qu'ils deviennent des vases propres à recevoir l'abondance de vos miséricordes et à la faire déborder sur les âmes de ceux qui nous sont chers. Ainsi soit-il.

    EXEMPLE.

    Il fut révélé à sainte Thérèse qu'une de ses religieuses, qui d'ailleurs n'avait pas été en tout un modèle de perfection, était allée droit au ciel, grâce à la confiance qu'elle avait eue dans les indulgences et à son empressement pour les gagner. C'est se racheter, et racheter à bon marché ses frères de tourments incalculables.

    Saint Ignace, saint Liguori et mille autres ne cessaient de recommander à leurs disciples de gagner des indulgences. Il est dangereux de penser et d'agir autrement que les saints.

    Le capitaine X..., émigré polonais, demeurant à Rome (1860), passe depuis quinze ou vingt ans une partie de son temps à courir d'église en église, partout où il sait pouvoir gagner des indulgences. Nul ne le sait si bien que lui. Il applique toutes ses indulgences aux âmes du purgatoire, et lorsqu'il croit en avoir délivré une (il le croit probablement sur de bonnes raisons), il lui confie une âme de ce monde, ami, adversaire, quelqu'un qu'il voit dans une grande peine, et il recommande à cette âme qu'il a délivrée cette autre qu'il sait être en souffrance ou en péril.

    Ce qui peut prouver la solidité d'une telle dévotion, c'est le genre de vie que mène le capitaine. De ses nuits, il en écoule d'abord une partie en adoration devant le Saint-Sacrement, et ensuite il va se mettre au service d'un malade, ami ou autre. Il ne donne pas ses soins, il ne croit pas s'y entendre ; il reste dans l'antichambre, il prie ou dort. Il est là pour aller au besoin chercher le médecin. Lui, Polonais, a ainsi passé un mois dans l'antichambre d'une dame russe. Tout son petit revenu passe aux pauvres. Il se nourrit d'un morceau de pain, par vertu autant que par la glorieuse nécessité de ses aumônes.

    S'il se trouve chez un ami au moment du diner, et qu'il ait le temps de dîner, il dîne, mais il paie aux pauvres le repas qu'on lui a donné. Il est le cicérone des pèlerins pauvres. Il leur montre Rome, que nul ne connaît mieux que lui. Il leur trouve un gîte et un repas, lorsqu'il ne peut suffire lui-même à leurs besoins. [Parfum de Rome, L. Veuillot.)

    PRATIQUE.

    Se préparer toujours par la regret de ses fautes et une grande pureté de conscience, à gagner les indulgences.