• Le mois des âmes du purgatoire : 13 novembre

     
     

    Le mois des âmes du purgatoire : 13 novembre

     

    Le mois des âmes du purgatoire : 13 novembre

     

    Source : Livre "Mois des âmes du purgatoire ou méditations, prières et exemples pour le mois de novembre"

     

    XIIIe JOUR

    Second motif. L'amour que N.-S. a pour les âmes du purgatoire.

    Tout ce que Vous ferez pour le plus petit des miens, je le regarderai comme fait à moi-même.

    Ier Point. La foi nous apprend que c'est l'amour que le Fils de Dieu a pour l'homme, qui l'a attiré du ciel sur la terre, qui l'a porté à épouser la nature humaine, à s'assujétir à toutes ses faiblesses, à toutes ses misères, pour réhabiliter sa créature déchue et lui rendre ses droits à l'héritage éternel. Oui, c'est par amour pour nous que le Verbe du Père, des splendeurs de sa gloire, s'est abaissé jusque dans le sein de Marie, que celui dont la naissance est éternelle est né dans le temps, que celui dont la lumière est le vêtement et dont le trône est porté sur les ailes des séraphins, a été couvert de pauvres langes et couché dans une crèche. C'est par amour enfin que celui qui est la joie du ciel s'est rassasié sur la terre de l'amertume de nos larmes, qu'il y a vécu dans la pauvreté, l'humiliation, la souffrance, qu'il est mort dans l'ignominie et les douleurs du plus affreux supplice.

    Toute la vie de notre adorable Sauveur n'a été qu'un long acte de dévouement et d'amour pour l'homme. Personne n'a été exclu de ce divin amour, justes et pécheurs ; Jésus a ouvert à tous les entrailles de sa charité, et chacun de nous peut répéter après le grand Apotre : « IL m'a aimé et s'est livré pour moi. » C'est là une vérité de foi ; mais si le cœur de Jésus brûle pour tous les hommes des flammes de la plus ardente charité, s'il aime avec une inexprimable tendresse les justes de la terre, malgré les faiblesses auxquelles ils sont encore sujets, malgré les fautes dont ils se rendent encore coupables, s'il les aime à cause du faible retour dont ils paient son amour, s'il aime même les plus grands pécheurs, malgré les outrages dont ils ne cessent de l'abreuver parce qu'il espère toujours pouvoir les sauver ; de quel amour ne doit-il donc pas aimer les saintes âmes du purgatoire, qui l'aiment avec tant d'ardeur, qui ne peuvent plus l'offenser, et qu'il regarde avec une indicible joie comme une conquête assurée que l'enfer ne peut plus lui ravir ?

    Dans ces âmes élues, Jésus voit le prix de ses souffrances et de son sang, elles lui appartiennent, elles sont à lui pour jamais, et son cœur divin brûle du désir de les faire jouir du fruit de sa rédemption en les rendant participantes de sa gloire et de son bonheur. Bien plus, ce cœur si aimant, si compatissant et si tendre souffre, en quelque sorte de leurs souffrances, et il se fait violence pour ne pas y mettre un terme ; mais sa justice retient les brûlantes effusions de son amour, et il désire que nous fassions ce qu'elle le met, si je puis ainsi m'exprimer, dans l'impuisance de faire lui-même, en nous rendant les médiateurs, les intercesseurs de nos frères auprès de lui.

    Oui, la justice lie les mains de notre adorable Sauveur. Il ne pourrait délivrer de leurs peines ces âmes qui lui sont si chères qu'en leur ouvrant le trésor de sa grâce ; mais, hélas ! le temps est passé pour elles, puisqu'elles ont quitté la vie, qui seule est le temps du mérite. Il ne peut pas davantage les mettre en possession des trésors de sa gloire, le temps d'en jouir n'est pas encore arrivé pour elles, et il n'arrivera que lorsqu'elles ne conserveront plus la moindre trace du péché.

    C'est donc entre nos mains que Jésus dépose à la fois les droits de sa justice et les intérêts de son amour ; voudrions-nous que l'espèce de confiance qu'il met en nous soit déçue, et nous qui implorons si souvent son secours, serions-nous sourds à la voix de son divin cœur qui nous crie : « Ayez pitié de ces âmes qui me sont si chères, de ces âmes pour lesquelles j'ai versé tout mon sang et enduré une mort si cruelle. Vous pouvez, si vous le voulez, hâter mon éternelle union avec elles ; souvenez-vous que pour leur acquérir l'héritage dont elles doivent bientôt prendre possession, j'ai travaillé pendant trente-trois ans et dépensé pour elles comme pour vous tous les trésors de ma grâce et de mon amour, épuisant tout le sang de mes veines et leur sacrifiant tout, jusqu'à ma vie. Ah ! elles aussi sont mon héritage, et cet héritage dont je ne puis jouir encore je l'ai acheté si cher. Hélas ! les restes du péché dont ces âmes portent encore les traces, élèvent entre elles et moi une barrière que ma sainteté et ma justice m'empêchent de franchir. Ayez donc pitié d'elles, et comblez les vœux les plus ardents de mon cœur, en renversant par vos prières et vos bonnes œuvres la barrière qui nous sépare. Hâtez, hâtez le moment où il me sera donné de jouir de la conquête de mon sang et de mon amour. »

    Qui de nous pourrait rester insensible à la prière d'un père, d'une mère, nous redemandant l'enfant qu'il serait en notre pouvoir de lui rendre ? Reculerions-nous devant quelques légers sacrifices qu'il faudrait nous imposer pour essuyer les larmes de ce père ou de cette mère, et ramener son enfant dans ses bras ? Ah ! loin de là, ces sacrifices deviendraient pour nous une jouissance à la seule pensée de leur résultat. Pourquoi donc ne ferions nous pas pour contenter les désirs du cœur de notre adorable Sauveur ce que nous ferions pour un de nos frères ? L'amour d'un père, d'une mère pour leur unique enfant, n'approche pas de celui que Jésus éprouve pour les saintes âmes du purgatoire, et le désir qu'il ressent de les recevoir dans sa gloire et de s'unir pour jamais à elles, surpasse en vivacité et en ardeur ceux qu'éprouve la plus tendre des mères, dans l'attente du moment qui doit lui rendre le fils dont elle est séparée depuis de longues années. Ah ! loin d'être insensibles à ce désir du cœur si aimant et si tendre de notre bien-aimé Sauveur, estimonsnous heureux qu'il soit en notre pouvoir de le satisfaire, n'épargnons rien pour atteindre ce but, et bénissons l'ingénieux amour de Jésus, qui veut bien devoir quelque chose à ceux qui lui doivent tout.

    IIe Point. Nous admirons la générosité de ces héroïques religieux qui se vouent à la rédemption des captifs, et qui, au péril de leur vie, vont à travers mille fatigues et mille dangers briser leurs fers et les arracher des mains des infidèles. Notre cœur s'émeut, nos yeux se mouillent de douces larmes au récit de leur charité, de leur dévouement pour ces infortunés, et le plus pauvre d'entre nous tiendrait à honneur de s'y associer en déposant entre leurs mains l'aumône de son indigence, aumône qui servirait à payer la rançon de nos frères captifs et à leur rendre la liberté.

    - Mais il est une autre rédemption plus sainte, plus admirable encore, à laquelle nous pouvons avoir la gloire de nous associer : c'est à celle du fils de Dieu lui-même. Arrachés nous-mêmes par le Rédempteur à l'esclavage du démon, à la tyrannie de cet odieux et implacable tyran, nous pouvons témoigner notre reconnaissance à celui auquel nous devons tout, et faire une œuvre qui comblera de joie son divin cœur, en devenant à notre tour et en union avec lui les rédempteurs des saintes âmes du purgatoire. Notre cœur doit bondir de joie à cette pensée, car c'est là une œuvre bien plus noble, bien plus sainte, et par là même bien plus agréable à Dieu, que celle de rendre à des captifs une liberté temporelle.

    Oh ! qui ne tiendra à honneur de devenir, je ne dis pas seulement l'imitateur, mais le coopérateur de Jésus-Christ dans une œuvre si excellente. Par ses souffrances et par sa mort, cet adorable Sauveur a délivré l'homme du péché ; par nos suffrages nous effaçons les souillures, les taches que les restes du péché ont laissées dans ces saintes âmes. Jésus-Christ a sauvé l'homme de la peine éternelle qui lui était due, et nous, par nos souffrances, par nos œuvres satisfactoires, nous pouvons payer la peine temporelle que la justice divine exige des âmes du purgatoire. Enfin Jésus-Christ, par son dernier soupir : a rouvert aux enfants d'Adam les portes du ciel qui leur étaient fermées, il leur a rendu la grâce et l'amitié de Dieu, et nous par nos prières nous pouvons mettre ces saintes captives en possession de ce beau royaume, où le Rédempteur a marqué leur place, où il est impatient de les voir arriver.

    Qu'il est grand, qu'il est sublime le ministère de charité, que nous pouvons, si nous le voulons remplir en faveur des saintes âmes du purgatoire, puisqu'il nous est donné de pouvoir mettre un terme à leurs cruelles souffrances, rompre les liens de feu qui les retiennent loin de Dieu, et leur ouvrir les portes de leur éternelle et bienheureuse patrie ! Si le Sauveur a promis de si magnifiques récompenses à toutes les œuvres de charité accomplies pour son amour, s'il ouvrira tous les trésors de sa miséricorde à ces hommes généreux qui n'ont reculé devant aucun sacrifice, traversé les mers et bravé tous les périls pour délivrer leurs frères des mains des infidèles, pour les arracher à un dur esclavage et leur rendre les biens les plus chers au cœur de l'homme, la liberté, la patrie, la famille, quelles seront donc les récompenses qu'il accordera à ces âmes généreuses qui ne traversent pas seulement les mers, mais qui franchissent par la charité l'espace qui sépare le temps de l'éternité, qui descendent par leur dévouement jusque dans les prisons brûlantes du purgatoire, pour arracher à sa justice les âmes qu'elle y retient captives, et rendre à ces âmes si douloureusement châtiées les seuls biens véritables, ceux que Jésus leur a achetés au prix de tout son sang, la liberté des enfants de Dieu, le ciel, leur éternelle patrie, leur admission dans la grande famille des élus. Oui, n'en doutons pas, la récompense que Jésus accordera un jour à leur charité sera d'autant plus grande, que l'objet de cette charité aura été plus excellent et qu'elle aura été plus pure, plus élevée, plus dégagée des sens.

    Les yeux et le cœur de notre divin Sauveur sont sans cesse attachés sur les saintes âmes du purgatoire. Loin de les oublier, de les délaisser dans leurs souffrances, on peut dire qu'il souffre en quelque sorte en elles. Il souffre comme Rédempteur dans ces âmes qu'il a rachetées ; comme père, comme époux, dans des filles et des épouses bien-aimées ; comme chef dans les membres de son corps mystique. Aussi, son cœur adorable, tout brûlant d'amour pour elles, tout rempli d'un ardent désir de leur délivrance, ne cesse de nous répéter ce qu'il disait autrefois à ses disciples en leur parlant des pauvres : « Tout ce que vous ferez pour la moindre d'entre elles, je le regarderai comme fait à moi-même, et il nous récompensera un jour comme si lui-même eût été dans la souffrance, et que nos suffrages l'en eussent délivré. Quel puissant motif pour exciter notre zèle pour une œuvre si grande, si sainte en elle-même, et qu'il nous est si facile d'accomplir !

    En effet, pour venir au secours des âmes du purgatoire Dieu ne demande pas de nous des efforts et des sacrifices héroïques ; il ne s'agit ni de nous expatrier, ni de sacrifier nos biens, ni d'exposer notre vie ; Dieu se contente de bien peu, offrons pour elles quelques prières, quelques aumônes ; appliquons-leur le mérite des souffrances, des petites épreuves journalières, et sa justice se tiendra pour satisfaite. Personne ne peut s'excuser de ne pouvoir accomplir des actes de charité si simples et si faciles. Quand il s'agit d'aumônes, les pauvres peuvent alléguer leur indigence pour s'en dispenser ; quand il s'agit de pénitence, d'austérités, les personnes faibles, infirmes, peuvent également apporter pour excuses leurs faiblesses et leurs infirmités. D'autres, engagées dans les embarras du commerce, occupées des soins d'une nombreuse famille, diront avec raison qu'elles ne peuvent passer de longues heures à l'église et donner beaucoup de temps à l'oraison ; mais quel est celui d'entre nous qui n'est pas assez riche pour faire aux saintes âmes du purgatoire l'aumône de quelques courtes, mais ferventes prières adressées à Dieu en leur faveur ? Quel est celui qui n'a pas assez de forces pour lui offrir à la même intention ses souffrances, ses contrariétés, la piqûre de ces mille petites épines qui nous blessent si souvent dans le cours d'une journée ? quelle est enfin la personne, quelque occupée qu'elle soit, qui ne puisse de temps en temps, pendant le jour, élever son cœur à Dieu et lui offrir en faveur de ces âmes souffrantes les peines, les ennuis de sa position, et jusqu'à l'accomplissement de devoirs qui sont parfois pénibles, et qu'il coûte tant de remplir. Ah ! la bonté de Dieu a mis à la disposition de tous des trésors dont nous n'apprécions pas assez le prix et qu'il ne tient qu'à nous de faire servir d'abord à notre sanctification, puis au soulagement des âmes du purgatoire. Ne refusons donc pas d'en user en leur faveur.

     

    PRIÈRE.

    Soyez béni, ô mon adorable Sauveur, d'avoir daigné mettre à notre disposition un moyen si facile de contenter votre divin cœur ; qu'il est doux, qu'il est consolant pour l'âme qui vous aime de penser qu'elle peut satisfaire les désirs si brûlants d'amour de votre divin cœur en exerçant la charité en faveur des âmes qui lui sont si chères ! Ah ! si pour satisfaire un de vos désirs, ô mon Jésus, il fallait entreprendre des choses pénibles et difficiles, il me semble que l'espoir de vous contenter nous ferait renverser tous les obstacles, surmonter toutes les difficultés. Comment donc pourrions-nous nous excuser auprès de vous si nous négligions une œuvre de charité qui ne nous demande aucun effort et ne présente aucune difficulté ? Non, non, ô mon Jésus, nous ne la négligerons pas, nous nous souviendrons de l'amour que vous avez pour les saintes âmes du purgatoiredu désir que vous avez qu'on satisfasse pour elles à votre justice, et heureux que vous ne dédaigniez pas de vous associer en quelque sorte à la grande œuvre de notre réparation, nous serons désormais tout pleins de dévouement pour ces âmes si aimées de votre divin cœur, et nous n'épargnerons rien pour leur venir en aide et pour hâter l'heureux moment de leur éternelle union avec vous. Ainsi soit-il.

    EXEMPLE.

    Chacun sait combien sainte Thérèse aimait à prier pour les âmes du purgatoire. Elle raconte elle-même que le Seigneur lui fit connaître avec quelle bonté il recevait les prières qu'elle lui adressait en leur faveur.

    Le jour de la Commémoration des morts elle en récitait l'office ; l'ennemi des hommes et de Dieu voulut par divers prestiges la distraire ; mais la sainte, s'armant de foi et de courage, le mit en fuite. A peine fut-elle délivrée de sa présence qu'elle vit des âmes sortir triomphantes du purgatoire en grand nombre,

    La sainte avait reçu d'un seigneur, don Bernardin de Mendoza, une maison et un beau jardin, pour fonder à Valladolid un monastère en l'honneur de la sainte Vierge. Elle avait été appelée par lui pour qu'elle travaillât aussitôt à réaliser cette fondation, ayant une sorte de pressentiment de ce qui devait lui ariver.

    En effet, il fut surpris par la mort et n'eut pas même la faculté de recevoir les derniers sacrements. Attérée par cette nouvelle, la sainte s'empressa de prier pour l'âme de son bienfaiteur. Notre-Seigneur lui fit connaître que la charité du défunt et l'intervention de sa sainte Mère lui avaient valu la grâce d'une contrition parfaite, qui l'avait délivré de l'enfer, mais qu'il ne sortirait du purgatoire que le jour où l'on célébrerait la première messe de communauté dans le nouvel établissement.

    Cette révélation ne laissa plus de repos à sainte Thérèse jusqu'à ce qu'elle eût pu se rendre sur les lieux et faire travailler par elle-même à l'érection de la chapelle.

    Toutefois, un surcroît d'affaires entravant son zèle, Notre-Seigneur lui apparut de nouveau. « Hâte-toi, » lui dit-il, car cette âme souffre beaucoup. Aussilôt elle douna ses ordres ; mais les travaux n'avançaient pas à son gré. Alors elle dressa un oratoire provisoire, et, dès qu'il fut suffisamment décent, elle fit célébrer les saints mystères.

    Au moment de la communion, elle vit l'âme du défunt, radieuse, venir la remercier et s'envoler, brillante comme un soleil, vers le séjour de la gloire. Inondée de joie et de bonheur, la sainte exhala sa reconnaissance envers le Seigneur, dont la bonté est ineffable pour ses élus."

    (Œuvre de la Sainte-Fondation.)

    PRATIQUE.

    Prier spécialement aujourd'hui pour les âmes du purgatoire qui ont été le plus dévouées au cœur adorable de Jésus, et dont il désire le plus la délivrance.