• Le mois de saint Joseph : 26 mars

     
     

    Le mois de saint Joseph

    26 mars

     

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    Source : Livre  "Mois de Saint Joseph : composé de trois neuvaines et un triduum pour tous les jours du mois de mars" par Alexis Lefebvre

     

     

    VINGT-SIXIÈME JOUR

    SAINT JOSEPH PROTECTEUR SPÉCIAL DES MOURANTS

     

    Vous êtes mon protecteur, mon espérance de salut, mon défenseur... je vous invoquerai avec confiance, et je serai délivré de mes ennemis. (Ps. XVIII 3, 4.)

    Voici le plus beau sujet de nos méditations ; la grâce la plus imporlante de toutes, celle qui décide du salut, d'où dépend notre éternité.

    Nous voulons parler de la grâce d'une bonne mort, de la protection de saint Joseph sur ses fidèles serviteurs, en ce moment suprême. Oui, tout est là : bien mourir, mourir dans la grâce, dans l'amour, en prédestiné des Cieux.

    0 saint Joseph ! sauvez, sauvez ceux qui doivent mourir en ce jour, ceux qui meurent en ce moment ! Erue eos qui ducuntur ad mortem (Prov. XXIV, 11).

    0 bon saint Joseph, puis-je espérer que vous prierez pour moi au dernier jour de ma vie, à ma dernière heure !... Oui, je veux garder cette espérance dans mon cœur, et quand déjà je commencerais à entrer dans les ombres de la mort, je ne craindrais rien, parce que vous seriez, parce que vous êtes avec moi ! Si ambulavero in medio umbrse mortis, non timebo mala, quoniam tu mecum es (Ps. XXII, 4).

    C'est à la mort surtout que saint Joseph est le protecteur de ceux qui espèrent en lui: Protector est omnium speruntium in se (Ps. XVII, 31). Nous donnerons trois preuves de cette proposition : une preuve de droit, une preuve d'autorité, une preuve de fait.

     

    I. Preuve de droit divin, ou raison théologique. Ici l'espérance du chrétien se fonde sur la plus sainte des convenances religieuses. C'est un fait que Dieu honore ses saints dans le ciel, en leur attribuant une certaine partie de sa puissance, et en leur communiquant le don de ses grâces, mais de grâces spéciales et le plus souvent en rapport d'analogie avec celles qu'ils avaient eux-mêmes reçues de lui, pendant les jours de leur pèlerinage.

    Nous avons déjà eu l'occasion de faire plusieurs fois cette remarque dans le cours du mois ; et l'on peut dire que toutes les dévotions particulières aux saints, se fondent sur ce principe d'analogies spirituelles de vertus, de grâces ou de mérite.

    Cela posé, il nous semble que c'est surtout à l'heure de la mort que nous devons espérer la protection de saint Joseph, et je ne crains pas d'assurer, qu'entre toutes les grâces dont le Seigneur a voulu le faire comme le trésorier et le maître, c'est principalement celle d'une bonne mort, qu'il doit obtenir à ceux qui auront recours à lui.

    N'a-t-il pas eu en effet la plus douce, la plus sainte de toutes les morts ?... Entre Jésus et Marie, sous les yeux mêmes de la Vierge immaculée sa glorieuse épouse, entre les bras de Jésus, qui lui donnait le doux nom de père ! N'est-ce pas mourir dans le ciel ?

    Contemplez un instant ce tableau de saint Joseph rendant le dernier soupir : Marie prie et pleure auprès de lui, à genoux, et les yeux fixés sur ce noble visage déjà couvert des ombres dela mort... Et Jésus d'une main soutient la tête vénérable du mourant, et de l'autre il le bénit, et lui montre les Cieux...

    Entre toutes les morts, c'est la plus sainte, la plus douce, la plus précieuse, comme dit le prophète : Pretiosa in conspectu Domini mors sanctorum ejus(Ps. CXV, 15).

    Heureux, mille fois heureux ceux qui meurent dans le Seigneur : Beati mortui qui in Domino moriuntur (Apoc. xiv, 13).

    Mais vraiment, il n'y a que Joseph qui soit tout à fait mort dans le Seigneur, près de lui, soutenu, encouragé, béni par le Seigneur Jésus.

     

    II. Preuve d'autorité.

    — C'est pour ces raisons que de tout temps, et dès les premiers âges de la foi, on invoquait saint Joseph comme le patron de la bonne mort. Un grand nombre de saints docteurs lui ont donné ce nom, et se sont plu à reconnaître en lui ce glorieux privilège.

    L'Église, dans ses prières les plus belles, s'adresse à saint Joseph pour obtenir cette grâce d'une bonne et sainte mort. On en trouvera plusieurs formules dans la seconde partie de ce petit ouvrage.

    Mais ce qui nous fait encore plus particulièrement connaître la pensée de l'Église sur ce point, c'est que toujours et partout elle a donné saint Joseph pour patron aux pieuses Associations dites de la bonne mort, c'est-à-dire à tous ceux de ses enfants qui, dans leurs prières, s'unissent de cœur pour obtenir du Ciel cette grâce, la plus précieuse de toutes, puisqu'elle nous assure le bonheur éternel.

    C'est lui qui est le prolecteur spécial de toutes ces confréries, approuvées par le Saint-Siége et enrichies de nombreuses indulgences par la plupart des Pontifes romains, vicaires de Jésus-Christ sur la terre et, en cette qualité, nos maîtres dans la foi.

     

    III. Preuves de fait.

    — Nous en avons de deux ordres. D'abord un fait général, universel, qui embrasse tous les siècles et tous les peuples de la terre ; et puis une série de faits particuliers, plus récents et de nos jours, je dirai même un fait permanent, que nous avons vu mille fois, et que chaque jour nous touchons pour ainsi dire de nos doigts.

    Le fait général, c'est l'ensemble même de tous ces prodiges de grâces obtenues à la mort par l'intercession de saint Joseph, depuis le commencement de l'Église.

    Ce fait se révèle à chaque page de ses annales. Les archives des ordres religieux sont remplies des exemples admirables de la protection de ce grand saint sur les serviteurs de Dieu, à l'heure de mourir. La vie des saints est pleine de ces mêmes récits.

    Pour les pauvres pécheurs, ce sont des grâces de conversion, mais des grâces miraculeuses à cette heure suprême, et obtenues, tantôt par la fervente prière d'une mère, d'une épouse, ou d'un enfant, et tantôt par la seule invocation du nom de saint Joseph, de la part d'un malade à l'extrémité.

    Pour les âmes justes, ce sont des grâces de consolation, des sentiments de confiance toute filiale, d'amour pur ou de joie céleste.

    D'après le témoignage de saint Jérôme, la vierge Marie vient, à l'agonie, chercher ses enfants, pour les conduire au Ciel : pourquoi craindre d'assurer que saint Joseph descend aussi de la gloire et vient consoler ses fidèles serviteurs ? au moins qui pourrait nous empêcher de l'espérer ?

    Nous en avons vu de nos yeux plusieurs, qui paraissaient si heureux en ce moment, et qui répétaient avec tant de confiance le nom de ce grand et puissant Protecteur, qu'on ne pouvait s'empêcher de croire qu'il se passait là quelque chose d'extraordinaire.

    Quelques-uns même ont dit positivement et répété avec des larmes de bonheur, qu'ils voyaient ce bon Saint, qui les appelait et qui les bénissait.

    Il y en a bien des exemples dans le livre des Annales de l'Association de la Bonne-Mort, et rien ne pourra nous prouver que ces âmes étaient dans le délire ; qu'elles se trompaient, bien moins encore qu'elles voulaient nous tromper. Et je me trouve ainsi tout naturellement amené à parler ici de ces exemples d'une protection particulière et de ce que j'ai appelé un fait permanent, dans les associations établies en l'honneur de ce grand Saint, et pour obtenir cette grâce d'une bonne mort.

    Oui, c'est un fait incontestable, un fait qui se renouvelle sans cesse dans ces pieuses confréries.

    Ceux qui en font partie peuvent espérer le puissant secours de saint Joseph, pour cette heure solennelle et décisive de leur éternité.

    Depuis bien des années déjà, nous ne connaissons pas une mort de ces pieux associés, qui puisse nous causer de l'inquiétude.

    Quiconque voudra lire avec attention le recueil de ces pièces authentiques et que nous oserions appeler officielles, puisqu'il n'y a pas un détail, pas un seul mot ajouté à ces lettres, en sera convaincu comme nous. Est-il possible de dire quelque chose de plus glorieux pour saint Joseph ? de plus consolant pour ses enfants ? Leur mort est toujours précieuse ; il leur obtient toujours cette grâce.

    Ouvrez et lisez. Il y en a qui ont été frappés subitement ; oui, plusieurs même, car ce genre de mort étant plus fréquent de nos jours, ces exemples n'ont pas été plus rares dans notre association qu'ailleurs ; mais toujours c'étaient des âmes pures et ferventes, qui étaient ainsi appelées par le Seigneur... et nous n'avons pu jusqu'à présent trouver une seule exception. La notice ajoute quelquefois... Mais c'était un excellent chrétien, mais il avait communié le jour même... ou quelques heures avant d'être frappé... Je pourrais en citer bien des exemples, que dis-je, tous vraiment, puisqu'il n'y a pas une seule exception dans les deux volumes d'Annales.

    Plusieurs sont morts doucement, et, comme ils l'avaient désiré et demandé, le jour même de la fête de Saint-Joseph leur protecteur, le 19 mars, ou le jour de son patronage ; on peut encore voir ces détails dans les deux volumes des mêmes Annales, pour les années 1860-1866.

    Mais c'est surtout dans l'invocation du nom de saint Joseph,que la plupart ont trouvé la force, la paix et la joie. Les uns se réjouissaient à la vue de son image vénérée, et ne pouvaient se lasser d'y coller leurs lèvres, comme pour y laisser leur dernier soupir ; les autres, la tenant dans leurs mains, y fixaient avec amour leur dernier regard.

    Quelques-uns ont demandé à garder sur leur cœur cette image précieuse après leur mort, et ont voulu l'emporter dans la tombe.

    On trouvera encore ces détails dans le livre des Annales de l'Association, et rien ne prouve mieux que ces faits la vérité de la proposition de cette méditation : saint Joseph est le véritable protecteur des mourants.

    Je ne puis résister au plaisir d'en citer au moins un trait.

    Ces jours derniers (juin 1867) un des plus dignes magistrats de la première cour de Paris, en proie à des douleurs si cruelles que l'on pouvait bien croire que c'était l'agonie même de la mort, répétait dans ses souffrances les noms sacrés de Jésus et de Marie... C'était sur ses lèvres une douce prière qui charmait en quelque sorte la violence de ses crises : à la troisième invocation de ces noms bénis, que nous répétions avec lui, nous ajoutâmes celui de Joseph... Jésus,Marie, Joseph !...et soudain nous l'avons vu répéter ce dernier nom avec un sourire inexprimable...Oh ! bien, dit-il, Jésus, Marie, Joseph et depuis, il n'a jamais cessé de répéter ces trois noms dans sa prière, ayant soin d'articuler devant nous le dernier nom avec plus de force, comme pour nous prouver qu'il ne pouvait plus et ne voulait plus jamais l'oublier...

    Il l'a répété en effet jusqu'à la dernière heure, et il nous serait impossible de dire avec quelles grâces de foi, d'espérance et d'amour il est mort ! Sa prière était si belle !... Je crois et j'adore ! j'aime et j'espère ! Jésus, Marie, Joseph !! je vous donne mon cœur !

     

    IV. Nous n'avons plus qu'à tirer les conséquences de ces faits et à recueillir quelques fruits de ces réflexions.

    La principale : si le lecteur n'est pas encore entré dans une de ces pieuses Associations qui, sous la protection de saint Joseph, s'efforcent d'obtenir la grâce précieuse d'une bonne mort, nous l'engageons à réfléchir un instant et à voir s'il ne ferait pas bien de s'y enrôler au plus tôt. C'est un gage de salut, un signe de prédestination ; c'est au moins une douce assurance pour le bonheur éternel.

    Que si déjà vous êtes membre de cette confrérie, et associé depuis quelque temps, examinez comment vous en remplissez les devoirs et les engagements : si vous êtes fidèle à réciter les petites prières prescrites ; car enfin, si vous ne mettez pas à la masse, de quel droit pourriezvous prétendre à jouir des priviléges accordés ? N'est-il pas juste de contribuer aussi pour votre part au bien général, et de verser dans le trésor commun de l'association ?

    Ce n'est pas assez. Un membre zélé de l'Association de Saint-Joseph fait de la propagande ; il tâche de faire participer les âmes à tous ces avantages, et, par ce moyen, il assure le salut de plusieurs.

    C'est surtout auprès des malades que ce zèle peut s'exercer avec succès.

    On leur dit que, dans ces pieuses associations, on priera bien pour eux, pour leur guérison, et ils s'empresseront aussitôt de donner leur nom pour en faire partie.

    Il n'est pas rare d'en voir qui, à dater de ce moment, ont été soulagés dans leurs souffrances, et toujours au moins, ils ont trouvé dans cette union de prières une augmentation de force et de grâces pour souffrir avec soumission et mourir avec confiance.

    Enfin la conséquence pratique pour tous en général, associés ou non, c'est de nous rappeler ce titre de saint Joseph, Protecteur des mourants, et de l'invoquer souvent avec cette pensée, pendant la vie d'abord, et surtout quand viendra pour nous l'heure suprême de la maladie et de la mort.

    Il y a des chrétiens fidèles qui ne passent pas un seul jour, sans faire une prière fervente à saint Joseph, à cette intentiond'obtenir la grâce d'une bonne mort. Vous la trouverez dans ce livre (page 407).

    D'autres ne manquent jamais, avant de se livrer au repos dela nuit, de réciter au moins l'Ave Joseph, qui finit comme l'Ave Maria par ces mots : « Priez pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort. » Pourquoi ne prendriez-vous pas dès ce jour cette bonne habitude ?

    Mais souvenez-vous-en surtout, quand viendra pour vous le jour des souffrances, l'heure de la dernière lutte ; à la mort, souvenez-vous de prier le bon saint Joseph. Répétez aussi ces trois noms bénis : Jésus, Marie, Joseph !... Demandez son image, baisez-la aussi, comme la médaille de Marie...Quand un chrétien à la mort tient son crucifix, sa médaille miraculeuse ou son chapelet et l'image de saint Joseph, il n'a rien à craindre, et il peut dire comme Berchmans : « Avec cela, je mourrai en paix : Cum his tribus libenter moriar... »

    C'est alors que l'on peut espérer que ce saint protecteur descendra des cieux pour consoler son fidèle serviteur et le conduire dans l'éternité.

    Cette grâce a été accordée, plus d'une fois, je l'ai déjà dit, aux associés de la Bonne-Mort, el je finirai en citant ces mots extraits d'une notice sur les dernières heures d'une femme vertueuse, qui mourut en souriant, la veille même de la fêle du Patronage : Saint Joseph m'attend, il m'appelle, quel bonheur ! que je suis heureuse de mourir dans ses bras !... Il m'attend !... Il m appelle !...

    Terminons cet exercice par une prière pour les agonisants du jour : Erue eos qui ducuntur ad mortem. O bon saint Joseph, protégez, sauvez tous ceux qui sont en ce moment appelés par la mort !