• Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire

     
     

    Le mois de novembre consacré

    au souvenir des âmes du purgatoire

    3 novembre

     

    Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire

     

    Source : Livre "Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire"

    Troisième jour

    Sur la cause des souffrances qu'on endure en purgatoire.

    Après avoir médité, ô mon Dieu ! sur la rigueur des souffrances qu'on éprouve dans le purgatoire, il est important pour moi de méditer sur les causes qui ont attiré un si grand malheur sur les pauvres âmes qui y sont détenues : je trouverai dans cette méditation un nouveau motif de venir à leur secours et de me préserver moi-même d'une pénitence aussi sévère dans l'autre vie.

    I. Qui sont ceux qui vont en purgatoire ? 

     L'Eglise nous y montre d'abord des pécheurs infiniment coupables, qui ont passé leur vie dans le crime et le désordre ; qui ont abusé de tous les dons de Dieu, résisté à toutes ses grâces, lutté contre tous les assauts que votre bonté infinie, ô mon Dieu ! livrait à leur cœur, pour les toucher ; cependant, par l'effet d'une miséricorde incompréhensible, à la prière d'une mère tendre, d'une épouse pleine de foi, d'un enfant paré de toutes les richesses de la grâce et de l'innocence, ce pécheur est rentré en lui-même au moment de la mort, ou sur le déclin de la vie ; il a compris tout ce qu'il y avait de coupable dans son obstination dans le mal, il a compris tout ce qu'il y avait de déraisonnable et d'imprudent à paraître au tribunal de J.-C., couvert de crimes ; il a fait une bonne confession ; il s'est converti sincèrement, et il est mort dans ces heureuses dispositions.

    Mais est-il juste que ce pécheur soit admis tout de suite parmi les Saints ? Non, mon Dieu ! vous devez à votre sainteté, à votre sagesse, à votre justice, de mettre une différence entre l'âme fidèle et ce pécheur si longtemps obstiné ; il a mérité l'enfer mille fois et peut-être un million de fois, par les péchés mortels dont il s'est rendu coupable ; sa vie n'a été qu'une longue suite d'iniquités ; il n'a pas accompli le précepte de la pénitence sur la terre, il faut qu'il l'accomplisse après la mort ; il faut que cette pénitence soit proportionnée au nombre et à l'énormité de ses crimes ; il faut qu'elle soit une compensation ou du moins une commutation des peines de l'enfer ; dès lors je ne dois plus m'étonner de la rigueur des peines qu'il endure et de la longueur du temps qu'il restera en purgatoire. Mais que cette pensée est effrayante pour moi, ô mon Dieu ! qu'elle est propre à me toucher, à m'inspirer une salutaire compassion pour tant de personnes qui m'intéressent et qui ne se sont converties qu'au moment de la mort ; je me réjouissais de leur conversion et j'avais de justes raisons de le faire ; mais je ne pensais pas assez aux flammes purifiantes où elles gémissent et où elles gémiront encore longtemps.

    II. Parmi les pécheurs qui sont dans le purgatoire, il en est qui sont moins coupables sans doute, mais dont la punition est cependant aussi sévère. C'étaient des âmes faibles et inconstantes dans le bien, dont la vie était une alternative continuelle de vices et de vertus, de conversions et de rechutes. Le temps de Pâques, du jubilé, d'une retraite, les trouvait disposés à tout faire pour vous, ô mon Dieu ! à tout sacrifier pour remplir leurs devoirs ; mais bientôt après la dissipation les entraînait, les passions les subjugaient de nouveau, les habitudes reprenaient leurs cours, et l'iniquité devenait pour ainsi dire leur élément. Hélas ! Seigneur ! que de bonté vous avez eue pour eux en les poursuivant ! que de patience vous avez exercée en les attendant ! quel malheur si vous les aviez appelés à votre tribunal pendant qu'ils étaient loin de vous! Mais non, ô Dieu de miséricorde ! vous avez compati à leurs faiblesses, vous avez eu égard aux bonnes œuvres qu'ils ont faites, aux bons exemples qu'ils ont donnés, au repentir qu'ils ont éprouvé et manifesté au déclin de la vie et surtout au moment de la mort ; ils ont reçu tous les sacrements dans de saintes dispositions, vous leur avez pardonné ; mais ils n'ont pas fait pénitence.

    Les bonnes œuvres qu'ils ont faites ont servi à obtenir leur conversion ; mais la plupart n'en a retiré aucun mérite pour le ciel, parce qu'elles n'ont pas été faites en état de grâce. C'est donc aussi dans le purgatoire que ces pécheurs vont achever leur pénitence ; n'eussent-ils commis qu'un seul péché mortel, qu'elle devrait être longue cette pénitence ! qu'elle devrait être sévère, puisqu'ils ont mérité de la subir éternellement. C'est encore en tremblant, ô mon Dieu ! que j'entends prononcer cet arrêt, parce que je crains d'y trouver ma propre condamnation : daignez avoir pitié de moi et des âmes coupables qui sont déjà entre les mains de votre justice.

    III. Mais que vois-je, ô mon Dieu ! parmi les âmes qui sont dans le purgatoire, il en est qui vous ont servi constamment avec fidélité ; il en est qui n'ont jamais souillé par le péché mortel la robe d'innocence qu'elles avaient reçue au baptême, ou qui du moins n'ont jamais persévéré dans ce malheureux état ; il en est qui se sont consacrés à vous par des vœux héroïques Oh ! c'est ici que ma foi est déconcertée, et que ma conscience est plus troublée ! j'ai besoin de me rappeler votre bonté infinie, ô mon Dieu ! l'union étroite que vous voulez contracter avec vos élus, l'invitation que vous leur ferez de partager votre gloire, vos perfections infinies, pour comprendre que votre sévérité est toujours dictée par votre justice. J'ai besoin de me rappeler qu'il est impossible que rien de souillé et d'imparfait puisse entrer dans l'essence divine.

    Je considère donc de plus près la robe nuptiale dont ces âmes sont revêtues, et je la vois couverte d'une infinité de petites taches qui en ternissent l'éclat et la beauté ; je comprends alors, ô mon Dieu ! que ces taches n'ayant point été consumées par le feu de la charité, elles doivent l'être par les flammes du purgatoire. Je comprends que si ces taches paraissent peu considérables à nos yeux, c'est que nous n'avons pas une assez haute idée de votre sainteté.... C'est le nombre de ces taches, Seigneur ! qui provoque votre sévérité, c'est l'abondance des lumières et des moyens de sanctification que vous avez accordés à ces âmes, et dont elles n'ont pas profité, qui les rend plus coupables.

    Il n'est donc personne qui puisse espérer d'échapper à cette purification douloureuse qui nous est préparée dans le purgatoire ; personne qui ne doive craindre.... Dans quelle classe de pécheurs dois-je me mettre, ô mon Dieu ! c'est à ma conscience à répondre.

    RÉSOLUTIONS ET PRIÈRE.

    Puisque je puis encore me soustraire aux souffrances du purgatoire, ou du moins en diminuer la durée ou l'intensité, je vais m'appliquer, ô mon Dieu ! à mener une vie plus mortifiée, plus humble et plus pénitente.

    Je vais nourrir dans mon cœur le feu de votre divin amour et l'alimenter à chaque instant par des sacrifices ;

    je vais m'appliquer à supporter avec plus de patience les contradictions, les maladies, les privations auxquelles je serai assujetti malgré moi ;

    je vais m'imposer des pénitences volontaires, qui me fassent expier les satisfactions criminelles auxquelles je me serai abandonné ;

    je vais multiplier le nombre de mes bonnes œuvres, pour apaiser votre justice et obtenir grâce pour les âmes du purgatoire et pour moi.

    Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.

    Indulgence applicable aux morts. — Toutes les fois qu'on récite les actes de foi, d'espérance et de charité, on gagne sept ans et sept quarantaines d'indulgence, et de plus une indulgence plénière tous les mois si on les a récités tous les jours, pourvu que, s'étant confessé et ayant communié, on prie selon les intentions de l'Église. Il y a des personnes pieuses qui récitent un chapelet d'actes de foi, d'espérance et de charité, c'est-à-dire qu'elles récitent ces actes autant de fois qu'il y a de grains à leur chapelet : cette pratique leur fait gagner beaucoup d'indulgences qu'on peut appliquer aux âmes du purgatoire ; les personnes âgées, infirmes, ou peu occupées pourraient faire cela sans se fatiguer beaucoup. Il n'y a point de formule prescrite pour gagner ces indulgences ; il suffit d'exprimer l'objet et le motif de l'acte. (Rescrit du 15 Janvier 1728 et Décret du 28 Janvier 1756.)