• Le mois de Marie 24 mai

     
     

    Le mois de Marie

    ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection

     

    Les gifs animés de la Vierge Marie page3

     

    Source : Livre "Le mois de Marie ou méditations pour chaque jour du mois sur sa vie, ses gloires et sa protection"  par Aleksander Jełowicki

     

    POUR LE 24ème JOUR DU MOIS.

    DE LA CHASTETÉ DE MARIE.

     

    I.

    La vertu de chasteté est si pure, si lumineuse, que son éclat surpasse celui des anges. Les anges ne possèdent point le mérite de la chasteté, car ils n'ont point de corps. La vertu de chasteté est une vertu héroïque, exigeant des comhats continuels, des veilles constantes, des prières incessantes ; car cette vertu, la plus chère à Dieu, est principalement exposée aux attaques de Satan, qui, pour en venir à bout, irrite les sens et l'imagination. Tous ses traits contre la chasteté sont toujours dangereux, et ses blessures toujours mortelles. Voici pourquoi, pour soutenir ce combat, il faut toujours avoir recours à Marie ; car cette tour de David est remplie d'armes et d'armures qui facilitent la victoire, victoire de préférence couronnée par Dieu.

    Pour remporter la victoire, la chasteté rencontre d'autant plus d'obstacles, que le corps se révolte toujours contre l'esprit, et qu'il s'oppose toujours à lui, comme l'Apôtre s'en plaint en parlant de luimême : « Je me plais, dit-il, dans la loi de Dieu, selon l'homme intérieur ; mais je sens dans les membres de mon corps une autre loi qui combat contre la loi demon esprit, et qui me rend captif sous la loi du péché, qui est dans les membres de mon corps. Malheureux homme que je suis! qui me délivrera de ce corps de mort ? » Et il se répond : «La grâce de Dieu, par Jésus-Christ notre Seigneur ('). » Et nous ajouterons : par Marie, mère de notre Seigneur Jésus-Christ, qui peut obtenir pour nous la grâce de chasteté, et qui, par son charme, nous attire à cette belle vertu.

    « Vous êtes toute belle, ma bien-aimée ! et il n'y a point de tache en vous (2) ! » a dit l'Esprit saint en parlant de Marie. Et pourquoi Marie est-elle belle et toute belle ? C'est qu'il n'y a point eu en elle de tache qui eût souillé son âme et son corps ; c'est qu'elle est demeurée chaste de corps et de cœur ; c'est qu'elle aima, par amour de Dieu, la vertu de chasteté, afin de se rendre ainsi plus chère à Dieu. Aussi elle a plu à Dieu, observe l'un des Pères de l'Église, par sa virginité, et tellement plu, que le Saint-Esprit exalte de toute manière cette très chaste virginité. « Levez-vous, dit-il, hâtez-vous, ma bien-aimée, ma colombe, mon unique beauté ! et venez... Vous êtes la fleur des champs et le lis des vallées... l'odeur de vos vêtements est comme l'odeur de l'encens. Ma sœur, mon épouse est un jardin fermé et une fontaine scellée (')... »

    Oh ! que cette beauté, si vivement aimée de Dieu, devrait être le souhait de chacun de nous, afin qu'en nous voyant, Dieu nous dise aussi : « Vous êtes tout beau, mon bien-aimé ! »

    Tel fut le premier homme créé par la main de Dieu. Tel fut chaque chrétien régénéré par la grâce de Dieu. Et non seulement dans le sacrement du Baptême Dieu nous a donné la chasteté du corps et de l'âme, et la grâce pour la bien garder ; mais encore il nous la redonna dans le sacrement de la Pénitence ; et il nous munit d'une nouvelle force pour la conserver, en nous nourrissant dans le très-saint Sacrement de sa propre chair, chaste par excellence, et en nous abreuvant de son propre sang, de ce « vin délicieux qui fait germer les vierges (2). » Nous pouvons donc et nous devons être chastes ; mais le voulons-nous ?

    II.

    Tel qu'est le lis entre les épines, telle est ma bienaimée entre les filles ('). «Tel que le lis brille entre les épines, telle la très-chaste Marie brille entre les filles d'Adam. Toutes les autres filles d'Adam étaient ce que sont les épines, soit à l'égard d'elles-mêmes, soit à l'égard des autres. La seule Marie fut un lis pour tous ; sa vue attirait tous par sa chasteté et par le charme admirable de sa modestie, qui est la sauvegarde, le témoin et l'ornement de la chasteté.

    Que de fois avons-nous été ce que sont les épines, pour nous, ou pour les autres ! Ayons-en honte maintenant, et contemplons Marie, ce lis de chasteté, pour aimer enfin la chasteté, chacun selon son état,

    Il y a chasteté virginale et chasteté conjugale ; l'une absolue, l'autre relative ; l'une supérieure et plus noble , l'autre inférieure et moins noble, mais non moins délicate ; l'une est comme l'or, et l'autre comme l'argent ; mais chacune d'elles, selon l'état et la vocation de chacun, appartient au trésor du Seigneur. Hélas ! l'une comme l'autre sont rares ; le champ de ce monde est tout couvert d'épines, et c'est à peine si l'on rencontre quelques lis... Il faut cependant que ces épines deviennent des lis, pour mériter de fleurir éternellement dans les prairies de l'Agneau de Dieu.

    Le bienheureux Albert le grand, zélateur de la vertu de chasteté, l'admirant dans Marie, s'écrie : «0 vierge des vierges ! qui sans conseil et sans exemple a voué sa chasteté à Dieu, et dont l'exemple suscita toutes les vierges ('). » — « 0 vierge des vierges ! s'écrie saint Bernard, qui donc vous a appris à plaire ainsi à Dieu par votre chasteté, et à vivre sur la terre de la vie des Anges (2) ?» Ah ! c'est l'amour parfait qui l'a appris à Marie.

    La meilleure arme pour défendre, le meilleur bouclier pour préserver la chasteté, c'est l'amour de Dieu. Celui qui aime Dieu d'un amour véritable restera pur comme l'or au creuset. Marie, qui aimait Dieu de cet amour, gardait sa chasteté, et l'estimait tant, qu'elle eût mieux aimé ne pas devenir mère de Dieu que de la perdre ; et voici pourquoi elle dit à l'Ange qui lui annonçait que d'elle naîtrait le Sauveur du monde : a Comment cela se fera-t-il, car je ne connais point d'homme (3)?» Et ce n'est que lorsque l'Ange l'eut assurée qu'elle concevrait du Saint-Esprit, qu'elle consentit avec humilité à devenir mère de Dieu, en prononçant ces mots, d'où dépendait le salut du monde : « Qu'il me soit fait selon votre parole ('). » Le salut du monde dépendait effectivement du consentement de Marie ; mais il dépendait aussi de sa chasteté ; car Dieu ne pouvait naître que d'une vierge aussi complétement pure que le fut Marie.

    Et maintenant le saint de chacun de nous dépend aussi de notre chasteté, personnelle, soit virginale, soit conjugale, soit celle de veuve, pourvu qu'elle soit fidèlement gardée, et qu'elle s'oppose constamment à l'ignoble péché d'impudicité qui perd les âmes et le monde. Car quiconque s'endort dans ce péché peut se réveiller aux enfers. Qui meurt dans ce péché sera enseveli aux enfers. « Celui qui garde la chasteté est un ange, dit saint Ambroise, et celui qui la perd devient un démon (2). » Quelle terrible vérité !

    « 0 Marie ! Dieu vous a choisie pour servir d'étendard à la chasteté (3). » Nous accourons donc tous, et nous nous rangeons tous sous votre drapeau, car nous voulons être les vainqueurs. Conduisez-nous, protégez-nous, combattez en nous, afin que nous triomphions. 0 Marie ! mère de chasteté, purifiez vos enfants par le sang de votre fils, et jusqu'à notre mort gardez notre chasteté.

     

    III.

    « Des vierges seront amenées au roi après elle ; on les conduira jusque dans le temple du roi ('). » Voici donc le chemin virginal, le chemin qui conduit au temple du roi, le chemin qui conduit à Dieu : c'est de suivre Marie, d'imiter Marie ; mais de l'imiter surtout dans la chasteté du cœur, qui est une condition indispensable pour conserver la chasteté du corps. Car l'homme du dehors vient toujours de l'homme du dedans ; et voilà pourquoi le Psalmiste dit, en parlant de Marie : « Toute la gloire de cette fille du roi lui vient du dedans (2). » Ainsi, demandons avec le Psalmiste la chasteté du cœur : « Créez en moi, ô Dieu ! un cœur pur (3) ! » Et suivant l'exemple de Marie, plaçons à la garde de la chasteté la douceur et l'humilité.

    Marie fut la plus chaste, car elle fut la plus douce et la plus humble. « Bienheureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre (4), » a dit le Seigneur. Ils posséderont la terre promise dans la vie future, c'est-à-dire la patrie céleste; et dans cette vie ils posséderont la terre, c'est-à-dire qu'ils auront triomphé du monde et de la chair par la vertu de la chasteté. « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu ('), » dit encore le Seigneur. Et comme «il n'entrera rien de souillé dans le royaume du ciel (2), » il est évident que c'est la chasteté du cœur qui donne la chasteté du corps. 0 Marie ! vierge au cœur le plus chaste ! obtenez-nous la chasteté du cœur, afin que, chastes au dehors comme au dedans, nous puissions contempler Dieu avec vous jusque dans les plus intimes perfections de son être divin.

    Pourquoi nous est-il si difficile de conquérir la vertu de chasteté ? « C'est, dit saint Augustin, parce que nous ne voulons pas garder ce qui la garde. » Qu'est ce donc qui garde la chasteté ? Bellarmin nous l'apprend, en citant Marie pour exemple : « C'est, dit-il, le jeûne, l'éloignement ou la fuite des dangers, et la prière (3) ; » ajoutons-y le travail. Marie nous offre pour tout cela le modèle le plus excellent.

    Ainsi : 1) Quant au jeûne, ses yeux et sa bouche jeûnaient par l'incomparable modestie et l'inaltérable continence, comme saint Épiphane, saint Jean Damascène, saint Grégoire de Tours, saint Bonaventure et tant d'autres l'observent à sa louange. Elle gardait toujours les yeux baissés, elle n'ouvrait jamais la bouche inutilement, et jeûnait tous les jours de sa vie par toutes les abstinences et toutes les mortifications de la chair. Tandis que nous, qui traitons si légèrement le jeûne, qui tournons en dérision la mortification de la chair, comment voulons-nous être chastes ?

    2) L'éloignement ou la fuite des dangers. « Celui qui évite les piéges sera en sécurité ('), » dit le Sage du Seigneur en parlant de tous les piéges. Combien plus faut-il se garder des piéges partout tendus à la vertu de chasteté, car ceux-là sont les plus dangereux et les plus traîtres. Saint Philippe de Néri nous dit : « Que dans le combat des sens il n'y a que le poltron qui triomphe ; » c'est-à-dire celui qui fuit toute tentation et qui craint le péché d'impudicité jusqu'à éviter la moindre occasion qui pourrait y conduire. Un tel poltron est un véritable héros, car il est vainqueur de lui-même. C'est ainsi que faisait Marie, qui, veillant constamment sur sa chasteté, s'était troublée en entendant les paroles de l'Ange ; qui, en allant visiter Élisabeth, pour éviter autant que possible la rencontre des hommes, comme dit l'Evangéliste : « s'en alla en toute hâte (a) ; » et qui enfin, pour la même raison, s'en retourna chez elle avant la naissance de saint Jean-Baptiste. Pour conserver la chasteté et la mettre à l'abri de tout danger, Marie gardait soigneusement la retraite et n'allait au milieu du monde que pour exercer quelque acte de charité ; comme elle le fit en allant aux noces de Cana, où elle s'était rendue en compagnie de Jésus. Oh ! que de leçons pour nous tous dans cette conduite de Marie !

    3) La prière. « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation ('), » a dit le Seigneur, Mais il faut prier de bouche et de cœur, ainsi qu'il faut veiller sur ses sens et sur son cœur. Il faut prier constamment, car le danger est constant. Il faut, par une prière continuelle de notre cœur, nous tenir continuellement dans le cœur de Dieu ; car ce n'est qu'ainsi, ce n'est que là, que nous nous trouverons en assurance et hors de danger. Oh ! que l'exemple de Marie nous enseigne bien ce secret de bonheur et de sécurité ! 0 Marie ! qui pourrait dire vos prières et vos veilles ?

    4) Le travail. Le travail est une arme certaine contre la tentation : car la paresse est l'une des principales causes de l'impudicité. L'orgueil, la gourmandise et la paresse, mènent au quatrième péché capital, à l'impureté. « Voici quelle a été l'iniquité de Sodome, dit le Seigneur, ça été l'orgueil, l'excès de viande, l'abondance de toutes choses et l'oisiveté où elle était elle et ses filles. Elles ne tendaient point la main au pauvre et à l'indigent ; et elles se sont élevées et ont commis des abominations devant moi ; c'est pourquoi je les ai détruites comme vous avez vu (2). » Et le Seigneur les a détruites par un déluge de feu, pour montrer que le feu éternel sera le châtiment de cet abominable péché.

    0 Marie ! ô la plus humble, la plus sobre et la plus laborieuse ! obtenez-nous l'humilité, la sobriété et l'amour du travail, afin que nous ne soyons pas comptés parmi les plus stupides ; car le Sage du Seigneur l'a dit : « Celui qui aime à ne rien faire est très insensé ('). » Obtenez-nous la pitié et la miséricorde envers les pauvres, afin que leurs prières nous obtiennent la chasteté, que nous ne pouvons avoir que par un don de Dieu, comme ce même Sage nous l'apprend, en disant : « J'étais un enfant bien né, et j'avais reçu une bonne âme ; et, devenant bon de plus en plus, je suis venu dans un corps qui n'était point souillé. Comme je savais que je ne pouvais avoir la continence si Dieu ne me la donnait (et c'était déjà un effet de la sagesse de savoir de qui je devais recevoir ce don), je m'adressai au Seigneur, je lui fis ma prière, et je lui dis de tout mon coeur (2). »

    Ainsi, ô Marie ! mère la plus chaste ! mère la plus aimable ! nous vous supplions de tout notre cœur, obtenez-nous de votre fils le don de chasteté, et veillez sur nous, pour conserver à jamais dans nos cœurs cette vertu qui vous est si chère.