• La bénédiction des ornements sacerdotaux

     

     

    La bénédiction des ornements sacerdotaux

     

    La bénédiction des ornements sacerdotaux

     

    Nous avons déjà dit que l'amict et l'aube doivent être bénits (n. 157) ; il en est de même pour le manipule, l'étole et la chasuble.

    Nous avons vu aussi (ibid.) que, selon la doctrine la plus probable et la pratique commune, on doit bénir le cordon ; il faut dire la même chose pour la dalmatique et la tunique.

    Selon la pratique qui paraît la plus autorisée, on bénit aussi les chapes.

    On ne bénit pas séparément des autres ornements les voiles de calice, ni les bourses ; et il en est de même du voile humeral, vulgairement appelé écharpe ; mais on peut joindre ces objets aux ornements sacerdotaux que l'on bénit, afin de les faire participer à cette bénédiction ; ce qui paraît spécialement convenable pour le voile humeral, puisqu'il est un vêtement lévitique et sacerdotal. Les ornements ne seraient point censés bénits par l'usage que l'on en ferait, fût-ce même de bonne foi.

    192. La bénédiction des ornements est réservée à l'Évêque7 ; il en est ainsi même pour les ornements dont la bénédiction ne serait pas regardée comme obligatoire, par exemple pour la chape, car on se sert d'une formule dont l'usage est réservé.

    Les Évêques, en vertu d'un induit Apostolique, dont ils sont ordinairement pourvus, délèguent aux Prêtres la faculté de faire ces bénédictions.

    193. Le Prêtre délégué pour bénir les ornements ne peut pas employer les formules telles qu'elles sont dans le Pontifical. Il doit se servir de la formule qui se trouve dans le Rituel et le Missel romains sous le titre Benedictio sacerdotalium indumentorum in génère, et cela lors même qu'il n'y aurait à bénir qu'un seul ornement, par exemple un amict, un cordon, une aube, une étole, une chape, etc..

    Dans cette formule, le Prêtre ne spécifie point, par l'expression de leur nom, les ornements ou l'ornement qu'il bénit ; mais s'il n'y a qu'un seul ornement, on emploie le singulier lorsque le sens le demande et ; par exemple, dans la première oraison, la première modification du nombre aura lieu par ces mots Et hoc indumentum sacerdotale.

    Du reste, sauf la mutation du nombre, où elle doit avoir lieu, il n'y a aucune modification à introduire dans cette formule, quels que soient les ornements que l'on bénit.

    Ainsi, n'y eût-il aucun ornement qui fût exclusivement épiscopal ou sacerdotal, par exemple eût-on seulement à bénir un cordon, ou une dalmatique, il n'y a pas lieu de changer ces mots Ponlificalia et sacerdotalia, seu levitica veslimenta (lrc oraison)... Pontifices et Sacerdotes, seu Levitœ tui induti, et autres semblables, car les vêtements que l'on bénit sont tous de ceux qui, en certaines occasions, peuvent être à l'usage de l'Évêque, du Prôtre et du Diacre ou du Sous-Diacre (1).

    194. Les ornements perdent leur bénédiction lorsqu'ils perdent la forme essentielle à leur destination au service divin, et encore lorsqu'ils sont usés, ou autrement détériorés, tellement qu'ils ne soient plus censés pouvoir servir à l'usage pour lequel ils ont été bénits ?

    Ainsi l'aube cesse d'être bénite, si une des manches vient d'en être séparée, soit parce qu'elle serait décousue, soit par déchirure, soit par vétusté. Mais si avant qu'une manche soit entièrement séparée, on la recousait, l'aube conserverait sa bénédiction.

    Un cordon a perdu sa bénédiction, s'il est tellement rompu, qu'aucun de ces morceaux ne soit assez long pour ceindre le corps. Si l'un des morceaux pouvait encore servir, ce morceau demeurerait bénit, et rien ne s'opposerait à ce que, pour plus grande commodité, on y joignit la partie détachée qui a perdu sa bénédiction.

    Les vêtements sacerdotaux perdraient aussi leur bénédiction, si en les raccommodant on y mettait, d'une même fois, tant de nouvelles pièces que le neuf l'emportât sur le vieux : il en serait autrement si on les raccommodait peu à peu. Si la doublure seule est renouvelée, le fût-elle en entier, l'ornement demeure néanmoins bénit.

    Quand un ornement est double, par exemple blanc d'un côté et rouge de l'autre, on le considère comme deux ornements, dont l'un conservera sa bénédiction s'il est resté entier, bien que l'autre ait perdu la sienne parce qu'il serait hors d'élat de servir : de même aussi on peut détacher l'un de l'autre sans préjudice de la bénédiction.

    195. Si avec les morceaux d'ornements bénits on en fait d'autres, par exemple si avec un morceau d'aube on fait un amict, avec un fragment d'étole un manipule, ou bien si l'on forme une étole en réunissant deux ou plusieurs manipules, la matière ainsi employée ne serait plus censée bénite ; ces nouveaux ornements auraient besoin d'une bénédiction nouvelle. Le cas serait différent si on pliait seulement une étole, sans y rien changer autrement, pour l'employer comme manipule : il paraît que la bénédiction, étant la même pour tous les ornements sacerdotaux, ne les affecte pas tellement à une destination spéciale qu'ils cessent d'être bénits par le fait qu'ils seraient employés autrement au service divin.

    196. Un ornement qui, pour une cause quelconque, a perdu sa bénédiction, ne la recouvrerait point par le fait qu'il serait réparé.

    Ainsi une aube qui a perdu sa bénédiction parce qu'une manche en a été séparée, ne redevient point bénite par le seul fait que cette manche, fût-ce même aussitôt après, y serait rétablie ; il faudra pour cette aube une nouvelle bénédiction. De même, si un cordon est tellement rompu qu'il n'y ait aucun des morceaux qui demeure bénit, il ne suffira point d'en rejoindre les morceaux.

    197. Les ornements, lors même que par vétusté, ou autrement, ils sont hors d'usage, et qu'ils ont perdu leur bénédiction, ne peuvent point être employés à des usages profanes. Il faut leur appliquer les règles données ci-dessus, n.167, relativement aux linges sacrés, ou non sacrés mais bénits.

    Source : Livre "Introduction aux cérémonies romaines; ou Notions sur le matériel, le ..." Par André Bourbon