• L'encensement

     
     

     

    L'encensement

     

    L'encensement

    Source photo : http://paroissedubonpasteur.over-blog.com/article-l-art-de-celebrer-encenser-104048728.html

     

     

    L'encens est employé dans un grand nombre de cérémonies.

    C'est principalement au Sacrifice que les encensements ont lieu.

    Nous avons dit que les anciennes Liturgies faisaient mention de l'encensement de l'autel.

    Nous pouvons citer celles qui portent les noms de saint Jacques, de saint Marc, de saint Basile, de saint Chrysostome.

    Celle de saint Jacques rapporte la prière que fait le célébrant en offrant de l'encens :

    Seigneur Jésus qui sur la croix vous êtes immolé comme une victime sacrée à Dieu votre Père...,

    recevez ce parfum qui monte vers vous en odeur  suave,

    afin que vous changiez nos âmes et leur départiez la sanctification. 

    On pourrait objecter quelques passages tirés d'anciens auteurs ecclésiastiques où l'usage de l'encens semble être proscrit.

    Eusèbe entre autres prête ce langage à Constantin :

    « L'eucharistie est un sacrifice d'actions de  grâces où l'on ne désire ni l'odeur de l'encens, ni un bûcher allumé. »

    Cela s'explique parla crainte qu'avaient plusieurs de ces auteurs des premiers siècles d'avoir l'air d'adopter les rites païens et c'est cette même appréhension qui leur faisait dire que les chrétiens n'avaient pas des temples comme en avaient les idolâtres.

    Or, il est pourtant bien certain qu'ils avaient des édifices sacrés et que l'encens y fumait en l'honneur du vrai Dieu. On ne peut d'ailleurs prendre au pied de la lettre ce mépris de l'encens dans le culte catholique.

    Ainsi lorsque nous lisons dans saint Augustin : « Nous n'allons  point en Arabie pour avoir de l'encens,  nous ne défaisons pas les ballots du marchand cupide, Dieu demande de nous un  sacrifice de louange... »

    Peut-on raisonnablement conclure de ces paroles que le saint docteur improuvait l'usage de l'encens ? mais tous les jours le prédicateur de la parole divine ne dit-il pas que ce n'est point avec de l'encens qu'il faut honorer Jésus-Christ, mais avec un cœur pur et avec une piété sincère ? Saint Ambroise, le digne maître de saint Augustin, fait très explicitement mention de l'encens qu'on brûlait dans le Sacrifice.

    On bénissait l'encens qui fumait autour de l'autel.

    La Liturgie précitée de saint Jacques nous présente cette formule de Bénédiction :

    « Que Dieu daigne agréer ce parfum, comme  il a reçu les dons d'Abel, de Noë, d'Aaron, de Samuel et de tous les autres saints, et que nous puissions lui être agréables. »

    Il en a été constamment de même dans l'Eglise Occidentale.

    Ces formules varient selon les cas et les divers Rits.

    Il en est de même pour l'encensement.

    Aux Messes solennelles, selon le Rit romain, lorsque le célébrant est monté à l'autel, il bénit l'encens que lui présente le diacre et fait l'encensement, selon le cérémonial que prescrit la Rubrique, et ne récite rien : nihil dicens.

    A l'Offertoire, un second encensement a lieu ; mais ici, le célébrant commence par celui des dons offerts, et ensuite il encense l'autel comme au commencement de la Messe.

    Ici à chacun des encensements, il récite des prières.

    Pendant celui des dons offerts, il dit : Incensum istud à te benedictum ascendat ad te, Domine, et descendat super nos misericordia tua.

    "Que ce parfum par vous bénit monte aussi vers vous, ô Seigneur, et que votre miséricorde descende sur nous."

    Pendant qu'il encense l'autel et les reliques, le célébrant récite les paroles du psaume 140 : Dirigatur, Domine, oratio mea sicut incensum in conspectu tuo : «Que ma prière, ô Seigneur, monte vers vous comme la vapeur de cet encens ;  il ajoute trois autres versets du même psaume.

    Le Rit parisien observe le même ordre.

    Dans les deux, le diacre encense le célébrant, après que l'encensement de l'autel est terminé, mais à Paris, le premier se met à genoux pour encenser le prêtre.

    Cette Rubrique est particulière è cette Eglise, et elle y existe depuis un grand nombre de siècles.

    Cet encensement du prêtre qui célèbre est regardé par les hérétiques et les impies comme un acte blâmable et même sacrilège.

    Leur indignation cesserait s'ils en connaissaient la haute signification, et l'on peut bien ici faire l'application de ces paroles : Blasphémant quod ignorant. « Ils blasphèment ce qu'ils ignorent. »

    Le prêtre, à l'autel surtout, est le représentant de Jésus-Christ, il est le sacrificateur visible, tenant la place du Sacrificateur invisible qui s'immole par ses mains. N'est-ce donc pas à ce dernier prêtre étérnel, sacerdos in œternum, que se rend, par l'encensement, un hommage qui lui est dût La position du diacre à genoux encensant, à Paris, le célébrant, n'est donc point un excès de respect.

    Selon les plus anciens Ordres romains, il est réglé que si le pape est debout, celui qui l'encense se lient debout, mais que si le pape est assis, celui qui l'encense doit étre à genoux.

    Il n'y a ici aucune intention mystique.

    L'encensoir n'était anciennement qu'une cassolette sans chaînes, comme on le voit dans l'article suivant.

    On conçoit que si le pape était debout, celui qui l'encensait devait se tenir dans la même posture pour mettre son encensoir ad nares.

    Si le pape était assis, celui qui l'encensait était plus commodément à genoux pour porter la cassolette fumante sous le nez du pontife.

    Ce détail peut sembler un peu trivial, mais il nous donne l'intelligence de l'encensement à genoux, et nous croyons formellement que telle en est la raison littérale.

    Nous venons d'ailleurs d'exposer le sentiment du P. Mabillon à cet égard, dans son commentaire sur l'Ordre romain n° IV.

    Dans tous les Rits on encense les autres prêtres et même les fidèles, car ils sont les membres du sacerdoce de Jésus-Christ, regale sacerdotium, la nation sainte qui participe à la sacrificature par sa piété et par la prière, qui en est l'expression.

    L'encensement le plus solennel est celui qui a lieu devant le Saint sacrement exposé sur l'autel à l'adoration.

    Lorsque le célébrant ou officiant, à genoux sur la plus basse marche, encense le saint Sacrement, entre chacun des trois élancements il en fait un moindre, interposita inter quemlibet du~ ctum morula.

    Si la sainte Eucharistie est seulement dans le tabernacle, le célébrant est réputé n'encenser que la croix.

    Il parait d'ailleurs fort naturel de mettre celte différence entre l'hommage rendu à Jésus-Christ exposé à la vénération publique, et celui que nous lui rendons quand il est caché sous l'arche sainte.

    Ce Rit n'est pas toujours bien compris par des ecclésiastiques doués sans contredit d'unegrande piété, mais qui ne mettent aucune différence dans la manière d'encenser l'autel ; selon le cas, l'autel est encensé aux Offices solennels de Laudes et de Vêpres.

    Il nous serait bien impossible de faire connaître quelque chose de positif et d'universel sur cet ensensement.

    Chaque diocèse, et assez souvent chaque Eglise observe à cet égard un cérémonial qui lui est propre ; le Rit le plus ordinaire de cet encensement consiste à bénir l'encens, à genoux au pied de l'autel, d'encenser de trois coups la croix , ou bien le saint sacrement, s'il est exposé ; et puis, de monter à l'autel pour le baiser.

    Ensuite le célébrant va dans le chœur encenser les chantres, et est encensé lui-même.

    Cela a lieu pendant le chant du Benedictus de Laudes, ou celui du Magnificat, à Vêpres.

    En quelques Eglises, l'officiant encense l'autel comme cela se pratique à la Messe.

    Nous parlons dans l'article Pentecôte d'un encensement qui a lieu an pied de l'autel pendant le Veni Creator da Tierce.

    En plusieurs cathédrales, il y a encensement de l'autel à chaque Nocturne des grandes solennités.

     

    L'Eglise Orientale fait un très fréquent usage de l'encens, principalement à la Procession des dons. Le célébrant y encense l'autel, dont il fait le tour.

    Nous parlons des diverses circonstances où il y a encensement dans les Eglises d'Orient et d'Occident, et nous ne pouvons, dans cet article, qu'envisager l'origine et l'usage général de l'encens.

    Source : Livre "Origines et raison de la liturgie catholique: suivies de la liturgie arménienne" Par Jean-Baptiste-Etienne Pascal

    En savoir plus :

    http://andre.faucon.pagesperso-orange.fr/encensement_de_l%27autel.htm

    http://andre.faucon.pagesperso-orange.fr/le_pretre_encense_les_offr.htm

    http://andre.faucon.pagesperso-orange.fr/encensement_du_livre.htm

    http://books.google.fr/books?id=hhJ0HZtTEBMC&pg=PA474&dq=encensement&hl=fr&sa=X&ei=m6osUai2CtGRhQe3wIDQBA&ved=0CDIQ6AEwAA#v=onepage&q=encensement&f=false