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Goult : Notre-Dame de la lumière
Goult
Notre-Dame de la lumière
Par Jean-Marc Rosier from http://www.rosier.pro, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1855159
Notre-Dame de Lumière tiendrait son nom du ruisseau Limergue qui coule à proximité.
Le ruisseau Limergue
On dit qu'un berger vit la statuette d'une Vierge noire dans un buisson ardent.
Celle-ci fut placée dans l'église et explique l'exceptionnelle profusion d'ex-voto sur les murs de l'église.
La Vierge noire mesure 46 cm et n'est pas noire mais marron foncé, couleur de la racine de poirier dans laquelle elle a été sculptée.
Sur le socle on peut voir un petit reliquaire rond qui contient quatre reliques : un bout de voile et un morceau de la robe de la Sainte Vierge, ainsi qu'un morceau de sa maison de Nazareth et de son tombeau.
Merci Monique pour les informations ci-dessus
A deux kilomètres du village, en contrebas, se trouve le hameau de Lumières, lieu de pèlerinage avec un sanctuaire et une chapelle datant du XVIIe siècle.
En 1664, après l'apparition de miraculeuses lumières (qui vont soigner un homme d'une éventration) près de la chapelle de la Baume, l’ordre religieux des Carmes s'intéresse au lieu.
En 1699, Jean-Baptiste de Sade, évêque de Cavaillon, dédiait, au bas du village, un sanctuaire à Notre-Dame de l’Éternelle Lumière. Il est plus simplement nommé de nos jours Notre-Dame de Lumières.
C’est un lieu de pèlerinage où la statue d’une Vierge Noire est chaque année montée en procession, le 15 août, jusqu’à Saint-Michel de la Baume.
Jules Courtet est l’un des premiers à avoir expliqué le sens de cette cérémonie : « Cette tradition pourrait remonter aux temps du paganisme, car les peuples allaient invoquer saint Michel, le gardien des âmes, sur les montagnes où ils adressaient autrefois leurs hommages à Mercure, le conducteur des âmes aux Enfers ».
En 1661, près d'une chapelle, Antoine de Nantes, un paysan âgé de 63 ans, vit une grande lumière et au milieu le plus bel Enfant. Il voulut le prendre mais il disparut.
En même temps, il sentit tomber son bandage de fer et fut guéri. Il souffrait d'une descente de boyaux dans le scrotum.
D'autres guérisons jugées miraculeuses :
- 5 en juin 1663 - 3 en octobre 1663 - 1 en novembre 1663 - 1 en décembre 1663
Alors que la chapelle était en cours de restauration, plusieurs habitants du village voyaient entrant et sortant de la chapelle en pleine nuit une belle lumière.
Certains croyaient discerner un crucifix ou l'image de la Vierge.
Le vocable Notre-Dame des lumières s'imposa.
De nombreuses guérisons furent obtenues (202 dans les 3 premières années).
En savoir plus :
http://racines.traditions.free.fr/deevino/vinoprov.pdf
http://kathy.dauthuille.free.fr/Article03.htm
Sur le territoire de la paroisse de Goult, village situé à deux lieues ouest de la ville d'Apt, en Provence, se trouvaient les ruines de deux chapelles, élevées par la piété des fidèles dans des temps meilleurs.
La première, consacrée à la Mère de Dieu, avait été bâtie dans une position pittoresque, sur la rive droite du Limergue, à peu de distance de l'endroit où cette petite rivière se jette dans le Calavon ; la seconde, dédiée à saint Michel, avait été placée non loin delà, et comme abritée par un rocher taillé à pic.
A quelle époque la Vierge sainte et le prince de la milice céleste avaient-ils commencé à recevoir un culte spécial dans ces deux sanctuaires ? Combien de temps se soutint la ferveur des fidèles qui venaient leur offrir de pieux hommages ? Les ruines qui encombraient leurs enceintes désolées, étaient-elles l'ouvrage du temps qui fuit en frappant ce qui affecte l'éternité, ou plutôt des passions humaines qui ne connaissent rien de sacré ?
On ne saurait résoudre ces questions d'une manière positive et satisfaisante.
Les habitants des contrées voisines avaient toujours vu ces deux antiques édifices à l'état de ruine : nul ne se souvenait d'avoir entendu désigner l'époque à laquelle le service divin avait cessé de s'y faire, et le fil des antiques traditions étant entièrement rompu, il était impossible de remonter à l'origine de ces deux dévotions dont il ne restait que les vocables.
Cependant, autour des décombres de la chapelle de la Vierge, un vaste cimetière avait été construit, et, selon les apparences, des personnes distinguées y attendaient en paix le dernier jour.
Dieu voulut rendre à l'antique sanctuaire de Marie, dans les temps marqués par son ineffable sagesse, sa première splendeur.
Un habitant de Goult, Antoine de Nantes, surnommé Jalleton, qui possédait des terres dans le voisinage des deux chapelles, se trouvant, en 1661, près de celle de Notre-Dame, aperçut tout-à-coup sur l'emplacement de l'édifice sacré une éclatante lumière qui servait comme d'auréole à un enfant d'une beauté ravissante.
Il s'avançait vers lui dans la joie de son âme, quand ce merveilleux enfant disparut tout-à-coup ; et en même temps Jalleton se trouva guéri d'une grave maladie d'intestins qui l'affligeait depuis douze ans, et ne lui permettait, depuis longtemps, de marcher qu'avec beaucoup de peine et de douleur.
Cette faveur, en comblant de joie la famille et les amis de celui qui en avait été l'objet, fit qu'on réfléchit à certains faits extraordinaires survenus en ce lieu, sans qu'on y donnât l'importance convenable.
Les personnes les plus âgées du village de Goult et des pays voisins déclarèrent que des lumières merveilleuses avaient éclairé bien des fois, durant la nuit, les débris de la chapelle de Notre-Dame.
Un vieillard de 71 ans, qui habitait vis-à-vis, témoignait que toute sa vie il avait vu ces lumières.
Jalleton avait joui souvent du même spectacle, surtout depuis quarante ans : à d'autres elles avaient apparu tantôt tournoyant autour des ruines de la chapelle de Notre-Dame, et tantôt voltigeant en bon ordre dans les airs au-dessus des décombres de l'un et de l'autre sanctuaire.
Ces faits et autres semblables, constatés par une information juridique faite par l'official forain de l'évêché de Cavaillon, firent naître le désir de rétablir l'ancienne chapelle de la Vierge.
Mgr de Maran, évêque diocésain, ayant donné son consentement, le clergé, la confrérie des pénitents et la paroisse de Goult se rendirent en procession sur ses ruines, et le 1" octobre 1661 une croix de bois fut plantée sur le bord du cimetière et du chemin, comme pour prendre possession d'une manière plus spéciale, au nom du Sauveur, d'un lieu qui allait être consacré à son culte et à celui de sa sainte Mère.
On fit ensuite des quêtes, et de leur produit on bâtit un petit sanctuaire qui se trouve au-dessous du chœur de la nouvelle église, et qui fut terminé et béni le 1er juin 1663.
A peine avait-on commencé à célébrer le saint sacrifice dans cette modeste chapelle, que le Ciel y fit éclater sa puissance et sa bonté par les faveurs qu'il se plaisait à y accorder à la foi et à la confiance.
Les populations des environs y accouraient avec une telle affluence, qu'on était obligé d'y réunir les prêtres du voisinage pour entendre les confessions. Là-dessus, le P. Michel du Saint Esprit, carme réformé qui se trouvait alors au couvent de St-Hilaire, ermitage royal à demi-lieue de Lumières, dont on attribue la fondation à saint Louis, eut l'heureuse pensée d'établir auprès de la chapelle une maison de son ordre, destinée à donner aux pèlerins les secours que réclamait leur piété.
Les démarches qu'il fit dans un but qui devait procurer au pays les avantages les plus précieux, eurent le succès le plus complet et le plus rapide.
La chapelle de Saint-Michel sort de ses ruines ; des cellules provisoires s'élèvent, pour les religieux chapelains, autour des chapelles ; on achette de Jalleton le terrain nécessaire pour la construction du couvent, on travaille avec ardeur à le bâtir, et dès l'an 1666 ce couvent est occupé par les religieux Carmes.
Le P. Michel du Saint-Esprit, le restaurateur du culte de la Vierge sainte et de son saint patron en ce lieu, le témoin des prodiges qui s'y opérèrent dès le principe, en a écrit l'histoire avec l'intérêt que lui inspirait une œuvre bénie et consacrée par le Ciel de la manière la plus éclatante.
Les lumières qui s'étaient montrées de temps à autre avant la guérison miraculeuse de Jalleton, étaient devenues plus fréquentes depuis qu'on avait commencé à rebâtir la chapelle ; dès qu'elle fut terminée et sanctifiée par l'oblation du saint sacrifice, elles brillaient plusieurs fois chaque semaine, le samedi surtout, jour consacre au culte de Marie.
Le Seigneur, en opérant un tel prodige, y ajoutait des circonstances qui rendaient son intervention plus manifeste, et excitaient de plus en plus l'attention de ceux qui en étaient témoins.
Le plus souvent c'était une grande lumière qui se divisait aux yeux des pèlerins, pour se réunir ensuite et disparaître à leurs regards.
Mais, ce qui parut bien plus merveilleux, ce fut de voir, une nuit, une série de lumières aller de la chapelle de Notre-Dame à celle de Saint-Michel, dans l'ordre d'une multitude qui, rangée en procession, eût fait aux flambeaux le dévot pèlerinage ; de découvrir, une autre nuit, l'image du Sauveur en croix apparaître, au sein d'une grande splendeur, au-dessus de la chapelle de la Vierge ; et de voir aussi la Vierge elle-même couronnée de gloire et environnée de rayons d'un éclat admirable.
L'ancien historien de Notre-Dame de Lumières témoigne que ce prodige produisait les effets les plus heureux dans ceux qui en étaient témoins.
Ils louaient le Seigneur, ils bénissaient son saint nom, ils entraient dans l'intérieur de leur conscience, et s'ils y découvraient des motifs de craindre les jugements de Dieu, ils recouraient aussitôt au sacrement de la réconciliation.
Ils importunaient les religieux chargés du soin du pèlerinage, ne leur donnant aucun repos, ni le jour ni la nuit, qu'ils n'eussent déposé le fardeau de leurs péchés et fait leur paix avec Dieu.
C'était bien autre chose quand il s'opérait quelque miracle étonnant, dit l'historien de la chapelle, quand on entendait les os des paralytiques craquer dans leurs jointures, quand on voyait leurs membres se redresser, et qu'eux-mêmes montraient enfin leurs béquilles désormais inutiles, quand cette joie bruyante que fait éclater un bienfait inattendu, quoique désiré, faisait retentir les voûtes de la chapelle de mille acclamations !
Car, dans une pareille circonstance, quel est l'insensé qui oserait demeurer impie, et le pécheur qui ne déplorerait pas ses égarements ?
Ah ! le Créateur connaît bien le cœur des hommes quand il cherche à ramener à la vertu, à la foi, par des sensations extérieures, ceux que d'autres sensations avaient pervertis : car, quoi qu'en puissent dire ceux qui veulent ravaler l'homme et le placer au rang des brutes, il est constant que ces faits extraordinaires nous portent à pressentir une nature supérieure à la notre ; que les sentiments qu'ils font éprouver à ceux qui sont pleins de foi, que de tels faits corroborent, pénètrent en nous à notre insu ; et qu'à l'étonnement succède bientôt une conviction qui, devenant tous les jours plus forte, et par l'action de la grâce, et par notre propre raisonnement, ne tarde point à dominer tout notre être.
Alors les doutes s'éclairassent, la vérité parait, et il faut bien lui rendre hommage, surtout quand cet hommage nous rassure sur les suites du passé, et nous offre une garantie pour l'avenir. Dieu est bon, il aime à pardonner ; le signe qu'il envoie est donc pour annoncer qu'il attend le pécheur pour lui faire miséricorde.
Et certes, après avoir fait ces réflexions, quel est le cœur, quelque souillé qu'il fût, qui demeurât endurci, surtout au moment où l'influence des guérisons miraculeuses venait encore agir sur lui ?
Le bruit de ces lumières prodigieuses et des faveurs éclatantes que Dieu se plaisait à accorder en ce lieu par l'intercession de sa sainte Mère, augmentait de jour en jour la célébrité du pèlerinage et y attirait des flots de pèlerins.
Le 3 mai 1664, un jour de samedi, près de vingt mille personnes visitèrent la sainte chapelle.
On comprend que le modeste oratoire qu'on avait bâti, aussitôt après la guérison de Jalleton, était loin de suffire pour contenir la foule qui venait réclamer la protection de la Mère de Dieu.
Aussi se mit-on bientôt à construire une nouvelle église.
On y travailla avec tant d'ardeur, qu'elle fut achevée et consacrée, le 13 septembre 1669, par Mgr de Sade de Mazan, évéque de Cavaillon, ainsi que l'atteste l'inscription placée sur la porte principale.
L'ancienne chapelle fut enclavée dans le plan et forma une chapelle sous le chœur de la nouvelle église.
Du reste, ce prodige des Lumières qui donna son nom et sa célébrité au sanctuaire que la Mère de miséricorde se choisissait en ce lieu, n'est point un événement unique et sans exemple dans les fastes des pèlerinages en l'honneur de Marie.
Il existe près de Fermo, en Italie, un sanctuaire en grand honneur aujourd'hui, et où la sainte Vierge est vénérée sous le titre de Notre-Dame de la Mer, qui dut son illustration à une suite de merveilles semblables.
Nous en faisons ici mention spéciale, parce que son histoire a les rapports d'analogie les plus frappants avec l'histoire de celui qui nous occupe.
C'était une chapelle dite Notre-Dame de la Mer, parce qu'elle était bâtie sur le bord de la mer Adriatique, à peu de distance de Fermo, dans la Marche d'Ancône. On y voyait une Image de la Mère de Dieu, tenant son divin Fils sur le bras droit, et ayant saint Jean-Baptiste d'un côté, et saint Blaise, évêque et martyr, de l'autre. La chapelle et l'Image portaient les caractères de la vétusté, et les incursions des pirates qui infestaient ces quartiers, en avaient fait oublier le chemin aux fidèles. Une maladie contagieuse, qui se déclara dans le voisinage du Picénum, réveilla la pensée de l'antique Image, et l'on vit accourir autour d'elle une foule suppliante. L'an 1630, on parlait de lumières miraculeuses et comme d'étoiles brillantes qui avaient paru autour de l'édifice sacré ; et ces bruits prirent une telle consistance, que Mgr Binuccini, archevêque de Ferao, crut en devoir prendre des informations authentiques. Voici comment s'exprime le prélat dans un écrit qu'il publia sur ce sujet : « La même année de la peste, on commença à voir dans les ténèbres de la nuit des feux et des lumières miraculeuses sur cette chapelle. Les pêcheurs qui jetaient leurs filets en haute mer, et les chasseurs qui veillaient sur terre, furent les premiers qui virent ce prodige. Ceux-ci ayant donné cette nouvelle à tout le voisinage, non-seulement les idiots accoururent à ce saint lieu pour contenter leur curiosité, mais encore les doctes et les religieux y allèrent pour admirer cette merveille. Ceux-ci remarquèrent que ces feux paraissaient seulement à certains jours, mais particulièrement le samedi ; que leurs mouvements et leurs apparitions n'étaient point uniformes comme celles des météores qui se forment dans les vallées marécageuses ou dans les terres grasses, mais qu'ils paraissaient quelquefois en rond, faisant comme une couronne sur le toit de l'église ; que tantôt on les voyait entrer et sortir deux à deux de la chapelle, tantôt s'élancer en l'air comme des fusées, et. puis se remettre en rond, imitant les feux d'artifice que l'on fait avec de la poudre. Ce ne fut pas un petit argument pour persuader que la chose était surnaturelle, de savoir que plusieurs de ceux qui chassaient en ces quartiers-là, furent saisis d'horreur à la vue de ces lumières, et furent poussés par une secrète violence à se confesser le jour suivant. Le procès-verbal en ayant été dressé, je fus d'avis d'en faire une fête publique. »
Le prélat rapporte ensuite l'à-propos que lui fournit le passage de Marie-Thérèse, fille de Philippe III, roi d'Espagne, qui allait épouser Ferdinand II, roi de Hongrie, et les réjouissances auxquelles ce passage donna lieu, pour proposer à son clergé réuni de fêter aussi la Reine du ciel, et lui rendre visite dans le santuaire qu'elle se plaisait à glorifier d'une manière si visible. Il continue ainsi :
A peine avais-je achevé ce petit discours, que tout le clergé, avec un cri de jubilation, témoigna d'agréer mon dessein. Et nous étant rangés dans un ordre de dévotion, nous allâmes à pied visiter cette sainte chapelle ; et les larmes que la consolation intérieure fit répandre, firent connaître à chacun que cette allégresse était bien différente des contentements de la terre. Il y eut ce jour-là une affluence extraordinaire de peuple. Cette nouvelle étant répandue hors du diocèse, on vit descendre en cette plage les habitants de la Marche, ceux des Alpes, de la Toscane, et ceux de l'extrémité de la Calabre vinrent porter leurs offrandes à cette église. Les tableaux, les vœux et les dépouilles des malades multipliaient sans nombre... Quelque temps après que cette chapelle commença d'être fréquentée, ces feux miraculeux qui l'avaient découverte, cessèrent de paraître. »
Il fut bientôt nécessaire de bâtir, auprès de Notre-Dame de la mer, des appartements pour les prêtres voués à l'entretien du pèlerinage, et une maison pour les pèlerins qui venaient de loin réclamer la protection de la Mère de miséricorde. L'antique Image fut transférée sur le grand autel, et bientôt après le chapitre de Saint-Pierre de Rome la proclama une Image des plus célèbres de la Mère de Dieu et lui envoya la couronne d'or qu'il accorde aux Madones qui jouissent de cette gloire. Depuis ce temps, Notre-Dame de la Mer n'a plus cessé d'être l'objet d'un culte spécial pour les populations de ces contrées, et de les enrichir de ses faveurs. Elle est encore aujourd'hui honorée avec le même zèle et elle ne cesse de répandre ses bénédictions sur ceux qui l'invoquent.
La Providence semble avoir tenu une conduite semblable à l'égard de Notre-Dame de Lumières.
Elle a voulu, par ces clartés merveilleuses qu'elle a fait briller sur les ruines de sa chapelle, exciter l'attention des peuples, réveiller leur dévotion, renouveler l'ancien culte que leurs pères rendaient à la Mère de Dieu et leur faire comme retrouver la source perdue depuis longtemps des faveurs célestes qui coulait autrefois en ce lieu en faveur des dévots de Marie.
Cette fin remplie, le moyen mis en œuvre par la Providence a cessé ; les lumières n'ont plus reparu, du moins on a cessé d'en parler depuis que le pèlerinage a brillé lui-même de l'éclat de sa gloire.
Des miracles fréquents s'y opéraient, des processions nombreuses s'y rendaient.
L'année 1664, on en compta jusqu'à 66, venues, pour la plupart, de paroisses ou de villes éloignées.
La dévotion à Notre-Dame de Lumières dut éprouver une éclipse, lorsque le flambeau de la foi se voilà d'un épais nuage dans la France désolée.
En 93, les Carmes qui jusqu'alors avaient eu soin du pèlerinage, disparurent, et, avec eux, les pèlerins et la dévotion à Notre-Dame de Lumières.
Le sanctuaire et le couvent ne tardèrent pas à tomber entre des mains laïques ; et pendant plus de trente ans ce lieu d'abord si célèbre, si animé, ne présenta plus que le spectacle de la désolation et de la solitude.
Si, lorsque des jours meilleurs se levèrent sur la France, la force de l'habitude, les souvenirs d'un autre âge y amenaient de temps en temps quelques fidèles des lieux circonvoisins, ces petites réunions n'étant plus surveillées, ni dirigées par des ecclésiastiques, avaient fini par perdre de vue le but primitif et par dégénérer ; il n'était pas rare d'y rencontrer les scandales que l'on trouve dans les assemblées populeuses que des pensées toutes mondaines de délassement et de plaisir ont formées.
Ces dernières années cependant la dévotion s'est épurée, les désordres qui commençaient à s'introduire ont disparu, la vraie piété a rendu à cet antique pèlerinage son premier lustre, surtout depuis que Mgr l'archevêque d'Avignon, de qui la paroisse de Goult dépend, depuis la suppression du siège de Cavaillon, a eu l'heureuse inspiration d'en confier le soin aux missionnaires de Provence.
Ce projet fut exécuté en 1837.
Ces Pères, dont le zèle et le dévouement sont si justement admirés et bénis dans les pays où ils sont établis, n'ont rien épargné pour rendre au pèlerinage de Notre-Dame de Lumières son antique splendeur.
Ils ont restauré l'église, relevé le couvent de ses ruines, et ils offrent toute sorte de secours spirituels aux pèlerins qui viennent visiter ce lieu de bénédiction.
Dès-lors la réputation du pèlerinage s'est étendue dans toute la contrée ; l'affluence des pèlerins y rappelle les anciens jours, les paroisses voisines ont repris l'usage presque interrompu d'y venir en procession ; et l'esprit de piété s'y est si bien ranimé, qu'on y compte, à certaines fêtes, jusqu'à deux mille communions.
C'est surtout aux solennités de l'Assomption et de la Nativité que les fidèles y affluent avec le plus d'empressement de toutes les parties de la Provence.
Une vingtaine de prêtres y est nécessaire pour entendre les confessions de ceux qui se présentent, et encore ce nombre de confesseurs n'est-il pas toujours en rapport avec celui des pénitents.
La Mère de bonté approuve et bénit ces nouveaux concours, témoin les guérisons miraculeuses qu'elle s'est plu à opérer dans son sanctuaire de Lumières, en faveur de ses fidèles serviteurs.
Non-seulement on peut solliciter en ce lieu des bienfaits tels qu'on les demande au Ciel dans les pèlerinages, mais on peut encore, dans celui-ci, prendre le loisir de penser sérieusement à la plus importante des affaires en vaquant à la retraite.
Une hôtellerie et un modeste hospice attenant à l'Eglise sont à la disposition des pèlerins qui voudraient s'y fixer quelques jours pour cette fin ; les ecclésiastiques peuvent loger dans le couvent où l'on se fait un plaisir de leur offrir tout ce qui peut contribuer au succès de leurs pieux exercices.
Quant aux faveurs les plus éclatantes accordées par Notre-Dame de Lumières, le Père Michel du Saint-Esprit, alors commissaire général de la réforme des Carmes en Provence, fit imprimer à Lyon, en 1666, celles qui tenaient à l'origine et aux premières années du sanctuaire.
Un exemplaire de son ouvrage, don de l'auteur, se conserve encore au couvent de Lumières.
Ce religieux fit bâtir la chapelle et la maison des Carmes ; les événements qu'il raconte se sont passés sous ses yeux, du moins en grande partie ; il a publié son histoire à une époque où les personnes qu'il nommait, vivaient encore et étaient tout autant de garants de la vérité de ses récits.
L'approbation de divers docteurs de son ordre, le privilège du roi, la permission d'imprimer donnée par l'autorité diocésaine ajoutent un nouveau poids à son témoignage.
Il eut été bien à désirer que les religieux qui lui succédèrent dans le soin du pèlerinage et qui rivalisèrent sans doute de zèle avec lui pour accueillir les pèlerins et les réconcilier avec Dieu, eussent mis le même empressement et la même exactitude à réunir et à transmettre aux âges suivants les témoignages des faveurs que la Vierge sainte accordait à ceux qui venaient à Lumières implorer son secours.
Mais plutôt ne nous en prenons pas à ces bons religieux, toutes les présomptions sont pour eux ; ils n'auront pas manqué de suivre en tout point l'exemple du P. Michel.
S'il existe une immense lacune entre son ouvrage et l'époque présente, c'est que les documents ont disparu ; la révolution les aura confondus dans les ruines, les déprédations et les destructions dont elle a affligé la France.
Citons au moins un ou deux exemples des faveurs obtenues aux premiers temps du pèlerinage, d'après les matériaux fournis par le P. Michel.
Le 4 mai 1664, la Vierge de ce sanctuaire daigna opérer un miracle, ou plutôt une réunion de miracles éclatants en faveur d'une demoiselle de Noves, âgée de 13 ans, nommée Claude Meynaud.
Depuis l'âge de sept ans elle était à-peu-près aveugle, ayant perdu entièrement un de ses yeux, et ne voyant que fort peu de l'autre.
Ses pieds étaient tellement contournés, que, pour se mouvoir, elle avait besoin, outre ses béquilles, d'une personne qui la soutint, et, pour surcroit de peine, elle était tellement percluse des bras et des mains, qu'elle ne pouvait porter les aliments à la bouche ; il fallait qu'on lui donnât à manger, comme on fait aux petits enfants.
Cet état d'infirmité était connu de toute la paroisse et excitait la compassion de tout le monde.
La pauvre Claude souffrait avec patience cette complication de maux, lorsqu'elle entendit parler des miracles que le Seigneur opérait par l'intercession de sa sainte Mère, à Lumières.
A l'instant, un rayon d'espérance pénètre dans son cœur ; elle prie ses parents de la faire conduire en ce sanctuaire.
Ils cèdent à ses désirs, ils partent avec elle de Noves, le 3 mai, et le même jour ils arrivent à la grande Bégude, où cette pauvre fille émut de pitié une multitude de pèlerins qui se trouvaient là réunis.
Le lendemain, jour de dimanche, elle est portée dans la sainte chapelle, où elle adresse à Dieu, par la médiation de la Vierge, et de concert avec ses parents, des prières pleines de foi et de résignation.
Elle en sent bientôt l'effet, se trouvant comme instantanément délivrée de toutes ses infirmités.
Dans son transport soudain, elle jette ses béquilles en s'écriant : "Ah ! sainte Vierge ! ah ! Notre-Dame de Lumières, je suis guérie, vous m'avez guérie !"
Elle voit parfaitement de ses deux yeux l'image de sa céleste bienfaitrice et tous les objets environnants : ses bras, ses mains sont devenus souples et prompts à exécuter ses moindres volontés, ses pieds sont raffermis.
Elle monte, sans avoir besoin d'un secours étranger, à la chapelle de saint Michel, d'où elle revient avec la santé et la joie que la Mère de miséricorde lui a rendues.
Le P. Michel, qui, d'après les informations qu'il a prises, ne peut ne pas croire au prodige, entonne le Te Deum ; et dans le récit qu'il en fait, il ajoute qu'il a été témoin de ce qu'il raconte : Quod vidimus testarnur.
Qu'on se figure le retour de cette enfant bénie du Ciel à Noves, où le bruit de la faveur obtenue l'a devancée. Un des prêtres de la paroisse et le consul ou magistrat, M. de Mérindau, pour exciter le peuple à rendre au Seigneur et à sa sainte Mère les louanges et les témoignages de reconnaissance qui leur sont dus, la conduisent comme en triomphe dans tous les quartiers. M. de Mérindau avait lui-même en ce moment un enfant entre la vie et la mort. Comme il passe près de sa maison, on lui dit que le malade vient de rendre le dernier soupir. Le magistrat est si transporté de ce qui s'est passé dans la personne de Claude, que comme insensible à ce chagrin domestique, il s'écrie dans un élan de foi et de confiance : « Celle qui a guéri cette fille pourra bien réparer cette perte ; et il continua sa pieuse occupation. Et en effet, ces paroles furent comme une sorte de prophétie : son enfant recouvra la respiration, la vie et la santé.
Le 31 août de l'année suivante 1665, Notre-Dame de Lumières départit à une fille de Bollène, âgée de 12 ans, une faveur à-peu-près semblable.
Elle avait nom Antoinette Latar.
La chute d'une cheminée qui l'avait couverte de ses débris, en froissant, en brisant tous ses membres, l'avait mise dans le plus pitoyable état d'infirmité.
Elle était tellement pliée et courbée, que sa tête se trouvait entre ses pieds, sans que les efforts qu'on avait tentés pour la redresser eussent produit le moindre résultat.
Cette pauvre fille souffrait depuis deux ans toutes les douleurs et toutes les incommodités auxquelles l'assujettissait un pareil dérangement d'organes, lorsqu'elle entendit dire que les pénitents blancs de Bollène étaient sur le point de se rendre en procession à Notre-Dame de Lumières, où la renommée racontait qu'il se faisait tant de miracles.
Comprenant bien qu'elle n'avait de secours à attendre que du Ciel, elle se sent inspirée de recourir à Marie, et prie sa mère d'envoyer à Lumières de quoi faire dire une messe pour obtenir sa guérison.
Celle-ci emprunte l'argent à une de ses voisines et le donne à une de ses connaissances, nommée Catherine, qui devait, avec plusieurs personnes pieuses, suivre la procession.
Catherine passe la nuit en prière, et remet à un ecclésiastique du lieu l'honoraire de la messe ; et voilà que le jour de saint Louis, entre onze heures et midi, pendant que les pénitents faisaient leur offrande dans la sainte chapelle où l'on célébrait le saint sacrifice, la pauvre Antoinette, qui de son côté ne cessait de prier Dieu et d'invoquer Notre-Dame de Lumières, éprouve dans son lit quelque chose d'insolite qui lui fait pousser un cri.
Les personnes du voisinage accourent et elle leur dit : « Voisines, je suis guérie ; ne voyez-vous pas Notre-Dame de Lumières qui me lève ?» et elle sort de son lit sans l'aide de personne, transportée de joie de voir que sa tête et ses membres ont repris leur situation naturelle ; et, pour rendre à la Vierge le tribut de louange et de reconnaissance qui lui est dû, elle parcourt la ville et remplit les habitants d'étonnement et de consolation.
Ce fait de notoriété publique à Bollène fut relaté dans le livre des miracles opérés par Notre-Dame de Lumières, par le P. Michel du Saint-Esprit, en présence de M. L. Fouque, curé de Bollène ; de M. J.-B. Granat, docteur en droit et premier consul de la ville, et de M. Raymond Rocher, greffier de l'official, le 10 janvier 1666 ; et Mgr de Saint Paul-trois-Châteaux, évêché supprimé aujourd'hui, dans le diocèse duquel se trouvait Bollène, en permit la publication.
Parmi les faveurs signalées obtenues récemment par l'intercession de Notre-Dame de Lumières, on cite une demoiselle âgée de 27 ans, de la commune de Piolenc qui, ayant perdu l'œil gauche par suite d'une maladie aux yeux, et n'ayant plus d'espérance dans les secours de l'art, s'engagea par vœu, au mois de mars 1833, de faire le pèlerinage de Lumières.
La Mère de Dieu entendit sa prière, et une guérison parfaite en fut la preuve.
Au printemps de 1834, il régnait dans le pays ouest situé ce sanctuaire, une sécheresse qui compromettait la future récolte.
Les habitants de la ville d'Apt qui ne sont qu'à deux lieues de Notre-Dame de Lumières, tournèrent leurs yeux et leurs espérances vers cette source de grâces.
Ils partent donc en procession, portant la statue de sainte Anne, patronne de leur ville et de son ancien diocèse, qu'on voyait alors pour la première fois, tant la nécessité était pressante, sortir de la cité.
Ils arrivent au terme de leur pèlerinage le 27 avril, jour de dimanche, et, selon le rapport de personnes dignes de foi, au moment où la statue de sainte Anne entrait dans l'église de Lumières, le ciel se couvrait de nuages, mais ce qui est certain, c'est que le lendemain il plut abondamment. Il faut ajouter que, dans ce besoin public, les paroisses voisines du pèlerinage avaient suivi l'exemple de la ville d'Apt.
Source : Livre "Histoire des principaux sanctuaires de la mère de Dieu" par Firmin Pouget
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