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GARAISON
GaraisonNotre-Dame de Pitié
En 1515, la vierge apparaît 3 fois à une jeune bergère : Anglèse de Sagazan.Agée d'une dizaine d'années, Anglèse fait paître ses moutons près de sa maison. Elle est assise près d'une source sous une aubépine en fleurs et mange un morceau de pain dur et noir quand une dame vêtue de blanc lui apparaît.
La dame lui dit :
"Ne craignez rien, je suis la Vierge Marie, mère de Dieu. Allez dire au Recteur de Monléon qu'il doit bâtir ici une chapelle, car j'ai choisi ce lieu et j'y répandrai mes dons"
Anglèse prévient son père Guilhem de Sagazan. Celui-ci se rend aussitôt à Monléon chez le Recteur, qui l'écoute,un peu sceptique.
Le lendemain, au même endroit, la Vierge réapparaît à Anglèse. La Vierge renouvelle sa demande. Anglèse va revoir son père qui rencontre à nouveau le Recteur. Celui-ci est plus attentif mais réclame des preuves.
Lors de la 3ème apparition, Anglèse est accompagnée de sa famille et de ses voisins.
Les témoins ne verront rien mais ils entendront la Vierge :
"Cherchez dans votre panetière, et chez vous dans le coffre du pain".
Ils s'empressent d'aller voir le coffre à pains et voient que le pain noir d'Anglèse est changé en pain blanc, et que le coffre de la famille est entièrement rempli de pains blancs.
Les habitants de Mauléon et des villages voisins sont en liesse. Une procession est organisée, une croix est plantée sur les lieux de l'apparition. Un modeste oratoire sera édifié, des foules viendront s'y recueillir et implorer la Vierge. L'eau de la source est miraculeuse : elle guérit !
Plus tard, grâce à une pension payée par la commune de Monléon, Anglèse entre comme religeuse au couvent cistercien de Fabas (1543).
Certains jours, elle se rend à la chapelle de Garaison où elle passe le soir et la nuit en prières. Quand les pélerins l'apprennent : son arrivée est guettée, on baise sa robe ou en en coupe un morceau pour en faire une relique. Anglèse limitera alors ses sorties à une seule par an.
Elle meur en 1582 à Fabas. Ses restes seront rapatriés à Garaison en 1958.
Le sanctuaire
D'après Molinier, une première chapelle est construite, qui dure jusqu'en 1523.
A cette date, un deuxième édifice la remplace, orné de peintures et achevé vers 1540.
La statue de Notre-Dame de Garaison, une pietà, date du XVIe siècle. Lors des guerres de religion, elle aurait été jetée dans le feu sans être endommagée par un capitaine huguenot : M. de Sus.
C'est au début du XVIIe siècle que le sanctuaire se développe, sous l'impulsion de deux hommes :
- Pierre Geoffroy, curé de Garaison en 1604,
- Godefroy de Roquefort, élu premier chapelain de Garaison.En savoir plus :Au milieu d'un charmant bassin qui forme l'extrémité méridionale de la vallée de Garaison, au diocèse de Tarbes, dans un de ces sites où les anciens solitaires aimaient à jeter les fondements de leurs monastères, s'élève une belle église dédiée à la Vierge.
Elle est entourée de plusieurs bâtiments destinés aux religieux qui la desservent ou aux pèlerins qui la visitent.
A quelques pas de l'église se trouve une fontaine, qu'on nomme la Bergère, en souvenir des faveurs que la reine du ciel y daigna faire à une simple bergerette, et dont nous empruntons le récit à un ancien auteur :
Un iour donc, cette fillette, âgée de dix à douze ans, ayant nom Anglèse de Sagasan, gardait quelque bétail à moins de deux traits d'arquebuse de sa loge, auprès d'une eau vive qui jaillit en l'endroit même où est maintenant le maître-autel de la chapelle, et qui de là va verser ses eaux dans le lit d'une demi-voûte qu'on bâtit après, à dix ou douze pas de la source.
Cette source était ombragée d'un bel aubespin, haut et relevé, qui, la couvrant de ses branches, défendait sa fraîcheur du chaud et sa pureté des souillures, et n'invitait pas moins les passants par sa verdeur agréable et par son odeur bien flairante que l'eau par son doux murmure.
La bergère s'en approche, n'ayant dans son petit sachet ou panetière qu'un peu de pain pétri d'une paste de mestain noir, dont la couleur fait horreur aux yeux et les arêtes au gosier.
Mais c'était tout ce que la stérilité de l'année et la pauvreté de sa maison lui pouvaient fournir ; encore ses père et mère l'avaient-ils arraché de leur bouche pour le lui mettre à la main, l'amour envers les enfants surmontant l'amour de soi-même.
Comme elle était seulette auprès de la fontaine, peut-être pour y tremper son pain sec et aride, peut-être pour y pleurer sa misère, une dame au port grave, aux yeux gracieux, à la figure sereine, vêtue d'une robe blanche, qui descendait à longs plis jusqu'à ses pieds, se présenta devant elle.
Sa majesté devait assez découvrir son nom, si la fillette rude et peu cultivée eut eu de la connaissance ; mais la voilà toute ravie, sans la connaître et sans l'interroger.
Mais la dame lui déclara qu'elle était la vierge Marie, mère de notre Rédempteur Jésus-Christ, et qu'elle voulait avoir un temple en ce lieu.
Elle commanda à la fillette d'en aller avertir son père, pour qu'il communiquât ses intentions à ceux de la ville de Montléon,
La bergère quitte aussitôt pâturage et fontaine, court sans délai vers la logette de son père, lui raconte ce qu'elle a vu et ce qu'elle a ouï.
Le père, homme simple et dévot, alla tôt s'acquitter de sa commission ; mais nul ne le voulant croire, il rapporta le refus à la fillette, qui, retournant le lendemain à la fontaine, en fit le récit à la sainte Vierge, qui s'apparut à elle pour la seconde fois, et la chargea derechef de dire à son père qu'il retournât à Montléon, pour faire la même ambassade et dire aux habitants qu'ils ne craignissent point de commencer l'ouvrage en un temps si pauvre et si stérile.
La fille porte aussitôt cette parole à son père, et son père à ceux de Montléon, lesquels, bien qu'à demi ébranlés, ne se rendirent pas à sa demande.
Le bonhomme revint comme la première fois, et la bergerette, triste et dolente, ne voulut pas s'en aller seule à la fontaine.
Plusieurs parents et voisins l'y accompagnèrent ; et s'ils ne virent pas comme elle la vierge Marie, ils entendirent sa voix, et furent témoins d'un miracle par lequel Notre-Dame changea ce pain noir, tout piquant et hérissé d'arêtes, que la fillette portait en sa panetière, en un pain très-blanc et très savoureux.
Par l'ordre de la Vierge, elle retourna en sa logette, et elle trouva la huche pleine d'un pareil pain que la bonne Dame lui envoyait pour soulager ses parents dans leur extrême disette ; ce que voyant, le père et la mère coururent à Montléon et parlèrent aux consuls, qui firent leur rapport au recteur.
La ville se mit en dévotion, une procession s'organisa, et une croix fut plantée auprès de la fontaine, en attendant la chapelle qu'on devait y bâtir.
Cette première chapelle fit place, au bout de vingt ans, à une belle église, dédiée à Notre-Dame de Guérison, témoignage authentique des miracles obtenus en ce lieu de bénédiction. L'église donna son nom à la vallée ; mais ce nom s'est altéré, comme beaucoup d'autres, et l'on en a fait Garaison.
La bergerette, si merveilleusement favorisée du ciel, entra au couvent de Fabas, peu éloigné de Garaison ; et comme elle n'avait pas de dot, la ville de Montléon prit par écrit l'engagement d'y payer sa pension.
Anglèse y devint un modèle de vertu, et elle y mourut en odeur de sainteté, à l'âge de plus de cent ans.
Son corps y fut conservé jusqu'à la Révolution, puis recueilli par une dame de Saint-Frajon, et il repose aujourd'hui dans la chapelle de Garaison.
Ce sanctuaire béni, après avoir été fermé pendant quarante ans, a été restauré et rendu au culte de Marie en 1835.
Il a retrouvé toute sa splendeur ; mais ce qu'on y admire le plus, c'est la foi, la piété, la confiance des innombrables pèlerins qu'y amènent les fêtes de la Vierge et surtout celle de la Nativité.
On n'évalue pas à moins de vingt à vingt-cinq mille ceux qui vont en ce beau jour invoquer la bonne Notre-Dame, près de cette fontaine, où elle daigne montrer combien elle aime l'innocence et combien elle est touchée des prières des pauvres et des petits.
Anglèse de Sagasan est demeurée en vénération dans ce pays, où elle a encore des parents, qui se sont fidèlement transmis le récit de la merveille à la suite de laquelle la bergerette, ne voyant plus rien en ce monde qui pût lui sourire ou attacher son cœur, se retira dans un cloître et y mena la vie d'une sainte.
Pendant les premières années de son séjour à Fabas, le peuple se montrait si avide de la voir et d'entendre de sa bouche les détails de l'apparition, que la supérieure de son couvent lui permettait de faire de temps en temps le pèlerinage de Garaison.
Mais l'empressement avec lequel on venait à sa rencontre, les honneurs qu'on lui rendait blessèrent son humilité, et elle aima mieux se priver de la joie de visiter cette sainte chapelle que de se voir entourée d'hommages qu'elle se croyait si loin de mériter.
Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary
L'histoire de ce pèlerinage a été racontée avec une gracieuse naïveté par l'ancien chapelain de Notre-Dame de Garaison, M. T. Molinier, prêtre et docteur en théologie, dans un livre savant publié à Auch, avec une approbation datée du 1er mai 1646.
Les personnes pieuses nous sauront gré de leur avoir communiqué textuellement l'ancien récit, en l'abrégeant quelquefois et en modifiant une ou deux expressions seulement, léger sacrifice qu'il faut faire aux exigences du langage. Il sera facile ensuite de compléter l'ouvrage et de conduire l'histoire jusqu'à l'époque présente : les documents publiés sur Notre-Dame de Garaison ne nous feront pas défaut.
« Dans la province d'Aquitaine, diocèse d'Auch, paroisse et destroit de la ville de Montléon, il y a, dit l'ancien auteur, une vallée portant le nom de Guaraison, où est maintenant bâtie la chapelle votive de Notre-Dame.
Cette vallée est à huit lieues d'Auch, du côté de Bordeaux ; à sept de Lombes, du côté de Toulouse, à cinq de Tarbes, du côté de la Bigorre et du Béarn, à six des Monts Pyrénées.
La terre y est argileuse et froide, l'air sujet aux brouillards, les pluies fréquentes et le ciel inclément. Ajoutons, pour ne laisser rien à désirer sous le point de vue topographique, que la vallée, resserrée d'abord, s'élargit peu à peu, et se termine par une couronne de collines couvertes de forêts. Le lieu est solitaire et recueilli, sans avoir l'âpreté du désert : des habitations semées de distance en distance, une culture soignée, des productions variées occupent agréablement le coup-d'œit jusqu'au charmant bassin qu'on rencontre à l'extrémité méridionale : c'est là surtout que la nature, représentées ! triste par l'ancien historien, s'est prêtée aux industries et aux embellissements de l'art, en se couvrant de bosquets et de prairies. Au milieu de ce bassin, s'élève le pélerinage de Garaison, composé d'une vaste enceinte, où se trouvent la belle église de la Vierge, la maison des chapelains, l'asile des pélerins, et à quelques pas, du côté du levant, la fontaine nommée la Bergère, signalée par l'apparition de la Mère de Dieu. Voici comment l'ancienne chronique raconte l'origine de ce pélerinage.
« Environ l'an 1500, Notre-Dame se manifesta visiblement dans cette vallée de Garaison à une petite bergère, voulant ensuite de cette manifestation communiquer au lieu et à ceux qui le visiteraient des faveurs plus particulières.
Elle préfère les humbles et les petits comme Dieu duquel elle dispense les grâces ; et c'est pourquoi lorsqu'elle a voulu distribuer abondamment ses largesses en ce quartier d'Aquitaine, désert et infructueux, comme elle fait en d'autres lieux de la France, elle a jeté ses yeux qui cherchent l'humilité sur une vile cabane et sur la petitesse d'une simple bergerotte, pour l'honorer de sa communication.
Un jour donc que cette fillette, âgée de dix à douze ans, ayant nom Anglèse de Sagasan, gardait quelque bétail à moins de deux traits d'arquebuse de sa loge, auprès d'une eau vive qui jaillit en l'endroit même où est maintenant le grand autel de la chapelle, et qui de là va verser ses eaux dans le lit d'une demi-voûte qu'on bâtit après à dix ou douze pas de la source.
Cette source, comme porte la tradition du peuple, était ombragée d'un bel aubespin, haut et relevé, qui, la couvrant de ses branches, défendait sa fraîcheur du chaud et sa pureté des souillures, et n'invitait pas moins les passants par sa verdeur agréable et par son odeur bienfaisante, que l'eau par son doux murmure.
La bergère s'en approche, n'ayant dans son petit sachet ou panetière que quelque morceau de pain pétri d'une pâte de mestain noir, dont la couleur fait horreur aux yeux et les arêtes au gosier, si l'appétit n'est point excité.
Mais c'était tout ce que la stérilité de l'année, jointe à la pauvreté de sa maison, lui pouvait fournir, plutôt pour apaiser sa faim que pour contenter son goût ; encore avait-il fallu que ses père et mère s'arrachassent ce morceau de leur bouche pour le lui mettre à la main, et l'ôtassent à leur propre nécessité pour le donner à la sienne, la compassion étant plus forte que la faim, et l'amour envers les enfants surmontant l'amour de soi-même.
Comme elle était auprès de la fontaine, peut-être pour y détremper son pain sec et aride, peut-être pour y pleurer sa misère, seulette et désolée, comme cet âge est tendre et sensible à la douleur, le Ciel qui regarde avec pitié les larmes des innocents et affligés, la consola par une vision aussi remplie de suavité que de merveille, et capable de donner autant de douceur à l'âme que d'étonnement à la vue.
Une dame au port grave, aux yeux gracieux et à la face sereine, revêtue d'une robe blanche qui descendait à longs plis jusqu'à ses pieds, se présente devant elle.
Sa majesté pouvait assez découvrir son nom devant même qu'elle parlât, si la fillette rude et peu cultivée eût eu de la connaissance ; mais soit que la lumière l'éblouit, soit que la nouveauté l'étonnât, la voilà toute ravie sans la connaître et sans l'interroger.
Quand soudain la Dame, la prévenant par sa douceur, lui déclara qu'elle était la Vierge Marie, Mère de notre Rédempteur Jésus-Christ ; qu'elle avait choisi ce lieu où elle s'apparaissait pour le combler de ses bénédictions ; qu'elle voulait y avoir une chapelle, et, à ces fins, lui commanda d'en aller avertir son père, afin que son père en donnât promptement avis à ceux de la ville de Montléon. Cela dit, elle disparut.
La bergère, étonnée de cette vision, et pressée du commandement qui poussait intérieurement son cœur, après avoir retenti si clairement à ses oreilles, quitte aussitôt et pâturage, et fontaine, et bétail, court sans délai vers la logette de son père, exécute sa commission, lui raconte ce qu'elle avait vu, ce qu'elle avait ouï, ce que Notre-Dame lui avait enjoint pour être rapporté de sa part à ceux de Montléon.
Le père, simple et dévot, alla sans retarder faire sa légation, sans autre preuve de la merveille qu'il allait annoncer que la parole de sa fille.
Son message ne fut pas cru des hommes, pour être si mal appuyé.
Ce bonhomme donc étant renvoyé de ceux de Montléon sans effet de sa légation, comme il était venu sans preuve, rapporta le refus à sa fille, et la fille retournant le lendemain à la fontaine, en fit le récit à la sainte Vierge, qui s'apparut pour la seconde fois à elle, en même forme que le jour précédent, et la chargea derechef de dire à son père qu'il retournât à Montléon, pour faire la même ambassade et assurer les habitants que c'était la volonté divine qu'on lui bâtit une chapelle auprès de cette fontaine ; ajoutant qu'ils ne craignissent pas de commencer l'ouvrage en un temps si pauvre et si stérile.
La fille porte aussitôt cette parole à son père ; son père à ceux de Montléon, lesquels, quoique demi-ébranlés, ne se rendirent pas à sa demande.
Le bonhomme, rejeté pour la seconde fois, s'en retourne et dit à sa fille qu'on ne la pas voulu croire.
La fille, triste et dolente, s'en rêva le lendemain, pour la troisième fois, vers la fontaine ; et j'ai appris une particularité de la bouche d'un homme âgé de septante ans, fils d'un frère de cette bergère, qui porte le même surnom de Sagasan, et possède par héritage la même logette où elle fut nourrie, que le troisième jour elle n'alla pas seule, comme les deux jours précédents, mais accompagnée de quelques-uns de sa famille et du voisinage.
Etant arrivés auprès de la fontaine, voici la même apparition pour la troisième fois, laquelle néanmoins aucun des assistants ne vit que la bergère seule, mais tous ouïrent la voix qui lui parlait, comme il est dit de la vision de saint Paul aux Actes des Apôtres (Act. 9) ; et tous, en outre, virent le miracle qui se fit sur-le-champ de la conversion du pain que la bergère portait en sa petite panetière, lequel Notre-Dame changea de pain noir à l'extrémité et tout piquant et hérissé d'arêtes en pain très-blanc, très-beau à l'œil, et très savoureux au goût, pour confirmer la vérité de son apparition, merveille qui ravit en admiration tous les assistants, qui se mirent à crier miracle, miracle !
Ce n'est pas tout ; mais pour assurer davantage la révélation, la sainte Vierge dit à la fille que d'autant que ses père et mère étaient en extrême disette, elle les avertit d'aller aussitôt ouvrir leur coffre, qu'ils le trouveraient rempli de pain pour subvenir à leur nécessité.
La vision s'étant évanouie des yeux de la bergère, et la voix des oreilles de ceux qui l'avoient suivie, l'étonnement et la joie demeura dans l'esprit de tous.
Ils courent promptement vers la loge de la fille : le coffre est ouvert, le pain trouvé, la promesse vérifiée, le miracle reconnu, les spectateurs ravis, le père et la mère consolés.
Ils s'en vont aussitôt vers Montléon, parlent aux consuls, montrent le miracle évident et manifeste, miracle redoublé de la conversion et production du pain changé de noir en blanc, et autre pain produit de nouveau.
Les consuls en font rapport au recteur ; le recteur vérifie le miracle, la merveille confirme les esprit le doute se change en assurance.
Toute la ville se met en dévotion, les prêtres se revêtent, la croix précède la procession marche, les consuls suivent, le peuple accourt à la foule, les maisons demeurent vides, les chemins se remplissent de tous côtés, le ciel retentit de chants ; et les villages voisins, avertis de la merveille, se joignent pour augmenter le nombre et la réjouissance, jusqu'atant qu'arrivés à la vallée de Garaison, et à la fontaine où s'était faite l'apparition, distante de Montléon d'une bonne lieue de France, la croix y fut arborée avec hymnes, cantiques et prières.
Bientôt après, les miracles ordinaires et les guérisons soudaines et fréquentes qui se faisaient à cette fontaine, y attirant et augmentant tous les jours la dévotion et le concours du peuple, on y bâtit une petite chapelle, et du depuis on y a bâti cette église voûtée qu'on y voit maintenant. »
Du reste, la vie de la bergère est une excellente confirmation de tout ce que renferme un récit fait avec la simplicité, la grâce, la naïveté, qui sont les compagnes ordinaires de la vérité et ses indices manifestes.
Anglèse, avant d'avoir eu des rapports si intimes avec Marie, était un modèle d'innocence, un ange de piété ; mais, depuis ce moment, sa vertu prit les plus rapides accroissements.
La pensée de la Vierge sainte, sa ravissante Image étaient presque toujours présentes à son âme, et la beauté de la Reine du ciel qui avait fait rejaillir sur elle quelques-uns de ses rayons, l'empêchait de trouver aucun charme dans les créatures qui frappaient sa vue. Simple dans ses goûts, paisible dans ses habitudes, elle portait sur son front un reflet de céleste candeur ; expression qui ne variait que quand un souvenir, une pensée d'en-haut tombant sur son âme, comme un regard du soleil sur un cristal transparent, son visage s'enflammait, ses yeux brillaient d'une douce lumière et semblaient interroger le Ciel.
C'était la colombe qui ne trouvait plus où reposer son pied délicat, parmi la lange du siècle. Elle vola donc vers l'arche sainte ; elle sollicita son admission dans un couvent de religieuses de Citeaux, en un lieu appelé Fabas, au diocèse de Commenge, à six lieues de Garaison.
Ce monastère servait d'asile aux filles des plus nobles maisons de la contrée : la vertu de la bergère lui tint lieu de titres de noblesse, et elle fut admise comme novice.
Cependant, au bout de quelques années, une difficulté s'éleva.
Anglèse ne pouvait rester toujours novice, et la règle du monastère défendait expressément d'admettre aux vœux solennels les religieuses qui n'avaient point de pension assignée pour leur entretien.
La charité publique vint au secours de celle que la Mère des fidèles avait honorée d'une si spéciale prédilection.
L'ancien historien témoigne avoir vu l'original d'un titre authentique, daté du 17 février 1543, par lequel les consuls et les habitants de Montléon prenaient l'engagement de compter à l'abbesse une pension annuelle pour sœur Anglèse de Sagasan, afin de lever l'obstacle qui s'opposait à sa profession ; ajoutant que le motif de leur conduite était que la chapelle de Garaison, où la piété des fidèles aimait à déposer beaucoup de dons confiés à leur garde, avait été bâtie ensuite de la révélation faite à la fervente religieuse, avant qu'elle se fût engagée dans cette sainte carrière.
Elle fit donc profession en 1543.
Dès-lors son ardeur pour avancer dans la perfection parut redoubler, tellement qu'elle devint le modèle de celles qui, depuis longtemps s'étaient exercées à la pratique de toutes les vertus.
Rien de plus inaltérable que sa douceur, rien de plus admirable que son obéissance, si ce n'est peut-être cette humilité profonde qui la portait à taire tout ce que la Mère de Dieu avait fait de grand en elle, et qui ne lui laissait d'autre ambition que celle d'être inconnue au monde.
Cependant le monde ne pouvait l'oublier : l'éclat que le Ciel donnait à la chapelle, les merveilles qui s'y opéraient renvoyaient un reflet de gloire sur celle dont sa Providence s'était servie pour en consacrer l'origine.
Le peuple demandait à voir quelquefois la bonne Anglèse.
Le général de l'Ordre autorisa donc la supérieure de Fabas à l'envoyer quelquefois : en pèlerinage à Garaison.
Alors un concours extraordinaire de peuple, alors des témoignages de vénération, des honneurs tels qu'on en rend aux Saints eux-mêmes, entouraient la fervente religieuse.
Il n'en fallait pas tant pour confondre son humilité, pour lui faire à jamais sacrifiera l'amour de l'obscurité la dévotion qui la portait vers un lieu qui lui offrait de si doux souvenirs, pour la mettre dans une sorte de nécessité de faire révoquer par ses supérieurs l'autorisation donnée pour elle de sortir quelquefois du monastère.
Le samedi était particulièrement le jour de sa ferveur : elle le sanctifiait par le jeûne, en mémoire des grâces merveilleuses qu'elle avait reçues de Marie un samedi.
Enfin, elle mourut en odeur de sainteté la veille de la Nativité de l'an 1589, âgée de plus de cent ans.
Son corps fut conservé, au couvent de Fabas, jusqu'à la révolution. A cette époque désastreuse, le couvent ayant été vendu et les religieuses chassées de leur pieux asile, les restes mortels de la bergère furent recueillis par une dame pieuse de Saint-Frajon, qui les garda quarante ans, et les légua ensuite à sa fille comme un précieux dépôt.
Celle-ci a bien voulu s'en dessaisir en faveur de la chapelle de Garaison, dans laquelle ils ont été transférés le 5 juin 1838, au milieu des apprêts d'une cérémonie on ne peut plus édifiante, et avec un pieux élan qu'a pu seule comprimer la crainte de paraître violer les saintes prescriptions de l'Eglise.
La petite chapelle bâtie auprès du lieu que l'apparition, les prodiges qui s'y étaient opérés depuis, avaient rends si célèbre, subsista une vingtaine d'années, c'est-à-dire, jusqu'à l'an 1523.
La générosité des fidèles croissant dans la même proportion que leur dévotion envers la Vierge sainte, on s'empressa, à cette époque, de lui substituer une grande église voûtée, qui fut terminée en 1540.
Les années, qui suivirent la dévotion à Notre-Dame de Garaison, souffrit quelque éclipse, par suite de l'isolement de l'église et par défaut de prêtres zélés qui fussent spécialement chargés de la desserte du pèlerinage.
Le curé de Montléon s'y transportait à la vérité, pour y faire les offices aux deux grandes fêtes de l'Assomption et de la Nativité et les quatre samedis qui se trouvent dans cet intervalle ; c'en était assez pour qu'un lieu témoin de tant de prodiges ne fût pas mis en oubli, mais non assez pour y appeler la foule pieuse qui avait tant de grâces à demander à la Mère de Miséricorde.
Celle-ci, pressée, ce semble, de répandre ses bienfaits sur les hommes, prit en main la cause de son sanctuaire.
Elle suscita un homme à grandes vues, au cœur généreux, digne d'entrer comme en coopération des projets qu'elle avait formés pour l'accroissement de la piété dans cette contrée et le salut de tant d'âmes. Cet homme apostolique fut Pierre Geoffroy, né à Lorme, diocèse d'Autun, d'abord administrateur des affaires temporelles de l'archevêché d'Auch, et ensuite curé de Montléon en 1604.
Sensiblement affligé du triste état où se trouvait Garaison par l'effet de son isolement et par suite des guerres civiles, et encouragé dans son pieux dessein par l'archevêque d'Auch, il mit tous ses soins à relever le pèlerinage et à supprimer les abus que le temps y avait introduits.
Réduit à ses propres forces, il eût succombé dans son entreprise : l'heureuse idée qu'il eut de s'associer quelques ecclésiastiques animés de son esprit, en assura le succès.
Il se forme à Garaison une communauté dont Geoffroy est le supérieur : ils rencontrent d'abord bien des difficultés ; le dénuement le plus complet les accueille dans leur solitude. Mais forts de leur courage et appuyés sur la protection de Marie, ils triomphent de tous les obstacles ; des bâtiments spacieux s'élèvent autour de l'église ; le lieu saint est restauré, orné avec quelque chose de plus que de la décence ; les saints offices s'y célèbrent avec une pompe insolite. Les abus disparaissent pour faire place aux démonstrations de la plus solide et de la plus tendre piété ; les populations se pressent d'accourir à Garaison, non plus trois ou quatre fois l'année comme auparavant, mais toutes les fêtes et presque tous les jours.
La parole de Dieu est annoncée fréquemment dans ce sanctuaire, et elle l'est avec ce ton de conviction, cet accent qui pénètre les âmes : les pèlerins sont sûrs d'y trouver avec une hospitalité cordiale, le moyen de se réconcilier avec Dieu par les sacrements ; ils savent que la Mère de Miséricorde a comme rouvert la source des grâces et des faveurs signalées qui y coulaient autrefois avec tant d'abondance : il n'en fallait pas tant pour attirer à Garaison le concours des fidèles et pour lui rendre un éclat plus brillant encore que celui qui s'était autrefois attaché à son nom.
Le nombre des prêtres de la Congrégation s'accrut à proportion du besoin des fidèles : sous la conduite de Geoffroy, ils se dévouaient l'été au service du pèlerinage, et l'hiver, quand le concours des pèlerins ne se portait plus à Garaison, loin de se permettre un repos acheté par tant de travaux, ils parcouraient les villes et les campagnes, annonçant l'Evangile et renouvelant la contrée par le ministère si puissant des missions.
On comprend sans peine que la réputation de ce sanctuaire de miséricorde que Marie s'était choisi, croissait de jour en jour.
Les paroisses voisines venaient avec leurs pasteurs, rendre hommage à la Mère de Dieu, se dévouer à son culte, lui consacrer leurs récoltes, l'implorer dans leurs afflictions : les malheureux de tout genre accouraient chercher un remède à leurs maux et ils priaient avec une confiance qui souvent était récompensée, même par des miracles.
Des hommes célèbres ne craignaient pas de se mêler à la foule, pour réclamer avec elle le secours du Ciel : des docteurs, des conseillers au parlement de la capitale y priaient comme le simple peuple ; des généraux d'armée y ont offert leurs épées ; des seigneurs, des princes, des ambassadeurs et des nonces du siége apostolique se trouvaient heureux de confier à la Vierge de Garaison les amertumes de leurs âmes, les embarras souvent cruels d'une position si enviée et d'attendre d'elle le remède et la consolation qui ne pouvaient venir que d'en-haut.
Pourquoi faut-il que sur quelque point de la France que nous arrêtions les yeux, la même époque de notre histoire nous arrache les mêmes plaintes et les mêmes regrets ? La piété de nos pères avait orné Garaison avec tant de profusion ! Elle l'avait enrichi de si beaux domaines, destinés à la splendeur du service divin, à l'entretien des ministres du Seigneur, au soulagement de tant d'infortunes ! La révolution de 1789 en fit sa proie.
Les chapelains, au nombre de dix-huit, furent dépouillés de tout, chassés du domicile que leurs prédécesseurs avaient construit avec un si admirable dévouement, dispersés au hasard et obligés d'aller demander, dans l'exil, le pain de la charité, ou de traîner de retraite en retraite la vie des proscrits.
Cependant, par un effet de la protection du Ciel, le vandalisme révolutionnaire n'exerça point ses fureurs contre l'édifice sacré.
Les murs restèrent debout. La chapelle, le cloître et le magnifique parc qui les entoure tombèrent entre les mains d'un homme qui comprit la mission qu'il avait de conserver ces gages de l'antique piété pour des jours meilleurs.
Ces jours se levèrent enfin en 1833. Mgr Double, évêque de Tarbes, avait pris possession de son diocèse : une de ses premières pensées fut de visiter Garaison. La vue de ce sanctuaire abandonné et dégradé, le contraste qu'il offrait avec le souvenir de son antique gloire émurent son cœur d'évêque ; l'année suivante, Garaison était acquis au diocèse.
La chapelle fut restaurée à la hâte, bénie solennellement le 11 octobre 1835, et le même jour le vénérable prélat eut la consolation d'y célébrer les saints mystères, au milieu d'un peuple immense, ivre de bonheur et de joie de voir enfin, après 40 ans de silence et de désolation, la chapelle rendue au culte et consacrée de nouveau à exalter le nom de Marie.
Garaison, cependant, était encore loin d'avoir repris sa première splendeur ; il fallait relever Lien des ruines autour de son enceinte : le prélat eut recours à la charité des fidèles, et, dans le dessein qu'il avait formé, de recueillir et de fixer auprès de la chapelle les vétérans du sacerdoce, ces prêtres que l'âge ou des infirmités précoces empêchaient de se livrer aux labeurs du saint ministère, il invita, par un mandement du 1er décembre 1835, ses diocésains à seconder ses efforts. Son appel a été entendu ; des secours abondants ont été fournis ; l'outrage des années, et, ce qui était plus encore, le vandalisme révolutionnaire, ont été réparés ; Garaison a repris sa première splendeur.
Depuis l'époque fortunée où l'église a été rendue au culte, les pèlerinages n'ont point discontinué. Les paroisses entières s'y rendent en procession.
« Mais, disait, y a peu de temps un vénérable ecclésiastique du lieu, pour avoir une idée de la dévotion à Marie, qui distingue les populations de ces contrées, il faut voir Garaison le jour de la Nativité de la sainte Vierge. Déjà, dès la veille de cette solennité, tous les prêtres du voisinage, répondant à l'appel de MM. les Chapelains, occupent les confessionnaux établis en très grand nombre dans l'enceinte de la chapelle. La multitude qui les entoure est innombrable. Le jour et la nuit les ministres de la réconciliation, oubliant de prendre la nourriture et le repos nécessaires ne songe qu'à donner satisfaction à la foule empressée, que la piété et la componction les plus vives ont réunie autour d'eux.
Mgr l'évêque de Tarbes vient habituellement célébrer à Garaison la fête de la naissance de Marie. Sa présence met en mouvement toute la contrée. Par tous les chemins qui aboutissent à Garaison, arrivent en priant Dieu à haute voix ou en chantant des cantiques sacrés, des groupes sans nombre qui se suivent les uns les autres.
L'enceinte sacrée est toujours trop étroite pour renfermer la multitude des fidèles. Cela ne surprendra personne lorsqu'on saura que cette année (1841) le 8 septembre, plus de vingt mille âmes se sont trouvées réunies par une même foi et une même pensée près de la chapelle de Garaison, C'était l'image de l'ancienne Jérusalem aux grands jours de Pâques et de la Pentecôte.
Le Seigneur a daigné accorder, ces dernières années, aux fidèles qui s'intéressent à ce pèlerinage une grande consolation. Il possédait autrefois une statue vénérée de la Vierge sainte, dont l'origine avait toujours été obscure et couverte du voile du mystère.
Les uns prétendaient qu'elle avait été trouvée parmi les ronces ; les autres, que Marie elle-même l'avait découverte à la bergère. A l'époque funeste où l'hérésie remplissait nos contrées méridionales surtout, de sang et de ruines, un chef de sectaires, entouré d'une troupe cligne de marcher à sa suite, se rendit inopinément à Garaison, pilla la chapelle, porta une main sacrilège sur la sainte Image et la jeta dans les flammes. Les catholiques, pris au dépourvu et incapables de repousser la force par la force, ne pouvaient que gémir et que déplorer une perte qu'ils regardaient comme consommée.
Quelle n'est pas leur joie lorsqu'ils s'aperçoivent que l'objet de leur tendre piété est intact et sans lésion ! Ils la tirent avec respect du brasier ardent, l'arrosent de leurs larmes, et la rapportent solennellement sur l'autel. La révolution de la fin du siècle dernier avait aussi appesanti sa main impie sur ce religieux monument, et s'il ne lui avait pas été donné de le dévouer à une entière destruction, elle l'avait du moins déshérité de sa demeure de prédilection.
Les fidèles adressaient au Ciel des vœux, pour que les habitants de Montléon, dociles à la voix d'un vénérable prélat et aux vœux de toute la contrée, la rendissent à sa destination primitive.
Or, nous apprenons que ces vœux ont été exaucés.
Le 11 octobre 1835, jour à jamais mémorable dans les annales du pèlerinage, le restaurateur de l'antique sanctuaire, Mgr l'évêque de Tarbes, au milieu d'une immense affluence que le mauvais temps n'avait pu détourner de se rendre à Garaison, faisant avec la pompe la plus solennelle l'ouverture de la chapelle, l'antique Image de la sainte Vierge a été portée en triomphe dans l'enceinte sacrée, et replacée dans l'ancienne niche où elle avait reçu, durant plusieurs siècles, les hommages des peuples.
Quant aux témoignages extérieurs par lesquels le Ciel a confirmé cette dévotion, qui pourrait énumérer, dit un des modernes historiens, tous les prodiges qui ont été opérés par la sainte Vierge à Garaison ? je pourrais citer cent quatre-vingts miracles bien authentiques, dont j'ai le témoignage sous les yeux.
Mais voici peut-être le plus grand de tous. Dans ce même temps, le démon de l'hérésie exerçait ses ravages dans l'Eglise de Jésus-Christ.
Presque toutes les provinces de la France, et notamment le Béarn, l'Armagnac et le Languedoc, furent infectés du venin de l'erreur : mais la Vierge de Garaison veille sur les peuples qui l'entourent et qu'elle a pris sous sa protection. Il est à remarquer qu'à un rayon de dix lieues de Garaison, Luther et Calvin ne comptèrent jamais un seul prosélyte. »
S'il faut cependant citer quelques traits en particulier, en voici d'abord un que nous empruntons à l'ancien historien :
« L'an 1617, au mois de juin, un petit enfant âgé d'un an et neuf mois, nommé Michel Ambelot, fils de M. Jean-Antoine Ambelot, docteur et avocat au parlement, et de demoiselle Marguerite de la Fonte, sa femme, se trouva soudainement pressé d'extrêmes douleurs ; et bientôt après réduit à l'extrémité de la vie et jusqu'à rendre l'âme, sans qu'on sût ni qu'on pût connaître la cause d'un si étrange et si subit accident, ce qui laissait du tout et le mourant sans remède et les parents sans consolation, et ceux qui étaient accourus sans moyen ni de secourir celui-la, ni de consoler ceux-ci. Tous les assistants n'attendaient déjà que de le voir exhaler le dernier soupir et se délivrer, en mourant, des douleurs violentes que témoignaient ses convulsions, quand l'amour maternel qui ne se peut résoudre à supporter la séparation de ce qu'il chérit comme une parcelle de sa propre substance, et pour le sauver, cherche encore des remèdes où toutes choses le dénient, suggéra dans l'esprit de cettemère affligée de la perte si soudaine de son fils qui lui semblait non ôté, mais enlevé, de le recommander en ce péril extrême à la Vierge de Guaraison, avec vœu de le porter dans sa chapelle, si, par son intercession, il était arraché des efforts de la mort. A peine le vœu fut fait que la prière fut exaucée, et l'enfant jetant soudain par la bouche une épingle longue et pointue, parut en un moment affranchi du danger et de la douleur, délivrant par un même coup ses père et mère de la crainte, les assistants du regret et de la tristesse. Or, l'enfant étant remis, la chambrière qui en avait la charge et la conduite, déclara que c'était l'épingle dont elle enveloppait ses linges, laquelle il avait avalée, sans qu'elle l'osât dire, crainte de reproche.
Cette merveille étant si visible en un péril si éminent et en la délivrance si prompte, aussitôt après le vœu fait, et par un moyen qui était hors de toute espérance, le père et la mère de l'enfant ne se contentèrent pas de le porter au lieu de Garaison pour accomplir le vœu, mais encore pour glorifier davantage Dieu et la sainte Vierge, instrument de ce bienfait, par la publication d'icelui, ils en voulurent dresser un acte public et authentique. »
Nous ajouterons à ce premier trait le récit d'une faveur récente qui montrera clairement que le sanctuaire de Garaison est toujours une source de bénédictions célestes pour ceux qui viennent y implorer avec ferveur et confiance le secours de la Reine du ciel.
« Madame Carde, de Jusastrès (campagne de Masseube, département du Gers) souffrait depuis un an, et surtout depuis huit mois, des maux si terribles, si extraordinaires, que des environs on allait voir cette malade par curiosité. Elle ne pouvait rester couchée dans son lit ; si elle prenait quelque repos, ce n'était qu'à genoux sur une chaise, sur laquelle elle courbait son corps. Quelquefois on la plaçait à terre, ayant des coussins sous les coudes ; des coussins encore soutenaient les autres parties de son corps. Si jamais elle tentait de marcher, un quart-d'heure était insuffisant pour faire trois ou quatre pas. Plusieurs fois on avait cru que le dernier moment de la malade était arrivé : l'art des médecins était devenu pour elle tout-à-fait inutile, et elle n'avait plus d'espoir dans les secours humains. Dans cette extrémité, une personne de religion lui conseilla, vers la fin d'avril 1836, de faire une neuvaine à Notre-Dame de Garaison. Ce conseil est suivi : la neuvaine commence ; tous dans la famille jusqu'aux domestiques unissent leurs prières aux prières de la malade. Les six premiers jours de la neuvaine, point de soulagement ; toujours mêmes souffrances.
Les deux jours suivants, un mieux se fait sentir, et le neuvième jour, quoique souffrante encore, elle quitte tout-à-fait ses béquilles.
Des occupations de ménage font qu'on ne peut conduire cette dame à Garaison que deux jours après la neuvaine.
Elle y vient en voiture ; on l'introduit dans la chapelle, et alors, pour la première fois environ, elle put s'asseoir sur une chaise. Elle reste ainsi, en y comptant le temps de la sainte messe, qui fut célébrée pour elle par M. Lafforgue, vicaire de Lassalles, durant deux heures, priant avec toute la ferve ; dont elle est capable, et se trouvant si heureuse, qu'elle nous a dits être crue en paradis. Cependant M. Lafforgue, vicaire de Lassalles, vient proposer à la malade de parcourir la chapelle.
Elle se lève sans presque éprouver de difficulté, visite sans secours non-seulement la chapelle, mais encore les bâtiments qui l'entourent.
Enfin, madame Carde se retire de Garaison sans souffrances, et depuis ce moment elle n'a plus ressenti ses anciens maux.
Autant sa maladie avait étonné et excité la commisération des personnes qui la connaissaient, autant à la nouvelle de sa guérison presque subite, on fut pénétré d'admiration et de reconnaissance envers cette bonne Vierge qui toujours se montre sensible aux prières de ses chers enfants.
Mesdames les religieuses de Masseube, qui ont vu l'état de la malade, nous ont certifié la guérison miraculeuse de cette dame par l'intercession de la sainte Vierge de Garaison.
La dame elle-même est venue à Garaison depuis l'arrivée des prêtres attachés à la chapelle, et a, en leur présence, attesté la vérité des faits énoncés. M. Lafforgue, vicaire de Lassalles, qui célébra la sainte messe pour elle, est un témoin irréfragable de cette guérison miraculeuse.
Source : Livre "Histoire des principaux sanctuaires de la mère de Dieu" par Firmin Pouget