• Dévotion des 7 vendredis

     
     

     

    Dévotion des 7 vendredis

     

     

     

    Source photo : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mater_Dolorosa#La_d.C3.A9votion_.C3.A0_Notre-Dame_des_Douleurs

     

    Exercices de piété pour les sept Vendredis qui précèdent la Fête de la Compassion de Très Sainte Vierge.   

     S'il est utile pour les Fidèles d'unir le souvenir des Douleurs de la Sainte Vierge a la méditation des souffrances de son divin Fils, c'est dans les jours où l'Église s'en occupe spécialement qu'ils doivent en retirer plus de fruits ; aussi depuis plusieurs siècles, se sont-ils empressés de pratiquer la Dévotion des sept Vendredis dans tous les lieux où elle est répandue, nous pensons, d'après cela, que pour la faire embrasser à ceux qui l'ignorent il suffit, en la leur faisant connaître, de leur apprendre les principaux avantages qu'ils peuvent en retirer.

    Dès la semaine de la Septuagésime, ils doivent s'appliquer tous les Vendredis, jusqu'à la Fête de la Compassion, aux pieux exercices de cette dévotion qui leur fourniront, s'ils les pratiquent avec fidélité, non-seulement un moyen de satisfaire leur tendre piété pour la Sainte Vierge en partageant ses douleurs, mais encore un puissant secours pour sanctifier la pénitence que l'Église leur prescrit dans le Carême, et une préparation particulière à la méditation du grand mystère de la Rédemption, en leur apprenant à le considérer attentivement.

     

    Enfin les Fidèles, qui par ces différents exercices auront partagé successivement chacune des Douleurs de la Sainte Vierge, ne peuvent mieux en recueillir le fruit qu'en réunissant a la fois dans leurs cœurs, au jour de la Compassion, tous les pieux sentiments qu'ils ont dû ressentir pendant les sept Vendredis, afin de les honorer toutes en ce jour d'une manière spéciale.

    Chacun de ces jours ils doivent, autant qu'il sera possible, observer la méthode suivante en pratiquant les exercices de cette dévotion.

    1° ils liront, au commEncement de la journée avec attention et piété, la méditation du Mystère, afin qu'en étant bien pénétrés, ils puissent y appliquer souvent leur esprit dans le reste du jour, et partager, autant qu'ils le pourront, les Douleurs de la Sainte Vierge en les gravant profondément dans leurs cœurs.

    2° Ils réciteront le Chapelet des sept Douleurs, ou au moins, sept Pater et sept Ave Maria.

    3° Ils visiteront la chapelle de Notre-Dame des sept Douleurs, dans laquelle ils diront le Stabat, et s'ils ne le savent pas, au moins un Pater et un Ave Maria ; ils prieront encore selon \es intentions de l'Église, et demanderont les grâces qu'ils désirent particulièrement obtenir par l'entremise de la Sainte Vierge. Si dans l'endroit où ils se trouvent on n'a point érigé de Chapelle en l'honneur de Notre-Dame des sept Douleurs, ils feront cette visite à quelque autre Chapelle de la Sainte Vierge, ou, à leur défaut, au principal Autel de l'Église.

    4° S'ils peuvent approcher des Sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, ils ne doivent pas négliger de le faire avec toute la dévotion dont ils seront capables ; mais au moins tâcheront-ils d'avoir ce bonheur le jour de la Fête de la Compassion, auquel ils sont invités à méditer pendant une heure sur les Douleurs de la très sainte Vierge, afin de gagner l'Indulgence plénière accordée par Benoît XIV, à ceux qui, une fois dans l'année, font une heure d'oraison mentale sur les Douleurs de la Sainte Vierge, après avoir approché des Sacrements de Pénitence et d'Eucharistie.

    Enfin , s'ils veulent attirer sur ces pieux exercices les bénédictions du Ciel, et en recueillir les fruits précieux, ils doivent, par une conduite vraiment chrétienne, se montrer dignes enfants de Marie, et fuyant les folles joies du monde et sa dissipation, mener autant qu'ils le pourront une vie retirée, et pratiquer quelques bonnes œuvres ; principalement, consoler les affligés, secourir et visiter les malades, les pauvres, les prisonniers, réconcilier les ennemis, supporter avec patience les torts et les défauts du prochain, le rappeler de ses égarements, l'instruire des vérités de la Religion et lui faire tout le bien dont ils seront capables, dans la seule vue de plaire à Dieu.

     

    Si leur santé le permet ils pourront, avec l'avis d'un Directeur éclairé, joindre quelque mortification corporelle à la mortification de l'esprit et du cœur qui est nécessaire à tous et à la portée de tout le monde ; se souvenant que c'est l'esprit dont ces pratiques sont animées qui leur donne un grand mérite aux yeux du Seigneur.

    II est avantageux qu'ils s'occupent de temps en temps, dans la semaine, des pieux sentiments qu'ont dû exciter en eux les exercices qu'ils ont pratiqués le Vendredi précédent : ce sera le moyen d'en rendre les fruits plus durables et plus efficaces.

    Les pratiques de cette dévotion peuvent encore servir utilement dans le courant de l'année, pour obtenir quelque grâce par l'intercession de la très-sainte Vierge.


    PREMIER VENDREDI,
    MÉDITATION

    Sur la Prophétie du vieillard Siméon. 

     

    Pour le Vendredi de la semaine de la Septuagésime,

    Tuam ipsius animant pertransibil gladius.
    Le glaive percera mon âme.

     Considérons de quelle douleur fut navrée l'âme de Marie , lorsque, présentant le Sauveur des hommes au Temple, le vieillard Siméon lui adressa ces paroles : Celui-ci est né pour la ruine et la résurrection de plusieurs en Israël. Il sera en butte à la contradiction du monde ; vous en aurez vous-même l'âme percée de douleur. Ne croyez pas, ô Marie !   que votre Fils adorable, le Sauveur du genre humain, soit connu et adoré de tous les mortels ; un grand nombre seront sauvés par le bon usage qu'ils feront de ses mérites infinis, et la sainte application qu'ils se feront de son sang précieux versé pour le salut de leur âme ; mais un plus grand nombre seront réprouvés par l'abus et le mauvais usage qu'ils feront de ses grâces, soit en refusant de le reconnaître pour le Créateur et le Conservateur de toutes choses ; soit en le méprisant et le condamnant à la mort honteuse de la croix, comme les Juifs ; soit en l'outrageant, et lui causant comme une nouvelle mort par le péché mortel, où le grand nombre ne craint plus guère de tomber. Et vous, ô Marie, ma protectrice ! selon la prédiction du vieillard Siméon, vous deviez être témoin des opprobres et de la mort de votre Fils bien-aimé, et ressentir dans votre âme toutes les douleurs de sa Passion : Tuam ipsius animam pertransibil gladius. Ah ! dans quel océan de douleur ne jeta pas l'ame de Marie, cette prédiction qui lui annonçait non-seulement la ruine du peuple Hébreu et la mort de son Fils adorable, mais encore la perte d'un nombre infini d'âmes qui seront réprouvées par l'abus qu'elles feront es grâces que son divin Fils était venu leur procurer par sa mort et passion.

    O Marie, Reine du Ciel et de la terre ! puisque j'ai eu le malheur de plonger si souvent ce glaive de douleur dans votre âme par mes offenses, daignez, ô ma Mère ! m'obtenir de Dieu une contrition sincère et véritable de mes fautes, et une compassion affectueuse pour vos Douleurs ; obtenez-moi surtout une tendre dévotion envers la Passion de votre Fils adorable et la grâce d'imiter ses vertus.


     

    PRIÈRE

    0 Mère de miséricorde ! vous qui eûtes toujours présente à votre esprit la mort de votre Fils, faites que je n'en oublie jamais le souvenir, et que la Méditation de ses souffrances me fasse réformer toutes mes actions, et opère, avec le secours de sa grâce, une véritable conversion dans mon cœur.

    FRUIT DE LA MÉDITATION.

    La très-sainte Vierge, en donnant à Dieu son Fils comme ce qu'elle avait de plus précieux ; en lui faisant, par cette offrande, le sacrifice le plus douloureux, et en ayant toujours présente la mort et passion de ce cher Fils, nous apprend à donner à Dieu tout ce que nous avons de plus aimable et de plus cher, mais surtout notre cœur ; à nous soumettre en tout à la volonté de Dieu, sans jamais nous plaindre dans nos adversités, et à nous rendre familier le souvenir des souffrances de son Fils, afin de ne plus retomber dans le péché.

    Souvenir salutaire, désormais présent à mon esprit, vous remplirez mon cœur d'amour pour Jésus et d'horreur pour le péché ; je renonce pour toujours aux funestes passions qui m'ont fait oublier ses souffrances ; et j'accepte avec résignation les peines de cette vie pour expier mon ingratitude et partager ses douleurs.


    SECOND VENDREDI.
    MÉDITATION

    Sur la Fuite en Égypte.

    Pour le Vendredi de la semaine de la Sexagésime.

    Considérons de quelle douleur fut déchiré le cœur de la Sainte Vierge, lorsqu'elle se vit obligée de fuir en Égypte avec son Fils et Joseph, pendant l'hiver, au milieu de la nuit, à la hâte ; n'ayant pour ce long et pénible voyage ni guide qui la conduise, ni parents qui l'assistent, ni amis qui puissent la consoler, manquant de tout, souffrant le froid, la faim, les horreurs de l'indigence ; exposée aux mépris, aux rebuts, à toutes sortes de dangers et de peines. Elle porte dans ses bras son cher Enfant qu'elle allaite encore, n'ayant pour le couvrir que de pauvres langes ; comment le préserver du froid ? comment échapper aux recherches d'Hérode qui veut le faire mourir ? de quel côté doit-elle aller ? où se retirer dans la nuit ? où pouvoir se cacher ? où trouver de la nourriture ? O tendre Mère, quelle douleur, quelle amertume inondent votre âme livrée aux angoisses cruelles de la frayeur, et environnée des périls de la mort ? Pericula mortis invenerunt me. O cruauté , 6 inhumanité d'Hérode !


    Mais nous , hélas ! sommes-nous moins cruels ? Si Hérode a percé de douleur une seule fois votre cœur ; ô Marie , ne l'avons-nous pas blessé mille et mille fois par nos péchés ? si Hérode a forcé votre Fils à fuir une seule fois, ne l'avons-nous pas chassé à chaque instant de nos âmes en satisfaisant nos passions ? si Hérode a persécuté Jésus qu'il ne connaissait pas, nous qui le reconnaissons pour notre Créateur, notre Dieu, notre Rédempteur, et notre Bienfaiteur suprême, de combien d'injures, d'outrages et de mépris payons-nous chaque jour les grâces dont il nous comble, en foulant aux pieds ses mérites et son sang par nos offenses.

    O Mère de douleurs et d'amour, obtenez-moi la contrition sincère de mes péchés, un ardent amour pour votre Fils, et une tendre compassion pour ses souffrances et vos douleurs que je veux partager.

    PRIÈRE.

    O Vierge, Mère de Dieu , me voici prosterné à vos pieds comme la plus ingrate et la plut infidèle des créatures, vous priant, par la douleur que vous avez ressentie dans votre fuite en Égypte, de m'obtenir la grâce d'abandonner sans retard les sentiers dangereux de ce monde pervers, et de marcher avec ferveur et persévérance dans la voie du salut éternel.


    FRUIT DE LA MÉDITATION.

    Si le désir de régner porta Hérode à persécuter Jésus, par la crainte que cet Enfant ne le dépouillât de son royaume, ayons horreur de l'orgueil, et dépouillons notre âme de cette funeste passion.

    La Sainte Vierge, en écoutant avec soumission l'ordre que Dieu lui donne, par son Ange, de fuir en Égypte, et quittant tout sans délai pour s'y conformer, nous apprend à obéir promptement à la voix de Dieu, et à renoncer pour lui au monde, au péché, et à tout ce que nous avons de plus cher, mettant notre unique bonheur en Dieu seul.

    O Jésus mon divin Maître, dès ce moment je renonce à tous les péchés qui vous ont éloigné de moi ; revenez dans mon cœur où je veux qu'une parfaite obéissance vous fasse régner à jamais sans partage.

     

    TROISIÈME VENDREDI.
    MÉDITATION

    Sur la perte de Jésus dans le Temple.

     

    Pour le Vendredi après les Cendres.

    Considérons quelle fut la douleur de la Sainte Vierge, lorsqu'étant sortie du Temple et de la ville de Jérusalem, elle vit à la fin du jour que son Fils n'était plus avec elle, combien furent amères les larmes que répandit cette Mère affligée ! séparation cruelle, n'être plus avec Jésus, avoir perdu Jésus, ô qui pourrait comprendre sa douleur ! Aussitôt oubliant même la nourriture et le sommeil, elle retourne sur ses pas avec Joseph, et cherche son Fils avec soin parmi ses amis et ses proches. Il n'est personne, jusqu'aux étrangers, qu'elle n'interroge pour le découvrir ; point de lieu qu'elle ne parcoure. Que de gémissements, que de larmes pendant trois jours et trois nuits qu'elle passe ainsi sans pouvoir le trouver ! que de soupirs, que de regrets sur cette cruelle séparation ! Jésus est loin d'elle, ses pareils, ses amis l'ont abandonnée ; elle est seule au milieu de Jérusalem avec Joseph, épuisée de fatigues ; son âme déchirée par les craintes les plus cruelles , est inondée d'amertume, parce qu'elle a perdu son Fils ; et ce n'est pas cependant par sa faute. Et moi qui l'ai si souvent et si volontairement perdu par le péché, je suis insensible et ne fais aucun effort pour le chercher ! ô Mère inconsolable ! par les larmes que vous versâtes en cherchant votre adorable Fils, amollissez la dureté de mon cœur, afin que mon bonheur soit de partager vos pieuses peines, en ne cessant de pleurer mes péchés, jusqu'à ce que j'aie trouvé cet aimable Sauveur.


    PRIÈRE.

    O très-sainte Vierge, qui êtes le refuge et l'asile des pécheurs, ne permettez pas que je sois plus longtemps séparé de votre Fils par mes péchés ; je me jette à vos pieds en gémissant, pour demander le don des larmes et la componction ; écoutez ma voix, exaucez mes prières, rendez-vous propice à mes vœux.

    FRUIT DE LA MÉDITATION.

    Aussitôt que Marie a perdu son Fils, sa douleur est extrême, elle le cherche avec empressement, elle oublie tout, et les difficultés ne peuvent arrêter son ardeur. Imitons-la par notre promptitude à chercher Jésus, sans nous laisser effrayer par les travaux de la pénitence ; quittons tout pour le suivre, en renonçant à nos passions, et demandons, par l'intercession de la Sainte Vierge, la haine du péché, et les larmes amères d'une véritable componction.


    O vraie vie ! ô source de tous les biens ! je veux pleurer jusqu'à la mort les péchés qui m'ont séparé de vous, et vous chercher avec le même empressement que Marie sans me laisser rebuter par les peines et les travaux de la pénitence que je vais embrasser.

    QUATRIÈME VENDREDI.

    MÉDITATION

    Sur la rencontre de Jésus portant sa croix.

    Pour le Vendredi de la première semaine de Carême.

    Ce bon Jésus condamné à la mort par Pilate, et déchiré par une cruelle flagellation, monte au Calvaire chargé d'une pesante croix, sur laquelle il va bientôt expirer. Sa très-sainte Mère le rencontre, et voyant son divin Fils ainsi accablé sous l'instrument de son supplice, de quelle douleur ne fut-elle pas remplie ? qui pourrait comprendre combien fut déchirant le glaive qui perça son âme ! Voir son cher Fils, l'innocence même, lié de cordes et traîné au supplice par des bourreaux comme un scélérat. Son aimable Fils, l'unique objet de toutes ses affections, déchiré de coups, épuisé de sueur et de sang, succombant à chaque pas sous la croix, allant à la mort, le front déchiré par une couronne d'épines qui le percent de toutes parts ; le plus beau des enfants des hommes, dont l'auguste face ravit les Esprits célestes, pâle, meurtri de soufflets, couvert de crachats, de sueur et de sang, rendu méconnaissable !

     

    Quel cruel spectacle quelle douleur pour la Mère et pour le Fils ! O Marie, si du moins vous pouviez le soulager, porter sa croix, essuyer son visage, lui donner un baiser ! mais le peuple insultant à ses souffrances et à vos douleurs, vous repousse avec inhumanité, et force Jésus à continuer son pénible voyage. Vos yeux peuvent seuls parler à votre Fils, et les regards qu'il porte sur vous déchirent cruellement votre âme.

    Et nous, hommes insensibles, nous qui avons accablé d'une telle douleur et le Fils et la Mère par nos péchés, ne serons-nous pas touchés, en voyant le cœur de la sainte Vierge abîmé de douleur, à la vue de son Fils condamné pour nous à la mort et réduit dans un état si digne de pitié ? ne pourrons-nous tirer une seule larme de componction de la dureté de nos cœurs, en voyant conduire au Calvaire cette innocente victime, accablée sous le poids de nos iniquités, et dévouée à la malédiction et à la colère que nous avons méritées.

    Frappez, ô Vierge sainte, mon cœur plus dur qu'un rocher, et faites qu'en méditant les souffrances que votre Fils a endurées pour mes péchés, je répande jour et nuit des larmes arrières de repentir, et que je partage vos douleurs, en l'accompagnant avec vous au Calvaire.

     

    PRIÈRE

    O très-sainte Vierge, par les larmes que Tous répandîtes en accompagnant votre Fils au Calvaire, obtenez-nous la grâce de porter avec patience et avec amour la croix qu'il plaira à voire Fils de nous donner pour sanctifier nos âmes ; et chanter éternellement avec vous la gloire d'un Dieu mort pour nous, après avoir ici-bas partagé ses souffrances.

    FRUIT DE LA MÉDITATION.

    La Suinte Vierge, sans blâmer ceux qui ont prononcé la sentence injuste qui condamne à la mort son Fils innocent, et sans se plaindre de ceux qui en sont les exécuteurs, suit en silence Jésus au Calvaire, où elle demeure jusqu'à la consommation de l'horrible attentat qui consomme son Sacrifice. Apprenons par son exemple à supporter en silence dans une parfaite résignation à la volonté de Dieu , les croix et les tribulations, sans nous plaindre de ceux dont sa justice se sert pour nous punir de nos péchés, souffrant tout pour les expier et pour apaiser sa justice irritée par nos crimes.

    O bon Jésus accablé sous le poids de mes iniquités, je veux désormais pour vous soulager porter ma croix après vous en souffrant avec résignation les peines de cette vie ; je partagerai vos douleurs et vos ignominies pour expier mes crimes, et, fuyant le péché, je n'augmenterai plus le poids sous lequel vous succombez.

     

    CINQUIÈME VENDREDI

    MÉDITATION

    Sur le crucifiement de Jésus-christ.

    Pour le Vendredi de la seconde semaine de Carême.

    Jésus arrivé sur le Calvaire pour accomplir la loi qui prescrivait de brûler hors du camp les victimes : Horurn corpora cremantur extra castra ; s'abandonne entre les mains de ses ennemis, qui, semblables à des lions furieux, se jettent sur lui comme sur leur proie pour le dépouiller de nouveau : tirant avec violence les vêtements que le sang tient collés à sa chair adorable, ils renouvellent en un instant toutes ses plaies, et lui font éprouver à la fois toutes les douleurs de sa flagellation. O Cœur de Marie ! ces mains barbares ne vous déchirent-elles pas aussi douloureusement que le Corps de votre Fils ? Lorsqu'étendu violemment sur la croix, il y fut attaché, ne ressentîtes-vous pas les déchirements cruels des clous dont furent percés ses pieds et ses mains : ainsi que les secousses plus douloureuses encore qui firent ruisseler le sang de toutes les parties de son corps lorsqu'on éleva la croix à laquelle il était suspendu par trois clous pour la laisser tomber dans le trou qui lui était préparé ? La seule idée de ce supplice me fait frémir et m'épouvante... Mourir sur la croix, c'est mourir d'une mort lente, c'est mourir autant de fois qu'on y est de moments ; et Jésus y demeure trois heures entières ! Et sa Mère, témoin de sa cruelle agonie, lui survit pour le voir expirer, abreuvé de fiel, insulté, maudit, blasphémé par ses ennemis, qui se repaissent de ses souffrances et insultent à son supplice !

     

    O Marie , Reine des Martyrs ! c'est bien à cette heure que nous pouvons dire de vous avec le Prophète : O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est dolor sicut dolor meus ! O vous tous qui passez par ce chemin, arrêtez, et voyez s'il est une douleur semblable à la mienne ! Telle est la douleur de Marie au pied de la croix de Jésus ; et mon cœur le voit mourir, ce divin Sauveur, sans être touché, sans être attendri ! Et je sais insensible aux souffrances qu'il endure pour expier mes crimes ; moi qui l'ai si souvent attaché à la croix par mes offenses et mes péchés !

    Tendre Mère, faites que restant au pied de la croix avec vous, je partage vos douleurs, et que pleurant sans cesse mes péchés j'en obtienne le pardon.

     

    PRIÈRE.

    O Vierge sainte, par cette inconcevable douleur que vous ressentîtes au pied de la croix, daignez obtenir que mes passions soient crucifiées avec Jésus-christ, afin que ce corps de péché mourant chaque jour par une mortification continuelle, je puisse, avec le secours de votre protection et les mérites de votre cher Fils, avoir le bonheur de faire une bonne et sainte mort.

     

    FRUIT DE LA MÉDITATION.

    Marie présente au supplice, et à la mort ignominieuse de son Fils unique expirant pour nous sauver, est abîmée de douleur, et ressent dans son âme tous ses tourments. Quel reproche pour nous qui rougissons de la croix sur laquelle Jésus nous a enfantés, et qui, vivant dans la mollesse et le plaisir, ne voulons prendre aucune part à ses souffrances ! Nous nous glorifions d'être enfants de Marie, mais où sont nos traits de ressemblance avec cette tendre Mère ? Où sont nos bonnes œuvres, notre amour pour la Croix et les humiliations ? Ah ! du moins, efforçons-nous de réparer à l'avenir ce qui nous a manqué jusqu'ici, passant désormais notre vie dans un exercice continuel de mortification et de pénitence; c'est alors que nous pourrons être reconnus pour enfants de Jésus et de Marie.

    O Jésus, mourir désormais avec vous mille fois plutôt que de renouveler vos douleurs ! Je veux rester avec Marie au pied de la croix, et y être attaché avec vous jusqu'à la mort.

     

     

    SIXIÈME VENDREDI.

    MÉDITATION

    Sur la descente de la Croix.

    Pour le Vendredi de la troisième semaine de Carême.

    Considérons combien dut être profonde et violente la douleur de la Sainte Vierge, lorsque voyant son Fils détaché de la croix par Joseph et Nicodème, elle reçut entre ses bras ce divin Corps déchiré et sanglant ; aussi, dit un Ange à sainte Brigitte, ce fut un vrai miracle que cette Mère incomparable ne mourût pas de douleur en ce moment. 0 Mère la plus affligée qui fut jamais, vous avez reçu entre vos bras ce précieux dépôt ; vous avez contemplé son visage pale, sanglant et défiguré ; vous avez vu ses yeux éteints, sa bouche fermée, son côté ouvert, ses pieds et ses mains percés par les clous ! Bon Dieu, quel martyre est pour vous cette vue ! martyre ineffable ! martyre dont Dieu seul est témoin, et peut seul connaître tout le prix ! Combien fut grande aussi la compassion de saint Jean et des deux Maries qui étaient auprès de la Vierge en ce moment, voyant ses déchirantes douleurs, et les transports de son amour pour son divin Fils ! A ce spectacle cruel, ils mêlent leurs larmes à celles de la Mère de Dieu, et ne trouvent plus de paroles capables d'exprimer leur douleur. Et nous ! que ferons-nous ? quels seront nos sentiments à cet aspect ? nous qui sommes la première et unique cause de ces douleurs ! Oui, ce sont nos péchés qui ont transpercé l'âme sainte de la Vierge , en attachant Jésus-christ à la croix. Ne pleurons-nous point aussi en considérant la grandeur de ces maux ? O Vierge sainte, notre tendre Mère, daignez imprimer tellement dans nos âmes les douleurs que vous ressentîtes au pied de la croix, que nous n'en perdions jamais le souvenir ! Permettez que nous adorions dans vos bras notre amour crucifié.

     

     

    PRIÈRE.

    O Vierge affligée ! obtenez-nous, par vos inconcevables douleurs, la grâce de détester sincèrement nos péchés, en contemplant les plaies de votre Fils ; afin qu'au moyen d'une sincère pénitence, le prix de ses mérites nous étant appliqué, nous puissions au dernier jour de notre vie, recevoir dignement son corps adorable, et jouir éternellement de sa présence dans le Ciel.

     

    FRUIT DE LA MÉDITATION.

    La Sainte Vierge considérait, dans les plaies de son cher Fils, les véritables auteurs de ses maux, c'est-à-dire, tous les pécheurs, et principalement les Chrétiens que son Fils avait tant aimés. Nous étions donc alors présents à son esprit, comme la cause de ses douleurs. Ah ! pénétrons-nous de cette pensée ; fuyons le péché, et pleins de repentir, de douleur, de larmes et de gémissements, hâtons-nous de marcher dans le chemin de la pénitence que le Seigneur nous ouvre aujourd'hui pour arriver à une félicité que nous avons si peu méritée. Hâtons-nous d'avancer dans le chemin des bonnes œuvres, pendant que le jour de la miséricorde luit encore pour nous ; par ce moyen, nous pourrons donner au cœur de Marie un soulagement assuré dans ses maux, et acquérir plus facilement une bienheureuse éternité.

    O Jésus, victime d'amour ! c'est dans vos plaies sacrées que je veux méditer désormais quelle est mon ingratitude et l'énormité du péché ; afin que, lavé dans votre Sang par une bonne confession, je puisse fréquemment vous recevoir dans un cœur plein de repentir et d'amour, en m'agseyant à votre table sacrée, pénétré des sentiments avec lesquels votre sainte Mère vous reçut dans ses bras après votre mort.

     

    SEPTIÈME VENDREDI

    MÉDITATION

    Sur la sépulture de Jésus.

    Pour le Vendredi de la quatrième semaine de Carême.

    Considérons l'affliction qui s'empara du cœur de Marie, quand elle vit porter et mettre dans le tombeau le Corps sacré de son Fils bien-aimé. Combien d'embrassements ne lui donna-t-elle pas ! Combien de soupirs et de sanglots ne poussa-t-elle pas, en voyant ranger dans la demeure des morts le divin Corps de Jésus ! Ah ! dit saint Bernard, combien furent amures les larmes de cette aimable Vierge, qui lui servirent de nourriture, de sommeil et de repos

    Pendant les trois jours que son Fils passa dans le tombeau ! « Elle ne cessa de pleurer, et sans recevoir aucun soulagement. » Cette affliction fut si profonde , que dans les révélations qu'elle fit à sainte Brigitte, elle lui dit elle-même : «qu'on ne peut trouver aucun langage ni aucune expression capable de faire connaître la profondeur de cette peine.  Quatem tristitiam tune temporis habui, non est qui valeat dicere. Mais si nous ne pouvons, ô Vierge sainte, comprendre la violence de votre douleur, au moins pouvons-nous la partager et l'adoucir. Je vous conjure donc d'exciter dans mon cœur une sainte tristesse semblable à la vôtre, afin que mêlant mes larmes aux vôtres, mon âme, purifiée de toutes les souillures du péché, puisse jouir avec vous de l'éternelle gloire, lorsque mon corps sera porté au tombeau.

     

     

    PRIÈRE.

    Très-sainte Vierge, par celte douleur véhémente que vous ressentîtes, lorsqu'il fallut vous arracher du tombeau de votre Fils adorable, nous vous supplions de nous obtenir le pardon de nos péchés, et de nous purifier de toutes nos taches. Ensevelissez dans ce même tombeau, toutes nos iniquités, afin que mourant à nos passions et à toutes les choses d'ici-bas, nous méritions de vivre et de mourir dans la grâce du Seigneur.

    FRUIT DE LA MÉDITATION.

    La Sainte Vierge, après la mort de son divin Fils, ne laisse pas échapper une occasion de témoigner à tous, l'excès de sa douleur, et la privation de celui qui était sa seule consolation, son unique amour. Et quel est, hélas ! notre amour pour Dieu ! Quelle preuve, quel gage lui en avons-nous donné jusqu'ici ; pouvons-nous lui témoigner que la fin unique de nos pensées, de nos désirs, de nos actions, est de glorifier celui qui nous a tirés du néant, d'aimer celai qui est la source inépuisable de tous les vrais biens ; de servir celui qui donne pour récompense un Royaume éternellement heureux ! Entretenons-nous dans ces saintes pensées, et tâchons de réformer notre vie, en cherchant Dieu seul dans toutes nos actions et toutes nos affections. C'est en vivant de la sorte que nous le glorifierons, et que nous en serons glorifiés. Ainsi soit-il.

     

    O Sauveur adorable ! puisque c'est pour me donner la vie que vous êtes dans le tombeau, Je veux y descendre avec vous par un parfait renoncement au péché et à toutes mes passions ; afin que, revêtu dans vos Sacrements de l'homme nouveau, vous soyez désormais l'âme de mon âme, la vie de ma vie, et qu'au dernier jour, je partage avec vous la bienheureuse éternité, après avoir ici-bas mérité l'application de vos souffrances, en les partageant et fuyant les péchés que je veux expier par une sincère pénitence.

     

    MÉDITATION

    Pour le Vendredi de la Passion.

    Marie, Reine des Martyrs.

    PREMIER POINT.

    Les sacrifices les plus sanglants ne sont pas toujours les plus rigoureux, ni les plus pénibles ; il en est de plus durs à soutenir ; ce sont ceux dont le cœur est le siège et la victime. Marie, Reine des Martyrs, n'a pas souffert les supplices corporels, il est vrai, mais elle a souffert ceux du cœur qui sont beaucoup plus nobles et plus sensibles, et ce martyre du cœur a brillé en elle, dit saint Bernard, avec un éclat surprenant. Le moment auquel Marie commença à entrer dans la carrière des plus rigoureuses souffrances, fut celui où présentant Jésus-Christ au temple elle entendit le vieillard Siméon lui révéler le Mystère effrayant du salut et de la réprobation des hommes, et lui annoncer que son âme serait percée d'un glaive de douleur à cause des souffrances de ce divin Fils qu'elle verrait en butte à la haine et aux persécutions des méchants. Considérons qu'à cette prédiction affligeante, la grande âme de Marie fut pénétrée de la douleur la plus vive et la plus cruelle qui fut jamais ; son sein maternel, dit saint Bernard, fut ému, ce glaive déchirant commença à se faire sentir et à percer son âme, son cœur en ressentit les plus douloureuses atteintes, et son tourment fut extrême. Son imagination frappée de cet oracle la transporta mille fois sur le Calvaire pour la rendre présente au supplice de son Fils, dont la mort avait été déjà décrétée dans le Ciel. Hélas ! en admirant toutes les beautés que la Divinité faisait briller dans cet aimable Enfant, combien de fois Marie n'imagina-t-elle pas voir déjà son corps tendre et délicat, exposé nu à la fureur de ses bourreaux, couvert de plaies et de sang par la cruelle flagellation, et sa chair sacrée mise en lambeaux sous leurs coups redoublés !... En contemplant les traits merveilleux de son Fils bien-aimé, combien de fois ne crut-elle pas voir déjà son front sacré percé de longues épines, ruisseler par mille plaies son sang précieux sur ses joues défigurées par les soufflets dont elles sont meurtries ; et le plus beau des enfants des hommes, insulté par la plus vile populace, devenu méconnaissable à force de mauvais traitements !... En nourrissant Jésus de son lait virginal, combien de fois Marie ne songea-t-elle pas au fiel et au vinaigre dont il devait être abreuvé ; et en portant entre ses bras ce tendre objet de son amour, combien de fois ne crut-elle pas le voir déjà porté sur les bras de la croix, exposé aux railleries de ses ennemis dont les blasphèmes semblent retentir à ses oreilles avec les coups meurtriers qui devaient enfoncer les clous déchirants dans ses pieds et dans ses mains !

    En le voyant reposer d'un doux sommeil, combien de fois ne s'imagina-t-elle pas déjà en être privée et le voir reposer dans le tombeau du triste sommeil de la mort ! Ah ! combien de fois, au souvenir de cette affligeante prophétie, cette tendre Mère , n'a-t-elle pas dit : ( Comme le remarque saint Bonaventure ) « il faudra donc que ces douleurs déchirantes qui percent mon âme, soient continuelles ! » Il faudra donc que mes souffrances ne finissent et ne soient couronnées qu'au moment de mon trépas, et que mon cœur soit plongé dans une mer de douleur ! » O Vierge, Mère souffrante, combien de blessures n'ont pas faites à votre âme ces images effrayantes ! et qu'à bien juste titre l'Église vous appelle Reine des Martyrs ! Combien votre exemple doit nous couvrir de confusion, puisque nous refusons de souffrir les plus petites croix que la divine Providence nous ménage pour mortifier notre chair et tous nos sens ! O Marie, notre Mère, faites que nous marchions dans cette voie de souffrances que votre Fils et vous nous avez tracée ; afin qu'après avoir partagé vos douleurs, nous soyons participants de votre gloire dans le Ciel. Ainsi soit-il.

    SECOND POINT.

    Considérons à loisir l'accroissement des douleurs de Marie, pendant que l'on frappait le Corps sacré de son divin Fils comme celui d'un scélérat, et qu'on le couvrait de mille pluies dans la sanglante flagellation ; considérons aussi les vives douleurs que ressentit l'âme de celle tendre Mère, lorsqu'elle entendit tous les outrages, tous les blasphèmes, et toutes les imprécations que vomissait avec fureur contre son Fils bien-aimé, la populace juive qui le traitait ignominieusement de Samaritain et de possédé du démon ; les uns disant qu'il était un imposteur, d'autres, un voleur, et d'autres, que personne n'était plus digne que lui de souffrir la mort la plus cruelle : (comme elle nous l'apprend dans les révélations qu'elle a faites a sainte Brigitte). Chacun de ces blasphèmes était un glaive qui faisait des blessures au tendre cœur de Marie. Telles furent les vives douleurs qu'elle ressentit en voyant traiter si cruellement son divin Fils à Jérusalem ; combien plus grandes encore ne furent donc pas celles qui déchirèrent son cœur maternel au pied de la croix ! Tout ce que les Martyrs ont souffert dans les plus cruels supplices ne peut en approcher ; car la gloire de Jésus pour lequel ils souffraient les soutenait au milieu des tourments, tandis que l'ignominie de Jésus mourant mettait le comble au martyre que ses souffrances faisaient endurer au tendre cœur de Marie. Spectacle digne de sa grande âme et de tout l'héroïsme de sa vertu ! ce n'est ici ni la mère de Moïse qui baigne de ses pleurs le berceau qu'elle abandonne aux flots, ni Jacob qui trempe de ses larmes la robe sanglante de Joseph, ni Jephté qui condamne par ses regrets l'imprudence d'un vœu téméraire, ni David qui veut s'ensevelir dans le tombeau d'Absalom ; mais la plus tendre des mères dont l'âme partage et ressent tout ce qu'il y a de plus affreux dans le supplice et les humiliations de son divin Fils. Les clous qui perçaient les pieds et les mains de Jésus, blessaient cruellement le cœur de Marie ; elle souffrait même beaucoup plus que si les bourreaux eussent déchiré son propre corps, parce qu'elle aimait infiniment plus qu'elle-même son Fils adorable avec lequel son cœur maternel était attaché à la croix. Ah ! qui pourrait comprendre l'excès de la douleur de Marie, lorsqu'elle vit ce Fils bien-aimé, tout couvert de plaies, tout déchiré, et couronné d'épines, élevé sur la croix, répandre tout son sang, agoniser et mourir !... Hélas ! en entendant les tristes plaintes de Jésus expirant, en recueillant ses derniers soupirs, Marie mêlait ses larmes au sang dont il arrosait le Calvaire ; et lorsqu'elle vit son visage couvert des ombres de la mort, sa tête penchée, ses yeux éteints, et tout le sang de ses veines répandu jusqu'à la dernière goutte, elle répandit tout celui de son cœur maternel par des torrents de larmes. Grand Dieu ! quelle fut la douleur de Marie en ce terrible moment ! 0 qu'elle pouvait bien s'écrier avec le Prophète : O vos omnes qui transitis per viam, attendit et vide le si est dolor sicut dolor meus ? O vous tous qui passez par le chemin, considérez et voyez s'il est douleur semblable à la mienne ! Enfin, quand après l'Ascension du Sauveur, Marie fut privée de la présence visible de son divin Fils, ces déchirantes douleurs recommencèrent, et firent ressentir à son tendre cœur tout le poids d'une séparation si affligeante ; elle ne cessa d'éprouver jusqu'à la fin de sa vie tout ce qu'avait de plus amer une telle privation. Elle seule pouvait connaître entièrement le prix du trésor qu'elle avait perdu en perdant Jésus ; elle le connaissait parfaitement, elle l'aimait de même, et ne le possédait plus... O perte cruelle ! O qui pourrait comprendre quelle fut la douleur de Marie ! Pourrait-on lui refuser le titre glorieux de Reine des Martyrs que l'Église lui donne, et qu'elle seule est digne de porter Réfléchissons sur les douleurs inouïes que Marie endura durant la passion de son cher Fils, à sa mort, et lorsqu'après son Ascension elle fut privée du bonheur de le voir ; et mêlant nos larmes aux siennes, rougissons d'être si délicats, si sensuels, si attachés aux satisfactions de cette vie périssable, et si ennemis des croix et des souffrances, afin qu'après avoir appris à pleurer avec Marie nous apprenions aussi comme elle à souffrir en unissant nos douleurs avec les siennes.

     

    FRUIT DE LA MÉDITATION.

    Puisque Marie innocente et conçue sans péché ! n'a pas été exempte de souffrir ; puisqu'il a fallu que Jésus l'innocence même entrât dans sa gloire par beaucoup de tribulations, il faut que tous ceux qu'il a rachetés de son sang marchent sur ses traces dans le sentier des souffrances ; c'est la grande leçon qu'il, nous a donnée et que Marie nous a apprise en souffrant avec lui. Et nous qui sommes pécheurs, et qui en cette qualité ne pouvons arriver au Ciel qu'en souffrant et faisant pénitence, comment voudrions-nous prétendre à la couronne et au bonheur de l'éternité sans nous être auparavant revêtus des opprobres et des souffrances par lesquels Jésus et sa sainte Mère ont voulu y parvenir ? Par quel aveuglement avons-nous donc jusqu'ici refusé les croix et les mortifications ? Ah ! soyons confus de notre délicatesse et de notre lâcheté, du peu d'amour que nous avons eu pour les humiliations et les souffrances ! Dès ce jour, prenons la résolution de les imiter, et de quitter pour jamais les satisfactions périssables que nous avons tant aimées, pour embrasser avec ferveur la pénitence qui peut seule nous mériter un bonheur éternel.

    PRIÈRE.

    O très-sainte Vierge, Reine des Martyrs ! s'il vous a fallu souffrir pendant votre vie mortelle, comment, pécheurs que nous sommes, pourrions nous refuser de souffrir les croix qu'il plaît à Dieu de nous envoyer ? Comment oserions-nous nous plaindre des maux et des contradictions qui nous arrivent ! comment refuserions-nous de mortifier notre chair avec ses passions et ses désirs déréglés ! O Marie, obtenez-nous de Dieu la grâce de bien souffrir par amour pour votre Fils et pour vous ; obtenez-nous la grâce de mourir tellement à nous-mêmes, au monde et à toutes les créatures, que nous ne respirions plus que pour Jésus et pour Marie, et que le divin Époux de nos âmes soit à jamais notre unique plaisir, toute notre espérance et notre seul trésor. O Marie, exaucez nos prières, et faites que nous puissions nous réjouir des heureux effets de votre puissante protection, maintenant et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

     

     

    Notre-Dame des sept Douleurs

     En savoir plus :

    Notre-dame des 7 douleurs