• Allemagne, Heede

     
     
    Heede (Allemagne)
    Marie, Reine de l'univers et des âmes du purgatoire



    Allemagne, Heede



    106 apparitions entre 1937 et 1940

    Au soir du 1er novembre 1937, Maria Ganseforth, treize ans, et sa sœur Grete (stigmatisée au printemps 1939, †27 janvier 1996), onze ans, arrivent à l’église paroissiale de Heede (Village agricole d'Allemagne du nord, situé non loin de la frontière avec la Hollande).

    Soudain, dans le cimetière paroissial, Grete aperçoit à une trentaine de mètres une « lueur flottant » à un mètre du sol entre deux cyprès, puis une « forme lumineuse » ressemblant à une silhouette de femme.

    Elle dit à Maria, sa soeur aînée: « Je crois que j'ai vu la Vierge! » qui lui répond : "Tu es complètment folle, tu te crois à Lourdes !"

    Effrayées, elles rentrent dans l’église.

    Après la messe de la Toussaint, Maria et Grete, accompagnées d’Anni et d’Adele Bruns, quinze ans, et de sa sœur Susanne (†22 septembre 1994), décident de retourner vers le cimetière. « Elle est là, entre les deux cyprès ! » s’exclame Maria. Elles ont vu "La Vierge à l'Enfant". L’apparition reste silencieuse.

    Les fillettes voient toutes l'apparition, sauf Adele, anxieuse  qui dit : « Rentrons à la maison, je ne crois pas à ces histoires ». Maria et Grete racontent le fait à leur mère qui alerte aussitôt le père Staelberg, curé de la paroisse. Le lendemain, à la même heure, la « dame » apparaît, mais sans l’Enfant Jésus, les mains jointes, en prière. Une rumeur court dans le village.

    La troisième apparition a lieu le 5 novembre 1933. Les quatre fillettes sont interrogées.

    La Vierge apparaît debout sur un nuage blanc « bleuâtre », à l’intérieur d’une « auréole lumineuse, ovale, qui l’entoure sur une largeur de 30 ou 40 cm ». Elle a l’air d’avoir dix-huit ou dix-neuf ans. Ses yeux sont bleus, comme ceux de l’Enfant Jésus. Elle porte une « couronne dorée richement ouvragée », une longue robe blanche retenue à la taille par une « cordelière ». Un « voile blanc non transparent » tombe de chaque côté « en faisant quelques plis » et cache ses cheveux. « Sur sa main gauche, recouverte par le voile, est assis l’Enfant Jésus. Elle remuait [...]. Elle levait le bras », précisent les fillettes.

    Le 7 novembre suivant, vers 18 h 30, 4 000 à 5 000 personnes entourent les voyantes. Plusieurs prêtres les interrogent à l’issue de l’apparition. Le surlendemain, plus de 7 000 personnes se rendent sur les lieux. Les autorités civiles interdisent au père Staelberg d’accompagner les fillettes.

    Ce jour-là, le père Herkenhoff est là : « Soudain, les enfants tombent à genoux, toutes ensemble, sans que l’une ou l’autre ait fait un signe à ses compagnes. Elles posent à l’apparition les questions que je leur souffle à l’oreille [...]. Au bout d’un quart d’heure, durant lequel elles sont restées constamment rigides, les yeux fixés sur un point précis et ne se retournant même pas quand je leur parlais, Grete regarde soudain de côté. Comme je leur demande si la Mère de Dieu est partie, toutes les quatre me répondent avec une expression particulièrement triste : “La Mère de Dieu est partie, elle était très triste et très lumineuse” », témoigne-t-il. Un autre homme indique : « Elles étaient debout, regardant çà et là, et soudain tombaient à genoux sur le sol, d’un coup et toutes ensemble [...], comme jetées directement à terre. »

    Le 9, la Gestapo fait irruption et interroge les fillettes. Le 11, la police perquisitionne chez leurs parents. Le 13, à 1 heure du matin, Heede est investi par la police de Göring; les habitants sont poussés vers les champs à coups de crosse, on les intimide en tirant en l'air. Le lendemaibn l'accès au village est fermé à tout étranger, les rassemblements sont prohibés, et, malgré les protestations des parents, les fillettes sont emmenées à Göttingen: elles sont internées jusqu'au 23 décembre en hôpital psychiatrique.

     

    Les conditions effroyables de leur détention : menaces, isolement, sévices (il est même envisagé de recourir à la solution finale : la mort), ne parviennent pas à briser leur résistance nerveuse et physique : « Nous avons vu la Vierge ». Des membres du personnel médical protestent, l'opinion s'émeut, l'Evêque d'Osnabrück arrache aux autorités le transfert des fillettes à l'hôpital diocésain, où elles restent jusqu'au 19 janvier 1938, afin de se remettre des mauvais traitement endurés. Enfin, elles sont rendues à leurs parents, avec l'interdiction formelle de se rendre au cimetière, sous peine de sanctions graves.

     

    Le 2 février, elles revoient la Vierge. Les apparitions se succèdent à un ryrhme variable, en divers endroits. Les fillettes, soutentues par le village regroupé autour de son Curé, déjouent la surveillance de la police secrète. La Vierge invite, d'un geste, à la prière et au pardon, parfois elle pleure.

    Le 5 avril 1939, Maria est seule à voir.

    « J’ai vu la Mère de Dieu directement devant moi, c’est-à-dire à deux mètres de moi environ, et j’ai demandé:

    - Mère, comment voudrais- tu qu’on t’honore ?

    - comme Reine de l’Univers et Reine des âmes du purgatoire.

    - Par quelle prière souhaites-tu être honorée ?

    - Par les litanies de Lorette.” »

     

    En mai, la Vierge apparaît treize fois, dont deux fois à l’endroit initial, en plein jour (le 6 et le 12). Le 12 mai, Grete l’interroge :

    « Devons-nous faire venir des malades ?

    – Pas encore.

    – Devons-nous venir ici chaque soir ?

    – Oui. »

     

    Ensuite, le nombre des apparitions diminue. [...]

    Les 21 janvier et 12 septembre 1940, les fillettes voient à nouveau. Le 19 octobre suivant, elles demandent quels malades seront guéris. « Je ne guérirai que ceux qui viendront avec une intention droite », entendent-elles.

    Un « secret » destiné au pape leur est donné : « Vous ne le direz qu’au Saint-Père à Rome ! » Le message est mis dans une enveloppe scellée qui est transmise à Pie XII par Mgr Berning.

    Le 3 novembre 1940, vers 20 h 30, la Vierge apparaît pour la dernière fois. Elle donne un « secret » à chaque fillette puis leur annonce :

    « Maintenant, mes chères enfants, je vous bénis en cet adieu. Restez bonnes et fidèles à Dieu ! Priez souvent et volontiers le rosaire [...]. Au revoir au ciel. »

     

    Si les apparitions de Marie Reine de l'Univers et des Ames du Purgatoire à Heede, n'ont fait l'objet d'aucun jugement de l'Ordinaire d'Osnabrück, c'est parce que Grete Gansfort a continué, après la Guerre, de bénéficer de charismes et de grâces extraordinaires, qui l'ont amenée à une vie de souffrances expiatrices ; l'Eglise n'en tient pas moins « les évènements de Heede » pour authentiques. Comme avait dit avec haine et fureur le gauletier Röver, responsable Nazi du secteur: « Ce que nous avons mis 4 ans à bâtir avec tant de peine, ces fillettes l'ont fichu en l'air en un clin d'oeil! ».

     

    L'enquête, la reconnaissance, le sanctuaire

    L’enquête traîne en longueur. En 1941, deux membres de la commission meurent et ne sont pas remplacés. Le 23 juillet 1942, Mgr Berning exprime sa position au cours d’une homélie prononcée sur place :

    « De Heede a jailli une riche bénédiction. J’ai pu constater que la dévotion mariale s’est accrue de façon extraordinaire [...]. J’ai appris [...] que la vie sacramentelle, en particulier, s’est épanouie de façon extraordinaire dans votre paroisse. »

    Le 3 février 1943, le prélat adresse un rapport positif au Saint-Office puis nomme une nouvelle commission théologique le 7 mars 1946. Il autorise les fidèles à placer dans le cimetière paroissial une statue de « Marie, Reine de l’Univers », faite d’après les indications des voyantes.
    Après sa mort (1955), Mgr Wittler, son successeur, autorise la construction d’un oratoire dans le cimetière.
    En 1973, l’adoration eucharistique nocturne, le 1er samedi de chaque mois, est autorisée dans l’église paroissiale. Les malades y sont bénis le lundi de Pentecôte.

     

    Le 22 août 1977, la nouvelle église « Marie-Reine-de-l’Univers » est consacrée.
    En 2000, Mgr Franz-Joseph Hermann Bode, évêque diocésain, élève les deux églises de Heede au rang de sanctuaires diocésains.


    L’année suivante, les motards allemands choisissent Heede comme leur sanctuaire où ils se rendent le 2e dimanche de juin.

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